La compensation carbone
quasi inutile
contre la déforestation
28 août 2023
Déforestation à Yangambi, en République démocratique du Congo.
- Flickr/CC BY-NC-ND 2.0/Axel Fassio/Cifor On savait déjà que les mécanismes de compensation carbone visant à
alléger la conscience écologique des voyageurs aériens étaient
très peu efficaces.
Une récente étude enfonce le clou et généralise la critique sur les crédits carbone. Ce
système
permet de comptabiliser sous forme de crédits le carbone séquestré ou
dont on évite l’émission, pour ensuite le vendre et permettre aux
entreprises polluantes de
« compenser » leurs propres émissions.
Dans ses travaux publiés le 24 août dans la revue Science,
une équipe internationale de chercheurs s’est focalisée sur les projets
de crédits carbone liés à la lutte contre la déforestation, les « Réduction des émissions provenant de la déforestation et de la dégradation des forêts » (REDD+) développés par les Nations unies.
En étudiant dix-huit de ces projets dans -cinq pays abritant des forêts
tropicales (Pérou, Colombie, Cambodge, Tanzanie et République
démocratique du Congo) les chercheurs ont calculé que sur les
89 millions de crédits carbone que pourraient générer ces projets REDD+,
seuls 5,4 millions seraient associés à des réductions d’émissions de
carbone effectivement dues aux actions de préservation des forêts menées
par ces projets.
Autrement dit : seuls 6,1 % des compensations d’émission de carbone revendiquées via ces projets REDD+
le seraient réellement. Les scientifiques pointent notamment la
tendance à surestimer les risques de déforestation dans certaines
régions, pour vendre ensuite davantage de crédits carbone… « Ces
crédits carbone consistent essentiellement à prédire si quelqu’un va
abattre ou non un arbre, et à vendre cette prédiction. Si vous exagérez
ou mésinterprétez ça — volontairement ou non — vous ne vendez que du
vent », résume auprès de l’AFP Andreas Kontoleon, professeur à l’université britannique de Cambridge et coauteur de l’étude.
L’efficacité des mécanismes REDD+ fait
l’objet de controverses depuis près de vingt ans, soulignent les
auteurs. Ils rappellent qu’il est d’autant plus urgent d’en améliorer le
fonctionnement que les projets REDD+
représentent pas moins de deux tiers des crédits carbone liés à
l’utilisation des terres, dont le marché mondial est estimé à
1,3 milliard de dollars.
Cette nouvelle étude conforte des résultats précédents, également relayés par une enquête journalistique du média britannique The Guardian, de l’allemand Die Zeit, en collaboration avec l’ONG SourceMaterial, qui concluait que 94 % de ces crédits REDD+ n’avaient aucun intérêt pour le climat.
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