Tafta: Pourquoi le traité de libre-échange est devenu un enjeu des européennes
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Créé le 15/05/2014 à 16h50 -- Mis à jour le 15/05/2014 à 19h51
Des manifestants anti-Tafta, le 10 avril 2014, à Paris. PATRICK KOVARIK / AFP |
ECONOMIE - La mobilisation contre l’accord transatlantique s’accroît à quelques jours du scrutin…
Les Européens éliront la semaine prochaine leurs députés amenés à siéger au Parlement de Strasbourg. Mais pour le moment, c’est bien à Bruxelles que se joue une partie de l’avenir du continent. Ce jeudi, près de 250 manifestants, dont trois élus écologistes belges, ont été interpellés lors d’un rassemblement. L’objet de leur courroux : le Tafta, pour Transalantic Free Trade Area (zone de libre-échange transatlantique). Ces dernières semaines, les opposants à cet accord de libre-échange en cours de négociation entre l’Union européenne et les Etats-Unis se sont fortement mobilisés, au point d’en faire un véritable enjeu des élections à venir. Décryptage.
Le Tafta, c’est quoi ? Cet accord transatlantique vise, grâce à la suppression des droits de douane et à l’harmonisation des «barrières non tarifaires» (normes, quotas et autres règles), à créer la plus grande zone de libre-échange de l’histoire. Le marché ainsi uniformisé représenterait 40 % du PIB mondial et 800 millions de consommateurs. Le Tafta est soutenu par le Président Obama et les chefs d’Etat européens. Officiellement ouvertes en juillet 2013, les négociations entreront lundi dans leur cinquième cycle, pour un accord global prévu à l’horizon 2015.
Qui s’y oppose et pourquoi ? La contestation monte dans plusieurs pays européens. En France, la fronde s’organise principalement autour d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), du Front de gauche et de mouvements militants comme Attac ou Les Amis de la Terre. Ils dénoncent le risque d’une «Europe américaine», le manque de transparence et le mécanisme de règlement des différends des entreprises, qui permettrait par exemple à une multinationale américaine de poursuivre une collectivité, un Etat ou l’Union européenne devant un tribunal privé si elle considère que des décisions menacent leurs bénéfices. «Cet accord, négocié dans la plus opacité, dégraderait nos normes environnementales, sanitaires et sociales», explique à 20 Minutes Hélène Cabioc’h, membre de la direction nationale d’Attac. Le FN, de son côté, dénonce un «jeu de massacre ultralibéral».
Que peuvent changer les Européennes ? Si certains partis politiques ont fait du Tafta un enjeu de la campagne, c’est que le Parlement européen aura la charge, en bout de course, de ratifier ou de rejeter l’accord. «Nous souhaitons créer une prise de conscience et [susciter] l’intérêt du plus grand nombre sur l’enjeu de faire des élections européennes un référendum» sur l’accord, a ainsi expliqué Danielle Simonnet, pour le Parti de gauche. Hélène Cabioc’h, même si elle se dit «pas très optimiste» sur l’issue du scrutin, incite également les Européens à voter: «Il est important que des forces politiques soient présentes au Parlement pour relayer le message anti-Tafta», avance-t-elle. Son objectif: obtenir l’arrêt complet des négociations et un débat public.
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