« Mincir, cacher ce décolleté, enlever ses poils. »
« Soyez délicate, soyez féminine.
Ne criez pas trop fort, vous ne voulez pas être hystérique. »
« Marchez dans la rue, avec la tête baissée. » (La Otra)
Ne soyez pas radicale, soyez reconnaissante. N’ayez pas de revendication, taisez-vous. Conformez-vous. Calmez-vous.
Depuis quelques semaines, les étudiantes chiliennes renversent des siècles d’injonctions. Elles sont des centaines de milliers à crier, à hurler, à manifester. Car pendant des décennies on leur a fait croire qu’elles avaient gagné. Elles disent « Basta, ya ». Assez, ça suffit. Les étudiantes réclament une révolution de l’éducation : plus de femmes aux programmes, une parité dans les conseils administratifs, la fin des violences à l’encontre des femmes à l’université.
«Le mouvement est soudain, personne ne s’y attendait» raconte Maria José Viera-Gallo, écrivaine chilienne, à TV5 Monde. « Les questions féministes, les débats sur le féminisme ici au Chili ne font pas partie de l’agenda public, ils ne sont pas présents dans les médias, tous ces sujets sont souterrains. Ce mouvement est très authentique et contre-culturel et il a fait irruption avec une force et une ampleur inattendues, celles d’une génération de jeunes qui a pris d’assaut les rues, les campus. Ces jeunes femmes sont en train de permettre des espaces de discussion dans un pays où on ne parle pas ».
Le soulèvement des chiliennes est un exemple parmi d’autres. Ces derniers mois, les femmes se sont soulevées dans leurs pays contre la société patriarcale qui leur dicte qui elles sont censées être.
Les Irlandaises. Après des années de lutte, elles ont réussi à mettre fin à un système qui préférait les voir mourir plutôt que de légaliser l’avortement.
Les Espagnoles. Elles ont organisé une grève générale à laquelle plus de 5 millions de femmes ont participé le 8 mars dernier.
Les Etats-Uniennes qui ont lancé le mouvement #MeToo (merci Tarana Burke).
Les Iraniennes qui refusent de se voir dicter une quelconque tenue.
Ces manifestations sont-elles les signes précurseurs d’une révolution des sexes ?
« Cela pourrait être soit le début d’une révolution » commence l’écrivaine nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie, au Guardian, « soit une mode. Nous ne savons tout simplement pas … Je vois chez les femmes un sentiment de « C’est bon, c’est fini … Non » et cela me donne de l’espoir. »
Comment sait-on qu’une révolution a commencé ? On ne sait pas.
Ce changement durable de paradigme sociétal ne peut être qualifié comme tel qu’une fois terminé.
Néanmoins, Theda Skocpol – sociologue et politologue américaine – identifie des signes précurseurs en analysant trois révolutions : en France, en Russie et en Chine (oui elles datent) (mais ça vaut le coup).
Dans un premier temps, les classes économiques dominantes paralysent les intérêts étatiques (coucou les récentes réformes qui privilégient certaines classes) si bien que l’Etat se retrouve dans une situation où il ne peut faire face aux défis extérieurs et ne peut « moderniser » le système pour étouffer un soulèvement. Ce sont ensuite les classes dominées (dans le cas des révolutions analysées par Skocpol, les paysans) qui reprennent le relais, en devenant les fers de lance des révolutions. Les classes intellectuelles ne jouent qu’un rôle « transitoire » et ne sont là que pour favoriser l’essor d’une contestation des classes dominées. L’essor de cette contestation est fondé sur l’existence d’une solidarité entre les actrices et les acteurs de cette classe et l’absence de contrôle social et politique. Il s’intensifie grâce à l’absence d’entraide de la classe dominante envers l’Etat. Le schéma décrit par Theda Skocpol n’est ni unique ni universel mais il permet d’illustrer, grâce à ces trois révolutions, l’émergence d’une contestation qui mène à un changement sociétal durable.
Nous ne pouvons affirmer avec certitude que nous sommes à l’aune d’une révolution féministe. Comme le souligne Ngozi Adichie, « il s’agit soit d’une mode soit des prémices d’une révolution. Il ne tient qu’à nous de transformer cet élan multinational vers un changement des rapports entre les sexes.»
Ce changement durable de paradigme sociétal ne peut être qualifié comme tel qu’une fois terminé.
Néanmoins, Theda Skocpol – sociologue et politologue américaine – identifie des signes précurseurs en analysant trois révolutions : en France, en Russie et en Chine (oui elles datent) (mais ça vaut le coup).
Dans un premier temps, les classes économiques dominantes paralysent les intérêts étatiques (coucou les récentes réformes qui privilégient certaines classes) si bien que l’Etat se retrouve dans une situation où il ne peut faire face aux défis extérieurs et ne peut « moderniser » le système pour étouffer un soulèvement. Ce sont ensuite les classes dominées (dans le cas des révolutions analysées par Skocpol, les paysans) qui reprennent le relais, en devenant les fers de lance des révolutions. Les classes intellectuelles ne jouent qu’un rôle « transitoire » et ne sont là que pour favoriser l’essor d’une contestation des classes dominées. L’essor de cette contestation est fondé sur l’existence d’une solidarité entre les actrices et les acteurs de cette classe et l’absence de contrôle social et politique. Il s’intensifie grâce à l’absence d’entraide de la classe dominante envers l’Etat. Le schéma décrit par Theda Skocpol n’est ni unique ni universel mais il permet d’illustrer, grâce à ces trois révolutions, l’émergence d’une contestation qui mène à un changement sociétal durable.
Nous ne pouvons affirmer avec certitude que nous sommes à l’aune d’une révolution féministe. Comme le souligne Ngozi Adichie, « il s’agit soit d’une mode soit des prémices d’une révolution. Il ne tient qu’à nous de transformer cet élan multinational vers un changement des rapports entre les sexes.»
Crédits photo : Marcha Estudiantil “Contra la violencia machista” (Confederación de Estudiantes de Chile (CONFECH) ; 2018) ; GIF créé par Les Glorieuses (2018) depuis la vidéo de la Confederación de Estudiantes de Chile (CONFECH).
Source :https://lesglorieuses.fr/basta/
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