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dimanche 13 novembre 2022

L'art d'agir pour le climat


 

mercredi 09 novembre 2022 
 
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Edito 

L'art d'agir pour le climat

Jusqu’au 18 novembre, les États se réunissent en Égypte dans le cadre de la 27e conférence de l’ONU sur le climat. L’objectif du sommet est double : trouver les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre beaucoup plus fortement que cela ne se passe jusqu’à maintenant, et répondre réellement aux dommages irréversibles causés par le dérèglement climatique dans les pays du Sud.

Pendant ce temps, les actions médiatiques de désobéissance civile se multiplient dans les pays industrialisés, responsables historiquement du CO2 émis dans l’atmosphère depuis la Révolution industrielle : deux femmes ont dessiné des graffitis sur un tableau – protégé – d’Andy Warhol : Campbell’s Soup Cream of Mushroom, auquel l’une d’entre elles a collé sa main, dans un musée de Canberra, le 9 novembre. Le même jour, neuf personnes ont bloqué le périphérique parisien pendant une demi-heure, au nom du collectif « Dernière rénovation », pour demander que le parc immobilier, deuxième plus grosse source de CO2 en France, soit rénové sur le plan thermique d’ici à 2040. Quatre jours plus tôt, plusieurs centaines d’activistes à vélo ont bloqué l’aire de stationnement pour jets privés de l’aéroport de Schiphol à Amsterdam. Fin octobre, des scientifiques se sont englué·es à des automobiles de luxe dans un showroom BMW à Munich, en Allemagne, action pour laquelle 16 d’entre elles et eux sont resté·es cinq jours en garde à vue.

« En se collant à un Warhol, Stop Fossil Fuel Subsidies [« cessez les subventions aux énergies fossiles »] met en lumière le danger du capitalisme, explique le collectif sur un réseau social. « Alors que des Australiens meurent de faim, le gouvernement verse 22 000 dollars chaque minute aux énergies fossiles. »

Malgré les discours explicites de ces activistes, leurs actions subissent le reproche de ne pas viser les bonnes cibles : l’industrie pétrolière, les gazoducs et oléoducs, les centrales à charbon ou les nombreuses entreprises qui s’enrichissent avec l’écocide en cours.

Mais n’est-ce pas précisément le sens de leurs messages ? En s’en prenant à des œuvres d’art, aux flux indiscriminés des automobilistes autour de Paris ou à des stands promotionnels de constructeurs, ces actions déplacent la scène politique du climat vers le public et les consommateurs. Vers chacun·e d’entre nous.

Dans les années 1970, l’artiste états-unienne Martha Rosler a collé des images de la guerre du Vietnam dans des photos d’intérieur de maisons de la classe moyenne de son pays. La série s’intitule « Bringing The War Home » (« Ramener la guerre à la maison »). 

Aucune personne n’est à elle seule aussi coupable de crimes climatiques que TotalEnergies, Exxon, ChinaCoal, Saudi Aramco, Facebook, ou BNP Paribas. Mais personne ne peut s’exempter de toute responsabilité. Tous ces tableaux maculés de peinture, de colle et de purée par les activistes du climat sont les miroirs dans lesquels se reflète notre incapacité collective à agir. 
 
 

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