Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
PROJET D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Source : ZAD.nadir.org et médias
Juin 2017
Et ailleurs : Rémi Fraisse - Bordeaux (33) - Bure (55) - Bouriège (11) -
Roybon (38) - Sivens (81) - Europa city (95) - Tunnel du Lyon-Turin (73)
ZAD
de NDDL - 44
Infos du 1er au 4 juin
Rassemblement de solidarité avec la famille Herbin :
Viens participer aux premiers César de la Résistance !
Jeudi
8 juin 2017, à 10h au tribunal de Saint-Nazaire
Rassemblement
de solidarité avec la famille Herbin : Viens participer aux
premiers César de la Résistance !
Ce
pourrait être le scenario d’un film. Certains s’y sont
d’ailleurs essayés. Sorti récemment en salles, le film
documentaire “Les pieds sur terre” raconte avec justesse
un morceau de l’histoire du hameau du Liminbout, théâtre d’une
improbable rencontre entre paysan-nes, habitant-e-s, et
squatteur-euses. Mais aujourd’hui, la vie et l’avenir de ce
village se jouent d’abord sur le terrain de la lutte et notamment
dans les salles obscures du tribunal de Saint-Nazaire, le 8 juin
prochain.
Par
un improbable concours de circonstance juridique aux rebondissement
multiples, les Herbin sont aujourd’hui les derniers habitants
historiques de la ZAD qui sont encore en situation d’arracher un
délai légal supplémentaire avant expulsion ! Tous les autres
sont d’ores et déjà expulsables à tout moment.
Pour
tous les habitants historiques, la seule garantie de n’être pas
expulsés du jour au lendemain repose sur le rapport de force qu’ils
ont contribué à établir par leur implication dans le mouvement. Un
rapport de force qui accule le gouvernement à prendre une décision
politique aux conséquences imprévisibles, qui l’oblige à se
lancer dans une opération policière de masse aux allures de remake
de peplum s’il entend expulser quiconque habite la ZAD.
A
peine nommé, le gouvernement est déjà englué dans les
contradictions de son casting. Il annonce une médiation pour pouvoir
mieux prendre demain une décision qu’il est incapable de prendre
et d’assumer aujourd’hui. A la veille de la nomination annoncée
des trois médiateurs, la date du 8 juin s’annonce comme un premier
test.
Si
cette médiation n’est pas un vulgaire montage pour noyer le
poisson en attendant les résultats des législatives, si l’option
de l’abandon du projet d’aéroport est vraiment de nouveau une
option sur la table, on peine à imaginer que la famille Herbin se
voit refuser un délai supplémentaire avant expulsion, au prétexte
de l’urgence prétendue d’un projet qui rame depuis 1974 !
Le
8 juin prochain, nous serons là, tous ensemble, à Saint Nazaire
pour affirmer : plus rien ne justifie aujourd’hui la précarité
que subissent les habitants historiques.
Parce
que nous avons toujours voulu rire de ces moments désagréables pour
en tirer de la force ; parce que Claude élève des canards et
qu’en ce moment c’est le festival de Cannes ; parce qu’une
proposition de médiation qui ne soit pas assortie d’un moratoire
immédiat sur les expulsions et les expropriations, c’est un peu du
cinéma ; parce que la famille Herbin est à l’affiche
simultanément sur les écrans et les tribunaux, parce qu’on attend
toujours la sortie du film « opération César 2 »,
Nous
organisons un rassemblement de solidarité devant le tribunal, pour
décerner après la montée des marches, le premier César de la
résistance à la famille Herbin ! Si tu aimes te costumer,
ramène ta robe de soirée, ton smoking, ton appareil de paparazzi…
Quoi qu’il en soit, nous on s’occupe des petits fours et du tapis
rouge !
Les Q
de plomb
Flash-back pour
celles et ceux qui ont loupé les épisodes précédents ...
Depuis
les années ’90, la famille Herbin loue une maison au village du
Liminbout sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Peu après leur
installation, le gouvernement Jospin relance le projet d’aéroport
qui, depuis, plane tel une épée de Damoclès au-dessus de leurs
existences.
Depuis
la validation de la DUP en 2008, ils vivent, comme tous les
habitant-e-s historiques de la ZAD, dans une situation de grande
incertitude. Ils font parti de celles et ceux qui, malgré les
pressions diverses, ont refusé toute négociation avec AGO-VINCI. A
partir de ce moment, rester devient résister, refuser de laisser la
place à ce projet inutile et nuisible.
Avec
d’autres locataires en lutte, rassemblés à l’époque dans le
collectif “des habitants qui résistent”, il lancent en 2008 un
appel “à venir vivre ici” parce “qu’un territoire se défend
avec celles et ceux qui l’habitent.” Autour de quelques verres de
rouges cette joyeuse bande vient de donner naissance à la ZAD.
Au
fil des rencontres la famille Herbin constitue le collectif des Q de
plombs. Le principe est simple : produire sa bouffe, la partager
lors de grands banquets, et faire se rencontrer autour d’un verre
les mondes qui font cette lutte. C’est à ses innombrables et
mémorables heures passées le séant sur une chaise à ripailler
gaiement et à refaire le monde que le collectif doit son nom
improbable.
Pendant
ce temps, la propriétaire de la maison que loue la famille Herbin
produit un faux en écriture et vend son bien à AGO-Vinci en faisant
croire qu’il est “vide de tout habitant”. La multinationale ne
s’en rend compte qu’après l’achat. Elle entame alors une
procédure d’expulsion.
En
automne 2012, la ZAD est le théâtre d’une opération de maintien
de l’ordre sans précédent. Check-point, occupation militaire,
affrontements épiques et tragiques. La maison mitoyenne de celle des
Herbin est détruite à coup de tractopelle sous leurs yeux. Les
détonations incessantes dans la foret rythment la vie quotidienne.
Comme nombre d’habitant-e-s historiques, ils ouvrent leur maison
aux squatteurs fraîchement expulsés. Geste déterminé qui
s’avérera déterminant.
Après
l’échec de la commission de dialogue, et la fin de l’occupation
militaire, une tranquillité relative se réinstalle sur la ZAD, mais
les procédures se poursuivent, au fil des coups de théâtre
judiciaires. En mai 2015, la famille Herbin est déclarée expulsable
dans un délai de 18 mois. En réaction, une équipe d’habitués
des Q de plomb composée d’habitant-e-s de la ZAD, de paysans et
d’artisans du coin, entame un grand chantier de rénovation de la
grange de la maison pour y fonder une auberge et marquer notre
détermination à rester et à défendre cet endroit coûte que
coûte.
Aujourd’hui
plus que jamais, les banquets battent leur plein.
Après
une longue litanie de procès, le 8 juin constitue pour la famille
Herbin le dernier recours pour obtenir encore un délai
supplémentaire.
Quel
que soit l’issue du procès, nous ferons tout pour qu’ils
puissent continuer, commes tous-tes les habitant-e-s de la ZAD à
vivre là longtemps.
Les Q de
plomb
Vendredi
2 juin
Trois médiateurs pour étudier le dossier de Notre-Dame-des-Landes
Le
Premier ministre a annoncé les noms des trois médiateurs chargés
de reexaminer le projet d’aéroport : MM. Badré et
Feldzer et Mme Boquet. Cette annonce soulève des doutes chez
les opposants et des commentaires furieux chez les promoteurs du
projet.
Nantes,
correspondance
Et
un, et deux, et trois médiateurs. Le trio d’experts nommé hier
est censé s’atteler à une mission supposée débrouiller le
dossier Notre-Dame-des-Landes. Il s’agit de Mme Anne
Boquet, ancienne préfète de région Bourgogne, M. Michel
Badré, ancien président de l’Autorité environnementale du
Conseil général de l’environnement et du développement durable,
et de M. Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne et ami très
proche de Nicolas Hulot.
- Sur la photo, de gauche à droite : Edouard Philippe (Premier ministre), Michel Badré, Gérard Feldzer et Anne Boquet, Elisabeth Borne (ministre des Transports) et Nicolas Hulot (ministre de la Transition écologique).
Mais
les règles du jeu ne sont pas encore connues. Leur feuille de route
est assez floue : « Envisager
les solutions permettant de répondre aux impératifs d’aménagement,
dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de
l’ordre public »,
selon le
communiqué de Matignon. En revanche, leur rapport devra être
rendu le 1 décembre 2017 au plus tard.
Parmi
les opposants au projet, déjà rompus à l’exercice et qui ont
participé à de nombreuses commissions, auditions et consultations,
l’accueil est dubitatif.
Les
commissions et procédures d’écoute et d’expertise se sont
succédées depuis la commission du dialogue mise en place en
novembre 2012 par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre et qui
était déjà composée de trois experts. La dernière en date, le
rapport de trois experts missionnés par Ségolène Royal ministre de
l’Environnement avait été très affaiblie par l’initiative de
la consultation en juin 2016 lancée par Manuel Valls.
Les
profils choisis pour le dernier trio ne paraissent pas suspects aux
opposants, mais quelle sera l’étendue de la mission ? Pour
Thierry Masson, membre du Collectif des pilotes de lignes opposés à
Notre-Dame-des-Landes, Gérard Feldzer inspire le respect : « Il
a une très grosse sensibilité environnementale et du coté
aéronautique une compétence reconnue. C’est un Monsieur.
Autodidacte et brillant. Mais quand à la mission des médiateurs, je
n’ai aucun avis tranché. Ces processus-là sont toujours capables
de nous surprendre... On a déjà pas mal donné dans le genre. »
Du
côté du collectif CéDpa (Collectif des élus doutant de la
pertinence du projet d’aéroport), Françoise Verchère veut bien
voir et rejouer le jeu, mais pas tout gober : « Avec la
commission du dialogue, on nous a écouté, et on a voulu nous
expliquer ce qu’on n’aurait pas compris et ce qu’il faut
penser. Nous avons soulevé le besoin d’études complémentaires
indépendantes, qui sont passées à la trappe. On a été échaudés.
Avec ces médiateurs, on ne saute pas de joie, mais c’est toujours
mieux qu’une évacuation musclée... Mais je ne veux plus être
écoutée. Il faut qu’on prenne les points un par un, qu’on les
soumette à l’épreuve de vérité, et qu’on travaille
sérieusement pour qu’il y ait des consensus. Cette fois, on
voudrait savoir quel est le cadre de la mission et être associé à
la méthode. On va refaire la liste des questions à approfondir.
Qu’on regarde ce qui est possible, ce que ça coûte vraiment. On
ne peut pas échapper à des études, sur le plan d’exposition au
bruit, sur le coût réel du maintien de l’actuel aérport, et sur
la faisabilité de construire sur les sols de Notre Dame des Landes
où de très sérieux doutes techniques ont surgi. »
Le
tout avec des études indépendantes, fiables, pas menées par la
DGAC, Direction générale de l’aviation civile, dont les
contre-expertises des opposants ont démontré qu’elles
étaient pipées.
- La DGAC a commis de stupéfiantes erreurs, sa crédibilité est mise en doute.
« Si ça semble
pouvoir aboutir, on participera encore, mais il faut des garanties,
sur la méthodologie et sur le contenu », dit Mme Verchère.
Dans
un rapport de 44 pages, les élus du CéDpa avaient déjà commenté
la consultation du 26 juin 2016. Au delà de l’analyse
critique
sur cette initiative du gouvernement Hollande, ils et elles
dessinaient les contours d’une méthode qui leur paraitrait
pragmatique et fiable : « Il
y avait d’autres solutions que la consultation telle qu’elle a
été menée. Par exemple celle de la convention
de citoyens. Une convention est mise en place sur un sujet précis
et ponctuel qui fait controverse ; les citoyens tirés au sort
qui la composent, reçoivent une information complète et
contradictoire, selon un protocole rigoureux. La convention est
dissoute dès le rendu de son avis. Ses travaux sont protégés des
influences des lobbies et doivent être sérieusement étudiés par
les décideurs.
Voilà
qui serait digne d’une démocratie moderne et continue. Comme nous
l’avions écrit dès 2015, seules la loyauté des débats, la
transparence et l’honnêteté, dans toutes ses acceptions, peuvent
permettre de sortir de l’impasse. Il est encore temps. Il faut
enfin mener les études INDEPENDANTES sur le coût réel de la
rénovation de Nantes-Atlantique et sur le bruit.
Comment s’assurer
de cette indépendance ? Nous voyons à ce stade trois
conditions à remplir :
. les deux parties, pro-NDDL et anti-NDDL, co-rédigent le cahier des charges ;
. chaque partie choisit son (ses) expert(s) et ceux-ci travaillent ensemble ;
. le suivi de l’étude est fait conjointement par les deux parties. Le résultat sera, nous en sommes convaincus, bien différent de ce que l’on a présenté aux électeurs de Loire-Atlantique en juin 2016. »
Les profils des trois médiateurs
Le
trio des médiateurs chargé d’une mission de six mois affiche un
âge de comité de sages. Gérard Feldzer, 73 ans, est ancien pilote
proche de Nicolas Hulot et ancien conseiller régional d’Ile de
France sous l’étiquette EELV.
Michel Badré, 69 ans, ancien ingénieur à l’Office national des forêts, est membre depuis 2015 du Conseil économique social et environnemental en tant que représentant des associations de défense de la nature et administrateur de l’association Humanité et Biodiversité, association qui a pris ses distances avec le résutat de la consultation de Notre-Dame-des-Landes, et rejoint les opposants sur la nécessité d’études indépendantes.
Anne
Boquet, 65 ans, a été préfète dans l’Indre, des Yvelines, de
Bourgogne et de Côte d’Or, a aussi été haut commissaire en
Polynésie, directrice générale des services de la communauté
urbaine Nice-Côte d’Azur et dernièrement inspectrice générale
aux finances. Enarque et haute fonctionnaire bon teint, elle est la
seule des trois à ne pas avoir laisser filtrer publiquement de
position sur le projet d’aéroport nantais.
Les partisans du projet stupéfaits
Pour
les pro aéroport, les personnalités choisies pour mener la mission
ne sont pas de bons missionnaires.
Le
président socialiste du département de Loire-Atlantique boude :
« Sans éclairage du Premier ministre d’ici là, je ne me
rendrai pas au rendez-vous organisé sur le sujet mardi prochain à
Matignon. La feuille de route ne correspond pas aux engagements pris
jusqu’à présent sur ce dossier par le nouveau Président de la
République, qui avait dit vouloir "respecter le résultat
du référendum et faire cet aéroport" » s’agace
Philippe Grosvalet, méfiant à la découverte du casting des experts
mandatés : « Les profils des trois médiateurs nommés
ce jeudi 1er juin par le Premier ministre ne garantissent ni
l’impartialité, ni l’indépendance de leur mission. Là encore,
c’est contraire aux engagements du Président de la République. »
A
la tête de la Région des Pays de la Loire, le toujours très
remonté Bruno Retailleau, LR, tonne : « J’apprends
avec stupéfaction que l’expert aéronautique nommé par le
Gouvernement pour la médiation à Notre-Dame-des-Landes n’est
autre que Gérard Feldzer, opposant notoire à l’aéroport du Grand
Ouest, ancien directeur de campagne de Nicolas Hulot en 2006-2007 et
ancien Conseiller régional d’Île-de-France sur la liste Europe
Écologie entre 2010 et 2015. Je rappelle que ce parti soutient
officiellement l’occupation illégale de la ZAD et a remis en cause
le résultat de la consultation démocratique du mois de juin
dernier. »
La
principale association pro-NDL, Des ailes pour l’Ouest, refuse
mordicus de participer à « une parodie de conciliation »,
tout en fustigeant la nomination de « deux opposants
notoires comme médiateurs ».
►Oh
la la : "Trois médiateurs de la société civile ont été
nommés par Matignon pour mettre un point final au projet d’aéroport
à Notre-Dame-des-Landes et leur a accordé un délai court :
les médiateurs devront trouver une solution d’ici le « 1er
décembre au plus tard ». Apparemment ça ne plaît pas trop
aux
pro aéroport qui définissent
cette nomination comme une mascarade, car ce
n’est pas eux qui les ont choisi. En effet c’est Retailleau
qui avait déclaré
cela, tout en oubliant sa tentative de pétition obscure et prouvée
corrompue,
la consultation amalgamée
référendum, etc....
Quand un zadiste voit « Problemos »,
la comédie qui s’inspire de la Zad
« Problemos »,
première œuvre de cinéma grand public à parler de la Zad, a été
réalisé par le comique Éric Judor. Une comédie que Reporterre est
allé voir avec un habitué de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, pour
confronter expérience et fiction.
« Les
“zadistes” font l’expérience que tout le monde a envie de
faire un jour : voir ce qui se passe si on s’installe sur un
terrain et qu’on vit ensemble. » La phrase est de Noé
Debré, coscénariste de Problemos avec l’humoriste Blanche
Gardin. C’est donc la direction qu’ils ont décidé d’explorer
avec leur film, réalisé par Éric Judor, moitié du duo « Éric
et Ramzy ». Dans Problemos, Victor et Jeanne, deux
jeunes Parisiens accompagnés de leur petite fille font escale dans
une « Zad » pour saluer leur ami Jean-Paul.
Installés avec une communauté sur une petite prairie, ils
combattent la construction d’un parc aquatique dans une zone
humide. Un matin, ils s’aperçoivent que le reste du monde a
disparu et qu’ils sont les seuls survivants d’une pandémie
mondiale. Toute la question est alors de savoir comment la communauté
va s’organiser dans ce nouveau monde.
Loin
des comédies franchouillardes lourdingues à la Dany Boon, Éric
Judor est connu pour des productions plus singulières — il n’y a
qu’à voir sa série Platane. D’autant plus que pour
Problemos, les auteurs se référent pêle-mêle à Podemos,
aux Zad et à Nuit debout… il n’en fallait pas plus pour attiser
notre curiosité. Nous nous sommes donc rendus à une séance avec
Camille (prénom modifié), qui fréquente la Zad de
Notre-Dame-des-Landes depuis 2010. Et nous n’avons pas été déçus.
Bien sûr, le film reste éloigné de la réalité en ce qu’il
présente la Zad comme une sorte de bizarre colonie de vacances. Mais
il aborde de nombreux thèmes qui sont matière à discussion comme
l’autorité, le capitalisme, le sexisme, l’exclusion, etc.
Premier
verdict : « une comédie moyenne », selon
Camille. « Le seul truc fidèle à la réalité, c’est le
fait que les zadistes veulent construire autre chose. Après, leur
image est souvent ridiculisée. Ce n’est pas un film d’abrutis,
mais les idées ne tiennent pas la route. D’ailleurs, le film se
contredit. À partir du moment où le reste du monde disparaît, un
personnage explique aux autres qu’ils vont enfin pouvoir “vivre
comme ils l’entendent”. Mais, c’est déjà supposé être le
cas ! Sur la Zad, la révolution se passe déjà. »
« On nous dit que le capitalisme serait naturel »
Un
film forcément empreint de clichés, selon lui mal exploités. Un
exemple : dès que le couple arrive sur la Zad, leur ami leur
demande de laisser leurs portables dans une boîte, à la fois pour
se détacher matériellement de l’objet, mais aussi parce que des
personnes électrosensibles vivent sur le camp. « Ce dernier
cas peut arriver. Mais, plus généralement, si on ne veut zéro
téléphone dans certains endroits, c’est pour des questions de
surveillance policière. Et ça, le film n’en parle pas. »
Autre exemple : l’une des adolescentes de la colonie est
persuadée d’être dans une émission de téléréalité. « Ce
fétichisme est pointé du doigt… jusqu’à ce que le personnage
d’Éric Judor essaie de s’en servir pour coucher avec. Le
potentiel artistique est invalidé. »
Camille
reconnaît quelques passages bien sentis dans le film, comme
lorsqu’un élu écologiste moustachu apparaît devant le cordon de
CRS pour exhorter les zadistes à exprimer leur mécontentement dans
les urnes plutôt que via leur lutte. « C’est plutôt
juste, cette image du type qui débarque de derrière les fourrés et
qui symboliquement se trouve, à l’écran, du côté des policiers,
note Camille. Après, à la Zad, il y a une diversité des
approches : certains sont légalistes [ils prônent l’action
dans le cadre de la loi, par les urnes, par exemple], d’autres
non. »
« L’autre
chose que je reconnais, ce sont les ateliers que l’on voit dans le
film, sur la question du sexisme ou des règles… Après, les femmes
en discutent entre elles [dans le film, les hommes assistent
aussi aux échanges]. Mais les féministes sont caricaturées
comme des castratrices avec des velléités de pouvoir »,
note Camille.
Le
problème selon lui réside dans le message du film. « On
nous dit que le capitalisme serait naturel et que
“naturellement”, nous
construisons nos enclos, nous reproduisons des rapports de
domination. »
Ce parti-pris est assumé
par les auteurs. La question est présente dans le film notamment
à travers le personnage de Simon, mis en quarantaine par le reste de
la communauté. Profitant de sa retraite solitaire, il s’aménage
une cabane équipée de tout le confort moderne à deux pas de la
prairie.
En creux, c’est aussi la question de l’autorité qui est posée
Un
habitat qui suscite des jalousies de la part des autres, condamnés à
« rendre des services » au quarantenaire —
ramasser les œufs, nettoyer ses fenêtres — en échange de
l’utilisation de sa douche. En somme, le capitalisme en vitesse
accélérée. « Certains ont des cabanes tout équipées sur
la Zad. Sauf qu’ils les ont construites de manière collective, ça
change tout », note Camille. Le moment où la fameuse
« maison » est détruite par les flammes lui a
d’ailleurs fait penser à des scènes vécues. « À la
Zad, des cabanes ont brûlé de façon obscure. Et, comme dans le
film, tout le monde se réunit malgré les embrouilles pour déplorer
l’événement, ce sont des moments de grande solidarité. »
Y
a-t-il une inclination naturelle à reproduire des rapports
marchands ? Camille reconnaît que ces débats traversent
toujours la Zad. « À Notre-Dame-des-Landes, il y a le
“No Marché”, où ceux qui produisent les choses sur la Zad
peuvent mettre à disposition leur production, à prix libre.
Certains considèrent ça comme capitaliste. »
En
creux, la question de l’autorité est aussi posée par le film. À
plusieurs moments surgit le problème du « qui doit
décider », « faut-il un chef »… Sur ce
point, la fiction tranche et fait de ses personnages des êtres trop
hétérogènes pour prendre des décisions collectives. « Alors
qu’à Notre-Dame-des-Landes, tu peux avoir 600 personnes en AG
et c’est plus efficace qu’à l’Assemblée nationale,
raconte Camille. Plus généralement, la conflictualité, ça
existe sur la Zad. Mais ça fait avancer les choses. Or, dans le
film, il ne ressort généralement pas grand-chose de ces
situations. »
Lui
préfère un autre film pour représenter le combat de
Notre-Dame-des-Landes : le Domaine des dieux, le dernier
Astérix réalisé par Alexandre Astier. « C’est un
promoteur romain qui veut imposer son hôtel sur le lieu de vie des
Gaulois, qui vont résister à l’envahisseur. C’est clairement
une référence à la Zad ! » L’opération policière
de 2012 visant à déloger les zadistes s’était d’ailleurs
appelée « l’opération César », comme le
rappelle Camille. « Et, en plus, ils s’étaient donné le
nom des perdants ! »
Problemos,
film réalisé par Éric Judor, mai 2017, 1 h 25.
Infos du 5 au 11 juin
Le patron de Vinci empoche à nouveau
deux millions d’euros
Xavier
Huillard est le PDG (président directeur général) de la société
Vinci. Celle-ci
veut construire
l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le grand contournement
autoroutier de Strasbourg, lance la route du littoral à un prix
extravagant à La Réunion et a réalisé la désastreuse ligne TGV
Tours Bordeaux, entre autres Grands projets inutiles. Autant de
projets, notons-le, radicalement antinomiques à ce que devrait être
une politique de lutte contre le changement climatique.
M. Huillard
a une motivation profonde : l’argent.
Outre
son salaire de
2,5 millions d’euros par an,
Xavier Huillard s’est enrichi de 2 millions supplémentaires ces
derniers mois en vendant des « stocks
options »,
actions reçues gratuitement et qu’il peut vendre à sa guise.
Le
PDG de Vinci a ainsi vendu le 14 février 10.000 actions de
Vinci au cours de 69 €, le 2 mars 7.525 actions à 69 €, et
le 28 avril 10.000 actions à 77 €. Soit un total de 1.979.225
€.
Ces
chiffres sont connus du fait que, légalement, les dirigeants des
grandes entreprises doivent déclarer leurs opérations sur les
actions de leurs propres entreprises auprès de l’Autorité des
marchés financiers (AMF). C’est une obligation prévue par
l’article
L-621-18 du Code monétaire et financier.
On
peut trouver ces informations en cherchant sur le site
de l’AMF,
où il faut cliquer dans la colonne de droite sur « Décisions
et informations financières » et ensuite chercher la société
concernée.
On
peut aussi recourir au site Les
transactions
qui collecte toutes ces données.
Reporterre
►On
a eu connaissance hier, lors de l’AG mensuelle du mouvement, de la
lettre de mission des trois médiateurs (à
lire ici).
Objectif :
"apaiser l’ensemble des acteurs et de rétablir l’ordre
public" ! Les médiateurs doivent tenir compte, à la fois,
de la consultation de juin 2016 et du "rapport d’étude sur
les alternatives pour le développement aéroportuaire du Grand
Ouest" ... Et on apprend incidemment qu’ils vont proroger la
DUP, au cas où …
►EXCLUSIF
:
Après plusieurs de suspence - insoutenable - le jury de la première
édition des Césars de la Résistance (tribunal de St Nazaire) a
remis le premier oscar à... Claude et Christiane Herbin !
parmis les 6 nominés présents, le sous commandant Marcos,
Spartacus, Robin des bois, Davy
Crocket et Louise Michel.
http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/nddl-un-humoristique-cesar-de-la-resistance-la-famille-herbin-5048190
Des
nouvelles de l’instruction contre le comité de soutien de Nantes
Rappel
des circonstances. En février 2017, 3 personnes qui sont titulaire
d’un compte bancaire lié à des activités de soutiens antirep (Le
comité de soutien aux inculpé-e-s à Nantes) ont été convoquées
par la gendarmerie dans le cadre d’une instruction par rapport à
un délit de presse qui interdit de faire des appels à dons en vue
de payer des amendes et des frais de justice (une loi de 1881). Après
ceci silence radio jusqu’à récemment...
...
où au moins 7 personnes qui ont eu du soutiens de ce comité ont été
appelées par la gendarmerie pour être convoqué et ou pour subir
des questions directement par téléphone. "qui fait partie de
ce comité ?", "Connaissez vous les personnes
titulaire de ce compte ?", "Est-ce que l’argent que
vous avez reçu a servi à payer des amendes ?", ...
De
nombreuses personnes ont reçu du soutien du comité Nantais, et
toutes pourraient potentiellement être contacté par la gendarmerie.
►AntiRep
Va pas falloir mollir. Alors que l’interdiction de manifestera a été censurée par le Conseil Constitutionnel (plutôt une bonne nouvelle) mais le gouvernement prévoit de faire passer les mesures "exceptionnelles" de l’état d’urgence dans le droit commun...
►La
vie suit son cours sur la ZAD. Le champ de patates collectif a
été buté hier :
Mardi
13 juin
►Des nouvelles de l’instruction contre le comité de soutien de Nantes
Rappel
des circomstances. En février 2017, 3 personnes qui sont titulaire
d’un compte bancaire lié à des activités de soutiens antirep (Le
comité de soutien aux inculpé-e-s à Nantes) ont été convoquées
par la gendarmerie dans le cadre d’une instruction par rapport à
un délit de presse qui interdit de faire des appels à dons en vue
de payer des amendes et des frais de justice (une loi de 1881).
Après ceci silence radio jusqu’à récemment...
...
où au moins 7 personnes qui ont eu du soutiens de ce comité ont été
appelées par la gendarmerie pour être convoqué et ou pour subir
des questions directement par téléphone. "qui fait partie de
ce comité ?", "Connaissez vous les personnes
titulaire de ce compte ?", "Est-ce que l’argent que
vous avez reçu a servi à payer des amendes ?", ...
De
nombreuses personnes ont reçu du soutien du comité Nantais, et
toutes pourraient potentiellement être contacté par la gendarmerie.
Vue
le risque d’incriminer soi même ou quelqu’un d’autre, il
est conseillé de ne rien déclarer à la police.
Infos du 12 au 18 juin
Mercredi
14 juin
►No borders
Invitation à une semaine intergalactique sur la zad du 12 au 20 août. A transmettre à tou-te-s nos ami-e-s d’ici et (surtout) d’ailleurs !►AntiRep
A Rennes, le Collectif contre la criminalisation du mouvement social appelle à un rassemblement ce samedi 17 juin, à 14h, place de la mairie. En effet, suite à la manifestation "Ni Le Pen ni Macron" du 27 avril, 5 militants sont placés en détention depuis le 31 mai. Une histoire de répression abracadabrante (et effrayante) dans laquelle le policier qui a menacé les manifestants avec son arme ne se retrouve, lui, pas inquiété ... Plus d’infos ici : https://expansive.info/Rassemblement-contre-la-repression-des-manifestations-Samedi-17-juin-511►La Bibliothèque du Taslu propose par ailleurs un après-midi "Scribes solidaires" le mardi 20 juin en soutien aux 5 incarcérés.
NDA : et en prime, toujours à Rennes :
A Rennes, deux témoins finissent menottés
après le procès d'un manifestant
Deux jeunes femmes, venues témoigner au procès d’un manifestant contre la loi travail accusé d’avoir jeté en avril des projectiles sur les policiers, sont ressorties menottées de la salle d’audience. Placées sous le statut de témoin assisté, elles sont poursuivies pour faux témoignage, une procédure rarissime.
Le 7 juin 2017, un manifestant de 27 ans est jugé au tribunal correctionnel de Rennes. Cet homme, sans casier judiciaire, est accusé d'avoir lancé des pierres sur des policiers de la brigade anticriminalité (BAC) lors d’une manifestation « Ni Le Pen, ni Macron » organisée à Rennes le 27 avril par l’extrême gauche.
Il
a été interpellé à 13 h 40 pont de Nantes par des
policiers de la BAC, qui tentaient à coups de gaz lacrymogène et de
tirs de Flash-Ball d’empêcher des manifestants de rejoindre le
centre-ville de Rennes. Le jeune homme, au chômage, n’a pas de
casier judiciaire, mais il est dans le viseur des policiers de la BAC
qui l’interpellent par son nom de famille et le désignent sur un
PV comme un « perturbateur ». Les deux policiers
interpellateurs indiquent en procédure avoir trouvé une pierre rose
dans sa main, qui aurait chuté au moment de son interpellation, et
en avoir retrouvé une autre au milieu du pont, qu’il leur aurait
jetée. Aucun n’a été blessé.
Lors
de sa garde à vue, le jeune homme a affirmé que la pierre avait dû
être glissée dans sa poche ou sa sacoche. « Je ne l’ai
pas senti sur le coup », a-t-il dit aux enquêteurs. Il a
nié avoir pu jeter quoi que ce soit. Habitué à filmer les
manifestations rennaises, il tenait, selon lui, dans une main une
chaise pliante pour « s’asseoir en cas de nasse »
et dans l’autre une caméra Gopro, qui filmait et aurait disparu
lors de son plaquage au sol.
Lors du procès, la défense fait citer deux jeunes femmes, de 21 et 32 ans, témoins de la scène et retrouvées grâce au collectif rennais « Défense collective » (lire aussi le récit de l'audience par des membres du collectif). Elles ne l’ont pas vu jeter de projectile, mais en revanche affirment avoir vu un policier glisser quelque chose dans sa poche arrière au moment de son interpellation.
« J’ai
vu un jeune homme qui avait un tabouret dans une main et un autre
objet dans l’autre, nous explique au téléphone l’une de ces
deux témoins, une auto-entrepreneuse de 32 ans. Donc il ne
pouvait pas lancer quoi que ce soit. Il s’est fait violemment
interpeller par des policiers en civil. On a vu un policier en civil
glisser quelque chose dans sa poche arrière. Quelqu’un lui a
demandé : “Qu’est-ce que vous faites ?”, et le
policier a ressorti l’objet, a répondu “C’est la pierre qu’il
m’a lancée”, puis l’a remise dans sa poche. » Elle
est en revanche incapable d’identifier le jeune homme en question,
dont elle n’a pas vu le visage.
À
l’issue de leurs témoignages, le président Nicolas Léger avertit
les deux jeunes femmes des risques de poursuite en cas de faux
témoignages et, chose inhabituelle, les fait réintégrer la salle
des témoins surveillée par un policier. « Il était très
virulent », se souvient la jeune femme de 32 ans. Après
avoir délibéré, le président du tribunal fait revenir les témoins
vers 19 h 30 et énonce le verdict du tribunal : le
manifestant est jugé coupable et condamné à six mois avec sursis
et une interdiction de manifester durant trois ans en
Ille-et-Vilaine.
Le
président demande alors aux policiers présents dans la salle
d’interpeller et de menotter les deux femmes pour faux témoignages.
Elles sont dans la foulée présentées au procureur qui ouvre, comme
le prévoit le code de procédure pénale, une information judiciaire
pour faux témoignages, puis à un juge d’instruction. Elles
ressortent de la cité judiciaire le soir même, placées sous statut
de témoin assisté et sans contrôle judiciaire. Leurs téléphones
ont été saisis pour les besoins de l'enquête.
Dans
un communiqué, le SAF a dénoncé le 9 juin « la brutalité
de la méthode utilisée et son caractère manifestement démesuré »
face à « des citoyens qui n'exercent que le droit légitime
de rapporter à la justice ce qu'ils estiment avoir constaté ».
« Cela va être compliqué pour la justice de prouver non
seulement que ce qu’elles ont décrit n’est pas vrai, mais de
plus, qu’il s’agit d’un mensonge délibéré, que ce n’est
pas le fruit d’une méprise », estime Me
Thierry Normand, qui a assisté la plus jeune des deux femmes,
étudiante à Rennes, devant le magistrat instructeur.
L’auto-entrepreneuse,
très choquée, proteste quant à elle de sa bonne foi. Elle affirme
que ce midi-là, elle retournait à sa voiture « en marge de
la manifestation » après avoir déjeuné avec une amie,
quand elle a vu un puis deux manifestants se faire frapper par des
policiers sur le pont de Nantes. « On s’est approchées pour
dire qu’il n’avait rien fait, mon amie a reçu un coup de
matraque et un policier nous a couru après en nous criant de
dégager. On s’est mises à l’écart. » C’est à leur
retour qu’elle aurait aperçu l’interpellation « assez
musclée » du jeune homme avec le tabouret. « J’ai
accepté de témoigner car le comportement des policiers m’a semblé
inapproprié et d’une grande violence, explique-elle. Ils
ont voulu nous mettre un coup de pression, mais il ne faut pas que ça
fasse peur aux gens témoins d’injustice, au contraire. »
Depuis le début de la
contestation contre la réforme du code du travail en mars 2016,
Rennes connaît une
forte répression policière et judiciaire. Sur le plan
administratif, le préfet d’Ille-et-Vilaine a pris des dizaines
d’interdictions de séjour visant des militants de gauche, ainsi
empêchés de manifester. Un rapport d’Amnesty International a
récemment dénoncé un détournement de l’état d’urgence.
Sur le plan judiciaire, « à chaque manifestation, il y a un
gros déploiement policier et un traitement en comparution immédiate
des manifestants », souligne Me
Nicolas Prigent, qui défend l’auto-entrepreneuse.
« Le
message envoyé est qu’on a pas le droit de contredire des
policiers et que si vous faites citer des témoins, ils risquent
d’être arrêtés à l’audience, ce qui est extrêmement brutal
et humiliant », estime Me Olivier Pacheu, avocat
du prévenu qui a fait appel.
En
octobre 2016, une fois la peine purgée, ces sanctions très sévères
avaient été ramenées par la cour d’appel de Rennes à des peines
de prison avec sursis (deux mois pour l’auteur du coup de poing et
huit jours pour les trois autres prévenus).
Louise
Fessard - Médiapart
►NDDL
Stupeur
et consternation.
Morceaux
choisis :
"La
pétition en ligne lancée sur le site Change.org est directement
adressée au président de la République Emmanuel Macron. Elle se
prononce pour un agrandissement de l’aéroport de Nantes
Atlantique, et contre le projet Notre-Dame-des-Landes, jugé "inutile
et coûteux".
À
l’origine de la mobilisation, on retrouve des entrepreneurs
vendéens. Parmi les premiers signataires, Philippe de Villiers,
ancien président du Conseil général de Vendée, Jacques Bankir,
ancien directeur de la compagnie Air France ou encore Jean-Paul
Dubreuil, président du groupe Dubreuil qui détient les compagnies
Air Caraïbes et French Blue.
"C’est
un mauvais projet pour la Vendée, qui va nous enclaver pour
longtemps", indique ainsi Philippe de Villiers. "Avec
Notre-Dame-des-Landes, Nantes se tire une balle dans le pied. Cet
aéroport est totalement inutile", ajoute l’ancien PDG d’Air
France Jacques Bankir."
Appel
à don :
Nous
souhaitons refaire une dalle dans la Smala (environ 50 m2) pour y
poser le futur plancher.
sacs de ciment
sable (2 tonnes)
gravier (3 tonnes)
un niveau laser (en prêt)
Pour
ceux qui ne connaissent pas encore la smala, il s’agit de la
magnifique maison des enfants qui existe et fonctionne depuis
plusieurs mois déjà à la Wardine. Si vous avez un peu de ces
matériaux et que vous ne savez plus quoi en faire, vous pouvez les
déposer à la Wardine une personne du collectif vous accompagnera
jusqu’aux espaces prévus pour.
le collectif
la Smala
Infos du 19 au 25 juin
Lundi
19 juin
►La
chaleur est écrasante, mais il en faudrait plus pour démotiver les
troupes ! Hier avait lieu sur zone la deuxième édition des
chantiers des 4 saisons. Selon les envies, il était possible
de participer à la finalisation de la fontaine au lieu-dit Gourbi, à
l’entretien de la D281, à la réfection de panneaux d’entrées
de bourg aux abords de la ZAD, et pour les planqué-es ;) y’avait aussi un chantier ramassage de cassis (en vue d’en faire des
bonnes confiotes à la conserverie de la Noé verte).
Le
chantier le plus improbable a été proposé par un groupe de bien
nommé-es « hach’arné-es ». Le but ? transporter
des troncs d’arbres entiers par traction humaine entre les 100 noms
et Bellevue pour construire un appentis au hangar. Après un départ
difficile, le convoi a réalisé l’exploit en moins de trois heures
(avec un arrêt cantine végane à la Wardine). Pour se requinquer,
l’équipe a poursuivi la journée avec le ramassage des foins à
Bellevue. Des acharné-es on vous dit !!!!
Luttes sociales. Journée de mobilisations contre la casse sociale de masse programmée (mais aussi l’état d’urgence normalisé, le développement de l’état policier, l’asservissement salarié, la gouvernance par ordonnance, le délit de solidarité, le racisme institutionnalisé, etc etc…..) Un peu partout en France, un Front social s’organise, comme à Nantes aujourd’hui, place Bouffay à partir de 18h.
►AntiRep
Nous
relayons ce communiqué du Front Social Nantes suite aux violences
policières de lundi soir (vous le trouverez aussi en pièce jointe)
Nantes
le 19 juin 2017
COMMUNIQUE
DE PRESSE DU FRONT SOCIAL NANTES
A
l’appel du Front Social Nantais s’est tenu lundi 19 juin 2017 un
rassemblement pour mobiliser contre le projet d’ordonnances Macron.
Nous n’acceptons pas cette casse du droit du travail, qui plus est
dans une procédure d’urgence.
Notre
manifestation a été organisée autour d’une action symbolique, la
construction d’un mur devant une agence bancaire. A ce moment les
forces de l’ordre, BAC en tête, ont chargé violemment, matraqué
et blessé des manifestants. Ces procédés sont inacceptables. Et
ils augurent mal de la prétendue concertation du gouvernement sur la
casse du droit social. C’est aussi une mise en garde face à l’état
d’urgence permanent de Macron. Plus que jamais la liberté de
manifester est remise en cause.
Nous
sommes déterminé-e-s à mener notre combat pour en finir avec ces
politiques au service des privilégié-e-s, contre les intérêts des
classes sociales défavorisées et nous appelons les travailleurs et
les travailleuses, les chômeurs et les chômeuses, les précaires,
les jeunes, les retraité-e-s à participer à toutes les initiatives
contre les ordonnances Macron et à rejoindre le Front Social.
Prochain rendez-vous : jeudi 22 juin, 20 h, devant la Maison des
Syndicats.
Si
des camarades devaient être poursuivi-e-s à la suite de notre
rassemblement, nous serons tou-te-s ensemble pour les soutenir.
Si
vous avez été témoin des violences policières vous pouvez
contacter le legal team de Nantes au 06.75.30.95.45 ou à l’adresse
legalteamzad@riseup.net ou directement le front social de Nantes par
mail frontsocialnantes44@riseup.net.
Voir
aussi : le
communiqué des Street Medics Nantes
le
communiqué de la CNT de Nantes une
video qui a pas mal tourné sur la violence de l’intervention
(on aperçoit le papa et sa fille à 0’46’’)
une
autre video quasi intégrale
photos :
https://www.instagram.com/p/BViBNm6jnYi/?taken-by=instaswami
https://www.instagram.com/p/BVh8r_Oj3o_/?taken-by=instaswami
Estelle
Ruiz
Recensements
par le Front Social
Couverture
médiatique Photos
et vidéos►Une ambaZADa pour les luttes du monde
Appel de l’AmbaZADa
Au
cœur de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, un nouveau projet sort de
terre : la Construction d’une Base Intergalactique qui
abritera les luttes d’ailleurs et d’ici.
Une
cabane destinée à organiser tout type d’événements, à la
disposition des collectifs, des dynamiques militantes et des peuples
minorisés.
Un
outil de rencontres, de solidarités et de convergences, afin de
joindre nos forces. Un lieu fonctionnel et accueillant où l’on
pourra se sentir chez soi et avec les autres.
Un
appel mondial est lancé pour ouvrir, enraciner et colorer ce projet
de l’ambaZADa, dans ce territoire déjà traversé par des
pratiques de vies et de résistances venues de nombreux horizons,
afin d’asseoir les bases d’un réseau interplanétaire.
Un campement autogéré et participatif sera monté près du site à partir de fin juillet jusqu’à la fin du mois d’août, avec plusieurs semaines de rencontres entre les comités de soutien contre l’aéroport du 7 au 14 et des journées Intergalactiques* du 12 au 20 Août (*en référence au rassemblement Intergalactique du Chiapas en 1996 et à l’appel Zapatiste « En haut les murs, en bas à gauche les brèches » de février 2017, à venir en aide aux réfugié-e-s d’où qu’illes viennent et où que nous soyons).
On
vous donne rendez-vous dès cet été pour faire circuler ensemble,
la sève d’un avenir sans aéroport ni frontières.
Terre
et liberté !
Contact :
ambazada.nddl@riseup.net
Pisser dans l’herbe... Théâtre sur la prison
La pièce Pisser dans l’herbe… a été créée en décembre dernier à la Parole Errante, Montreuil. Produite par le Théâtre du Sable, écrite en collaboration avec Christine Ribailly, bergère détenue pendant quatre ans, ce spectacle s’est aussi nourri de lettres de Philippe Lalouel, Émilie D. et du livre Pourquoi faudrait-il punir ? de Catherine Baker.
Pisser dans l’herbe… est interprété par Philippe Giai-Miniet et mis en scène par Marie Paule Guillet. La pièce dresse un tableau qui interroge la justice, l’administration Pénitentiaire et les modes répressifs préconisés depuis toujours.
Christine
Ribailly :
En
septembre 2015, j’étais en prison depuis près de 3 ans, quand
j’ai reçu une lettre d’un inconnu. Ce théâtreux parigot (il
râle quand je le définis comme ça alors j’en profite dans ce
court texte !) se disait enthousiasmé par mes lettres publiées
dans l’Envolée et autres sites militants anticarcéraux et
abolitionnistes. Il voulait en faire une pièce de théâtre et la
monter. J’étais un peu circonspecte, surtout, ce que je ne voulais
pas, était de devenir une égérie, un porte-drapeau. Alors
j’ai proposé à d’autres filles d’écrire aussi (ça n’a pas
soulevé un grand enthousiasme, certes). Une correspondance importante
s’est mise en place avec Philippe. En même temps qu’il écrivait
"Pisser dans l’herbe...", il découvrait peu à peu la
prison en écrivant à d’autres enfermés ou en s’impliquant dans
des réseaux militants. Je corrigeais les textes au fur et à mesure
pour limiter les erreurs techniques et l’approche trop "épique"
de la lutte par rapport à la survie en prison. Au bout d’un an, le
texte était finalisé et riche d’échanges divers. Bien que je ne
connaisse rien à la mise en scène, Philippe et Marie Paule ont
continué à me raconter leur travail, leurs idées... et je
continuais à les commenter. Maintenant la pièce est montée. Je ne
peux pas la voir. Je ne sais pas quand je le pourrais. Mais elle est
le fruit de collaborations multiples entre taulard(e)s et/ou
artistes. J’espère qu’elle permettra des débats et des actions
pour qu’un jour CRÈVE LA TAULE !
le
jeudi 6 juillet 2017, 20h30 à Bitche, 3 rue de Bitche, Nantes
le
vendredi 7 juillet 2017, 20h30 La Wardine, chemin de suez, Zad de
Nddl
Bar,
infokiosque, Prix de soutien
►Le
jeu de chaises musicales gouvernemental se poursuit, et les têtes de
ministres tombent les unes après les autres sans même que l’on
ait esoin de souffler dessus. Après quelques
révélations sur les conflits d’intérêts liés à la Fondation
Hulot, on se demande bien qui sera le prochain…
►Fait
beaucoup plus intéressant, on a reçu une petite carte postale
depuis Exarcheia, à Athènes, quartier anarchiste où l’un des
squats a voulu manifester sa solidarité avec les territoires en
lutte, dont la ZAD :
Bien
le merci à vous !
La fédération CGT du bâtiment
se prononce contre le projet d’aéroport
Alors
que la CGT Vinci avait déjà exprimé son opposition au projet
d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c’est désormais toute la
fédération du bâtiment, au sein du même syndicat, qui demande son
abandon.
La
Fédération Nationale des Salariés de la Construction, du Bois et
de l’Ameublement (FNSCBA-CGT) a adopté, lors de son Congrès jeudi
22 juin, la motion à une large majorité. Elle « demande
l’abandon du projet de création d’un nouvel aéroport de Nantes
à Notre-Dame-Des-Landes, au bénéfice d’une modernisation de
l’aéroport existant de Nantes-Atlantique, au nom de la défense
des emplois industriels et agricoles concernés, ainsi que de la
préservation d’un patrimoine naturel riche et nécessaire aux
générations futures. »
Par
ailleurs, la motion « condamne la criminalisation croissante
des mouvements sociaux et demande l’abandon de toutes les
poursuites engagées contre les habitants de la ZAD de
Notre-Dame-Des-Landes, comme de toutes les menaces d’expulsion
brandies à leur encontre. »
Source :
courriel de la CGT-Vinci sur Reporterre
Infos du 26 au 30 juin
Invitation à constituer un réseau de ravitaillement
des luttes dans le pays Nantais
"Sur
les quartiers, fréquemment aussi, il y a des ventes directes de
légumes organisées par les paysans-travailleurs et des ménagères.
Les ventes directes ont commencé en 68, puis, à chaque grève
ouvrière à Nantes, aux Batignolles, Ugico, Saulnier-Duval. Et tous
les ans, lorsque la grève dure plus de huit jours, les paysans
viennent vendre leurs produits.(...) Le but est de faciliter les
contacts vivants entre ouvriers et paysans, et même de commencer à
remettre en question la division sociale "villes/campagnes".
Des groupes de chômeurs, d’immigrés ayant de vrais besoins de
subsistance installent des petits stocks-magasins dans des caves de
HLM "Le petit marché de la rue du Drac".
Extrait
de la revue Camarades, entretien avec un autonome nantais,
1976
La
longue histoire des luttes et des solidarités dans le pays nantais
se prolonge aujourd’hui sur de multiples fronts (loi travail,
migrants, etc.). Nous habitons le bocage mais nous voulons continuer
à contribuer de mille et une façons aux luttes qui se mènent en
ville, et nous savons que nous ne sommes pas les seul-e-s.
Une
façon parmi d’autres d’alimenter ces luttes, c’est justement
de les nourrir, avec une partie des productions qui viennent des
campagnes proches. Manger ensemble, ou mettre en partage de la
nourriture en dehors des logiques marchandes.
Depuis
la zad, nous tentons d’ors-et-déjà des dynamiques dans ce sens en
ravitaillant d’autres luttes avec ce que nous auto-produisons ;
que ce soit de manière régulière (squat de migrant-e-s à Nantes,
cantines...) ou ponctuelle (piquets de grève, place ou amphi
occupé...). Nous savons que beaucoup de paysan-nes le font de
manière informelle. L’idée c’est de relier et d’étoffer ces
gestes de ravitaillement.
Parce
que ces gestes de solidarité sont précieux et aident à tenir ;
parce que nous voulons renforcer la circulation et les liens entre
les mondes en lutte ; parce qu’il est urgent de s’essayer à
d’autres formes de distribution des denrées alimentaires que
celles dictés par l’économie capitaliste ; nous vous
adressons cette invitation à constituer ensemble un réseau de
ravitaillement des luttes dans le pays nantais.
L’idée
est d’organiser un réseau qui relie les multiples initiatives
ponctuelles des un-e-s et des autres pour ravitailler de manière
plus conséquente les luttes urbaines. Concrètement, nous
recherchons des paysan-ne-s prêts à participer à ce réseau en
fournissant des produits alimentaires issus de leurs fermes, qu’il
s’agisse d’invendus, de dons ou de produits vendus à prix
coûtant ou solidaire.
Le
projet c’est d’établir dans un premier temps une liste de
producteurs solidaires. On imagine à partir de là être en capacité
de prévenir tout le monde lorsqu’il y a une occasion d’activer
ponctuellement le réseau (mouvement social, grève, occupation...)
et d’organiser des tournées pour récupérer et acheminer les
denrées à bon port.
Pour
celles et ceux qui seraient intéressés par du ravitaillement
régulier, le réseau pourrait aussi fournir des produits
supplémentaires pour renforcer les tournées déjà existantes qui
contribuent à alimenter les squats de migrant-e-s à Nantes.
Pour
discuter de tout cela, nous vous proposons de se retrouver le
vendredi 30 juin à 20h a la ferme de Bellevue.
Pour
nous contacter : reseauravitaillementluttes@riseup.net et
bientôt un numéro de téléphone…
Lettre de soutien aux habitant.e.s
de Malagnou à Genève
Pour
plus d’informations :
https://malagnou.noblogs.org/
AILLEURS
Infos du 1er au 4 juin
Jeudi
1er juin
Haïbun pour Rémi Fraisse
Un
« haïbun » est une composition littéraire mêlant prose
et haïku. Françoise Kérisel, lectrice de Reporterre, nous a
adressé ce texte en hommage à Rémi Fraisse, écrit avant que le
drame d’octobre 2014 revienne dans l’actualité.
« Il
a deux trous rouges au côté droit »
Rémi
Fraisse est ce botaniste de 21 ans tué au bord du Tarn une nuit
d’octobre 2014.
Il
était de ces manifestants qui protestaient contre cette violence
faite à la terre, à la nature. Un barrage de technocrates, retenue
d’eau géante, allait se décider, pouvant casser l’équilibre de
la faune, de la flore, chasser l’harmonie et la beauté du lieu.
Dans
le vieil étang
plonge-t-elle encore
la grenouille de Bashô ?
plonge-t-elle encore
la grenouille de Bashô ?
Je
me rappelle que Rémi Fraisse avait choisi pour objet d’étude ce
que la vie a de plus fragile : un bouton d’or aux pétales en
forme de cœur, en voie de disparition. Cette fleur est de la famille
des renoncules, au nom-même habité d’une rainette — ranoncula,
petite grenouille qui elle aussi se fait rare. Ces appellations nous
touchent. Et Rémi a pour patronyme Fraisse, qui désigne le frêne…
Abritant,
protégeant rana la rainette, ce bouton d’or a pour armes ses
feuilles,
les ophioglosses ou langues de serpents, bien insuffisantes, face à la brutalité des méthodes nouvelles.
les ophioglosses ou langues de serpents, bien insuffisantes, face à la brutalité des méthodes nouvelles.
Comment
reprendre les combats de Rémi Fraisse, si ce n’est en évoquant
comme lui la grenouille rare planquée parmi ces renoncules menacées,
au bord des marécages ?
Comment
soutenir la cause de Rémi Fraisse et écarter une fin de procès en
non-lieu, quand Rémi a perdu la vie en ces lieux-là, près de
Sivens ?
Non-lieu ?
« Hommage
à Rémi »
clament les pancartes -
veillée à la renoncule.
clament les pancartes -
veillée à la renoncule.
Françoise
Kérisel –
Reporterre
Squatteurs, zadistes,
ils se présentent aux législatives
Adrien
Doutreix et Alexandre Mahfoudhi, affiliés au mouvement pour la
décroissance, sont candidats aux législatives en Gironde. Habitués
des zads, nomades, squatteurs, ils veulent porter la parole de la
rue, des plus précaires, et mettre en pratique une « démocratie
radicale ».
- Bordeaux (Gironde), correspondance
Le
lancement de leur campagne s’est fait devant leurs cabanes de
sans-abri, avec une poubelle comme pupitre. Depuis, leurs réunions
publiques, sous forme d’assemblées comme à Nuit debout, ont lieu
sur des places, dans des parcs, sous les platanes des bords de
Garonne, ou devant un parking à étages. À la fois SDF, zadistes,
squatteurs, décroissants, ils ont décidé de s’inviter sur un
terrain où « tout est fait pour qu’il ne [leur] soit
pas accessible » : les élections législatives.
Partis
à cinq, ils ne seront finalement que deux à figurer parmi les
candidats officiels : Adrien Doutreix dans la
1re circonscription (avec sa suppléante Sandra Aimard), et
Alexandre
Mahfoudhi dans la 2e (avec Amaya Rivere). Les autres (Vishnou,
Kamel et Ayonn), n’ont pas pu aller au bout de leur démarche faute
de suppléant — « c’est
compliqué à trouver chez les anars »,
confie l’un d’eux — et d’habileté administrative. Vishnou
(Stephen Rault, de son vrai nom), « candidat
officieux »
dans la 3e circonscription, jouera le rôle de mandataire
financier d’Adrien Doutreix.
On
s’étonne d’abord de leur démarche, imaginant qu’elle ne doit
pas très être partagée dans leurs milieux. « On
s’attendait à plus de désaccords, avoue Alexandre Mahfoudhi.
Il y a un noyau opposé à toute démarche légaliste et
“citoyenniste”. Mais beaucoup comprennent l’intérêt de se
présenter pour prendre du temps de parole »,
rapporte-t-il. Pour eux, l’idée est aussi de « tenir une
nouvelle barricade », complémentaire des barricades
physiques et judiciaires. « Et puis, il ne faut pas résumer
nos candidatures aux zads et aux squats. »
« Je suis SDF.
C’est douloureux de le dire.
On est une caste, nous, les pauvres »
C’est
tout de même là qu’ils se sont rencontrés.
Notre-Dame-des-Landes, où Vishnou a vécu et même eu des enfants
entre 2011 et 2014. Sivens, où ils étaient présents avant la mort
de Rémi Fraisse, et où Alexandre a réalisé un mémoire sur le
parcours de ces jeunes qui quittent la ville pour les luttes à la
campagne. Mais aussi Échillais,
Agen, ou encore Villenave-d’Ornon, la locale et brève occupation
contre
un « golf
immobilier ».
Malgré
ces expériences communes, chacun se présente avec son propre vécu
et ses préoccupations centrales.
- La « démocratie réelle maintenant » et les assemblées populaires pour Adrien : « L’agora mondiale des indignés, le 25 octobre 2011, est la base de mon éveil politique », explique celui qui a aussi participé à Nuit debout Bordeaux ;
- Les squats pour Vishnou : « Le squat permet de rapporter le pouvoir à l’échelle la plus étroite possible. Il devient une structure politique de base, qui rend l’État obsolète. »
- Enfin, la situation des jeunes pour Alexandre : « Le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-25 ans en France, la 2e au niveau mondial. Ces jeunes ne veulent plus vivre dans nos sociétés de violence, de prédation et sans perspective positive. C’est un signal très puissant qui doit être entendu. »
À
chacune de leurs sorties (manifestation pour la
libération de onze Soudanais fuyant le Darfour et enfermés au
centre de rétention de Bordeaux, commémoration du suicide en 2008
de Benoît Buron, SDF qui sortait de 48 h de garde à vue), ils
déploient une grande banderole sur laquelle on peut lire :
« Nous
n’allons pas disparaître. »
Ils l’ont récupérée lors de l’expulsion d’un squat cet
hiver, l’Alouette.
« Le
message consiste à affirmer qu’ils peuvent expulser, punir,
contraindre, mais nous n’allons pas disparaître et nous ne
lâcherons rien »,
précise Adrien. « Certains,
comme Juppé
récemment, entendent maltraiter les pauvres pour qu’ils ne
reviennent pas, qu’ils aillent se cacher. Mais on ne peut pas
régler les problèmes en les niant »,
complète Alexandre.
« La peur de sortir du système,
de ne plus manger à la mangeoire »
Ils
se sont regroupés derrière le nom de « Laikos »,
« populaire », en grec ancien (qui a donné la
« laïcité », mais ce n’est pas ce qui les intéresse
ici). « Le peuple, par opposition à l’aristocratie »,
précise Alexandre. Selon lui, « c’est la volonté de ne
pas nous couper des plus démunis, de la rue et son occupation qui
réunit nos candidatures ». Lui vit cela comme un
coming-out : « Je suis SDF. C’est douloureux de le
dire. On est une caste, nous, les pauvres. »
Ces
parcours qui les ont façonnés en font les représentants d’une
pratique de la décroissance. « D’échec en échec, tu
construis un rapport humble à l’espace-temps. Le nomade ne prend
rien ni n’enlève rien aux autres. Les gens de la rue ressentent au
fond d’eux un affaiblissement du sentiment de compétition. Ils ne
veulent plus se bagarrer pour prendre aux autres un logement, un
travail, etc. Mais affrontent la peur de sortir du système, de ne
plus manger à la mangeoire. »
- Alexandre Mahfoudhi, candidat dans la 2e circonscription de Gironde, avec Amaya Rivere comme suppléante.
|
Adrien,
lui était infirmier. Il a pris une disponibilité de trois ans après
un accident du travail alors qu’il approchait le burn-out, mais
reste fonctionnaire hospitalier. « Arrêter
de travailler a été un choix, en ça, je me sens vraiment
décroissant »,
explique-t-il. Leurs candidatures font partie des seize rattachées
à la décroissance (avec notamment Éric Pétetin, candidat dans
les Pyrénées-Atlantiques). Même si le mot ne leur convient pas
parfaitement, et qu’ils préfèrent parler de « bien
vivre ».
Leurs
propositions concrètes ne sont pas neuves : la réquisition des
bâtiments vides (22.000 dans la métropole bordelaise) pour loger
les personnes à la rue, la gratuité des transports en commun, un
nouveau mode de décision des grands projets et la reconnaissance du
statut de lanceur d’alerte en matière environnementale… Mais
surtout, la « démocratie radicale », inspirée
par toutes les expériences qu’ils ont vécues. « Si je
suis élu, affirme Adrien, je remettrai l’ensemble de mes
prérogatives de député à une assemblée constituée des personnes
volontaires de la circonscription. Pour que chacun puisse
expérimenter la “démocratie réelle maintenant” et
devienne législateur. »
« Le schéma de la discussion autour d’un feu »
Une
sorte de « #mavoix » donc, mais sur les places publiques
plutôt que sur internet, avec des décisions par consensus plutôt
que par le vote. Et un ancrage idéologique fort : « Je
suis porteur de valeurs, opposé à toute forme de domination
(anticapitaliste, antispéciste, antiraciste et antisexiste),
poursuit Adrien. Ce sont les lignes rouges de la tolérance contre
lesquelles je n’irais jamais. Mais j’ai confiance en
l’intelligence collective pour qu’elles ne soient pas
dépassées. »
- Vishnou (Stephen Rault, de son vrai nom),
- « candidat officieux » dans la 3e circonscription de Gironde.
|
« Beaucoup
de gens commencent à être rompus à ce genre d’exercice. Même
nos concurrents les utilisent parfois. Même si je n’étais pas
élu, en ayant cette pratique on prend position pour l’avenir, on
donne aux autres le goût et la capacité d’une autre organisation
politique », selon lui, même si la mayonnaise tarde à
prendre ces jours-ci à Bordeaux. Alexandre est un peu plus nuancé
sur l’utilité à court terme de ces assemblées. Il y voit d’abord
un moyen de recréer du commun : « C’est le schéma
de la discussion autour d’un feu, qu’on a vécu dans les squats
et les zads. Ce qui en ressort n’est pas forcément du décisionnel,
mais de l’échange, du commun dans le langage. »
Justement,
tous les deux sont bien conscients de ce qu’ils partagent avec les
autres candidats de gauche à ce scrutin, et affirment ne pas vouloir
ajouter à l’éclatement des candidatures. Ils aimeraient pouvoir
aboutir à une candidature unique de la gauche radicale, comme
l’explique Adrien : « Avec une assemblée publique,
toujours, on pourrait arriver à un consensus entre nous tous et
donner un mandat à un seul candidat, explique-t-il. Nous
avons 70 à 90 % de notre pensée en commun. Mais les partis
sont institutionnalisés, ils se présentent aussi pour bénéficier
de la rente du financement public. » Nomades, les membres
de Laikos ne sont eux pas prêts d’en arriver là.
Infos du 5 au 11 juin
Cigéo :
M. Hulot, protégez les hiboux de Bure !
À
cheval sur la Meuse et la Haute-Marne se prépare l’installation
d’un centre d’enfouissement de déchets nucléaires, dit Cigéo.
Un collectif d’opposants — syndicats de paysans, de travailleurs,
associations environnementales, collectifs d’habitants — demande
au ministre Nicolas Hulot de prendre position contre cette « poubelle
atomique ».
Les
auteurs de la lettre sont : les opposant-es d’ici et
d’ailleurs, des habitant-es de Mandres-en-Barrois, les associations
Burestop 55, Bure zone libre, Asodedra, Cedra 52, Eodra,
les habitants Vigilants de Gondrecourt le Château, les habitants
Vigilants de Void-Vacon, Meuse nature environnement, Mirabel Lorraine
environnement. La liste de leurs soutiens est à la fin de la lettre
ouverte.
Monsieur
le ministre, vous
avez déclaré le 12 novembre 2011, à la suite de la
catastrophe de Fukushima, que « le
propre d’un accident nucléaire, c’est d’être inestimable dans
le temps et dans l’espace. Et là s’arrête le risque acceptable
dès lors que l’on ne maîtrise ni ne mesure plus ses
conséquences ».
Nous partageons totalement votre constat.
Vous
êtes ministre à présent. Des spécialistes vous assureront que les
déchets [1]
produits par l’industrie nucléaire seront bien gérés. Si, comme
vos prédécesseurs, vous n’écoutez qu’une seule voix, celle des
acteurs du nucléaire, la seule ayant accès à votre cabinet, qui
affirme que le stockage nucléaire en grande profondeur est une
solution, alors vous vous tromperez gravement. Vous pourriez apposer
un blanc-seing sur un projet comportant lui aussi, comme l’accident
nucléaire de Fukushima, des « risques
non acceptables, parce que personne ne maîtrise ni ne mesure les
conséquences »
de l’énorme complexe Cigéo, projet d’enfouissement des déchets
nucléaires, qui sacrifie non seulement un territoire, mais menace
durablement le pays tout entier et les centaines de générations à
venir.
Contrairement
à ce que vous affirmera l’Andra (Agence nationale pour la gestion
des déchets radioactifs), elle ne sera jamais prête, bien
qu’affichant des certitudes de façade. Donner prochainement le feu
vert à Cigéo, c’est engager le pays de façon irréversible dans
un chantier titanesque dont nul ne pourra prétendre maîtriser les
risques. Des experts indépendants l’ont prouvé de manière
irréfutable. Confiner une telle masse de déchets radioactifs à
moins 500 mètres sous terre peut mener à des explosions
souterraines liées à la nature de certains déchets. Un incendie
en grande profondeur serait ingérable. La contamination de
nappes phréatiques serait inévitable, car la radioactivité
s’échappera un jour des colis de confinement. Dans tous les cas,
des rejets aériens massifs de gaz radioactifs sont assurés, sans
parler de la multiplication de transports nucléaires à haut risque
pendant plus d’un siècle.
La pièce maîtresse d’un énorme mensonge
Contrairement
à ce que vous affirmeront certains parlementaires, l’opinion
publique n’accepte pas Cigéo, malgré les mesures déployées :
efforts financiers considérables, promesses de développement local,
impasse systématique sur les dangers réels ou encore processus de
concertation truqué. Tout est plaqué, brutalement, sans aucun choix
possible. Depuis 30 ans, sur plus de 25 sites explorés en
France, des milliers de gens ont refusé de servir de caution, de
cobayes ou de fusibles. Presque partout, ils ont mené à l’échec
toutes les tentatives d’implantation. L’ampleur inédite de cette
opposition doit peser dans la balance des décisions. N’avez-vous
pas déclaré aussi, sur i-Télé,
en 2016 : « Ces
déchets, il faut bien en faire quelque chose, mais, en tout cas, on
ne peut pas imposer comme ça
[ce projet] à
des populations locales, sous prétexte qu’[elles]
sont
dans des endroits un peu éloignés
(…), sans
concertation, sans transparence. »
Le
seul « laboratoire de recherche géologique »
finalement installé à Bure est la pièce maîtresse d’un énorme
mensonge : la filière électronucléaire serait propre, gérable
et peu coûteuse, alors qu’elle est au bord du gouffre. Les
pouvoirs publics savent que le stockage géologique est un mythe
dangereux qui ne résout rien. Argument de vente pour de nouveaux
réacteurs nucléaires, il tente de masquer une impasse phénoménale.
En
2018, le gouvernement pourrait être amené à signer une « phase
industrielle pilote » : cette fausse phase de « test
grandeur nature » masque un feu vert irréversible au
chantier qui engloutirait les 5 milliards d’euros provisionnés
à ce jour.
Trouver les 30 à 40 milliards suivants, nécessaires au fonctionnement du stockage, resterait à la charge de nos enfants et arrière-petits-enfants. N’avez-vous pas dit ce 12 novembre 2011 : « Dans la même veine, ignorer la durée de vie et la dangerosité à très long terme des déchets est incompatible avec la notion première du développement durable, puisque c’est une délégation de risque aux générations futures. »
Trouver les 30 à 40 milliards suivants, nécessaires au fonctionnement du stockage, resterait à la charge de nos enfants et arrière-petits-enfants. N’avez-vous pas dit ce 12 novembre 2011 : « Dans la même veine, ignorer la durée de vie et la dangerosité à très long terme des déchets est incompatible avec la notion première du développement durable, puisque c’est une délégation de risque aux générations futures. »
Votre
conscience d’homme public soucieux de la préservation de la
planète vous engage à agir : il faut mettre fin à cette
politique énergétique irresponsable, mettre au centre de la table
les erreurs passées, assumer ce passif et ne pas alourdir la dette.
Une situation conflictuelle alarmante
Des
centaines d’habitant.e.s refusent d’être condamnés à vivre, à
respirer et à survivre sur la plus grande « poubelle
atomique » d’Europe. Ne soyez pas sourd comme tant
d’autres à la multitude de signaux d’alerte obstinément envoyés
aux décideurs — dont vous faites à présent partie — par des
personnes de tous âges, en lutte pied à pied dans le bois Lejuc
depuis juin 2016, où l’Andra a tenté de commencer les
travaux préparatoires de Cigéo en toute illégalité. Ces
militants, qu’on appelle « les hiboux de Bure »,
ont choisi d’y résider, parfois dans les arbres pour mieux les
protéger, faisant preuve d’un incroyable courage qui en dit long
sur leur détermination. L’opposition ne cesse de s’amplifier
localement et nationalement. Des pays voisins s’inquiètent. En
Meuse et en Haute-Marne, le climat de répression s’intensifie,
cherchant à détruire toute cohésion sociale. Cautionnerez-vous une
situation conflictuelle alarmante en prenant le risque de la voir
s’aggraver ?
La
cession du bois Lejuc à l’Andra est au centre d’une controverse
largement médiatisée depuis un an. Est-il moralement acceptable de
faire porter un tel fardeau aux onze conseillers
municipaux de Mandres-en-Barrois, sommés d’abandonner leur
forêt communale ? Savent-ils qu’ils engagent la destruction
inévitable de tout un territoire de vie en ouvrant la porte à un
inconnu menaçant l’humanité ? Et que penser des soupçons de
conflits d’intérêts affectant un certain nombre de conseillers
municipaux du fait de leurs liens avec l’Andra, comme le met en
exergue un nouveau
recours juridique déposé le 22 mai 2017 par pas moins
de 35 habitant-es ?
Face
à cette situation d’urgence et réaffirmant une opposition totale
au principe de l’enfouissement des déchets nucléaires, nous
demandons instamment :
- que le gouvernement ne tente aucune évacuation du bois Lejuc à Mandres-en-Barrois, occupé par les opposants depuis presque un an, sous peine de voir la situation de tension actuelle s’aggraver ;
- que le gouvernement reçoive les scientifiques et associations qui depuis plus 20 ans ont recueilli les éléments d’approfondissement du dossier Cigéo révélant les risques et qui veulent, au nom de l’intérêt général, apporter leur éclairage (vous avez déclaré récemment, au JDD : « Je connais ce dossier, mais je veux l’étudier davantage. ») ;
- que le gouvernement stoppe tout projet d’enfouissement profond des déchets radioactifs ;
- que le gouvernement engage en urgence la remise à plat de l’ensemble de la politique énergétique du pays. La sortie du nucléaire est impérative et ne doit pas être repoussée aux décennies à venir, il en va de la survie de l’humanité. Le passage aux énergies renouvelables et économies d’énergie, à des techniques créatrices d’emploi et autrement plus soutenables et novatrices, fait partie des demandes qui doivent aboutir au plus vite.
LES AUTEURS DE CETTE TRIBUNE ONT REÇU LE SOUTIEN DES ORGANISATIONS SUIVANTES
Attac
France, Agir pour l’environnement, Réseau « Sortir du
nucléaire », Confédération paysanne, Novissen (1000 vaches),
FNE Grand-Est, Sortir du nucléaire Moselle, SDN 89,
Collectif Sortir du nucléaire 79, STOP EPR ni à Penly ni ailleurs,
Collectif Halte au nucléaire du Gard, Action des citoyens pour le
désarmement nucléaire (ACDN), Auxilia conseil en
transition, Association pour la restauration et la Protection de
l’environnement naturel du Tonnerrois, Adeny-Association de défense
de l’environnement et de la nature de l’Yonne, MAN Nancy,
Confédération paysanne des Vosges, Confédération paysanne de
Meuse, Association A.P.P.E.L.S (55), Attac 55, Association Vie
Environnement Respect Nature (Avern), Cade (Collectif des
Associations de défense de l’environnement Pays basque et Sud des
Landes), Collectif les Dindons de la farce, Droit au soleil, Effet
de serre toi-même, Collectif Non au gaz de schiste du canton de
Fayence, Association Artisance, Association Gecnal de
Sarreguemines (57), Union syndicale solidaires, Syndicats des
travailleurs du rail SUD-Rail, Cyber@cteurs, collectif Stop gaz de
schiste Anduze, Collectif citoyen de Pézenas, Castelnau et Guers,
Collectif du Céressou, Collectif de Campagnan-Saint-Pargoire (contre
le Linky), Eco’lectif de Gignac…
Le tribunal de Nancy
donne le feu vert
à la cession du bois Lejuc
à l’Andra
Mardi 6 juin, le tribunal administratif de Nancy a rejeté la requête des 33 habitants de Mandres-en-Barrois qui demandaient la suspension de la délibération du conseil municipal du 18 mai dernier. Cette délibération a confirmé la cession du Bois Lejuc à l’Andra.
Le
bois Lejuc est l’objet d’une intense bataille tant sur le terrain
que dans les prétoires. Il est toujours occupé par plusieurs
dizaines d’opposants qui refusent de voir la forêt détruite au
profit de la poubelle nucléaire Cigeo.
Ce
jugement n’est qu’une étape dans de longues procédures
juridiques. Les soupçons de conflits d’intérêt entre certains
conseillers municipaux et l’Agence nationale seront étudiés sur
le fond dans une future audience dont la date n’est pas encore
communiquée.
Aujourd’hui,
légalement, il ne manque plus que les autorisations de défrichement
pour que l’Andra puisse débuter ses travaux. Depuis le 26 avril,
les opposants sont aussi sous la menace d’une expulsion policière.
Reporterre
Bure, nous assumons le sabotage face au désastre nucléaire
L.
a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour avoir saboté
des grilles autour du futur site de la poubelle nucléaire CIGEO à
Bure. Voici la lettre lue devant les juges où il revendique
pleinement son acte. Que vaut quelques grilles tombées face au
risque d'une contamination radioactive et la destruction complète
d'un territoire ?
Mesdames,
Messieurs,
Puisque
votre tribunal a statué illégal le défrichement orchestré par
l'ANDRA dans le bois Lejuc sans donner de peine de prison, ne
serait-ce que du sursis aux responsables de ce massacre.
Puisque
votre tribunal a condamné un camarade à 6 mois de prison avec
sursis et 2 ans d'interdiction de territoire alors qu'il ne faisait
que défendre cette forêt afin d'empêcher son défrichement.
Sachez
que je n'attends rien de votre institution que l'on nomme avec
ignorance justice où rien n'est fait contre les voleurs en costard
des affaires Clearsteam, Panama papers ou Luxleaks en passant par
Fillon alors que des clochards voleurs de pâtes sont en prison.
Il
y a la souffrance que le nucléaire a engendré, toutes ses victimes
qui ne sont plus là pour en parler. Et voici que l'on juge, celles
et ceux qui osent s'en indigner. Si se taire aujourd'hui, c'est faire
souffrir d'autres demain, voici, avec honnêteté, les raisons d'une
rage qui n'en finit plus de monter.
«
Dans la mesure où seul l'intérêt public est concerné, le
châtiment est justifiable, si nous franchissons cette frontière,
notre propre conduite devient criminelle. » - Thoreau, écrit de
Jeunesse
Ce
projet n'est pas porté par l'amour de l'humanité, sinon ils
l'écouteraient cette humanité quand en 2006 elle demandait avec une
pétition de 50 000 signatures à la main, la tenue d'un référendum
local.
Ils
l'auraient écoutée en 2013, quand les villageois de Mandres-en-
Barrois exprimaient lors d'une consultation, leur opposition
majoritaire à l'échange de leur forêt.
L'ANDRA
sait être matinale pour s'accaparer un bois communal. C'était en
juillet 2015 et « L'avenir appartenait à ceux qui se lèvent
tôt ». Le vote a été fait à 6 h du matin avec quelques conseillers
municipaux en conflits d'intérêt, actant l'échange à bulletin
secret.
Chez
l'ANDRA, on aime l'argent, pas les gens, d'ailleurs du fric, ils en
ont tellement qu'ils peuvent vous en passer en l'échange de votre
consentement. Il suffit de demander au GIP - le Groupement d'Intérêt
Public- ces 60 millions d'euros qui arrosent chaque année les
départements de Meuse et Haute-Marne. Un accompagnement économique
pour faire accepter une poubelle atomique. Le paroxysme du poids de
l'argent sur nos vies.
Satisfait
ou matraqué ! Parce que oui, si le fric ne vous attire pas et que
vous êtes un peu trop dérangeant, il y a les flics qui tirent des
flashball et lancent des grenades de désencerclement. Les patrouilles
de gendarmes qui pullulent depuis que l'ANDRA projette de polluer ce
territoire.
Pourquoi
s'attaquer au grillage ? Cela ne vous intéresse surement pas, pas
plus que ce gendarme qui m'a dit pendant le trajet vers le
commissariat : « Tu aimerais bien que je vienne péter ton grillage
autour de ta maison ? Bon ben là c'est pareil. » Voilà la fonction
policière imagée dans toute sa splendeur. Réprimer la conséquence
sans jamais chercher à en comprendre l'origine, un grillage autour
d'un projet de poubelle nucléaire serait le même que celui autour
d'une maison.
Et
vous, messieurs dames les juges, lorsque vous dites que vous n'êtes
pas là pour juger les idées, la motivation mais les faits vous vous
abaissez au même niveau et c'est vous que l'on appelle justice ?
Prendre
autant de temps à parler d'où je viens, de mon statut social, ne
serait-ce pas révélateur d'une justice de classe ? Cela
changerait-il quelque chose à la peine prononcée si je suis un
banquier ou plutôt un chômeur ? Un français ou un étranger ?
Nommer
cela justice n'est qu'une odieuse supercherie. Sachez qu'au regard de
toutes personnes habitant dans une maison, il n'existe aucune crainte
de voir les manifestants qui se sont attaqués à l'ANDRA débarquer
chez eux pour abattre leur clôture.
«
Eh bien, messieurs, il n'y a plus de criminel à juger, mais les
causes du crime à détruire. Oui je le répète, c'est la société
qui fait les criminels, et vous jurés, au lieu de les frapper, vous
devriez employer votre intelligence et vos forces à transformer la
société. Du coup, vous supprimeriez tous les crimes, et votre
œuvre, en s'attaquant aux causes, serait plus grande et plus féconde
que n'est votre justice qui s'amoindrit à en punir les effets. » -
Ravachol
L'industrie
nucléaire à toujours eu une gestion des déchets à la hauteur de
son humanité. Pendant plusieurs années et peut-être encore
aujourd'hui, des fûts de déchets nucléaires d'origine européenne
furent largués sur les côtes somaliennes. Lors du tsunami de 2004,
une vague a fait remonter ces fûts sur la plage faisant apparaître
des saignements et malformations chez les somaliens.
Cette
pollution dévastatrice, s'ajoutant à la pêche intensive des
bateaux occidentaux avaient fini par excéder les populations locales
et petits pêcheurs qui s'organisèrent en « Gardes côte
volontaires de Somalie ». Ils lancèrent des assauts armés contre
ces cargos de la mort. On les a appelé les « pirates somaliens »
en montrant seulement des images de violences, se gardant bien d'en
expliquer l'origine qui mettrait en lumière notre part de
responsabilité. L'essentiel étant de les stigmatiser afin de
légitimer une répression d'envergure militaire.
Voici
ce que l'un des leaders des pirates, Sugule Ali, déclara : « Il
s'agit de mettre un point final à la pêche illégale et les
déchargements dans nos eaux. Nous ne nous considérons pas comme des
bandits de la mer. Nous considérons que les bandits sont ceux qui
pêchent illégalement et jettent leurs poubelles. »
Il
y a quelques décennies, la solution officielle pour les déchets
nucléaires fut de les balancer dans la Manche et l'Océan
Atlantique. L'abandon de cette folie ne fut pas le fruit de la
filiale nucléaire qui l'avait mise en place, c'est sous la pression
des manifestants et actions qu'ils furent contraint d'arrêter.
Aujourd'hui,
ils projettent de les mettre sous terre, mais les diverses
oppositions locales à chaque endroit où ils essayèrent les firent
reculer. Apprenant de leurs défaites, ils sont venus à l'assaut de
la Meuse de manière plus stratégique. Ils achètent les terres
agricoles pour dissuader les paysans en bail précaire et déversent
ces millions d'euros pour le silence des élu.e.s et de celles et
ceux qui en bénéficient.
«
Je rêve d'un peuple qui commencerait par brûler les clôtures et
laisserait croître les forêts. » - Thoreau
Ce
projet apporte la mort avec lui, c'est une condamnation qui plane sur
des milliers de générations, il est nécessaire de mettre à mort ce
projet. Il en va de la sauvegarde de l'humanité, la leur, ils l'ont
troqué contre des mannes financières, des vigiles tortionnaires,
les matraques et grenades policières.
De
cette manifestation du 18 février, je ne regrette rien, si ce n'est
de ne pas être resté au coeur de l'action collective qui a mis à
terre les grilles de l'ANDRA. J'ai voulu en faire tomber une de plus,
alors que le groupe se repliait, j'ai cru que je serais assez fort
pour le faire seul avec une pince monseigneur. Je pensais pouvoir
repartir en courant, si les gendarmes chargeaient.
Malheureusement,
une crampe s'est déclarée en même temps que le stress et ma course
fut laborieuse, j'ai fini plaqué au sol par un gendarme.
L'interpellation dure plusieurs longues minutes, les gendarmes
n'arrivent pas à me remonter, ils sont 4. Je n'arrête pas de leur
parler, d'exprimer l'indignation contre ce projet, leurs regards
fuient le miens, ils soupirent et perdent leur force au fur et à
mesure que la parole se libère. J'ai même cru à un moment qu'ils
me laisseraient partir.
Mais
le commandant DuBois est venu redonner par sa présence la force de
la soumission qu'incarne sa supériorité hiérarchique. Je continue
tout de même à parler, le commandant m'étranglera pendant
plusieurs longues secondes pour que je me taise. Je ne pouvais ni
respirer, ni parler. Des marques de strangulations seront notés par
le médecin pendant ma garde à vue. Serais-je encore libre si c'était
moi qui avait étranglé le commandant ?
Nous
ne faisons que nous attaquer aux structures matérielles de l'ANDRA
et c'est une violence contre des personnes que les gendarmes ont
délibérément exercé contre nous. Qu'ils s'écartent de notre
chemin révolutionnaire et ils ne seront plus victimes de jets de
pierre ou autre joyeuseté. Un manifestant a dû se faire opérer au
pied suite à une grenade policière, il craignait de ne plus pouvoir
marcher.
Le
projet d'enfouissement de déchets nucléaires doit être freiné,
entravé et donc saboté pour la légitime défense de la santé, du
sol, de l'air et de l'eau.
«
C'est bien beau de s'opposer, mais vous proposez quoi ? »
Au
regard de la gestion laborieuse que la filiale nucléaire a réalisé
en Somalie, dans la Manche et dans divers sites d'enfouissement aux
multiples accidents (Nouveau Mexique ou en Allemagne), il semble
évident qu'il ne faut pas laisser la gestion des déchets nucléaires
à ces individus irresponsables.
"On
ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont
engendrés" - Albert Einstein
Il
est important de reconnaître avec honnêteté, sans le mensonge
qu'un nuage radioactif s'arrête à la frontière, que nous ne savons
pas quoi faire et nous n'avons jamais su quoi faire des déchets
nucléaires. Dès lors, l'arrêt immédiat de la production de ses
déchets est une évidence.
Cette
question de la gestion devrait être prise en compte par la société
toute entière, en finançant des recherches indépendante. Où
trouver l'argent ? Il y a 60 millions d'euros déversés dans le
département de la Meuse et Haute-Marne, afin d'acheter le
consentement de celles et ceux qui demain seront irradiés.
Redirigeons cette somme dans la recherche d'alternative. Tenter de
trouver des solutions par la science, plutôt que l'achat des
consciences.
Il
y a les PDG du nucléaire, nucléocrates et autres personnes qui se
sont fait des millions, voir milliards de bénéfices sur le dos de
notre vie, il faudra également qu'ils rendent l'argent, pour la
survie de l'humanité.
L.
un tombeur de grilles – sauvonslaforet
sur
Médiapart
Infos du 12 au 18 juin
Jeudi 15 juin
►Des
nouvelles et un appel à soutien en provenance de Bouriège (11),
où un convoi d’éoliennes est bloqué depuis plusieurs jours et le
bras de fer engagé avec les forces de l’ordre, les autorités et
la société Valeco.
Des élues demandent à Nicolas Hulot
de s’opposer au Center Parcs de Roybon
Article déjà paru sur le blog ici :
http://lemurparle.blogspot.fr/2017/06/des-elues-demandent-nicolas-hulot-de.html
Europacity : une lettre ouverte à Nicolas Hulot
Il
s’agit d’un projet pharaonique de parc d’attraction destiné à
attirer 30 millions de visiteurs par an – autant que l’ensemble
des parcs français, associé à ’un centre commercial taille XXL
qui s’ajoutera à l’offre déjà existante en Ile de France.
Construit sur les meilleures terres agricoles de la région, il sera
situé dans un couloir aérien – là même où le Concorde s’est
écrasé en 2000
Alors même que l’argumentaire des promoteurs est basé essentiellement sur la création d’emplois, les conséquences de ce projet ont suscité, en particulier sur le site du débat public consacré à Europacity, une opposition massive et argumentée, tant de la part des collectivités locales, associations et syndicats que de celle des particuliers qui se sont exprimées sur le projet.
Vous
vous demanderez peut-être comment les
associations et syndicats engagés dans l’opposition au projet
peuvent se prononcer contre un projet présenté comme créateur
d’emplois sur la région ?
- Parce que les précédents n’incitent guère à la confiance : nous avons à l’esprit l’exemple d’Eurodisney, qui n’a jamais créé le nombre d’emplois promis et vit financièrement sous perfusion de sa maison-mère. Plus récemment, Aéroville, situé près de l’aéroport de Roissy, n’a tenu ses promesses ni en termes de fréquentation, ni en termes d’emplois créés. Le millénaire à Aubervilliers est lui aussi en grande difficulté.
- Parce que le contexte actuel n’est pas favorable à ce genre d’entreprise : cela s’explique parfaitement bien par le développement des achats en ligne, responsable des taux de croissance faibles de ce secteur : en effet, la fréquentation de ces centres croît de 1% par an alors que ces centres se développent au rythme de 3% par an. Les « marchands » suivent donc une « logique » qui leur est propre, celle de croire qu’on peut développer l’offre sans que la demande suive, ce qui est une hérésie sur le plan économique. Nous avons récemment appris que le secteur de la grande distribution aux Etats-Unis est en grande difficulté, ce qui implique que, comme d’habitude, nous nous décidons à imiter les américains au moment où ceux-ci font le constat que leur modèle « marche » de moins en moins bien.
- Parce que la création d’un centre commercial est synonyme de pertes d’emplois ailleurs : le phénomène a particulièrement touché la ville de Béziers et la chambre de commerce de l’Hérault a évalué que pour un emploi créé en centre commercial, il y en avait trois qui disparaissent ailleurs, notamment dans les commerces de proximité. C’est ainsi qu’on aboutit à une désertification des centres-villes dont souffrent un grand nombre d’agglomérations.
- Parce que bizarrement, ces emplois détruits ne sont jamais pris en compte dans ces promesses de créations d’emploi : il n’y a d’ailleurs aucune étude sur les répercutions d’Europacity sur les emplois dans les départements limitrophes et pour cause : le comité « d’experts » qui a élaboré le projet a été formé par Auchan, sous la présidence de la famille Mulliez. A la question « qui paie ces experts », posée par un des participants au débat public de 2016, il n’a pas été répondu ! On a donc de sérieuses raisons de créditer ces « études » de la même objectivité qu’un rapport de Servier sur les effets secondaires du Médiator !
L’opposition est d’ailleurs révélatrice d’élus de la Seine-Saint-Denis, à une très grande majorité opposés au projet et d’élus du Val d’Oise, en majorité favorables : ceux qui savent avoir tout à y perdre contre ceux qui croient avoir tout à y gagner. Monsieur le Ministre, l’opposition concurrentielle entre territoires ne fait pas une politique d’aménagement du territoire.
- Parce que ce genre d’activité n’a jamais créé que des emplois précaires, peu qualifiés et mal payés à un moment où le déclin industriel de notre pays prend des proportions alarmantes. La CGT soutient un projet de revitalisation de l’ancien site PSA d’Aulnay, basé sur le développement et la localisation dans la zone d’entreprises « start-up » et de sociétés dédiées à la transition énergétique, qui pourrait s’intégrer dans un projet plus vaste d’aménagement d’un triangle de Gonesse entièrement dédié à l’exploitation agricole par des méthodes respectueuses de l’environnement et de la diversité. Un projet de ce type existe : c’est le projet CARMA, contre lequel le maire de Gonesse a mis son véto. Ce serait pourtant la moindre des choses qu’une question qui intéresse tous les franciliens, et même au-delà, ne soit pas décidée par la baronnie locale et, à travers elle, par les lobbies des affaires !
- Parce que les données récemment analysées par Jacqueline Lorthiois, membre du CPTG, confirment le caractère fallacieux et mensonger de ces promesses de création d'emploi.
Une
autre raison d’opposition à ce projet réside dans
l’investissement des deniers publics dans le projet : pour la
modification des infrastructures routières et ferroviaires liées à
Europacity, il a été avancé un budget de un milliard d’euro.
C’est beaucoup pour un projet qui ne répond qu’aux besoins des
nantis qui fréquenteront ce parc privé, lorsque des manques criants
se font sentir ailleurs : justice « en voie de
clochardisation » selon la formule de Médiapart, hôpitaux
publics au bord de la crise de nerfs, manque d’entretien du réseau
ferroviaire, comme en témoigne la catastrophe de Brétigny. C’est
aussi beaucoup quand on sait que la famille Mulliez paie ses impôts
en Belgique, mais sait se souvenir qu’il existe un état français
lorsqu’il s’agit de le mettre à contribution.
Il
y a enfin les raisons qui touchent plus particulièrement votre
ministère de l’environnement : ce projet de bétonnage de
terres agricoles qui comptent parmi les plus riches d’Ile de France
n’est que la partie émergée de l’iceberg. C’est, en France,
10% des terres agricoles qui ont été bétonnées en l’espace de
50 ans. Aujourd’hui, le domaine agricole disparaît au rythme de
60000 hectares par an et, à ce rythme, c’est une surface égale
aux deux départements des Landes et de la Gironde qui auront disparu
en 2050. Ce sont des données à prendre avec le plus grand sérieux
car c’est la famine que nous sommes en train de préparer pour les
générations futures.
Monsieur
le Ministre, vous vous êtes déclaré opposé à la destruction, au
profit d’un aéroport, de la zone humide de Notre-Dame des Landes.
Ce sont les mêmes raisons qui devraient vous pousser à vous opposer
à la bétonisation anarchique qu’incarne Europacity : la
disparition d’une zone humide à proximité d’une grande ville a
une influence défavorable sur son climat. Il est estimé que si
Europacity et les projets qui sont situés dans la proximité
immédiate voient le jour, la température dans la capitale
augmenterait de deux degrés. Ce qui ferait perdre aux parisiens les
bénéfices de la COP21, si toutefois celle-ci était couronnée de
succès.
Le
débat public sur Europacity qui a eu lieu en 2016 a été
révélateur : il a d’abord montré une opposition largement
majoritaire au projet, tant au niveau des particuliers qui y ont
participé qu’à celui des collectivités locales et
associations qui se sont exprimées dans un cahier d’acteur. Malgré
cela, le consortium Immochan-Wanda poursuit son projet comme si de
rien n’était, notamment en allant faire sa propagande dans
certaines écoles. Cette tentative de manipulation de la jeunesse n’a
que peu à voir avec des cours d’éducation civique et nous voulons
ici traduire l’irritation de citoyens qui ne se sentent pas
écoutés, même quand ils disent des choses raisonnables.
Certaines données, évoquées dans le site du débat public, nous disent comment cela se passe dans d’autres capitales : Copenhague a adopté un plan de développement urbain en forme de main, la paume représentant le centre-ville et les doigts les zones de développement ; Berlin et Londres ont des densités de population respectives de 3900 et 5300 habitants par kilomètre carré, contre 21000 à Paris intra-muros. Ce qui manque à cette dernière, ce sont les espaces verts -11% de la superficie contre 40% à Berlin et à Londres. Pour la qualité de vie des habitants d’Ile de France, il serait grand temps de renoncer au schéma de développement haussmannien qui a trop longtemps été le notre.
Dans
le domaine de l’aberration, il y a aussi celle qui pourrait coûter
des vies humaines : Europacity est, en effet, construit dans la
proximité immédiate du site de la catastrophe du Concorde et, pas
très loin, il y a eu le crash du Tupolev. C’est donc dans une zone
de catastrophe aérienne potentielle, encadrée par deux aéroports
et le terrain d’aviation de la FEDEX, qu’est projetée la
concentration humaine des clients d’Europacity. Si par malheur, la
chute d’un avion faisait des victimes, le concepteur et le maire de
Gonesse sont-ils prêts à en endosser la responsabilité morale et
pénale ? Ou bien, n’ont-ils pas envisagé cette éventualité
et diront-ils, comme l’ont fait les édiles de la Faulte-sur-Mer,
« c’est la fatalité » ?
Des
promesses d’emploi fallacieuses, l’implication du contribuable
dans un projet qui ne bénéficiera qu’au concepteur, la
destruction de terres agricoles, une démarche contraire à celle de
la COP21, l’irresponsabilité des décisionnaires, tout cela nous
semble des raisons suffisantes pour manifester une opposition
irréductible au projet.
Et
à vous, monsieur le Ministre de l’environnement ?
Veuillez
croire, monsieur le Ministre, à nos plus respectueuses salutations.
PIERRE
SASSIER – Blog sur Médiapart
Infos du 19 au 25 juin
Mardi
20 juin
►Sivens (Tarn) -
Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du TESTET
Nouvelles Actualités :
18/06/2017
- Communiqué
: Pourquoi l'Etat refuse d'ordonner la remise en état totale de la
zone humide du Testet ?
Pas de petit déjeuner pour l'Andra !
Des
opposant.e.s au projet d'enfouissement de déchets radioactifs CIGEO
à Bure revendiquent l'action de sabotage du mercredi 21 juin 2017 où
ils se sont introduits à l'aube dans l'hôtel restaurant 3 étoiles
de l'Andra.
Les
16 et 18 février 2017, les opposant.es au centre de stockage
radioactif Cigéo revendiquaient la destruction des grilles de
l'écothèque, un projet annexe du laboratoire, censé en verdir
l'apparence. Ce mercredi 21 juin, c'est cette fois l'hôtel-restaurant
trois étoiles, situé à quelques mètres de la future plate forme
de réception et de conditionnement des déchets nucléaires, qui a
été pris pour cible.
Depuis
son implantation à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne il
y a une quinzaine d'années, l'Agence nationale pour la gestion des
déchets radioactifs n'a eu de cesse de s'immiscer méthodiquement
dans les consciences, dans les porte-feuilles des communes, dans les
sorties scolaires, dans les paysages ruraux etc. Le rond-point entre
Saudron et Mandres, qui regroupe le laboratoire, son pôle technique,
les archives d'EDF, l'écothèque et l'hôtel-restaurant, est un bon
exemple de cette omniprésence. Comble de l'envahissement, il devrait
bientôt accueillir une boulangerie, pour qu'enfin plus personne dans
la région ne puisse aller chercher son pain sans avoir affaire à
l'Andra. Mais bizarrement, chacun des projets pour lesquels elle est
prise à partie est présenté comme n'ayant rien à voir avec
Cigéo...
En
attaquant l'écothèque en février, nous affirmions haut et fort
qu'elle n'était pas un musée écologique déconnecté du futur
stockage, mais bien une pièce de l'acceptabilité sociale du projet.
Il en va de même pour l'hôtel-restaurant du Bindeuil, conçu pour
accueillir dans des chambres luxueuses non pas des touristes venus
visiter un cimetière atomique, mais bien des ingénieurs du
nucléaire, des délégations venues visiter le laboratoire, et
pourquoi pas des officiers de gendarmerie. Il ne s'agit nullement
d'un hôtel meusien quelconque, qui aurait été pris pour cible par
pur appétit de destruction : il s'agit du sabotage matériel de l'un
des chevaux de Troie de l'Andra.
Que
cet hôtel appartienne à la commune de Bure montre bien jusqu'où
l'industrie nucléaire est allée pour mouiller jusqu'au cou les
pouvoirs publics locaux dans son plan de conquête. Ce n'est pas
seulement par l'intermédiaire du Groupement d'Intérêt Public (qui
arrose la région en millions d'euros) que les mairies sont tenues,
mais également par des projets économiques comme l'hôtel du
Bindeuil : une manne financière à deux pas du laboratoire,
entièrement dépendante de son activité.
La
semaine de chantiers et d'actions qui se déroule du 19 au 26 juin au
bois Lejus a vocation à pérenniser l'occupation qui bloque depuis un
an maintenant l'avancée de Cigéo. Elle est une tribune pour
dénoncer l'invasion du territoire par l'Andra, et la militarisation
qui l'accompagne. C'est à cette fin que des opposant.es sont allé.e.s
le 20 juin défiler pacifiquement à l'entrée de Mandres, en portant
une banderole « carrefour libéré » : pour dénoncer les contrôles
incessants dont font l'objet opposant.es et habitant.es confondu.e.s,
dénoncer la surveillance policière constante, les fouilles de
véhicules abusives et intrusives, les survols d'hélicoptère etc.
Cette
semaine est aussi l'occasion de réaffirmer la détermination des
opposant.es et de porter un message clair : l'Andra n'est pas la
bienvenue en Meuse, quel que soit le visage sous lequel elle entend
se présenter. En ces temps de débâcle de l'industrie nucléaire,
il semble acquis qu'il n'est pas tenable, pour les entreprises et
pour les collectivités territoriales, de travailler main dans la
main avec elle sans s'exposer au ras-le-bol de celles et ceux dont
l'avis a été bafoué depuis vingt ans.
Il
est vain d'agiter à Bure le spectre des « casseurs », de l'«
ultra-gauche », des « jeunes encagoulés » ou de la mouvance «
anarcho-zadiste ». Ce qui s'agite ici, c'est une colère et une
indignation trop longtemps contenues. Nous voulons que l'Andra parte
et emporte avec elle son laboratoire, son écothèque et son hôtel
trois étoiles. Nous ouvrirons nous-mêmes la boulangerie.
sauvonslaforet
sur Médiapart
Sur le chantier du Lyon-Turin,
seule la facture se creuse
Le
chantier du tunnel Lyon-Turin franchit une nouvelle étape, mercredi
21 juin, avec la présentation de 81 appels d’offres à attribuer
d’ici à 2019. Pourtant, la Cour des comptes lance une nouvelle
alerte sur « la pertinence » qui n'est « toujours
pas établie » du projet. Et les travaux accusent du
retard.
Saint-Martin-la-Porte
(Savoie), envoyé spécial.–
Quatre-vingt-un appels d’offres,
douze chantiers et 20 000 entreprises attendues, pour un coût
estimé à 5,5 milliards d’euros sur cette partie des travaux :
le projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin, avec son
long tunnel ferroviaire en plein cœur des Alpes, continue d’affoler
les calculettes. Ce mercredi 21 juin à Lyon, au siège de la région
Auvergne-Rhône-Alpes, ce projet pharaonique franchira une nouvelle
étape avec la présentation officielle de ces différents marchés
dont l’attribution se fera progressivement d’ici à 2019. Et ce
malgré la nouvelle alerte de la Cour des comptes, dans son dernier
rapport sur le
budget de l’État en 2016, rendu public le 31 mai dernier :
après avoir « relevé l’absence de rentabilité
socio-économique et les incertitudes quant à son coût et son
financement » en 2012, celle-ci constate aujourd’hui « la
montée en puissance de [ce] grand projet très coûteux pour
les finances publiques et dont la pertinence n’est toujours pas
établie », regrettant par ailleurs qu’il n’ait
« toujours pas fait l’objet d’une contre-expertise »
(voir la Note d’analyse de l’exécution budgétaire de la
mission Écologie,
développement et mobilités durables).
Mais
rien ne semble pouvoir arrêter ce projet, contesté des deux côtés
des Alpes depuis sa genèse, il y a plus de 25 ans. Sauf, peut-être,
la réalité opérationnelle du chantier à Saint-Martin-la-Porte
(Savoie) : moins d’un an après leur lancement, les travaux de
la première galerie accusent déjà du retard. Présentée comme une
galerie de reconnaissance de 9 kilomètres, au même gabarit que le
futur tunnel de base, elle doit en réalité s’intégrer ensuite à
l’ouvrage définitif du tunnel ferroviaire qui prévoit de
s’étendre, en deux tubes parallèles, sur 57,5 kilomètres.
Problème, le tunnelier a été bloqué pendant plusieurs mois,
incapable de progresser dans la roche que cette galerie rencontre, à
environ 200 mètres sous terre. Inaugurée en grande pompe le 21
juillet 2016 par Manuel Valls, alors premier ministre, cette
gigantesque machine de 2 400 tonnes a commencé le creusement de
la montagne en septembre 2016, avec un rythme de croisière
attendu de 300 à 400 mètres d’avancée par mois. Mais
sept mois plus tard, fin mars 2017, « Federica » – nom
donné au tunnelier en hommage à l’épouse décédée d’un
ouvrier du chantier – ne se trouvait qu’à un peu plus de
300 mètres de son point de départ, selon les responsables du
chantier. Un ralentissement qui confinerait presque à
l’immobilisation, si l’on en croit les documents officiels
publiés par le promoteur : « Le
chiffre : 308. C’est le nombre de mètres creusés par le
tunnelier “Federica” à la fin décembre 2016 »,
indiquait ainsi la Lettre
d’information n° 5 du
chantier de janvier 2017 (page 3). Entre décembre 2016 et avril
2017, le tunnelier n’aurait donc quasiment pas avancé.
Manuel
Valls lors de l'inauguration du tunnelier du Lyon-Turin, le 22
juillet 2016 (DR)
Pourtant,
le promoteur refuse d’évoquer le moindre arrêt du chantier :
« Il
n’y a jamais eu de phénomène de blocage. On travaille 24/24 h
et 7/7 j, sur ce chantier »,
assure Alain Chabert, directeur général adjoint de TELT (Tunnel
Euralpin Lyon-Turin), le promoteur public. Une version largement
infirmée par différents articles : dès janvier par Le
Monde, qui
évoquait un problème « depuis
trois semaines »,
puis à nouveau par la presse locale, Le
Dauphiné Libéré
relatant que « le
tunnelier “Federica” est à l’arrêt »
dans un article du 16 mars. En février, TELT reconnaissait
lui-même, dans
une vidéo postée sur Twitter, que « le
tunnelier est à l’arrêt parce qu’il a atteint un terrain
géologique trop mou ».
Cette interruption du chantier
est, en effet, justifiée par la rencontre d’une couche géologique
délicate : « Il y a un front houiller, charbonneux et
très humide. Cela fait un terrain pâteux, qui ne se tient pas
bien », explique à Mediapart un géologue de TELT. Dans le
jargon, on appelle cela un phénomène de convergence : les
roches se déforment sous l’effet du creusement et peuvent ainsi
rétrécir le diamètre du trou effectué. « Cela crée des
poussées dissymétriques contre lesquelles il faut lutter. C’est
comme la tomme de Savoie : si vous faites un trou dedans, la
pâte se referme derrière », compare Alain Chabert.
Première
conséquence, la roue de coupe en tête du tunnelier, censée broyer
la roche par son mouvement circulaire, mouline dans le vent. Et
malgré sa force de poussée – 8 888 kilonewtons –
qui en ferait le tunnelier le plus puissant au monde, impossible de
creuser : la machine, longue de plus de 130 mètres, qui charrie
sur son train-suiveur une chambre de survie, la salle des commandes
et un nombre impressionnant de conduits de ventilation, n’évacue
plus de gravats sur son tapis roulant. Au-dehors, les habitants des
villages alentour restent pour l’heure protégés du bal des
camions prévus pour transporter les déblais de ce creusement :
« On nous avait annoncé un camion toutes les deux minutes,
mais on n’en voit aucun pour le moment », fait remarquer
une riveraine.
Seconde
conséquence, les voussoirs – ces morceaux de béton en forme
d’arc assemblés par neuf pour faire un anneau qui constitue la
voûte du tunnel – se trouvent directement fragilisés. Lors
de notre visite sur place, le mardi 28 mars, plusieurs parmi les
derniers posés laissaient entrevoir de grandes fissures, par
lesquelles s’échappent des filets d’eau abondants. L’activité
de la dizaine d’ouvriers alors présents sur le tunnelier
consistait d’ailleurs à poser des cintres métalliques en soutien
sur les voussoirs. Selon Bernard Sosnowski, directeur de l’usine à
voussoirs, 210 anneaux avaient alors été posés, fin mars 2017, sur
les 5 825 attendus. Soit seulement 10 par rapport à la dernière
comptabilité dont faisait état la même lettre d’information, qui
en annonçait 200 en décembre 2016.
La nouvelle ministre des transports familière du dossier
Joint
à la fin du mois d’avril, le promoteur assurait s’être
« totalement
sorti des impacts géologiques qui ont gêné “Federica”,
qui a repris une vitesse de percement normale »,
selon les termes employés par Lysiane Soubeyrand, directrice de la
communication à TELT. Une information que pourrait
confirmer l’accident
survenu jeudi 6 avril, sur le chantier de Saint-Martin-la-Porte.
« C’est
un problème de manque de vigilance d’un conducteur d’engin qui,
en manœuvrant, a écrasé l’un de ses collègues contre la
paroi »,
rapporte l’entreprise, qui parle d’un « accident
sans gravité ».
Selon nos informations, cependant, une enquête serait en cours du
côté de l’inspection du travail de Chambéry, tandis que le
procureur a nommé un juge d’instruction pour accident grave du
travail. Contacté, l’inspecteur du travail chargé de ce dossier,
Hubert Guirimand, a répété qu’il n’était pas autorisé à
s’exprimer : « Nous
ne communiquons pas auprès de la presse sur les accidents du
travail. » Il
n’a toutefois démenti aucune de nos informations.
À
ces incertitudes en matière de sécurité s’ajoute la question du
coût que réveille inévitablement le blocage du chantier. Par la
ratification parlementaire de l’accord franco-italien en janvier,
le coût des travaux de cette section transfrontalière du tunnel est
fixé à 8,3 milliards d’euros. Pour l’heure, car la
facture pourrait
s’élever jusqu’à 9,6 milliards, à terme. L’État
français s’est engagé à prendre à sa charge près de 2,5
milliards d’euros de cette somme globale, mais d’autres sources
de financement restent pour le moment incertaines, à l’image de la
Métropole grenobloise, qui a décidé en février dernier de
conditionner le financement des 227 millions d’euros prévus à la
démonstration de « bénéfices
indiscutables »
pour l’agglomération. Au total, l’ensemble du projet pourrait
coûter au minimum 26 milliards d’euros, selon la Cour des comptes.
Le
retard pris par le chantier pourrait-il alourdir sensiblement le coût
des travaux ? TELT a refusé de nous communiquer son évaluation
financière du coût/jour d’un chantier qui mobilisait 411 emplois
en février 2017. Les informations autour de ce chantier restent
soigneusement filtrées. Lorsque Mediapart a cherché à interroger
le constructeur du tunnelier, NFM Technologies, qui a vendu la
machine pour près de 16 millions d’euros à TELT, un devoir
de silence nous a été opposé : « Notre client ne
nous donne pas contractuellement l’autorisation de nous exprimer
sur ce sujet. Une clause demande de ne pas communiquer. La machine
lui appartenant désormais, c’est TELT qui a aujourd’hui
l’autorité de donner les informations sur le sujet »,
explique l’attachée de communication. À l’extérieur du
chantier, dans la vallée de la Maurienne, c’est l’omerta la plus
totale : « C’est une vallée qui vit très mal sa
désindustrialisation massive. Le mythe de l’emploi y est très
fort. Personne n’ose vraiment raconter ce qu’il s’y passe, de
peur de perdre son travail », analyse Daniel Ibanez,
principal opposant au projet.
C’est
à faire toute la lumière sur ce dossier que la nouvelle ministre
des transports, Élisabeth Borne, devra rapidement s’atteler.
L’ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère
de l’écologie ne débarque pas de nulle part : en 1996, elle
avait été nommée
membre titulaire de la commission intergouvernementale chargée
de préparer la liaison ferroviaire, structure issue du premier
accord passé entre la France et l’Italie au sujet du Lyon-Turin.
L’année suivante, c’est comme conseillère technique chargée
des transports qu’Élisabeth Borne avait rejoint le cabinet du
premier ministre Lionel Jospin, premier chef de gouvernement à
engager
concrètement la France dans ce projet, avec la signature en
janvier 2001 du deuxième
accord transfrontalier, qui prévoyait la naissance du promoteur
public, Lyon-Turin Ferroviaire, devenu TELT en 2015.
Avec
la ministre rattachée à Nicolas Hulot, Emmanuel Macron a donc
choisi une personnalité qui connaît parfaitement le dossier, depuis
ses origines. Un signal fort envoyé aux promoteurs par celui qui a
rappelé son soutien au projet pendant la campagne présidentielle.
Car le temps joue désormais contre les défenseurs du Lyon-Turin :
attendus pour la fin d’année 2018, ces 9 kilomètres ont déjà vu
leur échéance repoussée à 2019. C’est à leur achèvement,
seulement, que la suite des travaux pourra commencer : il en
restera alors 46 autres à construire. Largement de quoi creuser,
toujours un peu plus, l’incroyable facture de ce grand projet.
Barnabé
Binctin - Médiapart
En vidéo, un an d’occupation du bois Lejuc
contre la poubelle nucléaire
À cheval sur
la Meuse et la Haute-Marne, l’Agence nationale pour la gestion des
déchets radioactifs entend construire un centre d’enfouissement
des déchets radioactifs, dit Cigéo. Il y a un an, des militants
antinucléaires investissaient un point stratégique de ce projet, le
bois Lejuc. Reporterre raconte en video cette année d’occupation.
Bois
Lejuc (Meuse), reportage
Le
bois Lejuc, dans la commune meusienne de Mandre-en-Barrois, voisine
de celle de Bure, est une zone stratégique du projet d’enfouissement
des déchets de l’Andra. Au début de l’été 2016, des militants
antinucléaires l’ont occupé, avant d’en être expulsés, puis
d’y revenir au cours d’un
été de grande mobilisation. Entre rebondissements juridiques et
aléas policiers, les « hiboux
de Bure »
vivent toujours dans les arbres.
Dès
le premier jour, les occupants ont construit des cabanes, des
barricades et planté des potagers dans le but de s’installer
durablement dans un lieu devenu depuis le point de ralliement du
mouvement contre la « poubelle nucléaire ».
C’est
une partie de cette année d’occupation que vous raconte
Reporterre,
alors que les « hiboux »
du
bois Lejuc célèbrent, jusqu’au 26 juin, leur premier
anniversaire par un « goûter
interminable »
au cœur du bois (Infos
ici).
VOIR
LA VIDEO : https://www.youtube.com/watch?v=q-nQtpWcEiE
Le parquet requiert un non-lieu :
l’affaire Rémi Fraisse étouffée
Le
procureur de Toulouse requiert un non-lieu pour clore le dossier de
la mort de Rémi Fraisse à Sivens, après que toutes les demandes de
sa famille auprès de la justice ont été rejetées. S'il rend
hommage au jeune homme, le magistrat estime qu'aucune faute pénale
ne peut être retenue contre qui que ce soit. Les juges d'instruction
doivent bientôt rendre leur ordonnance.
L’enterrement judiciaire de l’affaire Rémi Fraisse, ce jeune pacifiste tué à 21 ans par la grenade offensive d’un gendarme mobile, le 26 octobre 2014 à Sivens (Tarn), se précise. Selon des informations obtenues par Mediapart, le procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, a requis un non-lieu pour clore le dossier. Mediapart a pris connaissance de son réquisitoire, un document de 137 pages, signé le 20 juin. Après avoir repris l’ensemble des expertises, la chronologie des faits et les nombreux témoignages du dossier, le procureur a eu des mots apaisants pour la famille Fraisse, en mettant l’accent sur les qualités de Rémi, « un jeune homme totalement intégré, calme, pondéré et pacifique ».
Lire
ci-dessous des extraits du réquisitoire :
Il
s’agit d’une « affaire dramatique », d’un
« enchaînement de faits », d’une « tragédie »,
écrit le magistrat. Mais malgré les nombreux dysfonctionnements
apparus dans la chaîne administrative et militaire dans les heures
qui ont précédé la mort de Rémi Fraisse – dont
l’absence d’autorité civile la nuit des événements et le
manque de clarté des consignes données –, le procureur
conclut qu’aucune faute pénale ne peut être retenue contre qui
que ce soit. Il n’y a, selon lui, ni « violation
manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de
sécurité », ni « faute caractérisée exposant
autrui à un risque d’une particulière gravité ». Il se
prononce donc pour un non-lieu en faveur du gendarme mobile qui avait
lancé la grenade offensive mortelle, actuellement placé sous le
statut de témoin assisté, et de tous les autres protagonistes du
dossier.
Il reviendra maintenant aux
juges d’instruction de Toulouse de se prononcer en rendant une
ordonnance et de suivre ou non les réquisitions du parquet, mais
l’issue du dossier ne fait guère de doute. Aucune mise en examen
n’a été prononcée en près de trois ans d’instruction et la
justice a mis un point d’honneur à ne pas pousser trop loin les
investigations dans cette affaire. La clôture de l’affaire Rémi
Fraisse par un non-lieu est plus que probable.
L’impartialité du tribunal de Toulouse mise en cause
L’ensemble
de cette affaire a été maltraité par les services de l’État.
Pendant 48 heures après la mort du jeune homme, les pouvoirs publics
(préfecture du Tarn, parquet d’Albi, Direction générale de la
gendarmerie nationale, ministère de l’intérieur) feignent
d’abord d’ignorer les circonstances de la mort de Rémi Fraisse
et multiplient des déclarations tendancieuses, alors que les
premières constatations effectuées sur place ne laissent aucun
doute sur le jet d’une grenade offensive vers le jeune manifestant
et l’explosion mortelle de l’engin qui l’a tué à bout
touchant.
Le
29 octobre 2014, soit trois jours après le décès de Rémi Fraisse,
deux juges d’instruction toulousaines, Anissa Oumohand et Élodie
Billot, sont chargées d’une information judiciaire contre X pour
« violences
par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné
la mort sans intention de la donner ».
Mais une fois saisi, le tribunal de grande instance de Toulouse
(compétent pour les affaires militaires) s’illustre par sa volonté
de ne pas se fâcher avec la gendarmerie, la préfectorale ou le
gouvernement Valls. Pourtant, dès les premières heures de
l’enquête, une possible direction est montrée par un
lieutenant-colonel de gendarmerie, qui déclare sur procès-verbal :
« Le
préfet du Tarn nous avait demandé de faire preuve d’une extrême
fermeté »,
comme
le révèle Mediapart le 12 novembre 2014. Les deux juges
d’instruction s’abstiendront de s’engouffrer dans cette voie et
le ministère de l’intérieur se retranchera derrière des démentis
répétés, Bernard Cazeneuve jurant avoir donné des consignes de
prudence.
Pendant
près de trois ans, les avocats de la famille Fraisse ont demandé
aux deux juges d’instruction de remonter la chaîne de
responsabilités. Mais les magistrates ont confié les investigations
à des gendarmes, qui ne bousculent pas trop leurs collègues et
officiers supérieurs (ce qui peut se comprendre), alors qu’ils se
montrent parfois désagréables – voire menaçants – avec
certains témoins. Sans surprise, l’Inspection générale de la
gendarmerie nationale (IGGN) dédouane
ses hommes, qui n’auraient commis aucune faute pendant cette
nuit de violences à Sivens, même si le
tir en cloche d’une grenade offensive n’est pas
réglementaire. L’usage de cette arme de guerre, qui
a déjà tué Vital Michalon en 1977, est tout de même interdit
par Bernard Cazeneuve. Un minimum.
Debout
sur les freins, les juges toulousaines refusent d’organiser une
reconstitution sur les lieux du drame, puis
d’entendre le préfet du Tarn. La partie civile avait sollicité
l’audition de Thierry Gentilhomme, alors préfet du Tarn, ainsi que
la transmission de ses communications écrites avec les gendarmes et
l’exécutif national la nuit du 25 au 26 octobre 2014, en ciblant
Beauvau, Matignon et l’Élysée. Cela aurait permis de retracer
heure par heure les ordres donnés cette nuit-là (dont les consignes
de fermeté évoquées par un officier), ainsi que les informations
dont disposaient les autorités avant et après la mort de Rémi
Fraisse. Quant aux demandes d’actes sur la légalité de l’usage
des grenades offensives, ou le caractère privé des terrains de
Sivens où les forces de l’ordre ont été déployées en masse,
elles sont également rejetées, comme toutes les questions qui
fâchent.
En
revanche, magistrats et gendarmes font preuve d’un zèle étonnant
pour décortiquer
le passé, la vie privée et les relations du jeune Rémi Fraisse,
ce qui heurte profondément ses proches. On ne trouvera, dans ce
volet de l’enquête, que des témoignages
de ses engagements écologiques et citoyens, mais rien à
reprocher à celui qui est – faut-il le rappeler ? – la
victime. Quant aux alertes sur l’extrême tension qui régnait sur
place, notamment les violences exercées par des agriculteurs et par
des membres des forces de l’ordre sur des zadistes, elles figurent
dans le dossier d’instruction, mais sans que les juges n’en
tirent des conséquences particulières sur les responsabilités du
préfet, des officiers de gendarmerie et du ministère de
l’intérieur.
L’État
s’est braqué sur un projet de barrage très controversé pour
montrer sa puissance et il a fait usage d’une force redoutable, de
violence froide, pour défendre un bout de terrain. Certes, cette
nuit-là, à Sivens, des jeunes ont bombardé les forces de l’ordre
avec divers projectiles, mais aucun gendarme mobile n’a été
blessé. Et selon le décompte officiel, le nombre d’engins
tirés par les militaires est impressionnant : plus de 700
grenades en tout genre. À savoir 312 grenades lacrymogènes
MP7, 261 grenades lacrymogènes CM6, 78 grenades explosives
assourdissantes F4, 10 grenades lacrymogènes instantanées GLI, 42
grenades offensives OF, ainsi que 74 balles en caoutchouc LBD 40 mm.
Les grenades offensives OF, les plus dangereuses, sont lancées à la
main, à 10 ou 15 mètres maximum (lire
ici les récits des gendarmes présents sur place).
De
nouveaux témoins se manifestent auprès des enquêteurs pour mettre
en cause le rôle des gendarmes mobiles la nuit du drame, et l’un
d’eux déclare sur procès-verbal que Rémi Fraisse s’avançait
pacifiquement vers les gendarmes, les mains en l’air, quand il a
été tué, comme
le révèle Mediapart le 25 mars 2016.
Dans
un rapport du 1er
décembre 2016, le Défenseur des droits pointe
la responsabilité du préfet du Tarn, dont les ordres n’étaient
pas clairs. Il « constate
le manque de clarté et les incompréhensions entourant les
instructions données aux forces de l’ordre par l’autorité
civile, préfet et commandant du groupement de gendarmerie
départementale, ainsi que les incertitudes sur l’état d’esprit
dans lequel elles devaient assurer leur mission : fermeté ou
apaisement, entre défense de la zone ou riposte ou retrait des
militaires ».
Le
Défenseur des droits note également « qu’en l’absence
de l’autorité civile, à partir de 21 h 30, le choix de
l’adaptation des objectifs et du dispositif à mettre en œuvre,
malgré ce flou, a été laissé à la seule appréciation de la
hiérarchie opérationnelle sur le terrain ». En clair, les
gendarmes ont été placés dans une situation où ils ont fait usage
de la force pour défendre une « zone de vie » qui
ne présentait pas grand intérêt, jusqu’au drame.
Les
juges d’instruction n’en tiennent aucun compte : le préfet
ne sera pas inquiété. Elles ne cherchent pas plus à savoir si le
ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve ou le premier ministre
Manuel Valls, dont plusieurs hommes de confiance sont restés en
poste après son départ de la place Beauvau, ont pu jouer un rôle
dans cette démonstration de force fatale. Il s’agit pourtant du
premier manifestant tué sous un gouvernement socialiste depuis Guy
Mollet. Aucune mise en examen n’a été prononcée et les juges
s’acheminent tranquillement vers une ordonnance de non-lieu. Pour
relancer l’enquête, les avocats de la famille Fraisse déposent
une
plainte pour faux témoignages contre les gendarmes et une autre
pour subornation de témoins, le 18 janvier 2017. Quelques jours plus
tôt, les juges avaient fait savoir qu’elles avaient achevé leurs
investigations.
De
guerre lasse, la partie civile finit par demander le dessaisissement
de la juridiction toulousaine en
mettant en cause son impartialité,
dans une requête en suspicion légitime déposée le 27 mars à la
Cour de cassation. Cette requête a été rejetée sèchement par la
chambre criminelle le 16 mai.
Michel
Deléan - Médiapart
Rémi Fraisse : le procureur veut le non lieu,
mais oublie des éléments décisifs
Article déjà paru sur le blog ici :
http://lemurparle.blogspot.fr/2017/06/remi-fraisse-le-procureur-veut-le-non.html
Vendredi
30
juin
Le procureur du Tarn poursuivi
pour avoir détruit la mémoire de Sivens
Fin mai 2015,
un incendie abîmait la Métairie neuve, centre névralgique de la
Zad de Sivens. Trois jours plus tard, elle était rasée sur l’ordre
des autorités. Pour les membres du Comité Sivens, cette destruction
était illégale à plus d’un chef. Ils ont porté plainte contre Claude
Derens, le procureur d’Albi. Le jugement est attendu ce 30 juin.
Albi
(Tarn), correspondance
Si,
parcourant la forêt de Sivens, vous débouchez sur la petite vallée
du Tescou que longe la minuscule D132, vous n’y trouverez pas
la moindre trace de la
bataille tragique qui s’y est déroulée il y a plus de deux ans.
Sous les chardons et les pousses de saules, seuls les familiers des
lieux ou de la lutte retrouveraient la dalle d’argile réalisée en
vue du barrage où est tombé Rémi Fraisse dans la nuit du
25 octobre 2014. Un an plus tard, pour
commémorer la mort du jeune homme, un groupe d’artistes y
avait érigé une belle sculpture en pierre et roues de charrette en
bois cerclées d’acier de 1,8 tonne et plus de 2 mètres
de haut. Mais, malgré ses dimensions imposantes, le monument a vite
disparu — vraisemblablement évacué par des
riverains « probarrage ».
Manœuvre
décisive dans cette véritable guerre d’effacement livrée par ces
« probarrages » et les pouvoirs locaux : la
destruction de la Métairie neuve, centre névralgique de la Zad
entre 2013 et 2015. Il y a encore deux ans, ce vaste corps de ferme
du XVIIIe, propriété du conseil départemental, comportant maison,
four à pain et dépendances, structurait toute la vallée. Il n’en
reste pas une pierre. Fin mai 2015, quelques semaines après
l’expulsion de la Zad, le bâtiment, dont le plan local d’urbanisme
(PLU) de la commune de Lisle-sur-Tarn interdit formellement la
destruction, a été victime d’un mystérieux incendie volontaire
puis, immédiatement après, rasé
sur ordre des autorités du Tarn.
« L’ex-préfet
du Tarn Thierry Gentilhomme, le président du conseil départemental,
Thierry Carcenac, aujourd’hui sénateur et la maire de
Lisle-sur-Tarn, Marilyn Lherm, sont allés très loin dans
l’illégalité pour détruire la Métairie neuve, résume
Fabienne Egidio, membre du Comité Sivens, un groupe de Tarnais qui
multiplie les actions en justice depuis la démolition du bâtiment.
Cette ferme était le symbole de la lutte, à qui la justice a
finalement donné raison en annulant la déclaration d’utilité
publique du barrage. C’était aussi un rappel tangible d’un crime
policier resté impuni, la mort de Rémi Fraisse. » Plus
concrètement, les commanditaires de la destruction voulaient rendre
toute réoccupation impossible, n’ayant pas — à ce jour —
renoncé à faire construire un barrage.
« On s’est aperçu que le procureur
était lui aussi directement mêlé
à la destruction de la Métairie neuve »
Après
avoir porté plainte de nombreuses fois sans succès contre Thierry
Gentilhomme, Thierry Carcenac et Marilyn Lherm, Fabienne Egidio et
Christiane Savary viennent de porter plainte contre le procureur
d’Albi en personne, Claude Derens, pour « complicité de
destruction de biens en réunion », « entrave à la
justice », « abus d’autorité » et « complicité
de violation d’un règlement d’urbanisme ». « Rien
d’étonnant à ce qu’aucune de nos plaintes n’ait abouti en
deux ans ! s’exclame Christiane. Petit à petit, en
obtenant des dates et des pièces, à mesure de l’avancement des
procédures, on s’est aperçu que le procureur était lui aussi
directement mêlé à la destruction de la Métairie neuve. »
Petit
retour en arrière. Le 6 mars 2015,
les militants antibarrage sont
expulsés manu
militari
de la Métairie neuve. Le 13 mars,
Thierry Carcenac, président du conseil départemental, écrit à la
maire de Lisle-sur-Tarn :
« Monsieur le préfet du Tarn m’a sollicité afin qu’il soit statué de manière urgente sur le sort à réserver aux bâtiments de la “Métairie neuve”, leur destruction apparaissant selon lui comme la seule solution permettant d’empêcher toute réinstallation de personnes sur le site de Sivens.
Je souscrits [sic], au regard de l’impérieuse nécessité de rétablir durablement l’ordre public sur la zone, à la mise en œuvre, dans les délais les plus brefs, de l’opération de démolition sollicitée par le représentant de l’État. »
Problème :
le bâtiment est frappé d’une interdiction de démolir, ce que
savent bien le préfet et Thierry Carcenac, qui ajoute dans la même
lettre : « Il s’avère que cet immeuble a été
inventorié comme bâtiment remarquable de la commune de
Lisle-sur-Tarn, à conserver. Les prescriptions attenantes
mentionnées au plan local d’urbanisme indiquent que la
“démolition du bâtiment est interdite”. ».
« Le lien entre l’incendie et
la démolition est évident »
Heureusement,
les miracles existent. Car c’est un véritable miracle pour les
autorités du Tarn qui se produit, le 28 mai 2015,
à Sivens : la Métairie neuve est incendiée en pleine nuit !
Les pompiers retrouvent sur place des bidons d’essence d’origine
agricole. Le matin même, alors que les bâtiments sont encore
fumants, un agent de Thierry Carcenac contacte la maire de
Lisle-sur-Tarn pour l’informer qu’il souhaite « procéder
rapidement à la destruction de ce bâtiment suite à l’incendie ».
Le 29 mai, l’avocat du département du Tarn envoie un fax et
un courriel au procureur pour s’assurer qu’il donne son aval à
cette destruction. Le 30 mai,
la maire de Lisle-sur-Tarn adresse au préfet et au procureur un
« arrêté
de péril imminent »
ordonnant, pour raisons de sécurité, la destruction des bâtiments
aux frais du propriétaire. L’arrêté comporte trois blancs.
« Cet
arrêté est grossièrement illégal, analyse maître Bernard
Viguié, conseiller juridique des plaignantes. Premièrement, un
arrêté de péril ne vaut jamais permis de démolir pour un bâtiment
protégé par un PLU, encore moins sans expertise. Deuxio, un
procureur ne peut pas raisonnablement avaliser la destruction d’un
bâtiment dans les heures qui suivent un incendie volontaire.
Ensuite, il est impossible à un maire d’ordonner une destruction
aux frais du propriétaire. Quatrièmement, il n’y avait aucun
problème de sécurité : seule la toiture avait été
endommagée par l’incendie, les murs étaient parfaitement
d’aplomb, comme le montrent les photos ; le bâtiment était
en rase campagne dans une zone inhabitée et pour couronner le tout,
la départementale qui y accédait était interdite à la circulation
et surveillée par la police ! En fait, conclut-il, ils
se sont entendus pour habiller une action illégale d’un arrêté
de péril complètement bidon. »
Le
lundi 1er juin 2015, à la première heure, une grande
entreprise albigeoise de travaux publics vient
démolir le bâtiment. « Encore
plus illégal !
s’insurge Bernard Viguié. Il
y a un délai règlementaire de deux mois, pour permettre des recours
au tribunal. D’autre part, l’assemblée du conseil départemental,
propriétaire du bâtiment, est la seule à pouvoir décider du sort
de ses immeubles. Or, elle ne s’est jamais réunie pour en
décider. »
Ce que confirme Philippe Folliot, conseiller départemental qui vient
d’être élu député de la 1re circonscription du Tarn :
« J’ai
appris la destruction de ce bâtiment par la presse. Elle n’a pas
été discutée par le conseil départemental. On nous a dit après
coup que c’était un immeuble menaçant ruine et que le président
avait le pouvoir règlementaire de le faire détruire. »
Une explication qui s’avère totalement fantaisiste.
« Le
lien entre l’incendie et la démolition est évident, commente
Christiane Savary. Contactée soi-disant le vendredi 29 mai,
sans avoir pu voir le moindre document exécutoire en règle, cette
grande entreprise de travaux publics se présente avec ses pelles
mécaniques et tout le matériel dès le lundi matin aux aurores.
Quelle disponibilité ! »
« On a là quatre délits caractérisés,
dont un est passible
de dix ans d’emprisonnement »
Autre
élément troublant, la destruction des scellés de l’incendie
volontaire — bidons d’essence — ordonnée par le procureur le
1er février 2016, avant même que la plainte visant
l’incendie volontaire n’ait été classée, et trois jours après
le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile pour la
destruction de la Métairie neuve contre le préfet du Tarn, Thierry
Carcenac, et la maire de Lisle-sur-Tarn. « Un tel
comportement ne semble pouvoir se justifier que par le fait que les
incendiaires sont connus par certaines personnes mises en cause pour
la destruction totale des bâtiments », soulignent les
plaignantes. « S’il y avait eu le moindre soupçon pesant
sur des militants antibarrage, on aurait au contraire multiplié les
prélèvements, les auditions et les perquisitions… »
« Comment
un procureur peut-il donner son feu vert à la destruction de
bâtiments protégés par la loi 24 h après un incendie
criminel ? demande maître Bernard Viguié. Comment
justifier la destruction de scellés avant le classement d’une
affaire ? Le fait pour un magistrat d’utiliser son pouvoir
pour empêcher l’application des lois et commettre des délits est
particulièrement grave. On a là quatre délits caractérisés, dont
un est passible de dix ans d’emprisonnement. Claude Derens devrait
d’ores et déjà faire l’objet d’une mesure suspensive et ne
plus être autorisé à siéger au tribunal. »
Contactée
par Reporterre, Monique Ollivier, procureure générale de
Toulouse, préfère ne pas commenter la plainte contre le procureur
Derens. Quant à l’arrêté de péril justifiant la destruction de
la Métairie neuve, il a été attaqué par des membres du Comité
Sivens au tribunal administratif, qui rendra son jugement le 30 juin.
Y aura-t-il un juge suffisamment courageux pour transformer un
sénateur, un ancien préfet et un procureur en délinquants ?
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