Chronique des ZAD août 2017
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
PROJET D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Source : ZAD.nadir.org et médias
Août 2017
riposte anti
fasciste :
ILWU
à
San Fransisco (USA)
– collectif
du Testet (81) –
CGO
Srasbourg (67)
frontière
franco-italienne (05) -
Indymedia
Freiburg (Allemagne) – Europacity
à Gonesse (95)
ZAD
de NDDL - 44
Infos du 1er au 6 août
Le
mois d’aout commence sur la zone, avec un effet immédiat sur le
rythme de publication des nouvelles.
Infos du 7 au 13 août
[nddl-intercomités] Discussion sur l'usage des terres et des communs de la ZAD
Parce
qu'il n'y aura pas d'aéroport et qu'il est vital de penser dès
maintenant l'après projet, réservez la date !
Discussion sur l'usage des terres et des communs de la ZAD le 29 août à 20h à la Wardine et dès 19h pour un apéro-grignotte partagé.
Avec la « médiation » du gouvernement, ça nous semble plus que jamais le moment qu’on avance sur ce qu’on souhaite une fois qu’on aura arraché l’abandon du projet de délocalisation de l’aéroport de Nantes Atlantique.
Discussion sur l'usage des terres et des communs de la ZAD le 29 août à 20h à la Wardine et dès 19h pour un apéro-grignotte partagé.
Avec la « médiation » du gouvernement, ça nous semble plus que jamais le moment qu’on avance sur ce qu’on souhaite une fois qu’on aura arraché l’abandon du projet de délocalisation de l’aéroport de Nantes Atlantique.
On
parle de tous les usages, que ce soit habiter, cultiver, admirer,
protéger, etc. L’idée est de construire l’avenir dès
maintenant en s’occupant des terres et des communs de la ZAD
sans l’intermédiaire de l’état et de la chambre d’agriculture,
mais sans nous entre-tuer pour autant.
Vous êtes les bienvenu-e-s !
Ordre du jour à venir prochainement sur le site zad.nadir.org
Infos du 14 au 20 août
►Vinci
Corporatewatch
a mis à jour cet été un
rapport (en anglais) sur Vinci, leur rôle à Calais mais aussi à
Nantes.
S’il
y a des traducteur-trices pour des parties croustillantes, on est
preneur-euses !
►ZAD
Le programme de la Semaine intergalactique a été mis à jour !Infos du 21 au 27 août
►Des
photos du chantier de l’ambazada par ValK :
Depuis la semaine intergalactique sur la zad :
soutien à Robin, mutilé par la police à Bure,
et aux autres camarades blessés.
Depuis
la semaine intergalactique qui s’est ouverte sur la zad de
Notre-Dame-Des-Landes au lendemain de la manifestation contre la
poubelle nucléaire de Bure, nous souhaitons affirmer notre
solidarité pour les camarades blessé.e.s par la police française.
Robin, comme d’autres a été victime d’une des grenades
explosives lancées sur les manifestant.e.s le 15 août à Bure. Elle
lui a déchiqueté le pied. Ce père de deux jeunes enfants,
actuellement hospitalisé à Nancy, risque d’être amputé des
doigts d’un pied.
Pendant
l’opération César en 2012 sur la zad de Notre-Dame-des-Landes, de
nombreuses autres personnes avaient déjà été blessées grièvement
par ces grenades, assourdissantes ou de désencerclement. C’est
l’une d’elles qui a emporté la vie de Rémy Fraisse sur la zad
du Testet en 2014. Le nouveau gouvernement français et sa police ont
cette semaine manifesté leur choix de continuer à mutiler ceux qui
se battent contre l’extension du nucléaire ou du réchauffement
climatique, contre la destruction des forêts et terres nourricières,
contre les vies soumises à l’économie.
Nous
groupes de différents pays, actuellement réunis sur la zad pour
échanger sur la suite de ces luttes assurons que nous les
poursuivrons partout où il le faut, avec tout le soutien nécessaire
pour les inculpé.e.s et blessé.e.s par la répression.
Depuis
l’Ambazada, sur la Zad de Notre-Dame-Des-Landes, le 18 août 2017.
NDA :
Du
19 au 26, réunion annuelle sur la Zad (à la Vacherie et présentes
également à l’Ambazada) d’une douzaine de chorales
révolutionnaires soit environ 150 choristes venu-es de France,
d’Angleterre et d’Italie, dont la chorale des P.O., sous un
soleil superbe (infos
par tel de Claude)
Et
pour finir, représentation place du Bouffay à Nantes :
https://www.youtube.com/watch?v=Z0HATnil04I
Infos du 28 au 31 août
►On
reçoit et transmet une déclaration de soutien de la Via Campesina à
l’avenir de la ZAD, élaborée cet été au Pays Basque par le
mouvement paysan international.
« A
Notre-Dame-Des-Landes, une fois le projet d’aéroport abandonné,
le statut des terres de la zad devra être gelé afin de laisser aux
paysan-ne-s, aux habitant-e-s de la zad et au mouvement anti-aéroport
le temps de définir pour elles les usages les plus pertinents »...
AILLEURS
Infos du 7 au 13 août
Anti-Nucléaire : Un petit coucou du côté de Bure où la résistance carbure !
►Et le 15 août, grosse manif, toutes « en marche » contre Cigéo et son monde atomique !
Infos du 14 au 20 août
►Antifascisme
« L’ACCORD UNION EUROPÉENNE-LIBYE QUI SE PRÉPARE RELÈVE DU CRIME CONTRE L’HUMANITÉ ! » On relaie ce texte qui fait le point sur la gravité de la situation, et sur la terrible « gestion » planifiée des réfugiéEs. Un communiqué de DEFEND MEDITERRANEA, un réseau antifasciste et solidaire méditerranéen contre l’expédition identitaire Defend Europe et l’Europe forteresse.
►Anti-Nucléaire :
Droit dans le Bure
Pour suivre les infos là-bas, c’est ici
Seul message du gouvernement à Bure, la répression
Lors
de la manifestation du 15 août à Bure, nous ne sommes pas passés
loin du drame, nous comptons 6 blessés graves et une trentaine de
blessés légers. Nous avons été bloqués à la sortie de Bure par
un dispositif policier énorme. Alors que le projet CIGEO a subi de
nombreux revers juridiques et techniques, la seule réponse du
gouvernement, c'est la répression.
Voici
le communiqué de presse des opposants :
Aujourd’hui,
la manifestation devait se déployer entre Bure et Saudron, pour
rejoindre le lieu où se trouve l’enceinte néolithique récemment
découverte et appelée à disparaître sous les coups de pelleteuse
de l’Andra. L’objectif était de poser un acte fort pour
concrétiser l’opposition au projet CIGÉO. Nous refusons que
l’Andra, qui empoisonne déjà le quotidien des habitants de la
région, s’apprête à faire disparaître définitivement ces
vestiges de notre passé tout en hypothéquant notre avenir.
Fouilles
systématiques des véhicules, blocage de la manifestation à la
sortie de Bure, salves de grenades lacrymogènes et de
désencerclement dans les champs et les villages, tirs de canon à
eau dans le petit village de Saudron (50 habitants) : les autorités
n’ont reculé devant rien pour empêcher les 1000 opposant.e.s
prénsent.e.s de manifester et ont blessé plusieurs personnes, dont
certaines gravement.
Aux
promoteurs de cette poubelle nucléaire, nous voulons rappeler qu’en
nous empêchant de manifester, ils ne font qu’attiser un peu plus
une colère légitime – et partagée - contre ce projet imposé.
Ce
n’est pas en réprimant les manifestations qu’on fera disparaître
la contestation contre un projet dont les failles s’avèrent chaque
jour plus graves. Est-ce à coup de canon à eau que l’Andra compte
noyer les risques d’incendie et d’explosions souterrains ?
Espère-t-elle faire disparaître les rejets radioactifs de CIGÉO
sous un nuage de gaz lacrymogènes ?
Bure : « Juste avant que mon pied saute,
j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête »
Un
jeune homme a été grièvement blessé à Bure par une grenade
lancée par les gendarmes, le 15 août. Il risque de perdre son pied.
Les manifestants décrivent des scènes d'une extrême violence, mais
la préfecture de la Meuse réfute ces accusations. De simples
« informations
circulant sur les réseaux sociaux »,
selon les autorités locales.
Une
pluie de grenades, des explosions à hauteur de visage, des corps
projetés en l’air comme s’ils sautaient sur une mine, des
enfants éclaboussés par le canon à eau de la gendarmerie :
quarante-huit heures après la manifestation contre Cigéo, le site
d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, aux confins de la
Meuse et de la Haute-Marne, des opposants accusent les gendarmes
d'avoir mis en place une stratégie de la tension et décrivent des
scènes d'une violence extrême.
Robin,
gravement blessé à Bure, sur son lit d'hôpital, le 17 août 2017.
Le
cas le plus grave concerne Robin, père de deux enfants, grièvement
blessé par une grenade GLI-F4 qui a brisé la plupart des os de son
pied. Actuellement hospitalisé, il risque l’amputation de ses cinq
orteils.
Journaliste et réalisateur, Sébastien Bonetti a filmé la manifestation du 15 août. Il raconte s’être senti « en danger physique » pour la première fois dans une manifestation : « Alors que je tenais ma caméra, par trois fois, j’ai failli me prendre une grenade dans le visage. Si quelqu’un ne m’avait pas crié “cours !”, à chaque fois, je me la prenais. Je me suis senti visé. J’ai vu des grenades éclater à deux mètres du sol, au niveau du visage des gens. C’était hallucinant. Quand je suis reparti, j’étais sous le choc. On est passé à rien d’avoir un mort à Bure. » Il décrit aussi le puissant jet du canon à eau s’abattant sur le cortège alors que s’y trouvaient des enfants.
Restes de
la grenade GLI F4 qui a blessé Robin, recueilli par des
manifestants.
Yann,
un manifestant, a vu la grenade à effet de souffle tomber sur le
pied de Robin : « C’était en fin de manif. Il
tournait le dos aux gendarmes, et faisait partie de ceux qui
criaient : “C’est fini, on rentre.” J’étais à 20
mètres de lui environ. J’ai vu un truc arriver et exploser en
tombant sur son pied. Dans la seconde, son pantalon était
déchiqueté. »
D’après
lui, la grenade a été tirée depuis une distance de 100 mètres.
Après la dispersion de la manifestation, il est retourné sur
place : « J’ai retrouvé un cratère de 40 cm de
diamètre, noir, calciné, dans lequel on a retrouvé des morceaux de
tissus et de cuir déchiqueté de la botte du copain, et l’ogive de
la grenade. » Sébastien Bonetti a également été témoin
de la blessure : « J’ai vu son pied exploser. C’est
la première fois de ma vie que je voyais ça. Sa chaussure a
explosé, son pied pendouillait. »
Des
manifestants ont prélevé les restes de grenades retrouvés au sol
après la dispersion du rassemblement. Selon leur décompte, entre 15
et 30 grenades GLI-F4, contenant 25 grammes de TNT, ont été tirées
par les gendarmes le 15 août. Ils ont retrouvé les restes de 2 à 6
grenades de désencerclement, entre 30 et 80 grenades lacrymogènes
MP7 à main et avec propulseur ainsi que 5 à 15 balles de gommes de
40 millimètres de diamètre, lancées par des LBD. Un autre
manifestant décrit une ferme bombardée de lacrymogènes et des
vaches asphyxiées par les gaz dans un hangar.
Robin :
« La volonté des forces de l’ordre à ce moment-là est
très clairement de blesser ou de tuer, dans le but de terroriser
ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas encore. Sur le
brancard de l’équipe médic [services médicaux autogérés
par les militants – ndlr], dont je salue le courage et
l’efficacité, j’entendais encore les grenades exploser. Malgré
le brutal changement que cette blessure va provoquer dans ma vie de
père de deux enfants en bas âge, j’appelle plus que jamais à
continuer le combat, à le prendre ou à le reprendre pour
certains. »
Alice,
membre de l’équipe médics, raconte à son tour : « Quand
on a évacué les blessés, tout à la fin, on a eu l’impression de
se faire canarder. On s’est pris deux ou trois grenades de
désencerclement dans les jambes. C’était tellement violent. Des
personnes sautaient en l’air, comme si elles avaient marché sur
une mine. Ça gueulait “médic !” de partout. Il y a eu un
mouvement de panique. Des gens se sont attroupés pour donner un coup
de main et se relayer pour porter les gens. Il y a eu un grand élan
de solidarité. » Quand les secours sont arrivés, ils
semblaient démunis, se souvient-elle : « Il faut
arrêter d’utiliser des armes de guerre contre des civils car les
secours ne sont pas formés pour y faire face. »
La préfecture ne répond à aucune question précise
Plusieurs
manifestants joints par Mediapart décrivent des séquences confuses,
voire chaotiques, de lancers de grenades, en cloche, sur les
manifestants. Mais selon Matthieu, un opposant qui se trouvait, lui,
dans le bois Lejuc occupé par les anti-Cigéo, à 4 ou 5 kilomètres
de là, en surplomb et équipé de jumelles, « une rangée
de gendarmes mobiles a tiré des gaz lacrymogènes [vers la fin
de la manifestation] au-dessus d’une ligne de leurs collègues,
traçant ainsi une ligne entre eux et les manifestants. Il y a eu
ensuite un deuxième tir, qui est arrivé en plein dans la
manifestation, séparant environ 30 % des personnes du reste du
groupe, puis encore deux tirs, parfaitement droit à gauche et à
droite. De là où je me trouvais, cela dessinait un carré parfait
de fumée, montrant à quel point tout était très bien maîtrisé.
Les manifestants se sont retrouvés piégés à l’intérieur de ce
carré ».
La
préfecture de la Meuse, elle, ne fait état que de quatre appels des
manifestants aux services de secours et trois hospitalisations. Elle
ne reconnaît pas pour l’instant de responsabilité dans la
blessure de Robin, considérée comme une simple rumeur internet :
« Les informations qui circulent sur les réseaux sociaux
méritent des vérifications rigoureuses. Elles sont en cours. Il est
trop tôt pour apporter des réponses définitives à ce sujet. »
Pourtant, selon les opposants, la police a auditionné le blessé
pendant une heure et demie l'après-midi du 16 août.
Munitions utilisées par les gendarmes le 15 août à Bure,
retrouvées par des manifestants.
Dans
un communiqué commun, l’association des élus opposés à
l’enfouissement des déchets nucléaires (Eodra) et le collectif
contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra) se disent
« abasourdis » par « la violence des
forces de l’ordre, que l’on peut résumer en un mot (deux) :
répression totale ». Ils ajoutent avoir « une
pensée sincère envers tous les blessés, mais nous
dénonçons par ailleurs les perquisitions subies dans les
chambres d’hôpital des manifestants ;
autres débordements de cette notion de violence qui représente
bien, dans ce cas, l’amoralité et l’étendue de ses multiples
facettes ».
Sollicité
à plusieurs reprises par les opposants à Cigéo, le ministre de la
transition écologique ne leur a pas répondu. Lors du festival
Bur’lesque, tenu le week-end dernier, ils ont exhumé une photo de
Nicolas Hulot brandissant une affichette « non à Cigéo »,
datant de 2016. Son cabinet n’a pas donné suite aux demandes de
Mediapart.
Photo
de Nicolas Hulot en 2016 contre Cigéo
De
son côté, la préfecture de la Meuse répond que la manifestation
du 15 août « s’est effectuée sans déclaration ni
encadrement » malgré sa proposition d’en « permettre
le déroulement normal ». Elle estime que parmi les 300
manifestants – les opposants affirment qu’ils étaient près
d’un millier – « la majorité portait une tenue
(casques, cagoules, vêtements noirs) et des objets (pierres, bâton,
barres de fer…) qui traduisaient d’emblée leurs intentions. De
fait, l’agression des forces de l’ordre par ces groupes a été
immédiate, gratuite et extrêmement violente ».
D’après
les services de l’État, « les opposants ont arraché du
mobilier urbain et construit des barricades auxquelles ils ont mis le
feu. Ils ont jeté des pierres, des cocktails Molotov et des engins
explosifs en direction des gendarmes. C’est ainsi que deux
gendarmes ont été blessés, victimes de traumatisme sonore. Face à
des techniques de combat aussi violentes, il était indispensable que
les gendarmes se protègent et ripostent par des moyens adaptés dont
l’usage a été proportionné à la violence des attaques dont ils
faisaient l’objet ».
Les
opposants accusent, eux, les gendarmes d’avoir fait dégénérer la
situation en bloquant le cortège, contraignant les manifestants à
traverser le village tout proche de Saudron. Aucune interpellation
n’a eu lieu sur place. Mais la préfecture ajoute que « des
observations ont été faites, des images ont été prises et des
vérifications sont en cours par les forces de l’ordre ».
Quel
enchaînement de décisions a conduit au lancer de grenade qui a
gravement blessé Robin ? Combien de projectiles ont-ils, en
tout, été utilisés par les gendarmes ? Les forces de l’ordre
ont-elles pris le risque de causer un ou plusieurs morts à Bure le
15 août ? La préfecture ne répond à aucune des questions
posées par Mediapart.
Jade
Lindgaard –
Médiapart
Manifestation du 15 août :
témoignages des équipes médicales de la lutte de Bure
Nous
ne voulons pas tomber dans une contre-propagande victimaire, un bilan
morbide ou une surenchère guerrière mais documenter au mieux les
attaques de la police sur le cortège et le tournant répressif du
gouvernement. Face à sa stratégie d'asphyxie nous allons tenter
dans les prochains mois de prendre de l'air.
À
Bure le 15 août 2017 le cortège d’environ 800 personnes
n’avait jamais été aussi massif pour une manifestation non
déclarée à Bure. Face à elle, la Préfecture a choisi
délibérément une stratégie d’asphyxie et d’agression
entraînant de nombreux-ses blessé-e-s. Le dispositif policier de la
journée était deux fois plus important que celui mis en place lors
de la manifestation du 18 février 2017, à savoir qu’une quinzaine
de fourgons de gendarmes mobiles ont été comptabilisés, ainsi
qu’un canon à eau.
Le
trajet de la manifestation, partant en direction de Saudron et non du
laboratoire, était pensé précisément pour éviter la «zone
rouge» fortifiée, le dispositif anti-émeute, et les
affrontements. L’objectif était de se rendre sur un grand terrain
entre le village de Saudron et de l’Espace Technologique (bâtiment
de l’Andra), pour y visibiliser un site néolithique de très
grande importance découvert par les fouilles et occulté par
l’Andra.
Cependant
la préfecture a tenté de provoquer délibérément l’affrontement
en plein milieu de Bure, 100m après le départ de la manifestation :
plusieurs fourgons avaient été postés à la sortie du village.
Plutôt que de tomber dans ce piège, les manifestant-e-s ont
intelligemment choisi d’éviter la confrontation et de faire un
détour de 4km à travers champs pour atteindre le terrain envisagé.
À deux pas de l’objectif, à la sortie de Saudron, plusieurs
fourgons de GM et un canon à eau ont été de nouveau déployés, et
les premiers tirs de lacrymos envoyés, rendant inévitable les
affrontements en plein milieu du village…
Outre
les pluies de lacrymos et l’usage du canon à eau, la police a
utilisé des lanceurs de balle de défense, notamment au-dessus de la
ceinture (ce qui n’est pas « légalement » autorisé),
provoquant des blessures notables sur plusieurs personnes. Mais
également de nombreuses grenades de désencerclement ou
assourdissantes, tirées à la main mais aussi avec des lanceurs
jusqu’à plusieurs dizaines de mètres derrière les lignes
d’affrontement, entraînant de lourdes blessures.
Sur
une petite portion des affrontements en fin de manif ont été
relevés (au moins) les restes d’une bonne quinzaine de grenades
assourdissantes, 12 tirs de LBD , 4 grenades de désencerclement. Ce
qui donne une idée de l’ampleur globale de la journée.
Relevé
des personnes blessé-e-s
Les
équipes médics dénombrent plus de 30 blessés, parmi lesquels
quelques unes avec des blessures conséquentes, et 3
hospitalisations. On peut notamment mentionner une hospitalisation
pour une blessure très grave :
- Un
manifestant a eu le pied déchiqueté après l’explosion d’une
grenade assourdissante, entraînant une triple fracture ouverte sur
les os métacarpiens. Les chirurgiens ayant pris en charge le
blessé, après premiers soins par l’équipe médic, parlent
maintenant d’un risque d’amputation des orteils à cause de la
présence de plastique fondu de sa chaussure dans les tissus. ⇒ Une
photo est disponible ici, attention elle est très choquante.
Lors
de l’évacuation des blessé-e-s, les forces de l’ordre ont pris
pour cible les groupes de personnes qui étaient en train de venir en
aide aux blessé.e.s, en engendrant panique et nouvelles blessures.
Pour
les blessé-e-s les plus graves, les services publics de secours ont
été appelés mais nous n’avons pu que constater leur difficulté
à gérer des blessures balistiques pour lesquelles ils ne semblent
pas être formés. Faut-il former les services de secours à soigner
des blessures « de guerre » ou arrêter d’utiliser
des armes à feu sur des civils susceptibles de mutiler et tuer,
contrairement à ce que suppose leur « non-létalité »
?
Ce
bilan est extrêmement lourd et s’additionne à celui, déjà très
violent, de la manifestation du 18 février 2017, où une vingtaine
de personnes avaient été blessés et 2 hospitalisées.
Potentielles
suites répressives pour les personnes hospitalisé-e-s
Non
content de se limiter à blesser, mutiler et peut-être amputer des
manifestant.es, la police va jusqu’à les assaillir dans les
hôpitaux, parfois avant même qu’ielles soient soigné-e-s, pour
les auditionner voire les perquisitionner :
- Une personne hospitalisée à Neufchâteau a vu débarquer la police dans sa chambre pour contrôler son identité.
- À l’hôpital de Nancy, la police a auditionné le manifestant sévèrement blessé au pied dans l’après-midi du 16 août, 1h30 d’interrogatoire épuisant par des gens responsables d’une possible amputation. Une question sur deux le concernait, les autres étaient sur la manifestation. « J’accepte l’audition mais je ne vous dirai rien vous avez bousillé ma vie », réponse sur le ton du gentil flic « On est là pour vous, pas contre vous, là pour vous aider. » 1h30 plus tard, les policiers reviennent avec un ordre de perquisition pour contrôler ses vêtements. « Je suis fatigué, vous me mettez la pression, c’est la deuxième fois que vous rentrez dans ma chambre ! ». Réponse : « J’ai été gentil, j’aurais pu ne pas l’être. »
Une
stratégie répressive de plus en plus brutale.
Il
est loin le temps où la stratégie de l’Andra et de la Préfecture
se résumait à « ne faisons pas de vagues », pour
éviter de trop visibiliser la contestation du projet. Depuis
quelques mois la stratégie policière évolue vers un tournant de
plus en plus agressif : intimidations et provocations au
quotidien, asphyxie directe des manifestations, blessés graves. Bien
loin de se cantonner à protéger le laboratoire et les autres
infrastructures comme c’était le cas par le passé, les gendarmes
ont reçu l’ordre de venir directement au contact des
manifestant-e-s en plein milieu des villages, pour apeurer les gens,
favoriser la division, blesser, mutiler… Jusqu’où ira-t-elle ?
L’objectif
d’un tel communiqué n’est pas de tomber dans une
contre-propagande victimaire, un bilan morbide ou une surenchère
guerrière. Il est de documenter au mieux les attaques de la police
sur le cortège, et d’offrir un témoignage sur l’évolution
continue du dispositif répressif à Bure. Nous prenons acte de cette
stratégie d’asphyxie et, dans les mois et années à venir, nous
allons chercher à nous donner de l’air de multiples manières.
Témoignage
de Robin, gravement blessé au pied
Robin
a écrit ce témoignage le 16 août, dans sa chambre d’hôpital,
pour transmettre à tout le monde :
« Je
suis Robin,la personne qui a été blessée au pied par une des
nombreuses grenades assourdissantes que les gendarmes mobiles ont
lancé sur les manifestant-e-s, aux alentours de Bure mardi 15 août
2017. Je suis à l’hôpital de Nancy. Mon pied est dans un
sale état, la grenade l’a creusé sur une profondeur de 3 cm et un
diamètre de 13 cm. Les os sont pour la plupart brisés. Certains ont
même disparus, pulvérisés. La chaussure a été
explosée, le plastique a fondu et s’est engouffré dans la plaie,
si bien qu’une infection est probable, ce qui nécessiterait
l’amputation des 5 orteils. À cela s’ajoute une trentaine
d’éclats répartis dans l’autre jambe.
Les gendarmes ont tiré une quinzaine de grenades assourdissantes, ils ne courraient aucun danger.
Juste avant que mon pied saute, j’ai vu une grenade exploser à hauteur de tête.
Pour moi la volonté des forces de l’ordre à ce moment là est très clairement de blesser ou tuer, dans le but de terroriser ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas encore. Sur le brancard de l‘équipe médic dont je salue le courage et l’efficacité, j’ entendais encore les grenades exploser. Malgré le brutal changement que cette blessure va provoquer dans ma vie de père de 2 enfants en bas âge, j’appelle plus que jamais à continuer le combat, à le prendre ou le reprendre pour certain-e-s. »
Écrire
à Robin et aux autres copaines blessé-e-s : Pour écrire et
témoigner de notre soutien à Robin et aux autres copain-e-s
blessé-e-s lors de la manif, n’hésitez pas à écrire à la
Maison de résistance à Bure, 2 rue de l’Église, 55290 BURE. Les
témoignages de soutien lui seront transmis.
Sauvonslaforet
sur
Médiapart
Aujourd'hui
18 août, c'est l'anniversaire de l'assassinat de Federico Garcia
Lorca par les fascistes à cause de ses convictions. Aujourd'hui,
plus que jamais, il est opportun de se rappeler de quelques uns de
ses écrits :
"...La
calle más alegre del mundo, la calle donde viven juntas a la vez las
cuatro estaciones del año, la única calle de la tierra que yo
desearía que no se acabara nunca, rica en sonidos, abundante de
brisas, hermosa de encuentros, antigua de sangre: Rambla de
Barcelona".
Federico
García Lorca
"...
La rue la plus joyeuse du monde, la rue où vivent en même temps les
quatre saisons de l'année, la seule rue de la terre que j'aimerais
ne jamais voir se terminer, riche en sons, généreuse en
brises, belle de rencontres, vieille de sang : Rambla de Barcelone".
Federico
García Lorca
No
passaran
Xavier
Montserrat
Infos du 21 au 27 août
Quand les dockers de San-Francisco
appellent à la grève contre les suprémacistes
Le
26 août, un groupe suprémaciste blanc a prévu de défiler à
San-Francisco. Il devra se frotter au syndicat des dockers, l’ILWU,
qui appelle à la grève et à marcher sur le lieu du rassemblement.
Une mobilisation syndicale qui donne corps à la devise « une
injustice faite à l’un ou l’une est une injustice faite à
toutes et tous ».
En
1939, les dockers de la côte Ouest organisaient le boycott du
chargement des navires qui transportaient l’acier nécessaire au
Japon impérial dans sa guerre contre la Chine. En 1984, onze jours
durant, la même section de San-Francisco de l’ILWU bloqua les
navires Sud-africains pour protester contre l’apartheid. En janvier
2017, lors de l’inauguration de la présidence Trump, alors que 354
dockers étaient attendus au port, seuls 35 prenaient leur service,
l’ILWU ayant appelé à ne pas travailler ce jour-là.
Motion
de la section de San-Francisco de l’ILWU (local 10) appelant à
bloquer les fascistes en cessant le travail et en manifestant à
San-Francisco ce 26 août 2017
Alors
que des fascistes, le Ku-Klux-Klan, des nazis et d’autres
suprémacistes blancs se sont rassemblés et ont marché aux
flambeaux à Charlottesville, dans une ambiance de lynchage et de
terreur, la foule scandant des slogans racistes, anti-immigrés et
antisémites ;
Alors
que cette attaque s’est conclue par la mort d’une
contre-manifestante antiraciste et en a blessé plusieurs autres
lorsque l’un de ces fascistes les percuta en voiture ;
Alors
que le Klan, les nazis et d’autres terroristes racistes
représentent une menace mortelle pour les Afro-Américain.es, les
Latinos et les immigré.es, tout autant que pour les Musulmans, les
Juifs, les LGBTQ et bien d’autres encore, mais aussi directement
pour les membres de notre syndicat et pour le mouvement syndical dans
son ensemble ;
Alors
que le groupe fasciste « Prière patriotique », qui a
déjà organisé de violentes provocations racistes à Portland, en
Oregon et ailleurs, a annoncé qu’il se réunirait à Crissy Field
le samedi 26 août, y conviant des nazis et d’autres groupes
suprémacistes blancs violents ;
Alors
que la section de l’ILWU de San-Francisco a une longue et fière
histoire de résistance au racisme, au fascisme et au fanatisme et
qu’elle a su mobiliser toute sa puissance syndicale pour ça :
ainsi, le 1er mai 2015, rejoints par des milliers de
personnes, nous avons fermé les ports de la baie et manifesté
jusqu’à Oscar Grant Plaza à Oakland pour exiger la fin de la
violence et de la brutalité policière contre les Afro-Américains
et toutes les autres victimes de celle-ci. La zone de la baie de San
Francisco est un bastion syndical et nous n’autoriserons aucun de
ces anti-syndicalistes, aucun de ces suprémacistes blancs, aucune
bande de lyncheurs à venir ici répandre la terreur.
Banderole de la section de San-Francisco de l'ILWU
(local 10)
►Contre les grands projets
bonne nouvelle dans le projet CGO (contournement de Strasbourg par une rocade) : deux avis défavorables ont été émis par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) à Vinci et la Sanef. plus d’infos sur le site de GCO NON MERCI ici
Communiqué
de presse
pour une meilleure gestion de l'eau
Lisle
sur Tarn, 21 août 2017
Pour
une meilleure gestion de la ressource en EAU,
Le
Collectif Testet répond à la FDSEA et les JA du Tarn
Or,
cette année, la situation qui touche toutes les régions françaises,
dont certaines largement pourvues en retenues, montre justement, que
ces retenues ne sont que de fausses solutions d’adaptation.
Le
problème n’est donc pas la conséquence des températures
estivales – malgré quelques poussées caniculaires –mais découle
de la faiblesse du rechargement des nappes phréatiques et du
remplissage insuffisant des retenues durant l’hiver et au
printemps. Pourquoi donc rajouter des retenues si elles ne peuvent se
remplir ?
Les
études hydrologiques montrent - et notamment sur le Tescou, où se
situait le projet de barrage de Sivens - que les débits en période
hivernales ont diminué, en moyenne, d’environ 50 % depuis 42 ans
(avec évidement des fluctuations selon les années). Des experts et
scientifiques ont montré que ce déficit en eau était pour
moitié dû au changement climatique et pour moitié à
certaines pratiques agricoles qui détruisent la vie du sol et lui
enlèvent sa capacité de stockage d’eau et de recharge des nappes
phréatiques. Ces pratiques favorisent ainsi l’érosion des sols et
leur perte de fertilité.
Rappelons
à ces deux syndicats agricoles qui participent au projet de
territoire sur le bassin versant du Tescou, qu’à ce jour, même si
ce n’est pas exclu, il n’y est pas acté la nécessité d’une
nouvelle retenue sur le bassin qui s’ajouterait aux 185 existantes
et en partie sous-utilisées…
Ce
qui a été acté est cohérent avec ce qu’ont déclaré Nicolas
Hulot et Stéphane Travert, à savoir qu’il convient, en premier
lieu, d’étudier toutes les possibilités d’économiser l’eau
et de mieux la conserver dans les sols (y compris à travers
l’évolution progressive des pratiques agricoles), puis d’analyser
les ressources existantes pour en améliorer la gestion, et, si ces
actions prioritaires s’avèrent insuffisantes, de réaliser,
là où c’est « utile et durable », des
« projets de stockage hivernal de l’eau ».
L’ensemble
de ces questions sur l’eau, ainsi que celles sur les autres moyens
d’assurer l’avenir de toutes les fermes du bassin et, plus
largement, de toute sa population, sont à l’ordre du jour des
réunions du projet de territoire du bassin versant du Tescou prévues
en septembre. Lors des réunions précédentes, la grande majorité
des participants a souligné que c’est une approche globale qui
doit être mise en œuvre sur le bassin.
Le
Collectif Testet espère donc que la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs
(JA) du Tarn continueront à participer à ce processus de co-construction
du projet de territoire avec une approche pragmatique mais globale et
au service de tous les agriculteurs du bassin.
A
lire également :
* Le comuniqué de presse de la Confédération Paysanne
Collectif
Testet
►AntiRep
On relaie ce témoignage ACcABlant sur les agissements de la police envers les réfugié-es dans la zone frontalière franco-italienne. « Ne collaborons pas avec les violences de l’état et de ses hommes en armes, aux frontières et partout ailleurs. Résistons. »
Infos du 28 au 31 août
►AntiRep
On
revient sur l’attaque contre les médias libres perpétrée par la
police politique allemande (...) à
Freiburg ( frontière avec l’Alsace )
Rappel :
« A peine deux mois après le G20 d’Hambourg, et alors que
les élections allemandes approchent, le ministre de l’intérieur
Thomas De Mazière a décidé de bannir Indymedia Linksunten, allant
même jusqu’à interdire son logo. Des perquisitions dans plusieurs
lieux ont en outre accompagné cette attaque, dont dans un centre
social de Freibourg, qui a mobilisé 250 policiers anti-émeutes pour
sécuriser la ville ». A suivre...
Le projet EuropaCity se heurte
à une nouvelle embûche
Fait
rare, le commissaire enquêteur rend un avis défavorable sur le
document devant rendre constructible le triangle de Gonesse, où un
complexe commercial immense est prévu pour 2024. Il ouvre la voie à
des recours juridiques. Pour les opposant.e.s, « le rapport
de force est en train de changer ». Nicolas Hulot appelle à
protéger les terres agricoles.
Ce
n’est qu’un avis consultatif mais il dresse un obstacle de taille
sur la route du projet EuropaCity. Le commissaire enquêteur vient de
rendre un avis
défavorable à la révision du plan local d’urbanisme (PLU) de
Gonesse, qui doit rendre constructibles les parcelles convoitées par
Immochan pour y construire son centre commercial et de loisirs. Il
est rare que la conclusion d’un rapport d’enquête publique soit
aussi négative et s’appuie sur des arguments aussi détaillés que
sous la plume de Ronan Hébert, un enseignant-chercheur à
l’université de Cergy-Pontoise. « Le
rapport de force juridique est en train de changer,
se réjouit Bernard Loup, du Collectif pour le triangle de Gonesse
(CPTG), chef de file des opposant.e.s. La
balle change de camp. Il faut maintenant reprendre la discussion sur
l’avenir de ce territoire au niveau régional. » Pas
du tout pour David Lebon, directeur du développement d’EuropaCity :
« Ce
sera un avis parmi d’autres, un document supplémentaire versé au
dossier, mais ça ne change pas grand-chose sur le fond. »
Visualisation du projet EuropaCity (DR)
La commune de Gonesse (Val-d’Oise) souhaite rendre constructible une partie des 700 hectares de terres agricoles qui s’étendent entre les aéroports de Roissy et du Bourget, connus sous l’appellation de « triangle de Gonesse ». L’aménageur public, Grand Paris Aménagement, y développe un projet de ZAC (voir ici notre enquête à ce propos). C’est sur cette surface qu’EuropaCity doit sortir de terre en 2024 : portée par Immochan, la filiale immobilière d’Auchan, cette galerie de boutiques, d’hôtels et d’activités de loisirs, est un des plus grands projets d’aménagement de la région Île-de-France. Il incarne aussi la volonté transformatrice du Grand Paris. Le groupe chinois Wanda doit y investir 3,1 milliards d’euros et il doit s’étendre sur 80 hectares. La piste de ski artificielle et le parc aquatique qu’il promet de construire sur les parcelles aujourd’hui céréalières de cette banlieue nord de Paris sont devenus les symboles du bétonnage de terres précieuses dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour la préservation de l’autonomie alimentaire de l’Île-de-France.
Que
reproche le commissaire enquêteur au PLU de Gonesse ? D’ouvrir
la voie à un aménagement du triangle qui « présente
des impacts environnementaux négatifs à très négatifs, [lesquels]
vont
à l’inverse des grandes orientations politiques nationales et
internationales en matière de lutte contre la disparition des terres
agricoles, de lutte contre le réchauffement climatique ».
Sur le plan économique, « la
création d’emplois et de richesses annoncée est mise à mal par
des études extérieures ».
L’ouverture de cet énorme centre commercial (30 millions de
visites attendues chaque année) pourrait se faire « au
détriment des activités présentes sur les territoires voisins ».
Quant aux effets sociaux mis en avant par le promoteur, « l’insertion
envisagée n’est pas suffisamment argumentée et même remise en
question ».
Les objectifs d’emploi « sont
peu en phase avec le niveau de formation local ».
Le risque d’un transfert d’emplois impliquant la destruction
d’autres sur les territoires voisins « n’est
pas compatible avec un développement équitable ».
Le rapport insiste aussi sur la division des acteurs économiques du
Grand Roissy sur l’opportunité d’EuropaCity – la commune
voisine d’Aulnay-sous-Bois y est ouvertement opposée.
La
mairie de Gonesse, dirigée par le socialiste Jean-Pierre Blazy,
rappelle dans un communiqué que l’avis du commissaire enquêteur
n’est que consultatif. « Les conclusions du rapport ne
sont pas de nature à remettre en cause le principe de l’aménagement
du triangle de Gonesse. » Le conseil municipal doit
décider s’il vote la révision du PLU en l’état actuel, s’il
le modifie ou s’il entreprend de le refaire entièrement. La
dernière hypothèse semble improbable. La commune ne communique pas
de calendrier de décision. Le prochain conseil municipal se tient le
26 septembre. Difficile d’imaginer que les élus se réunissent
sans discuter du problème.
« Fragilité juridique du projet »
De
son côté, EuropaCity critique le manque d’objectivité du
commissaire enquêteur, qui a repris sous sa plume les sujets et les
arguments des opposant.e.s et non ceux mis en avant par le promoteur,
affirme David Lebon : l’investissement économique d’une
ampleur inédite, la création d’emplois, l’amélioration de
l’image de ce territoire déshérité, la contribution financière
à la gare « Triangle de Gonesse » de la ligne 17 du
Grand Paris. Le groupe dit aussi avoir relevé des erreurs dans le
rapport d’enquête publique. Par exemple, parler de biodiversité
au sujet du triangle, alors qu’aucune espèce protégée ne vit sur
ces parcelles de cultures céréalières conventionnelles.
Les porteurs de CARMA ont refusé. Leur projet est à leurs yeux incompatible avec la construction d’EuropaCity. Pour Robert Spizzichino, consultant en urbanisme et cheville ouvrière de CARMA, « ce rapport offre une opportunité fantastique pour proposer autre chose pour ce territoire ». Pendant l’été, le jardin maraîcher planté par les opposant.e.s le 21 mai sur le futur site d’EuropaCity a été vandalisé.
Sollicité
par Mediapart, Grand Paris Aménagement, l’aménageur de la ZAC du
triangle de Gonesse, explique : « On tient compte des
avis et on se conformera à la décision des élus. On reste
convaincus que le développement d’un pôle d’activité sous un
couloir aérien dans une zone urbaine est pertinent. » Mais
pour Florence Denier-Pasquier, juriste à France Nature
Environnement, « l’avis du commissaire enquêteur
renforce la fragilité juridique du projet. Il y a de vraies
incohérences : entre l’échelle communale du PLU et l’ampleur
régionale des impacts, entre l’obligation d’être dans une
démarche d’évitement des dommages et l’absence de recherche de
solutions de substitution à la destruction des terres agricoles ».
Affiche
des opposant.e.s à EuropaCity (DR)
Autre
enseignement du rapport du commissaire enquêteur : l’échec
de la mairie de Gonesse à mobiliser les soutiens au projet. Une
pétition sur papier d’opposant.e.s a recueilli plus de 1 000
signatures, dont 370 habitants de Gonesse. Alors que la pétition
favorable à la révision du PLU n’a recueilli que 145 noms. La
mairie de la ville a exercé des pressions sur les opposants locaux à
au moins une occasion. L’Afcel 95, une amicale de locataires de La
Fauconnière, un quartier de Gonesse, s’est vu menacer de perdre sa
place lors d’une brocante municipale parce qu’elle faisait signer
une pétition contre la révision du PLU sur son stand, selon le
collectif d’opposant.e.s CPTG, dont elle fait partie.
Le
commissaire enquêteur est nommé par le tribunal administratif. Si
le PLU est voté par le conseil municipal de Gonesse, des
opposant.e.s prévoient déjà de l’attaquer. Difficile pour le
juge administratif d’ignorer l’avis du rapporteur qu'il a choisi.
« La justice tranchera, mais il n’est pas exclu que le
tribunal nous donne raison », analyse Bernard Loup. Or, si
le PLU est annulé par la justice, tout le projet d’urbanisation du
triangle tombe. Pourtant, les agriculteurs du triangle ont déjà été
expropriés, alors même que les terres qu’ils cultivent n’ont
toujours pas été reconnues officiellement constructibles.
EuropaCity n’est toujours pas propriétaire du terrain, qui
appartient en grande partie à la puissance publique à travers Grand
Paris Aménagement. Autrement dit, malgré la déclaration d’utilité
publique accordée à la ZAC du triangle, le projet est encore
réversible.
Des
travaux pourraient-ils commencer, malgré l’incertitude ouverte par
les recours juridiques à venir ? La question va se poser pour
tout le triangle, où une station de métro de la ligne 17 du Grand
Paris Express est prévue. Or, EuropaCity a promis de financer une
partie de sa construction – pour un montant non rendu
public à ce jour. L’utilité de cette gare est contestée par les
experts du CPTG.
Jusqu’à quand les investisseurs pourront-ils ignorer les déconvenues administratives d’EuropaCity ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité que le groupe Wanda, principal investisseur du projet de centre commercial, connaît des difficultés financières. Il a annoncé début juillet céder 8 milliards d’euros d’actifs pour alléger son endettement. Mi-août, le Conseil d’État chinois a interdit aux sociétés nationales d’investir dans l’immobilier, l’hôtellerie, les loisirs, dans des pays jugés à risque.
Alors que le précédent gouvernement soutenait ouvertement EuropaCity, notamment par la voix de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, pourtant président de la COP21, Nicolas Hulot a déjà pris publiquement la parole contre le projet d’Immochan, lors de sa conférence de presse en juillet sur son plan climat et dans une interview au Monde mardi 29 août. Mercredi 30, sur France Info, il insiste : « Si on continue à consommer avec une telle gourmandise nos terres agricoles, à un moment se posera la question de notre souveraineté alimentaire […]. Les terres agricoles doivent rester des terres rares qu’il faut protéger. »
Son
cabinet suit avec attention le dossier, sans prévoir d’intervention
directe à court terme. Aucune réunion interministérielle n’est
prévue à ce stade. En pleine préparation de la conférence
territoriale sur le Grand Paris prévue fin octobre, les acteurs du
réaménagement francilien regardent les voyants du projet EuropaCity
passer au rouge.
Jade
Lindgaard -
Médiapart
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