Yannick Jadot :
l’accord sur Fessenheim
« est une escroquerie »
Le protocole d’accord entre l’État et EDF pour la fermeture de la centrale de Fessenheim est « cynique », « scandaleux » et
mensonger, dénonce le potentiel candidat écologiste à la
présidentielle. Il assure qu’il obtiendra les 500 signatures et rejette
tout ralliement à Benoît Hamon.
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Le conseil d’administration d’EDF a accepté, mardi 24 janvier, le protocole d’indemnisation relatif à la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc nucléaire français. L’État accorde à EDF la somme de 490 millions d’euros en compensation des dépenses entraînées par l’arrêt des deux réacteurs. L’industriel a obtenu en grande partie gain de cause. Par ailleurs, le groupe touchera une part additionnelle jusqu’en 2041.
À peine le communiqué officiel d’EDF publié, Ségolène Royal s’est réjouie d’une « décision équilibrée et progressive », et surtout « dans le calendrier prévu ». Mais pour Yannick Jadot, candidat d’EELV à la présidentielle, toujours en quête des 500 parrainages nécessaires pour déposer sa candidature, le gouvernement « nous enfume ».
Que pensez-vous du protocole d’accord adopté mardi par le conseil d’administration d’EDF, qui « subordonne » l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim à l’avancement du chantier de l’EPR ?
Yannick Jadot : C’est l’effet d’une lecture mensongère de la loi de transition énergétique qu’a déjà développée Ségolène Royal. Elle consiste à considérer que le plafond de puissance nucléaire installée à 63,2 GW serait un objectif permanent de capacité de production. La direction d’EDF reprend cette lecture mensongère qui consiste à lier deux évènements qui n’ont rien à voir ensemble et qui sont complètement incompatibles avec l’objectif de ramener à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité.
Le plus cynique dans la décision du 24 janvier, c’est que pour accepter de discuter de la fermeture de Fessenheim, EDF a mis sur la table tout ce qu’il veut récupérer : le paquet financier, la relance du réacteur de Paluel (Seine-Maritime) à l’arrêt, Flamanville. Sans oublier la garantie par l’État que si les aides publiques à EDF sont retoquées par la Commission européenne, c’est l’État qui paie, alors que normalement, c’est le bénéficiaire qui rembourse. Pour accepter une parodie de fermeture, EDF obtient à peu près tout ce qu’il veut de l’État.
Le report de la décision à 2018 est scandaleux. Une fois de plus, c’est de l’enfumage complet. La seule décision essentielle pour fermer Fessenheim, c’est le décret d’abrogation de l’autorisation d’exploiter. Car pour revenir dessus, il faudrait une nouvelle déclaration d’utilité publique et pour cela, il faudrait que cette centrale réponde aux critères de sûreté d’aujourd’hui et non pas d’il y a 40 ans. Mais ce gouvernement nous a enfumés.
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Le conseil d’administration d’EDF a accepté, mardi 24 janvier, le protocole d’indemnisation relatif à la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne du parc nucléaire français. L’État accorde à EDF la somme de 490 millions d’euros en compensation des dépenses entraînées par l’arrêt des deux réacteurs. L’industriel a obtenu en grande partie gain de cause. Par ailleurs, le groupe touchera une part additionnelle jusqu’en 2041.
À peine le communiqué officiel d’EDF publié, Ségolène Royal s’est réjouie d’une « décision équilibrée et progressive », et surtout « dans le calendrier prévu ». Mais pour Yannick Jadot, candidat d’EELV à la présidentielle, toujours en quête des 500 parrainages nécessaires pour déposer sa candidature, le gouvernement « nous enfume ».
Que pensez-vous du protocole d’accord adopté mardi par le conseil d’administration d’EDF, qui « subordonne » l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim à l’avancement du chantier de l’EPR ?
Yannick Jadot : C’est l’effet d’une lecture mensongère de la loi de transition énergétique qu’a déjà développée Ségolène Royal. Elle consiste à considérer que le plafond de puissance nucléaire installée à 63,2 GW serait un objectif permanent de capacité de production. La direction d’EDF reprend cette lecture mensongère qui consiste à lier deux évènements qui n’ont rien à voir ensemble et qui sont complètement incompatibles avec l’objectif de ramener à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité.
Le plus cynique dans la décision du 24 janvier, c’est que pour accepter de discuter de la fermeture de Fessenheim, EDF a mis sur la table tout ce qu’il veut récupérer : le paquet financier, la relance du réacteur de Paluel (Seine-Maritime) à l’arrêt, Flamanville. Sans oublier la garantie par l’État que si les aides publiques à EDF sont retoquées par la Commission européenne, c’est l’État qui paie, alors que normalement, c’est le bénéficiaire qui rembourse. Pour accepter une parodie de fermeture, EDF obtient à peu près tout ce qu’il veut de l’État.
Le report de la décision à 2018 est scandaleux. Une fois de plus, c’est de l’enfumage complet. La seule décision essentielle pour fermer Fessenheim, c’est le décret d’abrogation de l’autorisation d’exploiter. Car pour revenir dessus, il faudrait une nouvelle déclaration d’utilité publique et pour cela, il faudrait que cette centrale réponde aux critères de sûreté d’aujourd’hui et non pas d’il y a 40 ans. Mais ce gouvernement nous a enfumés.
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L'État accepte d’indemniser EDF à hauteur de 490 millions d’euros et s’engage à des versements jusqu’en 2041. Qu’en pensez-vous ?
Y. J. : Ça nous paraît absolument excessif au regard de l’argent public permanent donné par les contribuables au nucléaire français. Verser de l’argent à EDF jusqu’en 2041, c’est profondément scandaleux : cette centrale n’a jamais été bâtie pour durer 60 ans. C’est plus que fallacieux, c’est de l’escroquerie.
Je suis incapable d’évaluer ce que serait une indemnisation juste de la fermeture de Fessenheim. La collectivité a payé les centrales. Elles sont amorties. Combien cela nous coûte-t-il aujourd’hui, que les coûts réels induits du nucléaire ne soient pas répercutées sur la facture ? Cela permet de dire que l’électricité nucléaire n’est pas chère, alors qu’en réalité EDF s’endette. Et si ce n’est pas le consommateur qui paie, c’est le contribuable.
Selon nos informations, la centrale de Fessenheim est déficitaire. Dans ces conditions, est-il acceptable que l’État accepte de payer presque un demi milliard d’euros pour la fermer ?
Y. J. : Un des deux réacteurs de Fessenheim est à l’arrêt et donc ne rapporte rien. La question derrière ce montant, c’est : quels sont tous les moyens pour récupérer de l’argent ? Car EDF est raide : endetté à hauteur de 40 milliards d’euros, il fait face à 100 milliards d’euros de dépense pour payer le grand carénage et les autres frais liés à la prolongation de la durée de vie des réacteurs. On est dans une illusion complète de rationalité économique. Je regrette que depuis les années que l’on propose des alternatives à Fessenheim, les syndicats et la direction d’EDF aient rejeté tous les plans de conversion, y compris ceux qui créaient sur la région plus d’emplois qu’actuellement.
Que proposez-vous pour accompagner la reconversion des salariés de Fessenheim ?
Y. J. : EDF a besoin de cadres aujourd’hui et a du mal à recruter, car toute une génération de salariés va partir à la retraite. Il n’y aura pas de licenciements causés par les fermetures de réacteurs. Il faudra plutôt embaucher pour conduire la phase de sortie du nucléaire. C’est ce que nous apprend l’analyse de la pyramide des âges de ce groupe.
Je veux qu’on en discute avec les salariés. Je propose de créer des contrats territoriaux de transition écologique. Ils seraient signés entre les entreprises, les salariés, les collectivités, l’État et les associations, autour d’une vision commune de ce que sera l’économie de la région concernée pour les dix ans qui viennent. On a besoin d’accompagner tous les salariés. La transition écologique, dans sa phase de lancement et d’accélération, crée plus d’emplois qu’elle n’en détruit. Il faut organiser des plans de formation et de conversion. Il faut contractualiser la transition écologique. Tant qu’on n'aura pas cela, les salariés continueront à craindre de perdre leur emploi et résisteront jusqu’au bout.
Où en êtes-vous de la collecte de vos signatures ?
Y. J. : On doit être à un peu plus de la moitié. On est sur une bonne trajectoire : entre sept et onze parrainages entrent par jour. Si on reste sur ce rythme-là, on aura les 500 parrainages nécessaires. On les a toujours eus.
Si vous n’avez pas les 500 signatures, rallierez-vous Benoît Hamon ?
Y. J. : Non, j’aurai mes signatures. Je ne me projette pas là-dedans.
Ne craignez-vous pas la division à gauche au premier tour de la présidentielle ?
Y. J. : Jean-Luc Mélenchon n’a jamais rien voulu faire avec les autres. C’est : « Soumettez-vous ou rien. » Benoît Hamon, j’apprécie sa conversion à l’écologie. Elle est récente. Il reprend des éléments que l’on dit depuis longtemps. Tant mieux. Il va être le candidat du PS. Le candidat du PS est pour le revenu universel, pour la fin du nucléaire, contre Notre-Dame-des-Landes ? Le PS qui soutient Fessenheim, Notre-Dame-des-Landes, le diesel, etc. Je ne sais pas ce qu’il va se passer, mais ce que dit Hamon, ce n’est pas le PS. L’idée d’une recomposition politique autour d’un pôle écolo-social, je l’ai toujours portée. Mais pas une alliance avec le Parti socialiste. C’est la mort ! C’est tout ce qu’on a fait ces dernières années et qui a tué l’écologie.
Le PS, c’est le vieux monde. Il est sur une logique totalement productiviste et de bidouilles politiciennes. On est suffisamment tombé dans ce piège ces dernières années pour ne pas le refaire. Je ne ferai pas de la tambouille. Si c’est pour engager une recomposition politique autour d’un pôle écolo-social antiproductiviste, ça m’intéresse. On peut notamment regarder ce que cela signifie pour les législatives. Mais retourner faire un accord avec le PS… On va faire alliance avec Bruno Le Roux, Manuel Valls et tous les autres ? On ne peut plus faire ça.
Cet entretien s'est déroulé le mercredi 25 janvier, en marge de la présentation du scénario negaWatt, à l'espace Reuilly, à Paris. Il a duré une vingtaine de minutes. Nous étions debout, à la sortie de la salle de réunion. À quelques mètres de là, un autre candidat à la présidentielle assistait lui aussi aux exposés, depuis la salle, au milieu des 700 autres spectatrices et spectateurs : Jean-Luc Mélenchon.
Source : https://www.mediapart.fr/journal/france/260117/yannick-jadot-l-accord-sur-fessenheim-est-une-escroquerie?utm_source=20170126_AC&utm_medium=email&utm_campaign=HEBDO&utm_content=&utm_term=&xts=&xtor=EREC-83-%5BHEBDO%5D-20170126_AC&xtloc=&url=
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