Hérault : poursuivis en justice parce qu'ils veulent vivre dans une yourte
THIERRY DUBOURG
09/12/2013, 18 h 00 | Mis à jour le 10/12/2013, 08 h 29
Arnaud et Véronica redoutent de devoir quitter leur yourte. (DR) |
Le couple d'agriculteurs de Gignac (Hérault) est poursuivi en correctionnel pour avoir installé une yourte, sur leur terrain, sans permis. Un choix de vie alternatif mis en cause par la justice.
Arnaud Masson et sa compagne Véronica redoutent de se retrouver à la rue. Le jeune couple, avec un enfant de 18 mois, habite une yourte sur leur terrain dans la campagne gignacoise. Un terrain utilisé pour le maraîchage bio, depuis deux ans. Le couple vit de ce travail, Arnaud cotisant à la Mutualité sociale agricole.
Un flou juridique
Pour être à proximité de leur exploitation, le couple a installé une yourte sur le terrain. Ce qui a fait l’objet d’un signalement et d’un constat, l’affaire remontant jusqu’au procureur de la République. Qui a décidé de poursuivre le couple devant le tribunal correctionnel pour cette installation sans permis de construire, ainsi que pour un abri de jardin de plus de 10 m2, une caisse de camion servant à la production d’énergie notamment solaire, une caravane et une piscine gonflable. Ce n’est pas normal qu’une yourte et une maison soient considérées de la même façon en matière d’urbanisme", explique Arnaud Masson. Qui regrette le flou juridique autour de la yourte, alors qu’elle est totalement démontable.
"Ce n'est pas un squat"
Le couple de trentenaires explique que c’est pour eux un "choix de vie alternatif. Il faudrait soit avoir une maison, soit être nomade. Entre les deux, il n’y a rien. Il serait normal de reconnaître que des personnes veulent vivre différemment et que l’on légifère par rapport à ça", explique Arnaud. La possibilité pour les agriculteurs de construire une habitation sur leur exploitation est de plus en plus restreinte. "Ce n’est pas tenir compte des journées entières à être sur notre exploitation. Par ailleurs, les vols de récoltes et de matériel sont de plus en plus fréquents. Notre projet de vie est sérieux, ce n’est pas un squat", explique Véronica.
Leur démarche est sincère
Le couple est soutenu par la Confédération paysanne et l’association Halem France (habitants des logements éphémères et mobiles). "Les jeunes agriculteurs qui veulent s’installer dans la région sont confrontés au problème du logement", reconnaît Paul Reder, de la Confédération paysanne. Qui ne conteste pas la loi restreignant l’installation des agriculteurs sur leur exploitation. "Il y a une telle spéculation foncière que des agriculteurs ont profité de ce droit pour revendre ou louer et habiter ailleurs. Nous comprenons cette loi qui anticipe les dérives. Mais c’est regrettable qu’elle ne soit pas capable de s’adapter à une démarche sincère. La nouveauté de ce type d’habitat effraye les gens, alors que l’impact écologique est minimal. Si tout le monde habitait dans des yourtes, il y aurait beaucoup plus de place pour l’agriculture", plaisante Paul Reder. Le dossier sera devant les magistrats jeudi 19 décembre.
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