Ceta : mangerez-vous
du saumon transgénique
à Noël ?
L'accord, qui entre en vigueur ce jeudi, pourrait permettre au saumon génétiquement modifié d’être bientôt consommé en France.
Publié le 21 septembre 2017 à 06h19
On le connaissait surtout par
son surnom français, "Saumonstre" et davantage encore par son équivalent
anglo-saxon, "Frankenfish". Mais les Français pourraient bientôt goûter
sa chair. Le saumon transgénique, le premier animal génétiquement
modifié commercialisé pour la consommation humaine, pourrait en effet
débarquer au pays de Paul Bocuse.
Le conditionnel doit rester de rigueur, mais le fait est que l’accord
économique et commercial global (Ceta en anglais), un épais traité qui
supprime des droits de douane et abaisse les obstacles aux échanges
commerciaux entre le Canada et l’Union européenne, pourrait lui offrir
un nouveau marché – le nôtre !
Le Ceta, ratifié par les eurodéputés le 15 février , entre en effet en "application provisoire" partout en Europe ce jeudi 21 septembre. "Application provisoire", cela signifie qu’il a encore à être ratifié par le Parlement français (et tous les autres parlements nationaux d’Europe). Mais en attendant cette ratification, l’écrasante majorité de ses clauses – environ 90% –, entreront bel et bien en vigueur dès ce 21 septembre. La vente de saumon canadien est donc facilitée à partir d’aujourd’hui.
Or, depuis juillet 2017, le Canada vend en tout légalité un saumon génétiquement modifié produit par l’entreprise américaine AquaBounty (qui, comme par ironie, l’appelle "le saumon le plus durable du monde"). Théoriquement, il existe des barrages imparables à l’entrée du marché européen. Comme le rappelle ce document officiel, il faut en effet, pour tout OGM, une autorisation délivrée par l’Union européenne "fondée sur une évaluation scientifique des risques pour la santé et l'environnement".
Le Ceta, ratifié par les eurodéputés le 15 février , entre en effet en "application provisoire" partout en Europe ce jeudi 21 septembre. "Application provisoire", cela signifie qu’il a encore à être ratifié par le Parlement français (et tous les autres parlements nationaux d’Europe). Mais en attendant cette ratification, l’écrasante majorité de ses clauses – environ 90% –, entreront bel et bien en vigueur dès ce 21 septembre. La vente de saumon canadien est donc facilitée à partir d’aujourd’hui.
Rien sur l'étiquette
Or, depuis juillet 2017, le Canada vend en tout légalité un saumon génétiquement modifié produit par l’entreprise américaine AquaBounty (qui, comme par ironie, l’appelle "le saumon le plus durable du monde"). Théoriquement, il existe des barrages imparables à l’entrée du marché européen. Comme le rappelle ce document officiel, il faut en effet, pour tout OGM, une autorisation délivrée par l’Union européenne "fondée sur une évaluation scientifique des risques pour la santé et l'environnement".
"Et rien ne nous garantit que les exportateurs canadiens ne profiteront pas du traité pour l’imposer à notre insu, sans étiquetage spécifique. Le Ceta ne comporte pas de garde-fous assez solides pour nous prémunir contre ce danger."
Cheval de Troie
Pire : les autorités canadiennes pourraient utiliser les "comités de coopérations", des instances de négociations entre Canada et Union européennes prévues par le Ceta, comme des chevaux de Troie pour imposer en Europe leur réglementation, très permissive, sur les OGM. Comme l’explicite Samuel Leré, de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) :
"Cette crainte n’est pas imaginaire : elle s’appuie sur des propos tenus dans un rapport remis à la Chambre des communes canadienne en 2014. Ce rapport affirme clairement vouloir utiliser les comités de coopérations pour assouplir la loi européenne sur les 'biotechnologies' – c’est-à-dire les OGM."
Cette volonté canadienne d’"harmoniser les législations" pour, en réalité, glisser en douce ses OGM sur le Vieux Continent, a suscité également l’inquiétude de la très officielle commission d’évaluation du Ceta, diligentée par le gouvernement, et qui a remis un rapport à Matignon le 8 septembre dernier [voir page 47 du PDF].Promesse non tenue
L’actuel ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot affirme dans les colonnes de "Libération" que le Ceta sera "mis sous surveillance" par le gouvernement français. Et qu’il réfléchit à des "propositions pour essayer de se prémunir autant que possible des risques" que le traité fait courir à la santé et à l’environnement européens. Mais concrètement va-t-il agir ? "Le gouvernement a mis en place un comité de suivi du Ceta… Autant dire de la poudre aux yeux !" dénonce Samuel Leré :
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