Sur l’« Aquarius » :
onze personnes secourues
au large de la Libye
Le
navire humanitaire a secouru dix Pakistanais et un Ivoirien à bord d’une
petite barque. Les autorités libyennes ont demandé à récupérer les
migrants, ce que refusent les sauveteurs.
L’Aquarius
a mis le cap sur l’embarcation et s’est rapidement retrouvé à sa
hauteur, à environ 28 milles marins (52 kilomètres) de la Libye, face à
la ville d’Abou Kammach. « Nous avons essayé de contacter par
téléphone et par radio le centre de coordination des sauvetages à
Tripoli mais nous n’avons eu aucune réponse », explique Nick Romaniuk, responsable des opérations de recherches et de secours pour SOS Méditerranée.
En
s’approchant de l’embarcation, l’équipage a pu formellement identifier
une petite barque en fibre de verre, équipée d’un moteur, avec onze
hommes à son bord. Nick Romaniuk précise :
« Nous avons vu qu’ils étaient en train d’écoper le bateau. Ils avaient des gilets de sauvetage, mais ce sont des modèles de mauvaise confection, qui se remplissent d’eau donc c’est dangereux. »
C’est un garçon aux traits juvéniles qui est évacué en premier
Sur le pont de l’Aquarius, les
sauveteurs de SOS Méditerranée équipent rapidement deux canots
pneumatiques semi-rigides et les mettent à l’eau. Une fois à hauteur de
l’embarcation en détresse s’engage un échange à grand renfort de
gesticulations. La paume des mains vers le bas : « Restez assis ! » Les pouces levés : « OK très bien ! »
Les mains se tendent et attrapent des poignées. C’est un garçon aux
traits juvéniles qui est évacué en premier. En moins d’un quart d’heure,
tout le monde est transféré sur le canot pneumatique de SOS
Méditerranée.
Sur le
pont, le reste de l’équipage se tient prêt à accueillir les personnes
secourues. La manœuvre est bien huilée. Un à un, les hommes sont montés à
bord et installés sur le pont arrière du bateau. Petit à petit, on
comprend qu’ils sont pakistanais à l’exception d’un homme originaire de
Côte d’Ivoire. Ils auraient quitté les côtes libyennes la veille à
23 heures, depuis le port de Zouara.
Résidus d’essence
Un
membre de MSF leur donne quelques explications sommaires, tandis qu’ils
essayent de rallumer leur téléphone emballé dans plusieurs couches de
plastique. Un sac est distribué à chacun d’entre eux, avec du linge
propre, de l’eau, une serviette… Tous vont pouvoir prendre une douche
pour se débarrasser des résidus d’essence qui leur collent à la peau.
Secourus par l’« Aquarius », à plus de 120 milles marins du rivage européen le plus proche
La
barque dont ils ont été évacués flotte à présent à vide. L’équipe de SOS
Méditerranée démonte le moteur et disperse ses pièces à l’eau. La coque
est marquée à la peinture noire : « SAR AQU 20/09/2018 », afin que chacun sache que les personnes à bord ont été secourues par l’Aquarius, à plus de 120 milles marins (environ 222 kilomètres) du rivage européen le plus proche, l’île italienne de Lampedusa.
Quelques instants plus tard, l’Aquarius reçoit un e-mail des autorités maritimes libyennes :
« Nous assurons la coordination de cette opération. Nous allons intervenir avec un navire de patrouille pour prendre les migrants. »
L’Aquarius a
fait savoir qu’il n’entendait pas remettre des personnes rescapées aux
autorités libyennes, dans la mesure où celles-ci n’offrent pas un port
sûr de débarquement. « Je vous suggère de contacter un autre centre de coordination », leur ont répondu les Libyens. Une étape délicate s’annonce au beau milieu de la Méditerranée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire