Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle
PROJET D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Source : ZAD.nadir.org et médias
Avril 2017
Et ailleurs : Bure (55) - anti GCO (67) - antifracking (57) - Arentepacua (Mexique) - "Val Tolosa" (31) - "Village Décathlon" vers Orléans (45)
ZAD de NDDL - 44
Infos du 1er au 9 avril
Aux protectrices et protecteurs de l’eau
On
vous écrit depuis la ZAD de Notre-dame des Landes en France, une
zone en lutte contre un projet d’infrastructure imposé par l’état
au bénéfice d’une multinationale. Il y a huit ans, des habitants
résistants ont lancé un appel à venir occuper les terres et
maisons abandonnées. Nos désirs, en venant habiter sur
l’emplacement prévu de l’aéroport, sont multiples :
habiter sur un territoire en lutte ; pouvoir agir en temps de
travaux ; apprendre à vivre ensemble, à cultiver la terre, à
être plus autonomes vis à vis du système capitaliste et bien
d’autres encore.
On
a suivi de loin les dernières expulsions vécues par les
militant.e.s sur les terres non-cédées. Nous souhaitons apporter
notre solidarité à toutes les personnes qui s’opposent au
pipe-line et qui continuent à lutter malgré des tentatives de
dirigeants, qu’ils soient de l’état ou chefs de mouvement
« autodésignés », de casser la lutte par la
pacification et la négociation. Pour nous, les étiquettes
violence/non violence ne font pas sens, nous considérons que c’est
la diversité des personnes et des tactiques qui rend fort et que
quoi qu’il arrive la violence est toujours du côté d’un état
capitaliste et colonisateur.
Il
nous paraît important de réaffirmer notre soutien particulièrement
à un moment où vous subissez une forte répression. S’organiser
face à cette répression est partie prenante de toute lutte qui
devient menaçante. Dans notre lutte nous avons pu trouver de la
force au travers de pratiques d’anti-répression, et nous avons vu
que s’organiser autour d’elle peut être un moyen de renforcer
les liens – au sein même de la lutte et avec d’autres
résistances - et participer à rendre le mouvement durable. Nous
voulons afficher notre solidarité avec celles et ceux qui passent
sous le rouleau compresseur de la justice.
Contre
le suprématisme blanc et toutes les oppressions, Contre la
destruction des ressources naturelles, No DAPL.
Des
habitant-e-s de la zad
Le
1 avril 2017 on a fêté l’embrasement du phare de la zad de Nddl
et l’ouverture de la nouvelle bibliothèque du Taslu.
►
Une
projection-discussion
à Auray vendredi prochain
avec
le documentaire
« Kashima
Paradise »,
nominé pour les Oscars de 1974
►Bibliothèque du Taslu
Et
toujours l’agenda du Taslu à ne pas louper avec cette fois une
présentation du livre : « Rendez-les nous vivants ! »
Histoire orale des attaques contre les étudiants d’Ayotzinapa, le
2 mai prochain. Une bonne excuse pour venir admirer sur place la
superbe nouvelle bibliothèque (ainsi que le phare).
►Collectif syndical contre l’aéroport :
Depuis la ZAD, des gens s’organisent pour répondre à l’appel du collectif syndical contre l’aéroport à participer à son cortège le 1er mai.
Infos du 10 au 16 avril
►Chantier cabane à la Noé Verte ce weekend !Une raison de plus pour venir passer quelques jours sur la zad. Une pause est prévue pour aller voir l’exposition zapatiste à la Rolandière.►Et le lundi c’est COPAIN qui organise repas et discussions à Bellevue, dans le cadre de la journée mondiale des luttes paysannes.
►On lit dans Bastamag que l’agrandissement de l’aéroport de Vienne a été interdit au nom de la protection du climat. "cette décision, prise au nom de l’intérêt général et du climat, est une première. Elle pourrait avoir des conséquences sur d’autres batailles en cours autour de projets de nouvelles pistes d’aéroport, comme celui de Munich en Allemagne, ou de Notre-Dame-des-Landes". Si seulement..
La ZAD, ça marche, ça palabre, c'est pas triste
Depuis
1967 et le choix du site de Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes,
en plein bocage et dans une zone d’agriculture extensive, le projet
de nouvel aéroport du Grand Ouest fait l’objet d’une
contestation qui n’a cessé de grandir. Mais depuis 2007, une forme
particulière de résistance a vu le jour : l’occupation de la
zone délimitée par la puissance publique en 1974, la zone
d’aménagement différé (ZAD).
C’est
aux personnes et aux collectifs qui ont repris ce territoire à
l’État que ce reportage est consacré. Au moment où la légitimité
de la politique institutionnelle semble s’effondrer aux yeux de
nombreux électeurs, la vivacité créative et l’efficacité des
projets conduits sur la ZAD frappent. Produire ensemble mais pas pour
vendre, partir en émeutes et aimer planter une spirale de plantes
aromatiques autour d’une cabane de soins, échapper aux normes
bureaucratiques mais inventer des règles coutumières, vivre la
lutte tous les jours plutôt que diviser sa vie entre travail et
militantisme, couper du bois pour répondre à ses besoins et à ceux
de la forêt, aimer résister et faire sérieusement la fête.
La
ZAD n’est pas un modèle. Elle présente bien des failles et
résulte d’une histoire singulière. Mais ce qui s’y pratique
porte une puissante interrogation : comment cette alternative
radicale tient-elle alors qu’un monde politique et économique
s’écroule ? Récit et témoignages grand format.
L’occupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a démarré en 2007 par l’ouverture du squat des Rosiers, suivie d’un appel lancé par « des habitants qui résistent » à venir s’y installer. C’est surtout à partir de la fin de l’année 2012, et l’échec de l’opération de police César visant à évacuer ces militants du bocage, que le nombre d’habitant-es de la zone augmente. Il est aujourd’hui estimé à quelques centaines de personnes, entre deux cents et trois cents, sans qu’il soit facile de le vérifier. Une partie de ces personnes vont et viennent et le territoire est trop vaste – plus de 1 500 hectares – pour être embrassé du regard. Une soixantaine de collectifs sont installés sur la zone.
1 Construire sa cabane
Tu n’es plus juste un pion. Tu existes.Benji : « Se construire une cabane, c’est une quantité de travail astronomique. Avec ma copine, on avait envie que chaque clou, chaque vis corresponde à ce qu’on imaginait. À 70 % on l’a construite tous les deux. Ici j’ai renoué avec la notion d’habiter. Quel sens donner à son lieu de vie ? On veut recevoir des ami-es et des gens des comités de soutien avec qui discuter en empathie. Je n’ai pas envie d’appartenir à une communauté, mais j’ai envie d’être un communard. Reboucher les nids de poule des sentiers de la ZAD, c’est habiter le territoire. Fabriquer des douches dans un lieu collectif, c’est une question communarde, et pas communautaire. Notre cabane s’appelle la Baraka. Apparaître comme un lieu sur la carte de la ZAD, c’est une double considération : toi par rapport au territoire et le territoire par rapport à toi. Tu n’es plus juste un pion. Tu existes. Je n’ai plus l’impression d’être invisible. »
2 Un territoire façonné par l’élevage
3 Habiter la lutte
Les
horizons et les motivations politiques de ces habitant-es sont
divers : anarchistes, appellistes, décroissants, squatteurs,
punks, écologistes, antispécistes, antipubs, jeunes en rupture
familiale, pour la plupart sans étiquette politique revendiquée.
Ils n’ont donc rien d’une communauté homogène. On y rencontre
des personnes de tous genres et de tous âges. Soudés par la lutte
contre l’aéroport, ils partagent de grands principes fondateurs de
leur mouvement : l’autogestion, le refus de l’État, du
capitalisme et du marché. Le mouvement contre l’aéroport s’étend
des paysans de l’Adeca aux élus du Cédépa, des comités de
soutien aux riverains de l’Acipa. La ZAD ressemble à une mosaïque
conflictuelle.
4 Un quotidien insurrectionnel
Je n’aime pas trop le mot “occuper”. Il a un aspect colon.
« J’ai
mis du temps à me dire que j’allais habiter ici. Je n’aime pas
trop le mot “occuper”. Il a un aspect colon. J’arrive ici, sur
un territoire, et j’expliquerais à ceux qui y habitaient avant
qu’il ne faut ni utiliser de pesticides, ni chasser ? Dans
l’idée d’“habiter”, il y a un truc différent, il y a un
truc d’attention aux voisins. Ce que je fais dans ma sphère privée
a des effets sur le public et inversement. »
5 Une remise en question permanente
6 Faire des liens
Pour vivre sur la ZAD, il faut être très fort et confiant en soi.
Camille : "On ne se porte pas assez d’attention les un-es aux autres. On ne se dit pas assez qu’on s’estime. Produire, fabriquer, faire des manifs et des actions, élaborer des stratégies de lutte, c’est visible, c’est valorisé.
Mais c’est beaucoup plus dur de donner de la place et de l’importance à la production immatérielle : le travail de cohésion, aller causer avec des gens qui vont pas trop bien, foutre le pied dans les embrouilles pour trouver des solutions.
La part de l’affectif, la gestion des conflits, le care, l’attention, le soin, les trucs médicaux, l’accueil, c’est inquantifiable. Sans ça, il n’y aurait pas de gens pour penser la stratégie ni pour conduire les projets agricoles. Mais ce sont des rôles moins valorisés."
Mais c’est beaucoup plus dur de donner de la place et de l’importance à la production immatérielle : le travail de cohésion, aller causer avec des gens qui vont pas trop bien, foutre le pied dans les embrouilles pour trouver des solutions.
La part de l’affectif, la gestion des conflits, le care, l’attention, le soin, les trucs médicaux, l’accueil, c’est inquantifiable. Sans ça, il n’y aurait pas de gens pour penser la stratégie ni pour conduire les projets agricoles. Mais ce sont des rôles moins valorisés."
Chapitre
2 :
Mettre
en œuvre les communs
Sur la ZAD, de nombreux lieux de production et de transformation ont vu le jour : moulin de Saint-Jean, jardin maraîcher collectif des Rouge et Noir, champs de céréales, élevage bovin et production laitière, fabrication de pain, gestion forestière et production de bois, conserverie, bibliothèque. L’enjeu est autant d’occuper le territoire que de démontrer qu’il est possible et souhaitable de produire des biens matériels en dehors des cadres de l’État et du marché.
7 Penser une filière du bois
On essaie de faire tout, de l’arbre à la poutre.
« Le
monde en général est très cloisonné, et cela nous dépossède de
plein de choses. Les bûcherons se distinguent des débardeurs, des
charpentiers, de la scierie… Nous, on essaie de faire tout, de
l’arbre à la poutre. Avoir cette vision d’ensemble te permet de
reprendre possession de sphères de ta vie. C’est très stimulant
de savoir à quoi va servir le bois que tu coupes. »
8 Une question communiste
Tous les vendredis, les
produits de la ZAD sont mis à disposition des habitant-es et des
riverain-es à prix libre – chacun laisse l’argent qu’il
veut ou peut, ou rien du tout, pendant le non-marché. Les caisses de
ce marché non marchand – le seul endroit de la ZAD où tout
le monde est à l’heure, entend-on parfois – abondent « Sème
ta Zad ». Cette structure collective, créée pour discuter de
l’usage des terres reprises par le mouvement, sert à coordonner les projets agricoles.
L'argent
récolté est destiné à la lutte collective et non à la vie
quotidienne des habitant-es. Environ 20 000 euros y rentrent et
sortent chaque année, selon une personne qui s’en occupe. Ils
financent les achats de farine, gasoil, foin, pièces de rechange du
matériel. La ZAD vit grâce aux gros événements – caisses
de soutien à prix libre, tracto-vélo, info Tour, bar lors des
grands événements – ainsi qu'aux dons, qui affluent sur le
compte de l’association Vivre sans aéroport.
9 Chacun avec sa conscience
10 Devenir paysans sur la ZAD
« Auprès
des services administratifs, je suis déclaré depuis déjà un
an officiellement en tant que paysan sur la ZAD. Cette déclaration
d’activité sur des terres expropriées est une petite victoire non
seulement contre Vinci et l’État, mais aussi au regard de ce
qu’est aujourd’hui le parcours d’installation agricole tel
qu’on veut le faire emprunter aux candidats à la paysannerie
moderne. Même s’il a fallu se justifier aussi vis-à-vis de la
ZAD, nous tenions à refuser le chantage à la subvention à
l’installation, des prêts bonifiés… qui permettent à notre
sens aux organismes tutélaires comme la chambre d’agriculture de
contrôler le monde paysan. »
11 Repenser les besoins
Activités
collectives et espaces privés coexistent sur la zone. Tout n’est
pas à tout le monde. Certains perçoivent des revenus, sociaux ou
plus rarement salariés. D’autres non. Certains bénéficient de
redistribution et d’autres non.
12 Ici, il n’y a pas de propriété
13 L’argent de la ZAD
Quand tu lances un projet agricole ici, tu n’as pas d’enjeu de rentabilité.Camille : « Le pognon entre et sort. On ne compte rien par projet agricole. Quand on a mis en place le non-marché, on a créé une seule caisse, commune, pour ne pas compter quelle activité rapporte, qui rapporte quoi. Comme ça, quand tu lances un projet agricole ici, tu n’as pas d’enjeu de rentabilité. Tu peux te planter. Que la caisse soit à flot est une préoccupation commune. Régulièrement, on fait des fêtes pour la renflouer. »
14 Les vaches de la lutte
Sébastien : « Quand je suis arrivé en 2012, on se regardait en chiens de faïence avec les paysans. On n’avait aucune connaissance en ce que faisaient les uns et les autres. Faire du lait avec des vaches prêtées par des paysans, ça m’a ouvert une porte. On a commencé à avoir un langage commun : parler de vaches et de cochons avec des éleveurs. La défiance a décru. Ici, c’est une lutte contre l’aménagement du territoire et la bétonisation des terres agricoles. Le lien social avec les paysans est primordial. »
« On a toujours été plusieurs à s’occuper des vaches. Le groupe tourne mais pas beaucoup. Même si on est pour l’horizontalité, on est tous un peu autoritaires pour le soin des vaches et le rangement. Bosser ensemble, c’est vital et parfois c’est dur. On a plein de désaccords. On se réunit une fois par semaine pour faire le planning : qui fait quoi, qui veut partir en vacances. Ça permet d’avoir un peu de vie. On parle autant de politique que de vaches, que de nous. Il y a un côté psy : je raconte mes rêves. Si des potes vont en manif’, je prends leurs traites. Mais “ne vous faites pas arrêter car sinon ça va être chiant !” ».
Même si elles ne viennent pas aux réunions, les vaches font partie du groupe.
« Même
si elles ne viennent pas aux réunions, les vaches font partie du
groupe. Elles ont des noms et des sensibilités différentes. Il y a
la cheffe, la gloutonne, la princesse. Pas une de la même race.
Comme on est là pour apprendre, c’est hyper important cette
diversité. À un moment, des gens des comités nous ont suggéré de
faire du beurre pour le vendre et ramener des sous à la ZAD. Mais
non. C’est à partager avec les gens du coin. On ne veut pas être
payés. »
15 Favoriser les réseaux de coopération
« Notre-Dame-des-Landes
pour les nuls » © La Parisienne Libérée
Lancé
par les paysans et les habitants des environs de
Notre-Dame-des-Landes dès 1972, en plein mouvement du Larzac, avec
la création de l’Association de défense des exploitations
concernées par le projet d’aéroport (Adeca), le mouvement contre
l’aéroport du Grand Ouest est composite. Autour des paysans dits
historiques, qui y élèvent des vaches laitières, et leurs voisins,
se sont rassemblés au fil des ans : des riverains au sein de
l’Association citoyenne intercommunale des populations concernées
par le projet d’aéroport (Acipa), les élus du Collectif doutant
de la pertinence de l’aéroport (Cédépa), des agriculteurs
militant pour la défense des terres agricoles (COPAINS), les
naturalistes en lutte qui ont recensé les nombreuses espèces
animales et végétales protégées sur la zone, les comités de
soutien partout en France à partir de 2012 et la tentative
d’évacuation par les gendarmes, un atelier citoyen de
contre-expertise défendant l’amélioration de l’actuel aéroport
plutôt que la construction d’un nouveau, des avocats et des
juristes, et depuis peu, un collectif intersyndical. Cet écosystème
militant soutient l’occupation de la ZAD malgré les différentes
approches politiques qui parfois les opposent.
16 Les miracles de la ZAD
Quand tu donnes une certaine énergie à un territoire, il y a un réseau énergétique qui nous lie.
« Et
ça arrive tout le temps. Quand tu donnes une certaine énergie à un
territoire, il y a un réseau énergétique qui nous lie. Comme en
acupuncture. Si tu as une diversité de gens, et des interconnexions
entre eux, ça crée beaucoup plus de liens. Beaucoup de gens veulent
résister mais ne savent pas comment. Comme la ZAD est un territoire
matériel, ils peuvent réfléchir à contribuer matériellement. »
« Les gens qui construisent le hangar de l’avenir étaient réunis pour dessiner les plans afin de le couvrir avec des ardoises. Coût estimé : 3 000 euros. Dans le parking, un mec en costume passe. “Belle charpente ! Je cherche les gens du hangar. Je travaille dans une boîte d’ardoises, on a deux conteneurs, vous les voulez ?” »
17 Si l’aéroport ne se fait pas
Si
l’aéroport ne se construit pas, le devenir des terres devient un
enjeu stratégique majeur. Il fait l’objet de forts désaccords
entre les agriculteurs qui proposent de créer une réserve foncière
pour les gérer collectivement, sur le modèle de ce qui s’est mis
en place sur le plateau du Larzac, et ceux qui rejettent tout accord
avec l’État par principe et par peur de la normalisation qu’il
entraînerait.
18 Ne pas être un ghetto
Je veux bien faire sécession mais mettre des frontières, bof…
Ben : « La question du territoire est forte chez les habitants du coin. Avant 2012, ils venaient sur la ZAD car ils considéraient que c’était chez eux. Maintenant, ils considèrent que c’est chez nous. Pour eux, c’est l’étranger. Il y a un truc à jouer pour que la ZAD ne se ghettoïse pas. Ce serait catastrophique. Je veux bien faire sécession mais mettre des frontières, bof… La D281, la route des chicanes, trace une frontière de fait. C’est la pire des frontières. Elle fait peur. La préfecture a fait fermer cette route. Ils ont mis des rochers et strié le sol. Et l’ont virée des cartes. Nous l’avons rouverte. On a un accord avec les habitants de La Pâquelais, le village voisin : des chicanes devant les lieux de vie sur la route mais c’est tout, pour que les voitures puissent passer. Mais des gens ont voulu la refermer car ils ont une vision de Fort Knox. Aujourd’hui, elle est carrossable mais la discussion revient sans cesse
19 Transmettre à sa famille
Chapitre 3 : Tenir tête
En 1974, un arrêté préfectoral crée la « zone d’aménagement différé » de Notre-Dame-des-Landes. En 2008, « des habitants qui résistent » lancent un appel à occuper la zone pour empêcher le démarrage des travaux. Camp action climat de 2009, camp de 2011, actions de résistance contre l’opération César, manifestation de réoccupation en 2012 : au fil des ans, quelques centaines de personnes s’y installent et la ZAD est désormais connue comme la « zone à défendre » ou encore la « zone d’autonomie définitive ».
20 Se masquer
On n’est pas des activistes parachutés sur un territoire. On y vit vraiment.« La mise en avant du côté freaks sert aussi à maintenir une séparation avec le reste de la population, l’idée d’un groupe social qui serait purement étranger. Sur la ZAD, on commence à être plus nombreux à dire qu’on se considère comme des habitants. On n’est pas des activistes parachutés sur un territoire. On y vit vraiment. C’est une bataille de langage. Qui dit “habitants”, dit “enracinement”. On est devenu des habitants. »
Un concert du
ZSR (Zad Social Rap).
21 Contre les logiques de pouvoir
Anonymiser nos actions permet de sortir de ce truc primaire de chef de meute.« Ça me pose question depuis longtemps, la figure du chef, ce sujet de la tête en haut de la pyramide. Dans capitalisme il y a capo, caput : la tête ; et capitalis (“relatif à la tête”, qui entraîne la mort, mortel, fatal…). Anonymiser nos actions permet de sortir de ce truc primaire de chef de meute. La réponse des zapatistes à ce problème, c’est d’être tou-te-s cagoulé-es. Au moins elles et ils ont joué le truc de faire masse, sans discrimination. »
« On a fait une action chez les avocats de Vinci. On était en cagoule de lapinous. J’ai dit à l’avocat qui ne voulait pas nous dire s’ils avaient demandé des ordonnances d’expulsions contre nous : “C’est discriminatoire contre les lapinous !” C’était jubilatoire de les voir perdre leurs moyens face à des lapins. »
Camille : « L’anonymat, c’est contre ce discours dégueu qui dit que si tu réussis, c’est grâce à toi et si t’es au chômage, c’est de ta faute. Faire tout peser sur l’individu, c’est un pilier du monde libéral. Ici, il y a une hostilité à tous les trucs en provenance de ce monde. »
22 Ôter son masque
« Certains d’entre nous ont peur que, pour passer dans les médias, on n’adopte un discours trop policé. Qu’on perde en tranchant, qu’on ne soit pas assez radicaux. Provoquer de l’adhésion et de l’enthousiasme, mais ne pas faire trop bonne figure. Montrer qu’on est vraiment forts face au gouvernement, mais que notre horizon politique est aussi fait de plein de doutes et de questions. C’est toute une élaboration tactique de faire reprendre tes idées par des médias et plus généralement d’être lu par d’autres gens que les convaincus. Tu as plus de chances d’y arriver si ce que tu écris ne ressemble pas au langage militant prévisible du tract anar classique, par exemple. Il faut être créatif et en même temps ne pas délayer le contenu. Dans notre communication, on développe un discours sur ce qui se construit sur la ZAD tout en assumant ouvertement de se défendre avec des barricades et des projectiles et de mettre nos corps en jeu. »
Dans
cette unité de lieu cohabitent des cultures politiques variées et
souvent en conflit les unes avec les autres. Certains veulent se
battre pour la ZAD et la protéger de l’influence destructrice du
système. À leurs yeux, la zone d’occupation est un espace à
défendre en soi contre le système aliénant du reste de la société.
D’autres, au contraire, la veulent ouverte afin d’en faire un
creuset de luttes multiples : contre la loi sur le travail, la
fermeture des frontières, la nucléarisation du territoire, les
violences policières.
23 Saboter
24 Collectif intersyndical contre l’aéroport
Je m’en foutais de la question de l’actuel aéroport de Nantes Atlantique.
« Avant
de rencontrer la CGT-AGO, je m’en foutais de la question de
l’actuel aéroport de Nantes Atlantique. Maintenant, ça me touche.
Ces salariés vont se faire délocaliser alors que certains viennent
de finir leur maison, leurs enfants vont devoir changer d’école.
Bloquer l’aéroport, ce n’est pas pareil pour eux et pour nous.
Ils sont en porte-à-faux par rapport à leur employeur et au système
qui les emploie. Je vois d’autres manières de lutter. »
25 Nourrir les migrants
Parmi
toutes les activités qui naissent sur la ZAD, des cuisines
collectives se sont mises en place. À tour de rôle, celles et ceux
qui y participent préparent des repas pour les moments de
rassemblement (manifs à l’extérieur de la zone, chantiers
collectifs, week-ends thématiques, fêtes) et en soutien d’autres
mouvements, comme lors des manifestations contre la loi sur le
travail en 2016 ou la marche de la dignité à Paris en 2017, et des
migrants à Calais et Vintimille.
Transformation de légumes à la conserverie de la Noë verte et fabrication de pain à la boulangerie de Bellevue.
Par rapport aux réfugiés, on se sent pas mal impuissants.Gab : « Par rapport aux réfugiés, on se sent pas mal impuissants. Les politiques de répression sont si fortes. On est allés à dix à Vintimille faire à manger aux migrants lors d’un camp No border organisé au début de l’été ; il a été vite criminalisé pour empêcher toute forme de solidarité avec les réseaux du coin. Chaque initiative de soutien auprès des migrants était réprimée. Cela ne nous a pas empêchés d’agir. Il y a eu quand même une soixantaine d’interdictions de territoire, de nombreuses arrestations souvent arbitraires, des perquisitions et des menaces d’expulsions de lieu. Des Soudanais passaient faire la cuisine avec nous. On n’avait pas le droit de faire quoi que ce soit sous peine de délit de solidarité. »
26 Établir un rapport de force avec les médias
Camille : « Après la manifestation du 22 février 2014* Le 22 février 2014, la manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avait rassemblé entre 20 000 et 50 000 personnes. Aux abords du cortège, un commissariat, deux agences de voyages, une antenne du conseil général, un abribus et une agence de Vinci, le concessionnaire de Notre-Dame-des-Landes, avaient été mis à sac., tout le mouvement se donne la consigne de ne pas réagir auprès des journalistes avant notre déclaration commune. On publie le soir même un communiqué qui assume qu’une certaine colère s’est exprimée dans la rue ce jour-là. Sur le moment, tout le monde, de l’Acipa aux agriculteurs à la ZAD, est plutôt satisfait. Mais dès le lendemain la pression médiatique et politique monte. Les images de la station de tram en feu passent en boucle à la télé. La région menace de retirer ses subventions aux organisations paysannes anti-aéroport. L’Acipa se fait traiter de vitrine légale d’un mouvement armé. »
Les médias sont puissants et peuvent te diaboliser.
« Quand
en boucle on dit “les gens te détestent” à cause des
destructions en ville, ça a des effets sur beaucoup des gens avec
qui on lutte. Les médias sont puissants et peuvent te diaboliser. On
a fait une nouvelle conférence de presse quelques jours après en se
tenant tous par les bras et en assumant qu’on résisterait bien
toujours ensemble s’ils venaient expulser la ZAD. Deux habitants de
la ZAD portaient un masque de triton. C’est le moment où on
reprend pied face à la manière dont ça nous a bouffé le
cerveau. »
27 Écrire son histoire
28 L'atelier rap
Cartographier
la ZADrire et chanter des chansons sur notre lutte, cela fait exister
des moments. Ce sont des souvenirs qui se partagent à plus large. »
« C’est aussi pour ceux qui débarquent sur la zone, notamment pour résister aux expulsions. On saisit beaucoup de données et on s’est formés à un logiciel de cartographie grâce à l’une d’entre nous qui travaille dessus dans une collectivité. On a eu de grands débats car beaucoup de gens voulaient des cartes qui ressemblent à celles de l’IGN auxquelles ils sont habitués. Il existe aussi une carte dessinée de la ZAD, qui est très belle mais ne permet pas de se repérer car elle ne cherche pas à être précise. Elle est accrochée au mur du commissariat de Waldeck, à Nantes. »
Chapitre
4 : Vivre
sans police
Le rejet de la police, de l’institution judiciaire et de la psychiatrie constitue un des principes fondamentaux de la ZAD. Ce n’est pourtant pas une zone chaotique où chacun fait ce qu’il veut. Il y a des règles de vie, des codes et des processus de résolution de conflit. Des formes d’institutions, au sens d’espaces communs jouant un rôle dans l’organisation du territoire, ont vu le jour : la réunion hebdomadaire des habitants, le non-marché le vendredi, le journal ZAD News, le processus de Sème ta ZAD et de la Curcuma pour la gestion des moyens de production agricole, la radio piratée sur les ondes d’Autoroute FM, Radio Klaxon et le groupe des douze pour tenter de résoudre les conflits.
29 Poser des limites
« Au
début on gérait les problèmes au coup par coup. Il y avait
régulièrement des vols de camarades, des menaces, des attaques
d’animaux d’élevage par des chiens non tenus… Le mélange
entre des personnes issues de milieux différents, certains plus
aisés que d’autres en apparence, suscitait aussi des tensions.
Chaque acte perçu comme grave pour les uns était justifié ou
relativisé par d’autres. C’était épuisant. On en est venus à
ressentir la nécessité de trouver ensemble quelles étaient nos
limites collectives, qu’on ne voulait plus voir dépassées. Au
terme d’un long processus de réunions qui rassemblaient jusqu’à
quatre-vingts personnes, avec des groupes de travail thématiques et
des retours en assemblée, on en est arrivés à s’accorder sur un
certain nombre de règles, qu’on préfère appeler limites – parce
qu’il s’agit de nos limites subjectives dont on n’est plus
prêts à subir le franchissement, et non pas de règles morales. Ça
ne veut pas dire qu’il n’y a plus de problèmes aujourd’hui,
mais on sait mieux ce qui importe aux uns et aux autres et l’on a
une base qui nous permet de mieux réagir collectivement. »
Expulser une personne de la ZAD est difficilement envisageable tant ça met à mal la cohésion entre nous.
« Même
si ça a déjà été fait et assumé, expulser une personne de la
ZAD est difficilement envisageable tant ça met à mal la cohésion
entre nous. On cherche d’autres façons de résoudre les conflits.
On essaie de s’émanciper des logiques individualisantes, morales
et punitives, pour leur préférer celle de la défense des communs,
tels nos limites collectives ou les six points pour l’avenir de la
ZAD. »
« Et
aussi, pour s’assurer que des problèmes interindividuels soient
pris en charge avant qu’ils ne s’enveniment jusqu’à prendre
des ampleurs folles, a été pensé et mis en place un groupe chargé
de tenter de résoudre les conflits pour lesquels il est appelé (et
seulement ceux-là). C’est un groupe de douze personnes tirées au
sort, pour éviter les effets de bande, et renouvelé par moitié
toutes les deux semaines, afin d’assurer une transmission. Ça ne
marche pas toujours très bien, mais ça assainit des choses quand
même. Voilà, on tâtonne, on expérimente… et l’on n’a pas
fini de construire le vivre ensemble ! »
Ben : « Ce n’est pas vrai de dire qu’ici c’est un lieu sans justice. Tu es jugé par tes pairs, par la réunion des habitants. Il n’y a pas de système judiciaire mais le tribunal populaire existe. Il y a des règles tacites, des codes, des usages. Il n’y a pas un méchant système, mais juste une somme d’individuelles lâchetés. Ici, les gens sont censés régler leurs problèmes eux-mêmes. La justice n’est pas un mot sale. »
30 Antispécistes contre éleveurs
L’un
des conflits les plus visibles de la zone oppose les antispécistes,
militant contre l’exploitation animale, aux éleveurs. Ils se
disputent l’usage des terres arrachées à l’État. Certaines
voies d’accès à des champs ont été à plusieurs reprises
trouées ou bouchées pour les rendre impraticables. Des chasseurs
ont parfois menacé des occupants de la ZAD, à leurs yeux
illégitimes car non répertoriés au cadastre.
Ce qu’on essaie d’obtenir, c’est qu’il n’y ait pas de nouvelle installation d’élevage sur la zone.Camille : « Ce qu’on essaie d’obtenir, c’est qu’il n’y ait pas de nouvelle installation d’élevage sur la zone et qu’on préserve des zones plus sauvages sans trop d’intervention humaine et sans utilisation de la mécanisation. »
Camille et Dominique : « Pour nous, c’est une zone en libération. Tu ne peux pas nourrir l’humanité avec l’élevage sans agriculture intensive. Élevage et agriculture intensive sont des faillites entraînant tout l’écosystème dans leur chute. Avec 1 hectare, tu nourris 50 végétaliens ou deux carnistes. Il faut 7 calories “végétales” pour fabriquer une calorie “animale”. Notre vision c’est qu’ici, ça reste un territoire en tension et libéré de l’économie exploiteuse et meurtrière. La lutte contre l’élevage dépasse le cadre de la ZAD et la question du spécisme se pose à l’échelle mondiale. »
Vincent : « La vie ici reste un peu compliquée. COPAINS est un collectif d’agriculteurs très présent sur la ferme de Bellevue sur la ZAD. On joue un rôle de facilitateurs entre les paysans historiques et les occupants. Avec certains antispécistes et antimachines, c’est très compliqué. Certains ont une vision : “on est ici, on est chez nous, on emmerde les autres”. On avance par le dialogue et des opérations coup de poing. D’autres sont ouverts et savent que s’ils coupent les barbelés, ils peuvent mettre les bêtes en danger. Collectivement, on a décidé qu’ils avaient une quinzaine d’hectares pour eux sur les 220 cultivés par le mouvement d’occupation. On souhaite défendre un espace de gouvernance collective. Si c’est une décision collective, d’accord pour que des espaces restent à l’état “sauvage”. Mais si quelqu’un demande 300 ha sans tracteurs, c’est inenvisageable pour nous. »
Chapitre
5 : Déconstruire les
dominations
Le rejet du sexisme, la critique du patriarcat et le refus de l’homophobie sont très présents sur la zone. Cabane, maison et chantiers non mixtes s’y expérimentent. Des habitants souhaitent aussi utiliser la visibilité de la ZAD pour soutenir les personnes victimes de violences policières et dénoncer le racisme institutionnel qu’ils subissent. Des dizaines de zadistes ont défilé à Rennes en décembre 2016 pour réclamer justice pour Babacar Gueye, jeune homme tué par la police, et en mars dernier à Paris lors de la marche pour la justice et la dignité. La réalisatrice Amandine Gay est venue sur la zone présenter son film Ouvrir la voix sur des témoignages de femmes noires et a mis en garde son auditoire : « Si dans trois ans, c’est pareil et que vous êtes toujours entre Blancs, je ne reviens pas. »
31 Ripostes contre le sexisme
On est nombreuses à avoir de moins en moins de tolérance.Lila : « On est nombreuses à avoir de moins en moins de tolérance vis-à-vis des comportements sexistes. L’année dernière, une quarantaine de meufs ont décidé de virer un mec avec boucliers et bâtons, notamment à cause de ses violences contre sa copine. On lui a dit : tu as deux heures pour prendre tes affaires et dégager. Il est parti. Virer quelqu’un de la ZAD, c’est presque contre nature, mais là, il a fallu poser un acte fort. »
32 Déconstruire son privilège de Blanc
Vivre avec les
non-humains
|
33 Repenser les rapports entre soignant et soigné
J’ai envie que les gens soient autonomes et connaissent leur corps.Sarah : « Le projet du jardin médicinal, c’est de soigner les gens. On cultive et sèche des plantes, on les transforme et on en distribue au non-marché. En sauvage ici, on trouve la ronce, le bouleau, le noyer, l’aubépine, l’ortie, la mélisse. On cultive la calendula, la consoude, la menthe, le thym, la verveine, l’hysope, la scutellaire, l’échinacée. Le mieux pour les plantes médicinales c’est de pousser naturellement. Sinon, elles n’ont pas les mêmes capacités thérapeutiques car elles n’ont pas les mêmes concentrations de molécules. »
« Ici,
on voudrait faire des permanences de soins collectifs. Quelqu’un
dit : j’ai ça comme symptôme. Comment faire ? C’est
pour casser le rapport soignant-soigné. Tout le monde se questionne
et tout le monde apprend. J’ai envie que les gens soient autonomes
et connaissent leur corps. La médecine est une science. Mais on peut
donner des clés de compréhension. Toutes les femmes devraient
savoir comment fonctionne un vagin. »
34 Vivre sans électricité
« J’ai
essayé d’instaurer des journées de silence. Une fois par semaine,
on essaie de communiquer sans parler. Par les regards et les gestes.
C’est très dé-stressant. Quand tu passes une journée sans
parole, le corps est content. Il se détend. Jouer de la musique
après une journée sans parler, c’est beaucoup mieux. On apprend à
s’écouter. Des gens vont assez loin dans l’isolement ici, comme
des ermites. »
35 Être libre au travail
36 Créer des coutumes
La commune n’est pas une communauté où tout le monde se ressemble, comme dans un squat.
« La
commune n’est pas une communauté où tout le monde se ressemble,
comme dans un squat. Ce sont des gens sur un territoire : Claude
l’aubergiste, les chasseurs, les squatteurs, les antispécistes…
avec tous, tu crées un truc commun qui dépasse chacun. À la fin du
XIXe siècle, toutes les terres de Notre-Dame-des-Landes
étaient des communaux. On part de ce qui constitue le territoire. »
37 S’auto-organiser
Inauguration du
phare de la ZAD, le 1er avril 2017.
Nul
ne sait combien de temps encore durera l’occupation de la ZAD. Il
est probable que la puissance publique ne tentera pas de l’expulser
avant l’automne prochain, une fois passées les élections
présidentielle et législatives, le rassemblement annuel des
opposants en juillet et les périodes de reproduction des espèces
protégées.
À
quelques jours du premier tour de la présidentielle, peu de
candidats parlent de la ZAD – ils prennent position en
revanche sur l’aéroport – et quand ils le font, c’est le
plus souvent pour en réclamer l’évacuation. La campagne a
néanmoins surgi sur la zone. Mi-mars, une réunion de militants de
La France insoumise à la Vacherit, lieu de réunion à la ferme de
Sylvain Fresneau, un paysan historique, a été perturbée par des
zadistes qui ont jeté des excréments sur la porte et sur la voiture
d’une journaliste de France
Bleu Loire Océan.
L’incident a provoqué la colère de l’Acipa, qui a mis la salle
de réunion en grève. Critiqué par une partie des collectifs de la
zone, ce nouvel épisode rappelle combien l’unité territoriale du
lieu abrite des visions stratégiques diverses et parfois
contradictoires.
Infos du 17 au 23 avril
►Aujourd’hui,
journée
internationale des luttes paysannes, y avait du monde à Bellevue
à répondre à l’invitation
de COPAIN. Ca a été l’occasion de se donner rdv
pour le we du 1er mai, et d’échanger des infos, dont un appel
à rassemblement à Nantes le soir du 1er tour.
►Ce
we, il y avait aussi une exposition d’oeuvres zapatistes et des
discussions autour : voilà un texte
inspiré par cette rencontre, adressée aux Compagnon-ne-s
Zapatistes, Conpagnon-ne-s du Conseil National Indigène et de la
SEXTA Internationale.
En cette journée sans propagande électorale médiatique, on en profite pour relayer un appel lancé aux automédias du 44 à faire un "média center" la prochaine quinzaine
dès 10h : nouveau Grand Rassemblement du Corbeau de Nuit Debout Nantes autour du "candidat" Perceval 2017
dès 12h : Grande Bandrolerie venez toute.s au Grand Jeu concours d’accrochage de banderoles !!
à partir de 18h : Syndicalistes, lycéens, étudiants, chomeurs, votants ou abstentionistes rendez-vous dans la rue !
Infos du 24 au 30 avril
►Pour
ouvrir un garage mécanique sur la zad et permettre ainsi à toutes
les personnes qui le souhaitent d’avoir un local et du matériel
pour réparer leurs autos, motos, camions, nous avons besoin
d’argent ! Pour soutenir l’ouverture du garage "Clé
par clé", n’hésitez pas à participer et/ou à faire tourner
largement cet appel à dons sur le site web : le pot commun !
https://www.lepotcommun.fr/pot/b3typ62i#sdfootnote3sym
toutes les infos
autour de ce projet ICI
►Après
une série de discussions sur la zad et dans le mouvement,
aujourd’hui, c’était journée de chantier collectif autour de la
D281. On veut que cette route soit utilisable et accueillante,
notamment en cette saison de reprise de travaux agricoles, mais aussi
vivante et prête à défendre la ZAD comme elle l’a déjà fait
notamment avec ses chicanes. Nous souhaitons que la circulation y
soit possible, à une vitesse compatible avec la présence de gens,
d’animaux, de vélos grâce à des dos d’âne pour l’instant
expérimentaux.
L’Europe donne son feu vert
à Notre-Dame-des-Landes
- La Commission européenne classe sans suite la procédure d’infraction ouverte en 2014 contre la France pour non-conformité aux règles environnementales dans le projet d’aéroport. Et la justice ordonne l’expulsion du bois occupé par les opposants à Cigéo, dans la Meuse.
Dans
le creux de l’entre-deux-tours de la présidentielle française, un
obstacle substantiel au démarrage des travaux de l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) vient de tomber : la
Commission européenne a classé sans suite, jeudi 27 avril, la
procédure d’infraction ouverte en 2014 contre la France pour
non-conformité aux règles environnementales. « Les
autorités françaises ont répondu aux demandes de la Commission de
manière satisfaisante »,
a indiqué à l’AFP Enrico Brivio, porte-parole pour
l'environnement de la Commission européenne. Bruxelles n’a pas
publié d’information à ce sujet, et le gouvernement français
n’avait pas réagi officiellement vendredi à la mi-journée. C’est
par la voie d’un communiqué du Syndicat mixte aéroportuaire
(SMA), qui réunit les collectivités territoriales impliquées, que
l’information a été rendue publique. Il « se
réjouit de cette décision qui permettra au prochain gouvernement de
faire évacuer la zone pour enfin démarrer le chantier ».
La Commission européenne reprochait notamment à Paris l'absence d'une étude d'impact environnemental globale dans le dossier de l'aéroport et de ses dessertes – un saucissonnage de l’analyse des effets destructeurs sur l’écosystème de la zone humide impactée, selon les opposants. En catastrophe, les pouvoirs publics avaient enclenché une révision du schéma de cohérence territoriale de la métropole (Scot) pour le territoire de Nantes-Saint-Nazaire, adopté fin 2016. Dans ses échanges avec la France, la Commission demandait qu’une autorité indépendante soit consultée – ce fut fait via la saisine de l'Autorité environnementale du CGEDD –, que les citoyens soient consultés par une enquête publique – tenue l’été 2016 – et que le Scot soit modifié. C’est la deuxième fois que Bruxelles se prononce en faveur du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Saisie par des opposants, la commission des pétitions avait validé le chantier, en raison de l’absence de zone natura 2000 et d’espèces uniques sur la zone menacée par les travaux.
Non suspensive en droit, la procédure européenne avait été considérée suffisamment importante par le premier ministre, Bernard Cazeneuve, pour qu’il annonce qu'il suspendait toute nouvelle intervention sur le terrain tant qu’elle était en cours. Un contentieux contre le Scot est en cours auprès du tribunal administratif de Nantes. « Le débat juridique sur le Scot n’est pas clos », explique Thomas Dubreuil, avocat de certains opposants, qui considère que le nouveau schéma n’est pas conforme aux exigences européennes. Mais politiquement, l’Europe vient de donner son feu vert aux travaux.
La Commission européenne reprochait notamment à Paris l'absence d'une étude d'impact environnemental globale dans le dossier de l'aéroport et de ses dessertes – un saucissonnage de l’analyse des effets destructeurs sur l’écosystème de la zone humide impactée, selon les opposants. En catastrophe, les pouvoirs publics avaient enclenché une révision du schéma de cohérence territoriale de la métropole (Scot) pour le territoire de Nantes-Saint-Nazaire, adopté fin 2016. Dans ses échanges avec la France, la Commission demandait qu’une autorité indépendante soit consultée – ce fut fait via la saisine de l'Autorité environnementale du CGEDD –, que les citoyens soient consultés par une enquête publique – tenue l’été 2016 – et que le Scot soit modifié. C’est la deuxième fois que Bruxelles se prononce en faveur du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Saisie par des opposants, la commission des pétitions avait validé le chantier, en raison de l’absence de zone natura 2000 et d’espèces uniques sur la zone menacée par les travaux.
Non suspensive en droit, la procédure européenne avait été considérée suffisamment importante par le premier ministre, Bernard Cazeneuve, pour qu’il annonce qu'il suspendait toute nouvelle intervention sur le terrain tant qu’elle était en cours. Un contentieux contre le Scot est en cours auprès du tribunal administratif de Nantes. « Le débat juridique sur le Scot n’est pas clos », explique Thomas Dubreuil, avocat de certains opposants, qui considère que le nouveau schéma n’est pas conforme aux exigences européennes. Mais politiquement, l’Europe vient de donner son feu vert aux travaux.
Par
ailleurs, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc a ordonné
mercredi 26 avril l’expulsion du Bois Lejuc, occupé depuis l’année
dernière par des opposants au projet de centre d’enfouissement des
déchets nucléaires, Cigéo, à Bure, dans la Meuse. « On
apprend cette décision avec sérénité et détermination,
réagit Sylvain, un opposant. On est plus forts qu’il y a
un an car plus nombreux, plus organisés et plus médiatisés.
L’expulsion du bois Lejuc est maintenant une question de société :
elle ne peut pas être ordonnée sans explication politique. »
La
situation juridique de cette forêt est complexe : la
délibération municipale qui a cédé les parcelles boisées à
l’Andra, porteuse du projet de Cigéo, a été annulée par la
justice. Vendredi, la préfecture de la Meuse a annoncé que la
demande de défrichement du bois entrait de nouveau en phase de
consultation publique. L'été dernier, l'Andra avait commencé à
abattre des arbres avant de se voir ordonner par la justice d'arrêter
les coupes et de remettre le terrain en l'état. Il est depuis occupé
par plusieurs dizaines de personnes, qui y ont construit des cabanes.
De son côté, l'agence a engagé une procédure de tierce opposition
à l’encontre de la décision du tribunal administratif de Nancy
qui a annulé la cession du bois. Pour la préfecture de la Meuse,
« l'Andra est toujours propriétaire des lieux, comme l’a
rappelé, ce 26 avril, l’ordonnance du Tribunal de Bar-le-Duc du 26
avril ».
Le prochain gouvernement trouvera sur sa table de travail les dossiers de Notre-Dame-des-Landes et de Cigéo : deux projets d’équipement ambitieux et contestés. Absentes de la campagne présidentielle ou presque, ces deux luttes écologiques offriront une première épreuve politique au prochain exécutif : face à ces deux mouvements d’occupation, y aller de force ou pas ?
Le prochain gouvernement trouvera sur sa table de travail les dossiers de Notre-Dame-des-Landes et de Cigéo : deux projets d’équipement ambitieux et contestés. Absentes de la campagne présidentielle ou presque, ces deux luttes écologiques offriront une première épreuve politique au prochain exécutif : face à ces deux mouvements d’occupation, y aller de force ou pas ?
Jade
Lindgaard - Médiapart
►Aujourd’hui,
journée de festivités en préparation de la manif de lundi, et
inauguration de la fin de la construction du hangar "de
l’avenir", futur atelier bois de la zad.
Au
programme :
- discussions, à 14h et 16h30
- restauration/buvette à partir de 19h
- fest-noz/bal occitan à partir de 21h !
►Et
demain, d’autres préparations au 1er mai, avec répétition
générale de danse et discussions au Taslu autour des luttes
syndicales.
Gro(w)s
week-end en perspective, soleil aujourd’hui et demain on danse sous
la pluie !
AILLEURS
Infos du 1er au 9 avril
►Contre les grands projets :
Ça bouge de partout ! aujourd’hui on a reçu de nombreuses infos sur des mobilisations un peu partout en France : soirée concert à la gare de Bure, mobilisation à Strasbourg contre le projet d’autoroute à péage (merci Vinci !), déambulation festive contre le fracking en Moselle . Ça fait chaud au coeur !
Infos du 10 au 16 avril
►Chiapas :
Communiqué de l’EZLN et du CNI à propos de la répression sanglante contre la communauté purépecha d’Arantepacua, au Michoacán, les 4 et 5 avril. Courage à elles et eux !
►Bure
Une conférence sur les enjeux des déchets nucléaires, avec Bertrand THUILLIER qui a étudié en détail le dossier CIGEO organisée par le comité du Pays de Retz opposé au projet d’aéroport : https://youtu.be/pdnW5YKkx-M
►GCO
Sur
le front de l’Est contre Vinci et son monde... faire échec au
GCO ! « Ce vendredi nous étions une quinzaine sur le
rond-point entre Duttlenheim et Duppigheim sur la D392 à
l’intersection avec la D111. Nous nous sommes déployé sur les
trois intersections de ce rond-point pour nous faire voir de nos
banderoles et tracter.
- Ici, en Alsace, il faut savoir que le vendredi de Pâques est férié. Pourtant, même si la circulation était moins importante, nous avons mené notre opération sans problème. Nouvelle mobilisation sur un rond-point pour dire non au GCO et informer. La soirée s’est poursuivie au spot de Kolbsheim où de belles discussions ont eu lieu. La cohésion se renforce !
Ce
week-end, quelques personnes occuperont le cabane de Kolbsheim. »
Infos du 17 au 23 avril
NDA :
un lien vers un article pas en rapport direct avec la chronique, mais
… !
►Pendant
la campagne, la répression continue
►GCO :
Des nouvelles de l’Est, où la lutte contre le contournement de Strasbourg et contre Vinci multiplie les rdv : hier sur les rond-points, le we prochain pour un festival de convergence.
Et pour en savoir plus sur ce que Vinci fait là-bas, ils sortent le 4ème numéro de Béton & Biftons
Infos du 24 au 30 avril
A Toulouse, l’opposition au centre commercial
Val Tolosa ne désarme pas
Près de Toulouse, le projet de centre commercial Val Tolosa est à l’arrêt depuis des décisions de justice défavorables. Pourtant, la route menant au site en projet est en pleine construction. Les opposants imaginent de nouveaux moyens de protestation.
Toulouse,
correspondance
Val
Tolosa est un projet
de « centre
commercial multiactivités »
sur la commune de Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), sur le dernier
plateau non urbanisé de l’Ouest toulousain. Un projet qui
« réconcilie
nature, loisirs et commerces »
dans un « centre
de loisirs et de shopping »,
selon les
mots de la communication officielle. Le tout pour 350 millions
d’euros d’investissements dans l’agglomération toulousaine,
qui compte déjà des hypermarchés à ses quatre points cardinaux. À
l’ouvrage, une entreprise déjà propriétaire de 72 centres
commerciaux : Unibail-Rodamco, premier groupe d’immobilier
commercial en Europe.
Si
le gigantisme d’Unibail s’élève souvent dans les airs avec ses
projets de la tour Phare et de la tour Triangle dans le
quartier francilien de la Défense, c’est par sa superficie que
Val Tolosa se démarque : 114.000 m², dont 90.000 m² de
surface bâtie. Cette démesure suscite depuis des années la
contestation d’un collectif hétéroclite d’opposants, Gardarem
La Menude, qui réunit riverains, petits commerçants,
écologistes et désormais militants contre les grands projets
inutiles. En juin 2016, trois ans après avoir déposé un
recours, les opposants ont obtenu que la cour d’appel de Bordeaux
annule
le permis de construire du projet.
Motifs :
non-conformité du projet au plan d’urbanisme en vigueur et absence
d’étude d’impact environnemental au moment du dépôt de la
demande, en 2009. Mais, dès cette décision du tribunal prononcée,
un nouveau permis de construire était déposé et accepté par une
municipalité accueillante. « On
continue à accompagner le projet, qui est porteur d’emplois pour
la commune et de ressources pour la collectivité »,
dit Marc Fischer, directeur de cabinet du maire de
Plaisance-du-Touch. L’emploi, encore et toujours argument
inébranlable pour la défense par les pouvoirs publics de projets
privés. Et ce, alors que les expériences similaires montrent que ce
sont surtout des emplois précaires et de court terme qui sont créés,
accompagnés le plus souvent de destructions
équivalentes dans les commerces de taille inférieure.
« Ils utilisent nos arguments contre Val Tolosa pour s’opposer à leurs concurrents d’Europacity »
De
surcroît, les
résultats de la grande distribution en 2016 montrent que les
hypermarchés vivent la fin d’une époque, avec une
réduction des surfaces non alimentaires et la concurrence montante
de l’e-commerce.
Quant
au vernis « environnemental » de Val Tolosa, il
reste un élément de façade : si 44 hectares d’espaces
naturels seront aménagés et 2.000 arbres plantés, on détruira
en même temps une forêt de deux hectares et construira 4.200 places
de parking.
« Le
plus étonnant, c’est qu’Unibail lui-même confirme nos
arguments, en les reprenant en région parisienne contre le projet
EuropaCity, qui menace leurs propres intérêts,
s’amuse Pascal Barbier, coprésident du collectif des opposants.
Ils
utilisent nos arguments contre Val Tolosa pour s’opposer à leurs
concurrents. »
Car, inauguré en 2013, le centre commercial d’Aéroville, sur la
commune de Roissy, serait en effet directement menacé par
l’implantation
EuropaCity, porté par Auchan.
- La devanture d’un des commerçants opposés au projet de centre commercial.
Bref,
tous les signaux semblent au rouge pour ce projet. Le promoteur
garantit que « le
projet n’est ni suspendu ni annulé »,
mais se refuse à tout autre commentaire. Même silence de la part de
la préfecture, du fait de la réserve électorale. C’est pourtant
sur les épaules du préfet de Haute-Garonne que repose aujourd’hui
l’avenir du projet. Depuis l’annulation en avril dernier de
l’arrêté de dérogation sur la destruction d’espèces
protégées, le
chantier du centre commercial est au point mort et en attente d’un
nouvel arrêté, plus conforme à la loi.
Une « marche nuptiale »
pour célébrer le « mariage
du maire et le promoteur »
Les
pelleteuses sont pourtant à l’œuvre depuis six mois pour réaliser
un élément annexe du projet : l’aménagement d’une route
d’accès par le conseil départemental. Car, que serait un centre
commercial sans les défilés de voitures pour s’y rendre ?
L’ancien locataire du département, Pierre Izard, notable
socialiste, avait maintenu une neutralité constante jusqu’en 2015,
où il cédé sa place à Georges Méric. Cet autre socialiste, qui
s’était déclaré opposé au projet pendant sa campagne, a changé
sa perspective une fois élu et a autorisé en juin 2016 la
construction de cet embranchement routier en liaison directe avec la
voie rapide Auch-Toulouse. Bonne
pâte, la municipalité de Plaisance-du-Touch a accepté de
prendre à sa charge des travaux dont s’est défait le département.
« On
nous fait miroiter la manne future que rapporterait à la commune Val
Tolosa, mais pour l’heure, on n’a aucune marge de manœuvre pour
les autres projets »,
s’indigne Pascal Barbier, élu au conseil municipal. Après une
confrontation musclée à l’automne avec
des vigiles privés, le collectif Gardarem La Menude a voulu à
tout prix éviter un durcissement, avec la hantise d’un nouveau
Sivens. « On
cherche d’autres biais de mobilisation, qui donnent plus envie, qui
passent par le sourire »,
raconte Pascal Barbier.
Et les manifestations d’humour se multiplient. En décembre dernier, une « marche nuptiale » pour célébrer le « mariage du maire et le promoteur » entre Plaisance-du-Touch et Toulouse [1] avait réuni plusieurs centaines de manifestants. Début mars, c’était une pièce de théâtre qui critiquait le projet. Et le 1er avril, les opposants ont lancé un poisson d’avril qui a bien marché, annonçant par un « communiqué officiel » et une « fuite » du quotidien local l’abandon du projet, que confirmait la vidéo d’un homme en costume cravate plus vrai que nature. Plusieurs s’y sont laissés prendre, dont… Reporterre, qui aime bien les bonnes nouvelles.
« On
est en tout cas passé d’une opposition locale seule à une
contestation présente dans toute la métropole toulousaine »,
insiste Pascal Barbier. Fait nouveau : le collectif tente aussi
de se relier à d’autres luttes similaires avec le collectif
Des terres, pas d’hyper, qui regroupe une quinzaine de
collectifs luttant contre de grands projets similaires : Portes
du Tarn, au nord-est de Toulouse, EuropaCity en Ile-de-France ou
Oxylane, à Montpellier. Une même mécanique absurde, à Toulouse
comme ailleurs, dont le fin mot sera rendu dans les prochains mois
par la préfecture de Haute-Garonne pour la reprise des travaux et
par le tribunal de Bordeaux qui se prononcera bientôt sur la
légalité du nouveau permis de construire. À moins que le promoteur
ne décide de passer en force et de débuter sans attendre, comme le
craignent les opposants, la construction de son centre commercial.
Car, depuis la loi Macron et son projet de loi de juin 2015, il
est désormais impossible de détruire une construction illégale,
sauf si celle-ci se trouve sur une zone protégée. Non, ce n’est
pas une blague.
À
Bure, les antinucléaires du bois Lejuc sont expulsables dès
aujourd’hui
Deux
mois après l’audience, le tribunal de grande instance de
Bar-le-Duc, dans la Meuse, a jugé mercredi 26 avril les
antinucléaires du bois Lejuc à nouveau expulsables. Sur place, les
opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires, dit
Cigéo, se disent « surpris » mais « sereins »
face à une décision ayant un « sens politique ».
Mercredi
26 avril, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc (Meuse) a
rendu sa décision : le bois Lejuc, occupé depuis huit mois,
est à nouveau expulsable sans délai. Située sur la commune
meusienne de Mandres-en-Barrois, cette petite forêt occupe un rôle
stratégique, car elle doit accueillir dans ses sous-sols argileux
les déchets nucléaires du projet Cigéo, porté par l’Agence
nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Des
opposants à ce projet de « poubelle
nucléaire »
occupent le bois depuis juillet 2016, construisant
barricades et cabanes à plus de 25 m de hauteur… ils
pourraient donc se retrouver délogés par les gendarmes dès
aujourd’hui.
Lors
de l’audience d’examen du litige, le
8 février dernier, l’Andra a en effet demandé
l’expulsion de M. Sven Lindström, seul occupant identifié de
la forêt lorraine (les occupants anonymes sont plusieurs dizaines),
au nom d’« une
atteinte manifeste au droit de propriété »,
selon les dires de Me Bourel, avocat de l’Agence. Or, cette
propriété est remise en cause depuis que le
tribunal administratif de Nancy a invalidé la cession du bois à
l’Andra, fin février. « L’expulsion
est contestable et l’Agence n’a rien à faire dans ce bois,
puisqu’elle n’en est plus vraiment propriétaire »,
résume Me Ambroselli, qui défend les occupants. À la suite de la
décision du tribunal, ni Me Bourel ni l’Andra n’ont souhaité
pour le moment s’exprimer.
À
la Maison des résistances de Bure, les opposants se disent
« surpris » par cette décision, mais
« sereins » : « On ne s’attendait
pas à ce que ça tombe maintenant, alors que la propriété du bois
est contestée, et en pleine élection présidentielle, note
Sylvestre ((pseudonyme), qui vit entre la Maison et le bois. Mais,
en même temps, on a déjà vécu une expulsion en juillet 2016,
on est bien préparé et déterminé à défendre cette forêt coûte
que coûte. » Des ateliers de formation pour se préparer à
l’intervention des gendarmes, ainsi que la construction et le
renforcement des cabanes, seront ainsi organisés dans les prochains
jours.
Le prochain président pourrait ouvrir son mandat par un conflit avec les écologistes
Les
opposants — qui seraient une cinquantaine en ce moment — ont reçu
le soutien de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, et attendent l’arrivée
de militants amis. Un appel à des actions décentralisées a
également été lancé, et une manifestation de réoccupation est
d’ores et déjà prévue dans les quinze jours qui suivront
l’expulsion. « Cela pourrait raviver la lutte, relancer le
mouvement », observe Étienne Ambroselli. « Ce
n’est ni une défaite ni une fin, nous disent les occupants du
bois. Il s’agit simplement d’une nouvelle étape dans la lutte
qui s’enracine par ailleurs : il y a les occupations légales,
à travers des achats de maison et des remises en cultures de
champs. »
« Il
y a un sens politique à cette expulsion,
estime pour sa part Sylvestre. Si
elle intervient d’ici début mai, elle va laisser une trace
indélébile sur la fin de la mandature anti-écolo de Hollande.
Sinon, le prochain président va commencer son mandat avec un conflit
larvé contre les écologistes, et une lutte potentiellement
violente. »
Et Me Ambroselli de rappeler que Benoît Hamon — et donc le Parti
socialiste — s’est prononcé contre le projet de Bure pendant la
campagne électorale. En avril 2015, Emmanuel Macron, alors
ministre de l’Économie, avait quant à lui soutenu
un amendement favorisant l’ouverture du projet Cigéo.
« Le
bois Lejuc est le symbole d’un choix de société,
insiste Sylvestre. Le
tout nucléaire contre la défense des biens communs que sont la
forêt, les terres agricoles. »
Dans ce contexte, la
mobilisation prévue le mardi 2 mai à Bar-le-Duc en soutien
au paysan Jean-Pierre Simon, jugé pour avoir soutenu l’occupation
du Bois Lejuc en mettant à disposition des occupants son tracteur et
sa bétaillère, prendra certainement un nouveau sens.
La Révolte des arbres contre
le Grand Contournement Ouest de Strasbourg
Les
29
et 30 avril,
en route pour le 2e festival des Bishnoïs
Depuis
l’année dernière, il s’est passé beaucoup de choses : des
arbres sont tombés, des pelleteuses ont fouillé… pour autant, la
résistance n’a pas dit son dernier mot. Elle est là, déterminée,
fière et s’active depuis des mois.
Maintenant
c’est au tour des Ents d’entrer dans la danse.
« La
révolte des arbres » signe l’entrée officielle des arbres
encore debout dans la bataille. Ils auront besoin de chacun de nous,
de vous, de toutes et tous ici autour de Strasbourg, mais aussi
d’Alsace et au-delà, pour assurer leur marche en avant vers la
victoire. Ni autoroute, ni Vinci… Seules les alternatives au tout
voiture-camion peuvent répondre aux problématiques que connaît la
capitale alsacienne en agissant directement sur le trafic lui-même.
Non,
Vinci n’a pas encore gagné le droit de construire son autoroute.
Les
29 et 30 avril, envoyons un message fort et clair. Autour de
concerts, de visites naturalistes, d’un village de la convergence
et plein d’autres surprises, rencontrons-nous, d’ici ou
d’ailleurs et ensemble, faisons vivre la flamme de l’espoir. Pas
pour nous, mais pour nos enfants !
Rendez-vous
le samedi 29 avril à partir de 12h.
GCO
Non merci
►Bure :
Besoin de soutien : le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc a tranché mercredi : le bois est à nouveau expulsable sans délais. Dès à présent il y a un appel à venir nombreu.ses, durant les jours et semaines à venir. Pour info, la Confédération Paysanne 44 organise un car vers Bar le Duc pour se rendre au procès de Jean-Pierre Simon accusé d’avoir aidé les opposants au projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, pour les inscriptions et renseignements voir ici
Près d’Orléans, les opposants au béton remportent la victoire sur Decathlon
Près
d’Orléans, Decathlon entendait construire un centre commercial de
sports sur 16 hectares de terres agricoles et naturelles. Au
bout de quatre années de lutte, les opposants ont obtenu un quasi
« abandon officiel » du projet.
Cela
fait quatre semaines qu’ils trépignent, retenant leur souffle et
leur enthousiasme. Et mercredi 26 avril, les opposants au projet
de village Decathlon à Saint-Jean-de-Braye (Loiret) ont enfin laissé
fuiter leur soulagement à travers un discret communiqué intitulé
Victoire confirmée contre Decathlon !.
Le
31 janvier dernier, le tribunal administratif d’Orléans
annulait l’arrêté préfectoral qui autorisait la destruction de
9 hectares de zone humide dans le projet de village Decathlon
prévu
sur 16 hectares de terres agricoles et naturelles. Or, cet
arrêté est un document indispensable pour commencer l’aménagement.
Le promoteur avait donc deux mois, jusqu’au 31 mars, pour
faire appel de la décision… ce qu’il n’a pas fait. « On
est très proche d’un abandon officiel du projet,
sourit Fabrice Tassard, membre du collectif d’opposants pour un
Site préservé entre Loire et forêt (SPLF 45). Nous
sommes très contents, même si on reste vigilants. »
Après
cet important revers, il reste à Decathlon plusieurs issues :
trouver une dizaine d’hectares dans le secteur pour compenser la
destruction des zones humides, « option compliquée à
réaliser », d’après les opposants, ou travailler à un
projet de zone commerciale réduite, afin de ne pas empiéter sur les
9 hectares à sauvegarder, « ce qui amputerait le
projet de 60 % de sa surface originelle », précise
Fabrice Tassard. Ou abandonner.
Par
courriel, le service presse du groupe indique à Reporterre
qu’il ne souhaite « pas apporter de commentaire relatif au
communiqué du collectif et aux informations qu’il avance ».
Il
aura donc fallu pour l’emporter plus de quatre années de
rencontres avec les habitants, de rendez-vous houleux avec des élus
municipaux favorables au projet, de chantiers agricoles. Mais c’est
sur le plan juridique que la bataille aura porté le plus ses fruits.
La Commission nationale d’aménagement commercial (Cnac) a
annulé par deux fois le dossier Decathlon, pointant
l’artificialisation des espaces naturels, les risques de
déséquilibre de l’offre commerciale, les impacts négatifs sur le
trafic routier, la faiblesse du projet sur le plan architectural et
dans sa contribution au « développement
durable ».
Le « Village »,
dont l’ouverture était initialement prévue en 2017, s’embourbait,
forçant Decathlon à revoir sa copie. En parallèle, le collectif a
attaqué l’arrêté préfectoral autorisant la destruction de zones
humides. Le tribunal lui a donné raison en janvier dernier. « La
loi sur l’eau nous a sauvé, et la bataille juridique a payé »,
estime Fabrice Tassard.
Rôle indispensable dans la limitation des inondations
Comme
à Sivens ou ailleurs, la loi sur l’eau et la sauvegarde des zones
humides aura donc eu raison des appétits voraces des promoteurs.
Dans ses premières études, Decathlon faisait état de 1.500 m2
de zones humides sur les 16 hectares du « Village
sportif ». Le pédologue Laurent Richard a alors rejoint le
collectif SPLF 45, et mené une contre-expertise sur le terrain
de la Buissonnerie, où devait s’implanter le groupe. « Dès
ma première visite, je me suis dit que la zone humide était bien
plus grande que ce qu’avançait Decathlon »,
raconte-t-il. Il a prélevé des carottes de terre un peu partout et
les a étudiées : bingo ! Les analyses ont montré
notamment une stagnation d’eau pendant une longue période, signe
caractéristique des zones humides. Grâce à cette investigation, la
surface humide est évaluée à 9 hectares, soit une zone
60 fois plus grande que celle diagnostiquée par le groupe.
Ce
dernier s’est défendu en arguant que seuls 1.500 m2 étaient
« fonctionnels d’un point de vue écologique ».
Autrement dit, seuls 1.500 m2 présentaient des plantes
caractéristiques d’une zone humide. Car, pour définir une zone
humide, il existe des critères pédologiques et botaniques. « Les
critères botaniques, qui se fondent sur la présence de certains
végétaux, sont pertinents, mais ils ne sont pas une condition sine
qua non, explique Laurent Richard. La zone de la Buissonnerie
n’est pas un réservoir de biodiversité végétale — à cause de
sa vieille vocation agricole —, mais elle remplit toutes les
autres fonctions d’une zone humide ! » Biodiversité
en matière de microorganismes telluriques (dans le sol), capacité
d’épuration des eaux de ruissellement… mais aussi un rôle
indispensable dans la limitation des inondations. La végétation
herbacée de la zone ralentit et régule en effet les eaux
superficielles, ce qui est essentiel dans un secteur qui connait des
débordements réguliers des rivières et des canaux, comme en
juin 2016.
Le
tribunal administratif d’Orléans a donc tranché en janvier en
faveur des opposants, se fondant sur la définition large promue par
la loi sur l’eau. Et, après trois mois sans réaction, le groupe
Decathlon pourrait bien avoir décidé de jeter l’éponge.
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