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lundi 4 août 2025

À l’origine de l’exil - Guerre, violences et autres causes de l’exil


A l'origine de l'exil


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31 juillet 2025

ÉDITO

Depuis 2016, les destins de 42 577 femmes, hommes et enfants se sont croisés sur le pont de l’Aquarius puis de l’Ocean Viking. Leurs trajectoires et les raisons de leur exil sont multiples. Ce sont près de cinquante nationalités différentes qui ont été représentées parmi les personnes rescapées, en provenance d’Afrique, du Moyen-Orient et de pays asiatiques aussi lointains que le Bangladesh ou le Pakistan.


Par-delà la singularité des parcours individuels se dessinent les causes géopolitiques et sociales des départs : la guerre, les violences subies par des peuples entiers ou des persécutions ciblées ; mais aussi la misère, les conséquences du changement climatique, l’absence d’accès à l’éducation… Dans la plupart des cas, s’ajoute la terrible expérience du transit par la Libye, où les personnes exilées sont soumises aux violences et à la traite humaine, comme en témoigne l’enquête menée à bord de l'Ocean Viking par la chercheuse en sciences sociales Morgane Dujmovic.



Dans un monde soumis à des bouleversements majeurs, les traversées maritimes périlleuses ne vont que s’accroître. Dans ce contexte, sauver des vies reste un impératif moral et légal indiscutable, tout comme la protection des populations vulnérables. Nous devons obtenir la reconnaissance des mers comme un espace humanitaire, comme nous l’avons exprimé à la conférence des Nations Unies sur l’Océan.




Notre détermination ne faiblit pas ; merci de nous accompagner dans ce combat.


L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#10anstoujourslà





Guerre, violences 
et autres causes de l’exil
 
 
16 juillet 2025

 Une cinquantaine de pays d’origine de 2016 à 2024

L’Ocean Viking patrouillant essentiellement au large de la Libye, la majorité des personnes secourues par nos équipes tentent de fuir ce pays ou, en moindres proportions, sont parties des côtes de la Tunisie ou de la Turquie. Néanmoins, peu d’entre elles sont originaires de l’un de ces pays. Depuis 2016, SOS MEDITERRANEE a recensé une cinquantaine de nationalités parmi les personnes secourues, dont 31 en 2024. Nombre d’entre elles fuyaient un pays en conflit.

 

« Beaucoup de gens chez moi ont perdu un membre de leur famille, leur mère ou leur frère. Moi, j’ai perdu mon ami. Israël a bombardé tout le Liban. Ils ont bombardé mon village. 27 personnes sont mortes dans mon village, dans deux maisons à Joun. »  

Mohamed, 20 ans, originaire du Liban, secouru en janvier 2025

L’Ocean Viking patrouillant essentiellement au large de la Libye, la majorité des personnes secourues par nos équipes tentent de fuir ce pays ou, en moindres proportions, sont parties des côtes de la Tunisie ou de la Turquie. Néanmoins, peu d’entre elles sont originaires de l’un de ces pays. Depuis 2016, SOS MEDITERRANEE a recensé une cinquantaine de nationalités parmi les personnes secourues, dont 31 en 2024. Nombre d’entre elles fuyaient un pays en conflit. 

« Beaucoup de gens chez moi ont perdu un membre de leur famille, leur mère ou leur frère. Moi, j’ai perdu mon ami. Israël a bombardé tout le Liban. Ils ont bombardé mon village. 27 personnes sont mortes dans mon village, dans deux maisons à Joun. »  

Mohamed, 20 ans, originaire du Liban, secouru en janvier 2025 

31 pays d’origine en 2024 

Parmi les 1948 personnes secourues par l’Ocean Viking en 2024, sur 31 nationalités différentes, les plus représentées étaient la Syrie (518 ressortissant.e.s) – soit près du tiers des personnes rescapées -, le Bangladesh (343), l’Érythrée (197), le Pakistan (175) et l’Éthiopie (138). D’une année à l’autre, ces chiffres évoluent notamment en fonction de l’intensification des conflits dans certaines régions du monde et des crises humanitaires ou économiques. 


Les cinq pays les plus représentés en 2024 sont tous marqués par des conflits et par diverses formes d’oppression à l’encontre des populations civiles. Quelle que soit leur origine, nombreuses sont les personnes, à bord de l’Ocean Viking, qui ont demandé à témoigner de leur départ en raison de la guerre, de la violence et de la faim qui ravagent leur pays, ainsi que des parcours périlleux qu’elles ont dû emprunter pour survivre. Nombre d’entre elles avaient passé des mois, voire des années, sur ces routes avant d’atteindre la Libye ou la Tunisie, pays qu’elles ont finalement fui par la mer.  

Ainsi, les personnes originaires de Syrie, pays marqué par une guerre qui a fait des millions de personnes déplacées, sont très largement représentées parmi celles que nous secourons, et ce, depuis de nombreuses années. Bien que le régime de Bachar-El-Assad soit tombé en décembre 2024, de nombreuses personnes sont encore sur les routes de l’exil et continuent d’arriver par la mer.  

« Mon mari a été tué dans un bombardement il y a un an. J’ai une photo de lui, ensanglanté. Tiens, regarde. Ma maison a été détruite et mon plus jeune fils a été blessé. » 

Revoir le témoignage animé de Maha Syrienne de 48 ans secourue en 2021

Quant au Bangladesh, pays qui compte près d’un million de personnes réfugiées rohingyas en provenance du Myanmar1, il est également rongé par des catastrophes naturelles récurrentes2, par la pauvreté et par une violence prégnante, qu’elle soit politique et dirigée vers les opposant.e.s au régime3, ou encore de droit commun.   

« Quand j’étais au Bangladesh, j’ai été la cible d’une communauté rivale qui cherchait à se venger des problèmes qu’elle avait avec mon cousin. Ces disputes durent depuis la génération de mes grands-parents. Je craignais pour ma vie et quelqu’un m’a dit que je pouvais partir en Europe dans la semaine pour 15 000 euros [le salaire moyen d’un fonctionnaire est de 60€ par mois]. » 

Moinul, 29 ans, Bangladesh, secouru en décembre 2023 

Libanais, Érythréens, Nigériens, Soudanais, quelques Palestiniens… En 2025, l’Ocean Viking continue de recueillir à son bord d’autres personnes jetées sur les routes de l’exil du fait des conflits dans leur pays d’origine. Lors de sa mission début juillet, nos équipes ont secouru une embarcation avec à son bord une majorité de Soudanais, pays où plus de 12 millions de personnes ont été déplacées depuis 2023. Il convient néanmoins de souligner que les personnes à bord de l’Ocean Viking ne sont pas forcément représentatives de l’ensemble de celles qui tentent la traversée.  

Personnes singulières, histoires multiples 

Femmes, hommes ou enfants, les personnes recueillies à bord de l’Ocean Viking ont chacune leur histoire. La fuite d’une guerre, de violences politiques, d’une famine, des effets du changement climatique, de violences domestiques – notamment pour les femmes et les jeunes filles -, ou la recherche d’une vie meilleure sont autant de raisons qui les ont amenées à quitter leur pays. Selon leurs déclarations, elles arrivent en Libye, de gré ou de force, par l’entremise de trafiquants d’êtres humains ou de groupes armés. Nombre d’entre elles subissent des sévices en Libye, pays en proie au chaos et à la violence, et tentent de fuir par la mer. 

« J’ai été jeté dans une prison de Tripoli appelée Ain Zara, où je suis resté pendant des semaines avant de pouvoir sortir. Ma famille a dû payer 1 200 dollars pour ma libération. En prison, j’ai été torturé et battu. » 

John, 17 ans, Érythréen, secouru en janvier 2025 

Parmi les 1 948 personnes secourues par l’Ocean Viking en 2024, 8% étaient des femmes (152), contre une moyenne de 14% depuis 2016. Plusieurs voyageaient avec de jeunes enfants. Selon un rapport publié par l’ONU en 2024, 90 % des femmes qui traversent la Méditerranée sont victimes de viol4 pendant leur parcours migratoire. Des traumatismes psychiques et physiques, des maladies transmises sexuellement et des grossesses non désirées sont autant de conséquences de ces violences. 

En 2024, une personne sur cinq secourues par l’Ocean Viking avait moins de 18 ans, la plupart voyageant sans famille ni adulte responsable. Les enfants voyageant seuls comptent parmi les personnes les plus vulnérables. Une fois à bord de l’Ocean Viking, l’équipe médicale leur dispense des soins ainsi qu’un soutien psychologique, alors que l’équipe en charge de la protection assure une prise en charge spécifique. Composée de personnels de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et de SOS MEDITERRANEE, elle veille à ce que les personnes mineures soient orientées, une fois à terre, vers des organisations aptes à les accompagner.

1 Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) https://data.unhcr.org/fr/country/bgd  

2 ONU info https://news.un.org/fr/story/2024/11/1150496  

3 Haut-commissariat des Nations Unies pour les droits humains https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2025/02/bangladesh-un-report-finds-brutal-systematic-repression-protests-calls  

4 UNHCR https://www.unhcr.org/media/journey-no-one-cares-if-you-live-or-die-abuse-protection-and-justice-along-routes-between-1  


Source : https://sosmediterranee.fr/focus/la-guerre-origine-de-nombreux-departs/?actId=~aCl51w5yu1Lqwa43pKMQ4j3lr2jDMiC8hnjKk5eqR6Oj_exUswMWfc1q-qsHzRPdXKA5KJkhd8tkjttzFncS_ctsXrjfxvLKcQWTV9qpnlyQw2BNBcr9Y&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=503021

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