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vendredi 23 décembre 2022

Voeux Olympiques

 



EDITO
Voeux olympiques

Mercredi 21 décembre 2022  

 
Par Jade Lindgaard
Après la Coupe du monde de football au Qatar, le prochain giga-évènement sportif international sera les Jeux olympiques de 2024 à Paris et en Seine-Saint-Denis.

Avec ses 6500 ouvriers morts sur les chantiers et des émissions de CO2 stratosphériques dues au béton, à la climatisation et aux innombrables trajets aériens occasionnés par la compétition, le Mondial 2022 a créé un désastre humain et écologique.

Quelles leçons en tirer pour les JO de 2024 ? Ces olympiades se veulent exemplaires, en promettant de réduire leur impact environnemental au minimum, en pérennisant le village des athlètes et le « cluster des médias » qui doivent devenir des quartiers d’habitation, et en léguant des équipements aux collectivités qui accueilleront les Jeux.

Sur le papier, c’est admirable. Mais sur le terrain, qu’observe-t-on, à travers les forêts de grues et les files de camions de chantier qui sillonnent le Grand Paris en pleine fièvre bâtisseuse ?

Un foyer de travailleurs migrants a été expulsé et 224 personnes délogées pour céder la place au futur village des athlètes, dans l’indifférence quasi générale. Une résidence étudiante a été détruite et une école d’ingénieur·es bouleversée.

Dix hectares de l’Aire des vents et du Plateau, dans le périmètre du parc Georges-Valbon, à Dugny, ont été artificialisés. 4000 m2 de jardins ouvriers ont été illégalement détruits pour la construction d’un solarium de piscine à Aubervilliers.

Deux bretelles d’insertion et de sortie d’autoroute doivent être construites à proximité d’un groupe scolaire de 700 élèves dans le quartier Pleyel à Saint-Denis, déjà très pollué et envahi par les voitures. 

Douze travailleurs sans papiers ont révélé avoir été employés sur le chantier du futur village olympique. Plusieurs enquêtes sont en cours concernant des faits présumés de travail illégal et de fraude. Le 24 janvier 2022, un ouvrier a été écrasé par un camion et a dû être amputé d’une jambe.

Des nouvelles technologies sécuritaires intrusives doivent être expérimentées.  Des évènements culturels devront être annulés. Et la tour Pleyel à Saint-Denis, laissée à l’abandon pendant des années, doit être transformée en hôtel « de luxe » dans l’un des quartiers les plus déshérités de l’Île-de-France.

Ces problèmes sont d’une gravité incomparable avec la tragédie subie par les milliers de travailleurs du Sud-Est asiatique esclavagisés sur les chantiers du Qatar pour la Coupe de monde de football.

Mais ils sont significatifs du déni de réalité qui sous-tend le discours sur des olympiades exemplaires : les bonnes intentions affichées n’effacent pas la matérialité des impacts sociaux et environnementaux de l’évènement. Des millions de tonnes de CO2 vont être émises par les venues en avion des délégations nationales (15 000 athlètes), des sponsors et de la myriade de journalistes – 20 000 personnels de médias, sept fois plus que pendant la COP21 de 2015. Les nouveaux quartiers olympiques en cours de construction en Seine-Saint-Denis sont conçus pour des ménages dont les revenus sont supérieurs à ceux des actuels habitant·es des quartiers qui les voient s’élever. Des espaces vivants ont été bétonnés pour les aménagements olympiques – certes une compensation, légalement obligatoire, est prévue.

Alors en quoi consisteraient des Jeux olympiques réellement exemplaires? Imaginons que les délégations des athlètes et les équipes médiatiques soient réduites à leur strict minimum. Que l’école Pleyel soit reconstruite ailleurs que dans le nœud routier qui l’enserre. Que les familles précaires bénéficient de billets gratuits pour assister aux compétitions. Que les Jeux paralympiques soient l’occasion de mesures massives et pérennes contre le validisme. Que les compétitions féminines soient aussi bien traitées que les masculines. Que les 4,38 milliards d’euros de budget des JO permettent de financer à long terme le fonctionnement des piscines qu’ils auront fait construire. Qu’en compensation des cadences oppressantes qu’ils ont endurées, les travailleurs des chantiers des JO bénéficient d’une hausse de salaire supérieure à l’inflation et soient épargnés par la réforme des retraites. Que tous les sans-papiers qui s’y échinent soient régularisés. Une liste en forme de voeux olympiques pour 2023. 
 

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