Les conditions d’élevage
à l’isolation
des jeunes veaux laitiers
L’association
CIWF dénonce une disposition réglementaire européenne qui permet de
garder les veaux de moins de 8 semaines dans des cages individuelles.
Des rangées de boxs individuels, tels des
igloos de plastique blanc, certains avec une courette, d’autres sans. A
l’intérieur, de jeunes veaux âgés de quelques semaines. Ces images sont
peu connues du grand public. Diffusées depuis le 22 juillet, elles
émanent de l’association Compassion in World Farming (CIWF), qui milite
pour améliorer les conditions d’élevage.
L’ONG
internationale a enquêté dans plusieurs fermes européennes pour
illustrer la situation des jeunes animaux issus de l’industrie laitière,
qui sont soumis à une exception réglementaire européenne permettant de
les élever dans des cages jusqu’à l’âge de 8 semaines.
Les
équipes de CIWF se sont notamment rendues au printemps dans plusieurs
exploitations polonaises. On y voit des petits bovins dans des logettes
individuelles, certains sont sur caillebotis, d’autres sur litière,
parfois isolés dans la neige, avec des protections contre le froid
inadéquates.
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=pgnl5xPZ7_Q
Séparation maternelle
« Ces
jeunes veaux ont déjà été enlevés à leur mère à la naissance, en
général à l’âge d’un jour, après les premières tétées de colostrum, commente Léopoldine Charbonneaux, directrice France de CIWF. Déjà stressés par la séparation maternelle, ils ont besoin de contacts avec des congénères. »
CIWF a pu constater dans certaines fermes des infractions – notamment
des veaux âgés de 3 à 4 mois, bien plus que ce qu’autorise la
législation, et des animaux qui n’avaient pas la possibilité de se voir
ou de se toucher, alors que le règlement européen stipule précisément
que même logés dans des cages, les veaux doivent avoir un contact
physique et visuel entre eux.
Dans un élevage de veaux en Pologne. CIWF
Mais au-delà des infractions, c’est surtout la directive européenne 2008/119, qui autorise les cages pour les jeunes veaux, qu’entend dénoncer l’association.
« C’est une pratique que peu de gens connaissent, mais qui reste très
répandue. Selon nos estimations, 60 % des veaux laitiers en Europe, soit
plus de 12 millions de veaux par an, grandissent dans ces conditions »,
avance Léopoldine Charbonneaux. En France, il est difficile
d’évaluer la proportion d’animaux concernés, en l’absence de données
officielles sur le type de logements de ces bêtes.
La
justification de cette exception législative tient aux difficultés pour
les éleveurs à contenir la propagation de maladies entre jeunes veaux
fragiles et à faciliter un traitement individualisé pour chaque animal
afin d’éviter que des bêtes dominantes prennent le dessus. « Mais ce sont des contraintes surmontables, argue la responsable de CIWF France. Avec
des litières bien ventilées et des systèmes d’évacuation des déjections
adaptés, on limite les pathologies. La concurrence alimentaire est
renforcée par le fait que dans ces systèmes d’élevage en boxes, les
veaux n’ont que deux tétées quotidiennes, quand à l’état naturel ils
tètent neuf fois par jour. »
Dans un élevage de veaux laitiers en Pologne. CIWF
Initiative citoyenne européenne
L’alimentation
est d’ailleurs l’un des points d’inquiétude concernant ces animaux :
ces veaux destinés ensuite à la boucherie sont nourris avec une
alimentation lactée jusqu’à 4 ou 5 mois, alors qu’à l’état naturel, le
ruminant en devenir commence à manger de l’herbe ou du foin à partir de
15 jours. « Les veaux sont anémiés pour rendre leur viande plus claire, explique Léopoldine Charbonneaux.
Cette alimentation contre-nature est perpétuée pour les besoins des
consommateurs. Mais nous sommes persuadés que s’ils étaient mieux
informés, les acheteurs n’auraient pas de souci à manger une viande plus
rosée. »
« Coproduit »
de l’industrie laitière – pour avoir du lait, il faut que les vaches
vêlent –, le veau est difficile à valoriser pour les exploitants, en
raison des contraintes d’élevage qu’il présente. La filière bio pour les
veaux de boucherie est d’ailleurs assez peu développée.
L’association CIWF a bon espoir de faire aboutir, à la rentrée, une initiative citoyenne européenne (ICE) appelant l’Union européenne à agir contre l’élevage en cages.
Lancée en septembre 2018, cette ICE a déjà recueilli plus de
1,2 million de signatures. Si, après vérification des identités et
élimination des doublons, les autorités valident plus d’un million de
paraphes, la Commission sera tenue de répondre et une audience devra se
tenir au Parlement européen. « Nous souhaitons une interdiction
progressive des cages, actée avec des objectifs calendaires et que les
éleveurs soient accompagnés dans la transition vers des élevages
alternatifs », plaide la directrice de CIWF France.
Lire aussi : La viande cellulaire va-t-elle révolutionner nos assiettes ?
Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/24/les-conditions-d-elevage-a-l-isolation-des-jeunes-veaux-laitiers_5492895_3244.html?fbclid=IwAR3P09LP0AOjdE73iJZrbLMAMcCgPDcDoA7CFY3Qj8-TuxC1HZSDBhyDS4s
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