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mardi 5 septembre 2023

Féminicide en Savoie : "Les sanctions contre les hommes violents ne sont pas assez fortes"

Féminicide en Savoie : 

"Les sanctions 

contre les hommes violents 

ne sont pas assez fortes"

 

Vendredi 1 septembre 2023

 Un nouveau féminicide a eu lieu ce jeudi, en Savoie, le 90e depuis le début de l'année. La mort de cette femme de 42 ans, policière, a déclenché la colère des associations de lutte contre les violences faites aux femmes, comme "Cœurs de Guerrières", dont nous recevions la présidente, ce vendredi.

 

Caroline Boisnoir, la présidente de l'association "Cœurs de Guerrières", association nationale d'aide aux victimes de violences conjugales. - Cœurs de Guerrières

 

Jeudi matin, à 9h20, en sortant de la crèche où elle déposait un de ses quatre enfants, une femme de 42 ans a reçu une dizaine de coups, avec un "objet tranchant", devant son petit garçon de trois ans. Elle est morte quelques minutes après, dans la rue du village où elle avait refait sa vie, à la Croix-de-La-Rochette. Le suspect, toujours en fuite, est son ex-compagnon. Il était connu de la justice, suite à des plaintes pour violences conjugales déposées par la victime. Il avait été condamné, en 2020, pour ne pas avoir respecté une ordonnance de protection rendue au profit de la victime. Une enquête pour assassinat a été ouverte. C'est le 90e féminicide depuis le début de l'année, d'après le décompte des associations.

Cette mort a déclenché la colère de Caroline Boisnoir, la présidente de l'association "Cœurs de Guerrières", association nationale d'aide aux victimes de violences conjugales, dont le siège est à Meythet, en Haute-Savoie.

Quelle est votre réaction après ce nouveau féminicide ?

C'est une énorme colère, une énorme colère puisque les féminicides s'enchaînent depuis quelques jours. En fait, il y a une accélération, de nouveau, des féminicides et on a juste le sentiment de ne toujours pas être écoutées, qu'il n'y a toujours aucun changement au niveau des plaintes de ces femmes. Elles dénoncent très souvent, en amont, les violences qu'elles subissent. Il n'y a pas suffisamment de protection et de sanctions.

Dans la plupart des féminicides, les femmes avaient déjà porté plainte

Le suspect, son ex-mari, avait été condamné en 2020 par le tribunal à Nice, où vivait le couple, pour non-respect d'une ordonnance de protection. Est ce que ça veut dire que les mesures judiciaires ne sont pas dissuasives ?

Non, elles ne sont pas dissuasives ! Je ne sais pas à quoi il a été condamné en 2020 pour non-respect de cette ordonnance de protection, s'il a pris six mois de sursis ou s'il a juste pris une tape sur les doigts, comme beaucoup. Les derniers féminicides qui ont eu lieu ces derniers jours, la plupart des femmes avaient déjà, également, porté plainte et l'un d'entre eux avait déjà tué son ex-conjointe et il est sorti de prison au bout de sept ans. Les sanctions ne sont pas assez fortes. Ces personnes pensent qu'elles sont certainement intouchables. Les femmes ne sont pas protégées, donc ça ne risque pas d'arrêter en fait.

J'entends aussi ce que dit l'historienne, spécialiste de questions de sexualité de genre, Christelle Taraud. Elle dit "La société doit éduquer les garçons différemment. Ce n'est pas en mettant des hommes en prison qu'on va régler ce problème".

Je suis d'accord avec ce qu'elle dit. Il faut aussi, dans ces cas là, éduquer nos filles. Il n'y a pas que les garçons. Il faut aussi apprendre à nos filles qu'elles ne peuvent pas et qu'elles ne doivent pas accepter certaines choses de leur conjoint ou conjointe (parce que les violences arrivent dans les deux cas). Il faut éduquer nos filles et nos garçons. C'est les deux qu'il faut éduquer : les garçons pour leurs actes, pour leur apprendre justement, qu'une autre personne ne leur appartient pas, qu'il faut respecter le consentement. Mais c'est valable aussi pour les jeunes femmes : qu'elles soient au courant qu'elles ont le droit de partir, qu'elles ont le droit de dire stop, qu'elles ont droit d'arrêter une relation qui ne leur convient pas. Et elles qu'elles n'ont pas à subir des violences verbales et psychologiques. Il y a beaucoup de choses que les jeunes femmes acceptent à cause de l'éducation qu'elles ont reçu.

Beaucoup d'effet d'annonce de la part du gouvernement

La lutte contre les violences faites aux femmes a été déclarée par le président de la République, grande cause du quinquennat. Est ce que ça se voit ?

Non ! [Elle rit]. Non, non, ça ne se voit pas ! Parce qu'il y a eu beaucoup d'effets d'annonce. Et nous, on y a cru quand il nous a évoqué cette grande cause du quinquennat. On a eu des effets d'annonce, en parlant des téléphones "Grave danger" qui ont été multipliés et des bracelets anti-rapprochement. Mais les téléphones "Grave danger" sont toujours aussi difficiles à obtenir. Les bracelets anti-rapprochement, il faut le consentement aussi de l'homme qui sort de prison pour être sûr qu'il est bien d'accord de porter ce bracelet et... il n'y a pas d'obligation ! Ce qui est assez bizarre. Au niveau des places d'hébergement, nous, constamment, quand on a besoin de pouvoir mettre en urgence en sécurité une femme, on trouve très rarement des places. Donc c'est souvent nous, pour mon association, qui prenons en charge nous-même les hébergements.

Porter plainte, toujours aussi difficile

Pour ces femmes, il y a plein de petites choses qu'il faudrait changer. Déjà prendre exemple sur des pays aux alentours. En France, une femme qui s'en va, qui se met en sécurité avec son enfant. L'enfant doit être scolarisé. À un moment donné, la femme est en sécurité, son adresse est cachée. Mais quand elle inscrit son enfant à l'école, elle a l'obligation de donner les coordonnées au conjoint violent. Donc, de toute façon, la protection saute ! C'est un exemple tout bête, mais il y a plein de petites choses qu'il faudrait changer pour que ces femmes puissent accéder peut être plus facilement à un logement, pouvoir accéder plus facilement à des aides, à des écoutes. Nous, en association, quand elles nous contactent, on les pousse autant que possible à porter plainte, à partir. Combien de fois, on a contacté des commissariats et des gendarmeries en leur disant "pourquoi vous n'avez pas pris la plainte de madame Untel" ? Les formations des gendarmes et des policiers à l'écoute, ils seront peut-être formés, mais en tout cas, l'accessibilité pour pouvoir porter plainte, c'est toujours pas donné.

Pour joindre l'association "Cœurs de Guerrières"

 

En France, le nombre de féminicides a augmenté de 20% en 2021 par rapport à l'année précédente. (Photo d'illustration) © Getty - picture alliance

 

Source : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/feminicide-en-savoie-les-sanctions-contre-les-hommes-violents-ne-sont-pas-assez-fortes-4855166

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