La lettre hebdo de Daniel Mermet
On ne pourra pas dire
qu’on a rien dit
Le
Hugo Mathy / AFPLe sionisme, par exemple, mis en cause de toutes parts aujourd’hui. S’il n’est pas mort, il a déjà un pied dans la tombe. Ses plus fidèles soutiens s’agitent à son chevet désespérément mais la durée de ce conflit finit par éclairer cet « orient compliqué », à commencer par ce sionisme qui avait pour but d’en finir avec des siècles d’antisémitisme et de créer pour les Juifs un État où ils seraient enfin chez eux en sécurité.
Le conflit actuel a permis de retracer les tribulations de cette doctrine par rapport au droit et à l’histoire : « Ramener le conflit sous la lumière du droit », nous dit Monique Chemillier-Gendreau.
Or, aujourd’hui, ce projet est dans l’ornière. L’antisémitisme n’a nullement disparu, les institutions juives sionistes ne cessent d’alarmer les États et l’opinion sur sa recrudescence. Quant à la sécurité, Israël, qui n’a pas connu un seul jour de paix depuis 1948, poursuit avec force son projet colonial devenu un génocide contre les arabes palestiniens, soutenu à travers le monde par des partis racistes voire même antisémites.
Oui, au cimetière des doctrine politiques, on entend creuser une tombe...
En attendant, le génocide continue. L’emploi de ce gros mot, comme toute critique, a été accusé d’antisémitisme jusqu’à vider entièrement la signification de ce crime par ceux-là même qui en furent victimes. Mais comment masquer les images du premier génocide où les victimes diffusent en direct leur propre destruction ?
« Il n’y a pas de génocide, il n’y a pas de famine », affirment BHL et tout le lobby soutenu par l’extrême droite. Énormes bobards qui mettent en évidence la panique politique et morale du camp génocidaire et de celles et ceux qu’ils ont réussi à intimider jusque-là. Car le vent tourne dirait-on.
L’opportunisme de Macron, suivi par quelques autres, des articles indignés, des appels à l’action, car « ne rien faire, c’est collaborer ». Mauvaise conscience européenne, lâcheté des élites et d’une grande partie du monde politique qui ne veut pas perdre sa moindre clientèle, le génocide est de moins en moins discutable.
Dès janvier 2024, la CIJ avait conclu à un « risque génocidaire ». Réactions outrées, menaces, mesures de rétorsions. Mais ce 28 juillet, deux prestigieuses organisations israéliennes de défense des droits humains ont publié un rapport accablant [1] « Notre Génocide » qui affirment : « De nombreux dirigeants, notamment d’Europe et des États-unis se sont non seulement abstenus de prendre des mesures efficaces pour mettre fin au génocide, mais l’ont rendu possible en affirmant le « droit à l’autodéfense » d’Israël ».
Quand la Cisjordanie sera totalement occupée, quand les Gazaouis seront totalement déportés, devant un cocktail au bord de la Riviera, on ne pourra pas dire qu’on a rien dit.
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