Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle
PROJET D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Source : ZAD.nadir.org et médias
Février 2017
Et ailleurs : Paris (Théo) - Bouriège (11) - Saint-Jean de Braye (45) - Bure (55) - anti CGO (67) - NY (USA) - Vienne (Autriche)
ZAD
de NDDL - 44
►Haut Fay ZAD
L’atelier d’impression du Haut Fay permet à qui le désire de transposer son imagination sur tous types de supports : affiches, autocollants, textiles, bois,… etc►17, 18 et 19 Février à la Wardine, sur la ZAD RENCONTRES DE LUTTE CONTRE LES PERSÉCUTIONS POLICIÈRES
La question de comment être solidaire avec d’autres luttes se pose à nous, occupant-e-s de la zad, sous différentes formes. Si nous faisons front contre un projet d’aéroport, il reste un problème, son monde.
Macron favorable à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
Interrogé
mercredi 1er février sur France Inter, Emmanuel
Macron s’est déclaré favorable à la construction de l’aéroport
de Notre-Dame-des-Landes : « Sur le fond, ce projet a
été très mal emmanché. Il relève d’un modèle qui n’a sans
doute plus cours aujourd’hui. Mais, sur ce sujet, vous ne pouvez
pas décider que la voie démocratique n’a aucun sens. Si elle
n’avait pas été purgée, j’aurais dit qu’on peut reprendre le
sujet, le remettre à plat, parce que, en effet, moi je veux
questionner les fondamentaux économiques et les principes. Mais il y
a eu une consultation, dans un périmètre défini. Le peuple s’est
exprimé, je suis pour respecter cette décision. »
Source :
20
minutes
sur
Reporterre
Lundi
13 février
►Quelques
nouvelles de la semaine passée, et notamment des photos du chantier
de montage de la cabane pour le jardin médicinal :
Cette
cabane a été réalisée par un groupe de soutien de Rennes, comme
une façon de tisser des liens avec des personnes dites "de
l’extérieur" et un endroit dédié au plantes médicinales -
notamment pour un groupe de personnes qui s’organisent depuis les
expulsions autour d’un jardin médicinal dans le champs du Rouge et
Noir et un groupe d’autoformation (qui n’existe plus pour le
moment).
Elle est en construction depuis plusieurs mois et il y a le chantier final cette semaine pour la monter (malgré la pluie).
Cette cabane a pour vocation d’être un endroit de transformation (des plantes brutes vers des teintures, baumes, vinaigres...) et séchage, mais aussi de stockage pour qu’elles ne pourrissent plus dans nos cabanes. Ces tisanes pourront après être faites en mélange pour distribution sur le non-marché (comme il a déjà été fait quelques fois) ou directement à la cabane pendant des permanences.
Ça servira aussi de lieu pour faire des
consultations d’herboristerie ou éventuellement d’autres
ateliers en rapport avec les plantes.
Vendredi, c’était soirée de soutien aux frais de cette construction au Haut Fay.
►Anti fascisme - bibliothèque du Taslu - violences policières
La
semaine prochaine c’est la semaine des résistances à Nantes :
elle commencera par 2
soirées sur l’autonomie italienne dans les années 70 au Taslu, la
bibliothèque de la zad en construction et se finira par un
weekend d’actions antifascistes contre la venue du F-Haine dans la
ville. No Pasaran !
►Un
appel à venir de
la zad pour
répondre à
toute tentative d’expulsion a été validé par la coordination des
associations anti-aéroport, les naturalistes en lutte et des
habitant.e.s de la zad
Mardi
14 février
►Parait
que le gouvernement lance une procédure de saisine du Conseil d’État
pour qu’il prenne un arrêté de prolongation de la DUP au-delà de
février
2018. Quelle panique.. (source Presse Océan)
►On
apprend la réouverture hier du commissariat Olivier de Clisson au
centre
de
Nantes,
qui avait été abimé lors de la manifestation antiaéroport de
février 2014. 35 personnels sont affectés au poste et ce sera
ouvert de 9h15 à 18h en semaine. A bientôt ;)
Vendredi
17 février
►La
présence d’une quinzaine de fourgons de CRS est signalée à NDDL,
à priori liée à la venue d’une commission
d’enquête sur "la réalité des mesures de compensation des
atteintes à la biodiversité engagées sur des grands projets
d’infrastructures" avec le CEPDA et l’ACIPA
►Un
we de rencontres
contre les persécutions policières commence ce soir à la
Wardine.
Infos du 20 au 26 février
Lundi
20 février
►Etrange
déplacement d’espèces sur la zad :
Stupeur
vendredi dernier dans le bocage où on a vu défilé quelques
encravato-sénatorius. Ceux-ci auraient quitté leur habitat naturel,
douillet et urbain, pour venir affronter le temps d’une après midi
les rigueurs de l’air frais et le bruit inhabituel d’une faune
encore préservée. Retour sur cette étonnante procession dans
20 minutes
Mercredi
22 février
Mercredi
22 février (quelle date) :
→annif
de la manif nantaise du 22-02-2014 contre
l’aéroport
NDDL : 2
yeux crevés
►Découverte
de la zad avec les Naturalistes en lutte le 19 février :
A
venir pour le week end :
►SAMEDI
25 : Grande
manifestation à Nantes contre le FN
à 15H
station Commerce à la croisée des trams
Les grandes idées se rejoignent : cortège de funérailles du FN le 26 février à Nantes
►Ici,
un appel depuis la ZAD à rejoindre ou soutenir les actions prévues
ce weekend conre le meeting du FN à Nantes.
►ZAD :
Un
nouveau recours vient d’être déposé par la Confédération
Paysanne contre le SCOT de Nantes-St-Nazaire, document d’urbanisme
qui fixe l’aménagement du territoire prévu pour accueillir
l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
►Ici,
des explications de la zad-nddl sur l’appel à rejoindre les
actions et manifs contre le meeting du FN ce week-end à Nantes.
►Et
pour faire un retour sur la Semaine des résistances qui se
clôt ce week-end : un
compte-rendu illustré de la première soirée "Ingouvernables,
devenir commun".
A Nantes, la mobilisation anti-FN doute et se renouvelle
Comment
organiser la riposte citoyenne quand le Front national infuse
l’ensemble de la politique française ? C’est l’épineuse
question qui se pose aux militants dans leur grande diversité, avant
la venue de Marine Le Pen dimanche à Nantes.
De
notre envoyé spécial à Nantes.
S’il
n’y avait que les chiffres, le Collectif unitaire contre l’extrême
droite et ses idées aurait pu tranquillement continuer à somnoler.
Lors des dernières élections présidentielle et législative, le FN
a recueilli 7,78% et 5,85 % des voix à Nantes. Pas vraiment de
quoi occuper la rue. Depuis, ce n’est un secret pour personne, le
climat a changé. Certaines stratégies politiques également. Alors
qu’en 2012, les élus PS de la cité des Ducs de Bretagne avaient
catégoriquement refusé l’accès de salles municipales ou
métropolitaines au Front national, en 2017, les portes du Zénith
lui sont désormais grandes ouvertes.
« En
laissant l’accès libre à Marine Le Pen, le PS joue sur
l’aspect repoussoir du FN et mise sur la future injonction au vote
utile », analyse Pierre, membre du collectif A l’abordage.
Ce qui a réellement choqué et interroge le milieu militant nantais,
c’est la décision prise par la Ville de Nantes de mettre une salle
à disposition de Breizh Info. Le 3 février dernier, ce site
identitaire, étoile montante de la fachosphère, recevait Jean-Yves
Le Gallou. Cofondateur du FN avec Jean-Marie Le Pen en 1972, chantre
de la “Réinformation” et adepte du concept de « grand
remplacement », ce dernier a pu tranquillement débattre de son
dernier livre… sous étroite protection policière. Cet événement
a réactivité, pour un temps, “la guerre des faf contre les
antifa”, et a surtout déstabilisé le Collectif unitaire contre
l’extrême droite et ses idées.
A
peine réveillé, après quinze années de sommeil et le souvenir de
sa dernière grande mobilisation le 21 avril 2002 (près de 20 000
personnes alors), le voilà obligé de réagir à l’actualité. Et
les débats internes, auxquels Mediapart a pu assister, ont révélé
une fracture nette parmi la quinzaine d’organisations syndicales et
associatives membres du Collectif.
A
Nantes, le 22 février 2014 lors de la manifestation contre
l'aéroport Notre-Dame-des-Landes
|
Au
cœur de ces tensions, les modalités et les finalités de la lutte.
Car à Nantes, depuis quelques années, la question de l’occupation
de l’espace public et de la rue est indissociablement liée aux
mobilisations contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la loi
sur le travail. Et aux violences policières qui en ont découlé.
Pour des structures comme les sections nantaises du MRAP, de la FSU,
de la FNASAT ou de la LDH, « il existe des risques de
dérapage trop importants pour appeler à manifester contre la venue
de Marine Le Pen à Nantes ». « Dans le rapport de force
des idées et à 60 jours du premier tour de la présidentielle,
si l’on rate la manif, Marine Le Pen l’utilisera dans sa
stratégie de dédiabolisation, rappellent leurs représentants.
Une mobilisation minoritaire ou violente serait de toute façon
contre-productive. »
« Au
contraire, répond Mathilde, de Nantes en résistances, ne pas
appeler à manifester serait un aveu de faiblesse. D’autant qu’on
a eu de la force pendant plusieurs mois contre la loi sur le travail.
Il nous faut être ambitieux et réoccuper la rue. » Résultat,
après quatre longues réunions et autant de débats musclés, un
appel à manifester ce samedi 25 février a fini par être lancé
contre la venue de Marine Le Pen à Nantes le lendemain. Un consensus
unitaire qui ne règle pas, pour autant, la question de la riposte à
mener face à l’extrême droite et ses idées. Et, plus largement,
face au désaveu grandissant de la politique classique par les
citoyens français.
Lancée
à la rentrée de septembre, l’association la Horde des sentiers
battus est également traversée par ces enjeux. Au départ, créée
pour « redonner du sens, questionner les évidences,
décrypter les médias et déconstruire les thèses complotistes »,
“la Horde”
s’interroge.
Faut-il manifester ? Inventer de nouvelles formes d’action ?
Combiner les deux ? Pour Violaine, « ce n’est pas un
défilé qui changera les idées ». Pour Hélène, « c’est
important une manif. Cela a l’avantage de nous rendre visibles et
d’occuper le terrain ». Une réalité contre une autre,
poursuit-elle, où les « militants de gauche doivent
aujourd’hui accepter de sortir d’un certain hygiénisme de la
pensée et ne plus refuser l’apprentissage des nouveaux outils de
lutte. »
Reprendre la rue, investir la Toile et reconfigurer le mouvement social
Car
bien plus que la rue, c’est bien le territoire numérique qui est
depuis longtemps laissé aux mains de l’extrême droite. « Pour
les militants issus du syndicalisme ou de la gauche classique,
utiliser ces outils est synonyme d’allégeance à GAFA »
(pour Google, Apple, Facebook et Amazon), poursuivent Hélène et
Violaine. Extrêmement efficaces dans la bataille idéologique et
culturelle, Facebook et Twitter sont pourtant délaissés par les
militants, car ne correspondant pas à leurs valeurs éthiques. « Je
comprends le raisonnement, réagit Hélène, également salariée
à l’association de décryptage des médias Les Pieds dans le PAF,
mais je dis à tous ces militants que la force de frappe n’est
pas la même, surtout concernant les plus jeunes qui s’informent
sur le net et non grâce à des tracts. »
Et
les fondatrices de la Horde des sentiers battus de prendre les
exemples des apéros Facebook « saucisson-pinard » ou de
la Manif pour tous. « Cela a marché à fond simplement
parce que ces gens avaient besoin de manifester et de se manifester.
De notre côté, nous nous sommes laissé endormir, prenant pour
acquises nos convictions. Nous avons été trop tolérants. Nous
avons lâché trop de terrain et, clairement, aujourd’hui, nous
sommes complètement largués. »
Reprendre la rue,
investir la Toile et reconfigurer le mouvement social, voilà
l’objectif que s’est fixé A l’abordage. A l’origine des
longs mois de lutte contre la loi sur le travail à Nantes, cette
assemblée utilise non seulement les outils de la résistance réelle
et virtuelle, mais politise chacune de ses actions. « Après
le printemps, nous avons appris que le PS voulait organiser ses
nouvelles universités d’été à Nantes, se souvient Pierre,
membre de A l’abordage. Nous avons donc mis sur pied des
assemblées hebdomadaires avec pour objectif de perturber cette
initiative mais surtout de continuer à faire vivre le mouvement
auquel avaient participé les syndicats combattifs, les Zadistes,
mais aussi les lycéens et les associations de chômeurs. »
Devant cette alliance toujours mobilisée, le PS a fini par jeter
l’éponge. « Ce qui ne nous a pas découragé, en
sourit encore le doctorant en sociologie urbaine. Même si, du
coup, notre action n’avait plus l’impact souhaité d’un
contre-sommet, 500 à 600 personnes sont venues débattre des enjeux
de la mobilisation et de la riposte à mettre en place. »
Un
souffle militant nouveau, qui se concrétise ici à la fois par la
reprise de la Semaine des résistances – organisée sur Nantes
chaque fin février en souvenir du 22 février 2014 « où
plus de 40 000 personnes s’étaient mobilisées contre
l’aéroport » –, et par le lancement en janvier 2017 de
l’appel national « Génération ingouvernable ».
« Suite à la brutalisation de la société, à
l’utilisation du 49.3 et du flashball comme seuls arguments de
discussion, que veut dire être gouvernés aujourd’hui, poursuit
Pierre. Ma génération a pris la rue, a été expulseé et
éborgnée. Rien que sur Nantes, 350 jeunes ont été interpellés.
Nous aurions toutes les raisons de nous retirer, d’appeler à
l’abstention ou de céder à la menace politique du “ce sera moi
ou le FN”. Et pourtant, nous appelons à manifester ce samedi
contre la venue de Marine Le Pen à Nantes, dimanche. »
Au-delà
de cette manifestation, et de leur volonté de repenser la logique
anti-FN et ses slogans, se pose la question de la gouvernance. Avec
ces tentatives de réponses, ces abandons ou ces expérimentations
déjà existantes. Si les Zadistes appellent eux aussi à manifester
samedi et à une opération escargot dimanche midi sur le
périphérique nantais, ils opposent « aux déclarations
spectaculaires et aux emplois fictifs, les réalités de
l’auto-organisation de la production dans le bocage, les réalités
de la solidarité avec les exilé.e.s et celles et ceux qui luttent à
leurs côtés, les réalités d’une élaboration politique partagée
dans nos assemblées… En clair, la réalité d’un territoire en
résistance mais plus que jamais ouvert ».
De
son côté, le collectif A l’abordage milite « pour
recréer des liens avec le syndicalisme combattif et l’associatif
militant. » « C’est d’ailleurs pour ça que, malgré
les mésententes inhérentes à ce travail en commun, nous
continuerons de participer aux actions du Collectif unitaire contre
l’extrême droite et ses idées, reprend Pierre. Parce que
la riposte n’est pas une lubie de vieux militants dépassés ou
d’une ultra gauche exaltée. C’est une nécessité idéologique,
et un combat de terrain à imaginer sur le long terme. Parce
qu’au-delà des réponses ponctuelles que l’on peut apporter à
l’invitation d’un Jean-Yves Le Gallou ou à la venue de Marine Le
Pen au Zénith, l’enjeu de la reconquête sociale va se poser de
manière bien plus criante encore entre les deux tours de la
présidentielle et au matin du 8 mai. »
Pierre-Yves
Bulteau - Médiapart
►MANIFESTATION CONTRE LA VENUE DU FN À NANTES : LA RUE S’ENFLAMME par Taranis news
Marine Le Pen veut faire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes
La
candidate du Front National a redit, vendredi 24 février, son
opposition au projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sur
France Bleu Loire Océan. En revanche, si elle est élue
présidente, elle respectera le "oui" au transfert
exprimé lors de la consultation.
« Je
suis contre cet aéroport depuis le départ sauf qu’il y a eu une
consultation populaire et par conséquent rien ne peut aller contre
une consultation populaire. Le peuple a toujours raison […] même
si moi je suis opposée à cet aéroport », a déclaré
Marine Le Pen.
Concernant
l’occupation de la Zad, la présidente du FN n’envisage rien
d’autre qu’une évacuation. « Maintenant la décision a
été prise et la fermeté doit être de mise car il n’est pas
question qu’un petit groupuscule d’anarchistes fasse céder
indéfiniment l’État français, l’État qui est le représentant
de l’ensemble du peuple et il doit faire appliquer la loi »,
a ajouté la candidate.
Source :
Ouest
France sur
Reporterre
Ça
bouge contre le meeting du FN :
►L’opération escargot autour du Zénith a causé de gros ralentissements sur le périph’
►"des coloristes sur voie rapide" ont bloqué des bus de militants frontistes en provenance de Rennes, voir leur communiqué ci dessous :
Aujourd’hui,
dimanche 26 février, pour perturber la tenue du meeting de Marine Le
Pen à Nantes et en réponse à l’appel à blocage lancé par
l’assemblée nantaise « A l’abordage », nous avons
réservé une petite surprise aux militants frontistes entassés dans
les bus en provenance de Rennes.
Dans
le calme, la bonne humeur et sans aucun heurt, nous avons bloqué
deux bus sur la 4 voies, qui furent au passage copieusement repeints
parce que dans la vie, il y a bien d’autres couleurs que le bleu
marine.
Comme
à son habitude, le Front National ne manquera pas de se poser en
victime, invoquant la « démocratie » et la « liberté
d’expression ». Nous le répétons, dans une France sous état
d’urgence, où la police ratonne dans les banlieues et rafle les
migrants, nous ne laisserons pas fleurir le racisme et la xénophobie
au prétexte de « liberté ». Nous n’avons pas oublié
comment les régimes fascistes d’hier furent institués par des
voies parfaitement démocratiques et légales (élection d’Adolf
Hitler au suffrage universel, vote massif des pleins pouvoirs à
Pétain par le parlement...).
A
travers le Front National, c’est à la politique classique dans son
ensemble que nous nous attaquons, à tous les partis de gauche comme
de droite qui font mine de combattre l’extrême droite tout en
pillant ses idées et appliquant son programme sécuritaire.
Aujourd’hui
comme demain, dans la rue comme dans les luttes, soyons
ingouvernables !
Des
coloristes sur voie rapide.
Infos du 27 au 28 février
Lundi
27 février
►Anti fascisme
La
blague de ce début de semaine c’est Fillon qui parle d’un climat
de "quasi guerre civile" pour parler de ce qui s’est
passé ce weekend à Nantes. Il rajoute, évoquant le blocage de deux
bus de militants F-Haine se rendant au zénith pour la grande messe
de leur parti,
"je ne peux pas accepter que des autocars soient pris d’assaut sur l’autoroute comme si on était au far west"
N’empêche
que c’est vous les cowboys et nous les Indiens, et qu’il n’est
pas question qu’on laisse passer la diligence du Front National.
No
Pasaran !!!
AILLEURS
Infos du 1er au 5 février
►Zad Bouriège (11)
"Bonsoir
le collectif, nous vous envoyons des nouvelles de la ZAD, 2
bulldozers sont passés aujourd’hui pour agrandir "l’autoroute
des éoliennes", demain le compacteur finira de tasser ce
passage et ce dès tôt le matin ... Nous avons aussi eu la visite
d’une grande troupe de gendarmes qui tentent par tous les moyens de
nous empêcher toute action envers les travaux, et nous risquons
demain matin tôt de nous faire expulser du terrain de Jean Louis ou
bien de subir une perquisition gratuite, sans son accord bien sûr,
et nous accuserons une nouvelle défaite...! Voilà donc, nous
espérons que ce message parviendra à toutes les personnes
concernées... "
(NDA) :
Bouriège ( Wikipédia)
Les
vestiges de l'ancien village médiéval de Saint-Pierre-le-Clair
situés sur les hauteurs de la commune ont été détruits aux
trois-quarts en 2013 pour céder la place à l'implantation d'un site
d'éoliennes. On peut toutefois encore y voir les ruines d'une
ancienne église romane.
Le tribunal d’Orléans bloque le projet de Décathlon
Le
tribunal administratif d’Orléans a annulé le 31 janvier
dernier l’arrêté préfectoral qui autorisait la destruction de la
zone humide dans le projet de village Decathlon prévu sur 16
hectares de terres agricoles et naturelles sur Saint-Jean de Braye
(Loiret).
L’arrêté,
annulé au titre de la loi sur l’eau, est un document indispensable
pour commencer l’aménagement de la zone. Pour le collectif SPLF45,
qui s’oppose au projet de centre commercial, « c’est une
grande victoire » : « L’un de nos arguments
est la sauvegarde des près de 10 hectares de zone humide présents
sur le site », explique-t-il dans un communiqué.
collectif
SPLF45 sur
Reporterre
Infos du 6 au 12 février
►Bure : Flics et tractopelles détruisent des barricades dans la forêt de Bure et autour de l’ancienne Gare de Luméville, coup de pression qui s’en tient là pour le moment, plus d’info sur vmc.camp, avant la MANI MANIF MANIF du 18 fev.
À Bure, la lutte s’envole joyeusement contre la poubelle nucléaire
Aux
confins de la Meuse et de la Haute-Marne, l’État multiplie les
projets liés au projet Cigéo d’enfouissement des déchets
radioactifs. Face à cette offensive, les opposants investissent les
arbres et s’implantent durablement, malgré la demande d’expulsion
que doit étudier le tribunal de Bar-le-Duc ce mercredi.
- Bure et Mandres-en-Barrois (Meuse), reportage
La
nuit humide plonge les rues dans un silence hivernal. Nimbé dans la
brume, le village de Bure paraît éteint, vide. Rue de l’Église,
une grande bâtisse se dessine dans la pénombre. Voitures, caravanes
et bicyclettes accueillent le visiteur. Sur le mur, un discret « Bure
zone libre », tracé à la peinture rouge, ainsi qu’une
pancarte « Anti atom club » annoncent la couleur.
Depuis 2004, la Maison des résistances héberge celles et ceux qui
luttent contre l’implantation du projet Cigéo, un vaste programme
d’enfouissement des déchets nucléaires dans les entrailles
argileuses de ce plateau meusien.
|
Derrière
la porte d’entrée, une joyeuse tablée ripaille autour d’une
purée de potiron fumante. Sur la boisinière (gazinière à bois),
un chocolat chaud au lait fermier patiente dans une casserole en
cuivre. « Je n’avais jamais vu autant de monde en plein
cœur de l’hiver ! s’enthousiasme un habitué des lieux.
Il y a deux hivers, nous étions souvent moins de cinq. »
En ce mois de février, entre trente et cinquante personnes passent
chaque jour dans ce lieu de vie collectif et autogéré.
« Nous
sommes dans un moment de balance, de basculement,
explique Michel Marie, membre du Cedra, une association qui lutte de
longue date contre Cigéo. Depuis
deux ans et
la tenue du Camp action climat à l’été 2015, les gens
ont pris conscience de ce qui se passait ici et la mobilisation va
crescendo. »
Une mobilisation qui se concentre aujourd’hui sur le bois Lejuc,
une dizaine d’hectares de forêt stratégique sous laquelle l’Andra
— l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs —
entend installer son sarcophage de déchets radioactifs. La lutte
antinucléaire prend ainsi des allures de « guerre
des forêts »,
comme l’indique une pancarte à l’orée du bosquet.
« Tout est prêt pour résister en cas d’arrivée de la police »
Dans
le salon cosy de la Maison, tapissé de livres sur les luttes et le
nucléaire, un petit groupe fabrique des longes pour grimper aux
arbres. Depuis l’été 2016, les opposants à Cigéo occupent
ainsi le bois Lejuc, afin d’« empêcher les travaux de
défrichement ou de forage et protéger la forêt ». Cet
ancien domaine communal de Mandres-en-Barrois est devenu propriété
de l’Andra au terme d’une procédure contestée. « Des
habitants remettent en cause la légalité de la délibération
municipale qui a permis à l’agence d’entrer en possession du
bois », explique Me Samuel Delalande, un des avocats
des opposants. Conflits d’intérêts de certains conseillers,
sous-évaluation du prix de la forêt, pressions sur les élus. Le
31 janvier dernier, le rapporteur public a notamment conclu à
un non-respect de la procédure à bulletin secret. Un vice de forme
qui pourrait coûter cher à l’Andra : si le juge confirme
cette illégalité le 28 février prochain, le bois
redeviendrait communal… ce qui compliquerait le dépôt de la
demande d’autorisation de construire, prévu pour 2018.
Sans
attendre la réponse de la justice, les militants antinucléaires
habitent désormais le bois, bordé de plusieurs « vigies »,
des cabanes entourées de chicanes et de barricades. « Tout
est prêt pour résister en cas d’arrivée de la police »,
explique Jeannot, ses bottes en caoutchouc couvertes de gadoue. Une
expulsion reste en effet possible, l’Andra ayant déposé une
plainte pour occupation illégale. Le tribunal de Bar-le-Duc doit se
prononcer sur cette question ce mercredi 8 février.
|
Pour
leur part, les militants mettent en avant les irrégularités des
procédures de l’Andra, notamment les défrichements débutés
l’été dernier, déclarés
illégaux par la justice. « Nous
habitons le bois en attendant qu’il revienne à ses habitants »,
précise Frédérique. Elle nous emmène à travers les arbres,
derrière les barricades. Sur plusieurs centaines de mètres, des
pans de mur en béton armé gisent à terre depuis
leur démantèlement le 14 août 2016. Nous suivons cet
étrange sentier en forme de domino géant jusqu’au cœur de la
forêt. Un salut amical nous parvient depuis la cime d’un grand
chêne. À plus de treize mètres de hauteur, une cabane trône entre
les branches dénudées. Frédérique enfile un baudrier et se hisse
à l’aide d’une corde. Là-haut, les opposants vivent
confortablement, hors d’atteinte des forces de l’ordre et des
vigiles de l’Andra. Sous les bâches bleues, c’est un petit nid
douillet d’une douzaine de mètres carrés : toilettes sèches,
réchaud, mini-bibliothèque, et lit sur lequel s’empilent de
chaudes couvertures. Un havre de paix pour Lilou, qui vit perché
depuis près d’un mois : « Le
seul moment dur, c’est quand les chaussures ont gelé au petit
matin »,
sourit-il. Ici, le thermomètre descend souvent en dessous de zéro.
« Cigéo, ce n’est pas qu’une nuisance, c’est aussi une opportunité »
Malgré
le froid et l’humidité, les chantiers essaiment. Cabanes
arboricoles ou maisonnettes de plain-pied, barrières et chicanes
parsèment la forêt. « Aujourd’hui, la lutte contre la
poubelle nucléaire se déroule ici », observe Frédérique.
L’occupation s’intensifie et les recours se multiplient. « Une
bataille décisive va se jouer jusqu’à mi-mars, date à laquelle
la nidification empêcherait, selon le code de l’environnement,
toute déforestation, explique le Réseau sortir du nucléaire
dans un communiqué. Notre détermination est essentielle, mais
l’issue du bras de fer reste incertaine. »
|
De
son côté, l’Andra met en avant sa volonté de respecter les
procédures. « Nous
attendons les décisions de justice, rien ne sera fait sans l’aval
des autorités »,
insiste Mathieu Saint-Louis, du service de communication de l’agence.
Lors de ses vœux, son directeur Meuse–Haute-Marne, David Mazoyer,
a reconnu les « erreurs
d’appréciation »
commises par l’agence l’été dernier, avant d’ajouter :
« Mais
je tiens à vous rassurer ; tout a été fait pour remettre les
choses dans le bon ordre sur le plan des demandes d’autorisation
comme de l’exécution des décisions de justice. »
Une volonté d’apaisement qui détonne avec les abus observés fin
janvier sur le terrain : un opérateur de l’Andra a ainsi été
filmé en train de vider
de l’huile inflammable sur des opposants résistant pacifiquement
au passage d’engins de chantier.
« Les
gens ont peur », confie Jean, un habitant de
Mandres-en-Barrois. L’Andra semble manier habilement la carotte et
le bâton. « Ils achètent les terres et tiennent les
agriculteurs via des baux précaires, renouvelables chaque année »,
explique Nina, qui vit dans la Maison des résistances depuis l’été
dernier. Dans un territoire sinistré et dépeuplé, l’argent frais
proposé par l’industrie nucléaire peut aussi paraître comme une
bouffée d’oxygène. À travers un contrat de développement du
territoire et deux groupements d’intérêt public (GIP) dotés de
60 millions d’euros par an, l’État et l’Andra financent
de nombreux projets d’infrastructures. « Nous voulons
rendre ce projet comme une chose attractive et positive pour ce
territoire, détaille Mathieu Saint-Louis. Cigéo, ce n’est
pas qu’une nuisance, c’est aussi une opportunité. »
Outre l’argument massue de milliers d’emplois créés, le chargé
de communication prend l’exemple des agents de sécurité formés
comme pompiers volontaires, qui peuvent désormais intervenir sur le
plateau de Bure bien plus rapidement que les pompiers basés à
Bar-le-Duc. « Pourquoi ne pas imaginer que la clinique et la
médecine du travail de l’Andra servent aux habitants ? »
- Le site de stockage des déchets radioactifs de l’Andra à Bure.
« En
se répandant dans toutes les zones géographiques et toutes les
dimensions, l’Andra procède à une cancérisation du territoire,
dénonce Michel Marie. Le Grand-Est va devenir la poubelle
nucléaire de la France. » De fait, les projets en lien
avec Cigéo se multiplient, « telles des verrues » :
la laverie de linge sale radioactif à Joinville, un projet de
conditionnement de déchets nucléaires à Gudmont-Villiers,
l’entreposage de colis radioactifs à Gondrecourt. Les lycées de
Saint-Dizier et Bar-le-Duc proposent des formations reliées à
l’industrie nucléaire. « À coup de subventions et de
bourrage de crâne, on annihile toute volonté d’opposition,
estime Michel Marie. Le plus grand ennemi, ce n’est pas l’Andra,
c’est le fatalisme. »
Conjurer une bonne fois pour toutes la morosité et le fatalisme
Alors
que la « bataille du bois Lejuc » n’est pas
encore achevée, la « guerre contre la poubelle nucléaire »
serait-elle déjà perdue ? « Il n’y a pas d’avenir
ici, conclut Marcel, un agriculteur à la retraite. Que
voulez-vous faire ? L’Andra, c’est l’État : c’est
eux qui décident. »
Pourtant,
à la Maison des résistances, on parle bien plus de charpentes
autoconstruites et de baumes aux plantes que de déchets nucléaires.
Car, n’en déplaise à Marcel, les opposants à Cigéo ont bien
l’intention de se construire un avenir ici. Certains investissent
l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois avec des envies de
maraîchage et de cultures de céréales. D’autres rachètent des
maisons dans les communes du plateau, en vue d’ouvrir une épicerie
et un café associatif. « Ce
n’est pas la Zad de Notre-Dame-des-Landes ici, explique Frédérique.
Il n’y a pas de zone à défendre circonscrite, c’est un
territoire immense qu’il faut faire revivre. »
À ses côtés, Lilou acquiesce : « Nous
sommes de plus en plus nombreux à venir nous installer ici, pas pour
quelques mois, mais à long terme. Il y a une envie de s’implanter
dans ce territoire. »
Mais
pourquoi venir s’installer dans un milieu si hostile, froid, humide
et nucléarisé ? Pour Nina, la lutte passe par la construction
d’une vie alternative, autonome d’un point de vue énergétique
et alimentaire : « Nombre d’entre nous rêvent d’un
autre monde et partent vivre en Ardèche. Pour moi, c’est ici, dans
ces terres délaissées, que ça prend tout son sens. » Et
contre la rigueur du climat, elle met en avant la chaleur des
relations humaines : « Il y a ici une épaisseur et une
intensité des liens créés dans la lutte. » À la Maison
des résistances, les rires et les embrassades constituent
d’inépuisables énergies renouvelables.
Et
comme pour conjurer une bonne fois pour toutes la morosité et le
fatalisme, les opposants à Cigéo lancent un appel à l’insurrection
artistique. Le 18 février, une mobilisation mêlant
manifestation et actions se déroulera à Bure. « Artistes
de tous horizons, venez faire vibrer la forêt libérée, pour donner
couleur, forme, mouvement et vie à notre résistance ! »
peut-on lire sur le site VMC.
LES MULTIPLES FRONTS DE LA BATAILLE JURIDIQUE
La
contestation du projet de Cigéo se place aussi sur le terrain
juridique. Depuis quelques années, les recours se sont multipliés.
Les mois de janvier et février 2017 sont rythmés par des
audiences, dont certaines peuvent affecter fortement le projet de
l’Andra à Bure.
- 8 février : audience au tribunal de grande instance (TGI) de Bar-le-Duc en vue de l’expulsion des occupants du bois Lejuc ;
- 27 février : audience en appel au TGI de Bar-le-Duc concernant les travaux de défrichement dans le bois Lejuc. À la suite de ces travaux de défrichement entrepris au début de l’été 2016, la justice a condamné l’Andra le 1er août à régulariser ce défrichement d’ici à six mois et à remettre en état le site. L’Andra a fait appel de la décision ;
- 28 février : le tribunal administratif de Nancy rend son délibéré sur la contestation de la délibération du conseil municipal de Mandres-en-Barrois permettant la cession du bois Lejuc à l’Andra. En 2013, lors d’une consultation, les habitants s’étaient majoritairement prononcés contre l’échange du bois Lejuc à l’Andra contre d’autres parcelles. Mais, début juillet 2015, le conseil municipal a voté à 6 h du matin et à bulletins secrets, par 7 voix contre 4, l’échange du bois Lejuc. Quatre habitants ont donc déposé un recours contentieux en annulation contre cette délibération. L’audience a eu lieu le 31 janvier 2017. Le rapporteur public s’est d’ores et déjà prononcé pour l’annulation de la délibération en raison des violations du code général des collectivités territoriales ;
- 23 mars : la cour d’appel de Versailles rend son délibéré au sujet de l’affaire du potentiel géothermique de Bure. Alors qu’il est interdit d’enfouir des déchets radioactifs « à l’aplomb d’une ressource géothermique présentant un caractère particulier », l’Andra aurait dissimulé l’existence sous le site de Bure d’un potentiel géothermique qui, de l’avis d’experts suisses du cabinet Géowatt, pourrait être exploité dès maintenant. Six associations ont attaqué l’Andra en justice. L’audience a eu lieu le 5 janvier 2015. Le juge s’est refusé à trancher sur le fond, déclarant que les associations n’avaient pas intérêt à agir. L’audience en appel a eu lieu le 2 février 2017 à Versailles.
Les
autres affaires en cours
- Quatre associations ont déposé un recours devant le Conseil d’État contre l’arrêté ministériel fixant les coûts de Cigéo à 25 milliards d’euros. Alors que l’Andra avait chiffré le coût du projet à 34,5 milliards d’euros et que l’Autorité de sûreté nucléaire estimait que ce montant était sous-estimé, EDF a publié sa propre estimation à 20 milliards. Ségolène Royal a fixé le montant à 25 milliards. L’affaire est en cours d’instruction ;
- Six personnes victimes de violence de la part des vigiles de l’Andra lors de la manifestation du 16 juillet 2016 ont déposé une plainte collective. D’autres plaintes ont été déposées à la suite des violences commises par des agents et sous-traitants de l’Andra en janvier 2017.
►Soutien
pour Théo
ici et ailleurs, avec des rassemblements et la propagation
d’étincelles de solidarité et de révolte, à l’heure où la police, à Aulnay, viole et
tire a balles réelles.
(NDA: 10-02-17, la vidéo, sur RTL, a été enlevée ou bloquée, mais celle sur l’innocence de Sarkozy est visible)
d’étincelles de solidarité et de révolte, à l’heure où la police, à Aulnay, viole et
tire a balles réelles.
(NDA: 10-02-17, la vidéo, sur RTL, a été enlevée ou bloquée, mais celle sur l’innocence de Sarkozy est visible)
NDA:
en
complément :
Soutien
à Théo :
On relaie cet appel à rassemblement en solidarité avec les
aulnaysiens. Faites tourner massivement (chaines de textos, fb,
twitter etc)
"
Retrouvons-nous dans le forum des Halles pour perturber et montrer
notre solidarité avec Théo en plein coeur de Paris
Rassem’Zbeul’ment,
Vendredi 10 février à 18h au Forum des Halles (Place Carrée -
Niveau -3, si accès impossible, rdv sous le patio)
De
Rémy à Adama, des ZAD aux quartiers, de Notre-Dame-Des-Landes à
Aulnay-sous-bois, résistons face aux violences/viols/meutres de la
police.
Pour le moment, l’Andra ne peut pas expulser les occupants du bois Lejuc
Mercredi
8 février, le tribunal de Bar-le-Duc étudiait la demande
d’expulsion des opposants à la poubelle nucléaire Cigéo. Ils
occupent le bois Lejuc. Le juge rendra sa décision le 22 février.
- Bar-le-Duc (Meuse), reportage
Mercredi,
9 h 30, une dizaine de personnes s’engouffrent dans le
tribunal de grande instance de Bar-le-Duc (Meuse). Dans la salle
ornée de peintures contemporaines, la poignée d’opposants au
projet d’enfouissement de déchets nucléaires est venue depuis
Bure et ses alentours pour cette audience qui doit décider de leur
expulsion possible du bois Lejuc, qu’ils occupent depuis août.
Les
chuchotements vont bon train. « Il y aurait trois fourgons
de police à la barricade Nord ! » murmure l’un des
opposants, téléphone portable à l’oreille. Une vague de colère
secoue le petit groupe. « Ils ne vont pas nous expulser
maintenant, alors que l’audience n’a pas eu lieu… »
Une demi-heure plus tard, l’inquiétude retombe : les forces
de l’ordre n’ont fait que retirer les barricades installées par
les militants autour de la forêt et près de l’ancienne gare de
Luméville-en-Ornois, où ils cultivent du blé et des légumes en
plein champ. « Un coup de pression avant le procès »,
soupire une opposante.
10 h 15,
le juge des référés annonce enfin : « Dossier Andra
contre Sven Lindström ». L’Agence nationale de gestion
des déchets radioactifs (Andra) demande en effet l’expulsion de
M. Lindström du bois Lejuc, où il s’est installé depuis
plusieurs mois. « L’Andra est aujourd’hui propriétaire
de ce bois, sous lequel elle entend installer le centre de stockage
des déchets nucléaires », décrit Me Carine Bourel,
avocate de l’établissement public. Problème, ce statut de
propriété pourrait être remis en cause le 28 février
prochain : la justice doit se prononcer quant à l’illégalité
de la procédure qui a permis à l’Andra d’entrer en possession
de ce bosquet stratégique.
« Un homme des bois qui a répondu à son désir de vivre en forêt »
« M. Lindström
fait valoir qu’il a élu domicile dans le bois, mais nous n’avons
pu identifier aucun immeuble bâti digne de ce nom. Tout au plus une
édification de palettes et de paille, qui ne peut en aucun lieu
faire office d’habitat décent », poursuit l’avocate.
Me Étienne Ambroselli, qui défend les occupants, présente quant à
lui un récit sensiblement différent : « Il s’agit
d’une maison forestière bâtie avec un concept architectural
certes moderne, mais qui dispose de tout le confort nécessaire :
récupération d’eau de pluie, poêle à bois, toilettes sèches.
Sven Lindström et ses amis y vivent quotidiennement, j’ai même pu
y partager une choucroute hier avec eux. »
Des
détails qui ont leur importance, car si l’édifice est
effectivement un immeuble bâti et habité, le juge du tribunal de
grande instance peut se déclarer incompétent pour ordonner
l’expulsion : c’est alors au tribunal d’instance de se
prononcer, ce qui retarde significativement la procédure.
Reporterre
a visité les lieux : l’édifice en question est une maison en
bois de palettes, isolée
en paille, où passent et dorment chaque jour des « habitants
de la forêt ».
À l’intérieur, une « boisinière »
— une cuisinière à bois — permet de cuisiner des repas chauds,
et un dortoir a été aménagé sur une mezzanine.
- La « maison forestière » occupée par les habitants du bois Lejuc.
- Parmi la trentaine d’occupants, dont plusieurs étrangers, nous n’avons en revanche pas pu rencontrer M. Lindström, Finlandais de naissance. Me Bourel non plus, ce qu’elle regrette devant le juge : « Même l’huissier qui s’est rendu sur place ne l’a jamais vu. Il n’y a dans ce bois que des personnes cagoulées qui disent ne pas connaître ou ne pas savoir où se trouve ce monsieur… On se moque de nous ! » « Le bois Lejuc s’étend sur plus de 200 ha, l’huissier s’est toujours arrêté en lisière, ils ne se sont pas croisés, ce n’est pas anormal », réplique Me Ambroselli, qui décrit Sven Lindström comme un « homme des bois qui a répondu à son désir de vivre en forêt ».
D’après
l’avocat, « pour être ordonnée, l’expulsion doit être
nécessaire, au regard du droit au logement et du respect de la vie
privée », surtout en plein hiver. Me Bourel condamne pour
sa part « une atteinte manifeste au droit de propriété »,
et demande au tribunal d’ordonner l’expulsion de M. Lindström
et des autres occupants. Vers 11 h, la nouvelle tombe : le
juge rendra sa décision le 22 février. Soupirs et sourires de
soulagement dans la salle, il n’y aura donc pas d’expulsion avant
la grande manifestation prévue le 18 février
►URGENT
BURE : Plus que jamais, nous comptons sur vous demain samedi
11 février à 14h pour décider collectivement de la toute prochaine
suite et fusionner nos énergies !* . Préparation de la manif
du déroulement de la journée du 18 février.
L’audience concernant l’expulsion éventuelle des occupants du bois Lejuc s’est tenu mercredi 8 février au tribunal de grande instance de Bar-le-Duc (Meuse). Le juge rendra le 22 fév. sa décision sur l’expulsion
►GCO
non Merci - Vinci Geh Heim
« NE SOYONS PAS RESIGNE(E)S ! »
Alors
que les travaux préparatoires au Grand Contournement Ouest (fouilles
archéologiques et forages géotechniques) ont commencé sur le
terrain, le collectif GCO NON MERCI ne baisse pas les bras et
continue ses actions pour obtenir l’abandon de ce projet
d’autoroute payante, inutile, inadapté et destructeur. Rappelons
que ce contournement, s’il était réalisé, ne résoudrait pas les
problèmes d’engorgement aux abords de Strasbourg mais conduirait à
toute une série de nuisances supplémentaires, non seulement dans
les communes traversées, mais aussi au niveau de l’Eurométropole :
bouchons supplémentaires (échangeur d’Ittenheim), augmentation de
la pollution atmosphérique dans la plaine rhénane, nuisances
sonores tout le long du tracé, disparition irrémédiable de terres
agricoles, atteintes graves à la biodiversité
IL
EST ENCORE TEMPS D’AGIR, ne soyons pas résignés !
Même
si les travaux de fouilles archéologiques ont commencé, VINCI est
loin de pouvoir commencer les véritables travaux du chantier. Toutes
les procédures d’autorisation ne sont pas encore terminées, le
plan de financement n’est pas bouclé, des recours juridiques
déposés par les opposants n’ont pas encore été jugés …
SOYONS NOMBREUX !! dimanche 12 février 2017 à marcher entre Griesheim-sur-Souffel et Pfettisheim Le rendez-vous est fixé à partir de 9h30, au niveau du nouveau cimetière de Griesheim, à proximité de la déchetterie (pas loin de la cabane anti-GCO de Griesheim/Souffel-Pfulgriesheim). Un café vous sera proposé. Le départ s’effectuera à 10h00, pour une arrivée vers 11h30 à Pfettisheim. Après un passage près de la cabane anti-GCO, l‘accueil se fera dans la cour de l’école de Pfettisheim.
►Jef
Klak
Une brèche dans les vitrines de la tolérance zéro
Reportage
à New-York dans la campagne contre le « Stop and frisk »
par Mathieu Brier - Photos d’Alexis Berg
En
novembre 2013, Bill de Blasio est élu maire de New York avec un
programme axé sur la lutte contre l’arbitraire de la police. Une
chose plutôt rare, en ces temps sécuritaires, et un comble, dans la
capitale de la « tolérance zéro », politique
ultra-répressive qui fait florès depuis les années 1980. C’est
que, des coins de rues aux tribunaux, une riposte militante s’est
organisée contre le « _stop and frisk _ », ces
arrestations et fouilles subies en permanence par les New-Yorkais des
quartiers pauvres. Cet article est issu du n° 8 de la revue Z,
« Vénissieux, la rouge et la révolte » (2014), toujours
disponible en librairie.
Jef
Klak Revue de critique sociale et d’expériences littéraires
http://jefklak.org/
|
►Bure :
Cette
semaine, appel
à actions partout pour déclarer sa flamme à l’ANDRA, et des
infos pratiques pour la manif
du 18 : "un site de
covoiturage a été mis en place afin que vous puissiez venir à
Bure, le 18 février mais également les jours avant ou dans les
temps qui suivront.
Au
passage, signalez nous sur logistiquedodobure@riseup.net si vous
souhaitez être logé-es chez les habitant-es autour, sinon nous
avons prévu un bon nombre de couchages en dortoir au chaud.
En
espérant vous voir nombreu-ses l ! Les Burien-ne-s qui
carburent"
►Le
collectif Alsace contre l’aéroport de nddl fait passer ce
message :
À l’heure où des menaces pèsent sur le Bois Lejuc, tout le mouvement anti-aéroport se met en mouvement pour apporter son soutien. Du grand Ouest au Grand Est, nous résisterons ensemble... D’Alsace, nous proposons la mise en place d’un COVOITURAGE. N’hésitez pas à nous contacter : alsace.soutien.nddl[at]numericable.fr
Opposants à CIGÉO à l’aéroport ou au GCO, retrouvons nous tou.te.s le 18 février pour marcher sur la forêt libérée.
À l’heure où des menaces pèsent sur le Bois Lejuc, tout le mouvement anti-aéroport se met en mouvement pour apporter son soutien. Du grand Ouest au Grand Est, nous résisterons ensemble... D’Alsace, nous proposons la mise en place d’un COVOITURAGE. N’hésitez pas à nous contacter : alsace.soutien.nddl[at]numericable.fr
Opposants à CIGÉO à l’aéroport ou au GCO, retrouvons nous tou.te.s le 18 février pour marcher sur la forêt libérée.
Mercredi
15 février
L’agrandissement de l’aéroport de Vienne interdit au nom du climat
C’est
une première mondiale ! En Autriche, la justice interdit la
création d’une troisième piste à l’aéroport de Vienne. La
raison ? L’impact sur le climat et la destruction de terres
agricoles.
- Berlin, correspondance
La
nouvelle a de quoi ravir tous les opposants aux
grands projets inutiles - et les gens préoccupés de l’avenir
de la planète. En Autriche, la justice a interdit l’agrandissement
de l’aéroport de Vienne au nom de la protection du climat. Dans
une décision rendue publique le 9 février, le tribunal
administratif fédéral de la capitale autrichienne a estimé que
"l’intérêt
public lié à la protection contre les effets négatifs du
changement climatique, dû en particulier aux émissions de CO2, est
supérieur aux intérêts publics positifs attendus de la réalisation
du projet"
(texte
de la décision, en allemand. En clair, la réduction des
émissions de gaz à effet de serre prime sur les retombées
économiques supposées du projet.
Les
juges font valoir que les objectifs autrichiens de lutte contre le
réchauffement climatique sont incompatibles avec la réalisation
d’une troisième piste à l’aéroport de Vienne-Schwechat. Les
expertises qu’ils ont commandées ont évalué à 2 % la
hausse des émissions de gaz à effet de serre imputables aux
transports en Autriche si le projet sortait de terre.
La
troisième motivation avancée par les magistrats viennois concerne
l’avenir des terres cultivables, dans un pays très attaché à
l’agriculture traditionnelle. “La préservation de riches
terres arables pour l’alimentation des générations futures est
également une urgence qui s’impose”, écrivent-ils. Le
projet menaçait de détruire 760 hectares de terres, selon le
journal viennois Augustin.
Partisans
et opposants s’entendent pour dire que cette décision est une
première mondiale. La presse germanophone rappelle que les
précédentes plaintes de ce genre dans le monde ont été
systématiquement
rejetées.
Les
membres du collectif citoyen à l’origine de la plainte ont salué
la décision du tribunal, qui “a trouvé le courage d’arrêter
le projet malgré l’énorme pression politique”. Herbert
Janschka, le maire (ÖVP, conservateur) de Wiener Neudorf, une
commune à proximité de l’aéroport, s’est lui aussi réjoui
d’une “décision d’avenir qui va dans le sens de notre
environnement et de notre santé”.
Un
projet aéroportuaire contesté, susceptible de nuire à
l’environnement ? En France, le dossier fait bien entendu écho
à celui du projet d’aéroport à Notre-Dame-de-Landes. Sur place,
les opposants au projet saluent d’ailleurs la décision des juges
autrichiens. “C’est formidable, dit à Reporterre
Françoise Verchère, co-présidente du Cédpa, un collectif d’élus
locaux. Pour nous, c’est le signe que des juges peuvent prendre
en compte une évolution de la conception de l’utilité publique,
qui intègre désormais les problématiques environnementales. Cela
montre aussi que certains pays sont beaucoup plus en avance que la
France sur les questions climatiques.”
Cependant,
la décision des juges viennois crée des turbulences. Programmé
depuis dix ans, l’agrandissement de Vienne-Schwechat était censé
éviter l’engorgement annoncé des structures actuelles. Plaque
tournante du trafic aérien en Europe centrale et du sud, l’aéroport
a accueilli 23,4 millions de voyageurs l’an dernier et table sur
une hausse de 87 % du nombre de passagers d’ici 2025, selon le
journal Der Standard.
|
Sous
un soleil frais et timide, à 11h du matin, une longue colonne
chamarrée et joyeuse de près de 600 personnes s’est étirée
entre Bure et le Bois Lejuc. L’occasion d’observer au passage,
depuis le point de vue culminant du Chaufour, l’imposant
laboratoire de l’Andra et les emplacements des futurs travaux liés
à l’installation de la poubelle nucléaire CIGÉO. Le cortège a
symboliquement suivi les pas des deux précédentes manifestations de
réoccupation de la forêt, lors de l’été 2016, avant de s’y
engouffrer, le temps de partager un repas servi par la cantine et de
découvrir les différentes habitations. Une ambiance chaleureuse,
tandis que 700 rubans jaunes distribués à chacun.e venaient décorer
les branches pour symboliser la résistance du bois au désert
nucléaire.
Vers
15h, chacun.e muni.e de morceaux de mur de l’Andra détruit en août
dernier, un cortège de près de 700 personnes a repris la route en
sens inverse pour rejoindre le laboratoire en repassant par Bure. Sur
place, un important dispositif policier retranché derrière un mur
de barbelés et des grilles anti-émeutes gardait tout le pourtour de
la place forte. Une image aussi saisissante que celle d’un mur d’un
kilomètre enserrant un bois : celle de l’industrie nucléaire
acculée, retranchée derrière ses hautes murailles gardées par la
soldatesque.
La
foule, unie, au pas rythmé par le son roulant de la batucada, le
martèlement métallique des pierres sur les glissières de sécurité,
et des hurlements de hiboux et de loups a poursuivi son chemin avec
détermination,dans une ambiance électrique. Elle s’est déployée
en arc-de-cercle depuis la route, tout au long du bâtiment de
l’écothèque, et une bonne partie du cortège, avançant et
reculant tour à tour vers les grilles, est finalement parvenue à
renverser une grande partie de celles qui avaient réchappé à la
virée nocturne de l’avant-veille, sous une pluie de grenades
lacrymogènes. Hors de portée des tirs, le reste des manifestant.e.s
de tous âges et horizons les encourageaient, enthousiastes, en cris
et en musique, tout en peinturlurant la route et enflammant le grand
phénix bariolé construit à cet effet, symbole d’une lutte
populaire qui renaît de plus belle depuis quelques années. Une
ambiance loin de celle décrite par la préfecture qui voudrait
réduire une colère populaire légitime, longtemps refoulée, à
l’acte isolé d’une « cinquantaine d’individus
cagoulés ». Mais l’éternel discours médiatico-policier de
la minorité de casseurs ultraviolents n’a plus de prises face au
réel : celui de la solidarité joyeuse et sans faille de
l’ensemble de la manifestation pour attaquer directement le
laboratoire, sur son terrain, pour la première fois depuis 25 ans .
Si le monde qu’on nous promet est celui que promeut l’Andra quand
elle s’impose par la résignation à une population méprisée,
alors oui, nous sommes tout.e.s les casseur-heureuses de ce monde-là.
Face
aux tombeur.ses de grilles, les gendarmes mobiles, répliquant par
des charges aux grenades de désencerclement et assourdissantes ont
blessé en quelques minutes une vingtaine de personnes, dont deux
d’entre elles ont du être évacuées vers l’hôpital, tandis que
plusieurs autres arboraient des plaies multiples dues aux éclats.
Malgré la violence de cette réponse, qui est intervenue alors que
les manifestant.es se retiraient peu à peu, tout le monde est rentré
sereinement à Bure.
Le
soir, ce sont des centaines de personnes qui, après s’être
restaurées à la Maison de Résistance, ont rejoint un champ mis à
disposition par un agriculteur, pour assister à un concert sous un
chapiteau de cirque. Sur place, bar, infokiosque, tentes collectives
et espace de premiers secours étaient prêts à accueillir tout ce
beau monde enjoué. La folle ambiance de liesse s’est prolongée
tard dans la nuit. De l’aveu de nombre de personnes, c’était une
journée historique qui restera gravée dans les mémoires, un de ces
moments où on effleure la réalité d’un autre monde possible, la
possibilité d’une prise pour inverser le cours des choses.
Après
la chute du mur de la honte l’été dernier, ce sont les grilles du
laboratoire qui sont tombées ce samedi 18 février à Bure. En
quelques mois le bastion qui se croyait immuable et intouchable s’est
fissuré : suite à 25 ans de lutte qui ont vu des dizaines de
milliers d’habitant.e.s de la Meuse et de la Haute-Marne
manifester, pétitionner, organiser des campements puis céder
progressivement à la résignation et la fatigue, l’espoir
aujourd’hui renaît. On s’autorise à croire à nouveau à un
autre avenir pour la Meuse et la Haute-Marne que celui d’intestin
atomique militarisé.
Les
opposant.e.s au projet CIGÉO
www.vmc.camp
- contact presse : 07.53.54.07.31 - automedia.bure@riseup.net
facebook
Bure à Cuire / twitter ZIRAdiées
Dans
la presse bourgeoise, on note la présence, remarquée, d’un bus
venu de Notre-Dame-des-Landes, parce que la solidarité est notre
arme !
La lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaires s’amplifie à Bure
Des
centaines d’opposants au projet Cigeo d’enfouissement des déchets
nucléaires ont convergé à Bure samedi 18 février. Reportage
photos.
Bure
(Meuse), reportage
C’était
le moment pour les hiboux de Lorraine et de France, les opposants à
Cigeo, projet d’enfouissement des déchets nucléaires, de sortir
du bois Lejuc pour montrer leur détermination. Et ils l’ont fait
en nombre ce week-end. Le 22 février, le tribunal de Bar-Le-Duc
doit rendre son jugement sur l’expulsion des occupants cette forêt
visée par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs
(Andra) pour y faire les futurs puits de ventilation de Cigeo. Six
jours plus tard, le tribunal administratif pourrait remettre en cause
la propriété de l’Andra sur le bois, le rapporteur public ayant
souligné des vices de procédure dans la délibération du conseil
municipal de la commune de Mandres-en-Barrois, propriétaire du bois.
Il
était donc l’heure pour les manifestants (masqués pour tenter
d’éviter la répression) de montrer leur détermination. Et ce fut
fait avec brio.
Une
foule hétéroclite et colorée de près de 700 personnes a en effet
convergé vers le bois Lejuc samedi 18 février où différents
« animations-ateliers »
les y attendaient. Avant de prendre la direction de l’Ecothèque
(bâtiment
où l’Andra conserve des échantillons d’espèces locales).
Après avoir mis à terre une partie des grillages déjà endommagés
lors d’une action quelques jours auparavant, des affrontements ont
eu lieu avec les gendarmes mobiles et des barricades ont été
érigées.
« Nous
vivons un moment crucial, où nous pouvons consolider notre puissance
ou subir des revers, au regard des échéances juridiques
commentaient Michel et Sylvie au moment de regagner samedi soir la
maison de résistance à Bure. Et la destruction des grilles de
l’Ecothèque, lieu où l’Andra affirme (aux centaines d’enfants
et adultes qui s’y rendent) qu’elle protège l’environnement et
notamment la forêt, alors qu’elle a défriché illégalement le
bois Lejuc l’été dernier et envisage d’en raser une bonne
partie pour ses installations nucléaires, n’est que l’expression
d’un ras-le-bol. Cette énergie nous a été imposée, tout comme
ce laboratoire et ce projet Cigeo. Il est donc légitime que cette
colère s’exprime. »
« Ici,
que ce soit dans une cabane en haut d’un chêne centenaire, à la
maison de résistance, dans une caravane retapée, dans des maisons
peu à peu habitées et dans tous les autres espaces dans lesquels
nous mettons notre amour, nous voulons devenir un point de ralliement
contre la poubelle nucléaire, un espace de convergence contre toutes
celles et ceux qui veulent mettre au pas nos existences au nom du
fric, du contrôle social, ou des frontières. Nous voulons faire de
Bure un lieu où il fait bon vivre et s’organiser, là où l’Andra
mise sur 150 ans de nettoyage par le vide. »
Plusieurs
centaines de personnes, dont de nombreux locaux et anciens d’une
lutte vieille de plus d’un quart de siècle, ont grossi les rangs
samedi vers le bois Lejuc, qu’elles comptent bien défendre. « Ça
faisait très très longtemps qu’on avait pas vu autant de monde »,
se réjouissaient des habitants du territoire.
Des
dizaines de gendarmes mobiles ont tenté de barrer la route aux
manifestants, décidés à rejoindre les installations de l’Andra.
Malgré l’utilisation d’un nombre très important de grenades de
désencerclement ou lacrymogènes, ils n’ont pu empêcher la
destruction des grilles de l’Ecothèque.
Ils
ont blessé plusieurs manifestants avec leurs grenades, puis procédé
à quatre interpellations, avant de sonner la charge à la tombée de
la nuit, après plusieurs heures d’affrontements. Il s’en est
fallu de peu pour que le cortège fasse plusieurs percées. A noter
que l’Ecothèque avait déjà été l’objet d’une action deux
jours plus tôt. « Cet endroit est le summum de l’hypocrisie
et du mensonge de l’industrie du nucléaire et de l’Andra, qui
prétend à ceux qui s’y rendent qu’elle préserve
l’environnement », expliquait Gilles, l’un des hiboux.
Samedi,
une fois dans le bois Lejuc « encore et toujours libéré
des gendarmes et de l’Andra », dixit un Camille, mais
aussi tout au long de la journée de dimanche, les hiboux ont
renforcé les barricades.
- Car ces dernières sont attaquées depuis quelques semaines, les représentants de l’agence effectuant quelques visites dont certaines ont failli virer au drame, comme lorsqu’un ingénieur a aspergé d’essence des militants. Qu’allait-il faire s’il n’avait vu la caméra en train de le filmer ?
Des
rubans jaunes, couleur du collectif Bure stop, ont été accrochés
aux arbres pour les protéger symboliquement, les pans du mur de
béton détruit l’été dernier ont été colorés, et des concerts
ont fait danser jours les présents.
- Moment fort de la journée de samedi, les prises de parole ont permis de faire circuler les infos sur la lutte à Bure et ailleurs (rassemblement antinucléaire les 11 et 12 mars à Strasbourg, etc.), et aux hiboux de crier : « Gardez vos déchets, nous gardons la forêt. Andra dégage, résistance et sabotage ! »
Mercredi
22 février
L’exaspération grandit contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure
La
justice a renvoyé au 6 avril sa décision d’expulser ou non de la
forêt qu’ils occupent, pour en bloquer les travaux, les opposants
au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires. Sur
place, l’exaspération grandit et des heurts se sont produits avec
les gardes mobiles.
Les
opposants au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires
ne seront pas expulsés tout de suite de la forêt qu’ils occupent
pour en bloquer les travaux. Le tribunal de grande instance de
Bar-le-Duc (Meuse) a annoncé mercredi 22 février qu'elle
renvoyait au 6 avril sa décision concernant la requête de
l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra,
créée en 1979). L'Andra réclame l’expulsion du bois Lejuc de son
seul occupant officiellement déclaré, Sven Lindstroem, par la force
publique.
Prise
une première fois en juin dernier par des anti-Cigéo, expulsés en
juillet, la forêt de 220 hectares a été réoccupée en août.
Depuis, plusieurs dizaines de personnes s’y relaient, passant les
nuits glaciales de l’hiver dans les cabanes qui y ont été
construites. La personne visée par l’assignation en référé de
l’Andra est un jeune homme venu de Finlande, ne parlant pas
français, installé dans le bois depuis le mois d’octobre, dans la
cabane « la Communale » avec « ses
ami.es », décrit l’avocat des opposants, Étienne
Ambroselli. Il aurait répondu à « l’accueil chaleureux »
des habitants de la maison et « n’a fait surtout que
répondre à son désir de vivre en forêt ». Il symbolise
la centaine de militants qui se partagent, mi-février, entre la
maison de la résistance de Bure, lieu de vie collectif des opposants
à Cigéo, et le bois.
L’Andra a acquis la forêt en
2015 à la suite d’un échange de parcelles avec une commune, dans
des conditions aujourd’hui attaquées devant la justice par des
détracteurs du projet. Le bois Lejuc se trouve au-dessus du futur
site de stockage de déchets. L’agence souhaite y conduire des
travaux de forage et des relevés de terrain afin de préparer sa
demande d’autorisation de travaux, prévue pour 2018. Le chantier
est annoncé pour 2021 et la mise en service de Cigéo en 2025.
C’est
pour bloquer ce processus que plusieurs
centaines de personnes ont commencé à l’occuper, l’été
dernier. Après leur expulsion, l’agence a fait ériger un mur
de béton pour les empêcher d’y revenir et débuter le
défrichement du bois. Mais
ces travaux ont été interrompus par une décision du tribunal de
grande instance de Bar-le-Duc en août, qui a également ordonné
la remise en état du site, à cause de leur absence d’autorisation.
Le mur gît désormais sur le sol, renversé et brisé par les
militants qui en ont transformé les pans en simulacres de pierres
tombales. En guise de cimetière symbolique du système nucléaire
(voir
ici
notre reportage).
En mai dernier, le Sénat a adopté une proposition de loi sur les modalités de création de l’installation de stockage en couche géologique profonde des déchets radioactifs prévue à Bure, dans la Meuse. Mais tandis que le cadre légal de Cigéo se met en place, localement, une véritable bataille se livre désormais contre le projet. Samedi 18 février, plusieurs centaines de personnes – 700 selon les organisateurs – ont manifesté contre le projet et la présence de l’Andra. À l’issue de la manifestation, les grilles entourant le site du laboratoire ont été renversées, comme on peut le voir sur cette vidéo tournée par les manifestants.
En mai dernier, le Sénat a adopté une proposition de loi sur les modalités de création de l’installation de stockage en couche géologique profonde des déchets radioactifs prévue à Bure, dans la Meuse. Mais tandis que le cadre légal de Cigéo se met en place, localement, une véritable bataille se livre désormais contre le projet. Samedi 18 février, plusieurs centaines de personnes – 700 selon les organisateurs – ont manifesté contre le projet et la présence de l’Andra. À l’issue de la manifestation, les grilles entourant le site du laboratoire ont été renversées, comme on peut le voir sur cette vidéo tournée par les manifestants.
Des débris du mur du bois
Lejuc ont été déposés par les marcheurs en signe de protestation,
et certains ont fini en projectiles contre les gardes mobiles. Des
affrontements ont eu lieu avec les gendarmes disposés pour protéger
le bâtiment du laboratoire, qui ont usé de grenades pour le
défendre. « On aime faire tomber les murs »,
explique à Mediapart un opposant. Des personnes ont pénétré dans
l’écothèque du site, lieu d’exposition ouvert au public et
symbole pour ses détracteurs du greenwashing de l’agence
depuis que s’y est tenue, l’année dernière, une exposition sur
les forêts.
Selon
la préfecture de la Meuse, « un groupe d’une cinquantaine
d’individus cagoulés, armés de pierres ou d’engins
incendiaires, s’est attaqué à la clôture de l’écothèque, un
bâtiment appartenant à l’Andra, puis a élevé une barricade de
pneus et les a enflammés ». L’Andra a déposé plainte
et deux personnes ont été interpellées.
Contactée
par Mediapart, l’agence explique que « la mobilisation est
liée aux avancées significatives du projet : une troisième
loi en juillet dernier, le passage en avant-projet détaillé, la
remise d’un dossier d’options de sûreté à l’Autorité de
sûreté nucléaire, un Comité de Haut Niveau en décembre, le
lancement du travail sur le contrat de développement du territoire
demandé par le premier ministre et piloté par la préfecture, le
lancement des concertations en local sur les aménagements de Cigéo…
C’est un projet d’ampleur, il est donc parfaitement normal qu’il
y ait des questions et il est même important que nous puissions
débattre ».
Mais pour l’Andra, « ce qui n’est pas normal, en revanche, ce sont les actes violents et illégaux conduits par une partie de l’opposition à l’encontre des personnels et du matériel. Nous remarquons qu’au-delà de la mobilisation contre le projet, s’exprime de la bouche même des opposants une opposition au nucléaire voire au “système”. Depuis plusieurs mois, cette mobilisation s’est durcie médiatiquement, juridiquement, numériquement et physiquement. Même si cela concerne une minorité, c’est une minorité qui use de méthodes violentes et qui entend imposer ses idées par la force. Face à cela, nous avons le soutien du territoire, que ce soient les habitants, qui viennent chaque année visiter nos installations, ou les élus qui, hier par exemple, se sont exprimés à la suite des dégradations qui ont été commises contre nos installations la semaine dernière ».
Mais pour l’Andra, « ce qui n’est pas normal, en revanche, ce sont les actes violents et illégaux conduits par une partie de l’opposition à l’encontre des personnels et du matériel. Nous remarquons qu’au-delà de la mobilisation contre le projet, s’exprime de la bouche même des opposants une opposition au nucléaire voire au “système”. Depuis plusieurs mois, cette mobilisation s’est durcie médiatiquement, juridiquement, numériquement et physiquement. Même si cela concerne une minorité, c’est une minorité qui use de méthodes violentes et qui entend imposer ses idées par la force. Face à cela, nous avons le soutien du territoire, que ce soient les habitants, qui viennent chaque année visiter nos installations, ou les élus qui, hier par exemple, se sont exprimés à la suite des dégradations qui ont été commises contre nos installations la semaine dernière ».
« On se sent colonisés par la pieuvre nucléaire »
Pourtant,
en vingt ans de mobilisation contre le projet de site destiné à
accueillir les déchets nucléaires les plus dangereux, qui
concentrent 90 % de la radioactivité produite par les centrales
électriques d’EDF, rarement l’hostilité s’est manifestée de
façon si offensive. Les principales associations opposées au
projet, habituées à des marches pacifiques, ont exprimé leur
solidarité avec l’attaque contre le site de l’Andra.
Pour
le
Réseau Sortir du nucléaire : « Cette
journée de mobilisation, qui a allié rassemblement grand public,
découverte de la vie des occupant-e-s de la forêt, protestation
devant l’écothèque et soirée festive dans le bois, a également
permis d’affirmer une solidarité sans faille entre opposants,
habitants, associations historiques et nouveaux arrivés dans la
lutte. »
Pour
l’association
Stop Bure, « face
à des années de ce traitement indigne d’une démocratie, il est
inévitable que la colère finisse par s’exprimer hors des espaces
tolérés par les autorités et autrement qu’avec la fleur aux
dents ».
Dans un communiqué, elle précise que l’écothèque visée
par les manifestants est « le
parfait symbole de l’hypocrisie du projet »,
« une
sorte de musée qui prétend “préserver la mémoire de
l’environnement”. Unique en France, ce bâtiment est la
matérialisation parfaite du mépris dans lequel nous sommes tenus :
“Ne vous inquiétez pas braves gens, notre projet respecte
l’écologie.” ».
- Pour tous ces militants, Cigéo n’est qu’une « poubelle nucléaire ». Pour l’Andra, « on peut jouer sur les mots, il n’en reste pas moins que plus de 30 % des déchets de haute activité et 60 % des déchets de moyenne activité à vie longue existent et quand bien même on arrêterait le nucléaire demain, il faudrait bien en faire quelque chose. L’Autorité de sûreté du nucléaire a considéré, et à sa suite le Parlement en 2006, que le stockage profond est la solution la plus sûre pour gérer ces déchets à long terme. Tous les pays nucléarisés s’orientent vers la même solution. De la même façon, on peut assumer le terme “moins mauvaise solution”, en attendant, c’est la seule aujourd’hui qui existe pour ne pas reporter la charge de ces déchets sur nos descendants ».
Dans
le bois Lejuc, les restes du mur bâti par l'Andra et abattu par les
opposants, 10 janvier 2017 (JL).
|
A
ce jour, aucun projet d’enfouissement en couche profonde n’a été
mené à terme sans rencontrer de problème. En 2014, des incidents
graves se sont produits au Waste Isolation Pilot Plant (WIPP), site
qui accueille les rebuts du programme d’armement nucléaire
américain dans des cavernes de sel à 640 mètres de profondeur. Il
ne devrait pouvoir reprendre son activité complète qu’en 2021 et
sa remise en état pourrait coûter 2 milliards de dollars. En 2011,
le gouvernement Obama a mis un terme au centre de stockage de Yucca
Mountain, dans le Nevada. En Allemagne, l’ancienne mine de sel
d’Asse, en Basse-Saxe, reconvertie en site de stockage de rebuts
radioactifs, est en cours de désenfouissement depuis 2010 en raison
de graves problèmes d’infiltrations d’eau.
Ancien maire de Ménil-la-Horgne (Meuse), toujours adjoint municipal et membre de l’association des élus opposés à l’enfouissement de déchets radioactifs, Claude Kaiser décrit « une montée de l’exaspération » sur place contre le projet Cigéo : « On arrive au terme d’un long processus de mépris et d’humiliation des pouvoirs publics et de l’Andra. Depuis vingt ans, on utilise les voies institutionnelles classiques : pétitions, appels aux députés. Il y a eu des débats publics, de la pseudo-démocratie. À chaque fois, cela n’a eu aucune influence sur le processus de décision. On a l’impression d’être face à un rouleau compresseur. »
Ancien maire de Ménil-la-Horgne (Meuse), toujours adjoint municipal et membre de l’association des élus opposés à l’enfouissement de déchets radioactifs, Claude Kaiser décrit « une montée de l’exaspération » sur place contre le projet Cigéo : « On arrive au terme d’un long processus de mépris et d’humiliation des pouvoirs publics et de l’Andra. Depuis vingt ans, on utilise les voies institutionnelles classiques : pétitions, appels aux députés. Il y a eu des débats publics, de la pseudo-démocratie. À chaque fois, cela n’a eu aucune influence sur le processus de décision. On a l’impression d’être face à un rouleau compresseur. »
- À l’image d’autres opposants, l’ancien élu dénonce le versement de millions d’euros aux deux départements directement concernés par Cigéo, la Meuse et la Haute-Marne – 30 millions par an pour chacun, près d’un demi-milliard d’euros depuis 2000 –, aux groupements d’intérêts publics (GIP) créés pour mettre en œuvre des mesures d’accompagnement économique du laboratoire de Bure. « Personne n’échappe à cet argent. On nous achète avec de la verroterie. On se sent colonisés par la pieuvre nucléaire. Peut-être est-ce légal, mais c’est immoral. »
De
son côté, l’Andra affirme souhaiter « que le projet
bénéficie au territoire. Il concède un effort pour accueillir les
déchets produits par toute la France, il est donc normal qu’il
bénéficie en retour de retombées économiques, d'emplois… C’est
pourquoi les producteurs de déchets réalisent des investissements :
plate-forme EDF à Velaines et Saint-Dizier, bâtiments d’archives
EDF à Bure et d’Areva à Houdelaincourt, projet CEA Syndièse à
Saudron ».
Claude
Kaiser tient à préciser qu’il ne rejette pas Cigéo parce que
c’est « chez nous », mais parce que « la
nature du projet est inacceptable : si on enfouit les déchets,
on en perd le contrôle. Il faut les garder en surface et se laisser
le temps de trouver une vraie solution. Il faut s’en occuper et non
pas les cacher sous le tapis ». Samedi dernier, quand les
grilles de l’Andra ont été abattues, « ce n’était pas
le fait d’une petite minorité de cagoulés, militants
professionnels, insiste-t-il. J’ai vu des bérets et des
bretelles qui participaient. Je sais que c’est répréhensible,
mais c’est comme un cri qui sort après une période de retenue ».
D’ici
à la fin du mois de février, d’autres échéances judiciaires
sont attendues. Le 27 février, la cour d’appel de Nancy doit
rendre sa décision sur la contestation par l’Andra du jugement qui
a stoppé les travaux de défrichement de la forêt, faute
d’autorisation. Le lendemain, le tribunal de grande instance de
Nancy doit se prononcer sur la cession du bois Lejuc par l’Andra.
La rapporteure publique s’est prononcée en faveur de l’annulation
du transfert, voté un matin, à bulletins secrets, par des élus
municipaux.
En
fonction de ces jugements, Cigéo pourrait prendre du retard sur son
calendrier officiel. Tous les regards, des porteurs du projet comme
de leurs détracteurs, se tournent vers Notre-Dame-des-Landes où,
près de dix ans après la déclaration d’utilité publique, les
travaux n’ont toujours pas démarré.
Jade
Lindgaard – Médiapart
Mercredi
22 février
BURE :
►Ce
mercredi, la justice doit se prononcer sur l’expulsion d’un
militant installé dans le bois Lejuc, sur la commune de
Mandres-en-Barrois, là où Cigéo doit être construit.
►Dans
quelques jours, le tribunal de Bar-le-Duc dira en appel si les
travaux de défrichement entrepris par l’Andra dans ce bois étaient
légaux – en première instance la justice avait ordonné l’arrêt
des travaux.
►Enfin,
mardi prochain, le tribunal de Nancy se penchera sur les conditions
de cession de ce bois à l’Agence.
Infos du 27 au 28 février
►BURE : !!
Mardi
28 février 2017, le tribunal administratif de Nancy a suivi l’avis
de la rapporteure publique et invalidé la cession du Bois-Lejuc par
la commune de Mandres (55) à L’Andra. La municipalité meusienne a
4 mois pour régulariser la vente par une nouvelle délibération.
Bure : le tribunal de Nancy invalide la cession du bois Lejuc à l’Andra
Mardi
28 février, le tribunal administratif de Nancy a invalidé la
cession du bois Lejuc à l’Agence nationale des déchets
radioactifs. Cette forêt, occupée depuis plusieurs mois par des
antinucléaires, est une pièce essentielle du projet d’enfouissement
des déchets radioactifs.
« Heureux
et soulagé. » Michel Labat habite Mandres-en-Barrois
(Meuse). Depuis plus d’un an, il se bat pour que le bois communal —
dit bois Lejuc — ne devienne pas propriété de l’Andra, l’Agence
nationale des déchets radioactifs. Ce mardi 28 février, le
tribunal administratif de Nancy lui a donné raison, en annulant la
délibération du conseil municipal qui entérinait la cession du
bois à l’Agence.
« C’est
un poids de moins, depuis le temps qu’on l’attendait ça »,
soupire-t-il. Pourtant, quand l’affaire commence à l’été 2015,
Michel Labat ne croit pas pouvoir gagner ce bras de fer. Car ce bois
Lejuc est un lieu hautement stratégique pour l’Andra, qui prévoit
d’installer son centre d’enfouissement des déchets nucléaires
dans les sous-sols argileux de cette forêt. Dès 2013, elle propose
ainsi à la commune de Mandres-en-Barrois (voisine de Bure) de le lui
céder en échange d’autres parcelles et de promesses d’emplois
pour les habitants. Mais, à l’issue d’une consultation,
50 habitants sur 86 refusent. « Nous sommes attachés à
ce bois communal, qui fait partie de notre histoire depuis le
XVIIIe siècle. Nous allons nous y promener, chasser, faire nos
affouages. Il n’est pas question d’en faire une poubelle
nucléaire », explique Michel Labat. Chaque jour, qu’il
vente ou qu’il neige, ce quinquagénaire au sourire inaltérable va
ainsi marcher dans la forêt.
Or,
le 2 juillet 2015, après plusieurs réunions à huis clos,
le conseil municipal se retrouve convoqué à 6 h du matin pour
voter à bulletin secret l’échange des 220 ha du bois Lejuc à
l’Andra contre d’autres parcelles situées à proximité. Sept
conseillers sur onze se prononcent alors pour la cession de la forêt.
Un vote « sous haute tension » d’après certains
témoignages, avec la présence d’agents de l’Andra, mais qui
permet au maire de signer un contrat d’échange avec l’Agence.
« Ce vote à bulletin secret est une manière de garantir
l’indépendance des votes sachant que les opposants étaient
présents dans la salle du conseil pour faire pression sur les
élus », fait valoir l’Andra.
« C’est une victoire collective »
Mais,
pour Michel Labat, l’affaire est entendue : « Cette
procédure frauduleuse est inacceptable. »
Le 21 août 2015, il conteste avec 30 autres habitants
de Mandres-en-Barrois la légalité de la délibération, en signant
une demande de recours gracieux. Quatre mois plus tard, face à
l’absence de réponse, il finit par déposer un
recours en excès de pouvoir devant le tribunal administratif de
Nancy, avec trois voisins. D’après eux, la cession du bois
Lejuc est illégale pour plusieurs motifs. D’abord, il s’agit
d’une cession à vil prix : les parcelles cédées en échange
sont de moindre valeur. Ensuite, certains élus sont dans des
situations de conflits d’intérêts, car ils comptent des membres
de leur famille employés par l’Andra ou ses sous-traitants, ou se
sont vus accorder par l’Andra des baux agricoles précaires et des
baux de chasse dans le bosquet.
C’est
le dernier motif — celui des irrégularités lors de la
délibération — que les juges lorrains ont finalement retenu mardi
28 février. En effet, le vote à bulletin secret, proposé par
le maire, ne peut être mis en œuvre que s’il fait l’objet d’une
demande effectuée par le tiers des conseillers municipaux… ce qui
n’a pas été le cas. Lors de l’audience du 31 janvier 2017,
la rapporteuse publique a ainsi demandé l’annulation de la
délibération pour vice de procédure. Le tribunal administratif
reprend donc ses conclusions, puisqu’il estime « que le
vice de procédure, qui a permis de déroger à la règle générale
selon laquelle le vote a un caractère public, a privé le public de
la garantie de connaître le sens du vote des membres du conseil
municipal »... et invalide le vote.
« C’est
une victoire collective,
souligne Michel Labat. Nous
n’y serions jamais arrivés sans les associations ni les jeunes qui
occupent la forêt depuis six mois ! » Le
bois Lejuc est en effet habité depuis l’automne par une
poignée d’opposants à la poubelle nucléaire, qui empêchent
l’Andra de commencer les travaux de déboisement.
« Si l’Agence est juridiquement toujours propriétaire, cette propriété est de plus en plus fictive »
Que
va-t-il se passer désormais ? Le conseil municipal a quatre
mois pour régulariser la situation en procédant à une nouvelle
délibération. Mais pas sûr que les élus approuvent toujours la
cession. Pas sûr non plus que tous les élus prennent part au vote,
au vu des conflits d’intérêts potentiels. « Rien n’est
joué », estime Maître Samuel Delalande, un des avocats
des plaignants.
« Cette
décision ne signifie pas pour autant le blocage du projet, et encore
moins son arrêt », a pour sa part assuré l’Andra à
l’AFP. Pour l’Agence, l’annulation de la délibération porte
« uniquement sur une question de forme : le conseil
municipal a voté cette délibération à bulletin secret, or pour
cela il aurait fallu qu’un tiers au moins des conseillers en fasse
la demande formelle », ce qui n’a pas été le cas. Il
n’y a donc aucune raison de remettre en cause le projet Cigéo
d’enfouissement des déchets radioactifs.
Son
porte-parole a ensuite précisé à Reporterre par courriel :
« L’Agence prend acte de cette décision et attend la
suite des évènements. En tout état de cause, quelle que soit
l’issue de l’affaire, cela ne signifie pas pour autant le blocage
du projet, et encore moins son arrêt.
Si
l’Andra ne pouvait pas mener les opérations de caractérisation
sur le bois Lejuc dans l’immédiat, cela l’obligerait à les
reporter mais n’empêche pas les autres études liées à la
conception de Cigéo d’avancer pour le dépôt de la demande
d’autorisation de création. »
Pourtant,
si le conseil échoue à prendre une telle décision, l’échange du
bois Lejuc sera annulé, et la forêt redeviendra propriété de la
commune de Mandres-en-Barrois. Pour pouvoir poursuivre son projet,
l’Andra devra alors passer par l’expropriation… ou changer de
lieu. Cette décision de justice pourrait donc compromettre le projet
d’enfouissement de déchets radioactifs. « Aujourd’hui,
l’Andra n’a plus aucune légitimité pour poursuivre les travaux
au bois Lejuc ni pour expulser les militants. Car si l’Agence est
juridiquement toujours propriétaire, cette propriété est de plus
en plus fictive, souligne Me Delalande. Le sort du bois Lejuc
est désormais entre les mains des habitants et des élus de
Mandres ».
D’ici
à fin juin, Michel Labat compte bien convaincre élus et habitants
de refuser l’échange. « Le combat continue ! »
lance-t-il. Et « pour se donner du courage », il
ira à nouveau se promener parmi les hêtres, les chênes et les
noisetiers du bois Lejuc.
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