Alerte sur les fongicides SDHI :
« Il faut cesser cette folie »
Fabrice Nicolino, à l’origine du mouvement anti-pesticides des coquelicots, réclame un moratoire immédiat sur les SDHI, des fongicides très utilisés en agriculture.
« Le Crime était presque parfait ». LP/Jean-Baptiste Quentin
Dans
son nouveau livre d'enquête qui sortira le 12 septembre, (c'est aujourd'hui) « Le Crime est
presque parfait » (Ed. Les liens qui libèrent, 224p., 20 euros),
Fabrice Nicolino s'est penché les très controversés fongicides SDHI.
L'auteur de « Nous voulons des
coquelicots », qui avait initié le mouvement anti-pesticides des coquelicots, réclame avec sa faconde un moratoire immédiat sur ces
fongicides.
Pourquoi ? Côté pile, les SDHI s'attaquent à la succinate déshydrogénasse, enzyme qui participe à la chaîne respiratoire des champignons, et permettent ainsi de détruire ces nuisibles qui attaquent les récoltes. Mais côté face, selon plusieurs chercheurs, ils peuvent de la même manière bloquer le système respiratoire des animaux et des êtres humains.
Dans
votre ouvrage, vous semblez accuser l'Anses (Agence nationale de
sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail)
d'avoir délibérément négligé l'alerte de grands chercheurs ?
FABRICE
NICOLINO. Bien sûr. L'Anses est l'organisme qui donne les autorisations
de mise sur le marché pour les pesticides et qui doit ensuite en être
le juge. De qui se moque-t-on ? Cette agence a démontré que, même secouée
par d'éminents scientifiques, elle ne peut pas fournir une expertise
indépendante. Après la première alerte de Pierre Rustin ( NDLR : ce
chercheur à l'Inserm a publié une tribune appelant à « suspendre l'utilisation tant qu'une estimation des dangers et des risques n'aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants » ), qui aurait dû stopper la diffusion le temps d'avoir des études indépendantes, l'agence a fait le mort près de neuf mois.
Le problème n'est-il pas simplement celui des tests réglementaires moins performants que la recherche fondamentale ?
Non.
Les autorités sont désormais trop liées aux industries. Chaque année,
elles publient des notes pour vanter ce type de fongicides et dire
comment épandre ces produits potentiellement toxiques. Est-ce le rôle de
l'Anses qui vit de l'argent public et promet de protéger la société ?
Poser la question, c'est y répondre. Le problème est que cette famille
de fongicide est un nouvel Eldorado. On estime que son chiffre
d'affaires mondial de 2 milliards d'euros va encore augmenter.
Que réclamez-vous ?
Moi,
je me contente de répéter la demande légitime de scientifiques
reconnus. Ils estiment que les SDHI représentent un danger colossal,
qu'il faut stopper l'utilisation immédiatement. De mon point de vue,
rien ne changera sans une mobilisation massive de la société. Il faut
cesser cette folie avant que les SDHI ne deviennent le nouveau scandale
sanitaire, comme la chlordécone dans les Antilles (un insecticide
cancérigène utilisé dans les bananeraies) ou le DDT (interdit depuis
trente ans mais dont on trouve encore des traces).
Source : http://www.leparisien.fr/environnement/alerte-sur-les-fongicides-sdhi-il-faut-cesser-cette-folie-06-09-2019-8147307.php?fbclid=IwAR2EkB7jaGIfwSl6a9WDotZfPK8iDiITel6MB5pvZQ-rpRDZS8WtnAxtuCM
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