Les pesticides
ont encore de beaux jours
devant eux en France
Pesticides dans les vignes ©AFP - Idriss Bigou-Gilles / Hans Lucas |
On connait les effets néfastes des pesticides, encore utilisés pour l'agriculture, pour l'environnement et la santé, et pourtant ils ont encore de beaux jours devant eux en France. Pourquoi est-ce si difficile de se passer de ce type de produits chimiques dans l'agriculture ?
La commission européenne a récemment accepté de prolonger d'un an (soit jusqu'au 15 décembre 2023) l'autorisation de mise sur le marché du glyphosate en Europe, malgré la controverse autour de l'herbicide, considéré comme cancérigène probable par le centre international de recherche sur le cancer.
Mais produits chimiques utilisés rime avec productivité et - diront certains - rentabilité.
On remonte un peu le cours de l'histoire, fin de la seconde guerre mondiale, il faut nourrir la France, produire plus, les pratiques agricoles changent, s'intensifient... les pesticides sont largement utilisés, pour lutter contre les champignons parasites, les insectes ravageurs et les mauvaises herbes. Actuellement, 1 700 pesticides sont utilisés en France.
Ce n'est pas la volonté qui manque. Pour ce qui
est du glyphosate, Emmanuel Macron avait promis en 2017 qu'il serait
interdit au plus tard dans les trois ans, avant de se rétracter devant
l'opposition des agriculteurs. Certes, il se vend moins, d'année en
année, mais il est encore largement utilisé, plus de 7 700 tonnes de
l'herbicide vendu en France en 2021, utilisé principalement pour
nettoyer le sol entre deux récoltes.
D'après une étude de l’IPSOS
réalisée pour les entreprises qui commercialisent le glyphosate, son
interdiction coûterait 2 milliards d'euros de perte à l'agriculture
française à cause d'une baisse de rendement associée à une hausse des
couts de production, cela entrainerait même une perte de rentabilité
jusqu'à 33% pour les exploitations de céréales et 20% pour les
exploitations viticoles.
Pourtant des alternatives aux pesticides existent. Elles fonctionnent et seraient tout aussi rentables.
Des études scientifiques montrent que les alternatives aux pesticides ne font pas forcément perdre en rentabilité. D'après les chercheurs de l'INRAE, réduire significativement l'usage des pesticides est possible sans dégrader, « les performances productives et économiques » d'une exploitation mais à condition d'adaptations conséquentes des pratiques agricoles et d'un accompagnement. Plusieurs techniques ont montré leur efficacité, le désherbage mécanique, la rotation des cultures qui perturbe le cycle des mauvaises herbes, des pratiques utilisées en bio ou en agro écologie. Moins connu encore, le bio contrôle, ou lutte biologique, l'utilisation de micro-organismes vivants (des bactéries qui vont agir sur des maladies des plantes) ou encore pour lutter contre les ravageurs (la coccinelle contre les pucerons par exemple). Toutes ces pratiques, minoritaires, ne sont pas celles qui sont valorisées par les lobbys agro industriels, et ce ne sont pas celles qui avancent les plus gros chiffres.
La France, premier consommateur en Europe, troisième mondial.
85 000 tonnes de pesticides utilisées au total en France. La commercialisation des pesticides dans le monde représente plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaire annuel. Bénéfice net du groupe chimique Bayer en 2021 par exemple : 1 milliard d'euros, grâce notamment à… devinez quoi ? Au glyphosate.
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