"J’entends parler dans les milieux associatifs d’un
projet de zone économique de 30 ha qui serait aménagé à la sortie de Prades le
long de la voie ferrée qui descend à Perpignan.
Encore une fois, des terres de bonne valeur
agronomique, situées en outre, sauf erreur de ma part, dans le périmètre
irrigué du territoire, c'est-à-dire sur des surfaces irrigables sans aucune
dépense d’énergie, seraient
définitivement stérilisées et rendues impropres à la production de nourriture.
Je ne vous apprendrai probablement pas que
l’artificialisation des sols « consomme » en France plus de la
superficie moyenne d’un département tous les dix ans. Désormais, on sait pourtant
que le système agro-alimentaire actuellement pratiqué n’a pas d’avenir, d’une
part à cause de l’augmentation irrésistible du prix de l’énergie, d’autre part
du fait de sa très mauvaise productivité à l’hectare, encore exagérée par la
destruction/stérilisation des sols. Je fais référence ici aux livres de Marc
Dufumier et de Lydia et Claude Bourguignon, qui viennent d’ailleurs de donner
des conférences très suivies dans le département (quant aux Bourguignon, au
sein même de l’hôtel de l’Agglomération Perpignan-Méditerranée).
« Consommer » le patrimoine existant de sols vivants de bonne qualité
agronomique de façon pratiquement irréversible est bien le contraire de ce qui
devrait être fait, et de plus en plus de voix s’élèvent pour que
l’artificialisation des sols soit freinée, puis interrompue en France. Ce
dossier a d’ailleurs été ouvert au sein du SCOT de Perpignan. Ce n’est pas pour
rien que de plus en plus d’urbanistes parlent de « reconstruire la ville
sur la ville ».
Les zones artisanales sont également concernées et ne
devraient plus s’étendre au détriment des territoires à haute valeur
agronomique, fussent-ils les moins chers à viabiliser. Il est vrai que se
nourrir est un besoin fondamental, qui, dans l’intérêt à long et moyen terme
des générations futures, devrait passer avant bien des projets d’enrichissement
à court terme.
Je suppose que cette lettre d’un citoyen isolé ne
suffira pas à modifier les projets en cours. Je me permets donc de vous suggérer
de consulter un spécialiste désormais reconnu pour ses travaux dans ce
domaine : Emmanuel Bailly. Après un premier rapport sur l’autonomie
alimentaire du Limousin, il est devenu consultant sur ce thème à travers les
activités de la Société E.C.T."
A suivre un article paru dans la revue Nature et Progrès de mars 2010
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