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dimanche 8 décembre 2013

Sur le Travail du Dimanche

Nous avons reçu ça : 


Réflexion sur le travail du dimanche et notamment sur la notion de "volontariat"


Bonjour. Ici Jean Monestier.
Je me permets de vous faire parvenir en PJ une réflexion sur le travail du dimanche et notamment la notion de "volontariat" que j'ai envoyée au "courrier des lecteurs de l'Indépendant", qui ne l'a pas encore publiée, et peut-être ne la publiera pas.
Ceci au cas où elle contiendrait une réflexion qui pourrait vous intéresser ou quelqu'un de vos correspondants."

Sur le travail du dimanche

Le débat sur le travail du dimanche me semble ignorer deux choses : 

1) la justification par le volontariat du salarié est un leurre ; 
2) le marché n’est pas augmenté par le travail du dimanche, mais seulement les parts de marché de ceux qui arrivent à le mettre en place. 

Tout d’abord, le volontariat du salarié n’est pas vérifiable scientifiquement. J’avais fait interroger des sociologues sur ce point il y a quelques années, et ils m’avaient fait répondre : « on ne sait pas faire ». 
Christian Baudelot, dans son livre « Travailler pour être heureux ? » (éd. Fayard), explique que la réponse à la question « Etes-vous heureux dans votre travail ? » a de fortes probabilités d’être fausse, tellement sont fortes les pressions des différents milieux. 
Alors, on bricole et on demande : « Aimeriez-vous que vos enfants fassent le même travail que vous ? », car la réponse a beaucoup plus de chances d’être vraie. 
Pour le volontariat, il faudrait questionner anonymement tous les salariés. Si la réponse est « oui » à 100%, on a le droit de penser, grâce à l’anonymat, que tous sont vraiment volontaires. Mais si des « non » sont exprimés, on aura un pourcentage de non, mais on ne saura pas de qui il s’agit, sauf à rompre l’anonymat, ce qui nous ramène à la case départ. 
Dans l’entreprise où j’ai été salarié, on a évoqué pieusement le volontariat pour recruter des collaborateurs « bi-qualifiés », c'est-à-dire exerçant deux métiers différents, selon les demi-journées, dans des villes de moyenne importance. 
Sachant que ces postes sont une porte d’accès au CDI, faut-il s’étonner que, quelques années après, de très nombreux salariés soient « volontaires ». 
En fait, à terme, la « liberté de travailler le dimanche » deviendra peu à peu la « liberté de travailler » tout court, car, via les recrutements, au fil des ans, le véritable choix sera le « volontariat » ou le chômage. 
On pourrait déjà parler de parts du marché de l’emploi grignotées par les grandes entreprises sur les petites, où une à quelques personnes peineront à assurer l’ouverture tous les dimanches, les chômeurs « non volontaires » étant par ailleurs rejetés hors marché. 
Il me semble qu’il en est de même pour les ventes. Croit-on vraiment qu’on vendra davantage de paires de bottes ou de groupes électrogènes sur un an dans l’ensemble du pays en ouvrant le dimanche ? Non, mais les gros, effectivement, pourront en vendre plus, d’où les appels déchirants du patronat concerné, et les petits perdront à peu près la même quantité de ventes. 
Je ne vois pas très bien où est défendue ici la fameuse « concurrence libre et non faussé » des néolibéraux, sans parler de ce qu’on appelle encore l’intérêt général. 
Enfin, si le travail forcé (pour les non volontaires) du dimanche est autorisé, on posera ensuite, c’est certain, la question du travail de nuit. Et ce sera exactement la même histoire.
                                                      
 Jean Monestier :

Titulaire d’un diplôme d’économie auprès de l’Université de Toulouse.
Ancien adhérent d’une organisation syndicale.
Ancien représentant du personnel.




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