Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle
PROJET D’AYRAULT – PORT de
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Source : ZAD.nadir.org
Mai 2016
Et ailleurs : Paris : manifs du 1er mai - Atenco (Mexique) - Valence (26) - Pyhäjoki (Finlande) - CIGEO à Bure (55) - Pays Basque (64) - Montpellier (34) - Ende Gelande (Allemagne) - Sivens (81) - ZAD d'Agen (47)
ZAD de NDDL - 44
Lundi
2 mai
►Actualité
politique : sort aujourd’hui en librairie Contrées. Histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa. Ce livre est le fruit d’un an et demi de travail du collectif Mauvaise Troupe qui réunit des habitant.es de la zad de NDDL et des compagnon.nes de route.
Contrées se propose de déployer et d’entrelacer ces deux épopées, qui depuis des décennies font du bocage de Notre-Dame-des-Landes et de la vallée italienne de Susa des espaces où les velléités d’aménagement des gouvernements peinent à prendre pied et sont même parfois battues en brèche. On y bataille contre des infrastructures imposées, aéroport pour l’un, train à grande vitesse (TAV) Lyon-Turin pour l’autre..
Il est l’aboutissement d’un long travail qui a déjà donné lieu à la parution d’entretiens avec des personnes en luttes à Notre-Dame comme dans la Val Susa, disponibles sur le site de la Mauvaise Troupe.
Mardi
3 mai
►Le nombre de signataires du texte appelant à la mobilisation pour le procès de Grégoire le 4 mai à Rennes s’est élargie. Les gens étaient nombreux aujourd’hui devant le tribunal de Rennes pour lui apporter un soutien, le banquet s’est passé dans la bonne humeur, ponctué de lectures de la Mauvaise Troupe et de tours de magie de Magic M. Finalement le report demandé par l’avocat de Greg a été accepté, le procès aura lieu le 29 juin, 14h, à la court d’appel de Rennes. On espère que Greg pourra comparaître libre comme il en a fait la demande. Il sera fixé le 11 mai.
On n'oublie pas les 2 autres personnes qui passent en procès pour des affaires liées à la lutte contre l’aéroport et son monde les 17 mai et 7 juin prochains, à 14h.
►Report du procès de Grégoire :
Contexte : Grégoire avait été jugé coupable en 2014 de dégradations lors d’une manifestation anti-aéroport, et condamné à 18 mois de prison (dont 6 avec sursis). Il s’était soustrait à sa peine en s’éclipsant du tribunal avant le rendu, et avait fait appel de la décision. Le procès en appel devait avoir lieu ce 4 mai 2016 à Rennes. G. a été arrêté le 8 avril et se trouve depuis en détention préventive.
Le 4 mai : M.Vallée, l’avocat de G, a demandé un report. Ce que la juge a accepté malgré les réticences de la procureure. Procès le 29 juin 2016 à 14h, Cour d’appel de Rennes.
Le débat a ensuite porté sur sa situation jusqu’au 29 juin : en détention, en liberté surveillée, etc. ?
Pour ne pas rester en détention Greg justifiait d’un domicile, d’une promesse d’embauche, etc. La procureure a argumenté en faveur d’un maintien en détention. Rendu de cette décision le 11 Mai, G. reste en prison jusque là.
Samedi
7 mai
Les 25 et 26 juin, week-end de la consultation sur le projet d'aéroport, on imagine inviter les gens à venir sur la zad pour participer à divers chantiers, pour passer du temps ensemble et continuer à construire collectivement l'avenir de cette zone. Que l'on vive dans le périmètre de la consultation ou pas ... L'idée serait de proposer une série de travaux, dont un chantier central ambitieux (!) qui consisterait à construire un nouvel espace de réunions/assemblées/organisation
Il nous reste quelques semaines pour organiser ce chouette moment et on aimerait que ce projet soit porté par des personnes différentes au sein de cette lutte. D'où cette invitation à vous joindre au processus d'organisation de ce week-end. La première réu pour ça sera mardi 10 mai, à 19h, à la Vacherit. Et si vous loupez cette date-ci c'est bien sûr possible de venir aux suivantes : 17 mai, 24 mai, etc.
A bientôt !
Dimanche
8 mai
Une semaine sous le soleil sur la zad : les chantiers collectifs de plantation se succèdent, patates, oignons, remise en état des serres qui ont souffert de l’hiver...
Mais il y a aussi plein de front de luttes à suivre, et hier :
►C’était une journée transnationale de solidarité avec les personnes détenues, contre les centres de rétention, avec un rassemblement à Rennes.
►A lire aussi, un texte écrit par des occupant-e-s sur la participation au mouvement contre la loi travail
Infos du 9 au 15 mai
Encore
un joli week-end sur la zad, qui fleurit et verdit avec l’arrivée
de la chaleur, bientôt les saints de glace ! Alors on n'a pas
passé beaucoup de temps devant l’ordi, mais on a quand même bien
aimé ça : dans l’âge
de faire, retour sur les aspects biaisés de la consultation de
juin
►Le jour où la "gauche" a outrepassé tous ses principes fondateurs. Passage en force de la loi travail et foutage de gueule public, le gouvernement a décidément le sens de l’auto-sabotage.
Suite à cette annonce, des manifestations ont fleuries spontanément un peu partout, et notamment à Nantes où on a fait une sacrée balade.
Après ça, faut pas s’étonner que personne ne croit à la légitimité (ou l’utilité) d’une consultation
►Heureusement, pendant ce temps on continue de s’organiser, à plein : http://reporterre.net/Agriculteurs-et-radicaux-le-reseau-Fourche-et-champ-libre-s-epanouit
►Et il vaut mieux, parce que c’est pas avec leur poudre (toxique) aux yeux qu’on va aller loin.
►A défaut de savoir quoi faire d’intelligent, il semblerait que certaines personnes au parlement cherchent à aller de plus en plus vite dans le mur...
Vendredi
13 mai
Dans
la lutte contre l’aéroport :
►La coordination des associations opposées à l’aéroport a lancé hier sa campagne pour le non à la consultation bidon : Consultation du 26 juin 2016 en Loire Atlantique : On a tous une bonne raison de voter NON !
...et son monde :
►Loi biodiversité : massacre à la tronçonneuse au Sénat
►Merléac : Des agriculteurs refusent l’accès à leurs terres par les prospecteurs miniers
Infos du 16 au 22 mai
►A partir de ce mardi 17 mai la ferme de Bellevue n’assure plus l’accueil pour cause de restructuration. Pas de permanence, pas de douche, pas de machine à laver, pas d’internet, pas de sleeping. Les autres activités de Bellevue sont maintenues.
Tandis que les manifs se multiplient et que la répression s’accentue, dans les coulisses du manège on semble sourd.es à la colère populaire. Voir même, on s’en fout royalement :
►Le guen confirme que la consultation portera sur le projet à deux pistes, celui-là même qui a été rejeté par le rapport du ministère de l’environnement
►Le sénat file un « coup de main » à cigeo pour accélérer la possibilité d’enfouissement de déchets à Bure. Les copains-copines restent mobilisé.es et ont appelé à des actions décentralisées.
►Sinon, hier à Paris :
►A Nantes aujourd’hui, encore une journée de mobilisation et de répression excessive et disproportionnée. A priori, 70 interpellations à la fin de la journée. Toujours cette politique du chiffre qu’on applique à l’humain, comme au bétail, comme à l’industrie…
►Ah aussi, au cas où ça vous aurait échappé chè.res lecteurices, nous avons été démasqué.es, nous sommes à découvert, humbles et nu.es devant la sagesse de nos dirigeant.es qui ont finalement compris que nous complotions contre le président, la France et le monde (et que d’ailleurs Tchernobyl c’est nous, H1N1 c’est nous, et la disparition du vol MH-jsais-plus-quoi c’est encore nous)
Révélations : le complot des « zadistes » contre le président,
la France et le monde.
Le 17 mai, M. Hollande a affirmé sur Europe1 que la colère suscitée depuis 2 mois par sa loi Travail dans les rues du pays est en réalité "un mouvement qui vient des zadistes et qui quelques fois peut comporter des personnes qui sont étrangères" .M. Hollande espère faire d’une pierre deux coups. D’une part désigner une figure fantasmée et présentée comme étrangère à la masse des manifestants pour gommer l’ampleur de la contestation. D’autre part relancer la campagne de stigmatisation des dits "zadistes" en vue de la consultation du 26 juin sur le sort de Notre Dame Des Landes : nouvelle opération d’enfumage et énième tentative de venir à bout du mouvement anti-aéroport.
Depuis la zad et face à ces attaques nous affirmons que nous nous sentons bel et bien solidaires de ceux qui se battent contre la casse sociale et la marchandisation accrue de nos vies incarnée par la loi Travail. Cette loi et le monde hostile qu’elle construit nous concernent, et nous n’en voulons pas tout comme une bonne partie de la population de ce pays. Mais il est assez aisé de constater que les dizaines de milliers de personnes – lycéens, étudiants, syndicalistes, précaires – qui résistent dans les rues un peu partout en France et refusent obstinément le passage en force de la loi travail ne sortent pas en masse des broussailles de la zad. Il est assez évident aussi qu’ils n’ont pas besoin des pouvoirs magiques ou de l’autorité des dits "zadistes" pour continuer avec le plus grand courage à contester malgré la répression policière, les interdictions de manifester et les yeux crevés par les tirs de flashball.
Dans l’ambiance nauséabonde de campagne électorale il est prévisible que la réthorique « anti-zadiste » s’amplifie dans les semaines à venir. Ce même 17 mai, les pro-aéroports ont collé dans Nantes des affiches basées sur une équation simple : « casseurs=zadistes=dehors=oui à l’aéroport ». Mais ce n’est pas avec des manipulations aussi grossières que le gouvernement et les pro-aéroports parviendront à justifier la destruction de 2000 ha de bocage, de ce qui s’expérimente sur la zad et leur nouvel aéroport, pas plus d’ailleurs que leur loi Travail. Nous continuerons à cultiver, construire et résister dans le bocage et au-delà pour que la zad fleurisse !
De nombreux procès ont lieu à Nantes cet aprem, suite aux 80 interpellations d’hier autour de la manif "interdite" par la préfecture". La manif a continué devant le commissariat Waldeck-Rousseau, solidarité avec les interpellé-e-s ! Soutenez les aussi au tribunal ! Pour plus d’infos sur la répression à Nantes :
Samedi
21 mai
Rappelons
qu’un lycéen a été emprisonné à l’attente de son procès,
sous l’accusation de "tentative d’homicide" pour avoir
été présent à l’endroit où un flic s’est pris des coups lors
d’une manifestation à Nantes :
Exigeons la libération de lycéen nantais incarcéré pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique
Article publié sur nantes.indymedia.org
Ce samedi 14 mai, un lycéen nantais de 18 ans a été mis en examen pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » après une garde à vue de 48 heures. Il a été immédiatement incarcéré sur un mandat de dépôt criminel. Cette inculpation est très grave, sans aucune comparaison possible avec les habituels « outrages et rébellion » et autres « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » qui s’accumulent dans les audiences de comparutions immédiates. Elle inscrit les faits dans une procédure « criminelle » qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité…
Les faits ont été relatés par la presse nationale comme étant d’une « violence » extrême. En fait, un commandant de police qui n’avait pas réussi à reculer assez vite après une charge de ses CRS a été pris à partie par un groupe de manifestants qui lui ont asséné plusieurs coups. Le gradé a visiblement eu le nez fracturé et on a dû lui faire une quinzaine de points de suture. Par ailleurs, il n’y a pas d’éléments précis qui peuvent attester de la participation du jeune inculpé aux coups donnés. Tout reste donc très flou.
Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est l’acharnement violent et méthodique déployé par les forces de police contre les manifestants depuis le début du mouvement. Passages à tabac (particulièrement à Nantes et à Rennes), coups de matraque, utilisation de grenades « désencerclantes » qui blessent en cas d’impacts directs, tirs avec leurs nouveaux flash-ball à hauteur de visage pour crever des yeux, etc. Tout le monde aura déjà pu apprécier l’efficacité de ces armes sur des images et vidéos diffusées sur Internet.
On entend répéter en boucle, « un commandant de police blessé »… Si cela vaut plusieurs années de prison, comment « comptabiliser » les multiples yeux crevés par des flash-ball, comment « évaluer » la mort de Rémi Fraisse et celle d’Amine Bentousi abattus froidement par la police, pour ne citer que deux exemples… Et dans ces cas où ce ne sont pas des « tentatives » mais bien des « homicides », la justice prononce toujours des non-lieux ou des acquittements. Et là, l’Etat ne prend même plus la peine de faire croire que la justice en est une.
Oui, une bonne partie de la jeunesse n’a pas envie de se soumettre au pouvoir (qu’il soit financier, policier, militaire, politique) dont la règle est de voler les vies du plus grand nombre au profit de quelques-uns. Elle crie haut et fort depuis quelques semaines ce refus d’un monde d’exploitation. Et ils sont gentils ces manifestants de ne pas répondre plus violemment à cette déferlante d’uniformes qui vise à décourager la majorité des participants au mouvement en cours et à faire déserter manifestations et occupations.
Il est partie prenante du
mouvement actuel au même titre que tous les manifestants et
grévistes qui y ont pris part. On ne le laissera pas tomber.
L’Envolée
Pour informations complémentaires dans les jours à venir : lenvolee.net
On peut lire un article de soutien aussi sur le blog de Patrick Gabriel : https://blogs.mediapart.fr/patrick-gabriel/blog
Dimanche
22 mai
Un
convoi parti depuis la zad pour soutenir le blocage de Donges
Ce dimanche matin un convoi de vélo et quelques voitures sont parties de la zad pour se rendre à Donges et soutenir le blocage de la raffinerie et du dépôt. Ce convoi a été rejoint par la cantine de la zad qui apporté un repas sur place. Il se tenait depuis samedi à Notre Dame des Landes un week-end de discussion entre étudiants, salariés, précaires de nantes et habitants de la zad. Les échanges portaient sur les convergences possible entre divers fronts de lutte dans le cadre du mouvement loi Travail et par la suite. Face aux menaces d'expulsion du blocage du dépôt de pétrole de Donges, les personnes présentes ont décidé de bouleverser leur programme pour rejoindre le piquet de grève.
Les grévistes de Donges estiment que Valls pourrait déclencher une intervention policière sur place dès cette nuit ou demain. Ils appellent à être soutenu.
Ci-dessous, le texte lu à l'arrivée du convoi :
« Salariés, étudiants, activistes, chômeurs, révoltées nous nous sommes rencontrés pour parler des moyens et des perspectives pour construire ensemble un prolongement du mouvement actuel contre la loi travail. Ceci n'est que le dernier épisode d'un scénario où le libéralisme ne s'impose qu'avec une répression ou une exploitation toujours plus féroce. Sur cette autoroute à sens unique où nos vies subissent les violences de l'argent et de l'Etat, nos luttes carburent avec une diversité de moyens et d'énergie. Cette pluralité de fronts est une force redoutable quand nous agissons ensemble pour affirmer un avenir de tous les possibles. Faisons converger nos luttes ! »
Infos du 23 au 31 mai
Lundi
23 mai
Les "zadistes" et le "mouvement qui vient"
Le gouvernement fait face depuis plus de deux mois à une fronde d’ampleur contre la casse sociale et les politiques libérales incarnées par la Loi Travail. Il passe en force avec le 49.3, les interdictions individuelles et collectives de manifester, les blessé-e-s par les armes de la police et les arrestations par centaines. Pourtant le mouvement en cours a l’air de ne pas vouloir se donner de fin : des dizaines de milliers de personnes restent dans les rues lors des manifs, des Nuits debout, les blocages et grèves s’amplifient...
A chaque fois qu’un gouvernement se sent menacé par la rue, les mêmes fictions politiques et médiatiques s’énoncent : une ultra-minorité de violents qui n’auraient rien à voir avec le reste des manifestants, s’infiltrerait mystérieusement dans les cortèges ou sur les places à la nuit tombée, ne jouerait pas le jeu convenu... Ces fictions ont toujours le même but : diviser et taire le fait qu’une large partie de la population ne ravale plus sa colère. Il leur faut absolument passer sous silence les foules de personnes remuantes qui prennent la tête des cortèges dans de nombreuses villes en France, qui refusent de rentrer chez elles après la fin des manifestations officielles et n’entendent pas se laisser docilement tabasser par la police. Il leur faut cacher que lorsque les forces de l’ordre tentent de couper les cortèges en deux à Nantes pour séparer le bon grain de l’ivraie, la majorité des « bons » manifestants fait reculer depuis les cortèges syndicaux les lignes de CRS en criant « tous ensemble ! ». Il s’agit de faire oublier les leçons du CPE, de la lutte anti-aéroport ou des mouvements anti-nucléaires : ceux qui nous gouvernent ne lâchent rien sans qu’on leur mette la pression, pour de bon. Il leur faut absolument invisibiliser que ce que la plupart des opposant-e-s à la loi travail trouve réellement violent ce n’est pas les dégâts infligés pendant le mouvement aux banques et autres institutions qui organisent la misère et pourrissent la planète mais bien l’arrogance des Macrons et des paradis fiscaux à Panama, les suicides en série d’employés pressurisés et les yeux crevés par les flasballs, les humiliations subies pour se payer une vie et les rues réservées à la consommation.
Mais les fictions sur les obscurs « casseurs » ont leurs limites. Malgré leur relais aveugle et quotidien dans certains médias et les editos de combats des grands quotidiens pour le retour à l’ordre, les rues ne désemplissent pas. A cette fable éculée, M. Hollande en a ajouté une de circonstance le 17 mai au matin sur Europe 1 en laissant entendre que tout ce qui ne conteste pas de la bonne manière et dans les clous serait en réalité l’oeuvre "d’un mouvement qui vient des zadistes et qui quelques fois peut comporter des personnes qui sont étrangères" .
Passons ici sur la rhétorique là aussi classique mais abjecte des « étrangers » au territoire français venus perturber l’ordre du pays puisqu’il n’est pas possible pour le président d’assumer que sa propre population le fasse. Par contre, si l’on prend au mot les révélations de M. Hollande sur ce « mouvement qui vient des zadistes », il faut en conclure, au vu de ce qui se vit dans la rue, qu’une partie notable et agissante de la jeunesse mais aussi des salariés et précaires dans de nombreuses villes du pays serait devenue " zadiste ". Est-ce à dire que pour ce président à bout de souffle, sans doute marqué pendant son quinquennat par la détermination du mouvement anti-aéroport, le terme de "zadiste" soit devenu progressivement un synonyme générique de "contestaire" ?
En réalité, le président espère sans doute faire ici d’une pierre deux coups. D’une part resserrer artificiellement le spectre de ce qui lui fait face en construisant une figure identifiable de l’ennemi intérieur, figure qui apparaisse comme une espèce insolite et sauvage séparée du reste des manifestants. D’autre part relancer la campagne de stigmatisation des dits "zadistes" en vue de son référendum, nouvel enfumage censé légitimer une fois encore la destruction de 2000 ha de bocage, et une nouvelle grande opération policière César 2 en vue de la construction de l’ « Aéroport du Grand Ouest ».
Trêve de révélations, depuis la zad de Notre-Dame-des-Landes nous ne nous cachons pas de participer avec enthousiasme et de diverses manières à la mobilisation contre la loi travail : cantines et galettes sur les places et à la fac, échanges avec les étudiant-e-s, lycéen-ne-s et syndiqué-e-s, présence dans les manifs, sur les Nuits Debout, blocages et piquets de grèves. Nous sommes présent-e-s parce que cette loi et le monde hostile qu’elle construit nous concernent. Nous sommes dans la rue parce qu’il doit absolument exister des solidarités entre les différents mouvements qui cherchent à combattre la marchandisation des territoires, de nos vies ainsi qu’à se donner des espaces pour expérimenter d’autres possibles.
Pourtant il est bien clair, pour quiconque observe les manifestations avec des yeux encore un tant soit peu ouverts, que celles et ceux qui restent dans les rues un peu partout en France depuis des mois et continuent à refuser radicalement le passage en force de la loi travail ne sortent pas en masse des broussailles de la zad. Il est assez évident aussi qu’ils n’ont pas vraiment besoin des pouvoirs magiques ou de l’autorité des dits "zadistes" pour continuer avec le plus grand courage à contester.
Pour apporter de l’eau au moulin du complot zadiste, de savants analystes ont aussi cru bon de remarquer que les villes où la contestation actuelle était apparemment la plus intense étaient Rennes et Nantes et que – comme par hasard - la zad se situait entre ces deux villes. Pour retourner l’affirmation et élargir la focale, nous leur répondrons que si la zad vit et que le mouvement anti-aéroport rayonne, c’est bien parce qu’existe dans cette région une tradition de luttes : celle qui a successivement permis d’empêcher la construction de plusieurs centrales nucléaires, celle de le Commune de Nantes en 68, celles des paysans-travailleurs dans les années 70, de la force débordante des grèves et manifestations de 95 à Nantes ou du mouvement anti-CPE à Rennes en 2006 et de tant d’autres combats porteurs d’espoir. Les quelques victoires obtenues dans ces luttes – le retrait des lois et projets, les liens de solidarité et les mises en partage, les vies plus belles et libertés nouvelles – ne l’ont jamais été sans heurts. Il n’a pas fallu attendre la zad pour que les habitant-e-s de Plogoff protégent leur bourgade avec des barricades et des lance-pierres, pour que la place du parlement de Rennes soit le théâtre d’intenses combats avec les forces de l’ordre ou pour que des paysans occupent en force des terrains de gros propriétaires et bloquent les routes de la région. Ce fil historique insolent, qui nous relie d’une génération à l’autre, nous le revendiquons fièrement et nous nous en sentons pleinement partie prenante. Nous espèrons qu’il anime encore longtemps les rues et campagnes alentour et soit contagieux. Ce que nous pouvons continuer à transmettre de ce vent d’ouest depuis la zad et qui est proprement insupportable aux gouvernants, c’est d’abord l’idée qu’il soit possible de leur tenir tête. Ce que nous avons appris aussi c’est qu’un mouvement ne peut s’envisager comme victorieux qu’à partir du moment où il accepte diverses formes de résistance et prend le plus grand soin à les faire se tenir ensemble – sans céder aux appels constants du pouvoir à rejeter certaines de ses composantes ni à ses tentatives de s’assurer la docilité des autres.
****
Le 17 avril au matin, au diapason avec les attaques
de M.Hollande, les pro-aéroports ont encollé à Nantes quelques
devantures de banques ébréchées avec des affiches reposant sur
l’équation simple « casseurs = zadistes = dehors = oui à
l’aéroport ». Finalement, rien de nouveau sous le soleil :
les " zadistes " ont le dos large. Nous qui vivons,
cultivons, habitons sur la zad et tentons de la protéger avons
l’habitude d’être montré du doigt. Il semble que nous gênions
à tel point le gouvernement et les porte-voix des patrons locaux que
ceux-ci mettent toute leur énergie à nous désigner aussi souvent
qu’ils le peuvent comme des "ultraviolents", des
"terroristes", nous comparent à "Daesh" et à
tout à ce à quoi leur cerveau malade peut penser de plus effrayant
pour qui croit en leurs boniments. Nous nous doutons bien que ces
procédés vont s’amplifier alors qu’ils entrent en campagne
électorale pour justifier leur projet. Nous nous attendons au cours
des prochaines semaines à être l’objet de « révélations »
scandaleuses tombées du ciel et autres faits divers montés en
épingle pour formater l’"opinion". Nous invitons tout un
chacun dans ce contexte à rester lucide sur le sens de ces
opérations de communication.
Nous continuerons à
construire un avenir sans aéroport et à nous libérer de
l’économie. Que la zad fleurisse !
Des habitant-e-s de la zad.
►Plus
sérieusement, l’actualité cette semaine c’est la France réelle,
celle qui se lève tôt... pour bloquer les dépôts, notamment près
de chez nous à Donges. Les rencontres se multiplient entre
occupant.es et grévistes. Ce weekend une rencontre organisée à la
Wardine a débouché sur une petite vélorution qui est partie
rejoindre le blocage : la convergence des luttes en action !
Ci joint un petit récit de la journée :
"Un convoi parti depuis la zad pour soutenir le blocage de Donges
Ce dimanche matin un convoi de vélo et quelques voitures sont parties de la zad pour se rendre à Donges et soutenir le blocage de la raffinerie et du dépôt. Ce convoi a été rejoint par la cantine de la zad qui apporté un repas sur place. Il se tenait depuis samedi à Notre Dame des Landes un week-end de discussion entre étudiants, salariés, précaires de Nantes et habitants de la zad. Les échanges portaient sur les convergences possible entre divers fronts de lutte dans le cadre du mouvement loi Travail et par la suite. Face aux menaces d’expulsion du blocage du dépôt de pétrole de Donges, les personnes présentes ont décidé de bouleverser leur programme pour rejoindre le piquet de grève.
Les grévistes de Donges estiment que Valls pourrait déclencher une intervention policière sur place dès cette nuit ou demain. Ils appellent à être soutenu.
Ci-dessous, le texte lu à l’arrivée du convoi : « Salariés, étudiants, activistes, chômeurs, révoltées nous nous sommes rencontrés pour parler des moyens et des perspectives pour construire ensemble un prolongement du mouvement actuel contre la loi travail. Ceci n’est que le dernier épisode d’un scénario où le libéralisme ne s’impose qu’avec une répression ou une exploitation toujours plus féroce. Sur cette autoroute à sens unique où nos vies subissent les violences de l’argent et de l’Etat, nos luttes carburent avec une diversité de moyens et d’énergie. Cette pluralité de fronts est une force redoutable quand nous agissons ensemble pour affirmer un avenir de tous les possibles. Faisons converger nos luttes ! "
►un autre récit de cette journée :
Message de soutien aux travailleuses et travailleurs en grève émanant du weekend de Convergence des Luttes les 21 et 22 Mai 2016 sur la ZAD et à la raffinerie de Donges :
Salarié-es, étudiant-e-s, activistes, chômeur-euse-s, révolté-e-s,
Nous nous sommes rencontré-e-s pour parler des moyens et des perspectives pour construire ensemble un prolongement du mouvement actuel contre la loi travail. Celle-ci n’est que le dernier épisode d’un scénario où le libéralisme ne s’impose qu’avec une répression ou une exploitation toujours plus féroce.
Sur cette autoroute à sens unique où nos vies subissent les violences de l’argent et de l’État nos luttes carburent avec une diversité de moyens et d’énergies.
Cette pluralité de fronts est une force redoutable quand nous agissons ensemble pour affirmer un avenir de tous les possibles.
Faisons converger nos luttes, merde !!!
►Devinette :
qu’est ce que qui est vert, moisi, et vice président de
l’Assemblée Nationale ? :
Plus arriviste tu meurs : profitant des accusations de harcèlement sexuel portées contre son collègue du groupe EELV Denis Baupin, il lui ravit la vice-présidence de l’assemblée nationale accordée aux Verts le 17 mai . Le 19, il quitte le groupe écologiste avec 5 autres députés scellant ainsi sa disparition et rejoint le groupe socialiste ! Aussitôt, en bon transfuge, il offre des points à son nouveau camp, histoire de sauver son fauteuil de député en 2017 : interrogé ce samedi par I Télé, il réfute l’appellation de « casseurs » pour les émeutiers. Pour lui ce sont « des militants politiques anarchistes qui veulent casser du flic » ajoutant : « il faut les cibler et procéder à des arrestations préventives … ils sont dans une logique d’homicide et il faut les combattre avec la plus grande détermination ».
Il va même jusqu’à regretter la « mansuétude du tribunal administratif » à leur égard alors que « les policiers sont les victimes ». Interrogé sur la ZAD de Notre Dame des Landes il rappelle que celle-ci s’était installée « sous Sarkozy et Fillon » et que « c’est alors qu’il aurait fallu l’expulser ». Précisant : « on a laissé s’installer dans des squats des gens qui sont dans l’illégalité et qui ne méritent aucune indulgence ». Interrogé sur le blocage de la raffinerie de Donges, de Rugy déclare : « c’est inacceptable et la CGT est irresponsable ». Et il conclut devant un journaliste restant sans voix : « je suis un écologiste de centre gauche ».
L’infâme ! Une autre similitude avec ses nouveaux amis socialos, Rugy pleure souvent sur son local nantais régulièrement détérioré. Pareil pour le PS donc, qui s’inquiète de la multiplication d’actes de vandalisme contre ses locaux..., allant même jusqu’à parler d’un climat d’années 30. On imagine qu’ils veulent parler de la montée du fascisme, de la restriction des libertés publiques. Gonflé !
►Trouvé dans l’Humanité, un récit de l’ambiance inter-luttes à Donges Et tandis que le gouvernement tente de décourager (et de déloger violemment) les blocages, le mouvement s’amplifie gentiment, avec les blocages de centrales nucléaires qui ont été votés pour ce jeudi
►Un
article de Reporterre sur le livre Contrées :
http://reporterre.net/Contrees-de-Notre-Dame-des-Landes-au-Lyon-Turin-le-surgissement-d-un-peuple
►Aussi :
un rapport du CATDM sur la dette écologique et l’extractivisme :
https://nantes.indymedia.org/articles/34729
►Et
puis, petit clin d’oeil à celleux qui voudraient mettre la loi
et/ou la légitimité citoyenne de leur côté :
►Le nouveau numéro du Lèse Béton, un journal de la ZAD est sorti !
http://zad.nadir.org/IMG/pdf/lese-beton-6.pdf
►Le Collectif d’élus opposés au projet d’aéroport écrit au président de l’Association des Maires de France du 44
Programme des rencontres sur la Commune du 1er au 4 juin
Voici le programme
détaillé des Rencontres sur la Commune :
Mardi
31 mars
17h-20h
: Arrivée et accueil à la ferme de Bellevue
20h : Repas
22h :
Imaginaires de la Commune
Nous réapproprier la mémoire
révolutionnaire, explorer ce que furent
les multiples formes de
communes dans le passé. Transmettre cette
mémoire par l'oralité,
les images, le son. Nous partirons à chaque
fois d'un événement
de l'histoire de la Loire-Atlantique pour tisser
des
correspondances avec les milles et unes tentatives passées
et
présentes de faire commune.
Mercredi
1er juin
9h30
: Présentation-discussion autour des Communes d'Aragon et
des
quartiers de Barcelone pendant la guerre d'Espagne.
12h30 :
Repas
14h : Communes d'hier, esquisse de topographie
20 h : Sur
les traces de Mai 68. Que fut ce que certains appelèrent la
«Commune
de Nantes» ? Quels échos et quelles correspondances avec
le
mouvement actuel ?
Jeudi 2
juin
9h30
: Balade sur la ZAD
12h30 : Repas
14h : Chantiers semis de
sarrasin sur les terres occupées du mouvement
et/ou ramassage de
bois sur les chemins communaux. Le semis étant
tributaire de la
météo.
19h : Repas
20h : Discussion sur l'histoire et
actualités des Communaux.
Partager l'usage de terres, de routes
et de chemins, de haies et de
bois, d'outils et de bâtiments
relève à la fois de la tradition
séculaire et d'un devenir
révolutionnaire. A partir de la genèse de ce
bocage, de
l'histoire des communaux dans d'autres régions de France et
du
monde, nous chercherons à interroger comment cette mémoire
peut
servir de point d'appui pour inspirer de nouvelles dynamiques
de
reprises des terres, pour inventer de nouvelles formes de
partage, ou
encore pour alimenter les réflexions sur l’avenir
de la ZAD.
Vendredi 3 juin
10h
: Discussion collective, qu’est ce qui résonne de la
Commune,
comme héritage et perspective révolutionnaire, dans nos
différentes
tentatives locales et dans les luttes actuelles
?
12h30 : repas
14h : Ateliers en petits groupes, problématisés
à partir de la
discussion du matin
19h : Repas
21h : «
Veillés dans nos Contrées », soirée avec la Mauvaise
Troupe
Samedi 4 juin :
Matinée
libre, ouverte à la poursuite des discussions de la veille, et
au
retour sur la semaine passée ensemble.
12h : Banquet des Q de
Plomb ! Des victuailles de la ZAD, du vin en
abondance, repas
pantagruélique et diatribes enivrantes…
Soir : Fête
N'hésitez
pas à nous écrire si vous avez d'autres questions.
au plaisir, à
bientôt.
Mardi
31 mai
Il n’y a pas besoin d’être zadiste pour contester avec courage
François Hollande a désigné les « zadistes » comme initiateurs du mouvement social qui agite la France. Des habitant-e-s de la Zad de Notre-Dame-des-Landes expliquent dans cette tribune que le discours gouvernemental vise à diviser la contestation entre « bons » et « mauvais ». Mais c’est une colère générale qui monte, et dont la Zad n’est qu’une facette.
"Car c’est un mouvement qui vient des zadistes et qui quelquefois peut comporter des personnes qui sont étrangères."
François Hollande, le 17 mai, sur Europe 1
Le gouvernement fait face depuis plus de deux mois à une fronde d’ampleur contre la casse sociale et les politiques libérales incarnées par la loi travail. Il passe en force avec le 49-3, les interdictions individuelles et collectives de manifester, les blessé-e-s par les armes de la police et les arrestations par centaines. Pourtant, le mouvement en cours a l’air de ne pas vouloir se donner de fin : des dizaines de milliers de personnes restent dans les rues lors des manifs, des Nuits debout, les blocages et grèves s’amplifient...
A chaque fois qu’un gouvernement se sent menacé par la rue, les mêmes fictions politiques et médiatiques s’énoncent : une ultraminorité de violents, qui n’auraient rien à voir avec le reste des manifestant-e-s, s’infiltrerait mystérieusement dans les cortèges ou sur les places à la nuit tombée, ne jouerait pas le jeu convenu... Ces fictions ont toujours le même but : diviser et taire le fait qu’une large partie de la population ne ravale plus sa colère. Il leur faut absolument passer sous silence les foules de personnes remuantes qui prennent la tête des cortèges dans de nombreuses villes en France, qui refusent de rentrer chez elles après la fin des manifestations officielles et n’entendent pas se laisser docilement tabasser par la police. Il leur faut cacher que lorsque les forces de l’ordre tentent de couper les cortèges en deux à Nantes pour séparer le bon grain de l’ivraie, la majorité des « bons » manifestants fait reculer depuis les cortèges syndicaux les lignes de CRS en criant « tous ensemble ! ».
Il s’agit de faire oublier les leçons du CPE, de la lutte anti-aéroport ou des mouvements antinucléaires : ceux qui nous gouvernent ne lâchent rien sans qu’on leur mette la pression, pour de bon. Il leur faut absolument rendre invisible que ce que la plupart des opposant-e-s à la loi travail trouvent réellement violent, ce ne sont pas les dégâts infligés pendant le mouvement aux banques et autres institutions qui organisent la misère et pourrissent la planète, mais bien l’arrogance des Macron et des paradis fiscaux à Panama, les suicides en série d’employés pressurisés et les yeux crevés par les Flash- Ball, les humiliations subies pour se payer une vie et les rues réservées à la consommation.
« Nous sommes présent-e-s parce que cette loi et le monde hostile qu’elle construit nous concernent »
Mais les fictions sur les obscurs « casseurs » ont leurs limites. Malgré leur relais aveugle et journalier dans certains médias et les éditos de combats des grands quotidiens pour le retour à l’ordre, les rues ne désemplissent pas. A cette fable éculée, M. Hollande en a ajouté une de circonstance, le 17 mai au matin, sur Europe 1, en laissant entendre que tout ce qui ne conteste pas de la bonne manière et dans les clous serait en réalité l’œuvre « d’un mouvement qui vient des zadistes et qui quelques fois peut comporter des personnes qui sont étrangères ».
Passons ici sur la rhétorique, là aussi classique mais abjecte, des « étrangers » au territoire français venus perturber l’ordre du pays, puisqu’il n’est pas possible pour le président d’assumer que sa propre population le fasse. Par contre, si l’on prend au mot les révélations de M. Hollande sur ce « mouvement qui vient des zadistes », il faut en conclure, au vu de ce qui se vit dans la rue, qu’une partie notable et agissante de la jeunesse mais aussi des salariés et précaires dans de nombreuses villes du pays serait devenue « zadiste ». Est-ce à dire que, pour ce président à bout de souffle, sans doute marqué pendant son quinquennat par la détermination du mouvement anti-aéroport, le terme de « zadiste » soit devenu progressivement un synonyme générique de « contestataire » ?
Manifestation en faveur de la zad de Notre-Dame-des-Landes, à Paris, en décembre 2015.
En réalité, le président espère sans doute faire ici d’une pierre deux coups. D’une part resserrer artificiellement le spectre de ce qui lui
fait face en construisant une figure identifiable de l’ennemi intérieur, figure qui apparaisse comme une espèce insolite et sauvage
séparée du reste des manifestants. D’autre part, relancer la campagne de stigmatisation des dits « zadistes » en vue de sa consultation,
nouvel enfumage censé légitimer une fois encore la destruction de 2.000 ha de bocage, et une nouvelle grande opération policière César
2 en vue de la construction de l’« Aéroport du Grand-Ouest ».
Trève de révélations, depuis la zad de Notre-Dame-des-Landes, nous ne nous cachons pas de participer avec enthousiasme et de
diverses manières à la mobilisation contre la loi travail : cantines et galettes sur les places et à la fac, échanges avec les étudiant-e-s,
lycéen-ne-s et syndiqué-e-s, présence dans les manifs, sur les Nuits debout, blocages et piquets de grèves. Nous sommes présent-e-s
parce que cette loi et le monde hostile qu’elle construit nous concernent. Nous sommes dans la rue parce qu’il doit absolument exister
des solidarités entre les différents mouvements qui cherchent à combattre la marchandisation des territoires, de nos vies ainsi qu’à se
donner des espaces pour expérimenter d’autres possibles.
Ce fil historique insolent, qui nous relie d’une génération à l’autre, nous le revendiquons fièrement
Pourtant, il est bien clair, pour quiconque observe les manifestations avec des yeux encore un tant soit peu ouverts, que celles et ceux
qui restent dans les rues un peu partout en France depuis des mois et continuent à refuser radicalement le passage en force de la loi
travail ne sortent pas en masse des broussailles de la zad. Il est assez évident aussi qu’ils n’ont pas vraiment besoin des pouvoirs
magiques ou de l’autorité des dits « zadistes » pour continuer avec le plus grand courage à contester.
Pour apporter de l’eau au moulin du complot zadiste, de savants analystes ont aussi cru bon de remarquer que les villes où la
contestation actuelle était apparemment la plus intense étaient Rennes et Nantes et que — comme par hasard — la zad se situait entre
ces deux villes. Pour retourner l’affirmation et élargir la focale, nous leur répondrons que, si la zad vit et que le mouvement anti-
aéroport rayonne, c’est bien parce qu’existe dans cette région une tradition de luttes : celle qui a successivement permis d’empêcher la
construction de plusieurs centrales nucléaires, celle de la Commune de Nantes en 1968, celles des paysans-travailleurs dans les années
1970, de la force débordante des grèves et manifestations de 1995 à Nantes ou du mouvement anti-CPE à Rennes en 2006 et de tant
d’autres combats porteurs d’espoir.
Manifestation de soutien à Notre-Dame-des-Landes, le 27 février, en Loire-Atlantique.
Les quelques victoires obtenues dans ces luttes — le retrait des lois et projets, les liens de solidarité et les mises en partage, les vies plus
belles et libertés nouvelles — ne l’ont jamais été sans heurts. Il n’a pas fallu attendre la zad pour que les habitant-e-s de Plogoff
protègent leur bourgade avec des barricades et des lance-pierres, pour que la place du Parlement de Rennes soit le theéâtre d’intenses
combats avec les forces de l’ordre ou pour que des paysan-ne-s occupent en force des terrains de gros propriétaires et bloquent les
routes de la région.
Ce fil historique insolent, qui nous relie d’une génération à l’autre, nous le revendiquons fièrement et nous nous en sentons pleinement
partie prenante. Nous espérons qu’il anime encore longtemps les rues et campagnes alentour et soit contagieux. Ce que nous pouvons
continuer à transmettre de ce vent d’Ouest depuis la zad, et qui est proprement insupportable aux gouvernants, c’est d’abord l’idée qu’il
soit possible de leur tenir tête. Ce que nous avons appris aussi, c’est qu’un mouvement ne peut s’envisager comme victorieux qu’à
partir du moment où il accepte diverses formes de résistance et prend le plus grand soin à les faire se tenir ensemble — sans céder aux
appels constants du pouvoir à rejeter certaines de ses composantes ni à ses tentatives de s’assurer la docilité des autres.
« NOUS QUI VIVONS, CULTIVONS, HABITONS SUR LA ZAD ET TENTONS DE LA PROTEGER »
Le 17 avril au matin, au diapason avec les attaques de M. Hollande, les proaéroports ont encollé à Nantes quelques devantures de
banques ébréchées avec des affiches reposant sur l’équation simple « casseurs = zadistes = dehors = oui à l’aéroport ».
Finalement,
rien de nouveau sous le soleil : les « zadistes » ont le dos large. Nous qui vivons, cultivons, habitons sur la zad et tentons de la protéger
avons l’habitude d’être montré-e-s du doigt. Il semble que nous gênions à tel point le gouvernement et les porte-voix des patrons locaux
que ceux-ci mettent toute leur énergie à nous désigner aussi souvent qu’ils le peuvent comme des « ultraviolents », des « terroristes »,
nous comparent à « Daesh » et à tout ce à quoi leur cerveau malade peut penser de plus effrayant pour qui croit en leurs boniments.
Nous nous doutons bien que ces procédés vont s’amplifier alors qu’ils entrent en campagne électorale pour justifier leur projet. Nous
nous attendons au cours des prochaines semaines à être l’objet de « révélations » scandaleuses tombées du ciel et autres faits divers
montés en épingle pour formater l’« opinion ». Nous invitons tout un chacun dans ce contexte à rester lucide sur le sens de ces
opérations de communication.
Nous continuerons à construire un avenir sans aéroport et à nous libérer de l’économie. Que la zad fleurisse !
Lors de la manifestation de soutien à Notre-Dame-des-Landes, le 27 février, en Loire-Atlantique.
Des habitant-e-s de la zad
ET AILLEURS
Infos du 1er au 8 mai
Lundi 2 mai
►Toute l’équipe de zad.nadir est heureuse de vous faire part de la naissance de la zad de Las Rebes à Montpellier. On leur souhaite de belles luttes et la victoire contre les promoteurs qui veulent bétonner la friche qu’illes ont décidé d’occuper. On vous donnera des nouvelles.
A Montpellier, Nuit debout crée une ZAD écologique en quartier populaire
Les jeunes de Nuit debout sont venus occuper un parc menacé par des constructions, en soutien aux habitants en lutte. Ce poumon vert
est indispensable pour l’harmonie de ce quartier de Montpellier. Les enfants apprécient : ils jouent dans le parc !
Montpellier, reportage
Les barrières de chantier ont été écartées pour ouvrir un passage. Un panneau coloré peint par des petites mains sur un grand morceau
de carton annonce aux passants : « parc ouvert ». Au-delà, un étroit chemin s’enfonce entre les arbres pour déboucher sur une esplanade
enherbée, dominée par une petite colline. De là haut, la vue embrasse les immeubles cernant l’unique espace vert du quartier. « Il faut
venir au petit matin, on entend le concert des oiseaux », confie Aida Gradenigo, habitante de l’un des appartements HLM de la
résidence Las Rébès à Montpellier, installée au pied de ce parc.
Depuis dix jours, l’élégante dame aux cheveux blancs n’est plus seule à les écouter le matin. Les lieux ont été investis par quelques
dizaines de « jeunes » -étudiants, stagiaires, travailleurs -, venus avec leurs tentes et leurs outils au cœur de ce quartier populaire pour y
installer une ZAD -comprenez « zone d’activité démocratique ». Ces nouveaux occupants ont répondu à un appel à l’aide des habitants
du quartier. Ils sont une trentaine chaque soir à dormir sur place.
« Pour nous c’est un ballon d’oxygène », assure Hachème Amirpour, retraité de 73 ans. La vue depuis chez lui donne sur le parc. Un bâtiment pourrait être construit à dix mètres seulement de ses fenêtres. Cela fait un peu plus d’un an que les habitués de « la colline », comme on l’appelle ici, ont découvert un jour de début février un permis de construire affiché à l’entrée. Ils comprennent que 63 logements sociaux répartis en trois immeubles vont bientôt s’ériger sur cet hectare de verdure. Très vite, des habitants se réunissent et se mobilisent.
Hacheme, Aida, et Jean-Michel
« Depuis que la résidence Las Rébès a été racheté par l’office public HLM de la mairie, en 1999, les logements comme le square sont
moins bien entretenus. Il y a déjà 68 % de logements sociaux dans notre résidence. Le quartier est saturé, la mixité sociale est en train
de disparaître, ça suffit », estime Hachème. Mais après un an de réunions de voisinage, d’actions dans le parc et autour, de protestations
auprès de la mairie ou dans les consultations de quartier, et de recours juridiques, toujours pas de réponse. Un matin, une première
pelleteuse est arrivée, quelques habitants l’ont empêché de commencer. Une dizaine d’entre eux se sont retrouvés assignés en justice
pour « entrave à la liberté du travail », en même temps que les deux associations qui défendent cet espace boisé. « On a eu 100 euros
par personne d’astreinte, plus 100 autres euros à chaque fois que l’on empêchera les travaux, et les frais de justice sont à notre charge,
détaille Hachème, qui fait partie des assignés. Cela fait beaucoup, parmi nous certains ne vivent qu’avec 460 euros pas mois. » Pour éviter de nouvelles sanctions financières, son association, Poumon Vert-Las Rébès, s’est dissoute. Les Enfants de la colline, eux, ont
lancé une souscription pour payer les frais de justice : 1.000 euros d’huissier plus 4.000 euros d’avocat.
Un parc au milieu des immeubles, menacé par la construction de trois nouveaux immeubles
Certains commençaient à désespérer, quand le mouvement Nuit Debout de Montpellier leur a donné un nouveau souffle. L’un des
opposants a eu l’idée d’aller y raconter l’histoire du square menacé lors de l’assemblée générale. Un appel a été lancé à participer à un
grand pique-nique le dimanche 17 avril. Le soir, certains plantaient leurs tentes, l’occupation était lancée.
Un centre aéré à ciel ouvert
Moins de deux semaines plus tard, on pourrait croire qu’ils sont là depuis plusieurs mois. Les bâches tendues entre les branches d’un
grand peuplier abritent la cuisine. Une yourte fait office de salon-dortoir-lieu de réunion. Les eaux de la douche ruissellent vers le petit
jardin en permaculture où les premières pousses pointent déjà. Le bois des arbres coupés laissé sur place a permis de construire des tipis
au sol et des cabanes dans les arbres. Un peu à l’écart, un espace bureau pour les nombreux étudiants qui occupent le site a été
aménagé. « On envisage aussi d’y faire du soutien scolaire », espère Jules, l’un de ceux qui a planté sa tente sous les arbres. En bordure
de l’esplanade, une aire d’herbes hautes est protégée par des barrières, pour ne pas déranger les hérissons. Ils sont réputés nombreux sur
la zone. Plusieurs espèces de chauve-souris ont également été repérées.
La première règle est l’autogestion
Vers quatorze heures, le jardin s’anime de cris d’enfants. Le square est devenu le lieu de rendez-vous des gamins du coin. Sous la yourte, un cours de percussions s’organise. Vers le tipi des enfants, se tient un atelier peinture. Un match de foot s’installe sur
l’esplanade tandis qu’une partie de balle au prisonnier commence en contrebas. Les « zadistes » font office de moniteurs de centre aéré.
Pas besoin d’expliquer aux petits pourquoi une journaliste vient les voir. « Je ne veux pas qu’ils construisent parce que j’aime bien
venir ici, on s’amuse », lance Bayane. « On est là pour jouer, avoir des nouvelles copines, pour profiter de la nature. C’est trop bien cet
endroit, on rencontre des gens qu’on ne connaît pas ! » approuve Cherine.
Les enfants jouent entre les tentes
Certains viennent seuls, d’autres avec leurs mères. Elles, pour la plupart, se tiennent un peu à l’écart, installées sur des chaises de jardin
en plastique. La majorité sont voilées. Un groupe d’ados en baskets et jogging tient conseil un peu plus près du campement. Anne,
jeune maman voilée, vient avec ses deux enfants et n’hésite pas à se mêler à la bande d’occupants et d’habitants mobilisés qui fait vivre
le campement : « Avant, j’avais l’habitude de traverser le parc tous les jours pour emmener les enfants à l’école. Mais on y restait peu.
Depuis que c’est occupé, c’est du bonheur, on est dans la nature, les gamins ils se régalent, ils font autre chose que de regarder la télé,
ils dorment mieux le soir. Et nous on rencontre des gens, des voisins. On a pris conscience de l’importance de garder ce bout de vert et
on n’a plus envie de le laisser au béton. »
Tristan : « On nous rabâche qu’il faut casser les ghettos »
Tristan, la trentaine, rentre du boulot et vient promener son chien qui chahute avec les gamins. « Je viens tous les jours, raconte-t-il.
J’habite ici depuis quatre ans et c’est au parc que j’ai rencontré mes voisins. Je ne comprends pas ce projet. Toute l’année, on nous
rabâche qu’il faut casser les ghettos, faire de la mixité sociale, et un matin on nous dit qu’on va planter encore plus de logements
sociaux dans un quartier où il y en a déjà plus de 500 ! »
« Dans un quartier avec espace vert, la criminalité baisse de 60 % »
En fin d’après-midi, deux animatrices improvisées ramènent trois petites filles qui habitent quelques centaines de mètres plus loin, dans
la cité des Cèvennes. Là, les immeubles sont deux fois plus haut qu’à Las Rébès. Au pied de la dizaine d’étages, se succèdent
boulangerie, boucherie hallal, épicerie et tabac aux devantures délavées. La mosquée s’est installée dans un ancien supermarché. En
face, entre deux barres, une dalle de béton est colonisée par une nuée d’enfants en rollers, surveillés depuis les balcons colorés de linge.
On nous fait comprendre qu’il faut ranger l’appareil photo. « Il y a aussi des espaces verts chez nous », lâche une des fillettes en
désignant quelques mètres carrés accueillant deux pins qui surmontent quelques buissons. « Mais c’est vrai qu’ici on tourne en rond,
alors qu’au parc on fait de nouvelles activités », ajoute-t-elle.
« Le quartier s’est paupérisé ces cinq dernières années, la résidence des Cévennes est en voie de ghettoïsation et de paupérisation »,
affirme Jean-Michel Vidal. Ce fonctionnaire vit à Las Rébès depuis dix-sept ans. « On vient d’être classé Zone urbaine sensible.
Derrière la préservation du parc il y a aussi un enjeu social. Pourquoi des gens plus démunis n’auraient-ils pas droit à un espace
vert ? Ce sont justement ceux qui n’ont ni jardin, ni résidence secondaire ! Il y a une étude qui dit que dans un quartier avec des
espaces verts, la criminalité baisse de 60 %. Les jeunes ont besoin d’un endroit où se détendre, où jouer au ballon, courir, au lieu
d’être en bas de l’immeuble. Toute personne sensée sait ça ! »
En face, le porteur du projet de construction est ACM Habitat, l’office public de l’habitat de la métropole de Montpellier. Son président
n’est autre que le maire de la ville, le divers gauche Philippe Saurel, qui rappelle que l’office a reçu 16.000 demandes de logements
sociaux en 2015... Il explique également ne pouvoir arrêter un projet déjà bien avancé. Son adjointe à l’urbanisme, Stéphanie Jannin, a
reçu les habitants et leur a indiqué qu’il resterait environ 7.000 mètres carrés de parc autour des futurs immeubles, à aménager en
concertation.
« Mais ces espaces seront dédiés à de la voirie », craint Hachème. « Et pourquoi ne va-t-on pas mettre des logements sociaux dans les
quartiers du sud-est, où ils construisent des appartements de luxe de deux cent mètres carrés ? », interroge Jean-Michel.
Certains soupçonnent même un conflit d’intérêt à la mairie. Car Stéphanie Jannin travaillait, avant d’être élue, pour le cabinet
d’architectes Lebunetel. Or c’est justement ce cabinet qui a été choisi pour le projet de Las Rébès (voir page 4 de ce document).
« Avec l’association Anticor, nous avons donc porté plainte contre X auprès du procureur de la République pour prise illégale
d’intérêt. Stéphanie Jannin aurait dû se désinvestir du dossier, or elle a reçu les habitants en concertation et a fait de nombreuses
prises de parole sur le sujet », explique Sébastien Lenoir, président des Enfants de la Colline. Autre espoir du côté de la voie juridique,
l’association entame un recours contre le permis de construire, car le bâtiment 11 du quartier Las Rébès, juste en bordure du parc, est
déjà fragilisé. La crainte est que les nouvelles constructions précipitent son effondrement.
Afin de débloquer l’affaire, les membres du conseil citoyen du quartier des Cévennes (qui contient Las Rébès et la cité des Cévennes)
appelle la mairie à la concertation. Pour les occupants, cette journée de lundi risque d’être décisive : les vacances scolaires finies, les
enfants seront moins présents et la police pourrait ne plus hésiter à intervenir. « Avec l’état d’urgence j’ai peur que ça se finisse en
matraque et gazage », avoue Tristan. « Mais on est préparés, répond Jules. On a des listes de personnes à appeler en cas
d’intervention, on peut ramener du monde. Et on a la vigie », lâche-t-il en désignant une cabane en haut du grand peuplier. Les policiers
mettraient alors du temps à en déloger les occupants, suffisamment pour faire venir du renfort. Cet arbre, le seul que le projet de construction a prévu de garder, serait alors le meilleur allié des défenseurs du square.
►Des retours des manifs du 1er mai à Paris par une équipe street médic locale :
►Toujours à Paris : Atenco présent dans les coeurs dans la manif du 1er mai
A l’occasion des 10 ans de la répression subie par les villages d’Atenco les 3 et 4 mai 2006, et afin de manifester un soutien et une
solidarité avec la lutte reprise par les villages des alentours d’Atenco contre la spoliation de leurs terres et les plans de construction du
"nouvel aéroport de Mexico" (projet le plus cher au monde actuellement : les études tablent sur 200 milliards de dollars
d’investissement.. !], l’esprit de lutte tout comme la mémoire de la répression, tant à Atenco qu’à Ayotzinapa, se devaient d’être de mise
dans la manifestation parisienne de ce premier mai !
Lire aussi, depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et depuis l’Autre Europe : communiqué de soutien à San Salvador Atenco
au Mexique
http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1152
Mardi 3 mai
►Mais que fait la police ??? On ne peut qu’être abasourdi devant tant de violence : Valence, le local du PS à nouveau vandalisé par
des anti aéroports.
Dimanche 8 mai
Du côté des luttes antinucléaires :
►Les camarades de Bure font suivre des nouvelles de l’opposition au chantier de construction d’une centrale nucléaire en Finlande et
de la répression qui a lieu :
A Pyhäjoki, en Finlande, se déroulait la semaine dernière un camp d’action antinucléaire près du site de construction d’une nouvelle
centrale nucléaire par les sociétés Fennovoima-Rosatom. La police a violemment attaqué les participant.es jeudi et vendredi, faisant
des blessé.es Aux dernières nouvelles, 9 personnes sont encore détenues pour une durée indéterminée, dont un camarade proche. Un
appel à soutien à l’opposition à la construction de la centrale nucléaire de Pyhäjokiet à action décentralisée a été lancé à Nancy, ça se
passera mercredi 11 mai devant le Consulat de Finlande (à 14h 34, Avenue Jolain 54 210 St-Nicolas-de-Port)
Contre le nucléaire et son monde, contre les violences policières, contre la matraque judiciaire !
►Des récits du we du 16-17 avril à Bure et une invitation pour de prochains we
Infos du 16 au 22 mai
Lundi 16 mai
En catimini, le Sénat veut donner le feu vert à l’enfouissement des déchets nucléaires
Bientôt une nouvelle étape vers l’enfouissement de nos déchets nucléaires les plus dangereux ? Mardi 17 mai, une proposition de loi
destinée à mettre un coup d’accélérateur au projet Cigéo sera discutée au Sénat. Les opposants dénoncent un déni de démocratie et
préparent leurs mobilisations.
Les partisans du projet de centre de stockage géologique de déchets radioactifs Cigéo reviennent à la charge. La proposition de loi du
sénateur (LR) de la Meuse Gérard Longuet, qui apporte plusieurs précisions sur le projet — définition de la notion de réversibilité du
stockage et phase pilote — sera discutée ce mardi 17 mai en séance publique au Sénat. Un come back sur la grande scène après
plusieurs tentatives ratées de passage en catimini par des amendements dans la loi de transition énergétique puis dans la loi Macron.
Pourquoi un tel acharnement ? Parce que la loi de 2006 qui prévoit la construction d’un centre de stockage réversible des déchets
radioactifs dans le sous-sol de Bure est incomplète sur la notion de réversibilité. Tant qu’un nouveau texte définissant ce principe n’est
pas adopté, le projet Cigéo ne peut pas aboutir. D’où la proposition de loi de M. Longuet.
Pour le sénateur meusien, « la réversibilité doit permettre de garantir la possibilité de récupérer des colis de déchets déjà stockés
pendant une période donnée et d’adapter l’installation initialement conçue en fonction des choix futurs ». Mais le principe énoncé tel
quel ne passe pas auprès des opposants. « La définition de réversibilité est fournie clé en main dans le texte, ce qui évacue tout débat
parlementaire à son sujet, dénonce Corinne François, du collectif Bure Stop 55. En plus, la loi sur les conditions concrètes d’exercice
de la réversibilité en cours d’exploitation est repoussée à 2034, après l’autorisation de la mise en service de la première tranche et le
stockage de 2.800 mètres cubes de déchets ! »
« La réversibilité, c’est bien gentil, mais ça ne résiste pas à l’épreuve de l’accident »
D’ailleurs, une fois que les fûts seraient enfouis, la militante ne croit pas à la possibilité d’un retour en arrière : « Regardez ce qui s’est
passé en février 2014 dans le centre de stockage de déchets radioactifs de Wipp, au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis. A cause d’un
incendie dans le sous-sol, des fuites radioactives d’américium et de plutonium ont été constatées en surface. Le site est toujours à
l’arrêt et l’isolement des fûts par des barrières successives va coûter 500 millions de dollars ! La réversibilité, c’est bien gentil, mais ça ne résiste pas à l’épreuve de l’accident. »
Le sénateur de la Meuse Gérard Longuet (LR) lors d’un meeting de Nicolas Sarkozy, le 2 avril 2012, à Nancy.
Les autres exemples de centres de stockage de déchets nucléaires ou toxiques ne sont pas plus convaincants, estime Michel Marie. « A
Asse, en Allemagne, le gouvernement a décidé de récupérer les fûts à cause d’infiltrations d’eau ; à Stocamine, en Alsace, le
déstockage de plus de 8.000 tonnes de déchets toxiques, après un incendie et face à un risque de contamination de la nappe phréatique,
se révèle de plus en plus délicat... et coûteux », énumère le membre du Cedra, de Bure Stop 55 et de la commission locale
d’information (CLI) de Bure.
Le rapporteur de la proposition de loi, le sénateur (LR) de la Haute-Saône Michel Raison, n’a pas prêté attention à ces contre-arguments. « Les auditions ont été réalisées à la hussarde, aucune des associations de riverains de Bure n’a été invitée à présenter son
argumentation, rapporte M. Marie, encore effaré par ce dédain. Le CLI a été informé mais n’a pas été convié. Il a fallu se bagarrer
pour que notre expert, Bernard Thuillier, qui a épluché les 4.000 pages du dossier technique de l’Andra et en a réalisé des fiches
techniques, dispose de 45 minutes pour s’exprimer. »
« Une fois qu’on aura mis près de 6 milliards d’euros dans ce bazar, qui sera encore prêt à dire qu’on arrête tout ? »
Autre cheval de bataille des associations, l’introduction dans la proposition de loi d’une « phase industrielle pilote permettant de
conforter le caractère réversible et la démonstration de sûreté de l’installation ». Cette première tranche comprend, selon l’analyse de
Bure Stop 55, la construction de la voie ferrée, d’un terminal de 12 étages pour la réception et le conditionnement des colis de déchets,
d’un transformateur électrique haute tension, d’une double descenderie de 5 kilomètres de long, de cinq larges puits verticaux et de
40 kilomètres de galeries...
« L’objectif de cette phase pilote serait de réaliser toutes les opérations d’essais, de mise en place de démonstrateurs, d’exploitation et
de surveillance nécessaires au bon démarrage de Cigéo et à la montée en régime de l’exploitation, explique-t-on à EDF. La phase
industrielle pilote comporterait les premiers essais de démarrage en “inactifs”, c’est-à-dire sans présence de déchets radioactifs,
menés en parallèle avec la finalisation de la construction. Ils seraient suivis par des essais de mise en service, réalisés avec des colis
de déchets radioactifs après autorisation de l’ASN de les recevoir. Une fois ces essais de mise en service réalisés et jugés concluant,
l’Andra entreprendrait la montée en régime de l’exploitation. » Un nouveau passage devant le Parlement est prévu à l’issue de la phase
industrielle pilote.
Le chantier est chiffré à 5,7 milliards d’euros, soit plus de 20 % du coût total, évalué à 25 milliards d’euros — un calcul d’ailleurs
contesté. « C’est environ 95 % de l’argent provisionné par EDF et Areva pour financer Cigéo. Qui va payer pour la suite ? » s’inquiète
Corinne François. Côté EDF, on assure que cette phase pilote est « l’une des modifications au projet apportées par l’Andra à la suite
du débat public de 2013, qui fait notamment suite au compte-rendu de la conférence de citoyens qui pointait un calendrier trop tendu et
la nécessité de procéder à des tests en grandeur réelle ». Ce que démentent fermement les opposants, qui dénoncent une décision
unilatérale. « C’est le lapin qui sort du chapeau, accuse Michel Marie. On nous assure que cette nouvelle disposition est issue du débat
public de 2013, mais c’est faux ! Nous avons épluché tous les comptes-rendus et les remarques : il y a dû avoir deux propositions dans
ce sens sur une centaine. »
Pour Corinne François, cette phase pilote est une manœuvre destinée à verrouiller le projet : « On essaie de nous faire croire que c’est
de la recherche, que ce n’est pas grave. Mais, une fois qu’on aura mis près de 6 milliards d’euros dans ce bazar, en cas de problème,
qui sera encore prêt à dire qu’on arrête tout ? » Pour Michel Marie, cette phase pilote est tout simplement un « cheval de Troie qui a
pour but d’aider à décrocher l’autorisation, comme l’a été la notion de réversibilité ».
Ronan Dantec, sénateur (groupe écologiste) de Loire-Atlantique et opposé au texte, est plus mesuré. « Cette phase pilote peut être un
moyen de forcer le passage. Mais, elle peut tout simplement permettre de continuer à investir de l’argent dans un territoire en
difficulté, même s’il n’y a pas de stockage de déchets nucléaires tout de suite », nuance-t-il. « Dans une interview accordée au
quotidien régional L’Est républicain publiée le 7 mai, Gérard Longuet annonce des milliers d’emplois et la renaissance économique du
département, rapporte Corinne François. Nous ne sommes pas d’accord avec ce point de vue. La région joue sa sûreté ! » Sollicité,
Gérard Longuet n’a pas répondu à notre message.
« Cela nous laisse quelques semaines pour organiser nos actions »
Les opposants n’ont pas l’intention d’attendre les bras croisés que la proposition de loi soit adoptée. « En tant que membre du groupe écologiste, je vais bien sûr voter contre, assure Ronan Dantec. La position écologiste sur ce projet est claire : le coût de Cigéo est
faramineux et l’enfouissement en profondeur n’est pas la solution. Pourquoi ne pas explorer des techniques de stockage réversible en
couche superficielle, comme ça se fait déjà ailleurs ? »
Les associations du réseau Sortir du nucléaire, Mirabel LNE, Bure Stop 55 et Asodedra ont adressé un recours à la commission
nationale du débat public, le 5 juin 2015. Elles réclament le retrait et l’invalidation du compte-rendu et du bilan du débat public dressés
par le président de la Commission nationale du débat public, au motif, entre autres, que « la proposition centrale du débat public de démarrer Cigéo par une phase pilote n’émane pas du débat public mais, en amont, de l’Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN), de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et du maître d’ouvrage ».
Une pétition destinée à Michel Raison, mise en ligne le 11 mai avait déjà rassemblé plus de 2.000 signatures vendredi à 14 h. Dans le
cadre d’une grande action décentralisée à l’occasion de la discussion en séance publique de la proposition Longuet, les opposants à
Cigéo sont invités à remplir des sacs poubelles, à y coller le logo Bure Stop et à les entasser devant les permanences locales des députés
et sénateurs.
L’opération « sacs poubelles » des opposants à Cigéo.
« Le temps que la loi aille à l’Assemblée nationale et retourne au Sénat, cela nous laisse quelques semaines pour organiser nos
actions, assure Michel Marie. Avec, comme temps fort, les 200.000 pas à Bure prévus dimanche 5 juin. Le matin, une randonnée sera
organisée pour sensibiliser les participants à la beauté, au calme et aux richesses naturelles du territoire. Pour l’après-midi, nous
planifions prises de parole, actions coup de poing et concerts. Avec un seul objectif : dénoncer la pseudo-démocratie à Bure. »
Emilie Massemin - Reporterre
Infos du 23 au 31 mai
Samedi 28 mai
►Txirrinka, la course cycliste anti LGV, a écumé les routes du Pays Basque Nord et Sud le week-end dernier.
►Les Biarrots refusent Linkysition d’ERDF
►Ende Gelande - Du 13 au 15 mai, plus de 3 000 militants de la cause climatique sont parvenus à bloquer, dans le land allemand du
Brandebourg, un très gros site de production électrique fonctionnant au lignite, le pire des combustibles fossiles. Un article, et une
vidéo.
Infos du 23 au 31 mai
Lundi 30 mai
Les travaux de construction d’un barrage dans la zone humide du Testet ont cessé il y a maintenant un an et demi. Les dégâts écologiques commis sont importants. Les associations réclament la restauration environnementale du site. Une mobilisation en faveur
de la renaissance de la zone humide est attendue mardi 31 mai à Albi.
Vallée du Tescou (Tarn), reportage
Poussières de terre, soleil de mai et surtout : du vent. Ainsi nous accueille la vallée du Tescou. La brise autrefois paisible se mue en
rafales, en ce printemps 2016, dans ce coin du Tarn. « Autrefois océanique, le climat est en train de devenir méditerranéen », observe
Christian Conrad, naturaliste de l’association Apifera. C’est aussi qu’aux abords du Tescou, la rivière, il n’y plus ni arbre ni fourré pour
arrêter les bourrasques au travers des quarante hectares de la zone du projet de retenue d’eau de Sivens. Bien des mois ont passé depuis
l’arrêt soudain des travaux, en octobre 2014, à la suite de la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée par des
gendarmes mobiles.
Pour celle ou celui qui n’est pas familier des lieux, presque rien ne laisse entrevoir la violence qui a eu cours ici. Seules, à quelques
mètres, des repousses d’une souche d’arbre en cépée, un improbable cœur formé avec des capsules de grenades vient marquer le lieu de
la mort de Rémi Fraisse.
Le rapport de janvier 2015 des experts du ministère de l’Ecologie.
Au Conseil départemental du Tarn, on assure avoir commencé à travailler sur la remise en état, en aval, avec une étude confiée à Kairos
Compensation, proche de la coopérative Rhizobiome. Mais pourquoi attendre pour la remise en état alors que la zone se dégrade de
semaine en semaine ? Réponse du Conseil départemental : un problème administratif et foncier. En effet, selon Thierry Carcenac, la
procédure ne peut arriver à son terme « tant que le département n’a pas récupéré l’intégralité des terrains et des accords conclus ». Or,
la CACG (Compagnie d’aménagement des côteaux de Gascogne), chargée du chantier et de la gestion du projet initial, n’a pas fourni
les documents nécessaires à la rétrocession. Avec un salarié en congé maternité et un autre engagé dans un projet à l’étranger, plus
personne n’y travaillerait sur le dossier de Sivens.
Personne n’a en tout cas souhaité s’exprimer à ce sujet au sein de l’entreprise. La
remise en état « se fera donc quand la CACG aura fini de nous transmettre les documents pour conclure ce transfert », conclut
M. Carcenac.
Des explications insuffisantes pour le collectif Testet
Reste que les agriculteurs attendent toujours la restitution de leurs terres. Ironie du sort, c’est M. Escande, pourtant farouche partisan du
barrage, qui réclame aujourd’hui réparation. En effet, une convention passée en août 2014 prévoyait d’échanger des terres sur l’emprise
du barrage contre d’autres, à l’extérieur, avec notamment l’acquisition de la Métairie-Neuve et des parcelles qui l’entourent. Sauf que,
depuis, le département a fait détruire la veille ferme pour éviter toute réoccupation par des opposants au barrage. L’agriculteur vient de
lancer un appel via son avocat pour obtenir réparation. Son voisin, Pierre Lacoste, a quant à lui perdu quatre hectares depuis l’été 2014,
soit 10 % de sa surface totale. Dans une lettre ouverte, la Confédération paysanne du Tarn a elle aussi suspendu sa participation au
projet de territoire à la restitution de ces terres.
Le courrier de la Confédération paysanne au président du conseil départemental du Tarn à propos de Pierre Lacoste.
Là aussi, au Conseil départemental, on renvoie à la CACG et on appelle « chacun à y mettre du sien ». La réponse paraît insuffisante au
collectif Testet, qui, un an et demi après les premières interpellations, après de nombreux courriers sans réponse, a décidé désormais
d’appeler à nouveau à se mobiliser avec un rassemblement prévu demain, le 31 mai, devant le siège du Conseil départemental du Tarn, à Albi. Objectif : une « casserolade », pour faire du bruit et prévenir : « Si aucune initiative n’est prise par le préfet ou le président du
Conseil départemental du Tarn dans les prochaines semaines, le Collectif se verra dans l’obligation d’appeler ses membres et
sympathisants à procéder par eux-mêmes à la réhabilitation de la zone humide du Testet et des terres agricoles. Des premiers travaux
citoyens auraient alors lieu sur place à Sivens lors d’un week-end fin juin et se poursuivraient, si nécessaire, lors d’un camp d’été au
mois d’août. »
Lettre du collectif Testet au préfet du Tarn au sujet du projet de territoire.
Et comme si cela ne suffisait pas, il ne reste plus qu’un mois avant que le tribunal administratif de Toulouse ne juge enfin sur le fond les
recours concernant la destruction d’espèces protégées, la déclaration d’intérêt général, la déclaration d’utilité publique et l’arrêté de
défrichement. Des recours qui concernent encore et toujours le projet initial, qui, un an et demi après son arrêt, est encore loin
d’appartenir au passé.
Un fragment de la zone humide du Testet toujours intact aujourd’hui.
Grégoire Souchay - Reporterre
[1] Echelon local du syndicat agricole majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, FNSEA.
Mardi 31 mai
Expulsion de la ZAD d’Agen en cours : appel à soutiens
ALERTE la Zad d’Agen se fait expulser en ce moment besoin de monde en URGENCE !!!!!
Pour s’y rendre ; une fois à Agen prendre le Passage puis continuer sur Brax. Toucher à gauche au feu. Ils ne laissent aucune voitures
ni personne à pieds passer au niveau de Brax. Se garer au tabac et faire détour à pieds pour venir.
Aujourd’hui les gm comptent expulser les maisons ; la shram (Labo) et le Phare et les maisons d’à côté.
"Nous appelons à une manifestation à 14h00 aujourd’hui (mardi 31 mai 2016) sur la zone pour protester contre les expulsions et
les destructions des maisons. Jusqu’à vendredi ils s’occupent des maisons puis ce sera le tour du commun.
Besoin de ravitaillement pour ces prochains jours. 600 GM sur zone.
Merci de diffuser en masse sur tout les réseaux !!!
Zad partout et Résistance !!!!!!!!!!
Aouuuuuuh !"
Appel à rassemblement jeudi 2 juin 2016 :
Jeudi 2 juin 2016 rassemblement sur la Zad d’Agen afin d’empêcher 220 hectares de terres fertiles d’êtres détruites et de protester
contre la destruction des maisons.
Il est important d’êtres sur zone le jeudi soir pour être présent vendredi où tous les accès seront probablement bloqués.
C’est vendredi que le procès pour le commun aura lieu et il est primordial de sauvegarder le coeur de la Zad.
La DUP est encore contestée ; tout les recours ne sont donc pas épuisés. Voici donc un bel exemple de 49.3, de passage en force par
Dionis.
NouS avons besoin de ravitaillement ; eau (le plus important), nourriture, du matos.
Appel à faire des actions décentralisées partout !!!
Pour un monde meilleur. Zad partout !
pour plus d’infos sur la lutte de là-bas :
et manifestement pour suivre l’évolution de la situation, il faut aller sur facebook...
François Hollande a désigné les « zadistes » comme initiateurs du mouvement social qui agite la France. Des habitant-e-s de la Zad de Notre-Dame-des-Landes expliquent dans cette tribune que le discours gouvernemental vise à diviser la contestation entre « bons » et « mauvais ». Mais c’est une colère générale qui monte, et dont la Zad n’est qu’une facette.
"Car c’est un mouvement qui vient des zadistes et qui quelquefois peut comporter des personnes qui sont étrangères."
François Hollande, le 17 mai, sur Europe 1
Le gouvernement fait face depuis plus de deux mois à une fronde d’ampleur contre la casse sociale et les politiques libérales incarnées par la loi travail. Il passe en force avec le 49-3, les interdictions individuelles et collectives de manifester, les blessé-e-s par les armes de la police et les arrestations par centaines. Pourtant, le mouvement en cours a l’air de ne pas vouloir se donner de fin : des dizaines de milliers de personnes restent dans les rues lors des manifs, des Nuits debout, les blocages et grèves s’amplifient...
A chaque fois qu’un gouvernement se sent menacé par la rue, les mêmes fictions politiques et médiatiques s’énoncent : une ultraminorité de violents, qui n’auraient rien à voir avec le reste des manifestant-e-s, s’infiltrerait mystérieusement dans les cortèges ou sur les places à la nuit tombée, ne jouerait pas le jeu convenu... Ces fictions ont toujours le même but : diviser et taire le fait qu’une large partie de la population ne ravale plus sa colère. Il leur faut absolument passer sous silence les foules de personnes remuantes qui prennent la tête des cortèges dans de nombreuses villes en France, qui refusent de rentrer chez elles après la fin des manifestations officielles et n’entendent pas se laisser docilement tabasser par la police. Il leur faut cacher que lorsque les forces de l’ordre tentent de couper les cortèges en deux à Nantes pour séparer le bon grain de l’ivraie, la majorité des « bons » manifestants fait reculer depuis les cortèges syndicaux les lignes de CRS en criant « tous ensemble ! ».
Il s’agit de faire oublier les leçons du CPE, de la lutte anti-aéroport ou des mouvements antinucléaires : ceux qui nous gouvernent ne lâchent rien sans qu’on leur mette la pression, pour de bon. Il leur faut absolument rendre invisible que ce que la plupart des opposant-e-s à la loi travail trouvent réellement violent, ce ne sont pas les dégâts infligés pendant le mouvement aux banques et autres institutions qui organisent la misère et pourrissent la planète, mais bien l’arrogance des Macron et des paradis fiscaux à Panama, les suicides en série d’employés pressurisés et les yeux crevés par les Flash- Ball, les humiliations subies pour se payer une vie et les rues réservées à la consommation.
Il s’agit de faire oublier les leçons du CPE, de la lutte anti-aéroport ou des mouvements antinucléaires : ceux qui nous gouvernent ne lâchent rien sans qu’on leur mette la pression, pour de bon. Il leur faut absolument rendre invisible que ce que la plupart des opposant-e-s à la loi travail trouvent réellement violent, ce ne sont pas les dégâts infligés pendant le mouvement aux banques et autres institutions qui organisent la misère et pourrissent la planète, mais bien l’arrogance des Macron et des paradis fiscaux à Panama, les suicides en série d’employés pressurisés et les yeux crevés par les Flash- Ball, les humiliations subies pour se payer une vie et les rues réservées à la consommation.
« Nous sommes présent-e-s parce que cette loi et le monde hostile qu’elle construit nous concernent »
Mais les fictions sur les obscurs « casseurs » ont leurs limites. Malgré leur relais aveugle et journalier dans certains médias et les éditos de combats des grands quotidiens pour le retour à l’ordre, les rues ne désemplissent pas. A cette fable éculée, M. Hollande en a ajouté une de circonstance, le 17 mai au matin, sur Europe 1, en laissant entendre que tout ce qui ne conteste pas de la bonne manière et dans les clous serait en réalité l’œuvre « d’un mouvement qui vient des zadistes et qui quelques fois peut comporter des personnes qui sont étrangères ».
Passons ici sur la rhétorique, là aussi classique mais abjecte, des « étrangers » au territoire français venus perturber l’ordre du pays, puisqu’il n’est pas possible pour le président d’assumer que sa propre population le fasse. Par contre, si l’on prend au mot les révélations de M. Hollande sur ce « mouvement qui vient des zadistes », il faut en conclure, au vu de ce qui se vit dans la rue, qu’une partie notable et agissante de la jeunesse mais aussi des salariés et précaires dans de nombreuses villes du pays serait devenue « zadiste ». Est-ce à dire que, pour ce président à bout de souffle, sans doute marqué pendant son quinquennat par la détermination du mouvement anti-aéroport, le terme de « zadiste » soit devenu progressivement un synonyme générique de « contestataire » ?
Manifestation en faveur de la zad de Notre-Dame-des-Landes, à Paris, en décembre 2015.
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En réalité, le président espère sans doute faire ici d’une pierre deux coups. D’une part resserrer artificiellement le spectre de ce qui lui
fait face en construisant une figure identifiable de l’ennemi intérieur, figure qui apparaisse comme une espèce insolite et sauvage
séparée du reste des manifestants. D’autre part, relancer la campagne de stigmatisation des dits « zadistes » en vue de sa consultation,
nouvel enfumage censé légitimer une fois encore la destruction de 2.000 ha de bocage, et une nouvelle grande opération policière César
2 en vue de la construction de l’« Aéroport du Grand-Ouest ».
Trève de révélations, depuis la zad de Notre-Dame-des-Landes, nous ne nous cachons pas de participer avec enthousiasme et de diverses manières à la mobilisation contre la loi travail : cantines et galettes sur les places et à la fac, échanges avec les étudiant-e-s, lycéen-ne-s et syndiqué-e-s, présence dans les manifs, sur les Nuits debout, blocages et piquets de grèves. Nous sommes présent-e-s parce que cette loi et le monde hostile qu’elle construit nous concernent. Nous sommes dans la rue parce qu’il doit absolument exister des solidarités entre les différents mouvements qui cherchent à combattre la marchandisation des territoires, de nos vies ainsi qu’à se donner des espaces pour expérimenter d’autres possibles.
Ce fil historique insolent, qui nous relie d’une génération à l’autre, nous le revendiquons fièrement
Pourtant, il est bien clair, pour quiconque observe les manifestations avec des yeux encore un tant soit peu ouverts, que celles et ceux qui restent dans les rues un peu partout en France depuis des mois et continuent à refuser radicalement le passage en force de la loi travail ne sortent pas en masse des broussailles de la zad. Il est assez évident aussi qu’ils n’ont pas vraiment besoin des pouvoirs magiques ou de l’autorité des dits « zadistes » pour continuer avec le plus grand courage à contester.
Pour apporter de l’eau au moulin du complot zadiste, de savants analystes ont aussi cru bon de remarquer que les villes où la contestation actuelle était apparemment la plus intense étaient Rennes et Nantes et que — comme par hasard — la zad se situait entre ces deux villes. Pour retourner l’affirmation et élargir la focale, nous leur répondrons que, si la zad vit et que le mouvement anti- aéroport rayonne, c’est bien parce qu’existe dans cette région une tradition de luttes : celle qui a successivement permis d’empêcher la construction de plusieurs centrales nucléaires, celle de la Commune de Nantes en 1968, celles des paysans-travailleurs dans les années 1970, de la force débordante des grèves et manifestations de 1995 à Nantes ou du mouvement anti-CPE à Rennes en 2006 et de tant d’autres combats porteurs d’espoir.
Trève de révélations, depuis la zad de Notre-Dame-des-Landes, nous ne nous cachons pas de participer avec enthousiasme et de diverses manières à la mobilisation contre la loi travail : cantines et galettes sur les places et à la fac, échanges avec les étudiant-e-s, lycéen-ne-s et syndiqué-e-s, présence dans les manifs, sur les Nuits debout, blocages et piquets de grèves. Nous sommes présent-e-s parce que cette loi et le monde hostile qu’elle construit nous concernent. Nous sommes dans la rue parce qu’il doit absolument exister des solidarités entre les différents mouvements qui cherchent à combattre la marchandisation des territoires, de nos vies ainsi qu’à se donner des espaces pour expérimenter d’autres possibles.
Ce fil historique insolent, qui nous relie d’une génération à l’autre, nous le revendiquons fièrement
Pourtant, il est bien clair, pour quiconque observe les manifestations avec des yeux encore un tant soit peu ouverts, que celles et ceux qui restent dans les rues un peu partout en France depuis des mois et continuent à refuser radicalement le passage en force de la loi travail ne sortent pas en masse des broussailles de la zad. Il est assez évident aussi qu’ils n’ont pas vraiment besoin des pouvoirs magiques ou de l’autorité des dits « zadistes » pour continuer avec le plus grand courage à contester.
Pour apporter de l’eau au moulin du complot zadiste, de savants analystes ont aussi cru bon de remarquer que les villes où la contestation actuelle était apparemment la plus intense étaient Rennes et Nantes et que — comme par hasard — la zad se situait entre ces deux villes. Pour retourner l’affirmation et élargir la focale, nous leur répondrons que, si la zad vit et que le mouvement anti- aéroport rayonne, c’est bien parce qu’existe dans cette région une tradition de luttes : celle qui a successivement permis d’empêcher la construction de plusieurs centrales nucléaires, celle de la Commune de Nantes en 1968, celles des paysans-travailleurs dans les années 1970, de la force débordante des grèves et manifestations de 1995 à Nantes ou du mouvement anti-CPE à Rennes en 2006 et de tant d’autres combats porteurs d’espoir.
Manifestation de soutien à Notre-Dame-des-Landes, le 27 février, en Loire-Atlantique.
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Les quelques victoires obtenues dans ces luttes — le retrait des lois et projets, les liens de solidarité et les mises en partage, les vies plus
belles et libertés nouvelles — ne l’ont jamais été sans heurts. Il n’a pas fallu attendre la zad pour que les habitant-e-s de Plogoff
protègent leur bourgade avec des barricades et des lance-pierres, pour que la place du Parlement de Rennes soit le theéâtre d’intenses
combats avec les forces de l’ordre ou pour que des paysan-ne-s occupent en force des terrains de gros propriétaires et bloquent les
routes de la région.
Ce fil historique insolent, qui nous relie d’une génération à l’autre, nous le revendiquons fièrement et nous nous en sentons pleinement partie prenante. Nous espérons qu’il anime encore longtemps les rues et campagnes alentour et soit contagieux. Ce que nous pouvons continuer à transmettre de ce vent d’Ouest depuis la zad, et qui est proprement insupportable aux gouvernants, c’est d’abord l’idée qu’il soit possible de leur tenir tête. Ce que nous avons appris aussi, c’est qu’un mouvement ne peut s’envisager comme victorieux qu’à partir du moment où il accepte diverses formes de résistance et prend le plus grand soin à les faire se tenir ensemble — sans céder aux appels constants du pouvoir à rejeter certaines de ses composantes ni à ses tentatives de s’assurer la docilité des autres.
« NOUS QUI VIVONS, CULTIVONS, HABITONS SUR LA ZAD ET TENTONS DE LA PROTEGER »
Le 17 avril au matin, au diapason avec les attaques de M. Hollande, les proaéroports ont encollé à Nantes quelques devantures de banques ébréchées avec des affiches reposant sur l’équation simple « casseurs = zadistes = dehors = oui à l’aéroport ».
Finalement, rien de nouveau sous le soleil : les « zadistes » ont le dos large. Nous qui vivons, cultivons, habitons sur la zad et tentons de la protéger avons l’habitude d’être montré-e-s du doigt. Il semble que nous gênions à tel point le gouvernement et les porte-voix des patrons locaux que ceux-ci mettent toute leur énergie à nous désigner aussi souvent qu’ils le peuvent comme des « ultraviolents », des « terroristes », nous comparent à « Daesh » et à tout ce à quoi leur cerveau malade peut penser de plus effrayant pour qui croit en leurs boniments. Nous nous doutons bien que ces procédés vont s’amplifier alors qu’ils entrent en campagne électorale pour justifier leur projet. Nous nous attendons au cours des prochaines semaines à être l’objet de « révélations » scandaleuses tombées du ciel et autres faits divers montés en épingle pour formater l’« opinion ». Nous invitons tout un chacun dans ce contexte à rester lucide sur le sens de ces opérations de communication.
Nous continuerons à construire un avenir sans aéroport et à nous libérer de l’économie. Que la zad fleurisse !
Ce fil historique insolent, qui nous relie d’une génération à l’autre, nous le revendiquons fièrement et nous nous en sentons pleinement partie prenante. Nous espérons qu’il anime encore longtemps les rues et campagnes alentour et soit contagieux. Ce que nous pouvons continuer à transmettre de ce vent d’Ouest depuis la zad, et qui est proprement insupportable aux gouvernants, c’est d’abord l’idée qu’il soit possible de leur tenir tête. Ce que nous avons appris aussi, c’est qu’un mouvement ne peut s’envisager comme victorieux qu’à partir du moment où il accepte diverses formes de résistance et prend le plus grand soin à les faire se tenir ensemble — sans céder aux appels constants du pouvoir à rejeter certaines de ses composantes ni à ses tentatives de s’assurer la docilité des autres.
« NOUS QUI VIVONS, CULTIVONS, HABITONS SUR LA ZAD ET TENTONS DE LA PROTEGER »
Le 17 avril au matin, au diapason avec les attaques de M. Hollande, les proaéroports ont encollé à Nantes quelques devantures de banques ébréchées avec des affiches reposant sur l’équation simple « casseurs = zadistes = dehors = oui à l’aéroport ».
Finalement, rien de nouveau sous le soleil : les « zadistes » ont le dos large. Nous qui vivons, cultivons, habitons sur la zad et tentons de la protéger avons l’habitude d’être montré-e-s du doigt. Il semble que nous gênions à tel point le gouvernement et les porte-voix des patrons locaux que ceux-ci mettent toute leur énergie à nous désigner aussi souvent qu’ils le peuvent comme des « ultraviolents », des « terroristes », nous comparent à « Daesh » et à tout ce à quoi leur cerveau malade peut penser de plus effrayant pour qui croit en leurs boniments. Nous nous doutons bien que ces procédés vont s’amplifier alors qu’ils entrent en campagne électorale pour justifier leur projet. Nous nous attendons au cours des prochaines semaines à être l’objet de « révélations » scandaleuses tombées du ciel et autres faits divers montés en épingle pour formater l’« opinion ». Nous invitons tout un chacun dans ce contexte à rester lucide sur le sens de ces opérations de communication.
Nous continuerons à construire un avenir sans aéroport et à nous libérer de l’économie. Que la zad fleurisse !
Lors de la manifestation de soutien à Notre-Dame-des-Landes, le 27 février, en Loire-Atlantique.
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Des habitant-e-s de la zad
ET AILLEURS
Infos du 1er au 8 mai
Lundi 2 mai
►Toute l’équipe de zad.nadir est heureuse de vous faire part de la naissance de la zad de Las Rebes à Montpellier. On leur souhaite de belles luttes et la victoire contre les promoteurs qui veulent bétonner la friche qu’illes ont décidé d’occuper. On vous donnera des nouvelles.
A Montpellier, Nuit debout crée une ZAD écologique en quartier populaire
Les jeunes de Nuit debout sont venus occuper un parc menacé par des constructions, en soutien aux habitants en lutte. Ce poumon vert
est indispensable pour l’harmonie de ce quartier de Montpellier. Les enfants apprécient : ils jouent dans le parc !
Montpellier, reportage
Les barrières de chantier ont été écartées pour ouvrir un passage. Un panneau coloré peint par des petites mains sur un grand morceau de carton annonce aux passants : « parc ouvert ». Au-delà, un étroit chemin s’enfonce entre les arbres pour déboucher sur une esplanade enherbée, dominée par une petite colline. De là haut, la vue embrasse les immeubles cernant l’unique espace vert du quartier. « Il faut venir au petit matin, on entend le concert des oiseaux », confie Aida Gradenigo, habitante de l’un des appartements HLM de la résidence Las Rébès à Montpellier, installée au pied de ce parc.
Montpellier, reportage
Les barrières de chantier ont été écartées pour ouvrir un passage. Un panneau coloré peint par des petites mains sur un grand morceau de carton annonce aux passants : « parc ouvert ». Au-delà, un étroit chemin s’enfonce entre les arbres pour déboucher sur une esplanade enherbée, dominée par une petite colline. De là haut, la vue embrasse les immeubles cernant l’unique espace vert du quartier. « Il faut venir au petit matin, on entend le concert des oiseaux », confie Aida Gradenigo, habitante de l’un des appartements HLM de la résidence Las Rébès à Montpellier, installée au pied de ce parc.
Depuis dix jours, l’élégante dame aux cheveux blancs n’est plus seule à les écouter le matin. Les lieux ont été investis par quelques
dizaines de « jeunes » -étudiants, stagiaires, travailleurs -, venus avec leurs tentes et leurs outils au cœur de ce quartier populaire pour y
installer une ZAD -comprenez « zone d’activité démocratique ». Ces nouveaux occupants ont répondu à un appel à l’aide des habitants
du quartier. Ils sont une trentaine chaque soir à dormir sur place.
« Pour nous c’est un ballon d’oxygène », assure Hachème Amirpour, retraité de 73 ans. La vue depuis chez lui donne sur le parc. Un bâtiment pourrait être construit à dix mètres seulement de ses fenêtres. Cela fait un peu plus d’un an que les habitués de « la colline », comme on l’appelle ici, ont découvert un jour de début février un permis de construire affiché à l’entrée. Ils comprennent que 63 logements sociaux répartis en trois immeubles vont bientôt s’ériger sur cet hectare de verdure. Très vite, des habitants se réunissent et se mobilisent.
Hacheme, Aida, et Jean-Michel
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« Depuis que la résidence Las Rébès a été racheté par l’office public HLM de la mairie, en 1999, les logements comme le square sont
moins bien entretenus. Il y a déjà 68 % de logements sociaux dans notre résidence. Le quartier est saturé, la mixité sociale est en train
de disparaître, ça suffit », estime Hachème. Mais après un an de réunions de voisinage, d’actions dans le parc et autour, de protestations
auprès de la mairie ou dans les consultations de quartier, et de recours juridiques, toujours pas de réponse. Un matin, une première
pelleteuse est arrivée, quelques habitants l’ont empêché de commencer. Une dizaine d’entre eux se sont retrouvés assignés en justice
pour « entrave à la liberté du travail », en même temps que les deux associations qui défendent cet espace boisé. « On a eu 100 euros
par personne d’astreinte, plus 100 autres euros à chaque fois que l’on empêchera les travaux, et les frais de justice sont à notre charge,
détaille Hachème, qui fait partie des assignés. Cela fait beaucoup, parmi nous certains ne vivent qu’avec 460 euros pas mois. » Pour éviter de nouvelles sanctions financières, son association, Poumon Vert-Las Rébès, s’est dissoute. Les Enfants de la colline, eux, ont
lancé une souscription pour payer les frais de justice : 1.000 euros d’huissier plus 4.000 euros d’avocat.
Un parc au milieu des immeubles, menacé par la construction de trois nouveaux immeubles
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Certains commençaient à désespérer, quand le mouvement Nuit Debout de Montpellier leur a donné un nouveau souffle. L’un des
opposants a eu l’idée d’aller y raconter l’histoire du square menacé lors de l’assemblée générale. Un appel a été lancé à participer à un
grand pique-nique le dimanche 17 avril. Le soir, certains plantaient leurs tentes, l’occupation était lancée.
Un centre aéré à ciel ouvert
Moins de deux semaines plus tard, on pourrait croire qu’ils sont là depuis plusieurs mois. Les bâches tendues entre les branches d’un
grand peuplier abritent la cuisine. Une yourte fait office de salon-dortoir-lieu de réunion. Les eaux de la douche ruissellent vers le petit
jardin en permaculture où les premières pousses pointent déjà. Le bois des arbres coupés laissé sur place a permis de construire des tipis
au sol et des cabanes dans les arbres. Un peu à l’écart, un espace bureau pour les nombreux étudiants qui occupent le site a été
aménagé. « On envisage aussi d’y faire du soutien scolaire », espère Jules, l’un de ceux qui a planté sa tente sous les arbres. En bordure
de l’esplanade, une aire d’herbes hautes est protégée par des barrières, pour ne pas déranger les hérissons. Ils sont réputés nombreux sur
la zone. Plusieurs espèces de chauve-souris ont également été repérées.
La première règle est l’autogestion
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Vers quatorze heures, le jardin s’anime de cris d’enfants. Le square est devenu le lieu de rendez-vous des gamins du coin. Sous la yourte, un cours de percussions s’organise. Vers le tipi des enfants, se tient un atelier peinture. Un match de foot s’installe sur
l’esplanade tandis qu’une partie de balle au prisonnier commence en contrebas. Les « zadistes » font office de moniteurs de centre aéré.
Pas besoin d’expliquer aux petits pourquoi une journaliste vient les voir. « Je ne veux pas qu’ils construisent parce que j’aime bien
venir ici, on s’amuse », lance Bayane. « On est là pour jouer, avoir des nouvelles copines, pour profiter de la nature. C’est trop bien cet
endroit, on rencontre des gens qu’on ne connaît pas ! » approuve Cherine.
Les enfants jouent entre les tentes
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Certains viennent seuls, d’autres avec leurs mères. Elles, pour la plupart, se tiennent un peu à l’écart, installées sur des chaises de jardin
en plastique. La majorité sont voilées. Un groupe d’ados en baskets et jogging tient conseil un peu plus près du campement. Anne,
jeune maman voilée, vient avec ses deux enfants et n’hésite pas à se mêler à la bande d’occupants et d’habitants mobilisés qui fait vivre
le campement : « Avant, j’avais l’habitude de traverser le parc tous les jours pour emmener les enfants à l’école. Mais on y restait peu.
Depuis que c’est occupé, c’est du bonheur, on est dans la nature, les gamins ils se régalent, ils font autre chose que de regarder la télé,
ils dorment mieux le soir. Et nous on rencontre des gens, des voisins. On a pris conscience de l’importance de garder ce bout de vert et
on n’a plus envie de le laisser au béton. »
Tristan : « On nous rabâche qu’il faut casser les ghettos »
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Tristan, la trentaine, rentre du boulot et vient promener son chien qui chahute avec les gamins. « Je viens tous les jours, raconte-t-il.
J’habite ici depuis quatre ans et c’est au parc que j’ai rencontré mes voisins. Je ne comprends pas ce projet. Toute l’année, on nous
rabâche qu’il faut casser les ghettos, faire de la mixité sociale, et un matin on nous dit qu’on va planter encore plus de logements
sociaux dans un quartier où il y en a déjà plus de 500 ! »
« Dans un quartier avec espace vert, la criminalité baisse de 60 % »
En fin d’après-midi, deux animatrices improvisées ramènent trois petites filles qui habitent quelques centaines de mètres plus loin, dans
la cité des Cèvennes. Là, les immeubles sont deux fois plus haut qu’à Las Rébès. Au pied de la dizaine d’étages, se succèdent
boulangerie, boucherie hallal, épicerie et tabac aux devantures délavées. La mosquée s’est installée dans un ancien supermarché. En
face, entre deux barres, une dalle de béton est colonisée par une nuée d’enfants en rollers, surveillés depuis les balcons colorés de linge.
On nous fait comprendre qu’il faut ranger l’appareil photo. « Il y a aussi des espaces verts chez nous », lâche une des fillettes en
désignant quelques mètres carrés accueillant deux pins qui surmontent quelques buissons. « Mais c’est vrai qu’ici on tourne en rond,
alors qu’au parc on fait de nouvelles activités », ajoute-t-elle.
« Le quartier s’est paupérisé ces cinq dernières années, la résidence des Cévennes est en voie de ghettoïsation et de paupérisation »,
affirme Jean-Michel Vidal. Ce fonctionnaire vit à Las Rébès depuis dix-sept ans. « On vient d’être classé Zone urbaine sensible.
Derrière la préservation du parc il y a aussi un enjeu social. Pourquoi des gens plus démunis n’auraient-ils pas droit à un espace
vert ? Ce sont justement ceux qui n’ont ni jardin, ni résidence secondaire ! Il y a une étude qui dit que dans un quartier avec des
espaces verts, la criminalité baisse de 60 %. Les jeunes ont besoin d’un endroit où se détendre, où jouer au ballon, courir, au lieu
d’être en bas de l’immeuble. Toute personne sensée sait ça ! »
En face, le porteur du projet de construction est ACM Habitat, l’office public de l’habitat de la métropole de Montpellier. Son président
n’est autre que le maire de la ville, le divers gauche Philippe Saurel, qui rappelle que l’office a reçu 16.000 demandes de logements
sociaux en 2015... Il explique également ne pouvoir arrêter un projet déjà bien avancé. Son adjointe à l’urbanisme, Stéphanie Jannin, a
reçu les habitants et leur a indiqué qu’il resterait environ 7.000 mètres carrés de parc autour des futurs immeubles, à aménager en
concertation.
« Mais ces espaces seront dédiés à de la voirie », craint Hachème. « Et pourquoi ne va-t-on pas mettre des logements sociaux dans les
quartiers du sud-est, où ils construisent des appartements de luxe de deux cent mètres carrés ? », interroge Jean-Michel.
Certains soupçonnent même un conflit d’intérêt à la mairie. Car Stéphanie Jannin travaillait, avant d’être élue, pour le cabinet
d’architectes Lebunetel. Or c’est justement ce cabinet qui a été choisi pour le projet de Las Rébès (voir page 4 de ce document).
« Avec l’association Anticor, nous avons donc porté plainte contre X auprès du procureur de la République pour prise illégale
d’intérêt. Stéphanie Jannin aurait dû se désinvestir du dossier, or elle a reçu les habitants en concertation et a fait de nombreuses
prises de parole sur le sujet », explique Sébastien Lenoir, président des Enfants de la Colline. Autre espoir du côté de la voie juridique,
l’association entame un recours contre le permis de construire, car le bâtiment 11 du quartier Las Rébès, juste en bordure du parc, est
déjà fragilisé. La crainte est que les nouvelles constructions précipitent son effondrement.
Afin de débloquer l’affaire, les membres du conseil citoyen du quartier des Cévennes (qui contient Las Rébès et la cité des Cévennes)
appelle la mairie à la concertation. Pour les occupants, cette journée de lundi risque d’être décisive : les vacances scolaires finies, les
enfants seront moins présents et la police pourrait ne plus hésiter à intervenir. « Avec l’état d’urgence j’ai peur que ça se finisse en
matraque et gazage », avoue Tristan. « Mais on est préparés, répond Jules. On a des listes de personnes à appeler en cas
d’intervention, on peut ramener du monde. Et on a la vigie », lâche-t-il en désignant une cabane en haut du grand peuplier. Les policiers
mettraient alors du temps à en déloger les occupants, suffisamment pour faire venir du renfort. Cet arbre, le seul que le projet de construction a prévu de garder, serait alors le meilleur allié des défenseurs du square.
Contre le nucléaire et son monde, contre les violences policières, contre la matraque judiciaire !
►Des retours des manifs du 1er mai à Paris par une équipe street médic locale :
►Toujours à Paris : Atenco présent dans les coeurs dans la manif du 1er mai
A l’occasion des 10 ans de la répression subie par les villages d’Atenco les 3 et 4 mai 2006, et afin de manifester un soutien et une solidarité avec la lutte reprise par les villages des alentours d’Atenco contre la spoliation de leurs terres et les plans de construction du "nouvel aéroport de Mexico" (projet le plus cher au monde actuellement : les études tablent sur 200 milliards de dollars d’investissement.. !], l’esprit de lutte tout comme la mémoire de la répression, tant à Atenco qu’à Ayotzinapa, se devaient d’être de mise dans la manifestation parisienne de ce premier mai !
Lire aussi, depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et depuis l’Autre Europe : communiqué de soutien à San Salvador Atenco au Mexique
http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1152
Mardi 3 mai
►Mais que fait la police ??? On ne peut qu’être abasourdi devant tant de violence : Valence, le local du PS à nouveau vandalisé par des anti aéroports.
Dimanche 8 mai
Du côté des luttes antinucléaires :
►Les camarades de Bure font suivre des nouvelles de l’opposition au chantier de construction d’une centrale nucléaire en Finlande et de la répression qui a lieu :
A Pyhäjoki, en Finlande, se déroulait la semaine dernière un camp d’action antinucléaire près du site de construction d’une nouvelle centrale nucléaire par les sociétés Fennovoima-Rosatom. La police a violemment attaqué les participant.es jeudi et vendredi, faisant des blessé.es Aux dernières nouvelles, 9 personnes sont encore détenues pour une durée indéterminée, dont un camarade proche. Un appel à soutien à l’opposition à la construction de la centrale nucléaire de Pyhäjokiet à action décentralisée a été lancé à Nancy, ça se passera mercredi 11 mai devant le Consulat de Finlande (à 14h 34, Avenue Jolain 54 210 St-Nicolas-de-Port)
►Toujours à Paris : Atenco présent dans les coeurs dans la manif du 1er mai
A l’occasion des 10 ans de la répression subie par les villages d’Atenco les 3 et 4 mai 2006, et afin de manifester un soutien et une solidarité avec la lutte reprise par les villages des alentours d’Atenco contre la spoliation de leurs terres et les plans de construction du "nouvel aéroport de Mexico" (projet le plus cher au monde actuellement : les études tablent sur 200 milliards de dollars d’investissement.. !], l’esprit de lutte tout comme la mémoire de la répression, tant à Atenco qu’à Ayotzinapa, se devaient d’être de mise dans la manifestation parisienne de ce premier mai !
Lire aussi, depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et depuis l’Autre Europe : communiqué de soutien à San Salvador Atenco au Mexique
http://cspcl.ouvaton.org/spip.php?article1152
Mardi 3 mai
►Mais que fait la police ??? On ne peut qu’être abasourdi devant tant de violence : Valence, le local du PS à nouveau vandalisé par des anti aéroports.
Dimanche 8 mai
Du côté des luttes antinucléaires :
►Les camarades de Bure font suivre des nouvelles de l’opposition au chantier de construction d’une centrale nucléaire en Finlande et de la répression qui a lieu :
A Pyhäjoki, en Finlande, se déroulait la semaine dernière un camp d’action antinucléaire près du site de construction d’une nouvelle centrale nucléaire par les sociétés Fennovoima-Rosatom. La police a violemment attaqué les participant.es jeudi et vendredi, faisant des blessé.es Aux dernières nouvelles, 9 personnes sont encore détenues pour une durée indéterminée, dont un camarade proche. Un appel à soutien à l’opposition à la construction de la centrale nucléaire de Pyhäjokiet à action décentralisée a été lancé à Nancy, ça se passera mercredi 11 mai devant le Consulat de Finlande (à 14h 34, Avenue Jolain 54 210 St-Nicolas-de-Port)
►Des récits du we du 16-17 avril à Bure et une invitation pour de prochains we
Infos du 16 au 22 mai
Lundi 16 mai
En catimini, le Sénat veut donner le feu vert à l’enfouissement des déchets nucléaires
En catimini, le Sénat veut donner le feu vert à l’enfouissement des déchets nucléaires
Bientôt une nouvelle étape vers l’enfouissement de nos déchets nucléaires les plus dangereux ? Mardi 17 mai, une proposition de loi
destinée à mettre un coup d’accélérateur au projet Cigéo sera discutée au Sénat. Les opposants dénoncent un déni de démocratie et
préparent leurs mobilisations.
Les partisans du projet de centre de stockage géologique de déchets radioactifs Cigéo reviennent à la charge. La proposition de loi du
sénateur (LR) de la Meuse Gérard Longuet, qui apporte plusieurs précisions sur le projet — définition de la notion de réversibilité du
stockage et phase pilote — sera discutée ce mardi 17 mai en séance publique au Sénat. Un come back sur la grande scène après
plusieurs tentatives ratées de passage en catimini par des amendements dans la loi de transition énergétique puis dans la loi Macron.
Pourquoi un tel acharnement ? Parce que la loi de 2006 qui prévoit la construction d’un centre de stockage réversible des déchets
radioactifs dans le sous-sol de Bure est incomplète sur la notion de réversibilité. Tant qu’un nouveau texte définissant ce principe n’est
pas adopté, le projet Cigéo ne peut pas aboutir. D’où la proposition de loi de M. Longuet.
Pour le sénateur meusien, « la réversibilité doit permettre de garantir la possibilité de récupérer des colis de déchets déjà stockés
pendant une période donnée et d’adapter l’installation initialement conçue en fonction des choix futurs ». Mais le principe énoncé tel
quel ne passe pas auprès des opposants. « La définition de réversibilité est fournie clé en main dans le texte, ce qui évacue tout débat
parlementaire à son sujet, dénonce Corinne François, du collectif Bure Stop 55. En plus, la loi sur les conditions concrètes d’exercice
de la réversibilité en cours d’exploitation est repoussée à 2034, après l’autorisation de la mise en service de la première tranche et le
stockage de 2.800 mètres cubes de déchets ! »
« La réversibilité, c’est bien gentil, mais ça ne résiste pas à l’épreuve de l’accident »
D’ailleurs, une fois que les fûts seraient enfouis, la militante ne croit pas à la possibilité d’un retour en arrière : « Regardez ce qui s’est
passé en février 2014 dans le centre de stockage de déchets radioactifs de Wipp, au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis. A cause d’un
incendie dans le sous-sol, des fuites radioactives d’américium et de plutonium ont été constatées en surface. Le site est toujours à
l’arrêt et l’isolement des fûts par des barrières successives va coûter 500 millions de dollars ! La réversibilité, c’est bien gentil, mais ça ne résiste pas à l’épreuve de l’accident. »
Le sénateur de la Meuse Gérard Longuet (LR) lors d’un meeting de Nicolas Sarkozy, le 2 avril 2012, à Nancy.
Les autres exemples de centres de stockage de déchets nucléaires ou toxiques ne sont pas plus convaincants, estime Michel Marie. « A
Asse, en Allemagne, le gouvernement a décidé de récupérer les fûts à cause d’infiltrations d’eau ; à Stocamine, en Alsace, le
déstockage de plus de 8.000 tonnes de déchets toxiques, après un incendie et face à un risque de contamination de la nappe phréatique,
se révèle de plus en plus délicat... et coûteux », énumère le membre du Cedra, de Bure Stop 55 et de la commission locale
d’information (CLI) de Bure.
Le rapporteur de la proposition de loi, le sénateur (LR) de la Haute-Saône Michel Raison, n’a pas prêté attention à ces contre-arguments. « Les auditions ont été réalisées à la hussarde, aucune des associations de riverains de Bure n’a été invitée à présenter son
argumentation, rapporte M. Marie, encore effaré par ce dédain. Le CLI a été informé mais n’a pas été convié. Il a fallu se bagarrer
pour que notre expert, Bernard Thuillier, qui a épluché les 4.000 pages du dossier technique de l’Andra et en a réalisé des fiches
techniques, dispose de 45 minutes pour s’exprimer. »
« Une fois qu’on aura mis près de 6 milliards d’euros dans ce bazar, qui sera encore prêt à dire qu’on arrête tout ? »
Autre cheval de bataille des associations, l’introduction dans la proposition de loi d’une « phase industrielle pilote permettant de
conforter le caractère réversible et la démonstration de sûreté de l’installation ». Cette première tranche comprend, selon l’analyse de
Bure Stop 55, la construction de la voie ferrée, d’un terminal de 12 étages pour la réception et le conditionnement des colis de déchets,
d’un transformateur électrique haute tension, d’une double descenderie de 5 kilomètres de long, de cinq larges puits verticaux et de
40 kilomètres de galeries...
« L’objectif de cette phase pilote serait de réaliser toutes les opérations d’essais, de mise en place de démonstrateurs, d’exploitation et
de surveillance nécessaires au bon démarrage de Cigéo et à la montée en régime de l’exploitation, explique-t-on à EDF. La phase
industrielle pilote comporterait les premiers essais de démarrage en “inactifs”, c’est-à-dire sans présence de déchets radioactifs,
menés en parallèle avec la finalisation de la construction. Ils seraient suivis par des essais de mise en service, réalisés avec des colis
de déchets radioactifs après autorisation de l’ASN de les recevoir. Une fois ces essais de mise en service réalisés et jugés concluant,
l’Andra entreprendrait la montée en régime de l’exploitation. » Un nouveau passage devant le Parlement est prévu à l’issue de la phase
industrielle pilote.
Le chantier est chiffré à 5,7 milliards d’euros, soit plus de 20 % du coût total, évalué à 25 milliards d’euros — un calcul d’ailleurs
contesté. « C’est environ 95 % de l’argent provisionné par EDF et Areva pour financer Cigéo. Qui va payer pour la suite ? » s’inquiète
Corinne François. Côté EDF, on assure que cette phase pilote est « l’une des modifications au projet apportées par l’Andra à la suite
du débat public de 2013, qui fait notamment suite au compte-rendu de la conférence de citoyens qui pointait un calendrier trop tendu et
la nécessité de procéder à des tests en grandeur réelle ». Ce que démentent fermement les opposants, qui dénoncent une décision
unilatérale. « C’est le lapin qui sort du chapeau, accuse Michel Marie. On nous assure que cette nouvelle disposition est issue du débat
public de 2013, mais c’est faux ! Nous avons épluché tous les comptes-rendus et les remarques : il y a dû avoir deux propositions dans
ce sens sur une centaine. »
Pour Corinne François, cette phase pilote est une manœuvre destinée à verrouiller le projet : « On essaie de nous faire croire que c’est
de la recherche, que ce n’est pas grave. Mais, une fois qu’on aura mis près de 6 milliards d’euros dans ce bazar, en cas de problème,
qui sera encore prêt à dire qu’on arrête tout ? » Pour Michel Marie, cette phase pilote est tout simplement un « cheval de Troie qui a
pour but d’aider à décrocher l’autorisation, comme l’a été la notion de réversibilité ».
Ronan Dantec, sénateur (groupe écologiste) de Loire-Atlantique et opposé au texte, est plus mesuré. « Cette phase pilote peut être un
moyen de forcer le passage. Mais, elle peut tout simplement permettre de continuer à investir de l’argent dans un territoire en
difficulté, même s’il n’y a pas de stockage de déchets nucléaires tout de suite », nuance-t-il. « Dans une interview accordée au
quotidien régional L’Est républicain publiée le 7 mai, Gérard Longuet annonce des milliers d’emplois et la renaissance économique du
département, rapporte Corinne François. Nous ne sommes pas d’accord avec ce point de vue. La région joue sa sûreté ! » Sollicité,
Gérard Longuet n’a pas répondu à notre message.
« Cela nous laisse quelques semaines pour organiser nos actions »
Les opposants n’ont pas l’intention d’attendre les bras croisés que la proposition de loi soit adoptée. « En tant que membre du groupe écologiste, je vais bien sûr voter contre, assure Ronan Dantec. La position écologiste sur ce projet est claire : le coût de Cigéo est
faramineux et l’enfouissement en profondeur n’est pas la solution. Pourquoi ne pas explorer des techniques de stockage réversible en
couche superficielle, comme ça se fait déjà ailleurs ? »
Les associations du réseau Sortir du nucléaire, Mirabel LNE, Bure Stop 55 et Asodedra ont adressé un recours à la commission
nationale du débat public, le 5 juin 2015. Elles réclament le retrait et l’invalidation du compte-rendu et du bilan du débat public dressés
par le président de la Commission nationale du débat public, au motif, entre autres, que « la proposition centrale du débat public de démarrer Cigéo par une phase pilote n’émane pas du débat public mais, en amont, de l’Institut de radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN), de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et du maître d’ouvrage ».
Une pétition destinée à Michel Raison, mise en ligne le 11 mai avait déjà rassemblé plus de 2.000 signatures vendredi à 14 h. Dans le
cadre d’une grande action décentralisée à l’occasion de la discussion en séance publique de la proposition Longuet, les opposants à
Cigéo sont invités à remplir des sacs poubelles, à y coller le logo Bure Stop et à les entasser devant les permanences locales des députés
et sénateurs.
L’opération « sacs poubelles » des opposants à Cigéo.
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« Le temps que la loi aille à l’Assemblée nationale et retourne au Sénat, cela nous laisse quelques semaines pour organiser nos
actions, assure Michel Marie. Avec, comme temps fort, les 200.000 pas à Bure prévus dimanche 5 juin. Le matin, une randonnée sera
organisée pour sensibiliser les participants à la beauté, au calme et aux richesses naturelles du territoire. Pour l’après-midi, nous
planifions prises de parole, actions coup de poing et concerts. Avec un seul objectif : dénoncer la pseudo-démocratie à Bure. »
Emilie Massemin - Reporterre
Infos du 23 au 31 mai
Samedi 28 mai
►Txirrinka, la course cycliste anti LGV, a écumé les routes du Pays Basque Nord et Sud le week-end dernier.
►Les Biarrots refusent Linkysition d’ERDF
►Ende Gelande - Du 13 au 15 mai, plus de 3 000 militants de la cause climatique sont parvenus à bloquer, dans le land allemand du
Brandebourg, un très gros site de production électrique fonctionnant au lignite, le pire des combustibles fossiles. Un article, et une
vidéo.
Infos du 23 au 31 mai
Lundi 30 mai
Les travaux de construction d’un barrage dans la zone humide du Testet ont cessé il y a maintenant un an et demi. Les dégâts écologiques commis sont importants. Les associations réclament la restauration environnementale du site. Une mobilisation en faveur
de la renaissance de la zone humide est attendue mardi 31 mai à Albi.
Vallée du Tescou (Tarn), reportage
Poussières de terre, soleil de mai et surtout : du vent. Ainsi nous accueille la vallée du Tescou. La brise autrefois paisible se mue en
rafales, en ce printemps 2016, dans ce coin du Tarn. « Autrefois océanique, le climat est en train de devenir méditerranéen », observe
Christian Conrad, naturaliste de l’association Apifera. C’est aussi qu’aux abords du Tescou, la rivière, il n’y plus ni arbre ni fourré pour
arrêter les bourrasques au travers des quarante hectares de la zone du projet de retenue d’eau de Sivens. Bien des mois ont passé depuis
l’arrêt soudain des travaux, en octobre 2014, à la suite de la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée par des
gendarmes mobiles.
Pour celle ou celui qui n’est pas familier des lieux, presque rien ne laisse entrevoir la violence qui a eu cours ici. Seules, à quelques
mètres, des repousses d’une souche d’arbre en cépée, un improbable cœur formé avec des capsules de grenades vient marquer le lieu de
la mort de Rémi Fraisse.
Le rapport de janvier 2015 des experts du ministère de l’Ecologie.
Au Conseil départemental du Tarn, on assure avoir commencé à travailler sur la remise en état, en aval, avec une étude confiée à Kairos
Compensation, proche de la coopérative Rhizobiome. Mais pourquoi attendre pour la remise en état alors que la zone se dégrade de
semaine en semaine ? Réponse du Conseil départemental : un problème administratif et foncier. En effet, selon Thierry Carcenac, la
procédure ne peut arriver à son terme « tant que le département n’a pas récupéré l’intégralité des terrains et des accords conclus ». Or,
la CACG (Compagnie d’aménagement des côteaux de Gascogne), chargée du chantier et de la gestion du projet initial, n’a pas fourni
les documents nécessaires à la rétrocession. Avec un salarié en congé maternité et un autre engagé dans un projet à l’étranger, plus
personne n’y travaillerait sur le dossier de Sivens.
Personne n’a en tout cas souhaité s’exprimer à ce sujet au sein de l’entreprise. La
remise en état « se fera donc quand la CACG aura fini de nous transmettre les documents pour conclure ce transfert », conclut
M. Carcenac.
Des explications insuffisantes pour le collectif Testet
Reste que les agriculteurs attendent toujours la restitution de leurs terres. Ironie du sort, c’est M. Escande, pourtant farouche partisan du
barrage, qui réclame aujourd’hui réparation. En effet, une convention passée en août 2014 prévoyait d’échanger des terres sur l’emprise
du barrage contre d’autres, à l’extérieur, avec notamment l’acquisition de la Métairie-Neuve et des parcelles qui l’entourent. Sauf que,
depuis, le département a fait détruire la veille ferme pour éviter toute réoccupation par des opposants au barrage. L’agriculteur vient de
lancer un appel via son avocat pour obtenir réparation. Son voisin, Pierre Lacoste, a quant à lui perdu quatre hectares depuis l’été 2014,
soit 10 % de sa surface totale. Dans une lettre ouverte, la Confédération paysanne du Tarn a elle aussi suspendu sa participation au
projet de territoire à la restitution de ces terres.
Le courrier de la Confédération paysanne au président du conseil départemental du Tarn à propos de Pierre Lacoste.
Là aussi, au Conseil départemental, on renvoie à la CACG et on appelle « chacun à y mettre du sien ». La réponse paraît insuffisante au
collectif Testet, qui, un an et demi après les premières interpellations, après de nombreux courriers sans réponse, a décidé désormais
d’appeler à nouveau à se mobiliser avec un rassemblement prévu demain, le 31 mai, devant le siège du Conseil départemental du Tarn, à Albi. Objectif : une « casserolade », pour faire du bruit et prévenir : « Si aucune initiative n’est prise par le préfet ou le président du
Conseil départemental du Tarn dans les prochaines semaines, le Collectif se verra dans l’obligation d’appeler ses membres et
sympathisants à procéder par eux-mêmes à la réhabilitation de la zone humide du Testet et des terres agricoles. Des premiers travaux
citoyens auraient alors lieu sur place à Sivens lors d’un week-end fin juin et se poursuivraient, si nécessaire, lors d’un camp d’été au
mois d’août. »
Lettre du collectif Testet au préfet du Tarn au sujet du projet de territoire.
Et comme si cela ne suffisait pas, il ne reste plus qu’un mois avant que le tribunal administratif de Toulouse ne juge enfin sur le fond les
recours concernant la destruction d’espèces protégées, la déclaration d’intérêt général, la déclaration d’utilité publique et l’arrêté de
défrichement. Des recours qui concernent encore et toujours le projet initial, qui, un an et demi après son arrêt, est encore loin
d’appartenir au passé.
Un fragment de la zone humide du Testet toujours intact aujourd’hui.
Grégoire Souchay - Reporterre
Grégoire Souchay - Reporterre
[1] Echelon local du syndicat agricole majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, FNSEA.
Mardi 31 mai
Expulsion de la ZAD d’Agen en cours : appel à soutiens
ALERTE la Zad d’Agen se fait expulser en ce moment besoin de monde en URGENCE !!!!!
Pour s’y rendre ; une fois à Agen prendre le Passage puis continuer sur Brax. Toucher à gauche au feu. Ils ne laissent aucune voitures
ni personne à pieds passer au niveau de Brax. Se garer au tabac et faire détour à pieds pour venir.
Aujourd’hui les gm comptent expulser les maisons ; la shram (Labo) et le Phare et les maisons d’à côté.
"Nous appelons à une manifestation à 14h00 aujourd’hui (mardi 31 mai 2016) sur la zone pour protester contre les expulsions et
les destructions des maisons. Jusqu’à vendredi ils s’occupent des maisons puis ce sera le tour du commun.
Besoin de ravitaillement pour ces prochains jours. 600 GM sur zone.
Merci de diffuser en masse sur tout les réseaux !!!
Zad partout et Résistance !!!!!!!!!!
Aouuuuuuh !"
Appel à rassemblement jeudi 2 juin 2016 :
Jeudi 2 juin 2016 rassemblement sur la Zad d’Agen afin d’empêcher 220 hectares de terres fertiles d’êtres détruites et de protester
contre la destruction des maisons.
Il est important d’êtres sur zone le jeudi soir pour être présent vendredi où tous les accès seront probablement bloqués.
C’est vendredi que le procès pour le commun aura lieu et il est primordial de sauvegarder le coeur de la Zad.
La DUP est encore contestée ; tout les recours ne sont donc pas épuisés. Voici donc un bel exemple de 49.3, de passage en force par
Dionis.
NouS avons besoin de ravitaillement ; eau (le plus important), nourriture, du matos.
Appel à faire des actions décentralisées partout !!!
Pour un monde meilleur. Zad partout !
pour plus d’infos sur la lutte de là-bas :
et manifestement pour suivre l’évolution de la situation, il faut aller sur facebook...
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