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mercredi 29 juin 2022

Après le feu vert de Londres à l’extradition de Julian Assange, un chemin judiciaire encore long

Après le feu vert de Londres 

à l’extradition de 

Julian Assange, 

un chemin judiciaire 

encore long

 

Olivier Tesquet

Publié le 20/06/22

 

“Liberté pour Julian Assange”, réclame une femme lors d’une manifestation devant l’ambassade du Royaume Uni à Mexico.

Photo : CLAUDIO CRUZ / AFP

 

La Grande-Bretagne a autorisé, vendredi, l’extradition aux États-Unis du fondateur de WikiLeaks, à l’origine de révélations sur le gouvernement américain en 2010 et emprisonné à Londres. Mais Julian Assange ne devrait pas traverser l’Atlantique avant longtemps.

« 175 ans, c’est long, surtout vers la fin », euphémisait Éric Dupond-Moretti début 2020, du temps où il était l’avocat français de Julian Assange et pas encore le ministre de la Justice d’Emmanuel Macron. Mais avant même de purger cette peine, encourue pour avoir révélé les secrets de l’armée et de la diplomatie américaines avec son site WikiLeaks, Julian Assange doit d’abord patienter dans une cellule de 6 mètres carrés de la prison londonienne de Belmarsh, surnommée « le Guantánamo britannique » pour la proportion de détenus terroristes non jugés qu’elle accueille en son sein.

 Vendredi 17 juin, Priti Patel, la ministre de l’Intérieur de Boris Johnson, a signé l’ordonnance d’extradition d’Assange vers les États-Unis, le rapprochant de son destin carcéral outre-Atlantique. Mais l’affaire n’est pas entendue. Dénonçant « un jour sombre pour la liberté de la presse et la démocratie britannique », WikiLeaks a annoncé son intention de faire appel de la décision. Une énième bataille dans un feuilleton judiciaire qui dure depuis douze ans et trois présidents américains. Dans l’hypothèse où les recours britanniques échoueraient, l’équipe de défense d’Assange prévoit de saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) courant juillet. Elle s’appuie sur deux points : la violation des articles 3 (qui interdit aux États de pratiquer la torture ou d’infliger des traitements inhumains et dégradants) et 10 (qui protège la liberté d’expression). De quoi rallonger encore le séjour au purgatoire alors que le Royaume-Uni post-Brexit songe de plus en plus à quitter la CEDH.

Les deux faces de Julian Assange

Soutenu par l’immense majorité des ONG de défense des droits humains et des associations de journalistes, d’Amnesty international à Reporters sans frontières, Assange reste incarcéré depuis son exfiltration par la force de l’ambassade d’Équateur, il y a 1 167 jours. Cas pratique pour étudiants en droit avides de travail nocturne, cette affaire peut-elle encore accoucher d’un verdict qui ne déshonore ni l’homme ni les États qui le poursuivent ? « On espère que la justice va triompher, mais on comprend que le débat n’est pas là », souffle l’avocat de l’activiste australien Antoine Vey. Il était au parloir avec un Assange affaibli quand la dernière décision est tombée. Le pénaliste poursuit : « Discuter des moyens [de recours], c’est se laisser enfermer dans le piège judiciaire. La matérialité de ses révélations n’a jamais été contestée, mais tant que les États-Unis feront de lui une cible, elles ne seront jamais tranchées au fond. »

Ces limbes procéduraux, où les notions d’intérêt public et de procès politique sont condamnées à rester des interprétations sans effet, ne jouent pas en faveur de Julian Assange. L’ancien juge espagnol Baltasar Garzón a beau répéter que « de toute sa carrière, [il n’a] jamais vu une violation aussi systématique des droits de la défense », le cas continue de déchirer les pro et les anti, sommés de choisir leur camp. L’équation semble insoluble. D’une main, il a collaboré avec les plus grands médias de la planète et révélé les crimes de guerre américains en Irak (dans la vidéo Collateral Murder, vue 17 millions de fois depuis sa mise en ligne sur YouTube en 2010) ; de l’autre, il a été l’instrument de tentatives d’ingérence russes dans les campagnes présidentielles américaine et française, en 2016 et en 2017. Passé ce crime de lèse-information difficile à défendre, les postures se sont encore raidies avec la guerre en Ukraine. Et Assange l’anti-impérialiste à l’ancienne s’est vu irrémédiablement rhabillé des nouveaux habits de l’idiot utile. Quand ce ne sont pas les oripeaux de l’espion au service d’une puissance ennemie : en 2017, Mike Pompeo, alors patron de la CIA, estimait déjà que « WikiLeaks se comportait comme une agence de renseignement hostile ».

 Ironie cruelle : ce qui est porté à son débit – un second rôle dans la déstabilisation de processus électoraux – n’est pas ce qui lui vaut d’être poursuivi aujourd’hui. Les dix-huit chefs d’inculpation lancés contre lui ne concernent ni la diffusion des mails piratés du Parti démocrate, ni celle des MacronLeaks, tous deux savamment mis en scène par les hackers du GRU, le renseignement militaire russe. Il n’est question que de ses méga-fuites de l’année 2010, coordonnées avec de prestigieux et respectables titres de presse qui, demain, après-demain, pourraient être poursuivis, tels de vulgaires receleurs.

Source : https://www.telerama.fr/debats-reportages/apres-le-feu-vert-de-londres-a-l-extradition-de-julian-assange-un-chemin-judiciaire-encore-long-7010990.php?xtor=EPR-164

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