Tokyo, Rio, Singapour ou Toronto
valorisent leurs forêts urbaines,
faisons de même !
Pétition à signer :
https://www.change.org/p/sauvons-la-for%C3%AAt-de-la-corniche-des-forts-%C3%A0-romainville
—
Forêt de la Corniche des Forts, carrière abandonnée pendant 60 ans.
Photo Yann Monel
La luxuriante forêt de la Corniche des forts, située à 2 kilomètres de Paris, doit être défrichée pour devenir une «base de plein air et de loisirs». Mais ce «poumon vert» de la Seine-Saint-Denis est un écosystème précieux qu'il faut préserver.
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La région Ile-de-France s’apprête à défricher dès septembre huit hectares de la précieuse forêt de la Corniche des forts, à Romainville (Seine-Saint-Denis), pour la transformer en Ile de Loisirs, une « base de plein air et de loisirs » (BPAL), un non-sens dans le contexte de crise écologique actuelle.
Un écosystème autonome et bénéfique
Cette forêt urbaine, située à 2 kilomètres de Paris, en
Seine-Saint-Denis, est un site remarquable. Située entre Romainville,
Pantin, Noisy-le-Sec et les Lilas, elle est inaccessible au public à
cause des cavités profondes des anciennes carrières de gypse, sur
lesquelles la nature s’est développée, de façon spontanée.
Méconnue, la forêt de la Corniche des forts abrite renards,
hérissons d’Europe, écureuils roux, lézards des murailles, orvets,
fouines, musaraignes, pics épeiche, buses, plusieurs espèces de
chauve-souris et une population importante de fauvettes à tête noire.
Des éperviers sont présents de façon constante sur le site, ce qui est
remarquable dans ce contexte intra-urbain. Les arbustes et les lianes,
dont une abondante population de clématites, y forment un paysage de
jungle dès le retour du printemps.
Si le projet d’Ile de Loisirs a évolué, depuis ses origines
dans les années 2000, vers une diminution de la surface touchée pour
cette première phase (deux autres sont prévues ultérieurement), il n’en
reste pas moins alarmant pour son impact sur la biodiversité, sur
l’identité de ce paysage et sur la topographie des lieux.
La partie haute du site va ainsi être comblée puis
défrichée pour être transformée en solarium». Cela implique la
destruction de 30% de l’habitat des oiseaux, notamment migrateurs, qui y
trouvent refuge, et la destruction de très nombreux arbres. Remblayer
les cavités implique de détruire irrémédiablement la dimension sauvage
du site et de ces carrières, véritables cathédrales souterraines,
profondes parfois de 60 mètres.
Un projet surdimensionné et destructeur
Si cette forêt ne peut plus être laissée à l’abandon pour
être préservée, les aménagements proposés par la région (éco-pâturage,
agrès et solarium) décidés sans concertation suffisante et sans tenir
compte de la spécificité du site, sont redondants par rapport aux
possibilités offertes par les parcs alentours, qui ne demandent qu’à
être entretenus pour être fréquentés.
En aucun cas, ces «usages» et la pression foncière en
Ile-de-France ne justifient la destruction des 8 hectares de cet
écosystème précieux. Profiter d’une nature redevenue sauvage est bien
plus utile et enthousiasmant pour les enfants et habitants de
Seine-Saint-Denis qu’une pelouse et des agrès supplémentaires. Dans son
ensemble, cet écosystème est primordial pour les Franciliens, tant pour
sa beauté que pour ses apports environnementaux (climat urbain,
absorption du CO2, espace de plein terre en ville, réserve
biologique, etc.). Et sa destruction ne pourra jamais être compensée sur
des sites éloignés.
A l’heure d’un dérèglement climatique accéléré, de
l’extinction des espèces et d’une pollution atmosphérique urbaine
persistante, il faut aujourd’hui considérer cette forêt comme un
écosystème autonome et bénéfique autant pour l’homme que pour les
espèces qu’elle héberge.
Aujourd’hui nous demandons à Valérie Pécresse, porteuse de
ce projet piloté par la direction régionale des sports, des loisirs et
de la jeunesse, qui va à l’encontre des objectifs du Plan vert
d’Ile-de-France et de tous les plans en faveur de la biodiversité, de le
reconsidérer pour :
- empêcher la destruction des arbres et de l’habitat de la
faune et de la flore, surtout touchés par la partie «solarium» du projet
régional et de tout mettre en œuvre pour préserver la biodiversité et
le génie des lieux
- imaginer un projet plus ambitieux, plus léger et plus
inédit, à l’image de la High line newyorkaise, du Treetop Path de
Beelitg ou de la petite ceinture parisienne pour ne pas dénaturer la
forêt et les carrières, mais au contraire les mettre en valeur
- envisager le site comme un observatoire populaire de la
biodiversité, tel que l’avait écrit le journaliste Fabrice Nicolino,
pour les générations actuelles et à venir
- transférer le budget de comblement (14 millions) pour
entretenir et aménager les liaisons avec les différents parcs voisins
situés sur le coteau de l’Est parisien, en cohérence avec les autres
collectivités impliquées sur le territoire
- aménager les contours pour permettre aux Franciliens de
profiter des facettes du site, en pensant à son devenir, sur le long
terme, dans un contexte d’économie budgétaire
Nous ne pouvons plus nous permettre de détruire notre
environnement et de reporter l’impact de nos décisions sur les
générations futures. Dès aujourd’hui, les choix d’aménagement des élus
doivent pouvoir concilier le sauvage et l’urbain sur le long terme,
indépendamment des enjeux électoraux. Il en va de notre devenir à tous.
S’il est réellement pensé en accord avec la nature, ce
projet peut être l’une des réalisations les plus marquantes pour la
Seine-Saint-Denis et l’Ile-de-France, loin devant les infrastructures
des JO. Il est encore temps de changer de scénario pour la forêt de la
Corniche des forts. Tokyo, Rio, Singapour ou Toronto préservent et
valorisent leurs forêts urbaines, faisons de même !
Signataires : Gilles Clément (Ecrivain, paysagiste, jardinier) ; Chris Younès (Philosophe) ; Pierre Rabhi (Paysan, agroécologiste, écrivain) ; Thierry Paquot (Philosophe) ; Chilpéric de Boiscuillé (Fondateur de l’Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois) ; Fabrice Nicolino (Journaliste environnement) ; Alexis Tricoire (Designer végétal) ; Patrick Bouchain (Architecte) ; Frédéric Pautz (Directeur des Jardins Botanique du Grand Nancy) ; Marc Jeanson (Botaniste au Muséum national d’Histoire naturelle) ; Damien Deville (Agroécologue et anthropologue de la nature ; Daniel Otero Peña (Architecte) ; Yann Monel (Photographe jardinier) ; Julie Martineau (Enseignante et architecte du paysage) ; Andréïna De Bei (Rédactrice en chef photo) ; Pierre Spielewoy (Juriste et chercheur en droit de l’environnement) ; Baptiste Lanaspeze (Editeur, éditions Wildproject) ; Jean-Philippe Teyssier (Architecte – paysagiste, co-rédacteur en chef) ; Nicolas Deshais-Fernandez (Paysagiste DPLG et botaniste) ; Frédérique Basset (Journaliste environnement); Pascale d’Erm (Journaliste, auteure et réalisatrice française, spécialisée dans les questions de nature et d’environnement) ; Le Centre Jean-Marie Pelt ; Florent Morisseau (Paysagiste concepteur, enseignant) ; Julien Daniel (Photographe) ; Marc Huret (Urbaniste) ; Rodolphe Raggucia (Paysagiste DPLG) ; Julie Lefebvre (Responsable médias, Amis de la Corniche des Forts) ; Sara Kamalvand (Architecte, enseignante) ; Khristian Ceballos (Architecte, enseignant) ; Loïc Wibaux (Reporter) ; David Bismuth (Responsable Ornithomédia.com, Amis de la Corniche des Forts) ; Pierre Mathon (Ex Conseiller Régional, Amis de la Corniche des Forts) ; Hélène Zanier (Bagnolet en Vert, Amis de la Corniche des Forts) ; Claire Harsany (Conseillère coopération internationale) ; Coline Promeyrat (Conteuse-auteur, Amis de la Corniche des Forts) ; Carole Lefrançois (Journaliste) ; Jean-Pierre Van Wambeke (Architecte) ; Pascal Mage
(membre de la Fédération des Murs à Pêches, membre de la Coordination
de Préservation des Espaces Verts et Publics en Ile-de-France) ; Yves Buisson (Administrateur, membre de la Coordination de Préservation des Espaces Verts et Publics en Ile-deFrance ); Ginette le Maitre terrain d’aventure de Montreuil (membre de la Coordination de Préservation des Espaces Verts et Publics en Ile-de-France) ; Le collectif citoyen «notre parc n’est pas à vendre» - Parc Georges-Valbon de La Courneuve (membre de la Coordination de Préservation des Espaces Verts et Publics en Ile-de-France) ; Alain Boucher (Association Bondy Ecologie) ; Jean-Claude Ruffier (Association «Orly Thiais Grignon», membre de la Coordination de Préservation des Espaces Verts et Publics en Ile-de-France) ; Sophie Guillemain (AGIV, Gentilly, membre de la Coordination de Préservation des Espaces Verts et Publics en Ile-de-France)
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