Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mercredi 4 avril 2018

Chronique des ZAD du mois de mars 2018

Des infos, des liens, des photos, pour tout savoir, ou presque, sur ce qu'il s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant ce mois de mars 2018.On y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, d'Europacity, de l'anti GCO à Strasbourg, de l'Amassada et de plein d'autres endroits.
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NotreDameDesLandes 66 pour cette précieuse compilation mensuelle.




NOTRE DAME DES LANDES (44) : Enraciner l'avenir

Source : ZAD.nadir.org et médias


Mars 2018


Et ailleurs : Bure (55) - Parc éolien dans la mer d'Opale - Beynac (24) - Europacity (95) - Montabot (50) - Anti GCO Strasbourg (67) - Millau (12) - Hambach (Allemagne) - Amassada (12) -


 
ZAD de NDDL - 44



Infos du 1er au 11 mars



Vendredi 2 mars

ZAD texte : PROPOSITIONS SUR LES MOBILISATIONS À VENIR POUR L’AVENIR DE LA ZAD DE NOTRE-DAME-DES-LANDES (et au-delà)


Samedi 3 mars

Formations Prêt-e-s à (de nouveau) défendre la zad ?
 Samedi 17 & dimanche 18 mars à La Zad, Notre-Dames-des-Landes

Durant tout l’automne 2016, le gouvernement a répété à l’envi que les travaux de l’aéroport de Notre Dame des Landes étaient sur le point de débuter, et que la zad serait expulsée. En réponse 6 week-ends de formation « Prêt-e-s a défendre la zad » avaient été organisés, et près de mille personnes avaient participé, démontrant ainsi la détermination du mouvement à résister aux expulsions. Grâce à celle-ci, nous avons arraché l’abandon du projet d’aéroport. Mais les menaces d’expulsions persistent.

Les 17 & 18 mars prochains, exactement deux semaines avant la date annoncée par le gouvernement pour le début de possibles expulsions, nous vous invitons à (re)venir sur la zad pour un week-end de formation et course d’orientation. Vous pourrez ainsi mieux connaître le terrain, apprendre à monter un groupe affinitaire ou vous familiariser avec vos droits.

Pour être au plus près des conditions « réelles » et se préparer à des expulsions partielles (le plus probable si l’on en croit la préfète), la formation suivra une formule un peu différente. Elle se tiendra de 10h le samedi matin (à la Wardine) à dimanche en début d’après midi (rendez vous sur un lieu surprise), avec une partie de la course d’orientation en nocturne. Apportez vos frontales, vos bottes et vos sacs de couchage car il faudra participer aux deux jours entiers, et dormir la nuit de samedi sur place.

Nous vous demandons de venir avec de quoi partager un pique nique le samedi et dimanche midi (ainsi que des barres de céréales, chocolat, etc pour la course d’orientation). Un repas à prix libre sera organisé le samedi soir, et comme c’est aussi l’anniversaire du soulèvement de la commune de Paris en 1871, nous allons fêter ça avec une petite surprise le dimanche après midi après la formation.

Pour faciliter la logistique (repas, hébergement, etc), merci de confirmer votre venue sur zadforever (at) riseup.net.

C’est ensemble et bien préparé-e-s que nous préserverons l’expérience de la zad !


Infos du 5 au 11 mars




Lundi 5 mars


Un texte de réflexions «  la route des 10 cordes » sur la composante du mouvement face aux manœuvres sur la D281 :




Vendredi 9 mars

Nous sommes seuls légitimes à prendre en charge l’avenir de la ZAD



Communiqué commun du mouvement – 8 mars 2018

Le mouvement contre l’aéroport et pour un avenir commun dans le bocage revendique sa légitimité à prendre en charge le territoire de la ZAD

L’abandon du projet d’aéroport est l’aboutissement d’une longue lutte soutenue activement par des dizaines de milliers de personnes. Le mouvement contre l’aéroport et pour un avenir commun dans le bocage est seul en mesure aujourd’hui de mettre en œuvre un projet cohérent pour ce territoire articulant la pérennisation des habitats, l’impulsion d’une dynamique agricole inédite et le soin apporté aux questions environnementales. Lui seul peut, pour reprendre les mots de la mission de médiation, porter un « terrain d’expérimentation de pratiques » dans un projet « spécifique, à fort enjeu », avec « un caractère très novateur ».

Depuis plusieurs mois, « l’Assemblée des Usages » rassemble le mouvement autour de la question de la prise en charge du territoire par celles et ceux qui l’ont sauvé de la destruction programmée. Elle a mandaté une délégation commune pour porter ce projet auprès des institutions. Le 28 février cette délégation était reçue en préfecture. Mais loin de marquer l’ouverture d’une négociation apaisée avec l’État, ce rendez-vous semble plutôt le début d’un long bras de fer sur l’avenir de la ZAD. La feuille de route ministérielle que la préfète est en charge d’appliquer est en effet loin de nos attentes :

►La menace d’une opération d’expulsion au terme de la trêve hivernale est fermement maintenue. Alors même que la plupart des lieux de la ZAD ne sont pas légalement expulsables, nous réaffirmons que toute tentative d’expulsion ferait l’objet d’une réaction forte et immédiate de l’ensemble du mouvement.

►Le gouvernement ne voudrait pas d’une « solution type Larzac » et s’opposerait à « tout transfert massif de terres » vers une entité commune du mouvement. En proposant la signature individuelle de Conventions d’Occupation Précaire, il y a clairement volonté de morceler l’usage du territoire et le mouvement. Nous maintenons que c’est bien le mouvement qui a légitimité à prendre en charge ces terres d’une manière commune et cohérente.

►La préfecture crée un comité de pilotage sur les seuls enjeux agricoles de la ZAD sous l’égide de la DDTM, regroupant des organisations officielles agricoles, les élus des territoires concernés et quelques associations triées sur le volet. Nous soutenons que l’avenir de ce territoire ne peut être abordé que dans sa globalité, sûrement pas en sectorisant les enjeux. Et qu’on ne fera croire à personne que la chambre d’agriculture tiendra réellement compte des problématiques environnementales.

Nous réclamons donc l’ouverture rapide d’un vrai dialogue entre les représentants de l’État et notre délégation commune, pour lancer la mise en œuvre du projet, sur la base de nos propositions, seule façon de préparer un avenir serein sur le territoire de la ZAD. La première phase, qui suppose qu’il n’y ait pas d’expulsions, étant le gel de l’attribution conventionnelle de l’usage des terres pour 3 ans, et l’attribution du pilotage du territoire à l’entité représentative du mouvement. Pilotage que nous souhaitons en concertation avec l’ensemble des institutions concernées.

Les trente mille personnes présentes le 10 février dernier pour enraciner l’avenir de la ZAD, ainsi que de nombreuses organisations nationales, ont clairement exprimé leur engagement à défendre cette vision. Nous continuerons à construire et à déployer de nouvelles installations agricoles et de nouvelles activités sur les terres de la ZAD.

L’Assemblée du 6 mars et la délégation commune constituée de membres de l’ADECA, l’ACIPA, COPAIN 44, la Coordination des opposants, le CéDpa, les Naturalistes en lutte et des habitant-e-s de la ZAD.

Contacts : Dominique Lebreton : 06 60 85 60 99 ; contact presse zad : 06 95 06 81 49.


Samedi 10 mars


zad forever :

 

Attention le week-end de formation Prêt-e-s à (de nouveau) défendre la zad ? a été déplacé d’une semaine. Il se tiendra les 24 et 25 mars prochains.

Infos du 12 au 18 mars

Lundi 12 mars


Jean-Luc Mélenchon : « L’écologie doit être un stimulant d’enthousiasme »


..

Deux questions d’actualité d’écologie pour conclure. Quel avenir pour la Zad de Notre-Dame-des-Landes ?

Il y a là un bouillon de culture qui va produire quelque chose. D’abord, cela va produire d’autres Zad. Il n’y a pas beaucoup de grandes victoires, en ce moment. Donc, celle-là retentit. Son retentissement pour les grands projets inutiles va être considérable. Plein de gens se sentent maintenant habilités à dire : « Mais pourquoi fait-on ceci ? Pourquoi là ? Ah bon, on va gagner un quart d’heure de trajet ? Et, pourquoi faire, s’il vous plaît ? »

L’autre point qui m’intéresse est le processus d’autoorganisation à l’intérieur de la Zad. Aujourd’hui, la société libérale impose des reculs permanents du droit et des droits collectifs au profit de l’empilement de droits singuliers et particuliers, qui vont toujours aux plus forts. Le mouvement ouvrier a commencé comme une irruption de la volonté de droits collectifs à l’intérieur d’un espace qui n’en avait pas, l’entreprise. Là c’est pareil : les droits écologiques surgissent par la lutte. En imposant des droits écologiques, on impose des droits humains.

Mais l’auto-organisation ?

Elle produit un nouvel âge de la lutte pour les droits. Évidemment, c’est expérimental, local, il y a plein de critiques à faire. Mais cela a surgi. C’est une autoproduction de la réalité, un surgissement d’une nouvelle réalité. Nous, la France insoumise, on veut répandre çà. L’autoorganisation des masses produit les phénomènes révolutionnaires.

On disait autrefois que la société bourgeoise s’est créée à l’intérieur de la société féodale, puis a renversé les barrières féodales. Le mouvement ouvrier s’est infiltré dans la société capitaliste, avec les mutuelles, les coopératives, les syndicats, et espérait devenir hégémonique. Aujourd’hui, nous sommes en panne d’un acteur de l’histoire. Le peuple ? Il faut qu’il surgisse. Comment ? Sous quelle forme ? Par l’auto-organisation.

L’autre actualité de l’écologie, c’est Bure et le projet d’enfouissement des déchets nucléaires. Qu’en pensez-vous ?

Ce qu’on nous propose n’est pas raisonnable. L’enfouissement à Bure n’est absolument pas raisonnable. Ils veulent creuser un trou pour y placer des déchets afin de ne plus les voir. Et, sans se poser la question de savoir ce qui se passera une fois qu’ils seront au fond pour 20.000 ans ? Ce n’est pas raisonnable, donc il ne faut pas le faire. Il reste la question : Qu’est ce qu’on en fait ?

Si on continue à exploiter le nucléaire, on continue à fabriquer des déchets dont on ne sait pas que faire. D’où l’urgence d’arrêter le nucléaire. Sinon, on a l’impression de naviguer d’une idiotie à une autre. Enfouir ? Faire des piscines ? Personne ne sait non plus comment elles vont évoluer. Donc, un, arrêter le nucléaire afin de stopper le volume des déchets. Deux, investir dans la recherche fondamentale. Parce que, sans recherche fondamentale, il n’y a aucune solution pour gérer le refroidissement des déchets.

Vous vous opposez à Cigéo ?

Oui. On ne peut pas accepter des solutions absurdes. Le refus de l’exigence écologique est une aliénation.
    Propos recueillis par Hervé Kempf - Reporterre

Solidarité avec les migrant-e-s :

Photos de l’hommage à Karim Ibrahim, réfugié, mort le 8 mars 2018 Porte de la Chapelle à Paris

ZAD : Photos des travaux sur la D281 ce matin et de la vie qui continue :



Radio Klaxon :


Klaxon n’a en ce moment pas de programme programmé dans sa programmation. MAIS, il y a beaucoup de matins, où des copains copines suivent l’info-traFlic et les travaux de la D281, avec aussi des lectures de textes, des témoignages, parfois des directs téléphoniques avec d’autres luttes, etc. mais c’est pas tous les matins. Parfois à 15h et 21h, des émissions sont (re)programmées. et tout le reste de la journée, il y a des annonces, des paroles du moment, des paroles du passé, des extraits de films samplés et de bouts de nos vies aussi, et puis de la poésie et de la musique !

En préparation aux expulsions, on rappelle que, tous vos postes de radio qui se sentent seuls ou inutiles sont toujours extrêmement les bienvenus sur la ZAD, à tous moments et surtout dans le lieux matériellement moins équipés que d’autres. (petits postes, gros postes, enceintes, radio portative, piles...)

Et sinon... Merci A VOUS TOUSTES d’existeeer ! pouet pouet.

Radio Klaxon :

 

Retrouvez ici le podcast d’une émission de Radio Klaxon qui revient sur les multiples choses qui se sont déroulées sur la zad depuis l’abandon du projet d’aéroport. A ECOUTER ICI

Et ici un petit mot qui détaille ce qu’il se passe sur la radio cette semaine

Mardi 13 mars

    POUR UN AVENIR COMMUN DANS LE BOCAGE APPEL À UN RASSEMBLEMENT LE 19 MARS À 13H DEVANT LA PRÉFECTURE

Au cours de longues années de lutte finalement victorieuse, le mouvement dans son ensemble a construit un projet de territoire soucieux des communs, du soin du vivant, d’une vision paysanne et de la place nécessaire aux expérimentations sociales.

Il a mandaté pour défendre ce projet auprès des institutions une délégation intégrant l’ensemble de ses composantes – habitant.e.s, paysan.ne.s, élu.e.s, naturalistes, voisin.e.s.

CONCRÈTEMENT, CECI PASSE D’ABORD PAR PLUSIEURS QUESTIONS MAJEURES :

_- le refus de toute expulsion des habitant.e.s actuel.le.s de la zad_

_- le gel de la situation foncière et de la redistribution institutionnelle des terres_

_- la création d’une entité issue du mouvement qui gère l’ensemble des terres préservées afin que celles-ci aillent en priorité à de nouvelles installations et non à l’agrandissement._

_- l’amnistie des personnes condamnées dans le cadre du mouvement anti-aéroport._

Après un premier rendez-vous où le projet commun a été exposé, la Préfecture refuse à ce jour de poursuivre les échanges avec la délégation commune. Elle a constitué un comité de pilotage qui se réunira une première fois le 19 mars à 14h à la préfecture. Ce comité de pilotage ne permet en aucun cas de répondre aux questions posées par la crise environnementale et sociale. Il ne prend pas en compte les solutions portées par le mouvement pour y répondre à son échelle. Ce comité se donne une vocation purement agricole qui laisse de côté toute une partie des usager.e.s actuel.les de ce territoire et des thématiques pour nous indissociables : l’habitat, les questions naturalistes, la diversité des usages, un modèle paysan...

La préfecture qui se prévaut d’une volonté d’apaisement a par ailleurs réitéré des menaces d’expulsion sur les habitats de la ZAD à partir du 31 mars.

Nous ne pouvons accepter une vision cloisonnée et laisser les terres pour lesquelles nous nous sommes battu.e.s être reprises en main par les voies du modèle agricole classique dont on connaît partout les conséquences : désertification rurale, disparition des petites exploitations, dégradation continue des sols et de la biodiversité. Il n’est pas concevable que les terres de la ZAD soient morcelées en ce sens. Le mouvement continuera au contraire à revendiquer une prise en charge globale avec une entité issue du mouvement qui inclut l’ensemble des habitats, des projets paysans et des autres activités qui se sont développées ici.

Nous ne ne pouvons pas non plus imaginer un dialogue "apaisé" sous la menace d’expulsions, ni accepter que les habitant.e.s actuel.le.s qui ont préservé ce bocage soient évacué.e.s demain. Le mouvement s’est engagé à des réactions immédiates en cas d’intervention policière. Il porte des solutions et des cadres qui permettent de maintenir l’ensemble des habitant.e.s mais qui exigent une volonté de dialogue et du temps.

Nous sommes toujours prêt.e.s à continuer des échanges qui s’ouvriraient sous de meilleurs auspices et sans ces menaces. Ce dialogue ne peut s’engager qu’avec la délégation commune du mouvement. Nous sommes toujours déterminé.e.s à enraciner l’expérience unique qui s’est constituée sur la zad.

L’ASSEMBLÉE DU MOUVEMENT APPELLE DONC À UN RASSEMBLEMENT LORS DU COMITÉ DE PILOTAGE AVEC TOUTES CELLES ET CEUX QUI SE SENTENT CONCERNÉ.E.S PAR PAR LA DÉFENSE D’UN AVENIR COMMUN DANS LE BOCAGE. RENDEZ-VOUS DEVANT LA PRÉFECTURE LE LUNDI 19 À 13H AVEC UN PIQUE-NIQUE.

Jeudi 15 mars

Stop à l’occupation militaire de la ZAD


ZAD : Stop à l’occupation militaire de la D281

Au lendemain de l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-dame-des-Landes, suite à un ultimatum lancé par le Premier ministre de dégager la D281, l’AG des opposant·es a décidé de "libérer" ladite route des chicanes. Depuis, une poignée de salariés de la DIR, direction interdépartementale des routes, effectue tous les jours des travaux, coupe des haies, cure des fossés, rebitume la route...

Ces travaux s’effectuent sous occupation militaire massive de 20 à 50 fourgons, ce qui est inédit depuis avril 2013 : chaque jour deux cents gendarmes mobiles sont présents sur la route, soi-disant pour sécuriser les travaux.

Outre la situation de tension créée, ce flicage est aussi l’occasion d’un fichage de la zone : dans les premiers jours de l’occupation, les gendarmes en ont profité pour s’introduire dans des lieux de vie proches de la route. Depuis, chaque jour, les survols de drones et d’hélicoptère complètent les incessantes vidéos captées par des dizaines de caméras opérées par les gendarmes, et les renseignements accumulés par le Cnoeil*, fourgon dédié à la surveillance surmonté d’un mat-caméra télescopique 360° identifiant des gens à 200m.

Par ailleurs, malgré les propositions des Naturalistes en lutte pour un défrichage de la route respectueux de la nature, la DIR massacre tout sur son passage, allant même jusqu’à buser les fossés.

La CNT 44 exprime toute sa solidarité avec les habitant·es qui chaque jour subissent cette occupation, et y font face pour s’assurer que les gendarmes ne s’introduisent plus dans les lieux de vie.

Nous exigeons la fin de cette occupation militaire, qui ne sert qu’à faire monter la tension pour justifier d’éventuelles expulsions annoncées par la préfète après la fin de la trêve hivernale.

Nous appelons tou·tes les opposant·es au projet d’aéroport et son monde à rester vigilant·es sur cette situation et à se montrer solidaires des occupant·es.

Flics hors de nos vies, gendarmes hors de la ZAD !
CNT 44, mars 2018

*Cellule nationale d’observation et d’exploitation de l’imagerie légale

Vendredi 16 mars

La rénovation de la « route des chicanes » suspendue après des dégradations


Le conseil départemental de Loire-Atlantique a annoncé jeudi 15 mars avoir suspendu les travaux de remise en état de l’ancienne « route des chicanes » traversant la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, en raison de dégradations commises dans la nuit. « Après de premières dégradations commises fin février lors d’une phase précédente, l’intervention réalisée hier dans un secteur sensible a été saccagée pendant la nuit », a indiqué le département dans un communiqué. L’enrobé de la route posé mercredi a été enlevé en « cinq ou six endroits » de la départementale 281, interdite à la circulation depuis novembre 2012, a précisé le conseil départemental. Nicole Klein, préfète de la région Pays de la Loire, a cependant estimé que les dégradations n’étaient « pas majeures ».

Le département a déposé une plainte à la gendarmerie de Blain et annoncé la suspension sine die du chantier. Il avait engagé le 29 janvier les premiers travaux préparatoires à la réfection de la route, après le dégagement par les opposants à l’ex-projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes des divers obstacles qui l’obstruaient. « Le chantier devait arriver à son terme dans les prochains jours », souligne le département et une réouverture de la route était initialement envisagée « en début de semaine prochaine ».

Cette remise en état, dont le coût avait été estimé à environ 600.000 euros par les services de l’État, s’effectue depuis le 5 février sous la protection de 200 gendarmes mobiles. 


Samedi 17 mars



Infotraflic : Les poulets font des heures sup. 
 
Malgré le fait que c’est samedi et qu’il n’y a pas de travaux, on signale une grosse présence de bleusailles sur les routes de la ZAD (pas seulement la D281). 4 fourgons (avec parfois un projo allumé), font des rondes tranquilou avec parfois des petits arrêts notamment au carrefour des Ardillères. Ils ont commencé cette nuit, et continuent aujourd’hui. Voilà Voilà.... Des infos fraiches sur Radio Klaxon. Merci de continuer à nous signaler leur présence et déplacements.

Flics hors de nos vies, hors de nos ZADs !!

Infos du 19 au 25 mars



Lundi 19 mars

La bataille pour la terre s’engage à Notre-Dame-des-Landes


Ce lundi, la préfecture de Loire-Atlantique réunit un comité de pilotage pour lancer les discussions autour de l’avenir de la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Mais l’essentiel des ex-opposants à l’aéroport ne sont pas conviés, et deux visions contraires de l’avenir s’affrontent.

Pâtures, haies, champs, fermes, mares, arbres, espèces protégées de Notre-Dame-des-Landes : que vont-ils devenir ? Les discussions officielles sur l’avenir du bocage devraient commencer ce lundi 19 mars sous l’égide de la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein. La première réunion du « comité de pilotage sur la gestion du foncier » a lieu cet après-midi.
Autour de la table, la représentante de l’État a invité les élus concernés, quatre syndicats agricoles (FNSEA, Jeunes Agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne), et trois associations (Acipa - Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport -, Adeca - Association de défense des exploitants concernés par le projet d’aéroport -, et Amelaza - Association pour le maintien des exploitations légales sur l’ancienne zone aéroportuaire. À l’ordre du jour, pas moins que l’état des lieux de la zone, les fondations d’une gestion transitoire le temps de la transition et la « construction du projet agricole et de territoire ».

Les semaines précédentes, la préfète a rencontré et consulté de nombreux acteurs. « Elle a annoncé qu’elle allait faire aujourd’hui des propositions. Donc, on sera là pour écouter, on est dans l’attente », réagit Sylvain Fresneau, représentant de l’Adeca. « On sera tous autour de la table avec les services de l’État, on va pouvoir commencer à discuter », se satisfait de son côté le maire de Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud.

« Ce comité de pilotage, on ne sait même pas s’il va pouvoir se tenir ! Il y a la pression d’une manifestation, des gens qui ne veulent plus venir. Je n’en attends pas beaucoup », s’emporte à l’inverse le président de la Chambre d’agriculture, Jacques Lemaître. Sa structure avait accompagné plutôt favorablement le projet d’aéroport. Il coordonne désormais le comité professionnel, qui en parallèle du comité de pilotage, doit avancer les aspects purement agricoles.

    « On n’aime pas les zadistes, 

    donc on leur met des règles plus contraignantes 

    que pour les autres » 


Le mouvement anti-aéroport appelle à un rassemblement devant la préfecture cet après-midi. « Ce comité de pilotage […] a une vocation purement agricole qui laisse de côté une partie des usager.e.s actuels de ce territoire », annonce-t-il dans un communiqué, redoutant que les terres « pour lesquelles nous nous sommes battu.e.s [soient] reprises par les voies du modèle agricole classique ».

Ces discussions vont devoir régler un imbroglio juridique (quelle terre appartient à qui ?) mais aussi humain (des gens ont construit leur vie sur la Zad), historique (qui a utilisé quelle terre, à quelle époque ?), politique, agricole… Le conseil départemental de Loire-Atlantique a décidé d’emmêler un peu plus le sac de nœuds : il vient de demander à l’État de lui rétrocéder les terres qu’il lui avait vendues. Pour l’instant, les juristes n’ont pas tranché la légalité de cette requête.

Deux visions s’affrontent concernant l’avenir de la zone. La Chambre d’agriculture et le syndicat agricole majoritaire (la FNSEA) plaident pour un retour à la normale. Jacques Lemaître, le président de la Chambre d’agriculture, revendique un contrôle étroit des installations d’agriculteurs qui pourraient se faire : « D’habitude, il n’y a pas d’étude approfondie pour les petites surfaces, surtout qu’il n’y a pas de concurrence. Là, comme c’est une zone de revitalisation, on va demander à connaître plus précisément les projets. On veut des choses viables et non pas des projets fumeux visant à produire deux trois salades et quatre poireaux ! » La préfète a cependant refusé, pour l’instant, de lui laisser la responsabilité de la redistribution des terres.

« C’est problématique de faire les choses dans cet esprit : on n’aime pas les zadistes, donc on leur met des règles plus contraignantes que pour les autres », proteste Dominique Lebreton, agriculteur membre du mouvement anti-aéroport. Associations et zadistes rassemblés revendiquent une gestion collective et la place pour des expérimentations agricoles. Une « assemblée des usages » assure déjà un suivi et une répartition des terres actuellement cultivées non pas selon leur propriété, mais en fonction des activités et cultures décidées collectivement par l’assemblée. L’idée est de légaliser la situation actuelle. Pour cela, une association a été créée, qui pourrait être gestionnaire des terres et conclure des baux avec les différents projets agricoles sur la Zad, en plus de réserver une partie des parcelles à des travaux collectifs.

« On est juridiquement prêts », assure Dominique Fresneau, de l’Acipa. « On peut signer des baux incluant des chartes de respect du bocage et de l’environnement. » Le projet se veut transversal, ne se limitant pas aux aspects agricoles. « On aimerait bien que des lieux comme la bibliothèque de la Zad restent, trouver aussi un moyen de conserver des habitats en discutant avec les élus », poursuit-il.

    « On veut des exploitations agricoles en phase avec la nature » 


Le projet a pu être présenté à la préfète fin février, par une délégation issue de l’assemblée des usages. Mais pour le moment, la fonctionnaire rappelle que l’État exclut la possibilité de rester propriétaire des terres, et donc d’en déléguer la gestion à une entité telle que l’association. Les habitants de la zone porteurs de projet agricole sont invités à monter leur dossier et à le déposer. Une démarche individuelle qui va à l’encontre du projet collectif porté par le mouvement d’opposition.

Autre hic, la délégation n’a pas été invitée au comité de pilotage de ce lundi. « La volonté de cette délégation d’être un interlocuteur unique ne peut être entendue », précise la préfecture à Reporterre. « Je ne suis pas loin de penser que la préfète s’est dit que si on y était ce serait le bordel », commente Dominique Lebreton, agriculteur membre de cette délégation. Parmi ses composantes, seuls le syndicat agricole soutien du mouvement — la Confédération paysanne — et deux associations ont été conviés. L’une d’elle, l’Acipa, a décidé de bouder la réunion, restant fidèle au projet de gestion commune. L’autre, l’Adeca, qui représente les quatre agriculteurs exploitants de la zone, s’y rend, sans que le reste du mouvement ne lui en tienne d’ailleurs rigueur.
La composition du comité laisse donc de côté les habitants de la Zad et une partie des organisations membres du mouvement anti-aéroport, mais aussi les défenseurs de l’environnement. France nature environnement (FNE) a tenté de s’imposer mais sans succès pour l’instant. « Il y a aussi des enjeux environnementaux, plaide Xavier Métay, qui suit le dossier à FNE Pays de la Loire. Ce bocage a une biodiversité supérieure, on ne veut pas que l’on coupe les haies ou que l’on comble les mares parce qu’elles ne permettent pas de passer avec les engins d’aujourd’hui, qu’il y ait du drainage, de l’irrigation ou du maïs. On veut des exploitations agricoles en phase avec la nature. » La préfecture se veut rassurante, assurant qu’un diagnostic environnemental, auxquelles les associations seront associées, est prévu.

Dans ces discussions qui s’annoncent difficiles, un point semble mettre tous les protagonistes d’accord : les quatre paysans restés sur la zone malgré les expulsions, et qui ont refusé d’empocher le pactole versé par l’État en dédommagement, doivent pouvoir récupérer l’usage légal des terres qu’ils exploitent. Ce sont eux qui sont représentés à travers l’Adeca. Mais, même là, la solution n’est pas toute trouvée car une grande partie de leurs terres sont en fermage et ils ne savent avec quel propriétaire ils doivent désormais signer un contrat.
La répartition du reste des terres s’annonce encore plus compliqué. Une partie des agriculteurs qui, à l’inverse de ceux de l’Adeca, avaient accepté l’indemnisation en échange de l’abandon de leurs terres se manifeste désormais pour les récupérer. Ils seraient une quinzaine, arguant qu’ils se sont fait mettre dehors par les zadistes. Leur association, Amelaza (l’Association pour le maintien des exploitations légales sur l’ancienne zone aéroportuaire), créée au mois de janvier, participe au comité de pilotage.

     « Les choses qui s’inventent ici 

    sont bien plus riches 

    que s’il y avait juste quelques installations »


« Ils ont vendu, pris l’argent et voilà qu’ils veulent récupérer leurs biens. Quand on signe, on signe », proteste Sylvain Fresneau, de l’Adeca. « C’est pourquoi on demande de faire un point zéro, poursuit son cousin Dominique Fresneau, à l’Acipa, un inventaire des terres utilisées par chaque ferme avant la déclaration publique de 2008, et que l’on compare à la situation actuelle. On comprend que des fermes se soient agrandies si elles ont un nouvel associé, ou si le fils s’est ajouté. Mais elles étaient prioritaires pour récupérer les terres à l’extérieur de la Zad, on ne veut donc pas qu’ils en conservent en plus à l’intérieur. On ne veut pas que les terres aillent à l’agrandissement, mais à l’installation. »

Sur la Zad, comme d’habitude, les projets se poursuivent sans se soucier des incertitudes. « On veut monter un troupeau-école de moutons, qui serait acheté collectivement. On a déjà un premier candidat qui pourrait être accompagné pendant deux ans avant de s’installer définitivement », raconte Cécile, une habitante. Autre idée qui pourrait bientôt se réaliser : le montage d’une coopérative de matériel agricole, mais aussi d’équipements, telle une laiterie qui pourrait servir à plusieurs fermes. « Les choses qui s’inventent ici sont bien plus riches que s’il y avait juste quelques installations, même de petites fermes paysannes. Mon compagnon compte s’installer de façon formelle, mais sans les camarades cela n’a pas de sens », poursuit cette habitante.

« Il faut cependant qu’ils comprennent que l’on ne peut pas continuer d’exploiter des terres sans payer ni fermage, ni impôts, ni taxes et redevances », souligne de son côté le maire de Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud. « Je m’attends à des discussions très très longues », ajoute-t-il. Il n’est pas le seul, toutes les personnes interrogées par Reporterre parlent de deux à trois ans de dialogue, négociations et procédures.
Reste à savoir comment elles s’enclencheront dans les heures et jours à venir. La menace d’expulsion plane toujours sur les habitants de la Zad à partir du 31 mars, fin de la trêve hivernale. La préfète a évoqué des interventions « ciblées ». Signe d’ouverture ou de vigilance de l’exécutif, le secrétaire d’État Sébastien Lecornu vient rencontrer l’ensemble des acteurs mardi et mercredi. « On reste dans une logique de dialogue », assurent les membres du mouvement anti-aéroport, tandis que la préfecture indique que « la discussion pourra se poursuivre ».

Crispations autour de la redistribution des terres de la ZAD


Près de 250 opposants à l'ex-projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) se sont rassemblés lundi à Nantes devant la préfecture pour protester contre la tournure prise par la redistribution des terres de la "zone à défendre".

NANTES (Reuters) - Près de 250 opposants à l'ex-projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) se sont rassemblés lundi à Nantes devant la préfecture pour protester contre la tournure prise par la redistribution des terres de la "zone à défendre".

Le rassemblement – qui s'est déroulé sans incidents – avait lieu en marge de la première réunion du comité de pilotage pour la gestion des terres de Notre-Dame-des-Landes qui regroupe les collectivités locales, la chambre d'agriculture, les syndicats agricoles, les services de l’État et des associations de paysans historiquement opposés au projet.

Il survient à la veille d'une visite de deux jours de Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, à Nantes et Notre-Dame-des-Landes.

Un "diagnostic agronomique et environnemental" va être lancé pour "croiser ces enjeux" et les "intégrer dans la construction du projet agricole et de territoire", a annoncé la préfecture au terme de la réunion. L'élaboration de ce projet prendra sans doute plusieurs années, a-t-elle précisé.

Mais "le comité de pilotage prend en compte uniquement les enjeux agricoles, alors que nous, on veut une prise en charge globale du territoire, qui tienne compte des enjeux naturalistes", a expliqué aux journalistes une représentante des opposants à l'ex-projet d'aéroport.

"Aujourd'hui, on nous impose un tempo médiatique très serré", a également déploré Vincent Delabouglise, membre du collectif de paysans opposés à l'ex-projet d'aéroport.

Les opposants demandent aussi aux services de l’État de renoncer aux expulsions des occupants illégaux, prévues à la fin de la trêve hivernale, mais réclament aussi "l'amnistie pour les personnes inculpées dans le cadre du mouvement".

L'opportunité de manifester, ce lundi, n'a toutefois pas fait l'unanimité au sein du mouvement anti-aéroport.

"Un rassemblement n'est pas la meilleure solution à apporter aux difficultés actuelles", estime l'Acipa, l'une des principales composantes du mouvement, qui n'avait pas appelé à manifester mais qui avait laissé ses adhérents le faire.

Agence Reuters sur Médiapart


A propos de l’interruption des travaux sur la d281, 

des menaces d’expulsions et de nos engagements communs.


Dans la nuit de mercredi à jeudi, du bitume a été enlevé sur la D281 sur quelques mètres alors qu’il avait été posé la veille et que les travaux de réfection étaient pratiquement achevés. Ceci après un mois et demi de chantier sous présence policière. La route devait être "officiellement" ouverte dans les jours suivants selon les annonces du conseil général. En janvier 2018, après l’abandon du projet, nous avons participé à réouvrir cette route afin de la rendre plus circulante pour ses usagèr.e.s, voisin.e.s et riverain.e.s. Les assemblées du mouvement avaient aussi à ce moment là affirmé leur volonté de laisser les travaux officiels de réhabilitation se faire et aboutir. Le fait d’endommager le bitume à cet endroit et dans ce contexte particulier va à l’encontre des ces positions et revient à se dissocier du mouvement. Cela donne par ailleurs un prétexte au maintien de la présence policière, ainsi qu’à une possible intervention dans les lieux à proximité de la route.

Nous nous sommes engagés à défendre ensemble un projet global ainsi qu’au maintien des activités et habitats actuels sur la zad. Nous voulons refuser le tri et les portes de sorties individuelles qu’essaient aujourd’hui d’imposer la préfecture. Nous voulons continuer à construire la prise en charge de la zad par une entité commune et à nous donner les moyens d’empêcher la mise en œuvre d’expulsions. Pour ce faire, nous devons maintenir les possibilités d’un soutien large, sur des bases cohérentes avec nos engagements communs. Nous ne défendrons donc pas des actes qui fragilisent à notre sens non seulement les lieux aujourd’hui les plus visés par la préfecture mais aussi l’ensemble du mouvement.

En ce qui concerne la réouverture de la d281, nous rappelons qu’il est nécessaire que tou.te.s puissent circuler tranquillement sur cette portion de route et le besoin en ce sens de ralentisseurs. La préfète avait d’ailleurs déclaré publiquement qu’une circulation ralentie était à envisager sur ce tronçon qui est aussi une zone d’habitation dense et traversée.

Pour répondre concrètement aux menaces d’expulsions réitérées récemment par la Préfecture pour la fin de la trêve hivernale, nous appelons à être attentifs aux appels à mobilisations, chantiers, et formations organisés au cours des prochaines semaines.

Des habitant.e.s, des paysan.ne.s, des naturalistes en lutte, des voisin.e.s et des personnes des comités alentours impliquées dans le mouvement et ses assemblées.

Mardi 20 mars

infotraflics :

A 12h30 hier, les flics se sont arrêtés devant la pruche o_0 . .et puis quoi encore ??! ils sont descendus à pied vers l’isoleight, mais des personnes les ont arrêtés assez rapidement. ils ne sont tout de même partis qu’à 14H30

22H00 : une dizaine de camions de nouveau sont passés autour de la Saulce.

Le rassemblement hier à Nantes. 
 
Puisque nous n’étions pas invité.es au comité de pilotage et que celui-ci ne nous apparait pas légitime, nous étions en bas de la pref pour réaffirmer notre volonté d’obtenir un gel de la situation, la gestion collective des terres par l’entité issue du mouvement et l’amnistie des personnes inculpées ou poursuivies dans ces années de lutte. 

Belle journée avec tracteurs, moutons, tritons et embarcations. Photos visibles sur twitter entre autres : https://twitter.com/ZAD_NDDL






La journée de négociation des terres de la Zad : 

entre tension et apaisement


« La préfète a laissé la porte-ouverte a de nouveaux projets agricoles sur la Zad », raconte à Reporterre Sylvain Fresneau, agriculteur membre de l’Adeca (Association des exploitants contre l’aéroport), à l’issue de la première réunion du comité de pilotage sur l’avenir des terres agricoles de la Zad. Elle avait lieu hier, lundi 19 mars, à la préfecture de Loire-Atlantique.

La réunion a rassemblé les élus concernés, les syndicats agricoles, la chambre d’agriculture, et plusieurs associations : celle des quatre exploitants historiques qui sont restés malgré les expulsions (Adeca), celle des riverains opposés à l’aéroport (Acipa) et une nouvelle association d’exploitants agricoles ayant cédé leurs terres à l’amiable à Vinci ou à département mais demandant à les récupérer, Amelaza.

Nicole Klein, la préfète, « a dit qu’il y avait la place pour plusieurs formes d’agricultures en Loire-Atlantique », raconte Sylvain Fresneau. Autrement dit, il serait possible d’imaginer des formes d’expérimentations agricoles telles que celles proposées par les zadistes qui habitent et cultivent sur la zone et aimeraient rester.

« Elle a aussi indiqué qu’il n’y aurait pas plus de contraintes pour l’installation que dans le reste du département », se satisfait également l’agriculteur. La chambre d’agriculture envisageait une vigilance particulière et des critères plus exigeants pour les installations sur la Zad.

En revanche, M. Fresneau indique avoir été déçu de la position de la chambre d’agriculture et de l’association d’exploitants Amelaza, « qui se sont uniquement focalisés sur les zones de conflit », c’est-à-dire les terres vendues par les agriculteurs au département ou à AGO Vinci, mais que les exploitants ont pu continuer à cultiver via des baux précaires, et récupérées par les zadistes pour y installer des cultures. Cela représenterait environ 90 hectares, peut-être moins. Afin de résoudre ces conflits, un état des lieux des terres de la Zad devrait être effectué dans les mois qui viennent. Les quatre agriculteurs de l’Adeca, qui sont restés toutes ces années sur la zone malgré les menaces d’expulsion, devraient pouvoir signer prochainement des conventions d’occupation précaire, afin de rentrer dans la légalité, dans l’attente de la rétrocession pérenne de leurs terres.

La prochaine réunion de ce comité de pilotage devrait avoir lieu début juin.

En parallèle de cette réunion avait lieu un rassemblement devant la préfecture, à l’appel d’une partie du mouvement des opposants à l’aéroport. Selon Ouest France, étaient présents sur place essentiellement des paysans du collectif Copain 44 et des habitants de la Zad. « Des moutons, des tracteurs, une vache et un veau étaient installés. Un grand triton a même été dressé sur le site », rapporte le quotidien. Il s’agissait de mettre la pression sur des négociations où les habitants de la Zad n’ont pas été invités.

Ce rassemblement ne faisait pas l’unanimité parmi le mouvement anti-aéroport. « La préfète est plutôt de bonne composition et semble ne pas vouloir céder à des revanchards qui soutenaient l’aéroport, tel que le président du conseil départemental », indique à Reporterre Françoise Verchère, du Cedpa, l’association des élus s’opposant à l’aéroport. Celle-ci était ne soutenait pas ce rassemblement, qui lui semble ne pas soutenir la préfète dans la recherche d’une « solution pacifiée ».

Par ailleurs, le collectif d’élus s’inquiète de dégradations survenues sur la « route des chicanes » cette semaine. L’enrobé a été détruit en plusieurs endroits, le chantier a dû être stoppé. « À cause d’une poignée d’individus, les forces de l’ordre sont venues sur le chantier et ont donc pénétré sur la Zad, alors que nous avions promis que ce ne serait pas nécessaire. On perd en crédibilité. Si une grande partie des habitants de la Zad condamnent ces exactions, ils n’arrivent pas encore à condamner ceux qui les font, regrette Françoise Verchère. En revanche, nous sommes tout à fait prêts à soutenir ceux qui veulent rester sur la Zad pacifiquement ».

Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique, a rencontré ce mardi après-midi le président de la chambre d’agriculture et une délégation des habitants de la Zad.

Compte-rendu de la rencontre entre les représentants du gouvernement et la délégation intercomposante du mouvement :




Jeudi 22 mars



Vendredi 23 mars

    Pourquoi les habitants de la zad 

    ne sont pas légalement expulsables 

    au 31 mars


Le gouvernement ne respecterait pas la loi s’il mettait à exécution ses menaces d’expulser des habitations situées sur la zad de NDDL dès la fin de la trêve d’hiver. En effet, un cadre légal est nécessaire à toute expulsion d’habitat. C’est-à-dire - dans le cas de la zad - que le gouvernement devrait être en mesure de démontrer qu’il possède des rendus de jugement autorisant les expulsions, de tels jugements faisant suite à des procédures nominatives à l’encontre d’une personne au moins de chaque habitation expulsable. Chaque personne ayant le droit d’être informée de telles procédures et de s’en défendre. Dans un contexte d’expulsion annoncées après le 31 mars, des habitant.e.s de divers lieux de la zad, n’ayant eu connaissance d’aucune procédure d’expulsion se sont fait connaître un nouvelle fois la semaine dernière par courrier recommandé à AGO-vinci et à la préfecture. Elles font valoir leurs droits à une procédure nominative, à une défense et à des délais. Leurs avocats Me Hurriet et Me Vallée ont fait une demande similaire par courrier à la préfecture pour avoir accès au dossier organisant leur expulsion 
Lire la suite du communiqué
Communiqué du DAL :

https://zad.nadir.org/IMG/pdf/communique_dal_et_syndic_2016.pdf


Samedi 24 mars


Histoire de la zad :

 

Appel à contributions

Après la brochure sur le Rosier, la bande à Adventices a envie de continuer avec d’autres brochures. c’est possible de contribuer

Dimanche 25 mars

18h23 min 

 

Ces 2 derniers jours, les flics se mobilisent de plus en plus sur la zone. 

- Présents il y a 2 nuits avec lampes et à pieds sur la D281 pour soit-disant rechercher une personne disparue.

- Hier ils sont passés sur la route des Fosses Noires, ce qui était déjà arrivé il y a quelques jours.

- Aujourd’hui sur la D281, 2 camions sont venus constater des chicanes mobiles faite apres le vol systématique des cordes-ralentisseurs posées sur la route. ils ont pris note de l’accord verbal d’un de leur supérieurs il ya 3 semaines pour celles-ci.

La chicane a été enlevée.

- Mais les flics sont toujours là, plantés aux Ardillères.

Infos du 26 au 31 mars

Lundi 26 mars

Les travaux ont repris ce matin, à Lama Faché. avec présence de GM pour surveiller.
Il y aurait un arrêté du 23 au 29 mars.

Aujourd’hui, les travaux de bitumage sont quasi fini et les gens qui bossent ont fait une bonne part des peintures de marquage. Et un des gilets jaune qui bosse sur la route dit que les travaux seraient terminés dans 3 jours.


Les flics sont de plus en plus présents sur la zone, quasi constamment. Ils stationnent aux Ardillères, et passent sur les petites routes, notamment celle des Fosses Noires ou vers la Saulce/Isolette.
Depuis vendredi au moins, le PSIG passe sur la D281 (par 2 véhicules de 4 personnes) avec les GM aux extrémités. La nuit ce sont les GM qui passent.

Rassemblements en cas d’expulsion :

En cas d’expulsion, voici la liste des rassemblements locaux A CONSULTER ICI


Comités locaux :

 

Ils sont toujours là ! Un communiqué du Comité Zad Lyon qui appelle à défendre le futur de la zad. A LIRE ICI

L’équipe médic de la zad a mis à jour la liste de matériel qui pourrait être utile. A CONSULTER ICI

ZSR :

Des nouveaux sons issus des ateliers de rap de la zad sont disponibles :
 effet domino
 SOS
 passage à l’acte

Et pour écouter les autres sons, c’est par ICI


Mercredi 28 mars


Non aux expulsions :

 

Lettre ouverte de 25 avocats qui rappelle au gouvernement qu’en l’état, la zad n’est pas légalement expulsable. A LIRE ICI

Vendredi 30 mars

    INFOS SPECIALES 

    POSSIBLES TENTATIVES D’EXPULSIONS 

    LA SEMAINE PROCHAINE


Il est difficile avec la présence policière partout autour de la ZAD d’avoir une visibilité claire. il y a des patrouilles très régulièrement sur la D281 et autour de la zad. avec soit des fourgons de GM, soit le PSIG, soit des voitures de gendarmes.

Il est clair en tout cas que des repérages ont été fait ou sont en cours, tout en surveillant l’évolution de la réfection de la D281.

La route n’a pas été réouverte malgré la fin des travaux et il n’y a pas d’annonce de réouverture pour la semaine prochaine.

En ce qui concerne la mobilisation des forces de l’ordre :

 un camp de gendarmes existe à st-Etienne de Montluc, et possiblement ailleurs mais on n’a pas d’infos sûres.

 au moins un hôtel des environs est plein depuis plusieurs semaines et réservé pour des escadrons de GM (une trentaine de camions) pour avril et mai.

 les pompiers du coin sont mobilisés les 15 prochains jours.

d’autres infos amènent à penser à une attaque pour la semaine prochaine, qu’ils s’agisse d’un coup de com’ ou de plus larges expulsions, il est clair qu’on sent que quelque chose se prépare.
La préfecture n’a toujours pas fait preuve de procédure d’expulsion concernant les lieux de la ZAD

Si vous avez plus d’infos à nous faire parvenir, c’est toujours la meme adresse zad(at)riseup.net, en attendant voilà un appel du mouvement d’occupation dans son ensemble :

ZAD de NDDL : 
nous nous engageons contre toute expulsion

Depuis plusieurs semaines, nous sommes sous la menace d’expulsions, devenues imminentes à l’approche de la fin de la trêve hivernale.

Ces expulsions pourraient donc avoir lieu à partir de début avril et pendant les semaines qui suivent. Même si elles sont présentées comme « partielles », nous sommes et restons tout.te.s déterminé.e.s et uni.e.s, quelles que soient nos divergences sur d’autres points, pour empêcher leur exécution.

Pour cela, nous nous engageons et appelons à :

 défendre la ZAD, ce qui s’est construit et vécu ici, tous ses habitats et tou.te.s ses habitant.e.s ;

 rejoindre le rassemblement annoncé à 18h à Nantes devant la préfecture le jour où ces menaces se concrétisent ;

 reconstruire tout habitat détruit ;

 réagir par les moyens nécessaires (blocages, rassemblements, actions décentralisées, etc.)

Différents chantiers se dérouleront autour de cette période là. Pour plus d’infos voir le site zad.nadir.org et écouter Radio Klaxon (sur place sur 107.7 ou sur radioklaxon.antirep.net).

Nous appelons donc toutes les personnes solidaires de la lutte contre l’aéroport et son monde et pour un avenir commun dans le bocage à venir nous rejoindre et/ou à nous soutenir par tous les moyens qui leur semblent appropriés.

L’ensemble des lieux et des occupant.e.s de la ZAD

(Texte à faire tourner au maximum)
 - - - - - - - - -
si vous comptez venir sur place en cas d’expulsions, rappelez vous que cet endroit est un territoire habité, voici quelques indications à prendre en compte :

(repris de l’appel à venir défendre la ZAD de 2016)

Dans quel état d’esprit veut-on défendre la ZAD ?

Depuis 2012, nous avons largement pu faire le bilan de ce qui s’est passé pendant les expulsions et l’occupation policière. On s’attend à ce que l’opération d’expulsion ne soit pas une réplique de celle de 2012, que quoi que l’on prépare collectivement il y aura une grande place pour l’improvisation et l’adapatation. Nous souhaitons tout de même pouvoir anticiper cette fois sur des attitudes, qui ont pu être blessantes pour des personnes et contre-productives. Nous voulons aussi porter quelques idées sur ce qui nous rendra fort.e.s dans ce moment là. Voici certaines réflexions à ce sujet :

 il n’est pas question, sous prétexte d’affrontements, d’accepter parmi nous des comportements sexistes, virilistes, homophobes, racistes, classistes, validistes, que nous combattons au quotidien ;

 il y aura un grand besoin de personnes qui défendent le terrain, mais le rôle de celles et ceux qui assureront la logistique sera tout aussi important : cantines, soin, communication, espace de repos, etc. Et on a envie que ça puisse tourner : qu’il n’y ait pas les spécialistes des barricades d’un côté et celles et ceux qui s’occupent de les nourrir de l’autre ;

 on rappelle que défendre cette zone, c’est aussi défendre les possibilités politiques qu’elle recouvre, et notamment des pratiques telles que l’autogestion, l’organisation collective et tournante des tâches, la culture des assemblées et la recherche de consensus sans taire les conflits ;

 il est clair pour nous qu’en cas d’attaque ce sont eux, et non nous, qui choisiront de déclencher un ensemble de violences et de destructions, sur les êtres vivants, les habitats et espaces naturels de ce bocage. Comme en 2012, on ne se laissera pas faire : la résistance sera physique et déterminée. On veut aussi veiller à rester rejoignables dans la défense de cet espace, à maintenir les possibilités d’un soutien large et ne pas leur donner de raisons trop faciles pour décupler brutalement le niveau de répression à notre encontre. L’un dans l’autre, on souhaiterait qu’il y ait une attention à respecter la diversité des personnes qui viennent défendre la zone, et qu’un large panel de pratiques et de modes d’actions puissent coexister sur le terrain. En 2012 c’est la jonction entre des barricades, des blocages humains ou avec des tracteurs, des sabotages, des projectiles, des cabanes perchées, des blagues, chants et harcèlements divers, le tout concomittament aux actions décentralisées, qui a permis finalement de mettre en déroute leurs troupes. C’est cette force hybride que nous voulons réinvoquer.

 Même si tout n’est pas évident d’entrée, on aimerait aussi que les personnes qui viennent défendre la zad prennent en considération les attentions que l’on a pour les manières de résister des différents lieux et personnes vivant ici : le désir par exemple que le camion du laitier puisse continuer à passer dans telle ferme aussi lontemps que possible ou qu’il n’y ait pas de photos et de vidéos prises dans tel autre lieu...

Avant de venir, renseignez-vous au maximum afin de comprendre la situation, et à votre arrivée adressez-vous à l’un des espaces d’accueil, prenez le temps de discuter avec les personnes sur place. Pour accéder à la zone, voir ici : http://zad.nadir.org/spip.php?article7. Prenez aussi le temps de lire les informations mises en ligne par l’équipe légale : https://zad.nadir.org/spip.php?rubrique56.


Deux mondes se disputent l’avenir de la ZAD



Les occupant·e·s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes avaient jusqu’au 31 mars pour se régulariser. L’État a beau agiter des menaces d’expulsion ciblée, personne n’est prêt.


Des dizaines de champs à pâturer et à cultiver, des milliers d’arbres, des milliards de molécules de chlorophylle, et des désirs en concurrence. L’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes fait éclore un conflit d’usage sur les 16,5 kilomètres carrés de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.


Cette bataille bocagère ressemble à un processus de décolonisation. On y trouve des anciens rebelles en voie d’obtenir droits et titres de séjour : les paysan·ne·s historiques et des squatteur·se·s anti-aéroport. Les anciens maîtres en passe d’abandonner la zone achetée à l’État par un contrat de concession en 2010 : la filiale de Vinci dénommée AGO. Et au milieu, ceux qui ont endossé le rôle de supplétif des autorités : les agriculteurs qui avaient accepté de céder leurs terres au projet d’aérogare, en échange d’indemnités.

Sur les 1 650 hectares de la ZAD, on dénombre quelques centaines d’habitant·e·s, près d’une centaine de lieux de vie, une poignée de fermes qui ont résisté jusqu’au bout aux expulsions, 38 exploitant·e·s ayant cédé leurs parcelles à l’amiable. Et toute une communauté attachée à cet espace après dix ans de mobilisation : naturalistes, associations citoyennes, syndicats et collectifs agricoles. Depuis plusieurs semaines, ils sont reçus par la préfecture du département, qui mène des négociations sur l’avenir de la zone. Officiellement, les occupant·e·s de la ZAD avaient jusqu’au 31 mars, jour de la fin de la trêve hivernale, pour se régulariser. Les représentant·e·s de l’État ont beau agiter des menaces d’expulsion ciblée de certains collectifs de la ZAD, personne n’est prêt. Et tout le monde sait que les discussions vont durer encore des mois, et probablement des années.

Car derrière les éléments de langage et les documents techniques, deux visions du monde s’affrontent. D’un côté, le monde agricole institutionnel, représenté par la chambre d’agriculture et son syndicat majoritaire, la FNSEA, veut profiter de cet “eldorado” foncier tombé du ciel. De l’autre, l’ex-mouvement anti-aéroport compte prolonger sa victoire par l’installation dans le bocage d’une zone coopérative et solidaire.


Rationalités stratégiques et affects s’entremêlent, envies de revanche et regrets d’avoir choisi le mauvais camp. Le tout donne une scène politique explosive. La peur d’y perdre et la perspective d’un avenir incertain pendant plusieurs années encore sont palpables dans les positions et les discours des acteur·ice·s de ce processus de transition. Sur la ZAD, une partie des squatteur·e·s craint d’être chassée par la normalisation. La remise en état de la route D281, puis le sabotage des travaux et l’afflux de gendarmes pour encadrer le chantier ont exaspéré les esprits. Entre militant·e·s autrefois uni·e·s par l’ennemi aéroportuaire, la défiance atteint un paroxysme.

 « La ZAD, c’est plus que des surfaces, c’est un symbole, reconnaît le président de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique Jacques Lemaître, éleveur porcin au nord du département, Certains voudraient en profiter pour faire une grande zone expérimentale de distribution du foncier. Faire un mega truc style Futuroscope du troisième type, une silico-agricole valley. Mais Notre-Dame-des-Landes n’est pas le Larzac. On ne fait pas de trucs olé olé. On n’est pas dans le monde des Bisounours. Je suis là pour défendre les agriculteurs, pas pour faire un nouveau monde. »

Mickaël Trichet, nouveau président de la FNSEA 44, ne veut plus « parler de zadistes. La ZAD c’est fini. Édouard Philippe a dit que les terres devaient retourner à l’agriculture. Qu’est-ce qu’un agriculteur ? Quelqu’un qui est formé à un projet économique viable et aux règles sanitaires. Ce ne sera pas le “LarZad”. On ne fait pas de l’agriculture pour faire de la philosophie. Il faut en vivre. »

Depuis la déclaration d’utilité publique de l’aéroport, en 2008, son syndicat se trouve pris entre deux feux. Sur le principe, il était opposé au goudronnage des terres de Notre-Dame-des-Landes. Mais élue à la tête de la chambre d’agriculture en 2007, la FNSEA a accompagné le projet en encourageant les exploitant·e·s à accepter leur éviction. « On s’est retroussé les manches. Sinon ils finissaient à poil. On a accompagné les agriculteurs pour qu’ils ne se retrouvent pas démunis. »


Résultat : les trente-huit exploitants qui ont cédé leurs parcelles à l’amiable ont touché au total plusieurs millions d’euros, répartis en fonction de la taille des exploitations et de leur degré d’impact par l’aéroport. Le montant global des indemnités d’éviction et d’expropriation s’élève à près de 9 millions d’euros pour l’ensemble des exploitants impactés, y compris les quatre fermes qui ont résisté jusqu’au bout à l’expulsion, indique le ministère de la transition écologique. Les cédants à l’amiable ont en plus bénéficié de baux précaires leur laissant l’usage gratuit de ces terres à partir de 2012 et de l’échec de l’évacuation des occupant·e·s par les gendarmes. Et touchés des aides de la PAC pour ces mêmes parcelles – dans le département en 2013, la moyenne des paiements uniques au titre de l’aide européenne atteignait 254 euros par hectare, soit autour de 215 000 euros annuels en tout pour 850 hectares. Environ 600 hectares ont fait l’objet de conventions d’occupation précaire avec AGO Vinci.

« On a accepté les indemnités éviction. 

On n’a pas trop eu le choix »


Pour le mouvement anti-aéroport, ces agriculteurs sont des « cumulards » et n’ont plus aucune légitimité sur ces terres. Mais pour Mickaël Mary, du GAEC de Chavagne, à Treillières, la plus grosse exploitation impactée par l’aéroport : « On souhaite garder les terres, pas les récupérer. On n’est jamais partis. » Autour de lui, les cédants à l’amiable se sont regroupés en association : l’Amelaza. Une trentaine de personnes y ont adhéré. « On a accepté les indemnités éviction. On n’a pas trop eu le choix. J’avais demandé au représentant de l’État : et si je signe pas ? Il m’avait répondu : pas d’indemnité et on prend les terres quand même. On a fini par signer. »

Les exploitant·e·s des quatre fermes anti-aéroport, dont les familles Fresneau et Thebault, figures proéminentes du mouvement, ont, elles, refusé d’encaisser cet argent qui est resté consigné à la Caisse des dépôts. « On ne s’est pas enrichis. Cet argent, on ne l’a plus », explique Mickaël Mary, qui dit l’avoir dépensé pour acheter des terres et faire construire un bâtiment sur sa ferme. Quant aux prêts à usage qui leur ont permis de cultiver les parcelles qu’ils avaient cédées entre 2012 et 2018, il précise : « L’État et le porteur du projet sont venus nous proposer d’y rester pour les entretenir. Pour nous il était hors de question de les exploiter sans contrat. On ne voulait pas être mis sur le même pied que les zadistes. Si on n’avait pas été là, la ZAD serait une friche. » Les membres de l’Amelaza souhaitent revenir à la situation de 2008, avant la DUP, et signer des baux à ferme de neuf ans, renouvelables. La majorité d’entre eux sont des fermiers et louent les terres qu’ils exploitent.

Ce statut de fermier est bien leur seul point commun avec les paysan·ne·s de Copains, collectif créé en 2011 pour défendre les terres de la ZAD, à un moment où la Confédération paysanne s’impliquait peu dans la lutte. À leurs yeux, les 1 650 hectares doivent rester un territoire libéré du marché et du productivisme. « Ce qui se passe à Notre-Dame-des-Landes est important, car il faut casser le modèle qui nous mène dans le mur, explique Bruno, éleveur bovin et céréalier bio dans le sud du département. Le monde agricole ne peut pas se renouveler uniquement avec des filles et des fils d’agriculteurs. Il faut être ouvert à d’autres modes de production et d’autres personnes. » La discussion se déroule autour de galettes préparées par Guylain, producteur de lait et de fromage, pour qui l’enjeu désormais est « d’y cultiver la paysannerie de demain. On a impression que c’est là que ça se passe ». Pour Bruno : « L’avenir de l’agriculture, ce n’est pas que les drones et les robots de traite. »

Entre les représentants de l’agriculture institutionnelle et les paysan·ne·s favorables à des alternatives, les arguments s’opposent frontalement.
    Le même cadre pour tou·te·s 
    ou une brèche dans le système ?
C’est l’un des principaux clivages entre les un·e·s et les autres. Pour la chambre d’agriculture et l’Amelaza, les projets pour les parcelles de la ZAD devront passer sous les fourches caudines de la commission départementale d’orientation de l’agriculture (CDOA), présidée par la préfète, qui rend un avis sur les autorisations d’exploiter. Et respecter le schéma régional des structures agricoles.

« Si on part dans un truc nouveau à Notre-Dame-des-Landes, alors on bannit toutes les paperasseries et l’empilement des contrôles que subissent les agriculteurs, et là on est preneurs, ironise Jacques Lemaître, le président de la chambre d’agriculture. Les installations sur la ZAD doivent se faire dans un cadre légal. Les vaches doivent être répertoriées, avoir un passeport sanitaire, subir des prises de sang. Même pour les circuits courts, c’est comme ça. Ce n’est pas à nous de nous adapter à ces gens-là. Vous accepteriez d’aller chercher du lait et de la viande dans un truc expérimental ? »

Pour le mouvement anti-aéroport, il faut au contraire se saisir de l’opportunité unique de la libération de ces 15 kilomètres carrés de terres pour expérimenter d’autres méthodes d’attribution foncière. « Le système est protecteur pour les gens déjà installés, analyse Bruno, du collectif Copains. Les outils sont là pour que ça se passe bien, mais ne permettent pas le renouvellement. Les nouveaux projets sont souvent sur des surfaces plus modestes que les structures qui se libèrent. Donc les terres libérées vont à l’agrandissement d’exploitations déjà installées. Si bien que surfaces doublent à chaque fois, et les banques suivent; » Pour Guylain : « On veut les mêmes règles qu’ailleurs, mais pas uniquement selon des critères agricoles. Elles doivent être plus transversales. »
    Défense du statut d’agriculteur 
    ou ouverture au reste de la société ?

Pour l’État, tous les projets agricoles sur la ZAD devront respecter le cadre légal et faire l’objet de conventions individuelles d’occupation précaire (COP). Pour la FNSEA, il faudra en plus que les personnes déposant ces projets soient « des gens formés par un diplôme. Il y a des centres formation, il faut être capable d’apprendre les bases de la sécurité sur une exploitation ». Le statut d’agriculteur s’obtient en se déclarant à la MSA, la mutuelle agricole. Un acte payant sur la base d’un nombre de parcelles et d’un type d’activités. Pour Mickaël Mary, paysan indemnisé de la ZAD : « S’ils sont déclarés à la MSA et ont le statut d’agriculteur, pour notre cohabitation, ce sera mieux. Ils seront des agriculteurs et plus des squatteurs. Socialement c’est hyper important. » L’enjeu est aussi très concret : recours à la Cuma, coopérative de matériel, mutualisation d’outils, par exemple. « Je verrais d’un mauvais œil que des citoyens lambda y aient accès. » Son association « n’est pas anti-zadiste mais on veut défendre nos intérêts. Il y a de la place pour tout le monde. S’ils nous respectent, on les respecte ». Pour la chambre, Jacques Lemaître est plus brutal : « Le statut de zadiste, je ne connais pas. Il y a des règles du jeu pour tous les autres. En quoi ça les gêne d’avoir un parcours d’installation ? »

À l’inverse, Dominique, producteur laitier bio, et membre du collectif Copains, explique que « ce qui [lui] plaît sur la ZAD c’est que des gens rejetés de partout, les zonards des villes, peuvent y trouver leur place ». Pour Guylain : « L’idée, c’est de développer des projets avec plein de voisins, agriculteurs ou pas. Il faut rester connecté à la société. La ZAD est un lieu d’échanges et de discussions. Elle peut être une zone d’expérimentation pour les installations. » Pour Dominique : « Il  faut des projets différents, innovants, non conventionnels. Il faut des gens intéressés par ça, qui ont envie de faire des bouffes collectives. »

Membre des Naturalistes en lutte, ces passionné·e·s de nature qui ont cartographié les espèces végétales et animales vivant sur la zone, Jean-Marie Dréan explique que pour continuer de protéger le bocage, une veille collective par celles et ceux qui y habitent serait le moyen le plus efficace : « Quand on fait un projet de protection de la nature type Natura 2000 sans impliquer les gens sur place, ça ne marche pas. Sur la ZAD, on est en dialogue avec ceux qui y vivent. On est écouté et on participe aux décisions pratiques de gestion. »

Économie de marché subventionnée 
ou système alternatif de valeurs ?

Les paysans historiques du mouvement anti-aéroport voudraient créer une structure de propriété collective, sur le modèle de la SCTL du Larzac, mais l’État jusqu’ici s’y oppose – et annonce vouloir vendre les terres de la ZAD. Pour la FNSEA, Mickaël Trichet y est radicalement opposé : « Si se crée une gestion collective des terres, je crie au scandale ! Quel statut pour ceux qui décideraient ? On veut des règles équitables, élaborées avec la préfecture ».

Dominique, de Copains, espère au contraire la création d’« une entité commune, qui écarte les problèmes de propriété. Elle pourrait payer les fermages des gens disposant de zéro moyen, leur permettant de rester. La ZAD peut être un lieu de formation, d’échanges, d’apprentissage. Un lieu où s’essayer. T’as le droit de te planter car tu n’es pas endetté. Le collectif ne peut pas être autrement que solidaire ». Pour Guylain : « Tous les jours quand je me lève, quand les fromages arrivent, quand on vient livrer les Amapiens, je fais de la philosophie. Plus il y aura de la philosophie dans notre agriculture, plus on aura des gens pour la faire. C’est ce qui donne du sens à ce qu’on mange. » La Confédération paysanne, qui participe au comité de pilotage mis en place par la préfète de Loire-Atlantique, et appartient au collectif Copains, refuse que les hectares libérés de la ZAD n’agrandissent des exploitations existantes. C’est aussi en principe un objectif de la Safer, acteur pivot de l’attribution du foncier. 

Plusieurs occupant·e·s actuel·le·s de la ZAD ont des activités ou des projets de type agricole : maraîchage, élevage, boulangerie (voir ici notre article à ce sujet). Une commission « installations » réfléchit à des critères de sélection pour venir sur la zone : être en affinité avec la dynamique locale, accepter de mutualiser le matériel, vouloir tisser des liens avec les mobilisations sociales, transformer au maximum ses produits sur place pour dégager beaucoup de valeur ajoutée, intégrer une forte dimension environnementale. « Nos activités sont souvent à but non lucratif, décrit Camille. On souhaite développer une autonomie de subsistance vivrière avec un maillage de petites fermes à taille humaine, entre 25 et 50 hectares, voir des micro-fermes. On défend une agriculture de solidarité, qui produit de la nourriture pour des squats de migrant·e·s et des salarié·e·s grévistes. Le statut individuel de la MSA est trop décalé par rapport à ce qu’on fait. »

La délégation issue du mouvement aimerait que la préfecture accepte de signer une convention collective d’occupation pour les 310 hectares du mouvement, afin de couvrir beaucoup de monde, y compris celles et ceux qui ne sont pas prêt·e·s à déposer un projet spécifique, et d'éviter le morcellement du territoire. Ce serait aussi une façon d'intégrer à l'ensemble les activités non agricoles (artisanat, bibliothèque, concerts...). Et cela a enfin la vertu de correspondre à des principes agro-écologiques: un champs peut tour à tour servir de pâturage, de culture, se reposer...

Pour l’instant, l’État maintient son exigence de contrats individuels. Pour le ministère de la transition écologique : « Comme l’a dit le premier ministre, c’est le droit qui s’applique et la gestion des terres se fera sur une base individuelle. C'est à chaque personne se déclarant agriculteur exploitant de se mettre en situation de régularisation. Il n’y aura pas de propriété collective des terres, ce qui n’empêche pas que les agriculteurs qui seront dans le cadre de la loi développent des projets collectifs s’ils le souhaitent. » Un diagnostic du foncier est en cours et la puissance publique étudie la proposition du conseil départemental – jusqu’au bout très favorable à la construction du nouvel aéroport – de récupérer 85 % de la zone.

Trois ministres et secrétaires d’État sont officiellement saisis du dossier : Sébastien Lecornu doit suivre le volet « projet de territoire », sur la base des travaux du comité de pilotage menés par la préfète. Élisabeth Borne, ministre déléguée aux transports, coordonne le volet infrastructures en lien avec la mission confiée à Francis Rol-Tanguy sur l’extension de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Et Nicolas Hulot doit se rendre à Notre-Dame-des-Landes dans les prochaines semaines. 


Ce fragile équilibre de négociation pourrait se rompre en cas d’expulsion de certains lieux de la ZAD. Une menace répétée par la préfecture et Sébastien Lecornu lors de sa visite à Nantes. Une vingtaine d’avocats ont écrit à Édouard Philippe pour dénoncer l’illégalité de ces éventuelles évictions. Le prochain comité de pilotage est prévu le 6 juin. Mais d’ici là, si la ZAD a été amputée d’une partie d’elle-même, la situation pourrait se tendre sur place. Une perspective déroutante alors que ni du côté du mouvement anti-aéroport, ni du côté de l’État, personne ne semble vouloir rallumer la flamme de l’affrontement

Jade Lindgaard - Médiapart

Samedi 31 mars

Ambiance sereine sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, 

malgré la fin de la trêve hivernale




Le 31 mars marque la fin de la trêve hivernale. Sur la Zad, où les autorités entretiennent le flou au sujet des expulsions, les habitants s’interrogent plutôt sur l’avenir du processus de « normalisation ».



Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

À l’auberge des Q de plomb, au village du Limimbout, la bière pression est servie dans des verres siglés des rassemblements d’été. « Pour s’organiser en cas d’expulsion, on a remis en place les réunions de “quartier”. Il y en a une dizaine, en général autour d’une maison en dur avec les habitations plus légères et les cabanes qui l’entourent », explique Jacques au comptoir. « La préfète a parlé d’expulsions ciblées. Sans doute plutôt les lieux de l’est [de la zone], mais on n’a aucune certitude. »

À bien écouter les déclarations de la préfète de la région Pays de la Loire et de la Loire-Atlantique, Nicole Klein, les expulsions ne suivraient pas forcément la fin de la trêve hivernale et ne concerneraient que « ceux qui n’ont pas de projet agricole au sens large [et qui] devront partir ». Ses autres déclarations distillent le flou, parlant d’expulsion « avec discernement » et des formules vagues comme « ceux qui n’ont aucune raison d’être là, ou ils seront partis ou on les expulsera ».

    « Si les flics cassent une cabane, on en reconstruira deux ou trois à la place » 


« On a bien sûr réactivé tout ce qui est réactivable... » rappelle Luisella, devant un bocal de thé fumant au lieu-dit La Wardine. Chaînes téléphoniques d’alerte, formations de secouristes, ateliers d’autodéfense, appels à soutien au cas où, toutes les mesures envisagées à l’automne 2016 ont été ravivées. « Mais franchement, avec la grogne sociale qui monte, je ne vois pas le gouvernement lancer les expulsions et assumer le risque politique d’allumer le feu. Nous, pour le feu, on est prêts... 
N’empêche que, sans parler du rapport de forces, la volonté de nous remettre dans la norme, ça va prendre du temps, pour des raisons juridiques, des questions d’urbanisme. La refonte du plan local d’urbanisme, c’est un chantier d’au moins 18 mois qui s’ouvre. En ce moment, même si l’aéroport est abandonné, on lutte toujours contre le capitalisme, pour la survie de tout ce qu’on a inventé ici depuis six ans, tous les moyens d’autoorganisation qu’on partage avec d’autres luttes. C’est dans des bagages qui vont voyager. Il faut sortir d’un “Zadocentrisme”. De toute façon, la Zad, c’est une idée subversive qui ne mourra jamais. Ici , il y a un risque que ce soit lissé, le slogan “résistance et sabotage” a disparu, mais l’idée, elle, est déjà germée ailleurs. Il y a d’ailleurs autant de Zads que de gens qui s’en réclament , et ça dépasse nos dissensions. C’est comme un espace en nous. »

Un carrefour de la Zad.

Au chantier de reconstruction de Lama fâché, détruit lors du nettoyage de la route D281, dite « route des chicanes », l’ambiance est plutôt sereine près d’un chapiteau qui abrite les tas de planches, Jacques Brel en bande-son dans le soleil du jour finissant. « C’est peu probable qu’on se fasse virer dans les quinze jours... Et bon, si les flics cassent une cabane, on en reconstruira deux ou trois à la place. Lama fâché détruit, on est en train de rebâtir bien plus grand. Il en faut plus pour abattre les gens. Et on aura des milliers de gens en soutien, je suis pas trop inquiet. Faut avancer, construire », note ce barbu en sortant de sa poche un texte manuscrit qui évoque le dernier conflit, un Zadiste embarqué récemment dans un coffre de voiture par d’autres : « On s’interroge non pas sur des formes de “justice”, on va pas recréer des prisons, mais sur des modes de résolution des conflits qui restent à inventer. Jusqu’ici, on a réussi à résoudre tous les conflits sans violence. Comparé à d’autres endroits, c’est vraiment extrêmement pacifique, ici. » Quant à la solidarité entre lieux, quartiers et groupes de la Zad, il y croit, malgré les engueulades autour du nettoyage de la route : « Sur la Zad, il n’y a pas de gens prêts à assumer publiquement de ne pas avoir défendu des gens face aux flics. Acab [All Cops Are Bastards — tous les flics sont des bâtards], ça unit tout le monde… »

 
À trois jours de la fin de la trêve hivernale, et des menaces posées par le Premier ministre lors de son discours annonçant le 17 janvier dernier l’abandon du projet d’aéroport, la Zad n’est pas pour autant sur le pied de guerre.

    « Tant que c’était la Zad, on était, pas dans un rêve, non, mais dans une réalité bizarre. Désormais, c’est différent » 


À l’Ambazada, cette construction dédiée aux assemblées de luttes et aux minorités, une trentaine de Basques et de Bretons s’affaire à monter les murs en paille sous une charpente déjà établie depuis des mois. Les discussions vont bon train sur l’état des forces, sur les scénarios à envisager, les éventuelles menaces, mais pas dans un climat tendu de veille d’affrontements possibles. Arrivée de Bordeaux pour quelques jours de chantier collectif avec les Basques, Lydie souhaiterait qu’un mix « cohérence et tolérance » s’impose pour l’avenir de la Zad en dépassant les tensions des dernières semaines. Le mois prochain, une série de chantiers collectifs vont ameuter des soutiens pour travailler ensemble et tisser des liens. Avril fertile propose ainsi de se projeter dans l’avenir immédiat et à moyen terme : « Vous pourrez être à la fois au Phare de la Rolandière pour faire des tables d’orientation et au Moulin pour faire des buttes de culture. Vous pourrez aussi participer à la construction de gradins pour finir la salle de réunion du Gourbi, faire un chantier-discussion à la fromagerie, un camp autogéré à Lama fâché. »

Malgré cette énergie quasi culturelle, on sent parfois plutôt une lassitude de conflits portés depuis l’abandon du projet d’aéroport, le dégagement controversé de la « route des chicanes », et la mise en cause par certains de toute négociation avec l’État.
 

Tout en préparant huit kilos de frites pour ce soir, Jean-Jo essaie de se montrer optimiste : « Si on se remémore les expulsions de 2012, personne n’aurait prédit qu’aussitôt on se retrouverait 40.000 en plein hiver à tout reconstruire ce que les flics avaient détruit. Mais aujourd’hui, je ne sais pas. On a fatigué les gens, notamment avec la complication de tenir des décisions collectives. L’an dernier, on a fait quatre grosses réunions pour se mettre d’accord sur la “route des chicanes”. Et puis le consensus a éclaté, avec des gens arrivés la veille. Mais d’un autre côté, on peut pas se replier sur juste nos copains… » Lui-même est fatigué d’entendre ces avis extérieurs péremptoires sur les bonnes et mauvaises attitudes face à la phase de normalisation : « Tous ces gens qui nous donnent des leçons sur nos rapports avec l’État, alors que certains sont salariés de l’État et payent bien sagement leurs impôts, les impôts locaux, et le reste, des fois j’en ai un peu marre... »

Jacques se gratte la barbe : « Les gens près de la route, qu’ont foutu le bordel, c’est un peu de leur faute si les flics sont là en permanence... S’ils sont expulsés, pas sûr qu’on y aille tous pour les défendre. Mais il y aura des réactions contre les expulsions, quel que soit le lieu, ça c’est certain. L’État a perdu, ou a bien voulu perdre, faudrait pas qu’il fasse le malin en venant attaquer maintenant... »
Les patates découpées en frites au calibrage approximatif puis plongées dans un récipient d’eau, les peluches jetées dans un seau à ses pieds, Jean-Jo se préoccupe moins des menaces d’expulsion que des perspectives de s’implanter durablement : « Tant que c’était la Zad, on était, pas dans un rêve, non, mais dans une réalité bizarre. Désormais, c’est différent. Ceux qui veulent rester doivent s’inscrire sur le long terme, ce qui était pas le cas avant, où on savait qu’on pouvait se faire virer à plein de moments. »

    « Trop de coups tordus... » 


Dans l’ouest de la Zad, à La Pointe, une ferme occupée de 2010 à 2012, puis une deuxième fois depuis février 2016, la demi-douzaine d’occupants s’apprête à partir. « Trop de coups tordus... » Mais ils ne laissent pas la maison vide, ne quittant les lieux qu’après avoir passé le relais au suivant. « Comme ça, pas besoin de faire de double des clefs », rigole un barbu sous son chapeau. En se tartinant une fricassée de petits pois sur du pain récupéré au supermarché du coin, ils attendent donc l’arrivée d’un des anciens occupants de cette même maison, qui prendra la suite de l’occupation : « Il va s’inscrire à la Mutualité sociale agricole et espère faire prendre en charge la maison par une association, avec un bail en bonne et due forme. » « Pour nous , on n’a plus rien à faire ici. On s’en va. La terre est grande, et petite, on se reverra bien quelque part un jour . »



À Nantes, dans une résidence pour personnes âgées désaffectée, réquisitionnée par un collectif de migrants, on prépare la manifestation du 31 mars contre les expulsions, toutes les expulsions, celle des Zadistes, mais aussi celles des étudiants occupants les amphis de la fac, celles des exilés comme dans ce bâtiment de 74 chambres, et celles de tous les précaires à la fin de l’hiver. Tous et toutes se sont concertées pour cette affirmation de refus de toute forme d’expulsions et les « logiques de tri » imposées par l’État et ses représentants, qui misent sur les divisions, et réclament insidieusement que la sélection entre bons et méchants soit faite par les gens en lutte, sur la Zad ou dans les mouvements urbains : Zadistes, étudiants, collectif d’autogestion de la résidence, groupe d’extrême gauche Nantes en résistance, collectif syndical contre l’aéroport et son monde, Droit au logement, et le Gasprom, association locale de soutien aux migrants, tous et toutes appuient cette convergence des luttes. Dans la lignée de cet hébergement solidaire qu’a entrepris la Zad depuis des années, accueillant dans son bocage bienveillant des familles migrantes et des femmes seules, pour quelques jours de répit ou à l’abri d’une éventuelle expulsion. La parade aux expulsions, c’est une vieille histoire, pour les Zadistes.


Nicolas de la Casinière – Reporterre

Non aux expulsions :

 

Manif contre les expulsions à Nantes : des infos et des images.

Gros déploiements policiers (plus de 500 GM pour plus d’un millier de participant.e.s), techniques de nasses mobiles, provocations, usages de gazeuses, des lacrymos et des canons à eaux, sans aucune raison. Au moins une personne blessée à la tête par un coup de matraque et deux personnes interpellées.







BURE - 55



Infos du 1er au 11 mars



Jeudi 1er mars

Des nouveaux militants s’investissent contre l’Andra



Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), reportage

En dépit du froid et d’une relative inquiétude vis-à-vis de la police, une trentaine de personnes ont répondu à l’appel du Comité de soutien à Bure Paris-Île-de-France à manifester devant le siège de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) ce mardi 27 février. En cette période de carnaval, le collectif a organisé un « Mardi Gris pour l’ANDRA ». L’objectif : mener une « action carnavalesque » à l’heure de la sortie des bureaux, pour protester contre l’intervention policière à Bure de la semaine passée. Parés de masques de hiboux colorés, les manifestants déployaient des banderoles, lisaient des textes, déclamaient des slogans. Malgré le caractère non-violent de l’action, les employés de l’Andra, prudents, ont choisi d’éviter les protestataires en sortant par la porte arrière du bâtiment.

Le groupe a beau être réduit, la plupart des participants sont de nouvelles têtes dans l’opposition à Cigéo. Pour bon nombre d’entre eux, c’est leur première action. À l’instar d’Éléa*, 31 ans, jusque-là « sympathisante » de Bure et de Notre-Dame-des-Landes, deux lieux où elle s’est rendue, pour qui « l’expulsion [de jeudi dernier] a été le moment de se bouger ».

Une trajectoire commune se dessine chez ces nouveaux militants. D’abord sympathisants de Notre-Dame-des-Landes, ils passent à l’action contre l’Andra en réaction aux expulsions du Bois Lejuc. Tanguy*, 27 ans, lui aussi passé par Notre-Dame-des-Landes, esquisse une explication : « Depuis l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, nous n’avions plus d’objectifs de rassemblement à court terme. L’expulsion a précipité la situation. Paradoxalement, elle a remobilisé les réseaux militants ».

Un point que rejoint Camille*, 27 ans : « Bure et Notre-Dame-des-Landes, c’est une seule et même cause ! À Notre-Dame-des-Landes, on luttait contre l’aéroport et son monde. Et dans son monde, il y a l’Andra. » Bure serait-il la prochaine extension du domaine de la lutte ? Pour Camille, « la Zad est une lutte en soi. »

* Les prénoms ont été modifiés
Maxime Lerolle - Photo : Ambe pour Reporterre





Samedi 3 mars


Bure :

 

Malgré une interdiction préfectorale désormais habituelle de manifester, le joyeux rassemblement contre la poubelle nucléaire a eu lieu dix jours après l’expulsion du bois Lejuc dans les nuées de flics qui quadrillent le territoire. On envoie plein de forces et de couRage aux chouettes hiboux en lutte.

Compte rendu de la journée et infos à suivre sur vmc.camp


►Projet de déviation de Beynac – Dordogne :

Contre les grands projets 

Rhhhaaa les ZADs, ce cauchemar de l’Etat qui se propage dans les artères des grands travaux de la république... Expulser, réprimer et/ou militariser les zones à défendre ne suffira sans doute pas pour éradiquer cette forme de résistance.
Cette possibilité qui infuse doucement mais surement, pour sauver ce qui peut l’être du désastre en cours, et que la presse asservie continue de présenter comme une menace...

On en profite pour faire un coucou aux opposants au projet de déviation de Beynac en Dordogne, qui occupent la zone de chantier. « Que reste-t-il comme solution  ? Aucune  ! On va voir ce qu’il se passe si la police intervient… On va rester là le temps qu’il faudra » Ils comptent rester sur place jusqu’à l’obtention d’un moratoire et l’arrêt des travaux. Force et courage à elles et eux.
Ici, un appel pour un weekend de soutien sur place.

Dimanche 4 mars

Bure :


FIL INFO des deux journées du week-end inter-comités : https://vmc.camp/

Infos du 5 au 11 mars



Lundi 5 mars

Face à l’Etat brutal, 

les hiboux de Bure manifestent leur sagesse





Malgré la présence massive de gendarmes et l’interdiction de manifester, les opposants à l’enfouissement de déchets radioactifs se sont retrouvés près de Bure samedi 3 mars et dimanche. Ils ont mené une marche pacifique, contrée par les forces de l’ordre, qui ont investi le village dimanche. Récit en images.

Mandres-en-Barrois (Meuse), reportage

Le rendez-vous était prévu depuis longtemps : le week-end des 3 et 4 mars serait une réunion de discussion et de réflexion des comités de lutte contre le projet d’enfouissement des déchets à Bure (Meuse). La brutale expulsion du 22 février n’a pas abattu le moral collectif, et plusieurs centaines de personnes venues de toute la France se retrouvent dans le village de Mandres-en-Barrois samedi matin.

Pourtant, la préfecture de la Meuse a publié des arrêtés préfectoraux interdisant toute manifestation et circulation sur les routes avoisinantes. Le gouvernement maintient une pression policière permanente depuis des mois. Un lourd dispositif de forces de l’ordrE
est visible partout dans le village et alentour, oppressant. 500 gendarmes seraient mobilisés.



Le matin s’est tenue dans une maison du village la réunion des comités, malgré un froid glacial. En début d’après-midi, Hiboux et élus tiennent une conférence de presse dans la rue, à deux pas de la mairie. « Ce n’est pas l’opposition qui se radicalise », dit Jean-Marc Fleury (photo), de l’Eodra (Coordination nationale des élus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs), « mais le gouvernement. Il s’est placé dans une impasse, il n’y a pas d’alternative : pour lui, c’est Bure ou Bure. On ne peut pas discuter avec des gens qui nous expulsent. On soutient toutes les façons de s’exprimer. »



La marche se prépare. Il s’agit d’aller installer une vigie sur un terrain privé, d’où il sera possible d’observer les mouvements autour du bois Lejus. Paradoxe : le gouvernement interdit d’aller sur un terrain privé, et défend l’accès au bois, dont la propriété par l’Andra est incertaine, car encore en débat devant la justice. Le droit de propriété semble fonctionner à deux vitesses...

Une certaine appréhension est ressentie. Mais tout le monde est déterminé à avancer ensemble, pacifiquement, pour poser cette vigie.



Avant la manifestation, on se prend en photo avec les plaques sur lesquelles a été fixée une photo du ministre de la Transition écologique. La photo le montre portant une affiche sur laquelle est écrit : « Cigéo Bure, je dis non ». Nicolas Hulot a choisi de se faire photographier ainsi en 2016. Le gouvernement empêche donc des manifestants de proclamer ce que pense son ministre d’État...



À 15 h, la marche quitte le village, 
en direction du terrain privé proche du bois Lejus. 


Poutres, plaques de contreplaqué, fenêtres : ce sont les éléments de la vigie, petite tour à construire. On les porte tranquillement, dans l’atmosphère humide.

La petite route serpente à travers les champs. Entre trois cents et cinq cents personnes participent à la marche, de tous les âges et de toute la France. Certains crient avec ardeur, « on est plus chaud que Cigéo », d’autres chantent : « Occupons la forêt, récupérons les champs, il n’y aura jamais de nucléaire à Bure. »



On ressent une sereine allégresse, malgré l’hélicoptère qui tourne en bourdonnant au-dessus, observant le cortège. Une petite sono accompagne celui-ci, tirée comme une valise, et joue une musique roborative.

 
Mais un dispositif policier très important a été établi, à environ deux kilomètres du départ.


Au bout du chemin, où l’on arrive à 15 h 40, 
les gendarmes sont là, avec un camion à eau.


Le cortège ne cherche pas l’affrontement, 
il part en file sur la droite, dans le champ




La marche se détend tranquillement. En parallèle, les gendarmes se déploient eux aussi en file.

Le heurt se produit à 15 h 50, entre l’avant de la manifestation qui tente de déborder les gendarmes, et ceux-ci. Mais ces derniers sont trop nombreux. Dans un porte-voix, un gradé lance les sommations : « Au nom de la loi, dispersez-vous, on va faire usage de la force. »


 
Et ils lancent des grenades lacrymogènes

Devant la violence, les manifestants reculent rapidement — il est 16 h — et forment un grand cercle autour des éléments de la vigie,



en se tenant par la main.

Mais les gendarmes lancent encore des grenades lacrymogènes, alors le cortège décide de se replier calmement. Un manifestant, assez âgé, a été blessé à la tête par une grenade. Il est emmené par l’équipe médicale.




Et l’on rentre à Mandres, suivi par les camions des gendarmes. « Au nom du peuple, dit un manifestant, on a fait usage de la sagesse. »


DIMANCHE : 
QUAND LES GENDARMES GAZENT UN VILLAGE



L’auteur du reportage ci-dessus n’était plus présent dimanche 4 mars à Mandres-en-Barrois. Les faits rapportés ci-dessous ont été recueillis en interrogeant divers témoins.

Dimanche matin, une nouvelle réunion des comités de lutte s’est tenue, et a poursuivi les discussions pour définir les axes des actions à venir. Vers 11 h, une centaine de personnes ont décidé d’aller observer ce qui se passait au bois Lejus, en empruntant un autre chemin que la veille. Ils ont été contrés par les gendarmes et refoulés vers le village. Mais les gendarmes ont pénétré dans le village, n’hésitant pas à larguer des grenades lacrymogènes au milieu des habitations et dans les jardins. Un habitant, Marcel Durand, joint au téléphone par Reporterre, raconte : « Les forces de l’ordre ont chargé, il ont lâché des gaz lacrymogènes un peu partout, ces gaz sont rentrés dans la maison, même fenêtres fermées, ils rentraient par les bouches d’aération. Ma maman est gravement malade et ma grand-mère est cardiaque, c’était juste pas possible avec tout ça. La plus grande violence vient des forces de l’ordre, qui ont chargé alors que tout se passait bien. »

M. Durand a tourné depuis sa fenêtre une vidéo, qui montre l’ambiance créée par les gendarmes : https://youtu.be/FDxIhNrCWrE

Vers 14h30, les gendarmes se sont retirés, mais tout en maintenant leur présence.



Malgré la pression policière — il y a eu huit interpellations et quatre blessés légers dont un gendarme, selon la préfecture —, le week-end est jugé positif : « On mûrit, dit un porte-parole des Hiboux. On a su reculer à temps, tout en montrant qu’on était déterminé ». Les discussions des comités ont bien avancé. Et une manifestation de réoccupation du bois Lejus est envisagée pour le printemps.


Mercredi 7 mars

Un opposant anti-Cigéo jugé 

pour transport d’Opinels 

et de pelle à tarte






Mardi 6 mars, un opposant au projet d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc (Meuse) pour transport d’armes. Son tort : il a été contrôlé par les gendarmes avec dans sa voiture deux opinels, un câble électrique, et… une pelle à tarte.

Le procureur a demandé deux mois de prison avec sursis. Le verdict sera rendu le 24 avril.

Montages réalisés par des opposants à Cigéo :




Source : Reporterre



Jeudi 8 mars

Le gouvernement lance un débat 

sur les déchets nucléaires 

mais en pose d’avance la conclusion

 




Mercredi 7 mars, le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu a réuni le Comité de Haut niveau sur Cigéo. Il a annoncé un débat public autour du projet d’enfouissement de déchets nucléaires et des fonds pour la Meuse et de la Haute-Marne. Dont 389 millions de travaux routiers, révèle Reporterre. Les associations dénoncent une concertation impossible au vu de la répression actuelle.



Après la matraque, la carotte. Après l’expulsion par 500 gendarmes de 14 occupants du bois Lejuc, après l’interdiction de manifester et le gazage du village de Mandres-en-Barrois dimanche dernier, après le harcèlement judiciaire, le gouvernement joue la carte de la « concertation ».

Mercredi 7 mars au ministère de la Transition écologique et solidaire, loin du plateau de Bure, le secrétaire d’État Sébastien Lecornu a présidé son premier Comité de Haut niveau. Celui-ci réunit depuis 2005 les acteurs institutionnels du projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires - élus locaux de Haute-Marne et de Meuse, Andra, EDF, Orano (ex-Areva), Centre de l’énergie atomique (CEA), préfets - avec pour objectifs « de renforcer les outils de concertation, d’accélérer le développement économique du territoire et de statuer sur la répartition de la fiscalité associée au projet ». 
 

La veille, une dizaine d’associations opposées au projet dénonçaient une mascarade, pointant « une concertation qui arrive quand tout est décidé » et dans « des conditions de répression qui empêchent le dialogue ».


Plutôt que parler de répression, Sébastien Lecornu a affirmé en conférence de presse que l’Etat a dû intervenir « face à de nombreux actes de délinquance qui ont suscité localement beaucoup d’émoi ». Son credo : « Le retour à l’État de droit comme préalable à la concertation ». Autrement dit, une fois les « éléments radicaux » évacués, « le dialogue est ouvert avec les opposants légaux ».

Mais qu’est-ce qu’un « opposant légal » ? « Ils réduisent le champ de la légalité par des arrêtés liberticides qui nous empêchent de manifester », dénoncent les associations dans leur communiqué. D’autant plus que l’action du gouvernement à Bure pourrait bien elle aussi être entachée d’illégalité, comme le racontait Reporterre, et comme l’indiquait le Syndicat des avocats de France.

Côté concertation, Sébastien Lecornu veut lancer un débat public national sur les déchets nucléaires : « La question n’est pas de savoir si on fait Bure ou pas, mais qu’est-ce qu’on fait des déchets qui sont déjà là », martèle-t-il devant la presse. Sauf qu’un tel événement sous la houlette de la Commission nationale du débat public a déjà eu lieu en 2013. Il avait été boycotté par les opposants, critiqués par les pro-Cigéo comme par certains membres de la CNDP. « Ce débat proposait uniquement à la population d’exprimer ses craintes sur le dossier inachevé et bourré d’inconnues présenté par l’Andra », rappellent les associations. L’exercice avait cependant conclu qu’il fallait attendre avant de décider. Des conclusions qui n’ont pas été suivies par les autorités.

« C’est justement parce qu’il n’a pas été concluant qu’il faut refaire ce débat public », soutient M. Lecornu. Et qu’arrivera-t-il si, au terme des discussions, les Français décident qu’ils ne veulent pas de Cigéo ? « Alors je leur demanderai ce que l’on fait des déchets », élude le secrétaire d’Etat, qui aime à citer son ministre de tutelle Nicolas Hulot : « lui-même a dit que Cigéo était la moins mauvaise des solutions, et l’Autorité de sûreté nucléaire parle de solution la plus raisonnable ».

Pour éclairer les débats à venir, Sébastien Lecornu mise sur « un centre de ressources en ligne sur tout ce qui a été commis sur Cigéo, pour ou contre », sur une instance de dialogue société - experts « pour remettre les scientifiques, les sachants, au coeur du débat » et des missions d’étude à l’étranger sur la question des déchets radioactifs « pour aller voir comment les autres font ». « Elus locaux et journalistes seront bienvenues », précise-t-il.

Dernier volet de son plan pour « garantir un climat serein et un niveau d’acceptabilité » autour du projet Cigéo, répondre « au sentiment d’abandon du territoire » en luttant « contre la désertification et l’enclavement ». Sans chiffrage précis, routes et lignes ferroviaires sont annoncées, ainsi qu’un effort sur la formation professionnelle : « Il y aura bientôt des emplois à pourvoir dans le travail de forage, de creusement, dans l’énergie, il faut donc former les jeunes de ces départements à ces métiers ». Autrement dit, en fait et lieu de développement local, l’Etat et les industriels de l’atome s’apprêtent à accélérer la transition nucléaire de la Meuse et de la Haute-Marne. Les infrastructures de transport sont en effet nécessaires à la construction du centre d’enfouissement. « Il y a des travaux qui sont bons pour Cigéo et bons pour le territoire, répond M. Lecornu. Je veux croire au cercle vertueux, Cigéo n’est qu’un moyen pour amorcer la pompe du développement économique ».

    389 millions d’euros 

    pour préparer les routes 

    à l’acheminement des déchets


Et comme le révèle Reporterre, ce ne sont pas moins de 389 millions d’euros qui sont prévus pour transformer en 2x2 voies des routes autour de Bure. L’enjeu : préparer le réseau routier pour l’acheminement des déchets radioactifs à Bure - plusieurs camions par jour si le projet Cigéo se réalise.
Sont notamment prévus par le gouvernement :
  • RN 67 entre Saint-Dizier et Semoutiers-Monçais, dans la Meuse : 150 millions d’ euros ;
  • RN 19 : 100 millions d’euros ;
  • RN 135 entre Velaines et Tannois : 50 millions d’euros.
Le secrétaire d’Etat souligne cependant qu’il sera attentif à ce que les fonds alloués ne servent pas au « saupoudrage ». Référence faite, peut-être, aux lampadaires flambants neufs installés en ribambelle à Bure et dans les villages alentour, qui éclairent d’une lumière blanche les rues vides.





Lampadaires à Montreuil-sur-Thonnance (Haute-Marne).

Car malgré une trésorerie de plus 700 millions d’euros, les Groupements d’intérêt public de la Meuse et de la Haute-Marne ne sont pas parvenus, en plus de dix ans, à stopper la désertification. En mars 2017, à bout de patience, le maire de Montiers (à quelques kilomètres de Bure), Daniel Ruhland, s’était fendu d’un entretien vindicatif contre Cigéo dans le journal L’Est républicain : « Dans les années 93-94 (...) l’Andra nous promettait, si l’on acceptait le labo, que l’on ferait des écoles, des routes, qu’il y aurait un développement économique, que tout le monde bosserait. Mais le compte n’y est pas. Les gens partent et personne ne vient. Il ne s’agit pas de filer des ronds pour refaire des trottoirs si demain il n’y a plus personne pour marcher dessus. Je suis convaincu que l’on est en train de désertifier notre territoire. » Le collège de sa commune est aujourd’hui menacé de fermeture.

Dans leur communiqué, les association locales anti-Cigéo dénoncent une « politique de soudoiement financier », une « nucléarisation du territoire à marche forcée » et un « chantage à l’emploi ». Tout ceci accentue selon elles, du côté des habitants, « le sentiment de dépossession de leur destin ». Elles n’iront donc pas frapper à la porte que M. Lecornu a dit « laisser ouverte ».

    Calendrier


 Le Comité de Haut niveau se réunira désormais deux fois par an, en début d’année et au mois de septembre ; 

 Le débat public sur le Plan national de gestion des déchets radioactifs devrait avoir lieu en fin d’année 2018. 


 Une commission d’expertise internationale sur les colis bitumineux sera lancée dans l’année 2018, par l’Etat et l’ASN. 


 Le contrat de territoire devrait être signé par les collectivités locales et l’Etat d’ici la fin de l’année. 

L’objectif de ce contrat est de « définir les modalités de mise en œuvre des projets d’infrastructure et d’accompagnement économique nécessaires à l’accueil du projet Cigéo et au développement concomitant du territoire »

 Un groupe de travail réunissant les élus locaux sera constitué pour traiter la répartition de la fiscalité locale associée au projet.



Anti-Nucléaire :



Une maison vigilante dans le fief de l’Andra à Gondrecourt le château. Acquérir et fonder une maison vigilante pour surveiller l’implantation de l’Andra : https://www.helloasso.com/associations/les-habitants-vigilants/collectes/une-maison-vigilante-dans-le-fief-de-l-andra-a-gondrecourt-le-chateau


Samedi 17 mars

La tension est toujours vive autour du bois Lejuc, 

avant un procès le 19 mars


Le président de l’Eodra (Association des élus de France opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs et favorables à un développement durable), Jean-Marc Fleury, et une vingtaine d’élus du territoire, ont accroché un panneau à un arbre en bordure du bois Lejuc. Celui-ci, dont l’Andra affirme être propriétaire, est gardé nuit et jour par des gendarmes.

Le panneau indique que le siège social de l’Eodra se situe bien au milieu de ce bois, conformément à la déclaration du 2 décembre.
Vendredi 16 mars : une personne a été envoyée à la prison de Nancy en attendant sa comparution immédiate lundi à Bar-le-Duc. Cette incarcération fait suite à une « balade en forêt » - au Bois Lejuc - effectuée mercredi 14 mars par des opposants à l’enfouissement des déchets radioactifs. Selon l’Andra, une quinzaine de personnes ont ce jour « caillassé » des véhicules d’entreprises qui faisaient des travaux dans le bois. Sept personnes avaient alors été interpellées : l’une est donc emprisonnée, les autres ont été libérées et seront jugées le 23 mai, avec interdiction de circuler dans les départements de la Meuse et de la Haute-Marne.

Lundi 19 mars, deux opposants aux déchets nucléaires seront jugés à Bar-le-Duc. Ils ont été arrêtés lors de l’opération policière le 22 février et sont en prison depuis. Selon le site vmc.camp, « Aka, habitant du bois, est accusée de velléité incendiaire et de violences lors de son arrestation. Laura est accusée de rébellion lors de l’assaut de la maison par les flic. » Comme ils avaient refusé le fichage ADN et la comparution immédiate, le juge a décidé de les incarcérer jusqu’à leur procès.

Infos du 19 au 25 mars



Lundi 19 mars

    APPEL DES POUBELLES 

    CONTRE LE PROJET DE POUBELLE 

    ATOMIQUE DE BURE






Nos Poubelles n’acceptent pas d’être assimilées à la méga poubelle atomique de Bure où le gouvernement veut entasser à 500 mètres de profondeur les déchets les plus radioactifs à très longue vie produits par les 58 réacteurs nucléaires français depuis leur mise en service.

Nos Poubelles ne cautionnent pas cet enfouissement irréversible de déchets radiotoxiques et inflammables pour certains, qui devront être ventilés pendant plus d’un siècle et resteront extrêmement dangereux durant des centaines de milliers d’années.

Faire croire qu’enfouir ces déchets c’est en régler le problème est une aberration. Ce n’est que les "mettre sous le tapis" La sécurité est loin d’être assurée (risques sismiques, risques d’incendie, risques terroristes, risques de rejets radioactifs gazeux). En témoignent des documents internes de l’ANDRA, l’agence en charge de la construction du centre d’enfouissement.

Nos Poubelles s’opposent à la contamination de la région de Bure mais aussi à la mise en danger des générations futures. Des alternatives existent (Stockage dans des conditions permettant de faire face en cas d’incident). Et puis il est urgent de ne plus produire de nouveaux déchets nucléaires, donc de sortir du nucléaire ! 

Voir le site d’information www.burestop.eu


Aussi nos Poubelles ont décidé de se "customiser" pour afficher leur désaccord avec ce projet de POUBELLE ATOMIQUE.  

COMMENT FAIRE ?

Imprimez l’affichette.

Collez-la en permanence sur votre poubelle de rue personnelle, telle quelle ou plastifiée (sur une, deux, voire quatre faces...).

Pour montrer la détermination de votre poubelle, vous pouvez la laisser plus qu’il ne faut dans la rue...

Relayez cette action et incitez vos amis, famille et voisins à faire de même.

Vous pouvez faire un peu plus :

Prenez une chouette photo de votre poubelle, avec ou sans mise en scène, avec ou sans vous (laissez libre cours à votre créativité !).

Envoyez la photo à burecnon@yahoo.com (en précisant votre commune et votre département).

Retrouvez ici toutes les photos des poubelles participantes :

https://www.flickr.com/photos/poubelleburecnon



Deux opposants à l’enfouissement 

des déchets nucléaires 

ont été condamnés à de la prison ferme


Lundi 19 mars, le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc a condamné deux opposants au projet Cigéo à trois mois de prison ferme. Un jeune homme de 24 ans a donc été incarcéré pour violences sur des gendarmes lors de l’évacuation du bois Lejuc, le 22 février dernier ; il a été condamné à huit mois de prison dont cinq mois avec sursis et une interdiction de territoire en Meuse et en Haute-Marne.


Une deuxième personne, une jeune femme de 30 ans, a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis pour rébellion lors de la perquisition à la Maison de résistance.

Tous deux étaient en détention provisoire depuis le 22 février. Le 4 mars, Laura s’était exprimée dans une lettre publique depuis sa cellule.

Une autre femme qui passait en comparution immédiate pour avoir refusé de se lever, de décliner son identité et de s’exprimer, a été condamnée à trois mois de prison ferme. Elle a été arrêtée la semaine dernière, au cours d’un incident où un véhicule d’un pépiniériste et de deux employés, mandatés par l’Andra, ont été caillassées près du bois Lejuc.

Une audience sous haute tension, comme le décrivent les opposants sur leur compte Twitter : « Le tribunal est en quasi état de siège, 70 personnes à l’intérieur pour suivre 3 procès, foule en colère. Des CRS à l’intérieur et à l’extérieur »

Trois autres personnes, interpellées lors de la perquisition de la Maison de résistance, seront jugées le 12 juin pour outrages et/ou rébellion sur agent dépositaire de l’autorité publique.
    Source : Reporterre


Mercredi 21 mars



►Bure : 

 




Infos du 26 au 31 mars

Mardi 27 mars



Un milliard d’euros ont été dépensés 

pour rendre « socialement acceptable » 

l’enfouissement de déchets nucléaires





Le projet d’enfouissement des déchets nucléaires pressenti à Bure, dans l’Est de la France, doit faire l’objet d’un troisième débat public d’ici la fin de l’année. Mais dans quelles conditions ? Depuis 2000, des sommes considérables d’argent public ont inondé les départements de la Meuse et de Haute-Marne, censées favoriser l’« acceptabilité » sociale du projet. Basta ! a fait le compte : ce ne sont pas moins de 1,1 milliard d’euros qui auraient déjà été déversés localement par les principaux acteurs de la filière nucléaire. Plusieurs centaines de millions d’euros pourraient encore arroser les deux départements.




La Meuse, ses 190 000 habitants, son taux de chômage à 14 %, son projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure… Et les centaines de millions d’euros déversés depuis 25 ans par l’État pour faire accepter ce que les opposants nomment une « poubelle nucléaire » : le stockage de 85 000 m³ de déchets radiotoxiques à plus de 500 mètres de profondeurs, sous une couche de roche et d’argile. Le fameux projet Cigéo, porté par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra), est censé résoudre le casse-tête du stockage des déchets nucléaires « à vie longue », issus des centrales, dont certains émettent une radioactivité pendant plusieurs de centaines de milliers d’années.

    « Accompagnement économique » 

    ou « achat des consciences » ?




L’État et les entreprises impliquées, EDF et Orano (ex-Areva), n’ont pas lésiné sur les moyens pour rendre acceptable le choix de Bure, petit village de la Meuse, pour accueillir tout ce que l’industrie nucléaire française produit comme déchets mortels. Selon nos calculs – aucun comptage officiel n’ayant été réalisé –, plus d’un milliard d’euros ont été dépensés dans les deux départements concernés, la Meuse et la Haute-Marne (voisin de Bure), via un complexe enchevêtrement d’aides directes, indirectes et d’investissements, depuis le début des années 2000. Un « accompagnement économique », selon l’État, un « achat des consciences », dénoncent les opposants.


Tout commence avant même l’idée de construire un laboratoire devant tester les conditions géologiques de stockage. Dès 1995, de l’argent public est déversé dans les cantons de la Meuse qui se sont portés candidats à l’accueil du centre d’essai géotechnique : 5 millions de francs par an, pendant cinq ans (1995-1999), soit l’équivalent de 3,8 millions d’euros.

    Une manne de 60 millions d’euros par an 

    pour la Meuse et la Haute-Marne


Le 30 juin 2000, changement de braquet. L’État décide de créer un groupement d’intérêt public (GIP) dans chacun des deux département (Gip Objectif Meuse et Gip Haute-Marne), chargés de « l’accompagnement économique », même si le projet d’enfouissement n’existe pas encore. Les fonds sont abondés par les acteurs de la filière nucléaire, EDF (78 %), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA, 17%) et Areva (5 %). Sur les trois premières années cumulées, de juin 2000 à décembre 2002, 30 millions d’euros tombent dans l’escarcelle de chacun des deux groupements d’intérêt public. Les données concernant la période qui suit sont moins évidentes, en l’absence de chiffres consolidés. Selon d’anciens élus locaux, la « rente » est d’au moins 10 millions par an et par département jusqu’à l’exercice 2005. Soit 60 nouveaux millions.
 
Les règles changent en juin 2006, suite à la seconde loi sur les déchets nucléaires qui signe l’acte de baptême de Cigéo. Le parrain est généreux et les dragées en or massif : le montant double, avec 20 millions par an et par département jusqu’en 2009. Sous-total en comptant les sommes précédentes : 280 millions. A partir de 2010, malgré l’austérité qui se profile, le montant passe à 30 millions par an et par département, cela jusqu’en 2017. Au total depuis 1995, voilà la cagnotte Cigéo atteint 764 millions d’euros.

    Des projets urbanistiques farfelus


Dans ces deux départements à faible démographie – six habitants au km² – et au tissu économique ravagé par des décennies de restructurations industrielles, la grande tombola de l’« État nucléaire » fait figure de jackpot. Une petite partie de ces fonds sont versés en « dotations directes » à quinze communes situées dans un rayon de 10 km autour du site de l’Andra, à Bure. Évaluée à environ 500 euros par habitant et par an, cette aide directe représente, pour chaque GIP, environ 1,8 millions d’euros par an. Le reste est versé selon sept « axes de développement », de l’industrie au « développement durable », en passant par le tourisme [1]. Les fonds sont alloués à des entreprises privées de toutes sortes – de la mécanique de précision aux fromageries –, à des offices HLM, des maisons de retraites, des établissements de santé.

Les conseils départementaux, les communes ou communautés de communes arrivent à faire financer des projets plus ou moins utiles, voire farfelus : travaux de voiries incessants, assainissement, chauffage collectif, constructions de terrains de sport ou de salles des fêtes flambants neuves, rénovation d’églises, aménagement de trottoirs en granit ou érection de lampadaires à diodes électroluminescentes, dont la qualité esthétique est à géométrie variable… Le village de Bure installe un nouvel éclairage public : de longs pilonnes gris au design moderne et épuré, ornés d’une tige diffusant une lumière feutrée, parfois bleue, parfois verte. Heureux hasard : bleu et vert, les couleurs du logo de l’Andra. Merci Cigéo.

    Manque de transparence


« Le pire, c’est qu’il est impossible d’échapper à cet argent sale, grince Claude Kaizer, ancien élu local de Meuse et farouche opposant historique aux desseins de l’Andra dans sa région. J’ai réalisé des travaux dans ma maison et j’ai vu qu’il y avait une partie financée par le GIP. Symboliquement, je leur ai adressé un chèque du même montant en retour. Il n’a jamais été encaissé. » Autre curiosité : les fonds sont débloqués « sur dossier », comme pour toute subvention publique. A la différence que la « gouvernance » des deux GIP est à transparence limitée. Les sommes, au centime d’euro près, sont bien comptabilisées tous les ans et publiées dans les rapports annuels, mais les réunions où se décident le déblocage des fonds (comités exécutifs, conseils d’administration, assemblées générales) sont peu ouvertes à la vérification publique : aucun verbatim des interventions, peu de compte-rendus détaillés des arbitrages [2]. Seules les décisions prises sont notifiées, souvent sans commentaires et sans motifs. Ces pratiques n’ont fait l’objet que de légères remarques de la part de la Cour des comptes comme des Chambres régionale des comptes [3].

 Détails des fonds cumulés pour la Meuse et la Haute-Marne


Cette pluie de subventions publiques ne sont pas les seuls fonds qui arrosent le territoire. L’électricien EDF investit aussi massivement en Meuse et en Haute-Marne depuis 2006. Et cela indépendamment des dotations qu’elle fourni aux GIP. Symbole de son implantation au cœur de ce coin de Lorraine, qui trône pile en face du laboratoire de l’Andra à Bure : un cube en béton à l’architecture épurée abritant 70 km de rayonnages, destinés à accueillir toutes les archives industrielles du groupe. Un bijou qui a coûté 10,7 millions d’euros. Tant mieux pour l’emploi local, tant pis pour l’accessibilité, les archives de l’électricien public se situant à 70 km de la gare Meuse TGV.

    Comment « nucléariser » un territoire


EDF participe également à une lente mais solide « nucléarisation » du territoire. En 2014, lors du salon international de l’énergie nucléaire, l’Andra et les deux conseils généraux de Meuse et Haute-Marne font stand commun. Sur une carte en couleurs, on peut voir une cible rouge, dont le centre est Bure. Autour, une myriade de projets liés au nucléaire, où des PME spécialisées côtoient des implantations d’EDF, du Commissariat à l’énergie atomique et d’Areva. Le document est titré « S’implanter sur le Pôle territorial de compétence nucléaire » .

EDF a investi 56 millions dans une base de logistique de pièces de rechange pour centrales nucléaires à Velaines, près de Bar-le-Duc (Meuse). Sa filiale Socodei exploite aussi un site de maintenance du parc nucléaire à Saint-Dizier (Haute-Marne), pour 42 millions d’investissement. L’entreprise a ouvert un centre de formation à Saint-Dizier et participe, avec Areva, à la création de formations, comme le BTS Environnement nucléaire d’un lycée de Saint Dizier, ou le Bac pro Maintenance industrielle et nucléaire à Bar-le-Duc. Areva a également installé son centre d’archives en Meuse (à Houdelaincourt). Une de ses filiales, LMC, y exploite une plateforme logistique de transit de matières radioactives à Void-Vacon. Le CEA n’est pas en reste : il y gère un centre de recherche à Saudron, à 2 km du labo de l’Andra. L’un des collectifs d’opposition à Cigéo, Burestop, a publié une carte et un récapitulatif de ces installations.

    Plusieurs dizaines de millions d’investissement


Combien représentent au total les investissements d’EDF ? Nos demandes, incluant plusieurs relances, auprès du service communication d’EDF sont restées évasives sur les chiffres mais limpide sur les intentions : « EDF s’implique avec les acteurs locaux (...) pour que le territoire accueille dans les meilleures conditions le centre industriel de stockage géologique des déchets radioactifs (Cigéo), et bénéficie du surcroît d’activités économiques qui en résultera », indique le service de presse. « Ces actions s’ajoutent aux initiatives de développement économique des GIP de Meuse et de Haute-Marne » – en sachant qu’EDF leur fourni déjà les trois quart de leurs budgets.

Pour les chiffres, une brochure récente intitulée « Success stories », que Basta ! a consultée, présente le « programme EDF d’accompagnement économique en Meuse et Haute-Marne afin de préparer le territoire et ses entreprises au projet Cigéo ». Au verso, deux chiffres intéressants sont avancés : « Depuis 2006, le groupe EDF a contribué à la création ou au maintien de 1100 emplois » dans la région sous forme d’investissements directs dans ses filiales, des PME, ou via des « prêts participatifs ou bonifiés ».

Le document ajoute : « Entre 2008 et 2017, le montant total des achats effectués dans la Meuse et la Haute-Marne, par EDF et ses principaux fournisseurs, dépasse les 220 millions d’euros ». Dans un autre document public, l’électricien fait le bilan de ses interventions entre 2006 et décembre 2013. Il est question cette fois de « 1470 emplois soutenus ou créées », de « 124 millions d’euros de commandes aux entreprises locales » (chiffre déjà pris en compte dans notre calcul) et enfin, élément nouveau, de « 120 millions d’euros d’investissements directs ». Ce dernier chiffre permet d’estimer à 1,1 milliard d’euros l’ensemble de la manne dont ont pu bénéficier les deux départements grâce au projet Cigéo – qui a ce jour n’a obtenu ni déclaration d’utilité publique, ni décret d’autorisation de création. A ce chiffre pourraient encore être ajoutés les investissements directs d’Areva.

    Un nouveau « contrat de territoire » 

    évalué à 500 millions d’euros


En plus de ces sommes déjà engagées, un nouveau programme d’investissements publics a été dévoilé le 7 mars par le secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu. Si aucune somme n’a été avancée, un article de l’Est Républicain du 24 novembre avance le chiffre de 500 millions d’euros. Ce nouveau « Contrat de développement territorial » (CDT) se déclinerait en « 82 actions identifiées dans le ferroviaire, les réseaux routiers, les services à la population, le numérique, l’habitat, l’alimentation en eau… ».

Ce « contrat de développement territorial » sera placé sous les auspices des deux préfectures de Meuse et de Haute-Marne. Interrogée par Bastamag, la préfecture de la Meuse a confirmé que ces fonds sont destinés à être déployés via les deux GIP, sans détailler sur quelle période ils seront affectés. Quant à la somme exacte, silence radio. Nos demandes de précisions au secrétariat d’État sont également restées sans réponse.

Selon nos sources, les sommes prévues seraient considérables. Uniquement pour les « infrastructures routières », un montant de 389 millions d’euros est évoqué, essentiellement pour rénover deux routes nationales dans le nord de la Meuse. Mais 22 millions seront affectés aux routes départementales, dont 6 millions pour la seule D960, qui traverse le sud de la Meuse d’Ouest en Est, et qui passe... devant le laboratoire de l’Andra. Fort de la volonté de « transparence » claironnée devant la presse par Sébastien Lecornu, Bastamag a demandé confirmation de ces montants. Les services du ministre ne nous ont pas répondu. Au final, « l’acceptabilité sociale » de l’enfouissement des déchets nucléaires aura nécessité au moins 1,6 milliards d’euros.

Jérôme Thorel - Photo : CC Aurélien Glabas – Bastamag


AILLEURS

Infos du 1er au 11 mars

Jeudi 1er mars

Un parc éolien en mer 

oppose l’Agence pour la biodiversité 

et le Parc naturel de la mer d’Opale

 


La direction du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale avait rejeté un projet d’éoliennes en mer à cause d’un dossier environnemental jugé trop faible. Mais l’Agence française pour la biodiversité l’a validé. Sous pressions, dénoncent certains.



Voulue par Ségolène Royal, définie dans la loi sur la biodiversité, créée il y a à peine plus d’un an, l’Agence française pour la biodiversité (AFB) devait être le fer de lance d’une défense efficace de la nature en France. Vraiment ?

Ce n’est pas l’opinion du président et des vice-présidents du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. Ils ont tous démissionné, mardi 20 février, afin de protester contre l’avis que venait de rendre le conseil d’administration de l’AFB. Ce dernier s’est déclaré favorable à un projet de parc éolien au large de Dieppe et du Tréport (Seine-Maritime), alors que le Parc marin avait, lui, émis un avis négatif quelques mois plus tôt.

« C’est un projet qui fait de l’énergie verte, mais en saccageant l’environnement », estime Thierry Ruellet, ex-vice-président du Parc marin et chercheur au sein de l’association Gemel (Groupe d’étude des milieux estuariens et littoraux). « J’étais favorable au départ, car c’est un projet d’énergie renouvelable. Puis, à l’instruction du dossier, qui fait 6.000 pages, je n’ai jamais fait autant de bonds sur mon canapé ! »

L’objet du désaccord est un projet de parc de 62 éoliennes frôlant les 200 mètres de haut, produisant en moyenne, par an, de quoi alimenter en électricité environ 850.000 personnes. Elles seraient implantées en mer, au large de Dieppe et du Tréport, sur une aire de plus de 9.000 hectares. Le tout est porté par la société Éoliennes en mer Dieppe et Le Tréport (EMDT). Derrière ce nom, une alliance de trois entreprises : Engie (47 % des parts), l’entreprise portugaise EDP Renewables (43 %) et le Groupe Caisse des dépôts (10 %).

    Le projet a « très largement évolué »


Un tiers de ce parc éolien doit s’établir dans le Parc naturel marin des estuaires et de la mer d’Opale. Le 20 octobre 2017, celui-ci rendait un avis négatif après un examen poussé du dossier.« Nous avons relevé de nombreux manques lors de son instruction », explique Thierry Ruellet. L’avis émet près d’une centaine de réserves et prescriptions. Il relève ainsi que les impacts sur les mammifères marins, les oiseaux ou certaines espèces des fonds marins sont sous-évalués. Le scientifique regrette également que certaines analyses aient été mal faites, et certaines données intéressantes sur la biodiversité aient été gardées secrètes. « Ils ont financé une thèse sur le réseau trophique [la chaîne alimentaire] », poursuit Thierry Ruellet. Une bonne idée. Je suis allé à la soutenance. Cette thèse montre que la zone est très importante pour toute la Manche, qu’elle permet l’accomplissement du cycle de vie d’un certain nombre d’espèces, et que mettre un projet industriel en ce lieu n’est pas une bonne idée. Mais pour l’instant ils refusent de la rendre publique ! » Le président de l’association Picardie nature, Patrick Thierry, confirme : « Trois bureaux d’études ont travaillé sur le dossier, et pourtant il y avait des biais dans les analyses. Par exemple, ils ont compté les oiseaux marins depuis des bateaux de pêche, cela les attire bien sûr ! »



Quelques mois plus tard, l’avis du Parc marin a été désavoué par l’autorité qui désormais chapeaute tous les parcs marins français, l’AFB. Cette dernière a approuvé le projet en dépit de quelques réserves, il y a donc une dizaine de jours. Prenant note du vote négatif du conseil de gestion du Parc marin, l’Agence explique dans un communiqué de presse, que depuis, le projet a « très largement évolué ». Parmi les efforts consentis par l’industriel, le fait de s’abstenir de faire du « battage de pieux » (cela permet d’enfoncer les fondations dans les fonds marins mais provoque des nuisances sonores) pendant les quatre mois de la période de reproduction des espèces marines ; le rehaussement des éoliennes afin de diminuer les impacts avec certains oiseaux ; l’augmentation du budget du groupement d’intérêt scientifique qui fera le suivi des espèces marines (de 650.000 euros à 8 millions d’euros) ; ou encore la diminution du relargage de métaux potentiellement polluants dans le milieu. « Il s’agit bien d’un nouveau projet », assure l’AFB, qui écrit avoir bien « entendu » l’avis du Parc marin de la mer d’Opale.

Au conseil d’administration de l’Agence, l’avis positif a été largement partagé : 25 votes pour, 7 votes contre et quelques abstentions. Les associations environnementales nationales, notamment, ont voté pour. « Le porteur de projet avait vraiment oublié des choses dans le dossier, mais il a revu sa copie et propose des mesures complémentaires », se satisfait François Piccionne, coordinateur du réseau Océans, mers et littoraux de France nature environnement. « Même si la zone d’implantation n’est pas idéale, c’est l’un des meilleurs dossiers d’éolien en mer qui nous aient été présentés à FNE en matière d’étude d’impact. Nous soutenons ce type d’énergie, car nous sommes contre le nucléaire et les énergies carbonées. Nous devons proposer des alternatives ! »

    « Il s’agit d’un déni de démocratie locale » 


Pour lui, la décision du Parc naturel marin est plus politique qu’environnementale : « Ce sont essentiellement les pêcheurs qui siègent au conseil de gestion du Parc marin, les associations environnementales ont peu de représentants. Les pêcheurs assurent que la zone où les éoliennes vont être installées est une très bonne zone de pêche, mais ils ne fournissent pas d’élément concret. »

« Le dossier était mal embarqué depuis le début », observe localement Patrick Thierry, dont l’association Picardie nature adhère à FNE au niveau national. « La zone était choisie dès le départ, alors qu’il y a des fonds marins intéressants en matière de faune marine. »

Au-delà, le côté politique concerne surtout le conflit entre instances locale et nationale. Jusqu’à la création de l’AFB, les Parcs marins bénéficiaient de ce que l’on appelle un « avis conforme » : s’ils disaient non à un projet sur leur territoire, l’État était obligé de le suivre. Depuis un an, ils ne peuvent plus formuler qu’un « avis simple » : il est consultatif, l’État fait ensuite ce qu’il veut. En revanche, l’AFB est désormais maître de cet avis conforme. Voici comment elle a pu désavouer son Parc. « Puisque le dossier a évolué, nous aurions aimé pouvoir le réexaminer devant devant le conseil de gestion du Parc, indique Dominique Godefroy, ex-président du Parc marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. Mais on ne nous en a pas donné la possibilité, et donc nous démissionnons avec les vice-présidents. Le Parc est désormais sans gouvernance. Il n’y a pas d’intérêt à rester dans une instance qui n’a pas de pouvoir de décision. »

Le champ d’éoliennes offshore de Middelgrunden, dans l’Øresund, 
le détroit entre le Danemark et la Suède.


« Il s’agit d’un déni de démocratie locale, dénonce Thierry Ruellet, vice-président démissionnaire. Le fait que l’on respecte notre avis était une condition sine qua non pour que je prenne le dossier. On nous a dit, au niveau national : “Pas de problème, on vous suivra !” Sinon, je n’aurais pas pris la peine d’examiner un dossier qui demande autant de temps ! »

Par ailleurs, les garanties obtenues par l’AFB ne lui semblent pas du tout satisfaisantes. « Par exemple, concernant les quatre mois sans battage des pieux. Les conditions météo sont telles qu’on ne peut pas le faire toute l’année mais quand on demande le calendrier pour savoir si cela correspond aux prescriptions environnementales, on nous le refuse. Idem pour le relargage de métaux dans l’environnement. Les promoteurs du parc éolien demandent une autorisation pour 35 tonnes par an, ce qui est énorme, voire irréaliste. Ensuite, ils paraissent faire une concession quand ils acceptent de baisser de 50 % la quantité de métaux relargués. S’ils avaient choisi d’autres méthodes de construction, on aurait pu avoir ni battage des pieux ni relargage de métaux dans le milieu ! C’est ce que j’ai constaté en travaillant pour d’autres développeurs d’éoliennes en mer. »

« Et puis, l’opérateur n’a accepté de faire des concessions qu’à partir du moment où l’on a mis la pression de la démission dans la balance, ajoute Patrick Thierry, de Picardie nature. Pourquoi n’a-t-il pas pris ces engagements avant ? C’est bien qu’il ne se soucie pas d’environnement. »

    « On travaille pour la biodiversité, 

    on n’est pas l’agence nationale des énergies renouvelables » 


Reste à savoir pourquoi le conseil d’administration de l’Agence pour la biodiversité a malgré tout majoritairement voté pour ce projet. Sa composition est un premier indice : les représentants de l’État et des établissements publics nationaux occupent 16 des 43 sièges. Autant de personnes qui votent ce que recommande le ministère. Ajoutez quelques représentants des milieux économiques et quelques politiques soutenant le gouvernement, on atteint presque la majorité. Plus surprenant pour certains, le fait que les associations de protection de la nature aient voté pour le parc éolien. « L’augmentation du budget du groupement d’intérêt scientifique, annoncée par l’industriel, [de 650.000 euros à 8 millions d’euros, comme nous l’indiquions ci-dessus] va permettre à ces associations de faire des études et des publications », note Armel Bonneron, représentant du personnel de l’AFB au sein du conseil d’administration et présent lors du vote. Chez FNE, François Piccionne dément : « Les associations membres de FNE font des études dans le cadre de nombreux projets éoliens terrestre et offshore, et il est toujours précisé que cela n’engage en rien l’avis de nos associations sur le projet. »



Autre son de cloche au Syndicat national de l’environnement-FSU, dont un porte-parole, Armel Bonneron, précise : « On ne s’oppose pas à l’éolien en mer, mais on travaille pour la biodiversité, on n’est pas l’agence nationale des énergies renouvelables ». À l’instar d’autres connaisseurs du dossier, il souligne la pression – considérable — en faveur du projet.

Ce parc éolien en mer serait le premier en France. Lui mettre un frein serait un mauvais signal politique, alors que nombre de nos voisins européens sont déjà équipés. L’enjeu économique n’est pas moins important : « Sur 30 ans d’exploitation, les investisseurs feraient 13 milliards d’euros de bénéfices », a calculé Thierry Ruellet.

Pour calmer le jeu, le ministre de la Transition énergétique, Nicolas Hulot, a écrit aux présidents des Parcs marins qu’ils allaient récupérer le pouvoir de l’avis conforme dans les prochains mois… sauf pour les projets d’envergure nationale.

Reste un point qui met tout le monde d’accord : « Cette affaire montre qu’il faut revoir totalement la façon dont se passe la concertation pour ce type de projets », estime François Piccionne, de FNE.

Les éoliennes en mer de Dieppe–Le Tréport, elles, doivent encore passer au travers de quelques étapes, et notamment deux enquêtes publiques. Si tout se passe comme prévu par leurs promoteurs, elles produiront de l’énergie à partir de 2021.


Vendredi 2 mars



Center parc Roybon 

Les rendez-vous contre les Center Parcs son nombreux d’ici le week-end :

Comme je vous l’ai déjà proposé, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation et d’info sur la Grande tournée du mois d’avril ­– 3 semaines durant lesquelles une caravane reliera villes et villages dont Poligny, Le Rousset et Roybon (tout trois concernés par un projet de construction d’un Center Parcs) –, vous pourrez discuter de tourisme à l’Atelier des canulars à partir de 15h00, samedi 3 mars ; rencontre organisée par le groupe Center Parcs ni ici ni ailleurs (CP-NINA) de Lyon.

Le groupe CP-NINA

 du Rousset organise, quant à lui, une « Jam Session » pour financer la grande tournée de la NINA à la salle des fêtes de Cenves le samedi 3 mars à partir de 14h00.

Mais si vous préférez les travaux de chantier collectif, vous pourrez vous rendre sur les barricades entre le 1er mars et le 4 mars sur la ZAD de Roybon.


Zad du Moulin :


Menaces sur la ZAD du Moulin, rassemblements tous les mercredi.

https://gcononmerci.org/manifs/menace-sur-la-rassemblement-prefecture/

« L’appel des bosquets » Ami-e-s lutins, lutines, licornes, hamsters, blaireaux, ... des arbres centenaires sont morts sous les machines d’Holtzinger, prestataire de service pour le compte d’Arcos, filiale de Vinci en charge du dossier GCO, au nom du profit de quelques individus. Les rescapés, des bosquets, appellent à l’aide et comptent sur votre conscience et votre humanité pour les sauver.

Ne nous regardez pas, rejoignez-nous !

Ils et elles appellent également à votre vigilance de jour comme de nuit sur les 24km du tracé de ce projet funeste. Jusqu’à jeudi les tronçonneuses peuvent à tout moment continuer ce massacre. Ne Laissons pas faire, nous sommes la nature qui se défend face à ARCOS et son monde.

APPEL A MOBILISATION

A toute personne disponible, ne laissons pas Vinci s’imposer dans nos vies ! Venez renforcer les défenses sur le terrain. Il n’y a pas de petite ou grande aider, seulement donner un peu de son temps, car un peu + un peu, font de nous une bien belle personne face à la noirceur de ceux qui veulent nous imposer cette autoroute inutile.
Des habitant.e.s de la forêt Des électrons libres,


Mardi 6 mars

Europacity :

 

Dans la série des nouvelles qui font plaisir : Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annoncé aujourd’hui que l’arrêté autorisant la création de la ZAC du "triangle de Gonnesse", qui devait accueillir le projet fou de centre commercial/centre de loisir Europacity à 3 milliards d’euros, était... annulé ! Motif : "l’’étude d’impact n’avait pas suffisamment procédé à l’évaluation des incidences environnementales du projet"

Une bonne nouvelle pour les 280 hectares de terres agricoles directement concernées par le projet. 



Dommage, ça avait l’air vraiment génial !!



 

Le méga projet EuropaCity subit un lourd revers 

 

Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé mardi 6 mars l'arrêt préfectoral autorisant la création de la zone d’aménagement concerté, estimant que « l’étude d’impact mise à disposition du public (...) était insuffisante ».




Le projet EuropaCity, un méga complexe à vocation touristique qui devait être construit dans le Val-d’Oise, a subi un lourd revers, mardi 6 mars, après la décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise annulant l’arrêt préfectoral qui autorisait la création de la zone d’aménagement concerté. Saisi par plusieurs associations de défense de l'environnement, le tribunal estime notamment que « l’étude d’impact mise à disposition du public dans le cadre de l’enquête publique (...) était insuffisante », rapporte l'AFP. 


La zone d'activité d'EuropaCity comptait accueillir d'ici à 2024, sur 80 hectares de terres encore agricoles, un vaste parc d'activités touristiques et culturelles. Le projet est évalué à 3,1 milliards d’euros. Mais dans sa décision, le tribunal juge que le dossier « mis à disposition du public ne précisait pas suffisamment de quelle manière les besoins énergétiques du projet allaient être couverts » et que « l’étude était insuffisante s’agissant de l’incidence du projet sur la qualité de l’air, compte tenu notamment des émissions de CO2 induites par les déplacements de touristes, eu égard à la création d’EuropaCity ».


Le tribunal estime aussi que « l’étude d’impact n’avait pas suffisamment procédé à l’évaluation des incidences environnementales du projet cumulées à celles des travaux de création de la ligne 17, alors que les deux projets sont liés ». Pour le tribunal, ces lacunes « ont nécessairement, par leur importance et leur cumul, été de nature à nuire à l'information complète de la population et à exercer une influence sur la décision de l'autorité administrative ».

Le directeur du développement d’EuropaCity, contacté par l'AFP, ne voit pas dans cette décision un « coup d’arrêt » au projet, arguant que le calendrier a déjà été modifié récemment, le projet devant voir le jour en 2017 et non plus en 2014.


Un report dû notamment au fait que la ligne 17 est en elle-même menacée (lire notre article Grand Paris: bataille de sens et de sous autour de la ligne 17). En janvier 2018, un avis de l'Autorité environnementale du Conseil général de l'environnement et du développement durable avait estimé qu'une nouvelle actualisation de l'étude d'impact était nécessaire en raison de « lacunes importantes », notamment concernant l'impact cumulé de différents projets sur le « triangle de Gonesse » (la zone où devait être construit EuropaCity), l'impact des bases travaux, le traitement des eaux de chantier et l'habitat de certaines espèces rares.

Mercredi 7 mars

Fin de partie pour Europacity




Mardi 6 mars, le tribunal de Cergy-Pontoise a annulé l’arrêté préfectoral autorisant l’urbanisation des terres fertiles du triangle de Gonesse. Reporterre explique la décision, et raconte l’histoire d’Europacity, un projet démesuré de centre commercial et de loisirs aux impacts environnementaux dévastateurs. Contré par une lutte couronnée de succès.




C’est un coup fatal porté au projet Europacity. Mardi 6 mars, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé l’arrêté du 21 septembre 2016 du préfet du Val-d’Oise qui autorisait la création de la Zone d’aménagement concerté (Zac) du triangle de Gonesse, devant accueillir le mégacomplexe commercial. Motif, « l’étude d’impact mise à disposition du public dans le cadre de l’enquête publique, ayant eu lieu du 25 avril au 25 mai 2016, était insuffisante sur plusieurs points ».



Et ces points sont nombreux : « Le dossier mis à disposition du public ne précisait pas suffisamment de quelle manière les besoins énergétiques du projet allaient être couverts. Le tribunal a également relevé que l’étude était insuffisante s’agissant de l’incidence du projet sur la qualité de l’air, compte tenu notamment des émissions de CO2 induites par les déplacements de touristes, eu égard à la création d’Europacity. Enfin, le tribunal a estimé que l’étude d’impact n’avait pas suffisamment procédé à l’évaluation des incidences environnementales du projet cumulées à celles des travaux de création de la ligne 17, alors que les deux projets sont liés », a jugé le tribunal. Qui a rappelé « l’importance de l’impact potentiel de ce projet sur l’environnement, compte tenu notamment de la suppression de 280 hectares de terres agricoles ».



Le mégacomplexe commercial Europacity, porté par Immochan, filiale immobilière du groupe Auchan, et cofinancé par Wanda, géant chinois de l’immobilier, devait à lui seul occuper 80 hectares de la ZAC. Ce projet à 3,1 milliards d’euros de commerces, hôtels, restaurants et équipements culturels et sportifs — une piste de ski sous cloche y était même envisagée — espérait drainer 31 millions de visiteurs par an dans une zone où toute construction de logement est exclue, à cause des nuisances causées par les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et du Bourget.

    « Ce projet de ville aéroportuaire 

    est incompatible avec la lutte 

    contre le changement climatique »


Pour Me Étienne Ambroselli, l’avocat des opposants à Europacity, cette entreprise démesurée se conjugue déjà au passé. « La décision du tribunal est un coup d’arrêt. Il faut être très clair : ce projet de ville aéroportuaire est complètement incompatible avec la lutte contre le changement climatique. Il est impossible de démontrer qu’il n’aura aucun impact sur la qualité de l’air et les émissions de gaz à effet de serre, puisqu’il est censé encourager les transports aériens. » L’avocat se montre confiant pour la suite : « L’État français veut donner des leçons à tout le monde en matière de lutte contre le changement climatique, il ne devrait donc pas s’acharner dans cette urbanisation. L’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes procède de la même logique. »

Bernard Loup, du Collectif pour le triangle de Gonesse, a accueilli la nouvelle avec joie et soulagement. « C’est une excellente nouvelle ! Le jugement va tout à fait dans le sens de l’avis de l’Autorité environnementale sur ce dossier. Désormais, on espère qu’Europacity va finir par être abandonné, car les éléments défavorables s’accumulent : le report de la ligne 17 du métro [à 2027 au lieu de 2024] et l’annonce d’un investissement de deux milliards d’euros et la création de trois nouvelles zones thématiques dans Disneyland Paris, le parc d’attractions concurrent. Pour eux, ce sont des nuages qui s’amoncellent ; pour nous, des éclaircies ! »


Pour l’ingénieur urbaniste Robert Spizzichino, la décision du tribunal administratif n’aurait pas pu être différente : « L’enquête publique pour la déclaration d’utilité publique (DUP) de la ZAC a été lancée précipitamment en fin d’année dernière. Elle a réuni 3.500 avis, pour la plupart négatifs, qui pointaient les impacts environnementaux et les incertitudes du projet — hypothèses sur le trafic, impact sur le commerce local, partage de la gestion entre Europacity et l’État. » Et de rappeler les avis négatifs de l’Autorité environnementale et du commissaire enquêteur dans le cadre de l’enquête publique sur la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de Gonesse, que les communes concernées avaient royalement ignorés pour valider le projet en septembre 2017.

    Le PLU sur la sellette, 

    le projet agricole alternatif Carma 

    dans les starting-blocks

Les opposants ont également déposé un recours contre cette modification du PLU, qui autorise l’urbanisation du triangle de Gonesse. Me Etienne Ambroselli n’attend pas la décision du tribunal avant l’été mais se montre confiant : « Ce sera le même juge et les arguments seront les mêmes, il n’y a pas de raison que la décision rendue soit différente. » Pour les promoteurs du projet Carma, qui souhaitent cultiver sur les limons fertiles de Gonesse un pôle d’excellence de l’agroécologie périurbaine avec céréales et maraîchage bio, ce jugement est aussi une lueur d’espoir. « Nous nous tenons à disposition des collectivités locales pour mettre à profit le projet Carma pour leur territoire, indique Anne Gellé, de Terre de liens. Un énième centre commercial assorti d’une Zac n’est pas un projet moderne du point de vue de l’aménagement du territoire, des attentes de la population, du climat… Il serait logique qu’un projet différent voie le jour, surtout dans une région aussi intéressante du point de vue des terres agricoles. »




 
En attendant, les opposants entendent poursuivre la mobilisation, avec un rassemblement le 27 mai prochain sur le triangle de Gonesse. « Même si l’on ne pense pas que la décision du juge soit suffisante pour empêcher l’urbanisation de ces terres agricoles, elle ne peut que nous encourager et nous donner l’espoir d’aller au bout », conclut Bernard Loup.


    EUROPACITY : 

    HISTOIRE D’UNE LONGUE LUTTE, 

    COURONNÉE DE SUCCÈS


Aux portes de la capitale, les terres fertiles — et encore vierges de toute urbanisation — du triangle de Gonesse suscitent depuis plusieurs décennies la convoitise des aménageurs. Bureaux, entrepôts, technopôle, chacun spécule sur la meilleure manière de bétonner ces centaines d’hectares encore cultivés. Depuis 2006, l’établissement public d’aménagement Plaine de France projette d’y créer une zone d’aménagement concerté (Zac).

    2010 : et Europacity naquit


En février 2010, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, veut dynamiser le Grand Paris en multipliant les projets d’urbanisation. Lors d’une interview à la revue Architecture d’aujourd’hui, il révèle que « le groupe Auchan souhaite construire un très grand complexe commercial, culturel, sportif et récréatif, un équipement unique dédié aux cultures européennes, qui possèderait une architecture exceptionnelle. Ce prototype d’un nouvel “urbanisme commercial à visage humain” pourrait constituer un repère important du nouveau Paris, et je serais heureux qu’il voie le jour dans un quartier sous-équipé du Nord-Est parisien, entre Paris et Roissy. Après avoir défiguré tant de paysages, tant d’entrées de villes, l’urbanisme commercial et industriel doit aussi faire sa révolution, nous devons l’encourager ».


Europacity est né, même s’il n’est ni explicitement nommé ni précisément localisé. Ce sera chose faite quelques mois plus tard : lors du débat public sur les projets de réseaux de transport du Grand Paris, Christophe Dalstein, directeur d’Alliages et Territoires, filiale d’Immochan (la branche immobilière d’Auchan), confirme le projet d’implanter un immense centre commercial et de loisirs sur la future Zac du triangle de Gonesse, à la condition de pouvoir disposer d’une gare à proximité.


 
En 2011, les associations opposées à ce projet se réunissent au sein du Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG).

    2014 : soutien au sommet de l’État 

    et opposition festive



En décembre 2014, Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, apporte son soutien au projet d’Auchan : « Avec la création prévue de 11.500 emplois directs non délocalisables […], Europacity est un projet majeur. Il structurera notre territoire et contribuera à sa vitalité économique. Ce n’est pas un hasard si ce projet recueille une majorité d’opinions favorables. »


Pour assoir la légitimité du projet, Europacity multiplie les partenariats, avec la Réunion des musées nationaux et la chambre de commerce et d’industrie de Paris - Île-de-France notamment.

De son côté, l’opposition se structure et participe en mai 2014 à une marche festive de Roubaix à Néchin (Belgique) des différents collectifs de lutte contre des projets de centres commerciaux du groupe Mulliez (propriétaire d’Auchan, de Decathlon et d’autres enseignes). En septembre, le CPTG avec Alternatiba organisent le premier Alternatiba d’Île-de-France sur le triangle de Gonesse durant deux jours.

    2016 : Europacity sur les rails




Restaurants, hôtels, pistes de ski, salles de spectacle, parc aquatique… Pour porter ce projet colossal chiffré à 3,1 milliards d’euros et censé ouvrir en 2024, Immochan et le groupe chinois Wanda Group annoncent en février 2016 avoir conclu un contrat d’investissement pour réaliser ensemble Europacity. Quelques mois plus tard, Wanda prendra 49,9 % du capital d’Alliages et Territoires.




 
Alors que l’entreprise semble voir l’avenir en rose, l’Autorité environnementale émet en mars un avis réservé quant à la création de la Zac de Gonesse, s’interrogeant sur le choix de l’emplacement « sur une zone aujourd’hui non urbanisée avec des sols d’une très grande valeur agronomique » et regrettant l’absence de solution de substitution. Malgré ces réticences, la préfecture du Val-d’Oise autorisera la création de la Zac en septembre de la même année, première étape indispensable à la construction d’Europacity.

Du 15 mars au 30 juin, sous la houlette de la Commission nationale du débat public, cinq réunions publiques, neuf ateliers, trois conférences-débats, et un forum internet seront dédiés à la concertation autour d’Europacity. Mais au sortir de ces quatre mois de discussion, la présidente la Commission, Claude Brévan, note des « points de vue inconciliables », notamment quant à la délicate question de l’opportunité du projet.

    2017 : les alternatives se multiplient, 

    mais le projet reste


En février, le tronçon nord de la ligne de métro 17 — indispensable à la viabilité d’Europacity — est déclaré d’utilité publique. Un an plus tard, l’Autorité environnementale délivrera un avis réservé quant à sa création : « L’analyse de l’étude d’impact présente des lacunes importantes », précise-t-elle, préconisant une nouvelle actualisation de cette étude d’impact avant toute délivrance d’autorisation environnementale, nécessaire pour lancer les travaux.

Début 2017, les opposants élaborent une alternative au projet de mégacomplexe commercial. Son nom : Carma, pour Coopération pour une ambition rurale métropolitaine et agricole. Son objectif : faire du triangle de Gonesse un pôle d’excellence de l’agroécologie périurbaine. Terre de liens, Biocoop, France nature environnement, Fermes d’avenir, ou encore le réseau Amap se greffent à l’initiative.


Mais en septembre, malgré un avis défavorable du commissaire enquêteur à la suite de l’enquête publique, le conseil municipal de Gonesse vote une révision du plan local d’urbanisme ayant pour effet de rendre constructibles des projets à vocation commerciale sur les 300 hectares de terres agricoles du triangle de Gonesse (dont 80 ha pour Europacity), permettant ainsi la création de la ZAC.

    2018 : fin de partie ?


Le 6 mars 2018, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, saisi par des associations, annule l’arrêté préfectoral de création de la ZAC, en raison de l’insuffisance de l’étude d’impact sur les questions environnementales.






Montabot : (anti THT)

 

Granges de Montabot - Activités, projets en cours, échanges d’informations. Bière, assemblée et prépa chantier : ces prochains jours à la grange : https://antitht.noblogs.org/2577


Samedi 10 mars

Grand Contournement de Strasbourg :

 l’État doit respecter ses engagements

 




 

Infos du 12 au 18 mars


 
Lundi 12 mars

Bure 

 

Cette semaine, on vous encourage à aller écouter Zi’Radio, la radio des Z’iradiés de Bure !

Deux émissions courtes, qui reviennent sur les expulsions : une ICI et l’autre LA !

Et toutes les émissions de zi-radio à cette adresse

Mardi 13 mars

GCO de Strasbourg : 

la pression s’accentue sur les opposants






 
Depuis l’été 2017, une petite Zad se développe contre le projet de contournement autoroutier de Strasbourg. Entre mobilisations ponctuelles et installation en « dur », la vie et la lutte s’organisent alors que la pression policière s’intensifie.

Kolbsheim (Bas-Rhin), reportage

Cela fait trois mercredis matins que la chaîne de textos a repris du service. La première fois, c’était le 21 février. La dizaine d’habitants de la zone à défendre (Zad) du moulin, à Kolbsheim, avaient appelé des renforts à venir dormir dès la veille. Ils contestent la réalisation et l’utilité du Grand Contournement ouest (GCO) de Strasbourg, une autoroute payante de 24 kilomètres. La petite clairière de la Zad se situe au milieu du tracé.

Dès 6 heures, les militants s’étaient postés sur un chemin qui mène à la petite Zad formée en août 2017. Ils avaient été rejoints par des dizaines de soutiens, au compte-goutte. Pourquoi ce matin-là ? Les techniciens de Vinci (par l’intermédiaire de sa société Arcos) s’étaient annoncés depuis une semaine.

Selon un décompte de la poignée de gendarmes venue superviser le face-à-face sans intervenir, il y avait jusqu’à 90 personnes face à la demi-douzaine de salariés de Vinci et leur petite pelleteuse, arrivées vers 8 h 30. La confrontation avait tourné court. Les techniciens, accompagnés d’un huissier, avaient simplement constaté qu’ils ne pouvaient guère travailler. Une chaîne humaine s’était dressée devant eux. Sur le chemin, des monticules bloquaient les accès aux véhicules. Les échanges étaient cordiaux.

Mercredi 28 février, rebelote. Mais avec seulement une vingtaine d’opposants, en période de congés scolaires et de températures négatives.

    D’abord interpellés pour « sabotage » 


Mercredi 7 mars, toujours vers 8 h 30, la scène s’est déroulée dans un verger en contrebas. Cette fois-ci, l’ambiance bon enfant a laissé place à un échange musclé et tendu. Deux opposants se sont enchaînés sous l’essieu de la machine de sondages géotechniques. Et lorsque la machine a rebroussé chemin une bonne heure plus tard, le ton est monté avec les gendarmes, plus nombreux. Les deux jeunes hommes, 27 et 31 ans, ont été embarqués dans la foulée, malgré les protestations de la trentaine d’opposants. D’abord interpellés pour « sabotage », ils ont passé la journée dans deux commissariats. Ils ont été relâchés en fin de journée, mais convoqués le 14 mai au tribunal correctionnel de Strasbourg pour « opposition par la violence ou voies de faits à l’exécution de travaux publics ou d’utilité publique ». Une dégradation légère sur le camion par l’un des deux opposants fait aussi l’objet d’une plainte.



  Lors d’un des face à face entre gendarmes, opposants et employés de Vinci/Arcos.

 
Les portables alsaciens s’étaient déjà mis à vibrer de la sorte, en septembre 2017. Des riverains s’étaient interposés face aux machines et le déboisement avait été reporté. Depuis, le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, a néanmoins validé le projet en janvier, passant outre un second avis du Conseil national de protection de la nature qu’il avait lui-même exigé.

Lors de ce type d’appel, c’est un public familial et de retraités qui ne vivent pas sur la Zad qui rejoint la contestation. C’est aussi lors de la pause déjeuner qu’une association du village a fait don aux Zadistes d’une casserole de cassoulet, les restes du repas mensuel de ses adhérents.

Compte tenu de cette relation étroite avec les riverains et la rapide capacité à se mobiliser, Camille (un nom d’emprunt) insiste sur le fait que la Zad n’est qu’une « partie émergée », certes prisée par les journalistes pour faire des images, de l’opposition au projet.

Lors de la confrontation le 21 février, les employés avaient annoncé revenir dans l’après-midi. À l’heure du déjeuner, un nouveau texto appelait à venir en nombre vers 13 h, au cas où. Mais trois heures plus tard, aucun gilet orange n’avait été aperçu.

    Ces allées et venues à répétition, 

    parfois en vain, 

    fatiguent et lassent 


« C’est un peu masochiste, à la fois on espère que Vinci ne vienne pas, et en même temps, on espère n’être pas venu pour rien », s’amuse Maxime pendant l’attente. Il est venu à la Zad pour la première fois avec cette mobilisation expresse, comme une partie des personnes croisées ce jour-là. Il y a dormi la veille.

Mais ces allées et venues à répétition, parfois en vain, fatiguent et lassent certains opposants. L’alerte est parfois donnée du côté de la forêt de Vendenheim, à une vingtaine de kilomètres de là, sur le nord du tracé.

Les gens postés sur place et leurs relais pour la communication visent désormais à limiter les appels et, surtout, à distinguer les menaces réelles, pour ne pas se disperser.

 
« La multiplication des appels développés depuis quelque temps fait réagir. C’est bien, mais il faut aussi que nous soyons pédagogues pour expliquer ce qui se passe sur le terrain et faire la distinction dans les travaux en cours », écrivaient début mars les opposants dans un texte de blog qui sonne comme un bilan contrasté. Ils ont ainsi assisté impuissant au déboisement de parcelles et de bosquets dans les environs.

Depuis août, la Zad s’est structurée. Exit les tentes et bonjour la grande cabane en bois chauffée, fabriquée avec des matériaux de récupération. Une terrasse et une autre construction sont en cours de travaux. Le ramassage des poubelles a été rendu possible par le maire de Kolbsheim, Dany Karcher, opposant notoire.

 
Un poulailler a ainsi été construit. Ses 10 poules pondent 10 œufs par jour, soit un par habitant. Deux petits poussins sont même nés sur la Zad. Trois chiens de compagnie et deux lapins vivent aussi sur le site. Un troisième rongeur à longues oreilles a, lui, succombé à la loi de la nature, mangé par un prédateur. « On a juste entendu crier, mais on ne l’a pas revu », s’amuse un occupant. Un terrier de renard aurait été aperçu dans les environs.

Pour maintenir leur engagement dans la durée, certains occupants ont une activité à temps partiel comme animateur « nature » ou comédien dans les animations périscolaires.

    L’évacuation par la force pèse 


La Zad est aussi passée par un moment difficile où le premier habitant a été exclu, après un comportement considéré comme « une dérive autoritaire » par ceux toujours présents. Mais




►On relaie des infos de Dordogne à propos d’un projet pour toujours plus de bétonnage :


Le projet de déviation court-circuite Beynac.

L’opération consiste en la réalisation d’une nouvelle liaison routière contournant le bourg de BEYNAC, prolongeant ainsi l’aménagement de la Voie de la Vallée de la Dordogne, et s’inscrivant dans l’optique de l’aménagement progressif de l’itinéraire BERGERAC – SOUILLAC via SARLAT.

La déviation de la RD 703 à BEYNAC est un projet aux proportions énormes qui dévisagerait la vallée, et ne tiendrait compte ni de la biosphère, ni de l’aménagement en cours de la route traversant Beynac, ni de l’évolution des flux et des voies de communication. Ce projet vieux de 30ans garde le même cap et les mêmes objectifs alors même que le tourisme et les voies de communication ont évolué (déviation de Sarlat, A20, A89). " la page FB : https://www.facebook.com/ladordogneenmouvent/ http://www.sudouest.fr/2012/07/13/la-dordogne-labellisee-768700-1980.php


Jeudi 15 mars

Projet Europacity : 

poireaux et radis « clandestins » 

menacés d’expulsion




Le mardi 6 mars dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise annulait la création de la zone d’aménagement dite du « triangle de Gonesse » devant accueillir Europacity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs au nord de Paris. Jolie victoire pour les associations de défense de l’environnement, qui bataillent depuis des années contre la bétonisation de 280 hectares de terres agricoles dans le Val-d’Oise, entre les aéroports de Roissy et du Bourget.


Depuis, la joie est un peu retombée. Dans un communiqué, le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG) annonce avoir reçu, dans la foulée de cette décision de la justice administrative, un courrier de l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France (Epfif), le sommant de quitter un champ cultivé depuis mai 2017.

Avec une bonne dose d’ironie, le collectif explique qu’il doit également « procéder à la suppression des plantations effectuées », s’amusant que l’Epfif « ignore visiblement qu’à cette saison de l’année, les plantations sont encore à l’état de graines ou de jeunes pousses à peine visibles » : « Alors que l’opération Europacity se heurte à une opposition grandissante, le conseil régional, via son bras armé l’Epfif, vient de se fixer un objectif de grande envergure : faire détruire une modeste parcelle où ont été plantés potirons, tomates, courgettes, radis, poireaux et seigle », observe le président du CPTG, Bernard Loup.

Situé le long de la D170, sur la zone retenue par Immochan (filiale immobilière du groupe Auchan) et le conglomérat chinois Wanda pour leur projet, la parcelle de la discorde a été prêtée au collectif par un agriculteur et mise en culture lors d’un rassemblement le 21 mai 2017 sur le Triangle de Gonesse. La récolte, elle, a été partagée dans le cadre, notamment, de « soupes républicaines » à Gonesse, Paris et Montreuil.


Mardi 20 mars



Quartier en danger à Millau :

 


Les habitants d’un quartier situé sur les flancs du plateau du Larzac sont menacés d’expropriation, au nom de la loi Barnier, pour des risques naturels majeurs imaginaires. Le Maire refuse de prendre en compte l’avis de géologues expérimentés, payés par les habitants qui depuis six ans et demi tentent de se défendre.

Voici le lien : https://www.change.org/p/m-christophe-saint-pierre-maire-de-millau-agissez-d-urgence-contre-une-expropriation-injustifi%C3%A9e-2f1c8f3c-28d2-4519-b3ba-8cb55797932c



Hambach :
Les flics ont expulsé une barricade, bouché un tunnel avec du béton et arrêté 4 camarades à Hambach. PLUS D’INFOS ICI
 
(en anglais)



►GCO :


 STRASBOURG : LA ZAD DU MOULIN DE KOLBSHEIM SORT DE L’HIVER sur Taranis.news






Mercredi 21 mars




Montabot :



Vous voulez savoir ce qui se trame autour de la grange du Montabot et avoir une idée, des actions et RDV des derniers mois et de ceux à venir  : https://zad.nadir.org/IMG/pdf/news_grange_printemps_2018_v2.pdf


GCO :


A la Zad du Moulin, on s’amuse bien parce que mercredi, c’est Vinci ! [ici] une petite vidéo de l’action du jour contre Vinci



Infos du 26 au 31 mars


Lundi 26 mars



Amassada :


Projections, chantiers, visite de courtoisie à Yann-Arthus Bertrand qui se fait le promoteur de l’éolien industriel avec Bové, week-end de rencontres... Pas mal de RDV autour de l’Amassada dans les semaines à venir. A LIRE ICI.

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