Nouveaux horaires :
18h30 et 21h
Mardi 16 mai au Lido à 21h
Les Ciné-Rencontres vous proposent
Synopsis :
Entourée de
musiciens, Félicité chante le soir dans un bar de Kinshasa. Cette femme
libre et fière voit soudain sa vie basculer lorsqu'elle apprend que son
fils Samo a eu un accident de moto. L'adolescent de 14 ans doit être
rapidement opéré sinon il risque d'être amputé d'une jambe. Mais pour
que le chirurgien consente à l'opérer, il faut que Félicité réunisse une
somme d'argent conséquente. Commence alors pour la jeune femme une
course contre la montre dans les rues pauvres de ville afin de réunir la
somme. Mais, entre les arnaqueurs, les mauvais payeurs et la
désapprobation familiale, la quête de Félicité s'annonce très
difficile...
https://www.youtube.com/watch?v=-6LC3ys9pqM&feature=youtu.be |
Critique TELERAMA :
Dans
la fureur de Kinshasa, capitale aux douze millions d'habitants de la
République démocratique du Congo, le réalisateur Alain Gomis fait surgir
une héroïne qui a, comme lui, le goût du défi. Solitaire et fière,
Félicité brave les regards et entre en scène. Dans le bar où elle est
chanteuse, la vie tangue entre alcool, embrouilles et désirs. Soudain,
sa voix s'élève, galvanise les énergies et fait naître une harmonie. La
nuit incertaine bascule du côté de la beauté. Cette séquence
d'ouverture, qui dure plus de sept minutes, est un tour de force de
cinéma. De la force, il en faut, à Kinshasa : le lendemain, Félicité est
à l'hôpital devant le corps ensanglanté de son fils qui a eu un
accident de moto.
Cette
fiction s'élance dans l'urgence, jusqu'à donner un sentiment de
réalisme documentaire. Mais une tonalité différente y résonne bientôt :
dans une nuit qui est sans doute celle de ses rêves, Félicité marche
vers une autre dimension de la vie, mystérieuse et apaisante. Comme s'il
voulait vivifier le cinéma africain, rare et généralement fragile, le
Franco-Sénégalais Alain Gomis déploie tous les possibles. Il filme le
combat pour la survie et l'élévation spirituelle, le trivial et le
sacré, il fait vibrer la musique du groupe Kasaï Allstars, qui mélange
tradition et électro, et celle d'Arvo Pärt, jouée par l'Orchestre
symphonique de Kinshasa. L'ambition est de remuer ciel et terre.
Félicité se jette dans la bataille pour sauver son fils menacé
d'amputation, elle prend des coups pour trouver de l'argent et repart à
l'attaque. Et puis, elle s'effondre. Elle qui faisait face, s'efface...
Le
film trouve alors une autre manière encore de nous faire ressentir le
quotidien de Kinshasa. L'énergie laisse place à l'épuisement et
l'égarement dans cette ville de violences, où l'argent, qui n'est nulle
part, est réclamé tout le temps et ne sauve rien. Le gouffre de
l'absurde s'ouvre, mais Félicité en ressort moins affaiblie qu'adoucie.
En baissant la garde, la guerrière apprend le pouvoir de l'abandon, qui
lui permet d'accepter sa fragilité et d'être, simplement, humaine.
La
joie renaît toujours. Ce message d'espoir, Alain Gomis est allé le
chercher au coeur d'un chaos dont il recompose l'étrangeté avec une
audace incroyable. Il est prêt à perdre en route son héroïne et, tout
aussi bien, à déboussoler le spectateur. Ce film parfois énigmatique, où
le chant et la musique comptent autant que les dialogues, invente son
langage de cinéma. Il cultive la fluidité et laisse filer ses
personnages, pour mieux fusionner avec eux. Le courage du fils
accidenté, mutique, apparaît comme une sorte de lumière. De même,
l'amour du séducteur de bar qui emballe toutes les femmes mais ne veut
faire le bonheur que de Félicité. De ces vies ordinaires, un sentiment
de grandeur s'élève : par-delà la matérialité, la pauvreté, la beauté de
l'âme rayonne. Par-delà les épreuves résiste une flamme secrète.
Interprétée par l'étonnante Véro Tshanda Beya, Félicité devient un
personnage transcendant, d'une intériorité et d'une richesse
magnifiques. — Frédéric Strauss
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