Mardi 10 avril à 20h45
Les Ciné-Rencontres vous proposent
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Synopsis
Plus de 65
millions de personnes ont été contraintes de quitter leur pays pour fuir
la famine, les bouleversements climatiques et la guerre : il s'agit du
plus important flux migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale.
Réalisé par l’artiste de renommée internationale Ai Weiwei, HUMAN FLOW
aborde l'ampleur catastrophique de la crise des migrants et ses
terribles répercussions humanitaires.
Critique par Jacques Morice
La
mer ou la terre vue du ciel, mais rien à voir avec Yann
Arthus-Bertrand. Car la beauté de loin est contrebalancée par un
mouvement de zoom avant. Non, ce ne sont pas des fleurs, ces taches
magnifiquement orange sur l’eau, mais des hommes et des femmes portant
des gilets de sauvetage. Non, ce ne sont pas des fourmis, ces myriades
de points noirs qui grouillent à côté de carrés blancs, mais des
réfugiés qui vont et viennent autour de tentes. De près, la réalité est
terrible. Un chiffre la résume : plus de 65 millions de personnes ont
été contraintes, ces dernières années, de quitter leur pays d’origine,
pour cause de guerre ou de famine. On n’avait pas connu de tels
déplacements de population depuis la Seconde Guerre mondiale. Ai Weiwei,
symbole de l’art contemporain et de la dissidence têtue en Chine, a
tenu à en rendre compte, par cet ample documentaire, criant de vérité.
On
suit des cortèges sans fin de migrants, qui marchent sur les routes. On
assiste de près au débarquement d’un groupe de passagers, revenus sans
doute de l’enfer, et évacués dans un calme solennel. On voit des gens
qui croupissent aux frontières ou les traversent, plus ou moins
illégalement. Ai Weiwei apparaît parfois à l’image, échange avec
certains réfugiés, les soutient par un rire ou un geste. Des chiffres
défilent sur l’écran. Certains responsables d’associations humanitaires
ou leaders politiques interviennent. Mais, le plus souvent, il n’y a pas
de mots. Les images parlent d’elles-mêmes. Encore fallait-il aller les
chercher ainsi, avec cette patience, cette obstination. Ai Weiwei a «
couvert », depuis 2015, vingt-trois pays, en Europe, mais aussi
ailleurs. Il en a rapporté mille heures de rushs, qu’il condense en un
film de deux heures vingt.
Human Flow approche
des milliers de vies humaines bouleversées, maltraitées. On a souvent
l’impression de traverser des no man’s land, des régions frappées par
l’apocalypse, en compagnie de fantômes. Les situations varient — les box
aménagés dans le gigantesque hangar de l’aéroport de Tempelhof, à
Berlin, paraissent luxueux à côté de Sangatte, des camps palestiniens ou
de Dadaab, au Kenya. Le film peut paraître décousu : Ai Weiwei n’a pas
de message à délivrer, il rappelle simplement de manière directe,
affolante et belle, que tout être humain a le droit de migrer et d’être
accueilli, mais que ce droit fondamental est bafoué. Tout près de nous,
dans notre village global.
Des nouvelles du 59° festival Ciné-rencontres 2018
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