Près d'un tiers des colonies d'abeilles ont péri cet hiver aux Etats-Unis
Le Monde.fr avec AFP | 07.05.2013
Les abeilles connaissent depuis plusieurs années
des taux de mortalité anormaux aux Etats-Unis. | MICHAEL KOOREN/REUTERS
Près d'un tiers
des colonies d'abeilles aux Etats-Unis ont été décimées au cours de l'hiver
2012-2013, sans qu'une raison particulière ait pu être dégagée, selon une étude réalisée par le ministère de
l'agriculture américain (USDA) et des associations professionnelles, publiée
mardi 7 mai.
La population d'abeilles a décliné
de 31,1 % l'hiver dernier, selon les résultats préliminaires d'une enquête réalisée auprès de plus de 6
200 producteurs d'abeilles aux Etats-Unis par l'USDA, en collaboration avec
l'association AIA (Apiary Inspectors of America) et Bee Informed Partnership.
CAUSES MULTIPLES DE SURMORTALITÉ
Selon cette étude, la perte
subie ces derniers mois par les abeilles américaines est 42 % plus importante
que l'hiver précédent, lorsque 21,9 % d'entre elles avaient disparu. Les
abeilles connaissent depuis six ans de très importants taux de mortalité, de
30,5 % en moyenne, sans que les experts s'accordent sur un facteur déterminant.
Selon les autorités
américaines, plusieurs raisons participent ces dernières années de la
surmortalité des abeilles sans qu'aucune soit prévalente, comme "les
parasites, les maladies, les facteurs génétiques, une mauvaise nutrition et l'exposition aux
pesticides"…
Dans l'UE, les autorités ont
annoncé, le 29 avril, la suspension pour deux ans, à compter du 1er décembre,
l'utilisation de trois insecticides impliqués dans le déclin accéléré des
abeilles domestiques et des insectes pollinisateurs (bourdons, papillons,
abeilles sauvages, etc.).
La décision, toutefois,
n'implique pas une disparition totale de ces substances dans l'environnement.
Les trois molécules
interdites, l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine appartiennent
à la famille des néonicotinoïdes,
insecticides parmi les plus utilisés au monde en agriculture et que l'on
retrouve dans des dizaines de produits tels le Cruiser, le Gaucho, le Poncho ou
le Cheyenne.
Depuis de nombreuses années,
ces substances sont suspectées d'être un élément déterminant de l'effondrement
des populations d'abeilles et de pollinisateurs sauvages.
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Interdiction de pesticides tueurs d'abeilles : les questions en suspens
Le Monde.fr | 30.04.2013 à 21h21 • Mis à jour le 01.05.2013
Les abeilles
connaissent depuis plusieurs années des taux de mortalité anormaux aux
Etats-Unis. | MICHAEL KOOREN/REUTERS
C'était
une première mondiale. La Commission européenne a annoncé, lundi 29 avril,
qu'elle allait suspendre pour deux ans, à compter du 1er décembre,
l'utilisation de trois insecticides impliqués dans le déclin accéléré des
abeilles domestiques et des insectes pollinisateurs (bourdons, papillons,
abeilles sauvages, etc.).
La
décision, toutefois, n'implique pas une disparition totale de ces substances
dans l'environnement.
- Trois insecticides interdits pour certains usages
Les trois
molécules interdites, l'imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine
appartiennent à la famille des
néonicotinoïdes, insecticides parmi les plus utilisés au monde en agriculture
et que l'on retrouve dans des dizaines de produits tels le Cruiser, le Gaucho,
le Poncho ou le Cheyenne.
Depuis de
nombreuses années, ces substances sont suspectées d'être un élément déterminant
de l'effondrement des populations d'abeilles et de pollinisateurs sauvages.
La Commission
européenne a donc décidé de suspendre pendant deux ans leur
utilisation en enrobage de semences – qui constitue l'usage majoritaire de ces
pesticides – dans quatre grandes cultures : maïs (traité à 80 % avec des
néonicotinoïdes), colza (60 %), tournesol (60 %) et coton.
Elle a aussi
banni provisoirement l'emploi de
ces molécules en traitement de sol (granulés) et en pulvérisation dans une
cinquantaine d'autres cultures.
Les
autorisations de mise sur le marché seront suspendues pour ces usages au sein
des Etats membres à partir du 1er décembre.
Et après ?
Et après ?
En France, les
agriculteurs ne pourront donc plus utiliser ces trois pesticides pour les
semis de maïs et de tournesol du printemps 2014 et ceux de colza de l'automne
2014.
Certains
produits avaient toutefois déjà été interdits : le Cruiser avait ainsi été banni
pour le colza en juin par le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll,
tandis que le Gaucho était suspendu pour le tournesol et le maïs respectivement
depuis 1999 et 2004.
Quant au coton,
il n'est pas produit dans l'Hexagone.
Des semences enrobées des trois
néonicotinoïdes seront toutefois toujours produites en France. "La
France est le principal producteur de ces semences en Europe. Elles seront toujours
fabriquées à destination des pays qui ne les ont pas interdites, comme l'Ukraine, l'Afrique ou l'Amérique du Sud, explique Jean-Charles Bocquet,
directeur général de l'Union des industries de la protection des plantes
(UIPP).
Donc si on empoisonne les autres, ce n’est pas grave …
Les agriculteurs français ne pourront
plus en acheter par contre." Des contrôles devraient être effectués
lors de la vente des semences au sein des coopératives agricoles pour s'assurer du respect de la nouvelle
législation.
- D'autres utilisations maintenues
Cette décision de la Commission
européenne n'est toutefois pas définitive et peut être, à tout moment,
partiellement ou totalement levée.
"La date d'entrée en vigueur
de la suspension des molécules a été repoussée du 1er juillet au 1er
décembre, ce qui laisse du temps aux firmes qui commercialisent les pesticides,
notamment Syngenta et Bayer, pour produire des études pour la remettre en cause, regrette Olivier Belval, président de l'Union
nationale de l'apiculture française. Nous aurions souhaité une interdiction
franche et définitive."
Elle ne
concerne par ailleurs pas toutes les cultures.
Les trois
néonicotinoïdes incriminés restent ainsi autorisés dans des centaines d'autres
cultures qui ne sont pas – ou moins – au contact des abeilles, selon la
Commission : les céréales d'hiver (blé et orge, soit un million d'hectares en
France), les betteraves, les légumes, les cultures sous serre ou encore les
vergers après la floraison.
- Une persistance des molécules dans l'environnement
"Ces cultures constituent un
risque pour les abeilles en raison de l'accumulation des pesticides dans le sol
qu'elles entraînent",
prévient Olivier Belval. Les néonicotinoïdes persistent en effet longtemps dans
l'environnement : la demi-vie de la clothianidine dans le sol a été mesurée
entre 148 et 6 900 jours
par l'Agence de protection de l'environnement américaine
tandis que l'imidaclopride peut être absorbée par des cultures non traitées,
jusqu'à deux ans après la première utilisation, à des niveaux toxiques pour les abeilles.
"En raison de la rotation des
cultures, des céréales d'hiver traitées avec des pesticides peuvent alors contaminer d'autres plantes qui leur
succèdent, comme les tournesols, ainsi que les pollinisateurs qui les butinent.
Il y a une contamination latente",
déplore Olivier Belval.
- Des insecticides interdits remplacés par d'autres
pesticides
Les trois
néonicotinoïdes interdits devraient être remplacés par une autre famille
d'insecticides : les pyréthrinoïdes.
Cette molécule,
que l'on retrouve par exemple dans le produit Force, peut être utilisée dans le
sol contre les insectes et ravageurs (taupins, blaniules, scutigérelles) qui
attaquent les graines, et sur les plantes contre les pucerons. "Elle
s'avère toutefois moins efficace que les néonicotinoïdes", regrette Jean-Charles Bocquet, de l'UIPP.
Conséquence positive, pour Olivier
Belval, ces insecticides s'avèrent moins dangereux pour les abeilles. "Ils
sont davantage utilisés en traitement aérien et donc sont dégradés plus
rapidement par l'air et l'eau,
explique-t-il. Ils restent néanmoins toxiques pour les abeilles dans les
jours qui suivent leur pulvérisation."
"L'idéal reste de moins utiliser d'insecticides, conclut le porte-parole de l'ONG
Générations futures François Veillerette, au profit des possibilités
offertes par la nature, comme les auxiliaires de culture, qui mangent les insectes
nuisibles."
Audrey Garric
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Le déclin des insectes pollinisateurs menace les rendements agricoles
LE MONDE | 01.03.2013 à 14h46 Par Stéphane Foucart
Une abeille domestique "Apis mellifera". | Fabien
Virey
En déclin accéléré depuis la fin des années 1990, les
abeilles domestiques (Apis mellifera)
ont pléthore d'avocats.
Mais leurs cousins sauvages – les centaines d'espèces
d'abeilles solitaires, les bourdons, etc. – soulèvent beaucoup moins d'intérêt.
A tort !
Une vaste étude, publiée vendredi 1er mars par la revue Science, révèle leur rôle crucial dans la pollinisation –
donc les rendements – de nombreuses cultures.
D'autres travaux, publiés dans la même édition de la revue
américaine, suggèrent quant à eux que le dépérissement des pollinisateurs
sauvages, plus délicat à évaluer, n'est pas moins inquiétant que celui de leurs
cousines domestiques.
Rassemblant les données collectées par une cinquantaine de
chercheurs internationaux sur la pollinisation de 41 types de culture (amande,
mangue, café, fraise, etc.) répartis sur les cinq continents, Lucas Garibaldi
(Conseil national d'investigations scientifiques et techniques d'Argentine)
conclut que les services offerts par les pollinisateurs sauvages sont
supérieurs à ceux de mellifera.
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