Réflexion sur le travail du dimanche et notamment sur la notion de "volontari at"
Bonjour. Ici Jean Monestier.
Je me permets de vous faire parvenir en PJ une réflexion sur le travail du dimanche et notamment la notion de "volontariat" que j'ai envoyée au "courrier des lecteurs de l'Indépendant", qui ne l'a pas encore publiée, et peut-être ne la publiera pas.
Ceci au cas où elle contiendrait une réflexion qui pourrait vous intéresser ou quelqu'un de vos correspondants."
Sur le travail du
dimanche
Le débat sur le travail du dimanche me semble ignorer deux choses :
1) la
justification par le volontariat du salarié est un leurre ;
2) le marché
n’est pas augmenté par le travail du dimanche, mais seulement les parts de
marché de ceux qui arrivent à le mettre en place.
Tout d’abord, le volontariat
du salarié n’est pas vérifiable scientifiquement. J’avais fait interroger des
sociologues sur ce point il y a quelques années, et ils m’avaient fait
répondre : « on ne sait pas faire ».
Christian Baudelot, dans
son livre « Travailler pour être heureux ? » (éd. Fayard), explique
que la réponse à la question « Etes-vous heureux dans votre
travail ? » a de fortes probabilités d’être fausse, tellement sont
fortes les pressions des différents milieux.
Alors, on bricole et on
demande : « Aimeriez-vous que vos enfants fassent le même
travail que vous ? », car la réponse a beaucoup plus de chances
d’être vraie.
Pour le volontariat, il faudrait questionner anonymement tous les
salariés. Si la réponse est « oui » à 100%, on a le droit de penser, grâce
à l’anonymat, que tous sont vraiment volontaires. Mais si des « non »
sont exprimés, on aura un pourcentage de non, mais on ne saura pas de qui il
s’agit, sauf à rompre l’anonymat, ce qui nous ramène à la case départ.
Dans
l’entreprise où j’ai été salarié, on a évoqué pieusement le volontariat pour
recruter des collaborateurs « bi-qualifiés », c'est-à-dire exerçant
deux métiers différents, selon les demi-journées, dans des villes de moyenne
importance.
Sachant que ces postes sont une porte d’accès au CDI, faut-il
s’étonner que, quelques années après, de très nombreux salariés soient
« volontaires ».
En fait, à terme, la « liberté de
travailler le dimanche » deviendra peu à peu la « liberté de
travailler » tout court, car, via les recrutements, au fil des ans, le
véritable choix sera le « volontariat » ou le chômage.
On pourrait
déjà parler de parts du marché de l’emploi grignotées par les grandes
entreprises sur les petites, où une à quelques personnes peineront à assurer
l’ouverture tous les dimanches, les chômeurs « non volontaires »
étant par ailleurs rejetés hors marché.
Il me semble qu’il en est de même pour les
ventes. Croit-on vraiment qu’on vendra davantage de paires de bottes ou de
groupes électrogènes sur un an dans l’ensemble du pays en ouvrant le
dimanche ? Non, mais les gros, effectivement, pourront en vendre plus,
d’où les appels déchirants du patronat concerné, et les petits perdront à peu
près la même quantité de ventes.
Je ne vois pas très bien où est défendue ici
la fameuse « concurrence libre et non faussé » des néolibéraux, sans
parler de ce qu’on appelle encore l’intérêt général.
Enfin, si le travail forcé
(pour les non volontaires) du dimanche est autorisé, on posera ensuite, c’est
certain, la question du travail de nuit. Et ce sera exactement la même
histoire.
Jean
Monestier :
Titulaire d’un diplôme d’économie auprès de
l’Université de Toulouse.
Ancien adhérent d’une organisation syndicale.
Ancien représentant du personnel.
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