« Plus ils habitent près des champs,
plus les taux sont élevés » :
des pesticides
en nombre alarmant
dans les corps d’enfants
près de La Rochelle
Des traces de pesticides, dont certains interdits, ont été retrouvées dans les cheveux et les urines de dizaines d’enfants riverains de la plaine d’Aunis, une zone agricole de Charente-Maritime, selon des analyses dévoilées ce samedi 12 octobre par Santé Avenir Environnement, une association de lutte contre les cancers pédiatriques.
Dans la Plaine d'Aunis, le 12 avril 2023. (Théophile Trossat/Libération)
Un constat alarmant. Des traces de pesticides, dont certains interdits, ont été retrouvées dans les cheveux et les urines de dizaines d’enfants riverains de la plaine d’Aunis, une zone agricole située autour de La Rochelle, selon des analyses dévoilées ce samedi 12 octobre par une association de lutte contre les cancers pédiatriques. À l’occasion de l’Appel de La Rochelle, marche organisée pour réclamer un « plan de sortie des pesticides de synthèse », l’association Santé Avenir Environnement, créée en 2018 après le décès d’une adolescente, a publié les données récoltées sur 72 enfants âgés de 3 à 17 ans vivant dans six communes de la plaine d’Aunis.
« On voulait une photographie de l’imprégnation des enfants à des substances multiples », a expliqué Laurence Huc, directrice scientifique à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui a mené l’analyse. Quatorze molécules différentes ont été détectées dans les urines, avec une moyenne de 1,8 par enfant - jusqu’à six pour l’un d’eux.
Les produits les plus fréquemment retrouvés sont le pentachlorophénol (PCP), un insecticide présent dans l’organisme de près d’un enfant sur deux, et deux fongicides : le propamocarbe, repéré sur 25 enfants (34,7 % du panel) et le phényl-2-phénol, décelé dans l’organisme de 19 enfants (26,4 %). Dans les cheveux, 45 substances ont été retrouvées, 4,4 par enfant en moyenne. Le plus touché en avait dix. La molécule la plus présente est un insecticide, le DEET (86,1 % du panel). Suivent le pipéronyl butoxide, un adjuvant (77,8 %) et un fongicide, l’azoxystrobine (33,3 %).
Des substances « qu’on ne devrait pas avoir dans le corps »
Des néonicotinoïdes, qui ont des conséquences sur le développement neurologique, ressortent à des niveaux élevés chez 11 enfants, « alors qu’ils sont interdits depuis 2013 et 2018 », rappelle la scientifique. « Plus ils habitent près des champs, plus les taux sont élevés », souligne-t-elle.
De l’atrazine, herbicide interdit depuis 2004, possible perturbateur endocrinien et neurotoxique, et de la dieldrine, insecticide interdit depuis les années 1970 et très persistant dans l’environnement, ont également été retrouvés, avec d’autres produits cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques comme la pendiméthaline ou le phtalimide. Autant de substances « qu’on ne devrait pas avoir dans le corps », insiste Laurence Huc.
Dans la plaine d’Aunis, 15 cas de cancers pédiatriques ont été recensés depuis 2008, entraînant deux décès, selon Santé Avenir Environnement. « On veut une enquête des pouvoirs publics. On a fait ce projet citoyen de recherche parce que l’Agence régionale de santé (ARS) et Santé publique France ne font rien », accuse le fondateur de l’association, Franck Rinchet-Girollet, dont le fils de sept ans est en rémission.
Source : https://tinyurl.com/yeywt6tf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire