Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NotreDameDesLandes 66 pour cette précieuse compilation mensuelle.
NOTRE DAME DES LANDES (44) : Enraciner l'avenir
Source : ZAD.nadir.org et médias
Mars 2018
Et ailleurs : Bure (55) - Parc éolien dans la mer d'Opale - Beynac (24) - Europacity (95) - Montabot (50) - Anti GCO Strasbourg (67) - Millau (12) - Hambach (Allemagne) - Amassada (12) -
ZAD
de NDDL - 44
Infos du 1er au 11 mars
ZAD texte : PROPOSITIONS SUR LES MOBILISATIONS À VENIR POUR L’AVENIR DE LA ZAD DE NOTRE-DAME-DES-LANDES (et au-delà)
Formations Prêt-e-s à (de nouveau) défendre la zad ?
Samedi 17 & dimanche 18 mars à La Zad, Notre-Dames-des-Landes
Durant
tout l’automne 2016, le gouvernement a répété à l’envi que
les travaux de l’aéroport de Notre Dame des Landes étaient sur le
point de débuter, et que la zad serait expulsée. En réponse 6
week-ends de formation « Prêt-e-s a défendre la zad »
avaient été organisés, et près de mille personnes avaient
participé, démontrant ainsi la détermination du mouvement à
résister aux expulsions. Grâce à celle-ci, nous avons arraché
l’abandon du projet d’aéroport. Mais les menaces d’expulsions
persistent.
Les
17 & 18 mars prochains, exactement deux semaines avant la date
annoncée par le gouvernement pour le début de possibles expulsions,
nous vous invitons à (re)venir sur la zad pour un week-end de
formation et course d’orientation. Vous pourrez ainsi mieux
connaître le terrain, apprendre à monter un groupe affinitaire ou
vous familiariser avec vos droits.
Pour
être au plus près des conditions « réelles » et se
préparer à des expulsions partielles (le plus probable si l’on en
croit la préfète), la formation suivra une formule un peu
différente. Elle se tiendra de 10h le samedi matin (à la Wardine) à
dimanche en début d’après midi (rendez vous sur un lieu
surprise), avec une partie de la course d’orientation en nocturne.
Apportez vos frontales, vos bottes et vos sacs de couchage car il
faudra participer aux deux jours entiers, et dormir la nuit de samedi
sur place.
Nous
vous demandons de venir avec de quoi partager un pique nique le
samedi et dimanche midi (ainsi que des barres de céréales,
chocolat, etc pour la course d’orientation). Un repas à prix libre
sera organisé le samedi soir, et comme c’est aussi l’anniversaire
du soulèvement de la commune de Paris en 1871, nous allons fêter ça
avec une petite surprise le dimanche après midi après la formation.
Pour
faciliter la logistique (repas, hébergement, etc), merci de
confirmer votre venue sur zadforever (at) riseup.net.
Infos du 5 au 11 mars
Un
texte de réflexions « la route des 10 cordes » sur la
composante du mouvement face aux manœuvres sur la D281 :
Nous sommes seuls légitimes à prendre en charge l’avenir de la ZAD
Communiqué
commun du mouvement – 8 mars 2018
Le
mouvement contre l’aéroport et pour un avenir commun dans le
bocage revendique sa légitimité à prendre en charge le territoire
de la ZAD
L’abandon
du projet d’aéroport est l’aboutissement d’une longue lutte
soutenue activement par des dizaines de milliers de personnes. Le
mouvement contre l’aéroport et pour un avenir commun dans le
bocage est seul en mesure aujourd’hui de mettre en œuvre un projet
cohérent pour ce territoire articulant la pérennisation des
habitats, l’impulsion d’une dynamique agricole inédite et le
soin apporté aux questions environnementales. Lui seul peut, pour
reprendre les mots de la mission de médiation, porter un « terrain
d’expérimentation de pratiques » dans un projet
« spécifique, à fort enjeu », avec « un caractère
très novateur ».
Depuis
plusieurs mois, « l’Assemblée des Usages » rassemble
le mouvement autour de la question de la prise en charge du
territoire par celles et ceux qui l’ont sauvé de la destruction
programmée. Elle a mandaté une délégation commune pour porter ce
projet auprès des institutions. Le 28 février cette délégation
était reçue en préfecture. Mais loin de marquer l’ouverture
d’une négociation apaisée avec l’État, ce rendez-vous semble
plutôt le début d’un long bras de fer sur l’avenir de la ZAD.
La feuille de route ministérielle que la préfète est en charge
d’appliquer est en effet loin de nos attentes :
►La
menace d’une opération d’expulsion au terme de la trêve
hivernale est fermement maintenue. Alors même que la plupart des
lieux de la ZAD ne sont pas légalement expulsables, nous réaffirmons
que toute tentative d’expulsion ferait l’objet d’une réaction
forte et immédiate de l’ensemble du mouvement.
►Le
gouvernement ne voudrait pas d’une « solution type Larzac »
et s’opposerait à « tout transfert massif de terres »
vers une entité commune du mouvement. En proposant la signature
individuelle de Conventions d’Occupation Précaire, il y a
clairement volonté de morceler l’usage du territoire et le
mouvement. Nous maintenons que c’est bien le mouvement qui a
légitimité à prendre en charge ces terres d’une manière commune
et cohérente.
►La
préfecture crée un comité de pilotage sur les seuls enjeux
agricoles de la ZAD sous l’égide de la DDTM, regroupant des
organisations officielles agricoles, les élus des territoires
concernés et quelques associations triées sur le volet. Nous
soutenons que l’avenir de ce territoire ne peut être abordé que
dans sa globalité, sûrement pas en sectorisant les enjeux. Et qu’on
ne fera croire à personne que la chambre d’agriculture tiendra
réellement compte des problématiques environnementales.
Nous
réclamons donc l’ouverture rapide d’un vrai dialogue entre les
représentants de l’État et notre délégation commune, pour
lancer la mise en œuvre du projet, sur la base de nos propositions,
seule façon de préparer un avenir serein sur le territoire de la
ZAD. La première phase, qui suppose qu’il n’y ait pas
d’expulsions, étant le gel de l’attribution conventionnelle de
l’usage des terres pour 3 ans, et l’attribution du pilotage du
territoire à l’entité représentative du mouvement. Pilotage que
nous souhaitons en concertation avec l’ensemble des institutions
concernées.
Les
trente mille personnes présentes le 10 février dernier pour
enraciner l’avenir de la ZAD, ainsi que de nombreuses organisations
nationales, ont clairement exprimé leur engagement à défendre
cette vision. Nous continuerons à construire et à déployer de
nouvelles installations agricoles et de nouvelles activités sur les
terres de la ZAD.
L’Assemblée
du 6 mars et la délégation commune constituée de membres de
l’ADECA, l’ACIPA, COPAIN 44, la Coordination des opposants, le
CéDpa, les Naturalistes en lutte et des habitant-e-s de la ZAD.
Contacts :
Dominique Lebreton : 06 60 85 60 99 ; contact presse zad :
06 95 06 81 49.
►zad forever :
Attention
le week-end de formation Prêt-e-s à (de nouveau) défendre la zad ?
a été déplacé d’une semaine. Il se tiendra les 24 et 25 mars
prochains.
Infos du 12 au 18 mars
Jean-Luc Mélenchon : « L’écologie doit être un stimulant d’enthousiasme »
…..
Il
y a là un bouillon de culture qui va produire quelque chose.
D’abord, cela va produire d’autres Zad. Il n’y a pas beaucoup
de grandes victoires, en ce moment. Donc, celle-là retentit. Son
retentissement pour les grands projets inutiles va être
considérable. Plein de gens se sentent maintenant habilités à
dire : « Mais pourquoi fait-on ceci ? Pourquoi là ?
Ah bon, on va gagner un quart d’heure de trajet ? Et, pourquoi
faire, s’il vous plaît ? »
L’autre
point qui m’intéresse est le processus d’autoorganisation à
l’intérieur de la Zad. Aujourd’hui, la société libérale
impose des reculs permanents du droit et des droits collectifs au
profit de l’empilement de droits singuliers et particuliers, qui
vont toujours aux plus forts. Le mouvement ouvrier a commencé comme
une irruption de la volonté de droits collectifs à l’intérieur
d’un espace qui n’en avait pas, l’entreprise. Là c’est
pareil : les droits écologiques surgissent par la lutte. En
imposant des droits écologiques, on impose des droits humains.
Mais l’auto-organisation ?
Elle produit un nouvel âge de la lutte pour les droits. Évidemment, c’est expérimental, local, il y a plein de critiques à faire. Mais cela a surgi. C’est une autoproduction de la réalité, un surgissement d’une nouvelle réalité. Nous, la France insoumise, on veut répandre çà. L’autoorganisation des masses produit les phénomènes révolutionnaires.
On
disait autrefois que la société bourgeoise s’est créée à
l’intérieur de la société féodale, puis a renversé les
barrières féodales. Le mouvement ouvrier s’est infiltré dans la
société capitaliste, avec les mutuelles, les coopératives, les
syndicats, et espérait devenir hégémonique. Aujourd’hui, nous
sommes en panne d’un acteur de l’histoire. Le peuple ? Il
faut qu’il surgisse. Comment ? Sous quelle forme ? Par
l’auto-organisation.
L’autre
actualité de l’écologie, c’est Bure et le projet
d’enfouissement des déchets nucléaires. Qu’en pensez-vous ?
Ce
qu’on nous propose n’est pas raisonnable. L’enfouissement à
Bure n’est absolument pas raisonnable. Ils veulent creuser un trou
pour y placer des déchets afin de ne plus les voir. Et, sans se
poser la question de savoir ce qui se passera une fois qu’ils
seront au fond pour 20.000 ans ? Ce n’est pas raisonnable,
donc il ne faut pas le faire. Il reste la question : Qu’est ce
qu’on en fait ?
Si
on continue à exploiter le nucléaire, on continue à fabriquer des
déchets dont on ne sait pas que faire. D’où l’urgence d’arrêter
le nucléaire. Sinon, on a l’impression de naviguer d’une idiotie
à une autre. Enfouir ? Faire des piscines ? Personne ne
sait non plus comment elles vont évoluer. Donc, un, arrêter le
nucléaire afin de stopper le volume des déchets. Deux, investir
dans la recherche fondamentale. Parce que, sans recherche
fondamentale, il n’y a aucune solution pour gérer le
refroidissement des déchets.
Oui.
On ne peut pas accepter des solutions absurdes. Le refus de
l’exigence écologique est une aliénation.
Propos
recueillis par Hervé Kempf - Reporterre
►Solidarité avec les migrant-e-s :
Photos de l’hommage à Karim Ibrahim, réfugié, mort le 8 mars 2018 Porte de la Chapelle à Paris
►ZAD : Photos des travaux sur la D281 ce matin et de la vie qui continue :
►Radio Klaxon :
Klaxon
n’a en ce moment pas de programme programmé dans sa programmation.
MAIS, il y a beaucoup de matins, où des copains copines suivent
l’info-traFlic et les travaux de la D281, avec aussi des lectures
de textes, des témoignages, parfois des directs téléphoniques avec
d’autres luttes, etc. mais c’est pas tous les matins. Parfois à
15h et 21h, des émissions sont (re)programmées. et tout le reste de
la journée, il y a des annonces, des paroles du moment, des paroles
du passé, des extraits de films samplés et de bouts de nos vies
aussi, et puis de la poésie et de la musique !
En
préparation aux expulsions, on rappelle que, tous vos postes de
radio qui se sentent seuls ou inutiles sont toujours extrêmement les
bienvenus sur la ZAD, à tous moments et surtout dans le lieux
matériellement moins équipés que d’autres. (petits postes, gros
postes, enceintes, radio portative, piles...)
Et
sinon... Merci A VOUS TOUSTES d’existeeer ! pouet pouet.
►Radio Klaxon :
Retrouvez ici le podcast d’une émission de Radio Klaxon qui revient sur les multiples choses qui se sont déroulées sur la zad depuis l’abandon du projet d’aéroport. A ECOUTER ICI
Et ici un petit mot qui détaille ce qu’il se passe sur la radio cette semaine
POUR UN AVENIR COMMUN DANS LE BOCAGE APPEL À UN RASSEMBLEMENT LE 19 MARS À 13H DEVANT LA PRÉFECTURE
Au
cours de longues années de lutte finalement victorieuse, le
mouvement dans son ensemble a construit un projet de territoire
soucieux des communs, du soin du vivant, d’une vision paysanne et
de la place nécessaire aux expérimentations sociales.
Il
a mandaté pour défendre ce projet auprès des institutions une
délégation intégrant l’ensemble de ses composantes –
habitant.e.s, paysan.ne.s, élu.e.s, naturalistes, voisin.e.s.
_- le refus de toute expulsion des habitant.e.s actuel.le.s de la zad_
_- le gel de la situation foncière et de la redistribution institutionnelle des terres_
_- la création d’une entité issue du mouvement qui gère l’ensemble des terres préservées afin que celles-ci aillent en priorité à de nouvelles installations et non à l’agrandissement._
_- l’amnistie des personnes condamnées dans le cadre du mouvement anti-aéroport._
Après
un premier rendez-vous où le projet commun a été exposé, la
Préfecture refuse à ce jour de poursuivre les échanges avec la
délégation commune. Elle a constitué un comité de pilotage qui se
réunira une première fois le 19 mars à 14h à la préfecture. Ce
comité de pilotage ne permet en aucun cas de répondre aux questions
posées par la crise environnementale et sociale. Il ne prend pas en
compte les solutions portées par le mouvement pour y répondre à
son échelle. Ce comité se donne une vocation purement agricole qui
laisse de côté toute une partie des usager.e.s actuel.les de ce
territoire et des thématiques pour nous indissociables :
l’habitat, les questions naturalistes, la diversité des usages, un
modèle paysan...
La
préfecture qui se prévaut d’une volonté d’apaisement a par
ailleurs réitéré des menaces d’expulsion sur les habitats de la
ZAD à partir du 31 mars.
Nous
ne pouvons accepter une vision cloisonnée et laisser les terres pour
lesquelles nous nous sommes battu.e.s être reprises en main par les
voies du modèle agricole classique dont on connaît partout les
conséquences : désertification rurale, disparition des petites
exploitations, dégradation continue des sols et de la biodiversité.
Il n’est pas concevable que les terres de la ZAD soient morcelées
en ce sens. Le mouvement continuera au contraire à revendiquer une
prise en charge globale avec une entité issue du mouvement qui
inclut l’ensemble des habitats, des projets paysans et des autres
activités qui se sont développées ici.
Nous
ne ne pouvons pas non plus imaginer un dialogue "apaisé"
sous la menace d’expulsions, ni accepter que les habitant.e.s
actuel.le.s qui ont préservé ce bocage soient évacué.e.s demain.
Le mouvement s’est engagé à des réactions immédiates en cas
d’intervention policière. Il porte des solutions et des cadres qui
permettent de maintenir l’ensemble des habitant.e.s mais qui
exigent une volonté de dialogue et du temps.
Nous
sommes toujours prêt.e.s à continuer des échanges qui
s’ouvriraient sous de meilleurs auspices et sans ces menaces. Ce
dialogue ne peut s’engager qu’avec la délégation commune du
mouvement. Nous sommes toujours déterminé.e.s à enraciner
l’expérience unique qui s’est constituée sur la zad.
Stop à l’occupation militaire de la ZAD
ZAD : Stop à l’occupation militaire de la D281
Au
lendemain de l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport à
Notre-dame-des-Landes, suite à un ultimatum lancé par le Premier
ministre de dégager la D281, l’AG des opposant·es a décidé de
"libérer" ladite route des chicanes. Depuis, une poignée
de salariés de la DIR, direction interdépartementale des routes,
effectue tous les jours des travaux, coupe des haies, cure des
fossés, rebitume la route...
Outre
la situation de tension créée, ce flicage est aussi l’occasion
d’un fichage de la zone : dans les premiers jours de
l’occupation, les gendarmes en ont profité pour s’introduire
dans des lieux de vie proches de la route. Depuis, chaque jour, les
survols de drones et d’hélicoptère complètent les incessantes
vidéos captées par des dizaines de caméras opérées par les
gendarmes, et les renseignements accumulés par le Cnoeil*, fourgon
dédié à la surveillance surmonté d’un mat-caméra télescopique
360° identifiant des gens à 200m.
Par
ailleurs, malgré les propositions des Naturalistes en lutte pour un
défrichage de la route respectueux de la nature, la DIR massacre
tout sur son passage, allant même jusqu’à buser les fossés.
La
CNT 44 exprime toute sa solidarité avec les habitant·es qui chaque
jour subissent cette occupation, et y font face pour s’assurer que
les gendarmes ne s’introduisent plus dans les lieux de vie.
Nous
exigeons la fin de cette occupation militaire, qui ne sert qu’à
faire monter la tension pour justifier d’éventuelles expulsions
annoncées par la préfète après la fin de la trêve hivernale.
Flics
hors de nos vies, gendarmes hors de la ZAD !
CNT
44,
mars 2018
*Cellule
nationale d’observation et d’exploitation de l’imagerie légale
La rénovation de la « route des chicanes » suspendue après des dégradations
Le
conseil départemental de Loire-Atlantique a annoncé jeudi 15 mars
avoir suspendu les travaux de remise en état de l’ancienne « route
des chicanes » traversant la
ZAD de Notre-Dame-des-Landes, en raison de dégradations commises
dans la nuit. « Après de
premières dégradations commises fin février lors d’une phase
précédente, l’intervention réalisée hier dans un secteur
sensible a été saccagée pendant la nuit »,
a indiqué le département dans un communiqué. L’enrobé de la
route posé mercredi a été enlevé en « cinq
ou six endroits » de la
départementale 281, interdite à la circulation depuis novembre
2012, a précisé le conseil départemental. Nicole Klein, préfète
de la région Pays de la Loire, a cependant estimé que les
dégradations n’étaient « pas
majeures ».
Le
département a déposé une plainte à la gendarmerie de Blain et
annoncé la suspension sine die du chantier. Il avait engagé
le 29 janvier les premiers travaux préparatoires à la
réfection de la route, après le dégagement par les opposants à
l’ex-projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes des divers
obstacles qui l’obstruaient. « Le chantier devait arriver
à son terme dans les prochains jours », souligne le
département et une réouverture de la route était initialement
envisagée « en début de semaine prochaine ».
Cette
remise en état, dont le coût avait été estimé à environ 600.000
euros par les services de l’État, s’effectue depuis le 5 février
sous la protection de 200 gendarmes mobiles.
Sources :
Communiqué du département Loire Atlantique (ci-dessous), Europe
1, Le
Télégramme sur
Reporterre
Malgré
le fait que c’est samedi et qu’il n’y a pas de travaux, on
signale une grosse présence de bleusailles sur les routes de la ZAD
(pas seulement la D281). 4 fourgons (avec parfois un projo allumé),
font des rondes tranquilou avec parfois des petits arrêts notamment
au carrefour des Ardillères. Ils ont commencé cette nuit, et
continuent aujourd’hui. Voilà Voilà.... Des infos fraiches sur
Radio Klaxon. Merci de continuer à nous signaler leur présence et
déplacements.
Flics
hors de nos vies, hors de nos ZADs !!
Infos du 19 au 25 mars
La bataille pour la terre s’engage à Notre-Dame-des-Landes
Ce
lundi, la préfecture de Loire-Atlantique réunit un comité de
pilotage pour lancer les discussions autour de l’avenir de la Zad
de Notre-Dame-des-Landes. Mais l’essentiel des ex-opposants à
l’aéroport ne sont pas conviés, et deux visions contraires de
l’avenir s’affrontent.
Pâtures,
haies, champs, fermes, mares, arbres, espèces protégées de
Notre-Dame-des-Landes : que vont-ils devenir ? Les
discussions officielles sur l’avenir du bocage devraient commencer
ce lundi 19 mars sous l’égide de la préfète de
Loire-Atlantique, Nicole Klein. La première réunion du « comité
de pilotage sur la gestion du foncier » a lieu cet
après-midi.
Autour
de la table, la représentante de l’État a invité les élus
concernés, quatre syndicats agricoles (FNSEA, Jeunes Agriculteurs,
Coordination rurale, Confédération paysanne), et trois associations
(Acipa - Association citoyenne intercommunale des populations
concernées par le projet d’aéroport -, Adeca - Association
de défense des exploitants concernés par le projet d’aéroport -,
et Amelaza - Association pour le maintien des exploitations légales
sur l’ancienne zone aéroportuaire. À l’ordre du jour, pas moins
que l’état des lieux de la zone, les fondations d’une gestion
transitoire le temps de la transition et la « construction
du projet agricole et de territoire ».
Les
semaines précédentes, la préfète a rencontré et consulté de
nombreux acteurs. « Elle a annoncé qu’elle allait faire
aujourd’hui des propositions. Donc, on sera là pour écouter, on
est dans l’attente », réagit Sylvain Fresneau,
représentant de l’Adeca. « On sera tous autour de la
table avec les services de l’État, on va pouvoir commencer à
discuter », se satisfait de son côté le maire de
Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud.
« Ce
comité de pilotage, on ne sait même pas s’il va pouvoir se
tenir ! Il y a la pression d’une manifestation, des gens qui
ne veulent plus venir. Je n’en attends pas beaucoup »,
s’emporte à l’inverse le président de la Chambre d’agriculture,
Jacques Lemaître. Sa structure avait accompagné plutôt
favorablement le projet d’aéroport. Il coordonne désormais le
comité professionnel, qui en parallèle du comité de pilotage, doit
avancer les aspects purement agricoles.
« On n’aime pas les zadistes,
donc on leur met des règles plus contraignantes
que pour les autres »
Le
mouvement anti-aéroport appelle à un rassemblement devant la
préfecture cet après-midi. « Ce comité de pilotage
[…] a une vocation purement agricole qui laisse de côté une
partie des usager.e.s actuels de ce territoire »,
annonce-t-il dans un communiqué, redoutant que les terres « pour
lesquelles nous nous sommes battu.e.s [soient] reprises par
les voies du modèle agricole classique ».
Ces
discussions vont devoir régler un imbroglio juridique (quelle terre
appartient à qui ?) mais aussi humain (des gens ont construit
leur vie sur la Zad), historique (qui a utilisé quelle terre, à
quelle époque ?), politique, agricole… Le conseil
départemental de Loire-Atlantique a décidé d’emmêler un peu
plus le sac de nœuds : il vient de demander à l’État de lui
rétrocéder les terres qu’il lui avait vendues. Pour l’instant,
les juristes n’ont pas tranché la légalité de cette requête.
Deux
visions s’affrontent concernant l’avenir de la zone. La Chambre
d’agriculture et le syndicat agricole majoritaire (la FNSEA)
plaident pour un retour à la normale. Jacques Lemaître, le
président de la Chambre d’agriculture, revendique un contrôle
étroit des installations d’agriculteurs qui pourraient se faire :
« D’habitude, il n’y a pas d’étude approfondie pour
les petites surfaces, surtout qu’il n’y a pas de concurrence. Là,
comme c’est une zone de revitalisation, on va demander à connaître
plus précisément les projets. On veut des choses viables et non pas
des projets fumeux visant à produire deux trois salades et quatre
poireaux ! » La préfète a cependant refusé, pour
l’instant, de lui laisser la responsabilité de la redistribution
des terres.
« C’est
problématique de faire les choses dans cet esprit : on n’aime
pas les zadistes, donc on leur met des règles plus contraignantes
que pour les autres », proteste Dominique Lebreton,
agriculteur membre du mouvement anti-aéroport. Associations et
zadistes rassemblés revendiquent une gestion collective et la place
pour des expérimentations agricoles. Une « assemblée des
usages » assure déjà un suivi et une répartition des
terres actuellement cultivées non pas selon leur propriété, mais
en fonction des activités et cultures décidées collectivement par
l’assemblée. L’idée est de légaliser la situation actuelle.
Pour cela, une association a été créée, qui pourrait être
gestionnaire des terres et conclure des baux avec les différents
projets agricoles sur la Zad, en plus de réserver une partie des
parcelles à des travaux collectifs.
« On
est juridiquement prêts », assure Dominique Fresneau, de
l’Acipa. « On peut signer des baux incluant des chartes de
respect du bocage et de l’environnement. » Le projet se
veut transversal, ne se limitant pas aux aspects agricoles. « On
aimerait bien que des lieux comme la bibliothèque de la Zad restent,
trouver aussi un moyen de conserver des habitats en discutant avec
les élus », poursuit-il.
« On veut des exploitations agricoles en phase avec la nature »
Le
projet a pu être présenté à la préfète fin février, par une
délégation issue de l’assemblée des usages. Mais pour le moment,
la fonctionnaire rappelle que l’État exclut la possibilité de
rester propriétaire des terres, et donc d’en déléguer la gestion
à une entité telle que l’association. Les habitants de la zone
porteurs de projet agricole sont invités à monter leur dossier et à
le déposer. Une démarche individuelle qui va à l’encontre du
projet collectif porté par le mouvement d’opposition.
Autre hic, la délégation n’a
pas été invitée au comité de pilotage de ce lundi. « La
volonté de cette délégation d’être un interlocuteur unique ne
peut être entendue », précise la préfecture à Reporterre.
« Je ne suis pas loin de penser que la préfète s’est dit
que si on y était ce serait le bordel », commente Dominique
Lebreton, agriculteur membre de cette délégation. Parmi ses
composantes, seuls le syndicat agricole soutien du mouvement — la
Confédération paysanne — et deux associations ont été conviés.
L’une d’elle, l’Acipa, a décidé de bouder la réunion,
restant fidèle au projet de gestion commune. L’autre, l’Adeca,
qui représente les quatre agriculteurs exploitants de la zone, s’y
rend, sans que le reste du mouvement ne lui en tienne d’ailleurs
rigueur.
La
composition du comité laisse donc de côté les habitants de la Zad
et une partie des organisations membres du mouvement anti-aéroport,
mais aussi les défenseurs de l’environnement. France nature
environnement (FNE) a tenté de s’imposer mais sans succès pour
l’instant. « Il y a aussi des enjeux environnementaux,
plaide Xavier Métay, qui suit le dossier à FNE Pays de la Loire.
Ce bocage a une biodiversité supérieure, on ne veut pas que l’on
coupe les haies ou que l’on comble les mares parce qu’elles ne
permettent pas de passer avec les engins d’aujourd’hui, qu’il y
ait du drainage, de l’irrigation ou du maïs. On veut des
exploitations agricoles en phase avec la nature. » La
préfecture se veut rassurante, assurant qu’un diagnostic
environnemental, auxquelles les associations seront associées, est
prévu.
Dans
ces discussions qui s’annoncent difficiles, un point semble mettre
tous les protagonistes d’accord : les quatre paysans restés
sur la zone malgré les expulsions, et qui ont refusé d’empocher
le pactole versé par l’État en dédommagement, doivent pouvoir
récupérer l’usage légal des terres qu’ils exploitent. Ce sont
eux qui sont représentés à travers l’Adeca. Mais, même là, la
solution n’est pas toute trouvée car une grande partie de leurs
terres sont en fermage et ils ne savent avec quel propriétaire ils
doivent désormais signer un contrat.
La
répartition du reste des terres s’annonce encore plus compliqué.
Une partie des agriculteurs qui, à l’inverse de ceux de l’Adeca,
avaient accepté l’indemnisation en échange de l’abandon de
leurs terres se manifeste désormais pour les récupérer. Ils
seraient une quinzaine, arguant qu’ils se sont fait mettre dehors
par les zadistes. Leur association, Amelaza (l’Association pour le
maintien des exploitations légales sur l’ancienne zone
aéroportuaire), créée au mois de janvier, participe au comité de
pilotage.
« Les choses qui s’inventent ici
sont bien plus riches
que s’il y avait juste quelques installations »
« Ils
ont vendu, pris l’argent et voilà qu’ils veulent récupérer
leurs biens. Quand on signe, on signe », proteste Sylvain
Fresneau, de l’Adeca. « C’est pourquoi on demande de
faire un point zéro, poursuit son cousin Dominique Fresneau, à
l’Acipa, un inventaire des terres utilisées par chaque ferme
avant la déclaration publique de 2008, et que l’on compare à la
situation actuelle. On comprend que des fermes se soient agrandies si
elles ont un nouvel associé, ou si le fils s’est ajouté. Mais
elles étaient prioritaires pour récupérer les terres à
l’extérieur de la Zad, on ne veut donc pas qu’ils en conservent
en plus à l’intérieur. On ne veut pas que les terres aillent à
l’agrandissement, mais à l’installation. »
Sur
la Zad, comme d’habitude, les projets se poursuivent sans se
soucier des incertitudes. « On veut monter un troupeau-école
de moutons, qui serait acheté collectivement. On a déjà un premier
candidat qui pourrait être accompagné pendant deux ans avant de
s’installer définitivement », raconte Cécile, une
habitante. Autre idée qui pourrait bientôt se réaliser : le
montage d’une coopérative de matériel agricole, mais aussi
d’équipements, telle une laiterie qui pourrait servir à plusieurs
fermes. « Les choses qui s’inventent ici sont bien plus
riches que s’il y avait juste quelques installations, même de
petites fermes paysannes. Mon compagnon compte s’installer de façon
formelle, mais sans les camarades cela n’a pas de sens »,
poursuit cette habitante.
« Il
faut cependant qu’ils comprennent que l’on ne peut pas continuer
d’exploiter des terres sans payer ni fermage, ni impôts, ni taxes
et redevances », souligne de son côté le maire de
Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud. « Je m’attends à
des discussions très très longues », ajoute-t-il. Il
n’est pas le seul, toutes les personnes interrogées par Reporterre
parlent de deux à trois ans de dialogue, négociations et
procédures.
Reste
à savoir comment elles s’enclencheront dans les heures et jours à
venir. La menace d’expulsion plane toujours sur les habitants de la
Zad à partir du 31 mars, fin de la trêve hivernale. La préfète
a évoqué des interventions « ciblées ». Signe
d’ouverture ou de vigilance de l’exécutif, le secrétaire d’État
Sébastien Lecornu vient rencontrer l’ensemble des acteurs mardi et
mercredi. « On reste dans une logique de dialogue »,
assurent les membres du mouvement anti-aéroport, tandis que la
préfecture indique que « la discussion pourra se
poursuivre ».
Crispations autour de la redistribution des terres de la ZAD
- Près de 250 opposants à l'ex-projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) se sont rassemblés lundi à Nantes devant la préfecture pour protester contre la tournure prise par la redistribution des terres de la "zone à défendre".
NANTES
(Reuters) - Près de 250 opposants à l'ex-projet d'aéroport de
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) se sont rassemblés lundi à
Nantes devant la préfecture pour protester contre la tournure prise
par la redistribution des terres de la "zone à défendre".
Le
rassemblement – qui s'est déroulé sans incidents – avait lieu
en marge de la première réunion du comité de pilotage pour la
gestion des terres de Notre-Dame-des-Landes qui regroupe les
collectivités locales, la chambre d'agriculture, les syndicats
agricoles, les services de l’État et des associations de paysans
historiquement opposés au projet.
Il
survient à la veille d'une visite de deux jours de Sébastien
Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition
écologique, à Nantes et Notre-Dame-des-Landes.
Un
"diagnostic agronomique et environnemental" va être lancé
pour "croiser ces enjeux" et les "intégrer dans la
construction du projet agricole et de territoire", a annoncé la
préfecture au terme de la réunion. L'élaboration de ce projet
prendra sans doute plusieurs années, a-t-elle précisé.
Mais
"le comité de pilotage prend en compte uniquement les enjeux
agricoles, alors que nous, on veut une prise en charge globale du
territoire, qui tienne compte des enjeux naturalistes", a
expliqué aux journalistes une représentante des opposants à
l'ex-projet d'aéroport.
"Aujourd'hui,
on nous impose un tempo médiatique très serré", a également
déploré Vincent Delabouglise, membre du collectif de paysans
opposés à l'ex-projet d'aéroport.
Les
opposants demandent aussi aux services de l’État de renoncer aux
expulsions des occupants illégaux, prévues à la fin de la trêve
hivernale, mais réclament aussi "l'amnistie pour les personnes
inculpées dans le cadre du mouvement".
L'opportunité
de manifester, ce lundi, n'a toutefois pas fait l'unanimité au sein
du mouvement anti-aéroport.
"Un
rassemblement n'est pas la meilleure solution à apporter aux
difficultés actuelles", estime l'Acipa, l'une des principales
composantes du mouvement, qui n'avait pas appelé à manifester mais
qui avait laissé ses adhérents le faire.
Agence
Reuters sur Médiapart
A propos de l’interruption des travaux sur la d281,
des menaces d’expulsions et de nos engagements communs.
Dans la nuit de mercredi à
jeudi, du bitume a été enlevé sur la D281 sur quelques mètres
alors qu’il avait été posé la veille et que les travaux de
réfection étaient pratiquement achevés. Ceci après un mois et
demi de chantier sous présence policière. La route devait être
"officiellement" ouverte dans les jours suivants selon les
annonces du conseil général. En janvier 2018, après l’abandon du
projet, nous avons participé à réouvrir cette route afin de la
rendre plus circulante pour ses usagèr.e.s, voisin.e.s et
riverain.e.s. Les assemblées du mouvement avaient aussi à ce moment
là affirmé leur volonté de laisser les travaux officiels de
réhabilitation se faire et aboutir. Le fait d’endommager le bitume
à cet endroit et dans ce contexte particulier va à l’encontre des
ces positions et revient à se dissocier du mouvement. Cela donne par
ailleurs un prétexte au maintien de la présence policière, ainsi
qu’à une possible intervention dans les lieux à proximité de la
route.
Nous
nous sommes engagés à défendre ensemble un projet global ainsi
qu’au maintien des activités et habitats actuels sur la zad. Nous
voulons refuser le tri et les portes de sorties individuelles
qu’essaient aujourd’hui d’imposer la préfecture. Nous voulons
continuer à construire la prise en charge de la zad par une entité
commune et à nous donner les moyens d’empêcher la mise en œuvre
d’expulsions. Pour ce faire, nous devons maintenir les possibilités
d’un soutien large, sur des bases cohérentes avec nos engagements
communs. Nous ne défendrons donc pas des actes qui fragilisent à
notre sens non seulement les lieux aujourd’hui les plus visés par
la préfecture mais aussi l’ensemble du mouvement.
En
ce qui concerne la réouverture de la d281, nous rappelons qu’il
est nécessaire que tou.te.s puissent circuler tranquillement sur
cette portion de route et le besoin en ce sens de ralentisseurs. La
préfète avait d’ailleurs déclaré publiquement qu’une
circulation ralentie était à envisager sur ce tronçon qui est
aussi une zone d’habitation dense et traversée.
Pour
répondre concrètement aux menaces d’expulsions réitérées
récemment par la Préfecture pour la fin de la trêve hivernale,
nous appelons à être attentifs aux appels à mobilisations,
chantiers, et formations organisés au cours des prochaines semaines.
Des
habitant.e.s, des paysan.ne.s, des naturalistes en lutte, des
voisin.e.s et des personnes des comités alentours impliquées dans
le mouvement et ses assemblées.
A 12h30 hier, les flics se sont arrêtés devant la pruche o_0 . .et puis quoi encore ??! ils sont descendus à pied vers l’isoleight, mais des personnes les ont arrêtés assez rapidement. ils ne sont tout de même partis qu’à 14H30
22H00 :
une dizaine de camions de nouveau sont passés autour de la Saulce.
►Le
rassemblement hier à Nantes.
Puisque nous n’étions pas invité.es au comité de pilotage et que celui-ci ne nous apparait pas légitime, nous étions en bas de la pref pour réaffirmer notre volonté d’obtenir un gel de la situation, la gestion collective des terres par l’entité issue du mouvement et l’amnistie des personnes inculpées ou poursuivies dans ces années de lutte.
Belle journée avec tracteurs,
moutons, tritons et embarcations. Photos visibles sur twitter entre
autres : https://twitter.com/ZAD_NDDL
La journée de négociation des terres de la Zad :
entre tension et apaisement
« La
préfète a laissé la porte-ouverte a de nouveaux projets agricoles
sur la Zad », raconte à Reporterre Sylvain
Fresneau, agriculteur membre de l’Adeca (Association des
exploitants contre l’aéroport), à l’issue de la première
réunion du comité de pilotage sur l’avenir des terres agricoles
de la Zad. Elle avait lieu hier, lundi 19 mars, à la préfecture
de Loire-Atlantique.
La
réunion a rassemblé les élus concernés, les syndicats agricoles,
la chambre d’agriculture, et plusieurs associations : celle
des quatre exploitants historiques qui sont restés malgré les
expulsions (Adeca), celle des riverains opposés à l’aéroport
(Acipa) et une nouvelle association d’exploitants agricoles ayant
cédé leurs terres à l’amiable à Vinci ou à département mais
demandant à les récupérer, Amelaza.
Nicole
Klein, la préfète, « a dit qu’il y avait la place pour
plusieurs formes d’agricultures en Loire-Atlantique »,
raconte Sylvain Fresneau. Autrement dit, il serait possible
d’imaginer des formes d’expérimentations agricoles telles que
celles proposées par les zadistes qui habitent et cultivent sur la
zone et aimeraient rester.
« Elle
a aussi indiqué qu’il n’y aurait pas plus de contraintes pour
l’installation que dans le reste du département », se
satisfait également l’agriculteur. La chambre d’agriculture
envisageait une vigilance particulière et des critères plus
exigeants pour les installations sur la Zad.
En
revanche, M. Fresneau indique avoir été déçu de la position
de la chambre d’agriculture et de l’association d’exploitants
Amelaza, « qui se sont uniquement focalisés sur les zones
de conflit », c’est-à-dire les terres vendues par les
agriculteurs au département ou à AGO Vinci, mais que les
exploitants ont pu continuer à cultiver via des baux précaires, et
récupérées par les zadistes pour y installer des cultures. Cela
représenterait environ 90 hectares, peut-être moins. Afin de
résoudre ces conflits, un état des lieux des terres de la Zad
devrait être effectué dans les mois qui viennent. Les quatre
agriculteurs de l’Adeca, qui sont restés toutes ces années sur la
zone malgré les menaces d’expulsion, devraient pouvoir signer
prochainement des conventions d’occupation précaire, afin de
rentrer dans la légalité, dans l’attente de la rétrocession
pérenne de leurs terres.
La
prochaine réunion de ce comité de pilotage devrait avoir lieu début
juin.
Ce
rassemblement ne faisait pas l’unanimité parmi le mouvement
anti-aéroport. « La préfète est plutôt de bonne
composition et semble ne pas vouloir céder à des revanchards qui
soutenaient l’aéroport, tel que le président du conseil
départemental », indique à Reporterre Françoise
Verchère, du Cedpa, l’association des élus s’opposant à
l’aéroport. Celle-ci était ne soutenait pas ce rassemblement, qui
lui semble ne pas soutenir la préfète dans la recherche d’une
« solution pacifiée ».
Sébastien
Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition
écologique, a rencontré ce mardi après-midi le président de la
chambre d’agriculture et une délégation des habitants de la Zad.
►Compte-rendu
de la rencontre entre les représentants du gouvernement et la
délégation intercomposante du mouvement :
Pourquoi les habitants de la zad
ne sont pas légalement expulsables
au 31 mars
Lire la suite du communiqué
Communiqué
du DAL :
https://zad.nadir.org/IMG/pdf/communique_dal_et_syndic_2016.pdf
►Histoire de la zad :
Appel
à contributions
18h23 min
Ces
2 derniers jours, les flics se mobilisent de plus en plus sur la
zone.
- Présents il y a 2 nuits avec lampes et à pieds sur la D281 pour soit-disant rechercher une personne disparue.
-
Hier ils sont passés sur la route des Fosses Noires, ce qui était
déjà arrivé il y a quelques jours.
-
Aujourd’hui sur la D281, 2 camions sont venus constater des
chicanes mobiles faite apres le vol systématique des
cordes-ralentisseurs posées sur la route. ils ont pris note de
l’accord verbal d’un de leur supérieurs il ya 3 semaines pour
celles-ci.
La
chicane a été enlevée.
-
Mais les flics sont toujours là, plantés aux Ardillères.
Infos du 26 au 31 mars
Les
travaux ont repris ce matin, à Lama Faché. avec présence de GM
pour surveiller.
Il y aurait un arrêté du 23 au 29 mars.
Il y aurait un arrêté du 23 au 29 mars.
Aujourd’hui,
les travaux de bitumage sont quasi fini et les gens qui bossent ont
fait une bonne part des peintures de marquage. Et un des gilets jaune
qui bosse sur la route dit que les travaux seraient terminés dans 3
jours.
Les
flics sont de plus en plus présents sur la zone, quasi constamment.
Ils stationnent aux Ardillères, et passent sur les petites routes,
notamment celle des Fosses Noires ou vers la Saulce/Isolette.
Depuis
vendredi au moins, le PSIG passe sur la D281 (par 2 véhicules de 4
personnes) avec les GM aux extrémités. La nuit ce sont les GM qui
passent.
►Rassemblements
en cas d’expulsion :
►Comités locaux :
Ils sont toujours là ! Un communiqué du Comité Zad Lyon qui appelle à défendre le futur de la zad. A LIRE ICI
►L’équipe médic de la zad a mis à jour la liste de matériel qui pourrait être utile. A CONSULTER ICI
►ZSR :
Des nouveaux sons issus des ateliers de rap de la zad sont disponibles :effet domino
SOS
passage à l’acte
Et pour écouter les autres sons, c’est par ICI
►Non aux expulsions :
Lettre ouverte de 25 avocats qui rappelle au gouvernement qu’en l’état, la zad n’est pas légalement expulsable. A LIRE ICI
INFOS SPECIALES
POSSIBLES TENTATIVES D’EXPULSIONS
LA SEMAINE PROCHAINE
Il
est difficile avec la présence policière partout autour de la ZAD
d’avoir une visibilité claire. il y a des patrouilles très
régulièrement sur la D281 et autour de la zad. avec soit des
fourgons de GM, soit le PSIG, soit des voitures de gendarmes.
Il
est clair en tout cas que des repérages ont été fait ou sont en
cours, tout en surveillant l’évolution de la réfection de la
D281.
La
route n’a pas été réouverte malgré la fin des travaux et il n’y
a pas d’annonce de réouverture pour la semaine prochaine.
En
ce qui concerne la mobilisation des forces de l’ordre :
un
camp de gendarmes existe à st-Etienne de Montluc, et possiblement
ailleurs mais on n’a pas d’infos sûres.
au
moins un hôtel des environs est plein depuis plusieurs semaines et
réservé pour des escadrons de GM (une trentaine de camions) pour
avril et mai.
les
pompiers du coin sont mobilisés les 15 prochains jours.
d’autres
infos amènent à penser à une attaque pour la semaine prochaine,
qu’ils s’agisse d’un coup de com’ ou de plus larges
expulsions, il est clair qu’on sent que quelque chose se prépare.
La préfecture n’a toujours pas fait preuve de procédure d’expulsion concernant les lieux de la ZAD
La préfecture n’a toujours pas fait preuve de procédure d’expulsion concernant les lieux de la ZAD
Si
vous avez plus d’infos à nous faire parvenir, c’est toujours la
meme adresse zad(at)riseup.net, en attendant voilà un appel du
mouvement d’occupation dans son ensemble :
ZAD
de NDDL :
nous nous engageons contre toute expulsion
Depuis
plusieurs semaines, nous sommes sous la menace d’expulsions,
devenues imminentes à l’approche de la fin de la trêve hivernale.
Ces
expulsions pourraient donc avoir lieu à partir de début avril et
pendant les semaines qui suivent. Même si elles sont présentées
comme « partielles », nous sommes et restons tout.te.s
déterminé.e.s et uni.e.s, quelles que soient nos divergences sur
d’autres points, pour empêcher leur exécution.
Pour
cela, nous nous engageons et appelons à :
rejoindre le rassemblement annoncé à 18h à Nantes devant la préfecture le jour où ces menaces se concrétisent ;
reconstruire tout habitat détruit ;
réagir par les moyens nécessaires (blocages, rassemblements, actions décentralisées, etc.)
Différents
chantiers se dérouleront autour de cette période là. Pour plus
d’infos voir le site zad.nadir.org et écouter Radio Klaxon (sur
place sur 107.7 ou sur radioklaxon.antirep.net).
Nous
appelons donc toutes les personnes solidaires de la lutte contre
l’aéroport et son monde et pour un avenir commun dans le bocage à
venir nous rejoindre et/ou à nous soutenir par tous les moyens qui
leur semblent appropriés.
L’ensemble
des lieux et des occupant.e.s de la ZAD
(Texte
à faire tourner au maximum)
-
- - - - - - - -
si
vous comptez venir sur place en cas d’expulsions, rappelez vous que
cet endroit est un territoire habité, voici quelques indications à
prendre en compte :
(repris
de l’appel à venir défendre la ZAD de 2016)
Depuis
2012, nous avons largement pu faire le bilan de ce qui s’est passé
pendant les expulsions et l’occupation policière. On s’attend à
ce que l’opération d’expulsion ne soit pas une réplique de
celle de 2012, que quoi que l’on prépare collectivement il y aura
une grande place pour l’improvisation et l’adapatation. Nous
souhaitons tout de même pouvoir anticiper cette fois sur des
attitudes, qui ont pu être blessantes pour des personnes et
contre-productives. Nous voulons aussi porter quelques idées sur ce
qui nous rendra fort.e.s dans ce moment là. Voici certaines
réflexions à ce sujet :
il
n’est pas question, sous prétexte d’affrontements, d’accepter
parmi nous des comportements sexistes, virilistes, homophobes,
racistes, classistes, validistes, que nous combattons au quotidien ;
il
y aura un grand besoin de personnes qui défendent le terrain, mais
le rôle de celles et ceux qui assureront la logistique sera tout
aussi important : cantines, soin, communication, espace de
repos, etc. Et on a envie que ça puisse tourner : qu’il n’y
ait pas les spécialistes des barricades d’un côté et celles et
ceux qui s’occupent de les nourrir de l’autre ;
on
rappelle que défendre cette zone, c’est aussi défendre les
possibilités politiques qu’elle recouvre, et notamment des
pratiques telles que l’autogestion, l’organisation collective et
tournante des tâches, la culture des assemblées et la recherche de
consensus sans taire les conflits ;
il
est clair pour nous qu’en cas d’attaque ce sont eux, et non nous,
qui choisiront de déclencher un ensemble de violences et de
destructions, sur les êtres vivants, les habitats et espaces
naturels de ce bocage. Comme en 2012, on ne se laissera pas faire :
la résistance sera physique et déterminée. On veut aussi veiller à
rester rejoignables dans la défense de cet espace, à maintenir les
possibilités d’un soutien large et ne pas leur donner de raisons
trop faciles pour décupler brutalement le niveau de répression à
notre encontre. L’un dans l’autre, on souhaiterait qu’il y ait
une attention à respecter la diversité des personnes qui viennent
défendre la zone, et qu’un large panel de pratiques et de modes
d’actions puissent coexister sur le terrain. En 2012 c’est la
jonction entre des barricades, des blocages humains ou avec des
tracteurs, des sabotages, des projectiles, des cabanes perchées, des
blagues, chants et harcèlements divers, le tout concomittament aux
actions décentralisées, qui a permis finalement de mettre en
déroute leurs troupes. C’est cette force hybride que nous voulons
réinvoquer.
Même
si tout n’est pas évident d’entrée, on aimerait aussi que les
personnes qui viennent défendre la zad prennent en considération
les attentions que l’on a pour les manières de résister des
différents lieux et personnes vivant ici : le désir par
exemple que le camion du laitier puisse continuer à passer dans
telle ferme aussi lontemps que possible ou qu’il n’y ait pas de
photos et de vidéos prises dans tel autre lieu...
Deux mondes se disputent l’avenir de la ZAD
Les
occupant·e·s de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes avaient jusqu’au
31 mars pour se régulariser. L’État a beau agiter des
menaces d’expulsion ciblée, personne n’est prêt.
Des
dizaines de champs à pâturer et à cultiver, des milliers d’arbres,
des milliards de molécules de chlorophylle, et des désirs en
concurrence. L’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
fait éclore un conflit d’usage sur les 16,5 kilomètres carrés de
la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Cette
bataille bocagère ressemble à un processus de décolonisation. On y
trouve des anciens rebelles en voie d’obtenir droits et titres de
séjour : les paysan·ne·s historiques et des squatteur·se·s
anti-aéroport. Les anciens maîtres en passe d’abandonner la zone
achetée à l’État par un contrat de concession en 2010 : la
filiale de Vinci dénommée AGO. Et au milieu, ceux qui ont endossé
le rôle de supplétif des autorités : les agriculteurs qui
avaient accepté de céder leurs terres au projet d’aérogare, en
échange d’indemnités.
Sur
les 1 650 hectares de la ZAD, on dénombre quelques centaines
d’habitant·e·s, près d’une centaine de lieux de vie, une
poignée de fermes qui ont résisté jusqu’au bout aux expulsions,
38 exploitant·e·s ayant cédé leurs parcelles à l’amiable. Et
toute une communauté attachée à cet espace après dix ans de
mobilisation : naturalistes, associations citoyennes, syndicats
et collectifs agricoles. Depuis plusieurs semaines, ils sont reçus
par la préfecture du département, qui mène des négociations sur
l’avenir de la zone. Officiellement, les occupant·e·s de la ZAD
avaient jusqu’au 31 mars, jour de la fin de la trêve hivernale,
pour se régulariser. Les représentant·e·s de l’État ont beau
agiter des menaces d’expulsion ciblée de certains collectifs de la
ZAD, personne n’est prêt. Et tout le monde sait que les
discussions vont durer encore des mois, et probablement des années.
Car
derrière les éléments de langage et les documents techniques, deux
visions du monde s’affrontent. D’un côté, le monde agricole
institutionnel, représenté par la chambre d’agriculture et son
syndicat majoritaire, la FNSEA, veut profiter de cet
“eldorado” foncier tombé du ciel. De l’autre,
l’ex-mouvement anti-aéroport compte prolonger sa victoire par
l’installation dans le bocage d’une zone coopérative et
solidaire.
Rationalités
stratégiques et affects s’entremêlent, envies de revanche et
regrets d’avoir choisi le mauvais camp. Le tout donne une scène
politique explosive. La peur d’y perdre et la perspective d’un
avenir incertain pendant plusieurs années encore sont palpables
dans les positions et les discours des acteur·ice·s de ce processus
de transition. Sur la ZAD, une partie des squatteur·e·s craint
d’être chassée par la normalisation. La remise en état de la
route D281, puis le sabotage des travaux et l’afflux de gendarmes
pour encadrer le chantier ont exaspéré les esprits. Entre
militant·e·s autrefois uni·e·s par l’ennemi aéroportuaire, la
défiance atteint un paroxysme.
« La
ZAD, c’est plus que des surfaces, c’est un symbole, reconnaît
le président de la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique
Jacques Lemaître, éleveur porcin au nord du département, Certains
voudraient en profiter pour faire une grande zone expérimentale de
distribution du foncier. Faire un mega truc style Futuroscope du
troisième type, une silico-agricole valley. Mais
Notre-Dame-des-Landes n’est pas le Larzac. On ne fait pas de trucs
olé olé. On n’est pas dans le monde des Bisounours. Je suis là
pour défendre les agriculteurs, pas pour faire un nouveau monde. »
Mickaël
Trichet, nouveau président de la FNSEA 44, ne veut plus « parler
de zadistes. La ZAD c’est fini. Édouard Philippe a dit que les
terres devaient retourner à l’agriculture. Qu’est-ce qu’un
agriculteur ? Quelqu’un qui est formé à un projet économique
viable et aux règles sanitaires. Ce ne sera pas le “LarZad”. On
ne fait pas de l’agriculture pour faire de la philosophie. Il faut
en vivre. »
Depuis la déclaration
d’utilité publique de l’aéroport, en 2008, son syndicat se
trouve pris entre deux feux. Sur le principe, il était opposé au
goudronnage des terres de Notre-Dame-des-Landes. Mais élue à la
tête de la chambre d’agriculture en 2007, la FNSEA a accompagné
le projet en encourageant les exploitant·e·s à accepter leur
éviction. « On s’est retroussé les manches. Sinon ils
finissaient à poil. On a accompagné les agriculteurs pour qu’ils
ne se retrouvent pas démunis. »
Résultat :
les trente-huit exploitants qui ont cédé leurs parcelles à
l’amiable ont touché au total plusieurs millions d’euros,
répartis en fonction de la taille des exploitations et de leur degré
d’impact par l’aéroport. Le montant global des indemnités
d’éviction et d’expropriation s’élève à près de 9 millions
d’euros pour l’ensemble des exploitants impactés, y compris les
quatre fermes qui ont résisté jusqu’au bout à l’expulsion,
indique le ministère de la transition écologique. Les cédants à
l’amiable ont en plus bénéficié de baux précaires leur laissant
l’usage gratuit de ces terres à partir de 2012 et de l’échec de
l’évacuation des occupant·e·s par les gendarmes. Et touchés des
aides de la PAC pour ces mêmes parcelles – dans le département en
2013, la moyenne des paiements uniques au titre de l’aide
européenne atteignait 254 euros par hectare, soit autour de 215 000
euros annuels en tout pour 850 hectares. Environ 600 hectares ont
fait l’objet de conventions d’occupation précaire avec AGO
Vinci.
« On a accepté les indemnités éviction.
On n’a pas trop eu le choix »
Pour
le mouvement anti-aéroport, ces agriculteurs sont des « cumulards »
et n’ont plus aucune légitimité sur ces terres. Mais pour Mickaël
Mary, du GAEC de Chavagne, à Treillières, la plus grosse
exploitation impactée par l’aéroport : « On
souhaite garder les terres, pas les récupérer. On n’est jamais
partis. » Autour de lui, les cédants à
l’amiable se sont regroupés en association : l’Amelaza. Une
trentaine de personnes y ont adhéré. « On a accepté les
indemnités éviction. On n’a pas trop eu le choix. J’avais
demandé au représentant de l’État : et si je signe pas ?
Il m’avait répondu : pas d’indemnité et on prend les
terres quand même. On a fini par signer. »
Les
exploitant·e·s des quatre fermes anti-aéroport, dont les familles
Fresneau et Thebault, figures proéminentes du mouvement, ont, elles,
refusé d’encaisser cet argent qui est resté consigné à la
Caisse des dépôts. « On ne s’est pas enrichis. Cet argent,
on ne l’a plus », explique Mickaël Mary, qui dit l’avoir
dépensé pour acheter des terres et faire construire un bâtiment
sur sa ferme. Quant aux prêts à usage qui leur ont permis de
cultiver les parcelles qu’ils avaient cédées entre 2012 et 2018,
il précise : « L’État et le porteur du projet sont
venus nous proposer d’y rester pour les entretenir. Pour nous il
était hors de question de les exploiter sans contrat. On ne voulait
pas être mis sur le même pied que les zadistes. Si on n’avait pas
été là, la ZAD serait une friche. » Les membres de
l’Amelaza souhaitent revenir à la situation de 2008, avant la DUP,
et signer des baux à ferme de neuf ans, renouvelables. La majorité
d’entre eux sont des fermiers et louent les terres qu’ils
exploitent.
Ce
statut de fermier est bien leur seul point commun avec les
paysan·ne·s de Copains, collectif créé en 2011 pour défendre les
terres de la ZAD, à un moment où la Confédération paysanne
s’impliquait peu dans la lutte. À leurs yeux, les 1 650
hectares doivent rester un territoire libéré du marché et du
productivisme. « Ce qui se passe à
Notre-Dame-des-Landes est important, car il faut casser le modèle
qui nous mène dans le mur, explique Bruno, éleveur bovin et
céréalier bio dans le sud du département. Le monde
agricole ne peut pas se renouveler uniquement avec des filles et des
fils d’agriculteurs. Il faut être ouvert à d’autres modes de
production et d’autres personnes. » La discussion se
déroule autour de galettes préparées par Guylain, producteur de
lait et de fromage, pour qui l’enjeu désormais est « d’y
cultiver la paysannerie de demain. On a impression que c’est là
que ça se passe ». Pour Bruno : « L’avenir
de l’agriculture, ce n’est pas que les drones et les robots de
traite. »
Entre
les représentants de l’agriculture institutionnelle et les
paysan·ne·s favorables à des alternatives, les arguments
s’opposent frontalement.
- Le
même cadre pour tou·te·s
ou une brèche dans le système ?
C’est
l’un des principaux clivages entre les un·e·s et les autres. Pour
la chambre d’agriculture et l’Amelaza, les projets pour les
parcelles de la ZAD devront passer sous les fourches caudines de
la commission départementale d’orientation de l’agriculture
(CDOA), présidée par la préfète, qui rend un avis sur les
autorisations d’exploiter. Et respecter le schéma régional des
structures agricoles.
« Si
on part dans un truc nouveau à Notre-Dame-des-Landes, alors on
bannit toutes les paperasseries et l’empilement des contrôles que
subissent les agriculteurs, et là on est preneurs, ironise
Jacques Lemaître, le président de la chambre d’agriculture.
Les installations sur la ZAD doivent se faire dans un cadre
légal. Les vaches doivent être répertoriées, avoir un passeport
sanitaire, subir des prises de sang. Même pour les circuits courts,
c’est comme ça. Ce n’est pas à nous de nous adapter à ces
gens-là. Vous accepteriez d’aller chercher du lait et de la viande
dans un truc expérimental ? »
Pour
le mouvement anti-aéroport, il faut au contraire se saisir de
l’opportunité unique de la libération de ces 15 kilomètres
carrés de terres pour expérimenter d’autres méthodes
d’attribution foncière. « Le système est protecteur pour
les gens déjà installés, analyse Bruno, du collectif Copains.
Les outils sont là pour que ça se passe bien, mais ne permettent
pas le renouvellement. Les nouveaux projets sont souvent sur des
surfaces plus modestes que les structures qui se libèrent. Donc les
terres libérées vont à l’agrandissement d’exploitations déjà
installées. Si bien que surfaces doublent à chaque fois, et les
banques suivent; » Pour Guylain : « On
veut les mêmes règles qu’ailleurs, mais pas uniquement selon des
critères agricoles. Elles doivent être plus transversales. »
Défense
du statut d’agriculteur
ou ouverture au reste de la société ?
Pour
l’État, tous les projets agricoles sur la ZAD devront respecter le
cadre légal et faire l’objet de conventions individuelles
d’occupation précaire (COP). Pour la FNSEA, il faudra en plus que
les personnes déposant ces projets soient « des gens formés
par un diplôme. Il y a des centres formation, il faut être capable
d’apprendre les bases de la sécurité sur une exploitation ».
Le statut d’agriculteur s’obtient en se déclarant à la MSA, la
mutuelle agricole. Un acte payant sur la base d’un nombre de
parcelles et d’un type d’activités. Pour Mickaël Mary, paysan
indemnisé de la ZAD : « S’ils sont déclarés à la
MSA et ont le statut d’agriculteur, pour notre cohabitation, ce
sera mieux. Ils seront des agriculteurs et plus des squatteurs.
Socialement c’est hyper important. » L’enjeu est
aussi très concret : recours à la Cuma, coopérative de
matériel, mutualisation d’outils, par exemple. « Je
verrais d’un mauvais œil que des citoyens lambda y aient
accès. » Son association « n’est pas
anti-zadiste mais on veut défendre nos intérêts. Il y a de la
place pour tout le monde. S’ils nous respectent, on les respecte ».
Pour la chambre, Jacques Lemaître est plus brutal : « Le
statut de zadiste, je ne connais pas. Il y a des règles du jeu pour
tous les autres. En quoi ça les gêne d’avoir un parcours
d’installation ? »
À
l’inverse, Dominique, producteur laitier bio, et membre du
collectif Copains, explique que « ce qui [lui] plaît
sur la ZAD c’est que des gens rejetés de partout, les zonards des
villes, peuvent y trouver leur place ». Pour Guylain :
« L’idée, c’est de développer des projets avec plein
de voisins, agriculteurs ou pas. Il faut rester connecté à la
société. La ZAD est un lieu d’échanges et de discussions. Elle
peut être une zone d’expérimentation pour les
installations. » Pour Dominique : « Il
faut des projets différents, innovants, non conventionnels. Il
faut des gens intéressés par ça, qui ont envie de faire des
bouffes collectives. »
Membre
des Naturalistes en lutte, ces passionné·e·s de nature qui ont
cartographié les espèces végétales et animales vivant sur la
zone, Jean-Marie Dréan explique que pour continuer de protéger
le bocage, une veille collective par celles et ceux qui y habitent
serait le moyen le plus efficace : « Quand on fait un
projet de protection de la nature type Natura 2000 sans impliquer les
gens sur place, ça ne marche pas. Sur la ZAD, on est en dialogue
avec ceux qui y vivent. On est écouté et on participe aux décisions
pratiques de gestion. »
Économie
de marché subventionnée
ou système alternatif de valeurs ?
Les
paysans historiques du mouvement anti-aéroport voudraient créer une
structure de propriété collective, sur le modèle de la SCTL du
Larzac, mais l’État jusqu’ici s’y oppose – et annonce
vouloir vendre les terres de la ZAD. Pour la FNSEA, Mickaël Trichet
y est radicalement opposé : « Si se crée une gestion
collective des terres, je crie au scandale ! Quel statut
pour ceux qui décideraient ? On veut des règles
équitables, élaborées avec la préfecture ».
Dominique,
de Copains, espère au contraire la création d’« une
entité commune, qui écarte les problèmes de propriété. Elle
pourrait payer les fermages des gens disposant de zéro moyen, leur
permettant de rester. La ZAD peut être un lieu de formation,
d’échanges, d’apprentissage. Un lieu où s’essayer. T’as le
droit de te planter car tu n’es pas endetté. Le collectif ne peut
pas être autrement que solidaire ». Pour Guylain :
« Tous les jours quand je me lève, quand les fromages
arrivent, quand on vient livrer les Amapiens, je fais de la
philosophie. Plus il y aura de la philosophie dans notre agriculture,
plus on aura des gens pour la faire. C’est ce qui donne du sens à
ce qu’on mange. » La Confédération paysanne, qui
participe au comité de pilotage mis en place par la préfète de
Loire-Atlantique, et appartient au collectif Copains, refuse que les
hectares libérés de la ZAD n’agrandissent des exploitations
existantes. C’est aussi en principe un objectif de la Safer, acteur
pivot de l’attribution du foncier.
La
délégation issue du mouvement aimerait que la préfecture accepte
de signer une convention collective d’occupation pour les
310 hectares du mouvement, afin de couvrir beaucoup de monde, y
compris celles et ceux qui ne sont pas prêt·e·s à déposer un
projet spécifique, et d'éviter le morcellement du territoire. Ce
serait aussi une façon d'intégrer à l'ensemble les activités non
agricoles (artisanat, bibliothèque, concerts...). Et cela a enfin la
vertu de correspondre à des principes agro-écologiques: un champs
peut tour à tour servir de pâturage, de culture, se reposer...
Pour
l’instant, l’État maintient son exigence de contrats
individuels. Pour le ministère de la transition écologique :
« Comme l’a dit le premier ministre, c’est le droit qui
s’applique et la gestion des terres se fera sur une base
individuelle. C'est à chaque personne se déclarant agriculteur
exploitant de se mettre en situation de régularisation. Il n’y
aura pas de propriété collective des terres, ce qui n’empêche
pas que les agriculteurs qui seront dans le cadre de la loi
développent des projets collectifs s’ils le souhaitent. »
Un diagnostic du foncier est en cours et la puissance publique étudie
la proposition du conseil départemental – jusqu’au bout très
favorable à la construction du nouvel aéroport – de
récupérer 85 % de la zone.
Trois
ministres et secrétaires d’État sont officiellement saisis du
dossier : Sébastien Lecornu doit suivre le volet « projet
de territoire », sur la base des travaux du comité de
pilotage menés par la préfète. Élisabeth Borne, ministre déléguée
aux transports, coordonne le volet infrastructures en lien avec la
mission confiée à Francis Rol-Tanguy sur l’extension de
l’aéroport de Nantes-Atlantique. Et Nicolas Hulot doit se rendre à
Notre-Dame-des-Landes dans les prochaines semaines.
Ce
fragile équilibre de négociation pourrait se rompre en cas
d’expulsion de certains lieux de la ZAD. Une menace répétée par
la préfecture et Sébastien Lecornu lors de sa visite à Nantes. Une
vingtaine d’avocats ont écrit à Édouard Philippe pour
dénoncer l’illégalité de ces éventuelles évictions. Le
prochain comité de pilotage est prévu le 6 juin. Mais d’ici là,
si la ZAD a été amputée d’une partie d’elle-même, la
situation pourrait se tendre sur place. Une perspective déroutante
alors que ni du côté du mouvement anti-aéroport, ni du côté de
l’État, personne ne semble vouloir rallumer la flamme de
l’affrontement
Jade
Lindgaard - Médiapart
Ambiance sereine sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes,
malgré la fin de la trêve hivernale
Le
31 mars marque la fin de la trêve hivernale. Sur la Zad, où
les autorités entretiennent le flou au sujet des expulsions, les
habitants s’interrogent plutôt sur l’avenir du processus de
« normalisation ».
Notre-Dame-des-Landes
(Loire-Atlantique), reportage
À
l’auberge des Q de plomb, au village du Limimbout, la bière
pression est servie dans des verres siglés des rassemblements d’été.
« Pour s’organiser en cas d’expulsion, on a remis en
place les réunions de “quartier”. Il y en a une dizaine,
en général autour d’une maison en dur avec les habitations plus
légères et les cabanes qui l’entourent », explique
Jacques au comptoir. « La préfète a parlé d’expulsions
ciblées. Sans doute plutôt les lieux de l’est [de la zone],
mais on n’a aucune certitude. »
À
bien écouter les déclarations de la préfète de la région Pays de
la Loire et de la Loire-Atlantique, Nicole Klein, les expulsions ne
suivraient pas forcément la fin de la trêve hivernale et ne
concerneraient que « ceux qui n’ont pas de projet agricole
au sens large [et qui] devront partir ». Ses autres
déclarations distillent le flou, parlant d’expulsion « avec
discernement » et des formules vagues comme « ceux
qui n’ont aucune raison d’être là, ou ils seront partis ou on
les expulsera ».
« Si les flics cassent une cabane, on en reconstruira deux ou trois à la place »
« On
a bien sûr réactivé tout ce qui est réactivable... »
rappelle Luisella, devant un bocal de thé fumant au lieu-dit La
Wardine. Chaînes téléphoniques d’alerte, formations de
secouristes, ateliers d’autodéfense, appels à soutien au cas où,
toutes les mesures envisagées à l’automne 2016 ont été
ravivées. « Mais franchement, avec la grogne sociale qui
monte, je ne vois pas le gouvernement lancer les expulsions et
assumer le risque politique d’allumer le feu. Nous, pour le feu, on
est prêts...
N’empêche que, sans parler du rapport de forces, la
volonté de nous remettre dans la norme, ça va prendre du temps,
pour des raisons juridiques, des questions d’urbanisme. La refonte
du plan local d’urbanisme, c’est un chantier d’au moins 18 mois
qui s’ouvre. En ce moment, même si l’aéroport est abandonné,
on lutte toujours contre le capitalisme, pour la survie de tout ce
qu’on a inventé ici depuis six ans, tous les moyens
d’autoorganisation qu’on partage avec d’autres luttes. C’est
dans des bagages qui vont voyager. Il faut sortir d’un
“Zadocentrisme”. De toute façon, la Zad, c’est une idée
subversive qui ne mourra jamais. Ici , il y a un risque que ce soit
lissé, le slogan “résistance et sabotage” a disparu,
mais l’idée, elle, est déjà germée ailleurs. Il y a d’ailleurs
autant de Zads que de gens qui s’en réclament , et ça dépasse
nos dissensions. C’est comme un espace en nous. »
Au
chantier de reconstruction de Lama fâché, détruit lors du
nettoyage de la route D281, dite « route des chicanes »,
l’ambiance est plutôt sereine près d’un chapiteau qui abrite
les tas de planches, Jacques Brel en bande-son dans le soleil du jour
finissant. « C’est peu probable qu’on se fasse virer
dans les quinze jours... Et bon, si les flics cassent une cabane, on
en reconstruira deux ou trois à la place. Lama fâché détruit, on
est en train de rebâtir bien plus grand. Il en faut plus pour
abattre les gens. Et on aura des milliers de gens en soutien, je suis
pas trop inquiet. Faut avancer, construire », note ce barbu
en sortant de sa poche un texte manuscrit qui évoque le dernier
conflit, un Zadiste embarqué récemment dans un coffre de voiture
par d’autres : « On s’interroge non pas sur des
formes de “justice”, on va pas recréer des prisons, mais
sur des modes de résolution des conflits qui restent à inventer.
Jusqu’ici, on a réussi à résoudre tous les conflits sans
violence. Comparé à d’autres endroits, c’est vraiment
extrêmement pacifique, ici. » Quant à la solidarité
entre lieux, quartiers et groupes de la Zad, il y croit, malgré les
engueulades autour du nettoyage de la route : « Sur la
Zad, il n’y a pas de gens prêts à assumer publiquement de ne pas
avoir défendu des gens face aux flics. Acab [All Cops Are
Bastards — tous les flics sont des bâtards], ça unit tout le
monde… »
À
trois jours de la fin de la trêve hivernale, et des menaces posées
par le Premier ministre lors de son discours annonçant le 17 janvier
dernier l’abandon du projet d’aéroport, la Zad n’est pas pour
autant sur le pied de guerre.
« Tant que c’était la Zad, on était, pas dans un rêve, non, mais dans une réalité bizarre. Désormais, c’est différent »
À
l’Ambazada, cette construction dédiée aux assemblées de luttes
et aux minorités, une trentaine de Basques et de Bretons s’affaire
à monter les murs en paille sous une charpente déjà établie
depuis des mois. Les discussions vont bon train sur l’état des
forces, sur les scénarios à envisager, les éventuelles menaces,
mais pas dans un climat tendu de veille d’affrontements possibles.
Arrivée de Bordeaux pour quelques jours de chantier collectif avec
les Basques, Lydie souhaiterait qu’un mix « cohérence
et tolérance »
s’impose pour l’avenir de la Zad en dépassant les tensions des
dernières semaines. Le mois prochain, une
série de chantiers collectifs vont ameuter des soutiens pour
travailler ensemble et tisser des liens. Avril fertile propose ainsi
de se projeter dans l’avenir immédiat et à moyen terme :
« Vous
pourrez être à la fois au Phare de la Rolandière pour faire des
tables d’orientation et au Moulin pour faire des buttes de culture.
Vous pourrez aussi participer à la construction de gradins pour
finir la salle de réunion du Gourbi, faire un chantier-discussion à
la fromagerie, un
camp autogéré à Lama fâché. »
Malgré
cette énergie quasi culturelle, on sent parfois plutôt une
lassitude de conflits portés depuis l’abandon du projet
d’aéroport, le dégagement controversé de la « route des
chicanes », et la mise en cause par certains de toute
négociation avec l’État.
Tout
en préparant huit kilos de frites pour ce soir, Jean-Jo essaie de se
montrer optimiste : « Si on se remémore les expulsions
de 2012, personne n’aurait prédit qu’aussitôt on se
retrouverait 40.000 en plein hiver à tout reconstruire ce que les
flics avaient détruit. Mais aujourd’hui, je ne sais pas. On a
fatigué les gens, notamment avec la complication de tenir des
décisions collectives. L’an dernier, on a fait quatre grosses
réunions pour se mettre d’accord sur la “route des
chicanes”. Et puis le consensus a éclaté, avec des gens
arrivés la veille. Mais d’un autre côté, on peut pas se replier
sur juste nos copains… » Lui-même est fatigué
d’entendre ces avis extérieurs péremptoires sur les bonnes et
mauvaises attitudes face à la phase de normalisation : « Tous
ces gens qui nous donnent des leçons sur nos rapports avec l’État,
alors que certains sont salariés de l’État et payent bien
sagement leurs impôts, les impôts locaux, et le reste, des fois
j’en ai un peu marre... »
Jacques
se gratte la barbe : « Les gens près de la route,
qu’ont foutu le bordel, c’est un peu de leur faute si les flics
sont là en permanence... S’ils sont expulsés, pas sûr qu’on y
aille tous pour les défendre. Mais il y aura des réactions contre
les expulsions, quel que soit le lieu, ça c’est certain. L’État
a perdu, ou a bien voulu perdre, faudrait pas qu’il fasse le malin
en venant attaquer maintenant... »
Les
patates découpées en frites au calibrage approximatif puis plongées
dans un récipient d’eau, les peluches jetées dans un seau à ses
pieds, Jean-Jo se préoccupe moins des menaces d’expulsion que des
perspectives de s’implanter durablement : « Tant que
c’était la Zad, on était, pas dans un rêve, non, mais dans une
réalité bizarre. Désormais, c’est différent. Ceux qui veulent
rester doivent s’inscrire sur le long terme, ce qui était pas le
cas avant, où on savait qu’on pouvait se faire virer à plein de
moments. »
« Trop de coups tordus... »
Dans
l’ouest de la Zad, à La Pointe, une ferme occupée de 2010 à
2012, puis une deuxième fois depuis février 2016, la demi-douzaine
d’occupants s’apprête à partir. « Trop de coups
tordus... » Mais ils ne laissent pas la maison vide, ne
quittant les lieux qu’après avoir passé le relais au suivant.
« Comme ça, pas besoin de faire de double des clefs »,
rigole un barbu sous son chapeau. En se tartinant une fricassée de
petits pois sur du pain récupéré au supermarché du coin, ils
attendent donc l’arrivée d’un des anciens occupants de cette
même maison, qui prendra la suite de l’occupation : « Il
va s’inscrire à la Mutualité sociale agricole et espère faire
prendre en charge la maison par une association, avec un bail en
bonne et due forme. » « Pour nous , on n’a plus rien à
faire ici. On s’en va. La terre est grande, et petite, on se
reverra bien quelque part un jour . »
À
Nantes, dans une résidence pour personnes âgées désaffectée,
réquisitionnée par un collectif de migrants, on prépare la
manifestation du 31 mars contre les expulsions, toutes les
expulsions, celle des Zadistes, mais aussi celles des étudiants
occupants les amphis de la fac, celles des exilés comme dans ce
bâtiment de 74 chambres, et celles de tous les précaires à la fin
de l’hiver. Tous et toutes se sont concertées pour cette
affirmation de refus de toute forme d’expulsions et les « logiques
de tri » imposées par l’État et ses représentants, qui
misent sur les divisions, et réclament insidieusement que la
sélection entre bons et méchants soit faite par les gens en lutte,
sur la Zad ou dans les mouvements urbains : Zadistes, étudiants,
collectif d’autogestion de la résidence, groupe d’extrême
gauche Nantes en résistance, collectif syndical contre l’aéroport
et son monde, Droit au logement, et le Gasprom, association locale de
soutien aux migrants, tous et toutes appuient cette convergence des
luttes. Dans la lignée de cet hébergement solidaire qu’a
entrepris la Zad depuis des années, accueillant dans son bocage
bienveillant des familles migrantes et des femmes seules, pour
quelques jours de répit ou à l’abri d’une éventuelle
expulsion. La parade aux expulsions, c’est une vieille histoire,
pour les Zadistes.
►Non aux expulsions :
Manif
contre les expulsions à Nantes : des infos et des images.
Gros
déploiements policiers (plus de 500 GM pour plus d’un millier de
participant.e.s), techniques de nasses mobiles, provocations, usages
de gazeuses, des lacrymos et des canons à eaux, sans aucune raison.
Au moins une personne blessée à la tête par un coup de matraque et
deux personnes interpellées.
BURE
- 55
Infos du 1er au 11 mars
Des nouveaux militants s’investissent contre l’Andra
Châtenay-Malabry
(Hauts-de-Seine), reportage
En
dépit du froid et d’une relative inquiétude vis-à-vis de la
police, une trentaine de personnes ont répondu à l’appel du
Comité de soutien à Bure Paris-Île-de-France à manifester devant
le siège de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets
radioactifs), à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) ce mardi
27 février. En cette période de carnaval, le collectif a
organisé un « Mardi Gris pour l’ANDRA ».
L’objectif : mener une « action carnavalesque »
à l’heure de la sortie des bureaux, pour protester contre
l’intervention policière à Bure de la semaine passée. Parés de
masques de hiboux colorés, les manifestants déployaient des
banderoles, lisaient des textes, déclamaient des slogans. Malgré le
caractère non-violent de l’action, les employés de l’Andra,
prudents, ont choisi d’éviter les protestataires en sortant par la
porte arrière du bâtiment.
Le
groupe a beau être réduit, la plupart des participants sont de
nouvelles têtes dans l’opposition à Cigéo. Pour bon nombre
d’entre eux, c’est leur première action. À l’instar d’Éléa*,
31 ans, jusque-là « sympathisante » de Bure et de
Notre-Dame-des-Landes, deux lieux où elle s’est rendue, pour qui
« l’expulsion [de jeudi dernier] a été le moment
de se bouger ».
Une trajectoire commune se dessine chez ces nouveaux militants. D’abord sympathisants de Notre-Dame-des-Landes, ils passent à l’action contre l’Andra en réaction aux expulsions du Bois Lejuc. Tanguy*, 27 ans, lui aussi passé par Notre-Dame-des-Landes, esquisse une explication : « Depuis l’abandon de l’aéroport
de Notre-Dame-des-Landes, nous n’avions plus d’objectifs de
rassemblement à court terme. L’expulsion a précipité la
situation. Paradoxalement, elle a remobilisé les réseaux
militants ».
Un
point que rejoint Camille*, 27 ans : « Bure et
Notre-Dame-des-Landes, c’est une seule et même cause ! À
Notre-Dame-des-Landes, on luttait contre l’aéroport et son monde.
Et dans son monde, il y a l’Andra. » Bure serait-il la
prochaine extension du domaine de la lutte ? Pour Camille, « la
Zad est une lutte en soi. »
*
Les prénoms ont été modifiés
Maxime
Lerolle - Photo :
Ambe pour
Reporterre
►Bure :
Malgré
une interdiction préfectorale désormais habituelle de manifester,
le joyeux rassemblement contre la poubelle nucléaire a eu lieu dix
jours après l’expulsion du bois Lejuc dans les nuées de flics qui
quadrillent le territoire. On envoie plein de forces et de couRage
aux chouettes hiboux en lutte.
►Projet de déviation de Beynac – Dordogne :
Contre les grands projets
Rhhhaaa
les ZADs, ce cauchemar de l’Etat qui se propage dans les artères
des grands travaux de la république... Expulser, réprimer et/ou
militariser les zones à défendre ne suffira sans doute pas
pour éradiquer cette forme de résistance.
Cette
possibilité qui infuse doucement mais surement, pour sauver ce qui
peut l’être du désastre en cours, et que la presse
asservie continue de présenter comme une menace...
Ici, un appel pour un weekend de soutien sur place.
►Bure :
FIL INFO des deux journées du week-end inter-comités : https://vmc.camp/
Infos du 5 au 11 mars
Face à l’Etat brutal,
les hiboux de Bure manifestent leur sagesse
Malgré
la présence massive de gendarmes et l’interdiction de manifester,
les opposants à l’enfouissement de déchets radioactifs se sont
retrouvés près de Bure samedi 3 mars et dimanche. Ils ont mené
une marche pacifique, contrée par les forces de l’ordre, qui ont
investi le village dimanche. Récit en images.
Mandres-en-Barrois
(Meuse), reportage
Le
rendez-vous était prévu depuis longtemps : le week-end des 3
et 4 mars serait une réunion de discussion et de réflexion des
comités de lutte contre le projet d’enfouissement des déchets à
Bure (Meuse). La brutale
expulsion du 22 février n’a pas abattu le moral
collectif, et plusieurs centaines de personnes venues de toute la
France se retrouvent dans le village de Mandres-en-Barrois samedi
matin.
Pourtant,
la préfecture de la Meuse a publié des arrêtés
préfectoraux interdisant toute manifestation et circulation sur
les routes avoisinantes. Le gouvernement maintient une pression
policière
permanente depuis des mois. Un lourd dispositif de forces de
l’ordrE
est
visible partout dans le village et alentour, oppressant. 500
gendarmes seraient mobilisés.
Le
matin s’est tenue dans une maison du village la réunion des
comités, malgré un froid glacial. En début d’après-midi, Hiboux
et élus tiennent une conférence de presse dans la rue, à deux pas
de la mairie. « Ce n’est pas l’opposition qui se
radicalise », dit Jean-Marc Fleury (photo), de l’Eodra
(Coordination nationale des élus opposés à l’enfouissement des
déchets radioactifs), « mais le gouvernement. Il s’est
placé dans une impasse, il n’y a pas d’alternative : pour
lui, c’est Bure ou Bure. On ne peut pas discuter avec des gens qui
nous expulsent. On soutient toutes les façons de s’exprimer. »
La
marche se prépare. Il s’agit d’aller installer une vigie sur un
terrain privé, d’où il sera possible d’observer les mouvements
autour du bois Lejus. Paradoxe : le gouvernement interdit
d’aller sur un terrain privé, et défend l’accès au bois, dont
la propriété par l’Andra est incertaine, car encore en débat
devant la justice. Le droit de propriété semble fonctionner à deux
vitesses...
Une
certaine appréhension est ressentie. Mais tout le monde est
déterminé à avancer ensemble, pacifiquement, pour poser cette
vigie.
Avant
la manifestation, on se prend en photo avec les plaques sur
lesquelles a été fixée une photo du ministre de la Transition
écologique. La photo le montre portant une affiche sur laquelle est
écrit : « Cigéo Bure, je dis non ». Nicolas
Hulot a choisi de se faire photographier ainsi en 2016. Le
gouvernement empêche donc des manifestants de proclamer ce que pense
son ministre d’État...
À 15 h, la marche quitte le village,
en direction du terrain privé proche du bois Lejus.
Poutres,
plaques de contreplaqué, fenêtres : ce sont les éléments de
la vigie, petite tour à construire. On les porte tranquillement,
dans l’atmosphère humide.
La
petite route serpente à travers les champs. Entre trois cents et
cinq cents personnes participent à la marche, de tous les âges et
de toute la France. Certains crient avec ardeur, « on est
plus chaud que Cigéo », d’autres chantent :
« Occupons la forêt, récupérons les champs, il n’y aura
jamais de nucléaire à Bure. »
On
ressent une sereine allégresse, malgré l’hélicoptère qui tourne
en bourdonnant au-dessus, observant le cortège. Une petite sono
accompagne celui-ci, tirée comme une valise, et joue une musique
roborative.
Mais
un dispositif policier très important a été établi, à environ
deux kilomètres du départ.
Au
bout du chemin, où l’on arrive à 15 h 40,
les gendarmes sont là,
avec un camion à eau.
Le
cortège ne cherche pas l’affrontement,
il part en file sur la
droite, dans le champ
La
marche se détend tranquillement. En parallèle, les gendarmes se
déploient eux aussi en file.
Le
heurt se produit à 15 h 50, entre l’avant de la manifestation qui
tente de déborder les gendarmes, et ceux-ci. Mais ces derniers sont
trop nombreux. Dans un porte-voix, un gradé lance les sommations :
« Au nom de la loi, dispersez-vous, on va faire usage de la
force. »
Et
ils lancent des grenades lacrymogènes
Devant
la violence, les manifestants reculent rapidement — il est 16 h —
et forment un grand cercle autour des éléments de la vigie,
en
se tenant par la main.
Mais
les gendarmes lancent encore des grenades lacrymogènes, alors le
cortège décide de se replier calmement. Un manifestant, assez âgé,
a été blessé à la tête par une grenade. Il est emmené par
l’équipe médicale.
Et l’on rentre à Mandres, suivi par les camions des gendarmes. « Au nom du peuple, dit un manifestant, on a fait usage de la
sagesse. »
DIMANCHE :
QUAND LES GENDARMES GAZENT UN VILLAGE
L’auteur
du reportage ci-dessus n’était plus présent dimanche 4 mars
à Mandres-en-Barrois. Les faits rapportés ci-dessous ont été
recueillis en interrogeant divers témoins.
Dimanche
matin, une nouvelle réunion des comités de lutte s’est tenue, et
a poursuivi les discussions pour définir les axes des actions à
venir. Vers 11 h, une centaine de personnes ont décidé d’aller
observer ce qui se passait au bois Lejus, en empruntant un autre
chemin que la veille. Ils ont été contrés par les gendarmes et
refoulés vers le village. Mais les gendarmes ont pénétré dans le
village, n’hésitant pas à larguer des grenades lacrymogènes au
milieu des habitations et dans les jardins. Un habitant, Marcel
Durand, joint au téléphone par Reporterre, raconte :
« Les forces de l’ordre ont chargé, il ont lâché des
gaz lacrymogènes un peu partout, ces gaz sont rentrés dans la
maison, même fenêtres fermées, ils rentraient par les bouches
d’aération. Ma maman est gravement malade et ma grand-mère est
cardiaque, c’était juste pas possible avec tout ça. La plus
grande violence vient des forces de l’ordre, qui ont chargé alors
que tout se passait bien. »
M. Durand
a tourné depuis sa fenêtre une vidéo, qui montre l’ambiance
créée par les gendarmes : https://youtu.be/FDxIhNrCWrE
Vers
14h30, les gendarmes se sont retirés, mais tout en maintenant leur
présence.
Malgré
la pression policière — il y a eu huit interpellations et quatre
blessés légers dont un gendarme, selon la préfecture —, le
week-end est jugé positif : « On mûrit, dit un
porte-parole des Hiboux. On a su reculer à temps, tout en
montrant qu’on était déterminé ». Les discussions des
comités ont bien avancé. Et une manifestation de réoccupation du
bois Lejus est envisagée pour le printemps.
Un opposant anti-Cigéo jugé
pour transport d’Opinels
et de pelle à tarte
Mardi 6 mars, un opposant au projet d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure comparaissait devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc (Meuse) pour transport d’armes. Son tort : il a été contrôlé par les gendarmes avec dans sa voiture deux opinels, un câble électrique, et… une pelle à tarte.
Le
procureur a demandé deux mois de prison avec sursis. Le verdict sera
rendu le 24 avril.
• Montages réalisés par des opposants à Cigéo :
Source : Reporterre
Le gouvernement lance un débat
sur les déchets nucléaires
mais en pose d’avance la conclusion
Mercredi
7 mars, le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu a réuni le
Comité de Haut niveau sur Cigéo. Il a annoncé un débat public
autour du projet d’enfouissement de déchets nucléaires et des
fonds pour la Meuse et de la Haute-Marne. Dont 389 millions de
travaux routiers, révèle Reporterre. Les associations dénoncent
une concertation impossible au vu de la répression actuelle.
Après
la matraque, la carotte. Après l’expulsion par 500 gendarmes de 14
occupants du bois Lejuc, après
l’interdiction de manifester et le gazage du village de
Mandres-en-Barrois dimanche dernier, après le harcèlement
judiciaire, le gouvernement joue la carte de la « concertation ».
Mercredi
7 mars au ministère de la Transition écologique et solidaire,
loin du plateau de Bure, le secrétaire d’État Sébastien Lecornu
a présidé son premier Comité de Haut niveau. Celui-ci réunit
depuis 2005 les acteurs institutionnels du projet Cigéo
d’enfouissement de déchets nucléaires - élus locaux de
Haute-Marne et de Meuse, Andra, EDF, Orano (ex-Areva), Centre de
l’énergie atomique (CEA), préfets - avec pour
objectifs « de
renforcer les outils de concertation, d’accélérer le
développement économique du territoire et de statuer sur la
répartition de la fiscalité associée au projet ».
La
veille, une dizaine d’associations opposées au projet dénonçaient
une mascarade, pointant « une
concertation qui arrive quand tout est décidé »
et dans « des
conditions de répression qui empêchent le dialogue ».
Plutôt
que parler de répression, Sébastien Lecornu a affirmé en
conférence de presse que l’Etat a dû intervenir « face à
de nombreux actes de délinquance qui ont suscité localement
beaucoup d’émoi ». Son credo : « Le retour
à l’État de droit comme préalable à la concertation ».
Autrement dit, une fois les « éléments radicaux »
évacués, « le dialogue est ouvert avec les opposants
légaux ».
Mais
qu’est-ce qu’un « opposant
légal » ?
« Ils
réduisent le champ de la légalité par des arrêtés liberticides
qui nous empêchent de manifester »,
dénoncent les associations dans leur communiqué. D’autant plus
que l’action du gouvernement à Bure pourrait bien elle aussi être
entachée d’illégalité, comme
le racontait Reporterre,
et comme
l’indiquait le Syndicat des avocats de France.
Côté
concertation, Sébastien Lecornu veut lancer un débat public
national sur les déchets nucléaires : « La
question n’est pas de savoir si on fait Bure ou pas, mais qu’est-ce
qu’on fait des déchets qui sont déjà là »,
martèle-t-il devant la presse. Sauf qu’un tel événement sous la
houlette de la Commission nationale du débat public a déjà eu lieu
en 2013. Il avait été boycotté par les opposants, critiqués par
les pro-Cigéo comme par certains membres de la CNDP. « Ce
débat proposait uniquement à la population d’exprimer ses
craintes sur le dossier inachevé et bourré d’inconnues présenté
par l’Andra »,
rappellent les associations. L’exercice avait cependant conclu
qu’il fallait attendre
avant de décider. Des conclusions qui n’ont pas été suivies
par les autorités.
« C’est
justement parce qu’il n’a pas été concluant qu’il faut
refaire ce débat public », soutient M. Lecornu. Et
qu’arrivera-t-il si, au terme des discussions, les Français
décident qu’ils ne veulent pas de Cigéo ? « Alors
je leur demanderai ce que l’on fait des déchets », élude
le secrétaire d’Etat, qui aime à citer son ministre de tutelle
Nicolas Hulot : « lui-même a dit que Cigéo était la
moins mauvaise des solutions, et l’Autorité de sûreté nucléaire
parle de solution la plus raisonnable ».
Pour
éclairer les débats à venir, Sébastien Lecornu mise sur « un
centre de ressources en ligne sur tout ce qui a été commis sur
Cigéo, pour ou contre », sur une instance de dialogue
société - experts « pour remettre les scientifiques, les
sachants, au coeur du débat » et des missions d’étude à
l’étranger sur la question des déchets radioactifs « pour
aller voir comment les autres font ». « Elus
locaux et journalistes seront bienvenues », précise-t-il.
Dernier
volet de son plan pour « garantir un climat serein et un
niveau d’acceptabilité » autour du projet Cigéo,
répondre « au sentiment d’abandon du territoire »
en luttant « contre la désertification et l’enclavement ».
Sans chiffrage précis, routes et lignes ferroviaires sont annoncées,
ainsi qu’un effort sur la formation professionnelle : « Il
y aura bientôt des emplois à pourvoir dans le travail de forage, de
creusement, dans l’énergie, il faut donc former les jeunes de ces
départements à ces métiers ». Autrement dit, en fait et
lieu de développement local, l’Etat et les industriels de l’atome
s’apprêtent à accélérer la transition nucléaire de la Meuse et
de la Haute-Marne. Les infrastructures de transport sont en effet
nécessaires à la construction du centre d’enfouissement. « Il
y a des travaux qui sont bons pour Cigéo et bons pour le territoire,
répond M. Lecornu. Je veux croire au cercle vertueux, Cigéo
n’est qu’un moyen pour amorcer la pompe du développement
économique ».
389 millions d’euros
pour préparer les routes
à l’acheminement des déchets
Et
comme le révèle Reporterre, ce ne sont pas moins de 389
millions d’euros qui sont prévus pour transformer en 2x2 voies des
routes autour de Bure. L’enjeu : préparer le réseau routier
pour l’acheminement des déchets radioactifs à Bure - plusieurs
camions par jour si le projet Cigéo se réalise.
Sont
notamment prévus par le gouvernement :
- RN 67 entre Saint-Dizier et Semoutiers-Monçais, dans la Meuse : 150 millions d’ euros ;
- RN 19 : 100 millions d’euros ;
- RN 135 entre Velaines et Tannois : 50 millions d’euros.
Le
secrétaire d’Etat souligne cependant qu’il sera attentif à ce
que les fonds alloués ne servent pas au « saupoudrage ».
Référence faite, peut-être, aux lampadaires flambants neufs
installés en ribambelle à Bure et dans les villages alentour, qui
éclairent d’une lumière blanche les rues vides.
- Lampadaires à Montreuil-sur-Thonnance (Haute-Marne).
-
Car
malgré une trésorerie de plus 700 millions d’euros, les
Groupements d’intérêt public de la Meuse et de la Haute-Marne ne
sont pas parvenus, en plus de dix ans, à stopper la désertification.
En mars 2017, à bout de patience, le maire de Montiers (à quelques
kilomètres de Bure), Daniel Ruhland, s’était fendu d’un
entretien vindicatif contre Cigéo dans
le journal L’Est
républicain :
« Dans
les années 93-94 (...) l’Andra nous promettait, si l’on
acceptait le labo, que l’on ferait des écoles, des routes, qu’il
y aurait un développement économique, que tout le monde bosserait.
Mais le compte n’y est pas. Les gens partent et personne ne vient.
Il ne s’agit pas de filer des ronds pour refaire des trottoirs si
demain il n’y a plus personne pour marcher dessus. Je suis
convaincu que l’on est en train de désertifier notre territoire. »
Le collège de sa commune est
aujourd’hui menacé de fermeture.
Dans
leur communiqué, les association locales anti-Cigéo dénoncent une
« politique de soudoiement financier », une
« nucléarisation du territoire à marche forcée »
et un « chantage à l’emploi ». Tout ceci
accentue selon elles, du côté des habitants, « le
sentiment de dépossession de leur destin ». Elles n’iront
donc pas frapper à la porte que M. Lecornu a dit « laisser
ouverte ».
Calendrier
Le
Comité de Haut niveau se réunira désormais deux fois par an, en
début d’année et au mois de septembre ;
Le débat public sur le Plan national de gestion des déchets radioactifs devrait avoir lieu en fin d’année 2018.
Une commission d’expertise internationale sur les colis bitumineux sera lancée dans l’année 2018, par l’Etat et l’ASN.
Le contrat de territoire devrait être signé par les collectivités locales et l’Etat d’ici la fin de l’année.
L’objectif de ce contrat est de « définir les modalités de mise en œuvre des projets d’infrastructure et d’accompagnement économique nécessaires à l’accueil du projet Cigéo et au développement concomitant du territoire ».
Un groupe de travail réunissant les élus locaux sera constitué pour traiter la répartition de la fiscalité locale associée au projet.
Le débat public sur le Plan national de gestion des déchets radioactifs devrait avoir lieu en fin d’année 2018.
Une commission d’expertise internationale sur les colis bitumineux sera lancée dans l’année 2018, par l’Etat et l’ASN.
Le contrat de territoire devrait être signé par les collectivités locales et l’Etat d’ici la fin de l’année.
L’objectif de ce contrat est de « définir les modalités de mise en œuvre des projets d’infrastructure et d’accompagnement économique nécessaires à l’accueil du projet Cigéo et au développement concomitant du territoire ».
Un groupe de travail réunissant les élus locaux sera constitué pour traiter la répartition de la fiscalité locale associée au projet.
►Anti-Nucléaire :
Une maison vigilante dans le fief de l’Andra à Gondrecourt le château. Acquérir et fonder une maison vigilante pour surveiller l’implantation de l’Andra : https://www.helloasso.com/associations/les-habitants-vigilants/collectes/une-maison-vigilante-dans-le-fief-de-l-andra-a-gondrecourt-le-chateau
La tension est toujours vive autour du bois Lejuc,
avant un procès le 19 mars
Le
président de l’Eodra (Association des élus de France opposés à
l’enfouissement des déchets radioactifs et favorables à un
développement durable), Jean-Marc Fleury, et une vingtaine d’élus
du territoire, ont accroché un panneau à un arbre en bordure du
bois Lejuc. Celui-ci, dont l’Andra affirme être propriétaire, est
gardé nuit et jour par des gendarmes.
Le
panneau indique que le siège social de l’Eodra se situe bien au
milieu de ce bois, conformément à la déclaration du 2 décembre.
Vendredi
16 mars : une personne a été envoyée à la prison de
Nancy en attendant sa comparution immédiate lundi à Bar-le-Duc.
Cette incarcération fait suite à une « balade en forêt »
- au Bois Lejuc - effectuée mercredi 14 mars par des opposants
à l’enfouissement des déchets radioactifs. Selon l’Andra, une
quinzaine de personnes ont ce jour « caillassé »
des véhicules d’entreprises qui faisaient des travaux dans le
bois. Sept personnes avaient alors été interpellées : l’une
est donc emprisonnée, les autres ont été libérées et seront
jugées le 23 mai, avec interdiction de circuler dans les
départements de la Meuse et de la Haute-Marne.
Lundi
19 mars, deux opposants aux déchets nucléaires seront jugés à
Bar-le-Duc. Ils ont été arrêtés lors de l’opération policière
le 22 février et sont en prison depuis. Selon le site vmc.camp,
« Aka, habitant du bois, est accusée de velléité incendiaire
et de violences lors de son arrestation. Laura est accusée de
rébellion lors de l’assaut de la maison par les flic. »
Comme ils avaient refusé le fichage ADN et la comparution immédiate,
le juge a décidé de les incarcérer jusqu’à leur procès.
Infos du 19 au 25 mars
APPEL DES POUBELLES
CONTRE LE PROJET DE POUBELLE
ATOMIQUE DE BURE
Nos
Poubelles n’acceptent pas d’être assimilées à la méga
poubelle atomique de Bure où le gouvernement veut entasser à 500
mètres de profondeur les déchets les plus radioactifs à très
longue vie produits par les 58 réacteurs nucléaires français
depuis leur mise en service.
Nos Poubelles ne cautionnent pas cet enfouissement irréversible de déchets radiotoxiques et inflammables pour certains, qui devront être ventilés pendant plus d’un siècle et resteront extrêmement dangereux durant des centaines de milliers d’années.
Faire croire qu’enfouir ces déchets c’est en régler le problème est une aberration. Ce n’est que les "mettre sous le tapis" La sécurité est loin d’être assurée (risques sismiques, risques d’incendie, risques terroristes, risques de rejets radioactifs gazeux). En témoignent des documents internes de l’ANDRA, l’agence en charge de la construction du centre d’enfouissement.
Nos Poubelles s’opposent à la contamination de la région de Bure mais aussi à la mise en danger des générations futures. Des alternatives existent (Stockage dans des conditions permettant de faire face en cas d’incident). Et puis il est urgent de ne plus produire de nouveaux déchets nucléaires, donc de sortir du nucléaire !
Voir le site d’information
www.burestop.eu
Aussi
nos Poubelles ont décidé de se "customiser" pour afficher
leur désaccord avec ce projet de POUBELLE ATOMIQUE.
Imprimez
l’affichette.
Collez-la en permanence sur votre poubelle de rue personnelle, telle quelle ou plastifiée (sur une, deux, voire quatre faces...).
Pour montrer la détermination de votre poubelle, vous pouvez la laisser plus qu’il ne faut dans la rue...
Relayez cette action et incitez vos amis, famille et voisins à faire de même.
Prenez
une chouette photo de votre poubelle, avec ou sans mise en
scène, avec ou sans vous (laissez libre cours à votre
créativité !).
Envoyez la photo à burecnon@yahoo.com (en précisant votre commune et votre département).
https://www.flickr.com/photos/poubelleburecnon
Deux opposants à l’enfouissement
des déchets nucléaires
ont été condamnés à de la prison ferme
Lundi
19 mars, le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc a condamné
deux opposants au projet Cigéo à trois mois de prison ferme. Un
jeune homme de 24 ans a donc été incarcéré pour violences sur des
gendarmes lors
de l’évacuation du bois Lejuc, le 22 février dernier ;
il a été condamné à huit mois de prison dont cinq mois avec
sursis et une interdiction de territoire en Meuse et en Haute-Marne.
Une
deuxième personne, une jeune femme de 30 ans, a été condamnée à
quatre mois de prison avec sursis pour rébellion lors de la
perquisition à la Maison de résistance.
Une
autre femme qui passait en comparution immédiate pour avoir refusé
de se lever, de décliner son identité et de s’exprimer, a été
condamnée à trois mois de prison ferme. Elle a été arrêtée la
semaine dernière, au cours d’un incident où un véhicule d’un
pépiniériste et de deux employés, mandatés par l’Andra, ont été
caillassées près du bois Lejuc.
Une
audience sous haute tension, comme le décrivent les opposants sur
leur compte Twitter : « Le tribunal est en quasi état
de siège, 70 personnes à l’intérieur pour suivre 3 procès,
foule en colère. Des CRS à l’intérieur et à l’extérieur »
Trois
autres personnes, interpellées lors de la perquisition de la Maison
de résistance, seront jugées le 12 juin pour outrages et/ou
rébellion sur agent dépositaire de l’autorité publique.
Source :
Reporterre
►Bure :
Infos du 26 au 31 mars
Un milliard d’euros ont été dépensés
pour rendre « socialement acceptable »
l’enfouissement de déchets nucléaires
Le
projet d’enfouissement des déchets nucléaires pressenti à Bure,
dans l’Est de la France, doit faire l’objet d’un troisième
débat public d’ici la fin de l’année. Mais dans quelles
conditions ? Depuis 2000, des sommes considérables d’argent
public ont inondé les départements de la Meuse et de Haute-Marne,
censées favoriser l’« acceptabilité » sociale du
projet. Basta ! a fait le compte : ce ne sont pas
moins de 1,1 milliard d’euros qui auraient déjà été déversés
localement par les principaux acteurs de la filière nucléaire.
Plusieurs centaines de millions d’euros pourraient encore arroser
les deux départements.
La
Meuse, ses 190 000 habitants, son taux de chômage à 14 %,
son projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure… Et
les centaines de millions d’euros déversés depuis 25 ans par
l’État pour faire accepter ce que les opposants nomment une
« poubelle nucléaire » : le stockage de 85 000
m³ de déchets radiotoxiques à plus de 500 mètres de profondeurs,
sous une couche de roche et d’argile. Le fameux projet Cigéo,
porté par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs
(Andra), est censé résoudre le casse-tête du stockage des déchets
nucléaires « à vie longue », issus des centrales, dont
certains émettent une radioactivité pendant plusieurs de centaines
de milliers d’années.
« Accompagnement économique »
ou « achat des consciences » ?
L’État
et les entreprises impliquées, EDF et Orano (ex-Areva), n’ont pas
lésiné sur les moyens pour rendre acceptable le choix de Bure,
petit village de la Meuse, pour accueillir tout ce que l’industrie
nucléaire française produit comme déchets mortels. Selon nos
calculs – aucun comptage officiel n’ayant été réalisé –,
plus d’un milliard d’euros ont été dépensés dans les deux
départements concernés, la Meuse et la Haute-Marne (voisin de
Bure), via un complexe enchevêtrement d’aides directes, indirectes
et d’investissements, depuis le début des années 2000. Un
« accompagnement économique », selon l’État, un
« achat des consciences », dénoncent les opposants.
Tout
commence avant même l’idée de construire un laboratoire devant
tester les conditions géologiques de stockage. Dès 1995, de
l’argent public est déversé dans les cantons de la Meuse qui se
sont portés candidats à l’accueil du centre d’essai
géotechnique : 5 millions de francs par an, pendant cinq ans
(1995-1999), soit l’équivalent de 3,8 millions d’euros.
Une manne de 60 millions d’euros par an
pour la Meuse et la Haute-Marne
Le
30 juin 2000, changement de braquet. L’État décide de créer un
groupement d’intérêt public (GIP) dans chacun des deux
département (Gip Objectif Meuse et Gip Haute-Marne), chargés de
« l’accompagnement économique », même si le projet
d’enfouissement n’existe pas encore. Les fonds sont abondés par
les acteurs de la filière nucléaire, EDF (78 %), le
Commissariat à l’énergie atomique (CEA, 17%) et Areva (5 %).
Sur les trois premières années cumulées, de juin 2000 à décembre
2002, 30 millions d’euros tombent dans l’escarcelle de chacun des
deux groupements d’intérêt public. Les données concernant la
période qui suit sont moins évidentes, en l’absence de chiffres
consolidés. Selon d’anciens élus locaux, la « rente »
est d’au moins 10 millions par an et par département jusqu’à
l’exercice 2005. Soit 60 nouveaux millions.
Les
règles changent en juin 2006, suite à la seconde loi sur les
déchets nucléaires qui signe l’acte de baptême de Cigéo. Le
parrain est généreux et les dragées en or massif : le montant
double, avec 20 millions par an et par département jusqu’en 2009.
Sous-total en comptant les sommes précédentes : 280 millions.
A partir de 2010, malgré l’austérité qui se profile, le montant
passe à 30 millions par an et par département, cela jusqu’en
2017. Au total depuis 1995, voilà la cagnotte Cigéo atteint 764
millions d’euros.
Des projets urbanistiques farfelus
Les
conseils départementaux, les communes ou communautés de communes
arrivent à faire financer des projets plus ou moins utiles, voire
farfelus : travaux de voiries incessants, assainissement,
chauffage collectif, constructions de terrains de sport ou de salles
des fêtes flambants neuves, rénovation d’églises, aménagement
de trottoirs en granit ou érection de lampadaires à diodes
électroluminescentes, dont la qualité esthétique est à géométrie
variable… Le village de Bure installe un nouvel éclairage public :
de longs pilonnes gris au design moderne et épuré, ornés d’une
tige diffusant une lumière feutrée, parfois bleue, parfois verte.
Heureux hasard : bleu et vert, les couleurs du logo de l’Andra.
Merci Cigéo.
Manque de transparence
Détails
des fonds cumulés pour la Meuse et la Haute-Marne
Cette
pluie de subventions publiques ne sont pas les seuls fonds qui
arrosent le territoire. L’électricien EDF investit aussi
massivement en Meuse et en Haute-Marne depuis 2006. Et cela
indépendamment des dotations qu’elle fourni aux GIP. Symbole de
son implantation au cœur de ce coin de Lorraine, qui trône pile en
face du laboratoire de l’Andra à Bure : un cube en béton à
l’architecture épurée abritant 70 km de rayonnages, destinés à
accueillir toutes les archives industrielles du groupe. Un bijou qui
a coûté 10,7 millions d’euros. Tant mieux pour l’emploi local,
tant pis pour l’accessibilité, les archives de l’électricien
public se situant à 70 km de la gare Meuse TGV.
Comment « nucléariser » un territoire
EDF a investi 56 millions dans une base de logistique de pièces de rechange pour centrales nucléaires à Velaines, près de Bar-le-Duc (Meuse). Sa filiale Socodei exploite aussi un site de maintenance du parc nucléaire à Saint-Dizier (Haute-Marne), pour 42 millions d’investissement. L’entreprise a ouvert un centre de formation à Saint-Dizier et participe, avec Areva, à la création de formations, comme le BTS Environnement nucléaire d’un lycée de Saint Dizier, ou le Bac pro Maintenance industrielle et nucléaire à Bar-le-Duc. Areva a également installé son centre d’archives en Meuse (à Houdelaincourt). Une de ses filiales, LMC, y exploite une plateforme logistique de transit de matières radioactives à Void-Vacon. Le CEA n’est pas en reste : il y gère un centre de recherche à Saudron, à 2 km du labo de l’Andra. L’un des collectifs d’opposition à Cigéo, Burestop, a publié une carte et un récapitulatif de ces installations.
Plusieurs dizaines de millions d’investissement
Combien
représentent au total les investissements d’EDF ? Nos
demandes, incluant plusieurs relances, auprès du service
communication d’EDF sont restées évasives sur les chiffres mais
limpide sur les intentions : « EDF s’implique avec
les acteurs locaux (...) pour que le territoire accueille dans les
meilleures conditions le centre industriel de stockage géologique
des déchets radioactifs (Cigéo), et bénéficie du surcroît
d’activités économiques qui en résultera », indique le
service de presse. « Ces actions s’ajoutent aux
initiatives de développement économique des GIP de Meuse et de
Haute-Marne » – en sachant qu’EDF leur fourni déjà
les trois quart de leurs budgets.
Pour
les chiffres, une brochure récente intitulée « Success
stories », que Basta ! a consultée, présente le
« programme EDF d’accompagnement économique en Meuse et
Haute-Marne afin de préparer le territoire et ses entreprises au
projet Cigéo ». Au verso, deux chiffres intéressants sont
avancés : « Depuis 2006, le groupe EDF a contribué à
la création ou au maintien de 1100 emplois » dans la
région sous forme d’investissements directs dans ses filiales, des
PME, ou via des « prêts participatifs ou bonifiés ».
Un nouveau « contrat de territoire »
évalué à 500 millions d’euros
Ce
« contrat de développement territorial » sera placé
sous les auspices des deux préfectures de Meuse et de Haute-Marne.
Interrogée par Bastamag, la préfecture de la Meuse a
confirmé que ces fonds sont destinés à être déployés via les
deux GIP, sans détailler sur quelle période ils seront affectés.
Quant à la somme exacte, silence radio. Nos demandes de précisions
au secrétariat d’État sont également restées sans réponse.
Selon
nos sources, les sommes prévues seraient considérables. Uniquement
pour les « infrastructures routières », un montant de
389 millions d’euros est évoqué, essentiellement pour rénover
deux routes nationales dans le nord de la Meuse. Mais 22 millions
seront affectés aux routes départementales, dont 6 millions pour la
seule D960, qui traverse le sud de la Meuse d’Ouest en Est, et qui
passe... devant le laboratoire de l’Andra. Fort de la volonté de
« transparence » claironnée devant la presse par
Sébastien Lecornu, Bastamag a demandé confirmation de ces
montants. Les services du ministre ne nous ont pas répondu. Au
final, « l’acceptabilité sociale » de l’enfouissement
des déchets nucléaires aura nécessité au moins 1,6 milliards
d’euros.
Jérôme
Thorel - Photo : CC Aurélien Glabas – Bastamag
AILLEURS
Infos du 1er au 11 mars
Un parc éolien en mer
oppose l’Agence pour la biodiversité
et le Parc naturel de la mer d’Opale
La
direction du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer
d’Opale avait rejeté un projet d’éoliennes en mer à cause d’un
dossier environnemental jugé trop faible. Mais l’Agence française
pour la biodiversité l’a validé. Sous pressions, dénoncent
certains.
Voulue
par Ségolène Royal, définie dans la loi sur la biodiversité,
créée il y a à peine plus d’un an, l’Agence française pour la
biodiversité (AFB) devait être le fer de lance d’une défense
efficace de la nature en France. Vraiment ?
Ce
n’est pas l’opinion du président et des vice-présidents du Parc
naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. Ils
ont tous démissionné, mardi 20 février, afin de protester
contre l’avis que venait de rendre le conseil d’administration de
l’AFB. Ce dernier s’est déclaré favorable à un projet de parc
éolien au large de Dieppe et du Tréport (Seine-Maritime), alors que
le Parc marin avait, lui, émis un avis négatif quelques mois plus
tôt.
« C’est
un projet qui fait de l’énergie verte, mais en saccageant
l’environnement », estime Thierry Ruellet,
ex-vice-président du Parc marin et chercheur au sein de
l’association Gemel (Groupe d’étude des milieux estuariens et
littoraux). « J’étais favorable au départ, car c’est
un projet d’énergie renouvelable. Puis, à l’instruction du
dossier, qui fait 6.000 pages, je n’ai jamais fait autant de bonds
sur mon canapé ! »
L’objet
du désaccord est un projet de parc de 62 éoliennes frôlant les 200
mètres de haut, produisant en moyenne, par an, de quoi alimenter en
électricité environ 850.000 personnes. Elles seraient implantées
en mer, au large de Dieppe et du Tréport, sur une aire de plus de
9.000 hectares. Le
tout est porté par la société Éoliennes en mer Dieppe et Le
Tréport (EMDT). Derrière ce nom, une alliance de trois
entreprises : Engie (47 % des parts), l’entreprise
portugaise EDP Renewables (43 %) et le Groupe Caisse des dépôts
(10 %).
Le projet a « très largement évolué »
Un
tiers de ce parc éolien doit s’établir dans le Parc naturel marin
des estuaires et de la mer d’Opale. Le 20 octobre 2017,
celui-ci rendait un avis négatif après un examen poussé du
dossier.« Nous avons relevé de nombreux manques lors de son
instruction », explique Thierry Ruellet. L’avis émet
près d’une centaine de réserves et prescriptions. Il relève
ainsi que les impacts sur les mammifères marins, les oiseaux ou
certaines espèces des fonds marins sont sous-évalués. Le
scientifique regrette également que certaines analyses aient été
mal faites, et certaines données intéressantes sur la biodiversité
aient été gardées secrètes. « Ils ont financé une thèse
sur le réseau trophique [la chaîne alimentaire] »,
poursuit Thierry Ruellet. Une bonne idée. Je suis allé à la
soutenance. Cette thèse montre que la zone est très importante pour
toute la Manche, qu’elle permet l’accomplissement du cycle de vie
d’un certain nombre d’espèces, et que mettre un projet
industriel en ce lieu n’est pas une bonne idée. Mais pour
l’instant ils refusent de la rendre publique ! » Le
président de l’association Picardie nature, Patrick Thierry,
confirme : « Trois bureaux d’études ont travaillé
sur le dossier, et pourtant il y avait des biais dans les analyses.
Par exemple, ils ont compté les oiseaux marins depuis des bateaux de
pêche, cela les attire bien sûr ! »
Quelques
mois plus tard, l’avis du Parc marin a été désavoué par
l’autorité qui désormais chapeaute tous les parcs marins
français, l’AFB. Cette dernière a approuvé le projet en dépit
de quelques réserves, il y a donc une dizaine de jours. Prenant note
du vote négatif du conseil de gestion du Parc marin, l’Agence
explique dans un communiqué de presse, que depuis, le projet a
« très
largement évolué ».
Parmi les efforts consentis par l’industriel, le fait de s’abstenir
de faire du « battage
de pieux »
(cela permet d’enfoncer les fondations dans les fonds marins mais
provoque des nuisances sonores) pendant les quatre mois de la période
de reproduction des espèces marines ; le rehaussement des
éoliennes afin de diminuer les impacts avec certains oiseaux ;
l’augmentation du budget du groupement d’intérêt scientifique
qui fera le suivi des espèces marines (de 650.000 euros à 8
millions d’euros) ; ou encore la diminution du relargage de
métaux potentiellement polluants dans le milieu. « Il
s’agit bien d’un nouveau projet »,
assure l’AFB, qui écrit avoir bien « entendu »
l’avis du Parc marin de la mer d’Opale.
Au
conseil d’administration de l’Agence, l’avis positif a été
largement partagé : 25 votes pour, 7 votes contre et quelques
abstentions. Les associations environnementales nationales,
notamment, ont voté pour. « Le porteur de projet avait
vraiment oublié des choses dans le dossier, mais il a revu sa copie
et propose des mesures complémentaires », se satisfait
François Piccionne, coordinateur du réseau Océans, mers et
littoraux de France nature environnement. « Même si la zone
d’implantation n’est pas idéale, c’est l’un des meilleurs
dossiers d’éolien en mer qui nous aient été présentés à FNE
en matière d’étude d’impact. Nous soutenons ce type d’énergie,
car nous sommes contre le nucléaire et les énergies carbonées.
Nous devons proposer des alternatives ! »
« Il s’agit d’un déni de démocratie locale »
Pour
lui, la décision du Parc naturel marin est plus politique
qu’environnementale : « Ce sont essentiellement les
pêcheurs qui siègent au conseil de gestion du Parc marin, les
associations environnementales ont peu de représentants. Les
pêcheurs assurent que la zone où les éoliennes vont être
installées est une très bonne zone de pêche, mais ils ne
fournissent pas d’élément concret. »
« Le
dossier était mal embarqué depuis le début », observe
localement Patrick Thierry, dont l’association Picardie nature
adhère à FNE au niveau national. « La zone était choisie
dès le départ, alors qu’il y a des fonds marins intéressants en
matière de faune marine. »
Au-delà,
le côté politique concerne surtout le conflit entre instances
locale et nationale. Jusqu’à la création de l’AFB, les Parcs
marins bénéficiaient de ce que l’on appelle un « avis
conforme » : s’ils disaient non à un projet sur
leur territoire, l’État était obligé de le suivre. Depuis un an,
ils ne peuvent plus formuler qu’un « avis simple » :
il est consultatif, l’État fait ensuite ce qu’il veut. En
revanche, l’AFB est désormais maître de cet avis conforme. Voici
comment elle a pu désavouer son Parc. « Puisque le dossier
a évolué, nous aurions aimé pouvoir le réexaminer devant devant
le conseil de gestion du Parc, indique Dominique Godefroy,
ex-président du Parc marin des estuaires picards et de la mer
d’Opale. Mais on ne nous en a pas donné la possibilité, et
donc nous démissionnons avec les vice-présidents. Le Parc est
désormais sans gouvernance. Il n’y a pas d’intérêt à rester
dans une instance qui n’a pas de pouvoir de décision. »
- Le champ d’éoliennes offshore de Middelgrunden, dans l’Øresund,
- le détroit entre le Danemark et la Suède.
« Il
s’agit d’un déni de démocratie locale,
dénonce Thierry Ruellet, vice-président démissionnaire. Le
fait que l’on respecte notre avis était une condition
sine qua non pour
que je prenne le dossier. On nous a dit, au niveau national :
“Pas de problème, on vous suivra !” Sinon,
je n’aurais pas pris la peine d’examiner un dossier qui demande
autant de temps ! »
Par
ailleurs, les garanties obtenues par l’AFB ne lui semblent pas du
tout satisfaisantes. « Par exemple, concernant les quatre
mois sans battage des pieux. Les conditions météo sont telles qu’on
ne peut pas le faire toute l’année mais quand on demande le
calendrier pour savoir si cela correspond aux prescriptions
environnementales, on nous le refuse. Idem pour le relargage de
métaux dans l’environnement. Les promoteurs du parc éolien
demandent une autorisation pour 35 tonnes par an, ce qui est énorme,
voire irréaliste. Ensuite, ils paraissent faire une concession quand
ils acceptent de baisser de 50 % la quantité de métaux
relargués. S’ils avaient choisi d’autres méthodes de
construction, on aurait pu avoir ni battage des pieux ni relargage de
métaux dans le milieu ! C’est ce que j’ai constaté en
travaillant pour d’autres développeurs d’éoliennes en mer. »
« Et
puis, l’opérateur n’a accepté de faire des concessions qu’à
partir du moment où l’on a mis la pression de la démission dans
la balance, ajoute Patrick Thierry, de Picardie nature. Pourquoi
n’a-t-il pas pris ces engagements avant ? C’est bien qu’il
ne se soucie pas d’environnement. »
« On travaille pour la biodiversité,
on n’est pas l’agence nationale des énergies renouvelables »
Reste
à savoir pourquoi le conseil d’administration de l’Agence pour
la biodiversité a malgré tout majoritairement voté pour ce projet.
Sa composition est un premier indice : les représentants de
l’État et des établissements publics nationaux occupent 16 des 43
sièges. Autant de personnes qui votent ce que recommande le
ministère. Ajoutez quelques représentants des milieux économiques
et quelques politiques soutenant le gouvernement, on atteint presque
la majorité. Plus surprenant pour certains, le fait que les
associations de protection de la nature aient voté pour le parc
éolien. « L’augmentation du budget du groupement
d’intérêt scientifique, annoncée par l’industriel, [de
650.000 euros à 8 millions d’euros, comme nous l’indiquions
ci-dessus] va permettre à ces associations de faire des études
et des publications », note Armel Bonneron, représentant
du personnel de l’AFB au sein du conseil d’administration et
présent lors du vote. Chez FNE, François Piccionne dément :
« Les associations membres de FNE font des études dans le
cadre de nombreux projets éoliens terrestre et offshore, et
il est toujours précisé que cela n’engage en rien l’avis de nos
associations sur le projet. »
Autre
son de cloche au Syndicat national de l’environnement-FSU, dont un
porte-parole, Armel Bonneron, précise : « On ne
s’oppose pas à l’éolien en mer, mais on travaille pour la
biodiversité, on n’est pas l’agence nationale des énergies
renouvelables ». À l’instar d’autres connaisseurs du
dossier, il souligne la pression – considérable — en faveur du
projet.
Ce
parc éolien en mer serait le premier en France. Lui mettre un frein
serait un mauvais signal politique, alors que nombre de nos voisins
européens sont déjà équipés. L’enjeu économique n’est pas
moins important : « Sur 30 ans d’exploitation, les
investisseurs feraient 13 milliards d’euros de bénéfices »,
a calculé Thierry Ruellet.
Pour
calmer le jeu, le ministre de la Transition énergétique, Nicolas
Hulot, a écrit aux présidents des Parcs marins qu’ils allaient
récupérer le pouvoir de l’avis conforme dans les prochains mois…
sauf pour les projets d’envergure nationale.
Reste
un point qui met tout le monde d’accord : « Cette
affaire montre qu’il faut revoir totalement la façon dont se passe
la concertation pour ce type de projets », estime François
Piccionne, de FNE.
Les
éoliennes en mer de Dieppe–Le Tréport, elles, doivent encore
passer au travers de quelques étapes, et notamment deux enquêtes
publiques. Si tout se passe comme prévu par leurs promoteurs, elles
produiront de l’énergie à partir de 2021.
►Center parc Roybon
Les
rendez-vous contre les Center Parcs son nombreux d’ici le
week-end :
Le groupe CP-NINA
du Rousset organise, quant à lui, une « Jam Session » pour financer la grande tournée de la NINA à la salle des fêtes de Cenves le samedi 3 mars à partir de 14h00.
Mais si vous préférez les travaux de chantier collectif, vous pourrez vous rendre sur les barricades entre le 1er mars et le 4 mars sur la ZAD de Roybon.
►Zad du Moulin :
Menaces sur la ZAD du Moulin, rassemblements tous les mercredi.
https://gcononmerci.org/manifs/menace-sur-la-rassemblement-prefecture/
« L’appel
des bosquets » Ami-e-s lutins, lutines, licornes, hamsters,
blaireaux, ... des arbres centenaires sont morts sous les machines
d’Holtzinger, prestataire de service pour le compte d’Arcos,
filiale de Vinci en charge du dossier GCO, au nom du profit de
quelques individus. Les rescapés, des bosquets, appellent à l’aide
et comptent sur votre conscience et votre humanité pour les sauver.
Ne
nous regardez pas, rejoignez-nous !
Ils
et elles appellent également à votre vigilance de jour comme de
nuit sur les 24km du tracé de ce projet funeste. Jusqu’à jeudi
les tronçonneuses peuvent à tout moment continuer ce massacre. Ne
Laissons pas faire, nous sommes la nature qui se défend face à
ARCOS et son monde.
A
toute personne disponible, ne laissons pas Vinci s’imposer dans nos
vies ! Venez renforcer les défenses sur le terrain. Il n’y a
pas de petite ou grande aider, seulement donner un peu de son temps,
car un peu + un peu, font de nous une bien belle personne face à la
noirceur de ceux qui veulent nous imposer cette autoroute inutile.
Des
habitant.e.s de la forêt Des électrons libres,
►Europacity :
Dans
la série des nouvelles qui font plaisir : Le tribunal
administratif de Cergy-Pontoise a annoncé aujourd’hui que l’arrêté
autorisant la création de la ZAC du "triangle de Gonnesse",
qui devait accueillir le projet fou de centre commercial/centre de
loisir Europacity à 3 milliards d’euros, était... annulé !
Motif : "l’’étude d’impact n’avait pas
suffisamment procédé à l’évaluation des incidences
environnementales du projet"
Une
bonne nouvelle pour les 280 hectares de terres agricoles directement
concernées par le projet.
Lire le communiqué
complet ICI.
Dommage,
ça avait l’air vraiment génial !!
Le méga projet EuropaCity subit un lourd revers
Le
tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé mardi 6 mars
l'arrêt préfectoral autorisant la
création de la zone d’aménagement concerté, estimant que
« l’étude
d’impact mise à disposition du public (...) était insuffisante ».
Le
projet EuropaCity, un méga complexe à vocation touristique qui
devait être construit dans le Val-d’Oise, a subi un lourd revers,
mardi 6 mars, après la décision du tribunal administratif de
Cergy-Pontoise annulant l’arrêt préfectoral qui autorisait la
création de la zone d’aménagement concerté. Saisi par plusieurs
associations de défense de l'environnement, le tribunal estime
notamment que « l’étude d’impact mise à disposition du
public dans le cadre de l’enquête publique (...) était
insuffisante », rapporte l'AFP.
La
zone d'activité d'EuropaCity comptait accueillir d'ici à 2024, sur
80 hectares de terres encore agricoles, un vaste parc
d'activités touristiques et culturelles. Le projet est évalué à
3,1 milliards d’euros. Mais dans sa décision, le tribunal
juge que le dossier « mis à disposition du public ne
précisait pas suffisamment de quelle manière les besoins
énergétiques du projet allaient être couverts » et que
« l’étude était insuffisante s’agissant de l’incidence
du projet sur la qualité de l’air, compte tenu notamment des
émissions de CO2 induites par les
déplacements de touristes, eu égard à la création d’EuropaCity ».
Le
tribunal estime aussi que « l’étude d’impact n’avait
pas suffisamment procédé à l’évaluation des incidences
environnementales du projet cumulées à celles des travaux de
création de la ligne 17, alors que les deux projets sont liés ».
Pour le tribunal, ces lacunes « ont nécessairement,
par leur importance et leur cumul, été de nature à nuire à
l'information complète de la population et à exercer une influence
sur la décision de l'autorité administrative ».
Le
directeur du développement d’EuropaCity, contacté par l'AFP, ne
voit pas dans cette décision un « coup d’arrêt »
au projet, arguant que le calendrier a déjà été modifié
récemment, le projet devant voir le jour en 2017 et non plus en
2014.
Un
report dû notamment au fait que la ligne 17 est en elle-même
menacée (lire
notre article Grand
Paris: bataille de sens et de sous autour de la ligne 17).
En janvier 2018, un
avis de l'Autorité environnementale du Conseil général de
l'environnement et du développement durable avait estimé
qu'une nouvelle actualisation de l'étude d'impact était nécessaire
en raison de « lacunes
importantes »,
notamment concernant l'impact cumulé de différents projets sur le
« triangle de Gonesse » (la zone où devait être
construit EuropaCity), l'impact des bases travaux, le traitement des
eaux de chantier et l'habitat de certaines espèces rares.
Fin de partie pour Europacity
Mardi 6 mars, le tribunal de Cergy-Pontoise a annulé l’arrêté préfectoral autorisant l’urbanisation des terres fertiles du triangle de Gonesse. Reporterre explique la décision, et raconte l’histoire d’Europacity, un projet démesuré de centre commercial et de loisirs aux impacts environnementaux dévastateurs. Contré par une lutte couronnée de succès.
C’est un coup fatal porté au projet Europacity. Mardi 6 mars, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé l’arrêté du 21 septembre 2016 du préfet du Val-d’Oise qui autorisait la création de la Zone d’aménagement concerté (Zac) du triangle de Gonesse, devant accueillir le mégacomplexe commercial. Motif, « l’étude d’impact mise à disposition du public dans le cadre de l’enquête publique, ayant eu lieu du 25 avril au 25 mai 2016, était insuffisante sur plusieurs points ».
Et ces points sont nombreux : « Le dossier mis à disposition du public ne précisait pas suffisamment de quelle manière les besoins énergétiques du projet allaient être couverts. Le tribunal a également relevé que l’étude était insuffisante s’agissant de l’incidence du projet sur la qualité de l’air, compte tenu notamment des émissions de CO2 induites par les déplacements de touristes, eu égard à la création d’Europacity. Enfin, le tribunal a estimé que l’étude d’impact n’avait pas suffisamment procédé à l’évaluation des incidences environnementales du projet cumulées à celles des travaux de création de la ligne 17, alors que les deux projets sont liés », a jugé le tribunal. Qui a rappelé « l’importance de l’impact potentiel de ce projet sur l’environnement, compte tenu notamment de la suppression de 280 hectares de terres agricoles ».
Le mégacomplexe commercial Europacity, porté par Immochan, filiale immobilière du groupe Auchan, et cofinancé par Wanda, géant chinois de l’immobilier, devait à lui seul occuper 80 hectares de la ZAC. Ce projet à 3,1 milliards d’euros de commerces, hôtels, restaurants et équipements culturels et sportifs — une piste de ski sous cloche y était même envisagée — espérait drainer 31 millions de visiteurs par an dans une zone où toute construction de logement est exclue, à cause des nuisances causées par les aéroports de Roissy-Charles-de-Gaulle et du Bourget.
« Ce projet de ville aéroportuaire
est incompatible avec la lutte
contre le changement climatique »
Pour Me Étienne Ambroselli, l’avocat des opposants à Europacity, cette entreprise démesurée se conjugue déjà au passé. « La décision du tribunal est un coup d’arrêt. Il faut être très clair : ce projet de ville aéroportuaire est complètement incompatible avec la lutte contre le changement climatique. Il est impossible de démontrer qu’il n’aura aucun impact sur la qualité de l’air et les émissions de gaz à effet de serre, puisqu’il est censé encourager les transports aériens. » L’avocat se montre confiant pour la suite : « L’État français veut donner des leçons à tout le monde en matière de lutte contre le changement climatique, il ne devrait donc pas s’acharner dans cette urbanisation. L’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes procède de la même logique. »
Bernard Loup, du Collectif pour le triangle de Gonesse, a accueilli la nouvelle avec joie et soulagement. « C’est une excellente nouvelle ! Le jugement va tout à fait dans le sens de l’avis de l’Autorité environnementale sur ce dossier. Désormais, on espère qu’Europacity va finir par être abandonné, car les éléments défavorables s’accumulent : le report de la ligne 17 du métro [à 2027 au lieu de 2024] et l’annonce d’un investissement de deux milliards d’euros et la création de trois nouvelles zones thématiques dans Disneyland Paris, le parc d’attractions concurrent. Pour eux, ce sont des nuages qui s’amoncellent ; pour nous, des éclaircies ! »
Pour l’ingénieur urbaniste Robert Spizzichino, la décision du tribunal administratif n’aurait pas pu être différente : « L’enquête publique pour la déclaration d’utilité publique (DUP) de la ZAC a été lancée précipitamment en fin d’année dernière. Elle a réuni 3.500 avis, pour la plupart négatifs, qui pointaient les impacts environnementaux et les incertitudes du projet — hypothèses sur le trafic, impact sur le commerce local, partage de la gestion entre Europacity et l’État. » Et de rappeler les avis négatifs de l’Autorité environnementale et du commissaire enquêteur dans le cadre de l’enquête publique sur la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de Gonesse, que les communes concernées avaient royalement ignorés pour valider le projet en septembre 2017.
Le PLU sur la sellette,
le projet agricole alternatif Carma
dans les starting-blocks
En
attendant, les opposants entendent poursuivre la mobilisation, avec
un rassemblement le 27 mai prochain sur le triangle de Gonesse.
« Même si l’on ne pense pas que la décision du juge soit
suffisante pour empêcher l’urbanisation de ces terres agricoles,
elle ne peut que nous encourager et nous donner l’espoir d’aller
au bout », conclut Bernard Loup.
EUROPACITY :
HISTOIRE D’UNE LONGUE LUTTE,
COURONNÉE DE SUCCÈS
Aux
portes de la capitale, les terres fertiles — et encore vierges de
toute urbanisation — du triangle de Gonesse suscitent depuis
plusieurs décennies la convoitise des aménageurs. Bureaux,
entrepôts, technopôle, chacun spécule sur la meilleure manière de
bétonner ces centaines d’hectares encore cultivés. Depuis 2006,
l’établissement public d’aménagement Plaine de France projette
d’y créer une zone d’aménagement concerté (Zac).
2010 : et Europacity naquit
Europacity
est né, même s’il n’est ni explicitement nommé ni précisément
localisé. Ce sera chose faite quelques mois plus tard : lors du
débat public sur les projets de réseaux de transport du Grand
Paris, Christophe Dalstein, directeur d’Alliages et Territoires,
filiale d’Immochan (la branche immobilière d’Auchan), confirme
le projet d’implanter un immense centre commercial et de loisirs
sur la future Zac du triangle de Gonesse, à la condition de pouvoir
disposer d’une gare à proximité.
2014 : soutien au sommet de l’État
et opposition festive
Pour
assoir la légitimité du projet, Europacity multiplie les
partenariats, avec la Réunion des musées nationaux et la chambre de
commerce et d’industrie de Paris - Île-de-France notamment.
2016 : Europacity sur les rails
Restaurants,
hôtels, pistes de ski, salles de spectacle, parc aquatique… Pour
porter ce projet colossal chiffré à 3,1 milliards d’euros et
censé ouvrir en 2024, Immochan et le groupe chinois Wanda Group
annoncent en février 2016 avoir conclu un contrat d’investissement
pour réaliser ensemble Europacity. Quelques mois plus tard, Wanda
prendra 49,9 % du capital d’Alliages et Territoires.
Alors
que l’entreprise semble voir l’avenir en rose, l’Autorité
environnementale émet en mars un avis réservé quant à la création
de la Zac de Gonesse, s’interrogeant sur le choix de l’emplacement
« sur une zone aujourd’hui non urbanisée avec des sols
d’une très grande valeur agronomique » et regrettant
l’absence de solution de substitution. Malgré ces réticences, la
préfecture du Val-d’Oise autorisera la création de la Zac en
septembre de la même année, première étape indispensable à la
construction d’Europacity.
2017 : les alternatives se multiplient,
mais le projet reste
Début 2017, les opposants élaborent une alternative au projet de mégacomplexe commercial. Son nom : Carma, pour Coopération pour une ambition rurale métropolitaine et agricole. Son objectif : faire du triangle de Gonesse un pôle d’excellence de l’agroécologie périurbaine. Terre de liens, Biocoop, France nature environnement, Fermes d’avenir, ou encore le réseau Amap se greffent à l’initiative.
Mais
en septembre, malgré un avis défavorable du commissaire enquêteur
à la suite de l’enquête publique, le conseil municipal de Gonesse
vote une révision du plan local d’urbanisme ayant pour effet de
rendre constructibles des projets à vocation commerciale sur les 300
hectares de terres agricoles du triangle de Gonesse (dont 80 ha
pour Europacity), permettant ainsi la création de la ZAC.
2018 : fin de partie ?
Le
6 mars 2018, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, saisi
par des associations, annule l’arrêté préfectoral de création
de la ZAC, en
raison de l’insuffisance de l’étude d’impact sur les questions
environnementales.
►Montabot : (anti THT)
Granges de Montabot - Activités, projets en cours, échanges d’informations. Bière, assemblée et prépa chantier : ces prochains jours à la grange : https://antitht.noblogs.org/2577
Grand Contournement de Strasbourg :
l’État doit respecter ses engagements
Infos du 12 au 18 mars
►Bure
Cette
semaine, on vous encourage à aller écouter Zi’Radio, la radio des
Z’iradiés de Bure !
GCO de Strasbourg :
la pression s’accentue sur les opposants
Depuis
l’été 2017, une petite Zad se développe contre le projet de
contournement autoroutier de Strasbourg. Entre mobilisations
ponctuelles et installation en « dur », la vie et la
lutte s’organisent alors que la pression policière s’intensifie.
Kolbsheim
(Bas-Rhin), reportage
Cela
fait trois mercredis matins que la chaîne de textos a
repris du service. La première fois, c’était le 21 février.
La dizaine d’habitants de la zone à défendre (Zad) du moulin, à
Kolbsheim, avaient appelé des renforts à venir dormir dès la
veille. Ils contestent la réalisation et l’utilité du Grand
Contournement ouest (GCO) de Strasbourg, une
autoroute payante de 24 kilomètres. La petite clairière de la
Zad se situe au milieu du tracé.
Dès
6 heures, les militants s’étaient postés sur un chemin qui mène
à la petite Zad formée en août 2017. Ils avaient été rejoints
par des dizaines de soutiens, au compte-goutte. Pourquoi ce
matin-là ? Les techniciens de Vinci (par l’intermédiaire de
sa société Arcos) s’étaient annoncés depuis une semaine.
Selon
un décompte de la poignée de gendarmes venue superviser le
face-à-face sans intervenir, il y avait jusqu’à 90 personnes face
à la demi-douzaine de salariés de Vinci et leur petite pelleteuse,
arrivées vers 8 h 30. La confrontation avait tourné
court. Les techniciens, accompagnés d’un huissier, avaient
simplement constaté qu’ils ne pouvaient guère travailler. Une
chaîne humaine s’était dressée devant eux. Sur le chemin, des
monticules bloquaient les accès aux véhicules. Les échanges
étaient cordiaux.
Mercredi
28 février, rebelote. Mais avec seulement une vingtaine
d’opposants, en période de congés scolaires et de températures
négatives.
D’abord interpellés pour « sabotage »
Mercredi
7 mars, toujours vers 8 h 30, la scène s’est
déroulée dans un verger en contrebas. Cette fois-ci, l’ambiance
bon enfant a laissé place à un échange musclé et tendu. Deux
opposants se sont enchaînés sous l’essieu de la machine de
sondages géotechniques. Et lorsque la machine a rebroussé chemin
une bonne heure plus tard, le ton est monté avec les gendarmes, plus
nombreux. Les deux jeunes hommes, 27 et 31 ans, ont été embarqués
dans la foulée, malgré les protestations de la trentaine
d’opposants. D’abord interpellés pour « sabotage »,
ils ont passé la journée dans deux commissariats. Ils ont été
relâchés en fin de journée, mais convoqués le 14 mai au
tribunal correctionnel de Strasbourg pour « opposition par
la violence ou voies de faits à l’exécution de travaux publics ou
d’utilité publique ». Une dégradation légère sur le
camion par l’un des deux opposants fait aussi l’objet d’une
plainte.
Lors
d’un des face à face entre gendarmes, opposants et employés de
Vinci/Arcos.
Les
portables alsaciens s’étaient déjà mis à vibrer de la sorte, en
septembre 2017. Des
riverains s’étaient interposés face aux machines et le
déboisement avait été reporté. Depuis, le ministre de la
Transition écologique, Nicolas Hulot, a néanmoins validé le projet
en janvier, passant
outre un second avis du Conseil national de protection de la nature
qu’il avait lui-même exigé.
Lors
de ce type d’appel, c’est un public familial et de retraités qui
ne vivent pas sur la Zad qui rejoint la contestation. C’est aussi
lors de la pause déjeuner qu’une association du village a fait don
aux Zadistes d’une casserole de cassoulet, les restes du repas
mensuel de ses adhérents.
Compte
tenu de cette relation étroite avec les riverains et la rapide
capacité à se mobiliser, Camille (un nom d’emprunt) insiste sur
le fait que la Zad n’est qu’une « partie émergée »,
certes prisée par les journalistes pour faire des images, de
l’opposition au projet.
Lors
de la confrontation le 21 février, les employés avaient
annoncé revenir dans l’après-midi. À l’heure du déjeuner, un
nouveau texto appelait à venir en nombre vers 13 h, au cas où.
Mais trois heures plus tard, aucun gilet orange n’avait été
aperçu.
Ces allées et venues à répétition,
parfois en vain,
fatiguent et lassent
« C’est
un peu masochiste, à la fois on espère que Vinci ne vienne pas, et
en même temps, on espère n’être pas venu pour rien »,
s’amuse Maxime pendant l’attente. Il est venu à la Zad pour la
première fois avec cette mobilisation expresse, comme une partie des
personnes croisées ce jour-là. Il y a dormi la veille.
Mais
ces allées et venues à répétition, parfois en vain, fatiguent et
lassent certains opposants. L’alerte est parfois donnée du côté
de la forêt de Vendenheim, à une vingtaine de kilomètres de là,
sur le nord du tracé.
Les
gens postés sur place et leurs relais pour la communication visent
désormais à limiter les appels et, surtout, à distinguer les
menaces réelles, pour ne pas se disperser.
« La
multiplication des appels développés depuis quelque temps fait
réagir. C’est bien, mais il faut aussi que nous soyons pédagogues
pour expliquer ce qui se passe sur le terrain et faire la distinction
dans les travaux en cours »,
écrivaient début mars les opposants dans
un texte de blog qui sonne comme un bilan contrasté. Ils ont
ainsi assisté impuissant au déboisement de parcelles et de bosquets
dans les environs.
Depuis
août, la Zad s’est structurée. Exit les tentes et bonjour la
grande cabane en bois chauffée, fabriquée avec des matériaux de
récupération. Une terrasse et une autre construction sont en cours
de travaux. Le ramassage des poubelles a été rendu possible par le
maire de Kolbsheim, Dany Karcher, opposant notoire.
Un
poulailler a ainsi été construit. Ses 10 poules pondent 10 œufs
par jour, soit un par habitant. Deux petits poussins sont même nés
sur la Zad. Trois chiens de compagnie et deux lapins vivent aussi sur
le site. Un troisième rongeur à longues oreilles a, lui, succombé
à la loi de la nature, mangé par un prédateur. « On a
juste entendu crier, mais on ne l’a pas revu », s’amuse
un occupant. Un terrier de renard aurait été aperçu dans les
environs.
Pour
maintenir leur engagement dans la durée, certains occupants ont une
activité à temps partiel comme animateur « nature »
ou comédien dans les animations périscolaires.
L’évacuation par la force pèse
La
Zad est aussi passée par un moment difficile où le premier habitant
a été exclu, après un comportement considéré comme « une
dérive autoritaire » par ceux toujours présents. Mais
►On
relaie des infos de Dordogne à propos d’un projet pour
toujours plus de bétonnage :
Le
projet de déviation court-circuite Beynac.
L’opération
consiste en la réalisation d’une nouvelle liaison routière
contournant le bourg de BEYNAC, prolongeant ainsi l’aménagement de
la Voie de la Vallée de la Dordogne, et s’inscrivant dans
l’optique de l’aménagement progressif de l’itinéraire
BERGERAC – SOUILLAC via SARLAT.
Projet Europacity :
poireaux et radis « clandestins »
menacés d’expulsion
Le mardi 6 mars dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise annulait la création de la zone d’aménagement dite du « triangle de Gonesse » devant accueillir Europacity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs au nord de Paris. Jolie victoire pour les associations de défense de l’environnement, qui bataillent depuis des années contre la bétonisation de 280 hectares de terres agricoles dans le Val-d’Oise, entre les aéroports de Roissy et du Bourget.
Depuis,
la joie est un peu retombée. Dans
un communiqué, le Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG)
annonce avoir reçu, dans la foulée de cette décision de la justice
administrative, un courrier de l’Etablissement public foncier
d’Ile-de-France (Epfif), le sommant de quitter un champ cultivé
depuis mai 2017.
Avec
une bonne dose d’ironie, le collectif explique qu’il doit
également « procéder à la suppression des plantations
effectuées », s’amusant que l’Epfif « ignore
visiblement qu’à cette saison de l’année, les plantations sont
encore à l’état de graines ou de jeunes pousses à peine
visibles » : « Alors que l’opération
Europacity se heurte à une opposition grandissante, le conseil
régional, via son bras armé l’Epfif, vient de se fixer un
objectif de grande envergure : faire détruire une modeste
parcelle où ont été plantés potirons, tomates, courgettes, radis,
poireaux et seigle », observe le président du CPTG,
Bernard Loup.
Situé
le long de la D170, sur la zone retenue par Immochan (filiale
immobilière du groupe Auchan) et le conglomérat chinois Wanda pour
leur projet, la parcelle de la discorde a été prêtée au collectif
par un agriculteur et mise en culture lors d’un rassemblement le
21 mai 2017 sur le Triangle de Gonesse. La récolte, elle, a été
partagée dans le cadre, notamment, de « soupes
républicaines » à Gonesse, Paris et Montreuil.
►Quartier en danger à Millau :
Les habitants d’un quartier situé sur les flancs du plateau du Larzac sont menacés d’expropriation, au nom de la loi Barnier, pour des risques naturels majeurs imaginaires. Le Maire refuse de prendre en compte l’avis de géologues expérimentés, payés par les habitants qui depuis six ans et demi tentent de se défendre.
►Hambach :
Les
flics ont expulsé une barricade, bouché un tunnel avec du béton et
arrêté 4 camarades à Hambach. PLUS
D’INFOS ICI
►GCO :
STRASBOURG : LA ZAD DU MOULIN DE KOLBSHEIM SORT DE L’HIVER sur Taranis.news
►Montabot :
Vous
voulez savoir ce qui se trame autour de la grange du Montabot et
avoir une idée, des actions et RDV des derniers mois et de ceux à
venir :
https://zad.nadir.org/IMG/pdf/news_grange_printemps_2018_v2.pdf
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire