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PROJET D'AYRAULT-PORT
DE NOTRE DAME DES LANDES (44)
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Source : ZAD.nadir.org mars 2014
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La véridique et surprenante histoire de la manifestation de Nantes
La manifestation du 22 février à Nantes contre l’aéroport de Notre Dame
des Landes a été un grand succès populaire. Mais les affrontements
avec la police qui l’ont marquée en ont terni l’image.
Que s’est-il exactement passé samedi dernier ?
Reporterre retisse le fil des événements.
La manifestation du samedi 22 février 2014 restera comme une étape
marquante de la longue lutte contre le projet d’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes. Elle a vu se dérouler à Nantes une manifestation
d’une importance jamais vue, en termes de nombre de participants,
mais aussi d’affrontements avec les gendarmes et les CRS.
C’est cette dernière image qu’ont retenu le pouvoir et les médias
dominants. Ce qui a provoqué un véritable brouillage sur ce qui s’est effectivement passé.
Mais compte tenu de l’importance de l’événement, il nous a paru
nécessaire d’en reprendre le récit "à froid“, en complétant ce que nous
avions vu par des témoignages recueillis au téléphone ou sur internet.
Voici donc l’histoire de la manifestation du 22 février à Nantes.
Genèse de la manifestation
Sa gestation remonte à décembre dernier. Durant tout l’automne,
les opposants ont été inquiets, craignant qu’en novembre, le pouvoir
tenterait de ré-occuper la Zad. En décembre, la préfecture a publié
des arrêtés ouvrant selon elle la voie juridique aux travaux
de l’aéroport, et annonçant que « les travaux de construction
de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes [pourraient]
juridiquement commencer à partir de 2014 ». Les opposants ont senti
qu’il fallait investir de nouveau la scène, alors que les promoteurs
du projet avaient repris du poil de la bête.
Des membres de la Zad (Zone à défendre) ont proposé
à la Coordination des opposants l’idée d’une grande manifestation,
à Nantes, en février. Idée rapidement acceptée et
la préparation a commencé. En négociant d’abord sur la façon
dont elle serait envisagée :
« On voulait qualifier la manifestation de ‘familiale et festive’,
dit Dominique Fresneau, de l’Acipa, ces termes ont été rejetés et
on est resté sur les termes de ‘manifestation festive et déterminée’ »
(expression reprise dans le communiqué final des organisateurs).
La préparation par toutes les composantes de la lutte a commencé
de manière efficace. Les réunions de la coordination se déroulaient
dans une très bonne ambiance, - « beaucoup mieux que le cauchemar
qu’avait été la préparation de celle du 24 mars 2012 à Nantes »,
assure une participante.
Toutes les composantes de la coordination étaient conscientes
que des débordements pourraient avoir lieu,
comme il est fréquent dans toute manifestation urbaine,
mais pensaient qu’ils se produiraient à la fin du rassemblement,
vers 18 h, ainsi que cela s’était produit en 2012.
- A la ferme de Bellevue -
Les jours précédant le samedi 22 février, la Zad était tranquille.
Julie Gacon y a fait un reportage le mercredi 19, pour son émission
« Sur la route », diffusée sur France Culture. Ambiance tranquille :
« Il y avait des ateliers de couture dans les greniers à Bellevue,
ils faisaient des masques et se marraient bien, aux Cent Noms,
des gens très sympas, près des Fosses Noires,
il y avait quatre gars qui jouaient de l’accordéon et devant la maison,
deux personnes qui faisaient des banderoles.
Sur les routes,c’était calme, il n’y avait pas beaucoup de voitures garées.
Sur les chicanes de la D 281, les jeunes nous ont parlé librement »,
raconte-t-elle. Isabelle Rimbert, qui y réalisait un reportage pour Reporterre,
dit de son côté : « Il n’y avait pas beaucoup de gens cette semaine,
même à La Chat-Teigne ». Un habitant de la Zad,
Catadi (prénom changé), dit : « A partir de jeudi, il y a eu plus
de monde, comme avant chaque gros événement,
mais c’était plutôt du tourisme militant qu’une organisation ».
- Stage de clowns -
Du côté de la police
La manifestation a aussi été soigneusement préparée
du côté des autorités. Elles savaient qu’il y aurait beaucoup
de participants, grâce à nombre d’enquêtes :
par exemple, la DCRI interrogeait les transporteurs
autocaristes dans les différents départements
pour savoir combien de cars viendraient
(témoignage recueilli par Reporterre en Haute-Loire).
- Patrick Lapouze (à gauche), dans un PC de sécurité -
Lors de la conférence de presse du dimanche 23 février,
le Préfet de Loire-Altantique, Christian de Lavernée,
a indiqué :
« La police se préparait aux événements.
Il fallait bien un millier d’hommes, et des moyens spécialisés ;
pour la première fois à Nantes, on a eu des lanceurs d’eau ».
- Des fourgons de CRS vendredi 21, au bord de la Loire -
Le casse-tête du parcours
Dans l’esprit des organisateurs, le parcours
de la manifestation devait emprunter,
comme de coutume, un grand boulevard de Nantes,
appelé le cours des Cinquante Otages.
« C’est le lieu traditionnel des manifestations à Nantes »,
dit Nicolas de La Casinière, journaliste à Nantes et
collaborateur de Reporterre.
La manifestation serait partie de la place de la Préfecture,
aurait emprunté le cours des Cinquante Otages,
et aurait tourné sur le cours Franklin Roosevelt
pour rejoindre le square Daviais et
la place de la Petite Hollande,
située là où est écrit "Musée de l’imprimerie"
sur le plan ci-dessous (on vous proposera un
schéma plus clair dimanche, mais là, on a un souci logistique ☺).
Tout était pensé dans cette optique. Sauf que, patatras ! Deux jours avant la manifestation, la préfecture annonce que le centre-ville sera interdit, et qu’on ne pourra pas emprunter le cours des Cinquante Otages. "Considérant que plusieurs milliers de personnes sont attendues dans le cadre de cette manifestation, indique l’arrêté préfectoral, que la présence de groupes violents a été observée dans des manifestations de ce type par le passé, à Nantes, et qu’ils ont causé dans des circonstances comparables de sérieux troubles à l’ordre public (…), tout type de manifestations ou attroupements est interdit le samedi 22 février 2014" dans une liste de rues du centre, dont le fameux cours des Cinquante Otages.
La nouvelle inattendue déstabilise les organisateurs : « C’est comme si à Paris, le trajet République-Bastille était interdit », indique Pandolphe (prénom changé), un zadiste. Dominique Fresneau explique : « Normalement, à Nantes, il n’y a pas de demande d’autorisation, on donne le parcours, et dans 99 % des cas, ce n’est pas contesté ».
Au demeurant, observe Nicolas de La Casinière, « s’il fallait protéger le centre ville, pourquoi passer par la rue de Strasbourg, où se trouve l’agence Vinci et l’hôtel de Ville ? La préfecture aurait pu faire passer rue de Sully, une rue plus à l’est ».
Dans le schéma proposé par la préfecture, la manifestation serait passée par la rue de Strasbourg, puis par le cours Estienne d’Orves avant de rejoindre la place de la Petite Hollande. Un tracé bien court pour un rassemblement qui s’annonçait très fourni. Les gens risquaient de piétiner. Alors, dit Dominique Fresneau, « on a pris la décision vendredi soir, au dernier moment, de la rallonger : la manifestation serait trop longue, on manquait de longueur de parcours pour tout le monde. La décision a été définitivement arrêtée à 12h30 le samedi de passer par le sud, par l’ïle Beaulieu ».
Début de la manifestation
Toujours est-il qu’il faut s’adapter. Dès le matin du samedi, les paysans sont mobilisés : « Les convois de tracteurs ont commencé à partir dès 8 h, du Morbihan, de Rennes, de Maine-et-Loire, dit Dominique Guitton, du Copain 44, le collectif des paysans opposés à l’aéroport. On avait rendez-vous à midi aux entrées du périphérique de Nantes, et après on a convergé square Daviais. On a compté 520 tracteurs, sachant que quelques-uns sont arrivés après ». Un chiffre record, et qui surprend : on en espérait 300, dira le représentant du Copain lors de conférence de presse des opposants, le jeudi 27 février (à 23’15’’).
Les tracteurs vont se disposer aux endroits prévus : ils ne vont pas suivre le parcours de la manifestation, mais se garer aux abords de la place de la Petite Hollande. Ceux du convoi venu de Chateaubriant, Ancenis et Nort-sur-Erdre vont cours Franklin Roosevelt, où ils sont installés vers 14 h.
Du côté de la place de la Préfecture, la foule commence à s’accumuler. Beaucoup de gens, de couleurs, de drapeaux, de déguisements, de familles avec enfants, de musiciens, de distributeurs de tracts divers. Des jeunes gens à capuche, aussi, avec sacs à dos, parfois masqués, mais on n’y fait pas trop attention. Le défilé commence, il est festif, joyeux, bruyant (on vous l’a raconté par ailleurs et en photos).
La tête du cortège avance vite : il s’y trouve Sylvain Fresneau, paysan installé sur la zone, Julien Durand, un porte-parole de l’Acipa, José Bové. Elle longe le CHU (Centre hospitalier universitaire) et passe dans l’île Beaulieu, selon le trajet décidé, on l’a vu, au dernier moment. C’est là que, personnellement, je me trouve.
Mais pendant ce temps, à l’arrière, ça patine. Il y a encore beaucoup de monde place de la préfecture, qui attend de pouvoir avancer. Parce que rue de Strasbourg, on avance lentement. Certes, c’est « une manif hyper joyeuse, les gens se parlaient beaucoup », dit Adrien, venu de Bayonne. Le cortège est animé par l’« Eglise de la sainte consommation », des batucadas, des fanfares, la Brigade des activistes clowns. Des manifestants crient des slogans et collent des affiches sur les murs. L’agence Vinci, qui se trouve sur le trajet, est mise à sac par un groupe déterminé, diverses banques sont taguées, l’hôtel de ville est peinturluré (il paraît que c’est une sorte de coutume durant les manifestations nantaises). Tout ceci ralentit la marche.
Et c’est là que les choses se compliquent, parce que l’action se déroule sur plusieurs lieux à la fois. Devant, donc, le cortège, qui avance sans souci. A l’arrière, rue de Strasbourg, un lent écoulement, lui aussi joyeux mais perturbé par les diverses dégradations. Pendant ce temps, la tension commence à monter au débouché du cours des Cinquante otages, où la police installe un mur de plexiglas dans le prolongement du Cours Franklin Roosevelt.
Vers 14h15, raconte Michel, un paysan venu avec son tracteur dans le groupe de Chateaubriant-Ancenis-Nort-sur-Erdre, « on a vu les gardes mobiles qui prenaient position sur le cours des Cinquante Otages, avec le canon à eau, et qui montaient leur mur. Ca nous a choqué, ça voulait dire que les gens ne pouvaient plus nous rejoindre ». En effet, le centre ville restait accessible aux promeneurs : des gens marchaient donc cours des Cinquante Otages et rejoignaient le cours Franklin Roosevelt. Circulation interdite, donc, par le mur érigé par la police.
Michel reprend : « On a pris la décision de mettre nos tracteurs au ras de ce mur. Notre intention n’était pas de pousser les gardes, mais d’être là ».
- Les tracteurs contre la grille du Cours des Otages -
Michel : « Des gens ont commencé à s’agglutiner, à taper sur le mur, ils ne savaient plus où passer ».
Tout se joue dans cette demi-heure. Car ces gens qui s’agglutinent, une partie vient du deuxième membre de la manifestation, le plus gros, qui a décroché des quelques milliers de personnes qui sont dans la tête. Arrivés au croisement du bas du cours Olivier de Clisson (prolongeant le cours des Cinquante Otages au sud du cours Franklin Roosevelt), des gens ont vraisemblablement commencé à tourner vers le Cours des 50 Otages, lieu traditionnel des manifestations, et en l’absence d’organisateurs indiquant le bon chemin.
De plus, dans le même intervalle de temps, des actions plus agressives commencent à se produire : au débouché de la rue de Strasbourg, une foreuse installée sur un chantier, square Mercoeur, est incendiée.
Derrière, au débouché de la rue de Strasbourg, Adrien raconte : « On débouche sur la foreuse en feu, c’était impressionnant. On se rend compte qu’on était dans le cœur du groupe de ceux qui taguaient et cassaient un peu, derrière la remorque du triton, une dizaine de types avec des capuches et des foulards, en dégaine de combat, ils ne parlaient pas alors que tout le monde se parlait ». Des types balancent des ficelles lestées sur les caténaires de la ligne de tram, qui passe là, pour la détériorer.
A peu près au même moment, un autre groupe s’attaque posément au commissariat situé au coin du boulevard Clisson et du quai de Turenne : tagage et incendie bien décrit par le reportage de Rennes TV (autour de 9’50’’) – on entend même une femme crier, « Arrêtez, s’il vous plait ».
Du côté du mur, le tapage continue : « Une partie des manifestants se colle contre les grilles anti-émeutes et se met à taper dessus sans excès, nous indique un témoin dans un courriel. Ca dure peut-être dix quinze minutes, de ce que j’en vois, et derrière tout cela, la manifestation continue à défiler en prenant le cours Roosevelt pour la Petite Hollande. Seulement voilà, quelques oeufs de peinture sont lancés sur les policiers et quelqu’un leur étale de la peinture noire sur la visière... La patience infinie des forces de police prend fin et les premières grenades sont lancées sur les manifestants un peu avant quinze heures. Le canon à eau est mis en marche dans les trois minutes qui suivent. »
Ce que voit Michel : « Il était vers 15 h, nos tracteurs étaient toujours là, les gens tapaient de plus en plus, des jeunes ont balancé des canettes sur les policiers, ça a servi de prétexte, des grenades lacrymogènes ont été tirées, et là, c’est parti ».
Autre témoignage, de C. : « Ca a dégénéré quand un flic a reçu un pot de peinture, il a répondu par un jet de gaz, les opposants n’attendaient que ça, c’est parti ».
« Entre 14 h 30 et 15 h, tout est parti en même temps, dit une journaliste nantaise : la foreuse brûle, le commissariat est attaqué, et les premières lacrymogènes explosent ».
- Etat du commissariat à 14 h 55 -
« Les policiers ont réagi tout de suite, poursuit Michel, ils avaient tout fait pour déclencher l’émeute en faisant monter la pression. On a retiré les tracteurs tout de suite, sous les lacrymos, une vitre d’une cabine a été brisée, un tracteur est resté parce qu’il n’y avait plus la clé, il a fallu le tirer avec un câble, sous les lacrymos et les projectiles ».
- Le mur et le dernier tracteur -
La bagarre a-t-elle été délibérément provoquée par des radicaux organisés ? « Au départ, dit Michel, ce n’était pas des gens organisés. Après, oui, les groupes organisés sont arrivés. »
Plus au sud, il y a aussi des affrontements au niveau du CHU. Barnabé Binctin, autre journaliste de Reporterre, qui se trouve à ce carrefour, envoie à 15 h 05 un texto : « On a été gazés ». Au rond-point du CHU, explique-t-il, la manifestation était paralysée, bloquée, tout le monde était focalisé sur ce qui se passait du côté du cours des Cinquante otages. Après, ça a chauffé également près du CHU, et il y a eu une barricade rue Kervegan.
Le flot des manifestants continue à arriver. Toute l’attention est maintenant attirée par les échauffourées, mais le Cours Olivier de Clisson est encore accessible, et c’est la voie qu’emprunte la majorité des gens. Les organisateurs n’ont pas prévu de service d’ordre pour indiquer une autre voie. « Depuis le cours d’Estienne d’Orves, les gens tournaient à droite vers le cours des Otages et s’entassaient sur le barrage des gendarmes, raconte Geneviève Coiffard-Grosdoy, membre de la Coordination. Normalement, ils auraient dû tourner à gauche sur le cours Frankin Roosevelt. On était quelques-uns à dire aux gens de circuler, mais on n’avait pas de mégaphone, ça n’avançait pas ».
Les affrontements deviennent de plus en plus vifs, des jeunes jettent des projectiles vers le mur des CRS, qui répliquent au canon à eau et en noyant le vaste carrefour où se croise cours des Cinquante Otages et cours Franklin Roosevelt sous les gaz lacrymogènes. Les gens commencent à être perdus. « On était bloqué, on n’avait pas vu les barrières s’installer, il y avait des familles, des enfants, plein d’enfants », dit Mira, venue de Limoges avec son mari et leur fille de trois ans. « On avait le sentiment d’être cernés, l’impression que la police provoquait, on est partis vers la Loire ».
Certains sont parvenus à passer par le cours Franklin Roosevelt (qui reste accessible, malgré les gaz lacrymogènes) vers la place de la Petite Hollande, d’autres atteignent celle-ci par le boulevard Etienne Philippot, le premier bloc de la manifestation revient quant à lui de l’île par un pont à l’ouest. La place de la Petite Hollande est pleine de monde, les prises de parole se succèdent sur le petit podium, pendant qu’à quelques centaines de mètres, projectiles divers s’échangent avec des grenades lacrymogènes ou assourdissantes.
Là, il y a deux façons de voir les choses. Celles qu’ont montré les nombreuses photographies, qui donnent une ambiance d’émeute – réelle au demeurant.
Mais sur tout le cours Franklin Roosevelt, il y a des centaines de personnes, peut-être des milliers, qui regardent ce qui se passe, par curiosité et avec une certaine empathie. Au milieu des badauds où se trouvent encore quelques clowns ou musiciens, les émeutiers refluent selon la direction des tirs de grenades avant de repartir vers le mur policier où se focalise l’affrontement.
Fin de la manifestation
Mais autour de 16h45, la foule reflue du cours Franklin Roosevelt vers la place de la Petite Hollande, alors que les tracteurs ont commencé à partir. Les camions de gendarmes se mettent en ligne et vont commencer à parcourir le cours, repoussant les gens, émeutiers et manifestants mêlés, à coups de grenades lacrymogènes. Sur la place de la Bourse, les terrasses de café sont pleines – à côté d’une agence SNCF largement taguée et peinturlurée. La police arrive, les gaz font partir tout le monde. Il est 18 h 30. Scène étrange, rue Jean-Jacques Rousseau, qui mène vers le centre ville où, rappelons-le, l’activité commerciale d’un samedi après-midi continue. Des groupes de gendarmes ont été placés ici et là. Dans la rue, quatre gendarmes sont isolés. Une centaine de gens se trouve autour d’eux, autant de badauds que de jeunes qui, quelques minutes avant, criaient contre les gendarmes en contrebas, sur la place. La discussion se poursuit avec le gradé, sans agressivité.
Dix minutes plus tard, on peut revenir sur le cours Franklin Roosevelt : il est dégagé, tout est presque tranquille. Le magasin Nouvelles Frontières n’a plus de vitrines, les pompiers arrosent la cabine de la société de transports en commun TAN qui a été détruite. Par terre, square Fleuriot de l’Angle, où étaient disposés d’autres gendarmes, gisent un très grand nombre de pavés.
Pendant ce temps, sur la place de la Petite Hollande, CRS et gendarmes évacuent la place où se trouvent encore quelques centaines de personnes. Les méthodes sont là beaucoup plus violentes que jusqu’alors, et des flash-balls à tir tendu sont utilisés, alors qu’il n’y a pas de menace, comme en attestent les nombreuses video montrant cet épisode.
Un jeune homme, Quentin Torselli est éborgné par un flash-ball (lire son récit).
Fin de la manifestation, avant 20 h.
Le bilan des blessés et les dégâts
En ce qui concerne les blessés, voilà un des témoignages de l’équipe médicale mise en place par la Zad : "Comme equipe medic, on a vu une cinquante de blesses, dont 13 blessures au visage par flashball : 4 hématomes a lʼœil, 2 arcades ouvertes, hémorragies faciale, saignement a lʼoreille, fracture d nez, plusieurs blessures a la crane. Aussi plusieurs impactes de flashball au thorax, jambes, un doigt cassé. Aussi 2 personnes avec des brulures par gaz poivrée, 3 désorienté par grenades assourdissante et des impact des battons. Au moins 4 pris en charge par les pompiers. + le journaliste de Rennes Tv par éclats de grenade dans les jambes)".
Du côté des policiers et gendarmes, un premier bilan dimanche matin est donné par Patrick Lapouze lors de la conférence de presse à la préfecture : « Il y a eu dix blessés chez les gendarmes. Blessés, cela veut dire qu’ils sont passés à l’hôpital. Il n’y a pas eu de blessure grave ».
En ce qui concerne les dégâts matériels, « Nantes n’a pas été saccagée, contrairement à ce qui a été dit », a indiqué M. Lapouze sur Télé Nantes.
Un recensement a été fait par Duclock. Ce qui donne : une dizaine de vitrines brisées (Nantes Tourisme, SNCF, Vinci, bar le Chat Noir, FRAM) ; deux cabanons de la TAN incendiés ; incendie d’une foreuse d’un chantier ; mobilier urbain (vitres abris tram/bus et panneaux publicitaires détruits), pavés arrachés à certains endroits entre les rails du tram sur la place du commerce et sur une portion de 3 mètres sur 5 dans la rue Kervégan.
L’interprétation officielle de l’événement
Et dès le soir, les images tournent en boucle sur les télévisions - sur le mode "émeutes et saccage à Nantes" -, tandis que sur Internet, c’est le même message qui est repris par tous les sites d’information de presse.
Le lendemain, en conférence de presse, le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, pousse le raisonnement : « Il y a un rapport entre ce qui s’est passé à Nantes et ce qui se prépare sur la Zad. Le combat de Nantes est une répétition de ce qui se passerait sur la Zad. L’opposition institutionnelle doit prendre position sur le squat ».
Patrick Lapouze précise : « Tous les gens que j’ai vu participer aux violences samedi dans Nantes sont des gens qui correspondent aux différents profils que l’on retrouve sur la zad quand les pouvoirs publics ou les porteurs du projet y vont. Des gens qui ont un profil bon enfant type clown, des gens masqués et casqués, tout ce spectre de l’ultra-gauche est présent. Ce que vous avez à Nantes, c’est ce qui se passe sur la Zad ".
Le raisonnement est clair : la guerilla urbaine a été organisée par des black-blocs. Ceux-ci émanent de la Zad. Il faut évacuer la Zad.
Et dès le 26 février, le président du conseil régional des Pays de Loire, Jacques Auxiette, demande à François Hollande l’évacuation de la Zad
Un dérapage qui arrange si bien le pouvoir
Le scénario est si limpide qu’une question se pose : toute l’affaire n’a-t-elle pas été arrangée pour faciliter des violences qui auront un si bel impact médiatique et permettra de présenter les opposants à l’aéroport comme de dangereux agitateurs ?
C’est la version qui est proposée de façon argumentée par Françoise Verchère, conseillère générale (PG) de Loire-Atlantique et présidente du CeDPA (Collectif des élus doutant de la pertinence de l’aéroport), dans une lettre à Manuel Valls.
Plusieurs éléments confortent ce point de vue : l’interdiction exceptionnelle du cours des Cinquante Otages, quelques jours avant la manifestation, alors que c’est le parcours habituel des manifestations nantaises, a déstabilisé le plan des organisateurs ; comme l’observe Tristan Vebens, « la longueur d’un parcours est fonction de l’affluence estimée à l’avance » ; or, l’on savait qu’il y aurait beaucoup de monde. « Il s’agit donc bien d’un choix délibéré de cantonner une grosse manifestation sur un petit parcours amenant le début du défilé à piétiner, très tôt, à la fin du parcours, devant les grilles qui barraient le cours des Cinquante otages. » le positionnement des CRS cours des Cinquante Otages, au contact direct de la foule, prédisposait à l’affrontement. Une barrière en retrait de quelques dizaines de mètres aurait moins facilité les attaques ; alors que toutes les voitures avaient été enlevées sur le parcours, la foreuse et des engins de chantier sont restés en place, comme autant de cibles, tandis que le magasin Vinci ou le commissariat étaient laissés sans protection ; on ne peut exclure non plus que des policiers en civil aient joué la provocation. En atteste par exemple une scène filmée lors des affrontements par l’Agence Info Libre :
A 11’14’’, on voit un homme, habillé en noir et muni d’un masque à gaz sous capuche, dire "Affirmatif, affirmatif" dans ce qui parait être son micro. Un langage qui parait plus militaire qu’anarchiste.
Il n’en reste pas moins que divers groupes de manifestants étaient organisés pour provoquer de la casse et se confronter aux forces de police.
Dans la même vidéo - et comme par ailleurs nous avons pu le voir, ainsi que d’autres témoins -, on observe des personnes très bien équipées de masque à gaz (par exemple à 8’05’’), de sacs à dos, d’autres qui utilisent un appareil à tirer des fusées d’artifice (à 14’06’’), des extincteurs remplis de peinture. Une journaliste nous dit avoir vu des gens ainsi habillés pousser une file de caddies pleins dissimulés sous une toile. « Il y avait des groupes hyper organisés, habillés en noir avec des sacs à dos, on en a vu certains retirer leurs vêtements pour les mettre au feu », dit à Mediapart Caroline de Benedetti, présente dans le cortège et qui s’occupe du magazine L’Indic.
Par ailleurs, plusieurs actions semblaient bien préparées, comme les attaques du commissariat et de Vinci ou l’incendie de la foreuse.
Avec une volonté d’en découdre ? Oui, incontestablement, avec billes d’acier et fusées d’artifice ou de détresse, extincteurs chargés de peinture, qui ne trainent pas par terre comme des pavés.
« Tout le monde n’attendait que ça, les combattants comme les flics », résume Adrien.
Venus de la Zad, comme veulent le faire croire les autorités ? « On n’a pas lancé l’émeute, dit Pandolphe, on n’en a pas la volonté, ni les moyens. Les gens du Collectif de Paris nous ont dit qu’ils sont habitués à ce que les gens viennent dans les manifestations exprimer leur rage. Mais on ne veut pas se désolidariser de ce qui s’est passé ».
En fait, la situation n’est pas propre à Notre Dame des Landes : depuis plusieurs années, un assez grand nombre de personnes, que l’on pourrait qualifier de radicaux, anarcho-autonomes, anticapitalistes, participent à diverses actions ou manifestations dans un esprit de confrontation avec la police. Sans doute se concertent-ils au travers d’instrument aussi diaboliquement dangereux que les messageries internet et les téléphones portables. C’est un choix politique que l’on peut contester, mais qui résonne incontestablement chez nombre de jeunes et moins jeunes, qui se sentent écrasés par un système social et politique hautement contestable. Il n’y a pas tant besoin de chercher des Blacks-blocs ou autre fantasme d’organisation secrète que de constater que la société actuelle et des projets comme celui de l’aéroport de Notre Dame des Landes ne suscitent pas un franc sentiment d’adhésion chez la jeunesse.
« Des gens ont profité de cette manifestation pour s’exprimer comme ça, dit Dominique Fresneau, de l’Acipa. Ce n’était pas le deal de départ ».
Au demeurant, d’autres colères s’expriment en France, qui ne semblent pas susciter tant d’inquiétude chez les autorités, comme avec les Bonnets rouges il y a quelques mois, qui ont saccagé allègrement des dizaines de portiques d’écotaxe.
Un rendez-vous s’était donné à Nantes. Le pouvoir en était bien informé. Il n’a pas cherché à le désamorcer, mais à le mettre en scène médiatiquement.
Ce qu’il reste
Les opposants ont perdu la bataille de la communication : « Il y avait intention de laisser les troubles s’installer, avec un visuel, les médias qui jouent le sensationnel, dit Nicolas de La Casinière. C’était délibéré de la part du préfet et ça a bien marché. Il y a eu fabrication d’une image frappant l’opinion, préparant la violence qui se déploierait sur la Zad ». Pandolphe confirme : « En communication, ils nous ont défoncé la gueule ». Vu de loin, depuis Marseille, un militant estime : « Ce qu’on a vu discrédite le mouvement ».
Mais l’opposition à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a montré sa force. 520 tracteurs, c’était du jamais vu, qui a étonné les organisateurs eux-mêmes. Et alors que la préfecture avait compté 12 000 manifestants lors de la manifestation de réoccupation à Notre-Dame-des-Landes (là où les opposants en avaient vu 40 000), elle a annoncé 20 000 manifestants pour samedi 22 février (les opposants disent 50 000). La mobilisation ne faiblit pas, bien au contraire.
Les autorités voulaient, de nouveau, diviser le mouvement, entre gentils « institutionnels » et méchants zadistes. C’est raté. Dès samedi soir, un communiqué commun manifestait l’union, confirmée dans les jours qui ont suivi. Le mouvement se réunifie sur la thèse de la provocation policière. Laissant de côté les divergences qui existent sur l’utilité du recours à la violence. Des explications auront lieu. La relation entre zadistes et autres a toujours été tumultueuse. Mais elle devrait rester solide. « L’important est de rester unis », dit Dominique Guitton.
Ce récit ne prétend pas être exhaustif. N’hésitez pas à aider à l’améliorer, et à le corriger si nécessaire, en écrivant à planete (arobase) reporterre.net
Hervé Kempf - Reporterre
Infos de la semaine du 3 au 9 mars
Lundi 3 mars
Sondage IFOP pour Agir pour l’environnement (sur 1011 personnes ! ) :
Mercredi 5 mars
Lettre de l'Acipa
Les nouvelles de Quentin Torselli (oeil gauche perdu pendant la manif à Nantes)
La santé : L’opération d’hier s’est bien passée. Les multiples fractures ont été soignées, tout doit se consolider maintenant. C’est très douloureux pour l’instant.
Soins infirmiers 3 fois par jour pendant 15 jours pour l’œil.
ITT jusqu’au 4 avril pour l’instant.
Le moral : sans commentaire pour l’instant.
La justice : Quentin a déposé plainte le 27 février dernier.
Les témoignages :
Quentin n’a pas été le seul blessé. Ils sont nombreux parmi les manifestants pacifiques et les badauds. Les plaintes affluent.
- voici ce que raconte une jeune fille qui était aux côtés de Quentin :
« Le 22 février 2014 à Nantes, aux alentours de 18h00. Entre la rue Felix Eboué et l’allée de l’Ile Gloriette.
Nous étions en train de reculer face aux forces de l’ordre (à une cinquantaine de mètres) quand j’ai vu Quentin à terre. Quatre, cinq personnes, dont moi, ont accouru vers lui pour lui porter secours.
Quentin était touché à l’œil, conscient mais incapable de marcher ni même de se lever. (Quentin avait le visage découvert).
Ensemble, nous l’avons porté pour le mettre à l’abri, plus loin. Les CRS continuaient d’avancer vers nous, ils se sont approchés très vite. Des lacrymogènes continuaient à être lancés tout près de Quentin. Il nous a donc fallu l’éloigner à nouveau. Nous l’avons alors amené dans une rue perpendiculaire, beaucoup plus calme, rue Deurbroucq où, jusqu’alors, aucun manifestant ne se trouvait. Pensant avoir trouvé un endroit calme, nous le reposons au sol. A ce moment, l’un d’entre nous a appelé les pompiers.
Cependant, et contre toute attente, un rang de CRS et un camion anti-émeute, nous ont suivi. Ils arrivaient donc à nouveau dans notre direction. Les mains couvertes du sang de Quentin, je me suis alors avancée vers eux, doucement, le visage découvert et les mains en l’air pour leur faire signe d’arrêter. J’étais à quelques mètres d’eux et ils me voyaient. Ils ont visé le canon à eau sur moi et ont tiré.
Pendant ce temps, le reste du groupe avait à nouveau déplacé Quentin, cette fois-ci jusque dans un parking souterrain ouvert. Nous restons auprès de lui un long moment en essayant de le rassurer. C’est à ce moment que j’ai pris conscience de la gravité de sa blessure.
Un camion pompier arrive Quai de Tourville. Nous remontons Quentin dans la rue.
Les pompiers ne sortent pas immédiatement de leur camion. Ils demandent à tout le monde de se disperser.
Comme je tenais Quentin dans mes bras, je suis la seule à rester avec lui, au milieu de la rue. J’ai alors gardé Quentin dans mes bras un temps qui me semble être une éternité. Les pompiers ont mis beaucoup de temps à intervenir. Le brancard ne semblait pas être disponible. Ils semblaient aussi avoir peur de nous. Les pompiers se collaient à moi et à Quentin pour se protéger d’une « éventuelle » agression…
Enfin, ils ont amené une couverture de survie, enfin ils ont sorti un brancard, enfin ils l’ont emmené. »
pour terminer : encore et encore merci à vous tous, ça nous fait du bien de vous sentir près de nous. Le combat ne fait que commencer, nous voulons que les choses soient dites, soient sues. N’hésitez donc pas à transmettre ce mail.
Bien amicalement,
Famille Torselli
Vendredi 7 mars
Notre-Dame-des-Landes : Jean-Marc Ayrault rejette la paternité du projet d'aéroport sur Lionel Jospin et l’écologiste Dominique Voynet
Notre-Dame-des-Landes est un sujet de fortes divisions entre les socialistes et les écologistes. Y compris au sein du gouvernement entre Jean-Marc Ayrault, Premier ministre et ancien maire de Nantes, et Cécile Duflot, sa ministre du Logement et ancienne patronne des Verts.
Invité de la matinale de BFM TV, jeudi 6 mars, Jean-Marc Ayrault, interrogé sur ce projet controversé d’aéroport dans la région nantaise qu’il connait bien, se dédouane et rejette la paternité du projet sur le gouvernement Jospin. Et sur sa ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement de l’époque… l’écologiste Dominique Voynet.
"Vous savez de quand date ce projet ?" interroge le Premier ministre, qui poursuit :
Il date du gouvernement de Lionel Jospin. Et à l’époque le ministre de l’Aménagement du territoire, c’était Dominique Voynet. Ecologiste.
Et Jean-Marc Ayrault, ex maire de Nantes directement concerné par ce projet, de développer, tout en assurant que "tous les Premiers ministres depuis Lionel Jospin, de droite comme de gauche", ont approuvé la construction de cet aéroport :
Alors, la question c’était de savoir s’il fallait faire un nouvel aéroport en Ile-de-France ou au contraire renforcer les aéroports de province. Ce qui a été décidé à ce moment-là, c’était de renforcer les aéroports de province, dont celui de Nantes qui connait en France la plus forte croissance.
Il y a pile un an, le 6 mars 2013, Dominique Voynet était auditionnée par la commission du dialogue du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, alors que les écologistes locaux luttent farouchement contre sa mise en œuvre. Et l’ancienne ministre de reconnaître qu’ "à l’époque, dans une optique de décentralisation, l’hypothèse a été très sérieusement travaillée par les services de l’Etat".
Sébastien Tronche – Europe 1 @.fr
Samedi 8 mars
Presse Océan
Infos de la semaine du 10 au 16 mars
Article non signé d’après un article de Ouest France
… Du bel et bon chantage. Dans le cadre du "dialogue républicain", il va de soi.
Camille Martin – Reporterre (12-03-14)
LE PRINTEMPS : tout est calme à part un hélicoptère militaire qui a traversé la Zad à très basse altitude.....
et un peu de sons de la manif (certains discours et musiques de la tête ou fin de cortège ) à écouter sur sons en lutttes
Mardi 11 mars
On nous a appelés pour nous dire que des gendarmes logés à l’hôtel Ibis à la Chapelle sur Erdre auraient été vus en simulation/entraînement d’expulsion de personnes perchées dans les arbres.
Nantes, 22 février 2014: le témoignage de Damien, grièvement blessé.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Damien T. J’ai 29 ans. Je suis maçon-coffreur en intérim, actuellement en recherche d’emploi. J’habite à Rezé dans l’agglomération nantaise.
Quelle blessure t’a provoqué la police durant la manifestation du 22 février ?
Je souffre d’une « contusion sévère du globe oculaire ». C’est ce que disent les médecins. Ils ne savent pas encore ce que ça va devenir. Mais je ne vois plus du tout de mon œil gauche. Le dimanche suivant la manifestation, j’ai été opéré pour une exploration de l’œil. En tout, pour l’instant, j’ai déjà été hospitalisé quatre jours.
Étais-tu manifestant contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?
J’étais manifestant avec mes amis. Je trouve idiot de faire un aéroport là-bas. Mais je ne suis pas un activiste.
Que s’est-il passé exactement ?
C’était vers 17 heures, rue du Guesclin, dans l’Île Feydeau, près du café Le Chat noir. On arrivait avec mes amis depuis le square Daviais où se tenaient des discours et des musiciens. En face, des affrontements chauffaient sérieusement du côté du square Fleuriot et de la station centrale des tramways. Nous nous sommes rapprochés du Chat noir. Brutalement, on s’est retrouvés au milieu des lacrymos et des grenades assourdissantes. Dix minutes avant ma blessure, j’ai vu tomber le manifestant très durement touché au nez par une balle de flash-ball. La situation a dégénéré. Il y avait des activistes, disons « énervés » et aussi des gens avec des poussettes, des personnes âgées, qui se sont fait gazer. Brutalement, les CRS nous ont chargés depuis l’intérieur de l’Ile Feydeau, en tirant avec tout ce qu’ils avaient sous la main : lacrymos, Flash-Ball, grenades. Ils balançaient également sur nous les cailloux qui leur étaient jetés. Je me suis retrouvé face à eux. Ils tiraient en l’air, puis à hauteur d’homme. J’ai été touché, soit par une grenade assourdissante, soit par une balle en caoutchouc. Je suis tombé dans les bras d’un jeune manifestant. Deux personnes m’ont secouru et m’ont emmené en direction du quartier du Bouffay. Mon ami Alex a arrêté un véhicule de pompiers, qui a appelé une ambulance, qu’on a attendue longtemps. Je souffrais beaucoup et je saignais. Et j’avais un énorme sifflement d’oreille.
Es-tu seul dans ton cas ?
Je peux affirmer que nous sommes au moins trois blessés à l’œil sur cette manifestation, car à l’hôpital, en plus de Quentin que j’ai croisé, j’ai vu un troisième blessé à l’œil pendant le rendez-vous avec l’anesthésiste, un jeune homme d’environ 25 ans dont je ne connais pas le nom.
As-tu prévu de porter plainte ?
Je suis allé déposer une première plainte au commissariat de Rezé. J’ai demandé à porter plainte pour « blessure aggravée avec intention de mutiler ». Mais les policiers n’ont écrit sur le papier que « Blessure aggravée avec ITT [Interruption Temporaire de Travail] de plus de huit jours ». Il faudra sans doute que je dépose une plainte plus argumentée auprès du Procureur de la République.
Quelle est ta situation maintenant, deux semaines après ?
Quand c’est arrivé, j’étais dans une période sans mission d’intérim et en fin de droits de chômage. Je ne sais pas comment je vais payer mon loyer. Car maintenant je ne peux plus travailler en maçonnerie. Je ne peux plus faire aucun effort car ça ferait monter la pression dans mon œil. Et je ne peux plus conduire. J’espère d’ici six mois retrouver au moins un dixième de vue de mon œil gauche, pour être autorisé à reconduire un véhicule. J’ai beaucoup de mal à réaliser que je ne vais peut-être jamais retrouver la vue de mon œil. Je préfère ne pas y penser.
Damien T. , juste après la blessure.
Supplément à l’entretien, recueilli le 10 mars 2014 :
« Et j’ai du nouveau pour mon œil, plutôt négatif… Là, je commence à réaliser, vraiment, que jamais je ne pourrais plus lire, écrire, marcher, etc. en me servant de mon œil gauche, vu ce que le docteur L. m’a dit cet après-midi. Voilà! »
Damien T. à l’hôpital.
C'est l'printemps sur la Zad
De nouvelles naissances sur la Zad
Presquilegazette.net
Réunion du Collectif NDDL 66 à Perpignan : 11 personnes présentes, dont 2 présentes à Nantes le 22-02
Rappel : en cas d’intervention policière sur la Zad ,
rendez-vous le jour même à 18 H devant le Tribunal de Perpignan, place Arago
Mercredi 12 mars
une dizaine de fourgons a été signalée dans la nuit de mardi à mercredi à l’hôtel Ibis de Treillères-Ragon
ND-des-Landes. Risques d'inondations: les élus interpellent le Président
"Le rôle des zones humides dans la prévention du risque inondation est largement reconnu" | Franck Dubray
Des élus de Bretagne et Pays de la Loire interpellent François
Hollande sur les "risques d'inondations" liés à la construction de
l'aéroport dans un bocage humide.
Dans leur courrier au président de la République, les élus rappellent qu'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes signifierait la disparition de centaines d’hectares de zones humides.
Le Pays de Vilaine impacté
Or, leur rôle en tant que "zones tampons et régulateurs dans la prévention du risque inondation" est largement reconnu. "D’ailleurs, le rapport de la commission d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique du projet de nouvel aéroport (2007) précisait que sa construction augmenterait le risque d’inondations vers le canal de Nantes à Brest et celui de l'Isac. Le Pays de Vilaine serait donc directement impacté par le projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes".
Risque écarté par les porteurs
Malheureusement, écrivent les élus, ce « risque inondation » a été "complètement écarté par les porteurs du projet."Pourtant, ajoutent-ils, "l’eau aujourd’hui engrangée sur le plateau bocager où est prévue l’implantation de l’aéroport devra bien aller quelque part si le projet se réalise. Où ? Aucun document mis à notre disposition ne permet de répondre à cette question. Pouvons-nous envisager de faire courir des risques supplémentaires à des territoires déjà très exposés ?"
Demande de nouvelles expertises
Avant la Conférence mondiale sur le Climat, qui se tiendra à l’automne 2015 à Paris, les élus demandent au Président, "dans un souci de cohérence entre vos discours et vos actes, dans un souci de responsabilité envers les populations ligériennes et bretonnes déjà éprouvées, de solliciter de nouvelles expertises sérieuses, objectives et contradictoires, tenant compte des événements récents et à prévoir, eu égard à ce risque mais aussi sur les autres pans du dossier qui posent problème".
Les signataires :
Anne-Marie Boudou, conseillère régionale Bretagne, Sophie Bringuy, vice-présidente Environnement Conseil régional Pays de la Loire, Yannick Jadot, député européen, Joël Labbé, sénateur (56), René Leblanc, maire de Quelneuc (56), Geneviève Lebouteux, conseillère rég. Pays de la Loire, Isabelle Loirat, conseillère municipale Nantes, René Louail, président groupe élus EELV Bretagne, Jean-Philippe Magnen, président groupe élus EELV Pays de la Loire, Janick Moriceau, conseillère régionale Bretagne, Christophe Dougé, conseiller rég. Pays de la Loire, président commission inondations du Comité de bassin Loire Bretagne, Jean-Paul Naud, maire Notre-Dame-des-Landes (44), Sylviane Rault, conseillère régionale Bretagne, Gaëlle Rougier, conseillère régionale Bretagne, Philippe Trotté, maire Vigneux de Bretagne (44), Françoise Verchère, conseillère générale 44, Jean Pierre Maisonneuve, maire Campbon (44), François Favry, maire La Grigonnais (44), Lionel Lardeux, maire Héric (44), Yannick Rabillé, maire Saint Lumine de Coutais (44),Jocelyne Poulin, maire Saffré (44), Jacques Dalibert, maire de La Chapelle Launay (44), Bruno Miot, adjoint Vigneux de Bretagne (44).
Ouest France
Jeudi 13 mars
Sur la ZAD
Il fait beau, ça construit, répare, jardine ou se balade de partout...
Des fourgons de CRS ont été signalés ces derniers soirs dans le bourg de Notre Dame.
Ils semblent se poser au cimetière... bon choix ! Cela dit on ne sait pas ce qu’ils surveillent.
Nantes: un deuxième manifestant grièvement blessé à l'œil témoigne
La liste des manifestants blessés le 22 février 2014 à Nantes lors de la manifestation contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes s’allonge. Après Quentin Torselli éborgné par des tirs policiers, un autre jeune homme, Damien, a également été grièvement blessé à l’œil. Il a déposé plainte le 6 mars.
Damien, 29 ans, est maçon coffreur à Rezé, au sud de Nantes (Loire-Atlantique). Il travaille pour des agences d’intérim. Mais depuis le samedi 22 février 2014, le jeune homme, originaire de Normandie et qui ne souhaite pas voir son nom de famille apparaître, ne sait pas s’il pourra reprendre son métier. Ce soir-là, alors qu’il participait avec sa sœur et son colocataire à la manifestation contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes à Nantes, Damien a reçu un projectile dans l’œil qui a provoqué une « contusion sévère du globe oculaire ». « C’était la première fois que j’allais à une manif, je ne suis pas activiste ou quoi, mais je trouve ça un peu bête de détruire autant de nature alors que l’aéroport de Nantes n’est pas utilisé à 100 % », dit-il.
Damien poursuit : « J’ai écouté tous les débats, ce qui m’intéressait, c’était les pour et les contre. Puis, vers 18 heures, je me suis déplacé là où il y avait de l’ambiance, par curiosité. Au niveau du bar "Le Chat noir", rue du Guesclin (près de la place de la Petite Hollande), ça a commencé à péter. J’étais entouré de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, face aux policiers. C’est là que je me suis pris un truc dans l’œil, je ne sais pas si c’était un tir de Flashball ou une grenade. Mon œil était en sang, deux personnes m’ont emmené pour me faire traverser le barrage de CRS. » Conduit en ambulance aux urgences du CHU de Nantes, ses paupières ont été recousues le soir même (quatre points de suture en haut, deux en bas), avant une exploration de l’œil le lendemain matin au bloc opératoire. « Je n’ai même pas un dixième de vision à l’œil gauche, explique Damien. Quand je me concentre, je vois juste des ombres. » Il a le moral à zéro depuis que les médecins lui ont dit lundi 10 mars « que ce n’était pas opérable et que (s)on état ne pourrait pas s’améliorer ».
« Au début, les CRS tiraient en l'air, puis ils ont commencé à tirer à hauteur d'homme, Flashball et même lacrymos, décrit Alexandre son colocataire de 27 ans, qui était à quelques mètres. Les policiers rejetaient même les pierres que les gens leur jetaient. Dix minutes avant que Damien soit blessé, il y a un mec à côté de moi qui a reçu une balle en pleine face sur le nez. Ça a fait un bruit d'impact bizarre, le mec est tombé direct, avec le nez qui pissait le sang. » Quelques instants plus tard, il raconte s'être retourné et avoir vu son ami Damien au sol avec l'œil en sang.
Marine, sa sœur de 25 ans, qui avait récemment rejoint son frère à Nantes pour chercher du travail, n'a, elle, rien vu : « Avec le mouvement de foule, j’étais à quelques mètres. C’est un ami qui m’a prévenu que mon frère était aux urgences. » De son côté, elle affirme avoir reçu un tir de Flashball dans le ventre et un autre sur la jambe. « Sur le coup, je n’ai pas compris, ça m’a coupé le souffle, raconte la jeune fille. Et c’est en soulevant mon tee-shirt aux urgences, que j’ai vu que ça m’avait carrément brûlé au thorax. Comme j’étais surtout affolée pour mon frère, je ne me suis pas fait examiner. »
Elle estime qu’il y a eu un « gros dysfonctionnement » au CHU de Nantes : « Mon frère est ressorti le soir même avec son dossier médical sous le bras ! Le dimanche matin, les infirmières ne comprenaient pas comment c’était possible qu’on lui ait dit de ressortir. Il a été hospitalisé jusqu’au mardi. » Le jeune homme raconte être rentré chez lui à pied le samedi soir « avec une ordonnance pour des antidouleurs » : « J'ai eu des vertiges, j'ai vomi deux fois sur le trajet et on n'a pas croisé de pharmacie de garde. » Le CHU a-t-il été débordé ? Environ une quarantaine de manifestants blessés auraient été admis dans la soirée, selon la préfecture de Loire-Atlantique.
Damien a hésité avant de se décider à déposer plainte le 6 mars pour « violences volontaires par personne dépositaire ayant provoqué plus de huit jours d’ITT ». « La gendarmerie de Rezé a refusé de prendre la plainte, à l'interphone ils m'ont dit qu'ils ne prenaient pas les plaintes alors j'ai été au commissariat de Nantes, dit-il. Ça s’est bien passé, mais ça les embêtait bien que je dépose plainte. À un moment, le policier qui m’auditionnait, m’a demandé : "Tu portes plainte contre X ?" J’ai dit oui et il a répondu "Oui, de toutes façons, on était en face de vous". » Questionné par l’officier de police judiciaire, le jeune homme dit avoir vu des personnes jeter des projectiles en direction des forces de l’ordre, mais ne pas avoir participé. Le policier insiste, s’étonnant que le jeune homme se soit dirigé « en direction des affrontements » – « Vous saviez quand même qu’il y avait des risques ? » – avant de l’interroger sur sa tenue ce jour-là, son appartenance à un parti politique et une éventuelle consommation d’alcool ou de drogue. « Il y avait des petits groupes de casseurs, mais ils devaient être une vingtaine grand maximum, et on était séparés des flics par un barrage de palettes : les flics n'étaient vraiment pas menacés, nous assure de son côté Alexandre. Nous, on était là pour faire bloc, nous étions vraiment pacifistes. Jusqu'au moment où j'ai vu ce qui était arrivé à Damien, là j'ai participé un peu. »
Près de trois semaines après la manifestation, Damien a encore du mal à revenir sur les faits. « Je suis conscient qu’il faut en parler, mais ça me gave, j’en ai les larmes aux yeux, lâche-t-il, en plein désarroi. Avant je passais la journée à pousser des brouettes dans la poussière sur des chantiers. Là, je ne peux pas conduire, je ne peux pas travailler ni gagner d'argent. Dès que je fais deux kilomètres en vélo, que je monte des marches en courant ou que j’ai le soleil dans les yeux, j’ai des migraines, ça me pète le casque. Déjà que je galérais à trouver du boulot fixe, je ne sais pas ce que je vais faire. »
Le soir du 22 février 2014, un autre jeune homme, Quentin Torselli, a lui aussi été grièvement blessé place de la Petite Hollande, alors qu’il cherchait à se replier face à un barrage de CRS selon son témoignage. Ce jeune charpentier cordiste de 29 ans a, lui, perdu son œil et devra encore subir plusieurs opérations chirurgicales. Il a déposé plainte le 27 février 2014. « Quentin est encore sous le choc, il ne veut pas trop médiatiser tout cela, même avec ses amis il a du mal à parler », explique sa mère Nathalie Torselli, jointe le 13 mars. Elle dit « avoir quitté le monde des bisounours » et entend mener combat « pour dénoncer ces pratiques folles ». « C'était un manifestant pacifiste parmi un millier de manifestants pacifistes, voilà tout », résume-t-elle.
Matériel que Marine, la sœur de Damien, a récupéré dans la rue où il a été blessé. © DR
Alors que la préfecture nous avait assuré le 24 février que seuls des LBD 40×46, des Flashball deuxième génération plus puissants et précis, avaient été utilisés, plusieurs vidéos et photographies montrent qu'au moins un policier était bien armé de Flashball et en a fait usage. L'un de ses tirs a même blessé un photographe indépendant Yves Monteil alors qu'il filmait. Le photographe, qui a déposé plainte le 2 mars auprès du procureur de Nantes, doit être très prochainement entendu par la délégation de Rennes de l’IGPN. La question est d'autant plus sensible à Nantes qu'en avril 2012 le tribunal correctionnel avait relaxé un policier qui avait tiré sur un manifestant mineur en novembre 2007. Il l’avait blessé au point de lui faire perdre à tout jamais la vue d’un œil.
Côté forces de l’ordre, la préfecture de Loire-Atlantique compte 27 fonctionnaires (13 CRS et 14 gendarmes) admis au CHU. Questionné mercredi soir par la rédaction de Médiapart sur les blessures causées par le Flashball, Manuel Valls a éludé la question et a évoqué le cas d’un commissaire de police grièvement blessé à Nantes. Contactés à ce sujet cet après-midi, ni le service de communication du ministère ni la préfecture de Loire-Atlantique ne nous ont pour l'instant répondu.
Dans la lutte contre l’aéroport...
Un nouveau livre "Notre-Dame-des-Landes" signé Hervé Kempf est paru (éditions du Seuil). Mon analyse : très bon !
Samedi 15 mars
Pour sortir de la bataille de Notre Dame des Landes,
une solution de bon sens :
un aéroport Nantes-Angers
Un aéroport Nantes-Angers pourrait être une alternative au projet de Notre Dame des Landes. Le gain écologique et économique serait certain. Pour parvenir à cette solution honorable pour tous et utile collectivement, il y a une condition : la volonté de coopérer des deux grandes villes des Pays de Loire.
Des dizaines de milliers de citoyens venus de toute la France manifestaient samedi 22 février dans les rues de Nantes pour s’opposer au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Le dernier épisode en date d’un conflit qui dure depuis des années et dont l’issue, au vu de la détermination des deux camps, reste incertaine.
Les arguments des uns et des autres sont connus. Mais la différence d’appréciation de l’impact du projet d’aéroport sur l’environnement est telle que rien n’est négociable. C’est l’impasse.
Si les événements climatiques qui ont frappé la Loire Atlantique en ce début d’année sont un avant-goût de ce qui nous attend avec le changement climatique, leurs effets conjugués avec ceux de l’imperméabilisation des sols à Notre Dame des Landes, feront au mieux exploser le coût des travaux d’« hydraulique » dans un milieu qui a révélé toute sa fragilité. Et au pire…
L’autre sujet de « discorde » est la question de l’utilité ou non de ce « déménagement ».
Sur ce point les opposants pourraient peut-être concéder aux politiques soucieux de développement économique le droit de faire un pari sur une croissance du trafic aérien. Il serait donc pertinent de prévoir un « plan B » au cas où…
Angers Marcé, un aérodrome qui ne décolle pas
La piste de 1 800 m de l’aéroport d’Angers Marcé est trop courte pour qu’il puisse « décoller ». Là est bien le problème d’un aéroport jouissant par ailleurs d’atouts remarquables : à deux minutes d’un réseau de trois autoroutes bien dégagées, à vingt minutes d’Angers et de sa gare TGV, dans une zone peu urbanisée, et cerise sur la gâteau : un musée aéronautique, le second de France et aux portes du « Jardin de la France ».
Faute d’un trafic suffisant, il est une lourde charge pour les collectivités. Il a bien été question de rallonger la piste de quelques centaines de mètres pour ouvrir l’accès aux avions des familles A 320 et Boeing 337 et leur capacité de 250 places.
Si l’idée n’a pas eu de suite, c’est sans doute pour la raison que « des avions comme cela pour quoi faire ? »
Il y a bien l’agglo de Nantes à une heure d’Angers Marcé par TGV+navette, et à 1 H 20 par l’autoroute. A la porte quoi… Mais voilà, chasser sur les terres des Nantais serait pour les voyagistes angevins et sarthois, beaucoup d’audace, de moyens et de temps sans garantie de réussite.
Le plan B : un aéroport Nantes Angers
Et maintenant, imaginons : l’aéroport Nantes Angers se forme la volonté de deux grandes villes des Pays de la loire, qui au lieu de mettre en compétition leurs opéras respectifs décident de mettre leurs forces en commun à travers un syndicat mixte. Résultat : changement d’échelle !
La "méthode" consisterait dans le transfert sur l’aéroport d’Angers des « vols » moyens courriers, par exemple à destination de l’Europe et du Maghreb, charters en particulier, qui ne nécessitent pas d’infrastructures aéroportuaires importantes.
Nantes pourrait développer pour son aéroport "le transcontinental". Quant à Angers, avec sa nouvelle dimension, son aéroport, à 2 heures de Paris Montparnasse, risque d’être attractif pour les franciliens...
La paix reviendrait sur le bocage et la coopération créerait la prospérité pour Nantes et Angers.
Bernard Vit - Reporterre
La vie familiale des blaireaux à Notre-Dame-des-Landes
Biologistes, scientifiques et citoyens amateurs répertorient faune et flore du bocage nantais pour renverser la balance juridique. Au cœur du terrain tant convoité, rencontre avec cet autre maillon de la chaîne militante.
Les Naturalistes en lutte, déterminés à protéger tritons à crête et autres campagnols amphibie qui prospèrent dans le bocage nantais, ici le 9 mars 2014 (Juliette Harau/Rue89)
« Surtout, n’oubliez pas de prendre des bottes. » Le néophyte qui n’a pas entendu ce sage conseil découvrira à ses dépens ce que « zone humide » veut dire. Autour de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), on patauge même dans les prairies.
Ce dimanche 9 mars, ils sont une cinquantaine à braver la boue avec entrain, le soleil pré-printanier n’enlevant rien au plaisir. Les Naturalistes en lutte accueillent les curieux, comme chaque premier dimanche du mois depuis janvier 2013, devant l’église du bourg.
Ce collectif d’amoureux de la nature propose à tout un chacun de se mêler à leur effort d’inventaire du bocage, une contre-expertise citoyenne qui s’oppose au rapport officiel sur la faune et la flore mené en 2012 sur la zone. C’est en prenant appui sur ces résultats controversés que les arrêtés préfectoraux ouvrant la voie au chantier de l’aéroport ont été publiés en décembre.
Aux champs pour « produire de la donnée »
C’est bien connu, plus on est de fous de la nature, plus on compte. Reptiles, amphibiens, mammifères, ou arbres rares, la petite troupe se divise selon les préférences. Les voitures agrémentées d’autocollants « non à l’aéroport » prennent la route des champs.
Dorian relève le nombre et l’emplacement des pontes de grenouilles. Les données sont ensuite centralisées
(Juliette Harau/Rue89)
Dorian, étudiant en gestion et protection de la nature, fait partie des habitués :
« Je ne suis pas là pour faire des travaux pratiques mais pour produire de la donnée contre le projet d’aéroport. Ça ne sert pas à grand-chose si on n’essaye pas de transmettre ce qu’on voit ici et de sensibiliser les gens. »
Munis d’une carte de la zone que les Naturalistes ont eux-même réalisée, Alexis et Camille partent en quête des pontes de grenouilles.
La danse du triton à la lumière de la torche
L’un travaille pour l’association environnementale Bretagne vivante, l’autre est un passionné tout aussi incollable. Pendant la matinée, les deux acolytes font le tour de quinze mares et reportent sur leur carnet de terrain le nombre d’amas gluants de futurs têtards qu’ils ont relevés. Il s’agit de déterminer combien de grenouilles adultes coassent actuellement sur la zone dite impactée par le futur aéroport.
Au gré de la balade, les fleurs se parent de noms scientifiques et les papillons d’histoires fantastiques. Les férus de nature parlent avec passion, aussi bien de la vie familiale des blaireaux, que du sens de l’humour des étourneaux imitateurs. Le triton, marbré ou à crête, n’est pas en reste. Ce petit amphibien, dépendant du bocage s’il en est, est devenu le symbole de toute une lutte.
Entre connaisseurs, on le dit bon danseur. Les naturalistes n’hésitent pas à organiser des excursions nocturnes pour mieux le répertorier, et au passage, observer sous l’eau à la lumière d’une lampe ses parades nuptiales. A travers leurs yeux et le récit qu’ils en font, le bocage s’anime.
« C’est le seul bocage de cette superficie »
On en oublierait presque l’aspect acrobatique de l’exercice. Sans chichis, les Naturalistes s’engagent à pleines bottes, s’enfoncent parfois jusqu’à mi-mollet, se fraient un chemin entre les branchages, quand il ne s’agit pas de ronces. Ils grimpent de talus en talus et se contorsionnent pour faire le tour de chaque mare malgré la végétation abondante.
« Il faut la vouloir la ZAD [la zone prévue pour recevoir le projet d’aéroport, ndlr] », s’amuse Alexis, « c’est du sport. Imaginez un peu le quotidien de ceux qui vivent là ».
Ce n’est pas assez éprouvant pour empêcher Gilbert de soutenir les Naturalistes. A 74 ans, ce Rennais qui se dit lassé des « intérêts politiciens » fait régulièrement le déplacement. « Cette nature-là, vous ne la retrouverez nulle part ailleurs », tranche le retraité balayant le paysage du bras.
De 20 à 74 ans, des amoureux de nature dans le bocage nantais (Juliette Harau/Rue89)
Alexis confirme :
« C’est unique. OK, ce n’est pas une réserve naturelle, c’était même un terrain banal dans les années 50. Mais c’est devenu exceptionnel parce que c’est le seul bocage de cette superficie qui subsiste aujourd’hui. »
Paradoxalement, c’est le projet d’aéroport, dans les années 70, qui a préservé la zone. Partout ailleurs, le système de développement et l’agriculture intensive ont fait disparaître ou ont morcelé les bocages. Au contraire dans cette zone en suspens, tout un écosystème s’est développé librement. La désormais célèbre ZAD : zone d’aménagement différé pour les tenants du projet ; zone à défendre ou zone d’autogestion définitive pour les zadistes qui occupent les lieux.
Vinci et ses compensations « illusoires »
Auprès d’eux aussi, les Naturalistes opèrent un exercice de sensibilisation. Les zadistes avaient entrepris de reboucher les mares de compensations creusées par Vinci. Les spécialistes ont tempéré. Alexis :
« On leur a expliqué que si c’était fait immédiatement après la création de la mare, ils s’attaquaient effectivement au symbole. Mais après un temps, des espèces l’investissent et ça revient à agir comme Vinci, c’est-à-dire détruire leur milieu de vie. »
Alexis présente le graal du jour : les pontes de grenouille, visibles à la surface des mares (Juliette Harau/Rue89)
Les Naturalistes critique la démarche de compensation menée par le concessionnaire. Il s’agit de réimplanter des espèces dans un milieu similaire hors de la zone de construction, or les scientifiques estiment que ce dispositif, bien trop mécanique, est une aberration. Alexis, encore :
« C’est rarement viable, alors sur une telle surface [plus de 1 600 hectares], avec une biodiversité si riche, c’est totalement illusoire. Pour protéger les tritons, on les parachuterait dans un espace déjà investi par des espèces concurrentes. Rien ne prouve que la réimplantation de cette espèce protégée aboutira. »
Le fruit de leurs efforts devant les tribunaux
Si les Naturalistes abattent ce travail, c’est pour contredire, preuves à l’appui, l’enquête publique menée par le bureau d’études Biotope. Une analyse scientifique bâclée, faite à la va-vite et dans de mauvaises conditions, entendent-ils prouver. Les Naturalistes sont donc un acteur du combat juridique qui maintient les travaux de l’aéroport en suspens. Dorian Piette :
« Parmi les recours engagés, c’est aujourd’hui sur les recours environnementaux que l’on fonde le plus d’espoir. On va se servir du travail des Naturalistes devant les tribunaux, même si leur expertise n’a pas juridiquement la même valeur que celle d’un cabinet officiel. »
Ce juriste et militant Europe écologie -Les Verts est membre de la commission juridique de l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de NDDL (Acipa). Il rappelle que le bras de fer se joue à tous les niveaux : politique, juridique et citoyen.
A la recherche des pontes de grenouilles, Alexis fait le tour de chaque marre avec attention (Juliette Harau/Rue89)
La partie n’est pas terminée. Jean-Marc Ayrault, favorable au projet, confirmait fin février son engagement, « dans un Etat de droit », d’aller au bout des recours. « Si on le prend à la lettre, les travaux ne commenceront pas avant trois ou quatre ans », évalue Dorian Piette au vu des démarches juridiques en cours.
« On nous a volé notre manif »
A l’heure du pique-nique, les différents groupes se rejoignent. Parti à la recherche de traces des loutres, Hervé (le prénom a été modifié : « On est tous Camille ici », du nom de la première personne à avoir été arrêtée sur la ZAD), vétérinaire de profession, a fait choux blanc. Il reprendra sa quête l’après-midi. Les reptiliens à l’inverse ont croisé vipères et orvets. Dans les mares : plus de 400 pontes relevées ce jour, la population de grenouilles serait de plusieurs milliers de spécimens.
A Notre-Dame-des-Landes, les militants anti-aéroport tiennent une permanence tous les week-end (J. Harau/Rue89)
Sandwich à la main, la fine équipe cause aéroport et autres « grands projets inutiles », reparle du 22 février. « On nous a volé notre manif », regrette Jean-Louis, qui animait le fameux groupe des reptiles du matin. La faute aux CRS ou aux casseurs exogènes, dit-on par ici.
Les Naturalistes bénéficient eux d’une bonne image. Pour le premier anniversaire du mouvement en janvier, près de 400 personnes ont fait le déplacement, bien au-delà de leurs attentes.
« Eux sans nous, ils n’auraient pas tenu »
Sur le bord de la route, en repartant, il n’est pas rare de croiser un auto-stoppeur qui cherche à rejoindre un squat ou une cabane solidement installée dans la ZAD. Autour de ces habitations, règne comme une ambiance de festival qui n’aurait jamais plié bagages : banderoles, constructions en bois et tambourins qui ne doivent pas laisser croire que l’atmosphère soit toujours à la fête. Par endroits, la route est complètement entravée, rappelant que l’on frôle une forteresse bien gardée.
Julien Durand, paysan de NDDL à la retraite et porte-parole de l’Acipa, se remémore l’opération César de 2012. La police tentait d’évacuer les récalcitrants. Les affrontements violents, les routes contrôlées, les ravitaillements de nuit, la grève de la faim : une résistance qui laisse des traces. Il tempère :
« La cohabitation n’est pas forcément facile, mais nous sans eux ... on n’aurait pas pu faire ce qu’ils ont fait. Et eux sans nous, ils n’auraient pas tenu. »
L’équilibre des forces est un écosystème fragile.
Au delà des rendez-vous dominicaux, le noyau dur des Naturalistes se réunit régulièrement pour inventorier le bocage (Juliette Harau/Rue89) en direct – 12H06 - Juliette Harau - Rue89
Infos de la semaine du 17 au 23 mars
Lundi 17 mars
21H40 : 2 fourgons de GM sont stationnés au nord du Chêne des Perrières, sur la petite route direction Fay au niveau du 1er chemin à gauche. Si ça vous dit d’aller y faire un tour, ils sont muets quand à la raison de leur présence mais on s’imagine que peut être il y aurait quelques "scientifiques amoureux de la Nature" (payés par Vinci) avec eux.
Mardi 18 mars
Reçu à 8:46 :
Ce matin, aperçu les 4 fourgons qui trainent à l’hôtel IBIS depuis quelques jours rouler en direction de Treillières.
Reçu :
Merci à ceux et celles qui ont organisés la vélorution de dimanche dernier. Merci d’avoir pensé à mettre un canapé sur la remorque de la Barricada. Confort apprécié +++ Merci aux musiciens. Malgré les secousses, ils ont tenus. Merci aux 96 vélos et aux conducteurs des 2 tracteurs. Merci aux cuisiniers pour les gâteaux du soir et merci au théâtre. La créativité est si belle sur la ZAD.
Mercredi 19 mars
La FSU est la principale fédération de syndicats enseignants (SNES, SNUipp, SNUEP, SNEP, etc) et l’un des premiers représentants des fonctionnaires en France.
Aujourd’hui 19 mars 2014, son CDFN a adopté le texte suivant (Le CDFN, "Conseil délibératif fédéral national" est l’instance qui se réunit entre les congrès de la FSU).
" (....) Le CDFN de la FSU dénonce l’utilisation d’armes dangereuses par les forces de police lors de la manifestation du 22 février dernier à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. La police a blessé de nombreuses personnes et éborgné deux jeunes manifestants. La FSU demande que toute la lumière soit faite sur ces violences. Le droit à manifestation doit être préservé en garantissant la sécurité de chaque manifestant. "
97 Pour, 11 Contre, 4 Abstentions, 0 Refus de vote.
Vendredi 21 mars
ce matin vers 9h, deux voitures de gendarmes au carrefour des Ardillières. On ignore ce qu’ils sont en train de faire.
11h : plus de flics aux Ardillières, mais ils ont été signalés à NddL devant le cimetière. Sur la D81 y a des gens qui font l’entretien de la route mais ce n’est pas lié à l’aéroport.
Dimanche 23 mars (1er tour des municipales)
Le printemps des poètes sponsorisé par Vinci...
Infos de la semaine du 24 au 30 mars
Lundi 24 mars
A priori la maison aux Ardillières a été ouverte récemment et refermée aujourd’hui par les forces de désordre et des ouvriers. Pas mal de présence de flics autour de la Zad, notamment pour des contrôles routier / identités.
Mardi 25 mars
InfoTraFlic : il y avait 4 fourgons et plusieurs voitures au parking du cimetière à NddL. Pourquoi pas pour intervention pour la fermeture de la maison aux Ardillières ? Pas de contrôles.
Il fait moche et aux Ardillières il y a un campement de deux vigiles qui gardent la maison du carrefour.
InfoTraflic : 2 fourgons de GM proches de la maison aux Ardillières, des gens qui sont autour aussi, petits jeux du chat et de la souris, dés que les gens s’approchent, les flics font pareil....
Le géant Vinci poursuit l’association Agir pour l’environnement
Le groupe Vinci poursuit l’association Agir pour l’environnement, qui a squatté le nom de domaine vinci-construction.org.
Faisant suite au dépôt du nom de domaine www.vinci-construction.org par l’association Agir pour l’Environnement, le groupe Vinci-construction a décidé de saisir le tribunal arbitral tchèque afin d’obtenir la propriété dudit nom de domaine.
L’association avait lancé, en date du 18 février 2014, une cybermobilisation en soutien aux opposants à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, e-manifestation rassemblant plus de 20.000 internautes en moins de 48 heures.
Assignée par le tribunal arbitral tchèque, l’association arguera du fait que l’extension .org associée à cette multinationale n’a rien d’une évidence. Il existe 210 extensions permettant d’identifier le statut d’un site. Entre les .biz, .builders, .com, .compagny, .construction, .entreprise, .equipement, .eu, .eu.com, .fr, .holding, .international, .management, .marketing, .pro, le groupe Vinci n’a que l’embarras du choix et semble assez loin d’être légitime pour obtenir de la justice arbitrale la propriété d’un nom de domaine se terminant par l’extension .org initialement réservée aux associations, ONG et organisations sans but lucratif.
Comme à Notre-Dame des Landes, Vinci tente de s’imposer sur un espace qui ne lui appartient pas légitimement. L’association regrette que l’extension .destructeur n’existe pas ; elle conviendrait parfaitement à un groupe qui multiplie, à grandes lampées de Partenariat Public Privé, des projets inutiles et coûteux !
En 2012, le chiffre d’affaires du groupe Vinci s’est établi à 38 600 000 000 euros. Malgré ce chiffre d’affaires, cette multinationale du BTP n’a pas su investir 9,59 euros pour acquérir le nom de domaine www.vinci-construction.org.
Profitant de cette négligence qui confine à l’incompétence, Agir pour l’Environnement a délibérément cyber-squatté le site de la multinationale et assume pleinement ce geste. Durant plus d’un mois, une e-zad a donc tenu tête à ce mastodonte du béton adepte de l’inhalation au kérosène.
Cette multinationale cherche, en recourant à ce tribunal arbitral à faire taire les voix discordantes et ainsi imposer le silence dans les rangs. Quelle que soit la décision du tribunal arbitral, l’association poursuivra son combat contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes.
Agir pour l’environnement – dans Reporterre
Quelques infos collectées :
- Les arrêtés pour le marquage des tritons n’est pas encore signé et AGO veut commencer avant (ils harcèlent la DREAL visiblement) donc se serait bien d’être extrêmement vigilant autour des mares, ce sont des étudiants à priori qui feront les opérations et ils risquent de se faire passer pour des Naturalistes en Lutte, donc méfiance.
A priori AGO pousse à fond pour démarrer ces opérations juste après les élections ...
- Un ami travaille pour une boite de flexibles dans le 49 (désolé je ne m’y connais pas et je ne saurai pas dire en quoi ça consiste), apparemment Vinci a déjà commencé à envoyer des mails pour informer les sous traitants qu’ils devront prévoir des gens à Nddl, sur le chantier, de manière permanente.
Loire-Atlantique - Accord PS-EELV: le "coup d’arrêt" pour le nouvel aéroport
Dimanche, la socialiste Johanna Rolland, candidate adoubée par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, est arrivée largement en tête du premier tour en recueillant 34,5 % des suffrages, devançant de dix points sa rivale UMP Laurence Garnier (24,1 %).
Les écologistes ont profité du très bon score de leur candidate Pascale Chiron (14,5 %) pour réclamer un moratoire sur le projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Impossible de céder sur ce point alors que Mme Rolland a toujours indiqué qu’elle était favorable à ce projet », a fait valoir le côté socialiste.
Une pirouette sémantique devrait permettre à chaque camp de jouer sa partition. Selon nos informations, l’accord négocié stipule expressément qu’aucune intervention sur le site ne sera diligentée tant que ne seront pas épuisés les recours juridiques engagés contre les arrêtés relatifs à la loi sur l’eau et à la biodiversité. De fait, « cela renvoie le projet aux calendes grecques », veut croire un participant aux négociations, qui note encore : « De toute façon, personne, au sommet de l’Etat, ne souhaite ouvrir un front entre écologistes et socialistes ». « Des ordres sont venus directement de Paris pour veiller au succès des négociations », abonde une voix.
L’union sacrée entre socialistes et écologistes a nécessité plusieurs rounds d’âpres négociations entre les états-majors. Les deux candidates, qui ont œuvré ensemble en tant qu’adjointes lors du précédent mandat, ont finalement conclu directement leur alliance. Le détail de cette fusion doit être révélé ce midi lors d’une conférence de presse.
Selon nos informations, les écologistes revendiquaient initialement au moins 15 élus, en cas de victoire dimanche aux côtés des socialistes. Sept postes d’adjoint auraient également été initialement mis dans la balance, ainsi que onze postes à la communauté urbaine. Des propositions de Pascale Chiron, en matière de transition écologique et de démocratie locale, vont être intégrées au programme commun.
Selon toute vraisemblance, Pascale Chiron figurera en troisième position de la nouvelle liste.
Presse océan
Mercredi 26 mars
tout est calme sur la Zad. La maison aux Ardillières a été re-murée, il y a un peu de soleil et les jardins nous appellent...
Jeudi 27 mars
Tout semble calme sous la pluie... mais on reste vigilant notamment vis à vis des flics qui trainent presque tous les soirs autour de la ZAD : ça sent le boulot sur les mesures de compensation...
Vendredi 28 mars
appel à soutien financiers pour le paiements des tracts et affiches communs pour la manif du 22 février
Cet appel concerne une demande de soutien financier pour le paiement des affiches et tracts communs de la manif du 22 février.
L’affiche commune décidée en assemblée plénière d’organisation de la manifestation a coûté pas mal de sous. Il avait été décidé lors du premier tirage de partager les frais moitié-moitié entre la caisse de la zad et celle de la coordination. Du fait du grand nombre de personnes, soutiens et comités demandant et collant et diffusant des affiches et tracts, 4 autres tirages ont été réalisé ensuite avec en tout 28 000 affiches et 80 000 flyers communs A6. Cette mobilisation forte autour de la diffusion a sans nul doute contribué au succès de cette manifestation et c’est tant mieux !
Cependant, la facture totale s’élève aujourd’hui à 7600 euros et donc pour la zad et la coord à chacun 3800 euros. Du coté de la zad, nous ne nous attendions au départ pas à de tel frais. Nous avons dit à plusieurs reprises, en assemblée et au cours du processus d’organisation, qu’il serait difficile pour nous d’assurer le remboursement de la totalité des nouveaux tirages. Nous avons donc demandé de l’aide d’autres collectifs ou comités ayant participé à cette manifestation, sans recevoir de réponses ou d’engagements clairs à ce sujet, si ce n’est de COPAIN 44 qui ont contribué de 1000 euros, répartis entre la coord et la zad. Aujourd’hui, nous avons avancé, le reste de la somme dûe pour ne pas faillir aux engagements pris sur le premier tirage. Cette dépense vide en grande partie la caisse de la zad, ce qui n’est pas une bonne nouvelle du fait des besoins nécessaires à d’autres mobilisations, initiatives collectives, soutiens aux inculpés de la lutte, au matériel nécessaire (talkie and co) à la défense de la zone...
Le temps est donc venu pour nous de réitérer une demande d’aide au paiement de ces affiches auprès des divers comités, groupes et personnes qui se sont sentis partie prenante de l’organisation de cette manifestation et/ou qui souhaiteraient nous aider.
Il est possible de renvoyer des dons pour participer au remboursement Même si la coordination n’a pas fait de demandes spécifique à ce sujet, il est bien entendu possible aussi de répartir vos dons entre la caisse de la coordination et celle de la zad.
Si vous envoyez des dons à ce sujet à la caisse de la zad, merci de bien vouloir écrire un mail pour le préciser à reclaimthezad@riseup, afin que nous puissions faire un état des lieux des sommes attribuées aux remboursement des affiches et estimer au fur et à mesure où nous en sommes.
C’est possible en envoyant des chèques à l’association “Vivre sans aéroport” : La Primaudière 44130 NDDL
ou en faisant un virement : La Banque postale Etablissement 20041 n° de compte : 1162852D032 IBAN : FR83 2004 1010 1111 6285 2D03 236 BIC : PSSTFRPPNTE
à bientôt dans la lutte !
Samedi 29 mars
Ces textes ont été écrits face à la menace de fauchage de certains champs occupés.
"Lettre à l’univers d’un habitant de la zone est sur la ZAD."
L’hiver va sur sa fin. C’était vraiment chouette, j’ai planté des centaines d’arbres et de boutures. Cerisiers, actinidias, pêchers, pommiers, poiriers, cassissiers, framboisiers, chênes, saules, pruniers, bouleaux, rosiers, houx, noisetiers, forsythias, camélias, aucubas du japon, cotonéaster etc... Des graines : choux, pois, fèves, des grazines en semis sous serre (et ça prend bien) ; escholzia, basilic, tomates, choux, oignons, poireaux, blettes, salades, chicons, courgettes, courges, melons, concombres, thym, marjolaine, millepertuis, amaranthe, soucis, bourrache, camomille... PFFFF j’arrête là y’en a beaucoup ! Et en me promenant, j’ai observé que y’a du monde qu’en a fait autant que moi, ou plus, ou moins. Et dans les cabanes, que c’était chouette aussi près du feu, à faire du tricot, des dessins, de la musique, de la rénovation d’outils, de la couture, de la lecture personnelle ou collective, des massages, utiliser nos petites plantes, sèches, en baume ou en alcoolature, récoltées l’été dernier pour soigner les ami.es. On a aussi dansés. Tout ça dans une entente assez chouette entre voisins, en fait voisins c’est difficile vu qu’ici on est un peu partout chez nous.
A bientôt pour une nouvelle histoire. Gros bisous d’amour à tous et plein de joie et de bonne humeur !
"Nécessité économique"
"Je ne m’étonne pas qu’un petit groupe de travailleurs pauvres soient aujourd’hui financés pour entraver -sinon détruire- notre autonomie. Ce n’est pas leur volonté, seulement la nécessité économique. La nécessité économique, c’est à la fois l’exploiteur et l’excuse universelle. C’est en son nom que l’on brûle la forêt amazonienne, que l’on pollue la terre et les océans, que l’on déclenche les guerres. L’économie, c’est un monde où personne n’est responsable des destructions qu’il commet, parce que personne n’a le choix de ses actes. Redevenir libre, pouvoir choisir d’enrailler ce cercle vicieux c’est se rendre indépendant de l’économie. C’est l’autonomie que nous construisons. Ces nouveaux mondes rendront à terme inutile toute pollution absurde, toute destruction insensée. La nécessité économique, c’est avant tout la survie de l’économie et du monde qui va avec. La nécessité économique, c’est notre destruction.
Nul agriculteur n’ignore cela, parce qu’ils subissent l’oppression économique au quotidien ; parce qu’ils répandent ou ont répandu ces poisons qui détruisent la vie. Pas parce que ce sont des êtres mauvais, mais parce que ce sont des êtres soumis à un système sans pitié. Comme beaucoup ils rêvent d’une issue heureuse à ce désastre. Cette issue, nous la vivons, nous la créons. Vous qui voulez nous boutez hors de nos rêves au nom de la nécessité économique, souffrez donc que l’on vous rejette.
Le jour ou vous choisirez de vous émanciper définitivement de ce système qui vous oppresse, nous seront à vos côtés pour garantir votre succès."
Dimanche 30 mars (2eme tour des municipales)
Nantes - Le directeur de cabinet du préfet quitte Nantes pour Grenoble
Patrick Lapouze était en fonction à Nantes depuis février 2009
Sa connaissance du dossier Notre-Dame-des-Landes, notamment, et sa capacité à mouiller la chemise en allant sur le terrain en dépit des tensions expliquent sans doute la durée de sa mission à Nantes.
Le décret de sa nomination est paru samedi au journal officiel. Patrick Lapouze était sous-préfet et directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique depuis février 2009, après avoir été sous-préfet, secrétaire général de la préfecture de l'Allier.
Celui qui avait commencé en qualité de technicien à la DCN quittera Nantes avant la fin du mois pour prendre le poste de secrétaire général de l'Isère.
Il sera remplacé par Laurent Buchaillat, qui occupait jusqu'ici les fonctions d'adjoint au sous-directeur de l'administration territoriale, au ministère de l'Intérieur.
Presse Océan
Dédicace à Guignol Lapouze ! C’était chouette, dommage que vous allez partir, on s’est bien amusé ensemble, n’est ce pas ? Vous vous rappelez M. Lapouze, le 16 octobre 2012 à 10h30 sur la place du marché à la Paquelais ? Vous avez annoncé que les expulsions de la Zad se déroulaient bien et que tout était fini ? :) Bon, on espère que vous allez travailler plus sérieusement sur Grenoble, les camarades sur place vous attendent ! Bon courage.
Infos du 31 mars
Lundi 31 mars
9h30 - ATTENTION ! La Police44 vient d’annoncer :
#Nantes #NDDL Graves exactions du 22.02 : En cours, opération de #police judiciaire d’envergure. Interpellations dans le 44. On en reparle.
Les merdias et l’ ACAB 44 confirment : "9 interpellations suspectées d’exactions le 22.02"
12h00 – APPEL :
Y’a proposition de se rassembler devant Waldeck-Rousseau (commissariat de Nantes) en solidarité. Quelques personnes s’y rendent déjà. C’est tout ce que l’on peut faire pour les personnes arrêtées pour le moment.
La legal team est déjà au courant.
14h00 : pas de nouvelles des camarades arrêté-e-s. Les autorités communiqueraient dans l’après-midi. En résumé, au lendemain de la fin des municipales (tiens, tiens), la presse, et donc la préfecture, fait l’état de l’arrestation de 8 à 10 personnes en rapport avec la lutte de l’aéroport et plus précisément de la manif du 22. Peu de détails pour l’instant, rien ne permet d’indiquer qu’elles seront effectivement poursuivies. Il s’agit en tout cas d’une démonstration de force, visant à intimider le mouvement et racheter un peu de crédibilité à ce gouvernement en déroute. Celui là même qui refuse d’écouter "sa" population et préfère la force, comme on s’en aperçoit encore. Un appel est lancé à se retrouver devant le commissariat de Waldeck-Rousseau le plus rapidement possible pour soutenir les personnes qui se sont faites arrêtées.
TOUTE LA JOURNEE : APPEL A RASSEMBLEMENT DEVANT LE COMMISSARIAT WALDECK-ROUSSEAU !!!
APPEL à Manif à 18h devant la #Préfecture #Nantes en solidarité avec les 9 arrestations
Nantes Quatre personnes jugées demain après la manifestation anti-aéroport
La police a interpellé, ce lundi matin, 9 personnes soupçonnées d'avoir commis des dégradations et des violences contre les forces de l'ordre lors de la manifestation contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 22 février à Nantes.
Elles ont été placées en garde à vue et leurs domiciles perquisitionnés.
Brigitte Lamy, procureur de la République de Nantes, annonce dans un communiqué que deux des suspects ont été remis en liberté, "en l'absence de charge suffisantes".
Par ailleurs, toujours selon la magistrate : "Deux mineurs seront déférés devant le juge des enfants pour des faits de violences sur les forces de l'ordre (jets de bouteille et de pavés) et dégradations du local Vinci. Trois feront demain l'objet d'une comparution immédiate pour des faits de violences contre les forces de l'ordre (jets de projectile). Un fera également l'objet d'une comparution immédiate mais pour des faits de dégradations et de vol (de vêtements ) dans les locaux de la TAN"
Le dernier gardé à vue "se verra délivrer une convocation par officier de police judiciaire aux fins de comparaitre ultérieurement devant le tribunal correctionnel pour des faits de violences contre les forces de l'ordre (jets de pétards)".
Presse Océan
NDA : 9 interpellations, dont 2 relâchés faute de preuve et 2 mineurs, tous de Nantes et ses environs - résultat du boulot de la dizaine d’analystes de la police qui bossent sur les vidéos, photos, réseaux,…depuis plus d’1 mois
Où sont la centaine de Blackblok « altermondialistes » ayant « mise à sac « Nantes ce jour là ?
20h00 : Annonce de François Hollande →
Premier ministre :
Démission de Jean Marc Ayrault
Nomination de Manuel Valls
GOODBYE AYRAULT ! T’amènes ton aéroport avec toi, n’est-ce pas !
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