Pourquoi
Béchu à l’Écologie ? Parce qu’il est le pote de Macron, ce qu’on a déjà
dit ici. Et que donc, il ne l’embêtera pas. Que fera-t-il ? Rien. Il a
déjà fait, autorisant la chasse à l’alouette, alors qu’il la sait
illégale, car contraire à une directive européenne inscrite dans le
droit français. Le temps que le Conseil d’État se réveille – et annule
la décision –, 10 000 alouettes auront été butées par les amis chasseurs
de Macron-Béchu. Toujours ça de pris.
L’examen
non exhaustif du cabinet de Béchu n’incite pas au compliment. Directeur
de cabinet : Marc Papinutti, ingénieur des Ponts, des Eaux et des
Forêts. Directeur adjoint : Alexis Vuillemin, ingénieur des Ponts, des
Eaux et des Forêts. Directrice adjointe : Amélie Coantic, ingénieure des
Ponts, des Eaux et des Forêts. Qui s’occupera de la nature, dans ce
vaste conglomérat ? Guillaume Mangin, « conseiller prévention des
risques, santé, environnement, urbanisme et aménagement ». Notons
l’encerclement du mot « environnement » par la santé et l’urbanisme. Pas
l’écologie, l’environnement. L’écologie oblige à considérer l’homme en
relation avec d’autres existants. Pas l’environnement, qui, comme son
nom l’indique, s’en tient à ce qui environne l’homme, placé de facto au
centre. Mais ce n’est pas le pire : Mangin est lui aussi ingénieur des
Ponts, des Eaux et des Forêts.
Voici
venue la minute pédagogique. Les Ponts et le génie rural, les Eaux et
Forêts ont fusionné en 2009. Les premiers, dont le corps a été fondé en…
1716, sont à peu près derrière toutes nos si belles constructions. Les
routes et autoroutes, les cités de banlieue et leur urbanisme guilleret,
les villes nouvelles, de nombreux centres commerciaux géants – Rosny 2
–, et jusqu’aux châteaux d’eau hier et les ronds-points inutiles
aujourd’hui. Ils bâtissent, et gagnent de l’argent en coulant du béton.
Les Eaux et Forêts aiment à faire remonter leur origine à un édit de
Philippe Auguste, en… 1219. On leur doit, depuis la guerre, les
atteintes les plus graves à la biodiversité qu’a connues ce pays. À la
tête du ministère de l’Agriculture et des anciennes et surpuissantes
directions départementales de l’agriculture et de la forêt (DDAF), ils
ont tout remodelé.
Ils
nous auront tout fait : les plantations de résineux en monoculture, le
remembrement et l’arasement des talus boisés – 400 000 km pour la seule
Bretagne –, le recalibrage à la hache de milliers de cours d’eau,
consistant en des travaux lourds destinés à augmenter la productivité.
Et bien sûr, soutenu de toutes leurs forces l’usage massif de pesticides
et d’engrais industriels. Les deux corps qui ne font plus qu’un sont en
tout cas nés sous l’Ancien Régime, et ont résisté aux guerres et aux
tumultes. Sont-ils au service de la République ? Ils le disent. Sont-ils
au service de leur corps qui, de manière féodale, maintient des liens
de suzerain à vassal ? Ils le nient férocement. Notons un dernier point,
décisif : ce corps de la « noblesse d’État » (Bourdieu) détient, avec
celui des Mines, un monopole de l’expertise technique. Tout projet
public d’importance passe entre leurs mains avisées. Qu’on ne peut
contester.
Revenons
une seconde au cabinet Béchu. Sauf erreur, qu’on rectifierait, il
n’abrite aucun représentant de l’écologie scientifique. Celle qui
documente le massacre des oiseaux – le Muséum national d’histoire
naturelle, le CNRS –, la mort des insectes, le déclin de certains
mammifères. Et pas un représentant d’une quelconque ONG – horresco
referens ! –, dont certaines sont pourtant impeccablement informées.
Est-ce
de la provocation ? Même pas. Ces gens sont habitués à être suivis et
scrutés par des journalistes politiques, tous ignares dans ce domaine
pourtant décisif. Ce qui est écrit ici, un Béchu ne le saura jamais, et
ne le comprendrait pas, car ce qui occupe un homme comme lui – et son
cabinet –, c’est l’image qu’il entend donner de son petit tour de piste
ministériel. Mais les zécolos, pourquoi ne disent-ils jamais rien ?
Comme Béchu, ils ont sans doute des choses bien plus intéressantes à
faire. •
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