Paris votera contre le renouvellement
de la licence du glyphosate
dans l’Union européenne
La Commission européenne proposera en octobre de renouveler pour dix ans l’autorisation de cette substance, classée « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer.
Le Monde.fr avec AFP | 30.08.2017
Le ministre de la transition écologique et solidaire Nicolas Hulot à Paris le 30 août. ALAIN JOCARD / AFP |
La France votera contre la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du glyphosate, herbicide controversé le plus répandu dans l’Union européenne (UE), a annoncé, mercredi 30 août, le ministère de la transition écologique.
La France adopte ainsi une position clé, car une majorité qualifiée est requise dans ce dossier. Le vote sur l’autorisation de cet herbicide controversé devrait avoir lieu le 4 octobre prochain, lors d’un comité d’experts durant lequel les pays donneront leur position.
Paris justifie ce refus par les « incertitudes qui demeurent sur sa dangerosité », a précisé une source au ministère de la transition écologique, interrogée par l’Agence France-Presse.
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Expiration à la fin de 2017
En 2016, Paris s’était déjà opposé à un renouvellement d’autorisation, ainsi que Malte, tandis que sept pays s’étaient abstenus, dont l’Allemagne et l’Italie, bloquant la décision. La Commission avait exceptionnellement prolongé l’autorisation pour dix-huit mois, jusqu’à la fin de 2017, dans l’attente de nouveaux avis d’agences européennes.
Depuis, l’Agence européenne chargée des produits chimiques (ECHA) et celle de la sécurité des aliments (EFSA) ont estimé qu’il n’y avait pas de raison de classer cette substance comme cancérogène. Cette substance active entre notamment dans la composition du Roundup, le produit phare de l’entreprise Monsanto.
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Les avis de ces deux agences européennes n’ont toutefois pas mis fin à
la controverse scientifique sur la dangerosité de ce produit classé
« cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer.Colère du monde agricole
Cette annonce a été saluée par les ONG environnementales. Générations futures, une organisation française, s’est réjoui « de la position ambitieuse de la France sur ce sujet ». « Il va maintenant falloir que le gouvernement français réussisse à convaincre d’autres Etats membres de le rejoindre sur cette position. Les citoyens européens et les ONG comptent sur lui pour montrer la voie », a commenté François Veillerette, directeur de l’association qui avait récemment mis en cause l’évaluation, réalisée par l’ECHA et l’EFSA.
Du côté du monde agricole, en revanche, la décision de la France a soulevé des critiques. Un recours « raisonnable » au glyphosate est jugé « essentiel » pour que les semis puissent se développer face aux mauvaises herbes, a exposé Arnaud Rousseau, président de la Fédération des oléoprotéagineux (pois, lupins, féveroles).
Les techniciens estiment également que l’interdiction de l’herbicide renchérirait les coûts d’exploitation pour les agriculteurs, forcés de recourir à nouveau aux labours pour nettoyer les sols avant semis. Arnaud Rousseau est allé plus loin, avançant que l’interdiction compromettrait l’agroécologie et les efforts des agriculteurs en faveur du réchauffement climatique.
Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/08/30/paris-votera-contre-le-renouvellement-de-la-licence-du-glyphosate-dans-l-union-europeenne_5178557_3244.html#SrVoGFkJkJpWzw55.99
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