EPR en construction à Flamanville :
la suite du fiasco ?
Suite aux graves incidents qui ont affecté le réacteur EPR de la
centrale de Taishan en Chine, la CRIIRAD s'interroge sur les
conséquences pour l'EPR de Flamanville actuellement en construction.
Les 245 assemblages de combustible nucléaire neuf, acheminés par camion
entre octobre 2020 et l’été 2021 depuis l’usine Framatome de
Romans-sur-Isère, devront-ils être remplacés avant même d’être utilisés ?
Afin de vérifier ces éléments, la CRIIRAD a interpellé monsieur Xavier
Ursat, Directeur Exécutif Groupe EDF, en charge de la direction
Ingénierie et Projets Nouveau Nucléaire.
La CRIIRAD avait révélé l’an dernier que les graves incidents qui ont
affecté le réacteur EPR de la centrale de Taishan en Chine pouvaient
concerner les autres EPR en construction dans le monde et en particulier
celui construit par EDF à Flamanville (Flamanville 3).
Les industriels concernés et de nombreux instituts spécialisés cherchent
à minimiser ce qui s’est produit à Taishan. Mais les informations
transmises à la CRIIRAD par un lanceur d’alerte qui travaille dans
l’industrie nucléaire indiquent que des vibrations très anormales ont
affecté ce réacteur. Elles ont gravement endommagé la structure des
assemblages, dont les grilles de maintien des crayons combustible. Ces
vibrations seraient dues en particulier à un défaut de conception
générique affectant l’hydraulique dans la cuve des EPR.
Dans un communiqué du 12 janvier 2022 concernant Flamanville 3, EDF
indique de nouveaux retards mais ne traite pas explicitement la question
des vibrations. Elle affirme notamment que « L’ensemble des assemblages
qui seront exploités dans le premier cycle de fonctionnement du
réacteur est stocké dans le bâtiment combustible ».
Or, selon les informations transmises à la CRIIRAD, EDF aurait commandé à
Framatome un nouveau combustible incluant des grilles renforcées
(permettant de mieux supporter les vibrations), mais aussi une
modification de l’alliage M5 utilisé pour les gaines (afin de tenter de
résoudre des problèmes de corrosion). Elle devrait remplacer les
assemblages neufs, déjà présents sur site et qui ne seraient donc jamais
utilisés. Mettre ainsi pratiquement au rebut un cœur neuf de réacteur
nucléaire pourrait représenter un coût de l’ordre de 250 millions
d’Euros.
Où est la vérité ? Que penser lorsque EDF affirme que les assemblages
entreposés dans la piscine du bâtiment combustible de Flamanville seront
effectivement utilisés ?
Tant que toute la lumière n’a pas été faite sur ce qui s’est passé à
Taishan, est-il bien raisonnable de poursuivre, à travers le programme
des EPR2, cette course en avant désespérée avec une technologie non
maîtrisée et donc dangereuse ?
Pour en savoir plus :
Visionnez notre vidéo "EPR de Flamanville : quelles conséquences après l'incident à Taishan 1 ?"
https://www.youtube.com/watch?v=V-Ez2shMCdc
CRIIRAD
24/02/2022
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