Face à l’urgence climatique,
les militants d’Alternatiba
veulent construire des alternatives
par le bas
Depuis deux mois, le Tour Alternatiba sillonne le pays à vélo. Dans une France où les partis traditionnels peinent à recruter, ce mouvement écologiste aux méthodes inspirées d’Act Up déclenche partout des vocations, notamment chez les jeunes. Accusé par certains de ne pas être assez politisé, il est pourtant le premier à avoir fait éclore une réelle mobilisation citoyenne pour le climat.
« Le défi climatique […] se joue maintenant, [il] se gagne ou se perd dans les 10 à 15 ans qui viennent. Contrairement à d'autres combats, l'Histoire ne nous permettra pas de rejouer cette partie-là. » Toute l’urgence du combat lancé par Alternatiba il y a cinq ans se résume dans ces quelques phrases. Une urgence qui conditionne les méthodes terriblement rigoureuses d’un mouvement conscient de s’être engagé dans la mère de toutes les batailles : la lutte contre le changement climatique. « On veut soulever des montagnes, explique Jon Palais, 39 ans, un des fondateurs. Si on avait 400 ans pour relever ce défi, on irait mollo, mais ce n’est pas le cas. Nous devons changer le système maintenant. »
Affiche le 11 juillet 2018 au Mans, lors de l'étape du Tour Alternatiba © DM/Mediapart
L’histoire d’Alternatiba a pourtant commencé bien loin des questions climatiques. « Je n’ai pas ce truc de défendre l’environnement ou les ours polaires, admet Txetx Etcheverry, l’un des pères historiques du mouvement. À la base, je milite pour la justice sociale et je suis engagé dans les batailles du Pays basque. C’est petit à petit, par ma pratique, face à la construction d’une nouvelle route, ou au duel entre agriculture conventionnelle et agriculture paysanne, que j’ai pris conscience qu’on avait un sacré problème écologique et climatique et qu’on ne pouvait plus penser nos stratégies sans intégrer ça. »
Dans le Sud-Ouest, se souvient-il, c’est il y a une dizaine d’années seulement qu’on a commencé à voir des articles décryptant la réalité du changement climatique. « On en avait entendu parler mais sans prendre la mesure de ce que c’était. On comprenait juste qu’il ferait plus chaud, mais ça ne perturbait personne. Là, j’ai compris que ce qui était en jeu, c’était le sort de l’humanité, de mon espèce et celui des pauvres, des petits, qui vont morfler, et qui morflent déjà, car ils n’auront pas les moyens de se protéger des catastrophes du changement climatique. »
Lire aussi
Militant altermondialiste de longue date, le quinquagénaire se dit « effaré par le fait que la majorité de nos décideurs et de l’opinion publique soient hors-sol, alors que des raisonnements décrivent noir sur blanc la réalité physique de la Terre et du climat ». Pour lui, les extrémistes, ce sont « ces gens qui ne voient pas ce qui est en train de se passer et veulent continuer les mêmes logiques d’aménagement du territoire, comme si la communauté scientifique ne leur avait rien dit. Emmanuel Macron et les autres nous mènent à une catastrophe annoncée par aveuglement idéologique, sans prendre la mesure de la réalité du monde. »
S’inspirant de l’élan citoyen apparu pendant le sommet climatique de Copenhague en 2009, le militant crée avec d’autres l’association Bizi ! (Vivre ! en basque). Celle-ci se lance au Pays basque nord « dans la bataille planétaire pour la justice climatique et la justice sociale ». Malheureusement, la mobilisation faiblit vite après l’échec des négociations internationales de Copenhague. Le sujet est si anxiogène qu’il peine à mobiliser. « On s’est dit alors qu’il fallait aborder la question climatique par les solutions », se rappelle Txetx. Le petit groupe écologiste et altermondialiste décide d’organiser à Bayonne un grand festival des alternatives au changement climatique. Objectif : par la pratique, « faire entrer en militance des gens qui n’étaient pas du tout conscientisés à l’écologie ». Un an de travail, près de 500 bénévoles : le résultat dépasse toutes les espérances. Le dimanche 6 octobre 2013, 12 000 personnes se déversent dans les rues piétonnisées de Bayonne pour participer au festival Alternatiba.
Dans les rues de leur ville libérées des voitures, les Bayonnais profitent le temps d’une journée d’espaces de jeux pour les enfants, d’animations musicales, de marchés paysans, de conférences sur le climat, de bourses au vélo, d’ateliers réparation ou encore d’immenses repas collectifs. Bizi ! estime avoir gagné son pari : montrer que « non seulement les solutions au dérèglement climatique existent, mais qu'en plus elles construisent une société et une vie plus humaines, plus justes, plus solidaires, plus conviviales, bref, plus désirables ». Surtout, relève l’association, « la lutte contre le changement climatique n'est dès lors plus un défi douloureux et immense sur lequel nous n'avons pas de prise. Elle est plutôt un élan formidable, une opportunité bienvenue, dans laquelle tout le monde peut avoir sa part, sa place, et qui dessine un projet de société, une promesse d'avenir attractive et mobilisatrice ».
Plusieurs dizaines de personnes assistent à une
conférence sur le climat organisée
par Alternatiba, le 11 juillet 2018
au Mans. © DM/Mediapart
Alternatiba ne veut pas s’arrêter en si bon chemin. C’est Christiane Hessel, l’épouse de Stéphane Hessel – décédé début 2013 mais qui avait dès décembre 2012 accepté de parrainer le projet Alternatiba –, que l’on charge de prédire l’avenir. Dans une déclaration traduite en 26 langues, elle appelle à créer « dix, cent, mille Alternatiba » en France et en Europe dans la perspective de la COP21, réunion climatique décisive, qui doit se tenir fin 2015 à Paris. L’objectif, dit Mme Hessel, est « autant d'interpeller les dirigeants sur les conséquences dramatiques de l'absence d'accord international ambitieux, efficace, contraignant et juste sur le climat, que d'appeler les populations à mettre en route sans plus attendre la transition sociale, énergétique et écologique nécessaire pour éviter le dérèglement profond et irréversible des mécanismes du climat ».
L’urgence est de nouveau mise en avant. « Unis et déterminés, nous pouvons gagner cette bataille au Nord comme au Sud, martèle-t-on. Pour nous et pour les générations à venir. Pour que l'on puisse dire, aujourd'hui aussi bien que demain : “Nous nous sommes engagés quand il en était encore temps !” »
Parrainage de Stéphane Hessel, invitation du groupe toulousain Zebda… Tout a été fait pour donner au mouvement une portée nationale. Mais, s’étonne encore Jon Palais lors d’un long entretien avec Mediapart dans les ruelles du Vieux Mans, « on a été surpris par la vitesse et l’ampleur que ça a pris. [...] On ne s’attendait pas à ce que Bordeaux organise des réunions 15 jours à peine après notre événement pour lancer la préparation de leur propre village ! » Bordeaux ne fait qu’ouvrir la voie. En 2014, une dizaine de villages sont montés, une centaine en 2015.
Face à ce succès, l’urgence est de cadrer, au moins a minima, la génération de militants en train d’émerger et de transformer l’essai bayonnais en un modèle reproductible ailleurs. « On a donc réalisé un kit méthodologique, un film, et on s'est organisés pour pouvoir répondre aux questions que des groupes commençaient déjà à nous poser. On a repris le texte d'appel à Alternatiba Bayonne et on l'a proposé comme charte qui serait commune à tous les villages. C’est notre seul document politique, qui pose quelques garde-fous essentiels : il fixe notamment que le mouvement est non partisan, non violent et précise ce qui relève d'alternatives ou bien de fausses solutions, comme le nucléaire ou les OGM. On a essayé de mettre des lignes rouges, afin d’être politiquement pertinent et cohérent, mais pas trop non plus pour permettre de mobiliser largement. »
« Une version améliorée d'Act Up »
Au cours des mois, la dynamique va s’affiner. Alors qu’au début on mise tout sur les alternatives au changement climatique, il devient de plus en plus évident que le mouvement doit avancer sur deux jambes, une métaphore qu’affectionnent les militants d’Alternatiba : la jambe des solutions donc, mais aussi celle des résistances aux projets climaticides. Alors que le succès d’Alternatiba doit beaucoup au message positif qu’il véhicule, certains craignent que des actions de désobéissance civile ne brouillent le message et ne dissuadent certains sympathisants. Est donc créé en 2015 le groupe Action non violente (ANV)-COP21, considéré comme le bras du mouvement climat. Son rôle est de mener des actions de désobéissance civile contre les projets aggravant le changement climatique. L’équipe d’animation a depuis fusionné avec celle d’Alternatiba.
Jon Palais (à droite) lors de l'étape du Tour Alternatiba au Mans,
le 11 juillet 2018. © DM/Mediapart
C’est le cas de Pauline Boyer, 35 ans, rencontrée au Mans sur le Tour Alternatiba, un périple à bicyclette de 5 800 kilomètres à la rencontre des alternatives locales (lire dans le Club de Mediapart). Il y a trois ans, la jeune femme démissionne de son poste dans l’industrie pharmaceutique pour rejoindre le mouvement écologiste. Elle se dit beaucoup « plus heureuse depuis. Se lever le matin et se dire “j’aime ce que je fais”, ça vaut tout l’argent du monde ». Elle se souvient de cette réunion Alternatiba à laquelle elle a assisté un peu par hasard à Paris : « J’ai été bluffée », raconte cette jolie brune, un tournesol piqué dans ses longs cheveux bruns.
Bluffée par « la communication avec les gestes, par le fait qu’on lève la main pour demander la parole… J’avais fait beaucoup de réunions dans ma vie et souvent, c’étaient les plus anciens ou ceux qui avaient le plus de voix qui parlaient. On sentait un vrai processus d’intelligence collective ». Et le climat, alors ? « Quand j’ai rencontré Alternatiba, je n’avais pas forcément conscience de l’urgence climatique », confesse-t-elle simplement, « c’est vraiment l’organisation qui m’a attirée. » Puis, progressivement, « j’ai compris qu’on était la dernière génération à pouvoir freiner l’avancée du dérèglement climatique... ».
Ce message de l’urgence, c’est d’ailleurs celui que délivrent, sitôt mis pied à terre, la centaine de cyclistes Alternatiba qui se relaient durant quatre mois pour boucler leur Tour de France. Comme à Rennes ce 5 juillet : « Notre modèle de développement, explique une militante au public venu accueillir la Vélorution sur le mail François-Mitterrand, a commencé à perturber le climat de la Terre. Il risque de devenir incontrôlable et irréversible. L’accord de Paris nous mène à + 3 ou + 4 °C [par rapport aux températures de la fin du 19e siècle – ndlr]. La bataille pour freiner le changement climatique n’est ni gagnée ni perdue. Les citoyens se bougent partout, contrairement à nos dirigeants. Nous venons ici à la rencontre des alternatives, pour que ces alternatives deviennent la norme. » Mélange d’avertissement et d’encouragement, le message se veut fédérateur.
Alors qu’à une vingtaine de kilomètres de Rennes, elle écoute le maire de Langouët, Daniel Cueff, raconter la transition extraordinaire de son petit village de 600 âmes, Rebecca Wangler, 24 ans, n’en croit pas ses oreilles. Cantine bio, autonomie énergétique, économie circulaire, construction de logements sociaux écologiques : tout ce qu’elle encourage depuis son arrivée à Alternatiba n’est donc pas qu’une chimère. Les alternatives sont vraiment possibles, à condition de le vouloir. Comme Pauline, elle fait partie de la nouvelle garde.
D’origine allemande, elle a fait un double cursus franco-allemand à Lille et sort de Sciences Po avec un master en développement soutenable. « Je n’avais jamais trop réussi à passer à l’action, j’étais très frustrée par toute cette réflexion intellectuelle », raconte cette jeune fille pressée d’en découdre avec la vie. Elle tente plusieurs associations, mais n’y trouve aucune affinité. « Je ne me sentais pas très à l’aise avec une certaine culture où on met beaucoup en avant la démocratie mais où on n’a pas les bonnes méthodes, le côté rigoureux me manquait. Et puis, certaines personnes, certains ego, prenaient beaucoup de place… »
C’est par ANV que Rebecca rejoint le mouvement. Elle participe à Lille à une action de « fauchage de chaises » dans une banque pour protester contre l’évasion fiscale. C’est la révélation : « J’ai été impressionnée, c’était très organisé, avec un brief en amont, un plan diffusé par vidéoprojecteur, une explication du rôle de chacun, des risques juridiques, le tout avec une grande bienveillance envers les personnes. » Lors d’une coordination européenne des Alternatiba, elle réalise à quel point le mouvement mène « une vraie réflexion sur comment gagner la bataille. J’avais l’impression que si j’investissais du temps, ce ne serait pas du temps perdu ».
Pour elle qui depuis plusieurs semaines met ses mollets à l’épreuve du deuxième Tour Alternatiba – le premier s’est tenu à l’été 2015 –, Alternatiba offre un modèle qui n’est « pas déconnecté de la réalité ». Cette approche « radicalo-pragmatique » revendiquée par le mouvement lui plaît : « On ne doit pas se perdre dans des usines à gaz. » L’efficacité toujours. Au point de travailler 14 heures par jour pour la cause sans jamais rechigner.
Ce n’est pas par hasard que ces méthodes très carrées, détonnant avec celles des associations plus traditionnelles, sont arrivées jusqu’à Bizi !, puis Alternatiba et ANV-COP21. Act Up y est pour beaucoup. Au début des années 2000, Txtex est profondément marqué par l’ouvrage publié par Didier Lestrade, qui a cofondé l’association de lutte contre le VIH. « Il m’a contacté, on s’est rencontrés et il y a eu une sorte de connexion instantanée entre nous », relate Didier Lestrade qui durant des années a prodigué ses conseils au groupe écologiste en train de se construire, le seul selon lui qui vienne de la base et ait une légitimité en France. « À part Greenpeace, interroge-t-il, qu’est-ce qu’il y a en France qui continue à faire des actions ? »
Rebecca Wangler (à gauche) et une autre militante dans les rues de Langouët,
le 5 juillet 2018. © DM/Mediapart
« Partage du travail, montée en puissance de nouveaux leaders, désobéissance civile, utilisation des médias, Alternatiba aujourd’hui, c’est comme une version améliorée d’Act Up, juge-t-il. Dans les années 2000, je me disais que les moyens d’Act Up étaient déjà un peu dépassés, Bizi ! les a modernisés […] avec en plus le management de Txetx, beaucoup plus apaisé, sans engueulade. Par ailleurs, tout est dirigé vers l’action. Si une discussion s’éternise trop et ne va pas vers une action, on dit :“Stop, on est en train d’enculer les mouches.” »
Le militant anti-sida n’hésite pas à voir en Alternatiba « un mouvement sans faute », qu’il compare à celui du Larzac. « La seule chose qui puisse leur faire peur, c’est le burn out ». Il remarque toutefois une différence notable avec Act Up : « Autant nous utilisons la peur, autant Alternatiba, en dépit de l’angoisse de l’avenir, sait utiliser l’humour et la bonne humeur pour attirer plusieurs générations de militants. »
« Plus chauds, plus chauds que le climat ! »
Rebecca Wangler ne dit pas autre chose. « Je m’occupe d’une cause grave mais de manière joyeuse », résume l’Allemande aux longs cheveux roux, entre un tour de vélo quadriplette et une conférence sur le climat lors de l’étape rennaise du Tour Alternatiba. Cet esprit extrêmement positif est sans conteste une des marques de fabrique du mouvement. Une des raisons de son succès aussi. « C’est par la joie de vivre qu’on va rassembler les gens », s’enthousiasment Adrien Diss et Simon Chauvat, venus de la Réunion pour manger du bitume métropolitain et devenir formateurs en actions non-violentes. « Face à un constat qui est assez plombant, poursuivent les deux membres d’Alternatiba Pei, on montre que les alternatives, ça marche. On a l’impression de posséder moins, mais on en ressort enrichi, car ça génère beaucoup de lien. Ce n’est pas parce qu’on mange bio et qu’on vit dans des maisons en paille qu’on est tristes ! »
Non loin, Damien, 38 ans, en charge de la logistique du Tour, acquiesce : « On n’a clairement pas envie d’être des martyrs. » C’est ce que s’emploie à démontrer le « Vlog » posté au gré des étapes du Tour Alternatiba, grâce à son style décalé et aux chansons entonnées par les militants, déterminés à rester toujours « plus chauds, plus chauds que le climat ». C’est le cas des chansons du rappeur HK, ou de « On s’bouge » de Kalune qui rythme chaque arrivée des cyclistes dans une nouvelle étape.
Arrivée du Tour Alternatiba à Langouët le 5 juillet 2018. © DM/Mediapart
À 35 et 38 ans, Pauline et Damien feraient presque figure de « vieux ». Créé par des hommes mûrs d’origine basque, le mouvement s’est en cinq ans profondément renouvelé pour devenir un mouvement très jeune et très féminin. Si on y croise des tempes grises, la volonté d’impliquer les plus jeunes est clairement affirmée. Au point qu’en février 2016 une motion présentée lors d’une grande réunion à Bordeaux fait grincer quelques dents. Après deux ans d’existence, Alternatiba souhaite faire le point sur les orientations du mouvement et mettre en place une nouvelle équipe d’animation.
Plusieurs, dont Txetx, 53 ans, proposent de fixer une règle imposant une limite d’âge de 45 ans pour les cadres. Accusé par certains de discrimination, il assume totalement cet épisode : « Trop de gens ne savent pas s’écarter pour laisser leur place aux jeunes. C’est la raison de l’échec de nombreux projets. C’est pour cela qu’on a fait cette proposition limite provoc : la motion n’est pas passée, mais le débat a eu son effet, car dans les gens qui se sont présentés pour être dans la coordination, très peu avaient plus de quarante ans. La coordination qui est née de Bordeaux venait vraiment d’une nouvelle génération. » À l’occasion du renouvellement de la TEAM, l’équipe d’animation, le mouvement s’est aussi montré particulièrement vigilant à la parité homme/femme, cooptant finalement plus de filles dans les rôles à responsabilité.
Lors de deux enquêtes complémentaires menées entre 2014 et 2017, Yannick Martell et Nicolas Brusadelli, doctorants à l’université de Picardie, ont étudié la sociologie de la soixantaine de militants composant le groupe Alternatiba de Lille, dont le village a réuni quelque 6 000 participants en octobre 2014. À cette époque, il y avait autant d’hommes que de femmes, et ils étaient effectivement très jeunes, ont-ils observé : 70 % des militants les plus impliqués avaient moins de 30 ans. Ils étaient aussi assez diplômés – 80 % avaient a minima un bac + 3 et 44 % un bac + 5 – et venaient pour la plupart des classes moyennes supérieures, seul un quart étant issu des classes populaires.
« Pour la plupart non politisés, ils avaient assez peu d’expérience de militantisme », ajoutent les deux enseignants-chercheurs. Chez Alternatiba, beaucoup n’ont jamais manifesté de leur vie. « Le kit de méthodologie leur a donc été très utile. » Dans ce kit de 48 pages, accompagné de 92 pages d’annexes, les activistes en herbe apprennent les ficelles du militantisme version Alternatiba. Autrement dit : comment lancer efficacement un village des alternatives. Pour encourager les bonnes volontés, les fondateurs expliquent qu’on peut « décider d’organiser un Alternatiba avec un noyau militant très réduit au départ, quelques personnes motivées suffisent, et avec aucun budget initial. C'est le processus Alternatiba qui va faire venir ses propres bénévoles, et qui s’autofinancera. »
As de la récup, dénué de locaux et grand recruteur de bénévoles, Alternatiba parvient à afficher des coûts extrêmement réduits. Un militantisme petit budget qui lui permet de se contenter de financements venant de fondations privées, du crowdfunding ou encore de l’organisation de repas populaires.
Jon Palais (à droite) et Txetx Etcheverry, à l'issue du rassemblement de la COP21, le 12 décembre 2015 à Paris. © Image extraite de «Irrintzina, le cri de la génération climat», un film de Sandra Blondel et Pascal Hennequin, produit et distribué par fokus 21.
Une fois les questions d’argent remisées, s’ensuit une kyrielle de conseils pratiques : comment arrêter une date – si possible « à des périodes où les pluies sont moins probables » –, choisir un lieu, communiquer avec la presse et la mairie, recruter les bénévoles, et même comment nettoyer le site, que l’on « se fera un point d'honneur à laisser aussi, voire plus propre, qu'on l'a trouvé. Cela constituera un point fort auprès de la population locale, qui augmentera la sympathie face à nos idées et messages ».
Gage indiscutable d’efficacité pour Alternatiba, la ponctualité n’est pas oubliée. Quitte à en braquer quelques-uns. « Chaque réunion, peut-on lire, commence à l'heure et finit à l'heure. Les premières fois, vous avez la moitié des gens absents, mais vous attaquez quand même la réunion selon l'ordre du jour et vous prenez les décisions qu'il faut, y compris dans le premier quart d'heure. Au bout d'un moment, la majorité a pris le pli et est là à l'heure ou en avance. De même, les réunions ne dépassent jamais l'heure de fin annoncée. Cela pousse à être efficace, à ne pas pinailler […]. Cela permet surtout à ceux et celles qui ont des enfants, d'autres occupations ou rendez-vous, de venir tranquilles aux réunions. Ils savent qu'ils seront libres à l'heure prévue et peuvent s'organiser en fonction. Ces réunions durent toutes deux heures », une durée, explique-t-on, qui correspond au « temps moyen de concentration » et au « créneau gérable pour un-e salarié-e ». Écrire un compte-rendu est également jugé indispensable : « Cela oblige à être concret (on voit vite quand les débats sont fumeux, car on n’arrive à rien noter). »
« Tout cela est très managérial », concluent Yannick Martell et Nicolas Brusadelli, pour qui le mouvement « s’apparente alors plutôt à une forme de franchise de “prêt à militer”, mise à disposition pour qui veut s’en saisir et sans forme particulière de contrôle ». Ce qui est notable, c’est la mise à distance permanente de l’idéologie et des clivages politiques. Pas question de brandir un discours anticapitaliste. Tout le monde doit se sentir le bienvenu. Lors des réunions d’organisation, seul est pertinent ce qui est au service de l’action et de l’urgence climatique. Les discussions de fond sont reléguées dans les espaces informels de convivialité.
Alors, on aime ou on n’aime pas, mais résultat des courses : « Ils sont d’une efficacité redoutable, jugent les deux universitaires. Avec ces méthodes de travail, ils peuvent organiser des trucs immenses », comme le village mondial des alternatives de Montreuil, élément essentiel du contre-sommet à la COP21. Méthodiquement, depuis cinq ans, ils concrétisent projet après projet : d’abord les villages des alternatives, puis les Tours de France à vélo 2015 et 2018, le Grand Défi des alternatives et désormais la campagne des alternatives territoriales, en partenariat avec le Réseau Action Climat (RAC), afin d’inciter les Français à faire bouger les lignes près de chez eux avec des initiatives comme les pistes cyclables, les monnaies locales ou l’économie circulaire.
Quelques frictions, en raison de « cultures militantes différentes »
Depuis sa naissance il y a cinq ans, Alternatiba revendique plus de 700 000 personnes « ayant participé à un village Alternatiba ou à une étape d'un Tour ». Chargé de mission pour le mouvement de lutte contre les combustibles fossiles 350.org, Nicolas Haeringer salue une réussite inédite. « Ils sont parvenus à faire quelque chose là où tout le monde avait échoué jusqu’à présent : construire un mouvement de masse sur les questions climatiques en France. Ils emmènent des gens, pas forcément militants, vers des actions qu’ils n’auraient pas faites s’ils n’avaient pas été formés. Ils ont cette capacité à se désinhiber, cette espèce de candeur à se dire : “On est capables de le faire.” Pour moi, cette ambition, c’est une force, de celle que l’on retrouve dans les mouvements qui ont gagné, comme à Notre-Dame-des-Landes. » Le sociologue nantais Jean-Baptiste Comby regrette pour sa part qu’Alternatiba ait mobilisé « un peu au détriment d’une critique plus chirurgicale des logiques sociales qui entraînent ce désastre écologique ».
Les habitants de Langouët partagent leur déjeuner avec les cyclistes du Tour Alternatiba,
le 5 juillet 2018. © DM/Mediapart
Inévitablement, la stratégie dépolitisée du mouvement, son extrême décentralisation et la grande autonomie des groupes ont créé des couacs ici et là. Souvent entre primo-militants, désireux de respecter à la lettre le kit méthodologique, et militants plus aguerris, avides de débats idéologiques.
Ce fut le cas par exemple à Nantes, Bordeaux ou Lille. Dans cette dernière ville, des militants antifa dénoncent en 2014 les activités d’un des organisateurs, et accusent le groupe local d’être infiltré par l’extrême droite. L’affaire fait grand bruit. Les soupçons sont finalement levés. « Ce débat sur l’extrême droite relevait du fantasme pur », regrette Jon Palais qui s’est rendu sur place pour dénouer le conflit. Ensuite, rapportent les deux chercheurs de Picardie, « les débats sur les frontières politiques du mouvement se déporteront sur la question des pratiques militantes, une partie du collectif d’organisation dénonçant un fonctionnement trop technique et trop peu politique. Ce conflit […] se soldera finalement par le départ de plusieurs groupes militants ». Malgré ces quelques cafouillages, Yannick Martell et Nicolas Brusadelli jugent aujourd’hui l’organisation lilloise « assez démocratique ».
À Versailles, c’est une lecture jugée trop stricte de la charte qui a choqué plusieurs membres du groupe local. Selon ce document, « Alternatiba est une dynamique indépendante de quelque parti politique que ce soit, […] bien évidemment totalement incompatible avec les idées et comportements xénophobes, racistes, sexistes, homophobes, excluants, discriminatoires, anti-démocratiques ou violents ». Or, à un mois de la tenue du village prévue le 15 octobre, François Dulac, un des membres de l’équipe d’animation, par ailleurs chimiste de l’atmosphère au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), propose deux intervenants : un enseignant catholique, qui donne des conférences au sujet de l’encyclique papale sur le climat, un point de vue qui à Versailles promet de toucher un large public, et l’économiste Pierre Larrouturou, très en pointe sur la finance climatique et fondateur en 2014 du parti Nouvelle Donne.
Mais en réunion, des militants retoquent ces deux intervenants, mettant en cause le premier car il aurait participé à la Manif pour tous, et le second – un « ex-Rocardien », critique-t-on – car il serait trop politique. François Dulac est dépité : « Au nom de la charte, on refuse de donner la parole à des gens qui ont des messages pertinents sur le changement climatique sous prétexte que sur d'autres sujets ils ont des idées qu’on ne partage pas. Je trouve ça invraisemblable. »
Piqué au vif, il rétorque qu’à ce petit jeu-là, lui aussi devrait être écarté au nom de la charte, puisque le CEA, qui l’embauche, promeut le nucléaire. Se refusant à occulter son étiquette CEA, un organisme grâce auquel il a acquis son expertise scientifique sur le climat, il se retire de l’organisation du « quartier climat ». Dans la foulée, le climatologue Jean Jouzel, également salarié du CEA et qui devait être la tête d’affiche du festival, décommande sa venue, par solidarité avec son collègue. Pourtant fervent défenseur du mouvement, cet ancien vice-président du Giec regrette que « les gens se fassent une mauvaise idée des chercheurs ».
Txetx se dit « radicalement en désaccord avec tout ça : c’est contraire avec l’esprit qu’on a toujours prôné à Alternatiba. Si on ne doit s’unir qu’avec des gens qui sont d’accord avec nous sur tout, on n’arrivera jamais à gagner la bataille ». Preuve de ces interprétations à géométrie variable, trois semaines après Alternatiba Versailles, Pierre Larrouturou était d’ailleurs l’invité à Bayonne d’un rassemblement organisé par Bizi !. La démocratie participative ne s’apprend pas en un jour, défend pour sa part Jon Palais. « Elle requiert une pratique et une technique que tous n’ont peut-être pas encore. »
Chez France Nature Environnement (FNE) – 50 ans au compteur et quelque 3 000 associations représentées –, on salue chez Alternatiba de nouvelles formes d’animation, « plus spontanées, qui enrichissent l’expression locale sous toutes ses formes ». « Nos actions sont très formatées. Chez eux, c’est beaucoup plus souple, ils travaillent en dehors des codes et vont solliciter l’ensemble des citoyens, alors qu’on va avoir tendance à rester dans des organisation existantes », décrypte le président de FNE, Michel Dubromel. Dans son Tour de France, rappelle-t-il, Alternatiba s’appuie d’ailleurs sur des associations locales comme FNE, RAC ou Attac, qui lui font profiter de leur expertise technique sur les dossiers.
Affiche du Village Alternatiba de Bayonne du 6 octobre 2013.
© DM/Mediapart
Avec un documentaire à la gloire du mouvement, sorti en novembre 2017, une communication ultra-efficace et un succès citoyen incontestable, Alternatiba ne peut cependant manquer de susciter quelques jalousies. Comme si l’on craignait que cette légende naissante ne vienne ternir celle plus ancienne et souvent plus laborieuse des militants de la première heure. Si le mouvement entretient une proximité évidente avec Greenpeace et les Amis de la Terre, quelques accrochages l’opposent ainsi parfois aux altermondialistes d’Attac. Raphaël Pradeau, porte-parole pour Attac, reconnaît « quelques frictions entre ces nouveaux militants et ceux plus expérimentés d’Attac, qui auraient parfois souhaité pouvoir débattre plus en profondeur des messages ou des mots d’ordre adoptés ».
Ces différends ont pu survenir par exemple lors de la campagne de « réquisitions de chaises » durant laquelle les groupes ont collaboré. Raphaël Pradeau explique ces « difficultés à travailler ensemble par des cultures militantes différentes et une manière différente de prendre les décisions ». Cela étant dit, la critique reste toujours nuancée, car les deux organisations se nourrissent l’une l’autre. Alternatiba, surtout en la personne de Jon Palais, raconte-t-il, « nous a aidés à franchir le pas de la désobéissance civile, avec le concept de fauchage de chaises et les formations qu’il nous a prodiguées lors de notre université d’été. »
Devenir une force politique ? « Une grosse erreur »
Si Alternatiba a permis d’accrocher les premiers militants Climat, ANV-COP21 pourrait bien s’avérer la prochaine grande victoire. Car ses effectifs gonflent chaque jour. Et ceux qui y ont goûté ne serait-ce qu’une fois ne peuvent plus décrocher : « jubilatoire », « grisant », témoignent-ils, d’éprouver la force et la profondeur d’une telle action. Sentir qu’enfin on peut bouger les lignes. Utile, nécessaire et obligatoire.
Un stand lors de l'étape du Tour Alternatiba au Mans,
le 5 juillet 2018. © DM/Mediapart
« C’est à travers la campagne de fauchage des chaises que la majorité des groupes ANV s’est construite », retrace Jon Palais. L’idée, lancée en septembre 2015 par Bizi !, vite rejoint par ANV, Attac et les Amis de la Terre, était d’“emprunter” 196 chaises dans les agences des banques les plus implantées dans les paradis fiscaux. Ces sièges devaient ensuite servir de support à un sommet citoyen, où ils devaient représenter les 196 pays rassemblés lors de la COP21, pour souligner l’urgence climatique et la difficulté à financer la transition écologique, à l’heure où des centaines de milliards d’euros sont dissimulés dans les paradis fiscaux.
Le sommet citoyen a bien eu lieu, le 6 décembre 2015, et 39 « réquisitions citoyennes » ont fourni les chaises, en plus grand nombre que prévu : 196 ont été symboliquement rendues à la police, le 8 février 2016, à quelques centaines de mètres du palais de justice de Paris où s’ouvrait alors le procès pour fraude fiscale et blanchiment de l’ancien ministre du budget Jérôme Cahuzac. Les chaises excédentaires ont, elles, été publiquement remises à de prestigieux parrains soutenant le mouvement, comme l’ancien premier ministre Lionel Jospin ou le penseur Edgar Morin.
Aussi ingénieuse que burlesque, cette opération de désobéissance civile est un succès aux yeux du grand public. D’autant que plusieurs banques ont la mauvaise idée de porter plainte contre ces « faucheurs de chaises ». Du pain bénit pour un militant comme Jon Palais, qui le premier comparaît à Dax, le 9 janvier 2017. Des centaines, voire des milliers, de personnes viennent le soutenir au cri de « Nous sommes tous des faucheurs de chaises ». Son procès devient celui de la banque française, dont le procureur lui-même finit par tancer l’absence, alors que c’est elle qui a déclenché l’action publique. Quelques semaines plus tard, le militant sera relaxé.
Le défi réside désormais dans le changement d’échelle. Depuis le début du Tour Alternatiba, le 9 juin, ANV-COP21 a animé une cinquantaine d’initiations à la désobéissance civile, et formé plusieurs centaines de personnes sur le territoire, un chiffre qui devrait doubler d’ici la fin du Tour. « La situation du climat est gravissime, explique Jon Palais aux stagiaires au début de chacune de ces formations. C’est ce que nous disent tous les scientifiques du Giec, on est sur une trajectoire de +3 °C d’ici à la fin du siècle. Globalement, cela menace énormément de choses au niveau de la nourriture, de l’accès à l’eau, du maintien de la paix et de la démocratie. Malheureusement, ce qui se passe au niveau politique est très insuffisant. Au niveau économique, on est encore dans un très mauvais système, avec des banques qui continuent à investir dans les énergies fossiles. Mais il y a un troisième acteur : nous, les citoyens, et on n’est pas complètement impuissants. On dispose de moyens pour contraindre les multinationales à arrêter de monter des projets climaticides. »
Traditionnellement, détaille Nicolas Haeringer, fin connaisseur des groupes non-violents, « quand plusieurs mouvements altermondialistes se rassemblent, par exemple contre l’OMC, avec des cultures très différentes allant de la manif plan-plan à l’affrontement avec la police, ils adoptent “la diversité des tactiques”. Autrement dit, plutôt que d’exclure des militants, on dit : on se mobilise ensemble, nos débats – même vifs –, on les garde en interne, mais on ne se dénigre pas, pas plus qu’on ne se désolidarise des autres, même s’ils brûlent des voitures ou cassent des vitrines ». Au sein d’Alternatiba et d’ANV, oppose-t-il, c’est totalement différent, on rejette complètement cette stratégie commune et le cas échéant, on préfère se désolidariser, estimant que s’il y a ne serait-ce qu’une once de violence, les médias ne retiendront que ça, ce qui desservira la cause.
Au Mans, ils sont une trentaine à s’être inscrits le 13 juillet pour trois heures de formation, certains par curiosité, d’autres par détermination. Les trois vidéos présentées par Jon, admirateur de Gandhi et adepte de la non-violence depuis une dizaine d’années, proposent trois visages contrastés de la désobéissance civile.
La première montre une action musclée, avec un haut niveau de confrontation physique, où plusieurs centaines de militants bloquent, en avril 2016 à Pau, l’ouverture d’un sommet pétrolier visant, quatre mois après la COP21, à mutualiser des techniques pour extraire du pétrole dans les mers très profondes. La seconde, plus insolite, est celle de la Crèche Paradis (fiscal), où l’on voit des bambins de trois ans et leurs parents perturber l’ordre établi en occupant à Paris le hall d’une agence BNP-Paribas, armés de ballons et de chaises pour enfants. La troisième se réfère à une action menée dans un établissement basque du Crédit Agricole. Rebaptisé le « Crado Agricole », il essuie la visite surprise d’un gang de serial nettoyeurs, seaux et serpillières à la main, pour « une grande opération de nettoyage des investissements socialement et écologiquement irresponsables ».
Qu’on soit débutant ou désobéissant chevronné, chacun peut intervenir selon son niveau d’engagement, tient à préciser Jon Palais, qui a troqué le tee-shirt vert d’Alternatiba pour celui jaune vif d’ANV. « L’important, explique le formateur, c’est de mener des actions très différentes, inattendues, qui déstabilisent l’adversaire. Mais quelles qu’elles soient, elles sont préparées de manière très méticuleuse. » Ensuite, durant deux heures et demie, tout y passe : répartition des rôles – du bloqueur de porte au photographe, en passant par les « anges gardiens » chargés de dédramatiser l’action aux yeux des cibles –, étapes de préparation, attitude en cas d’arrestation, risques juridiques… À la fin de la formation, Jon Palais interroge : « Qui serait prêt à participer à une action prochainement avec nous ? » Deux tiers lèvent la main.
À l’occasion du “jour du dépassement”, le 1er août, ANV et les Amis de la Terre ont ainsi mené des actions dans des grandes surfaces Carrefour et Leclerc partout en France, afin de « dénoncer l’impact de l’obsolescence programmée sur la surconsommation des ressources et exiger le changement de pratiques de la grande distribution ».
Lire aussi
Quand on demande à Txetx si Alternatiba se rêve un avenir politique, il infirme sans hésitation. « Je pense que ce serait une grosse erreur de devenir une force politique. C’est une réaction typique en France, dès qu’un truc marche un peu. Et après, on se retrouve avec 1 % des voix. C’est vouloir aller plus vite que la musique. Nous, on a un but qui est de recréer un terreau sur lequel vont pousser les forces politiques de demain. »
Le 6 octobre, le Tour Alternatiba clôturera son périple dans ses terres d’origine, à Bayonne, où l’attendra un nouveau village des Alternatives. « Là-bas, raconte Damien, cycliste en chef du Tour durant trois mois sur quatre, ils ont réussi à créer une monnaie locale, une chambre d’agriculture alternative, ils ont un projet d’accueil des réfugiés, ils s’opposent à un projet de mine d’or… Si eux, ils y arrivent, pourquoi pas nous ? »
Si vous avez des informations à nous communiquer, vous pouvez nous contacter
à l’adresse enquete@mediapart.fr.
Si vous souhaitez adresser des documents
en passant par une plateforme hautement sécurisée, vous pouvez vous connecter
au site frenchleaks.fr.
Source : https://www.mediapart.fr/journal/france/010818/face-l-urgence-climatique-les-militants-d-alternatiba-veulent-construire-des-alternatives-par-le-bas?onglet=full
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire