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dimanche 7 avril 2013

Roms : l'Ignominie Saucialiste ?



Ris-Orangis, champ de ruines

Ignominie

France terre d’apartheid : ce 3 avril à l’aube, le bidonville Rom de Ris-Orangis a été expulsé et rasé. Un brutal déni de l’action exemplaire qu’y menait le PEROU.

Par Jean-Marc Adolphe publié le 3 avr. 2013
Ignominie. « Déshonneur extrême causé par un outrage public, une peine, une action infamante », « caractère de ce qui déshonore.» (Petit Robert). Non, je  ne parle pas ici des turpitudes bancaires de Jérôme Cahuzac et du sens qu’il y ait à ce qu’un ministre socialiste du Budget, promu cost-killer de la dépense publique, se soit cru autorisé à échapper lui-même au fisc et à planquer une partie de son magot en Suisse. Qu’un tel personnage ait pu se dire « socialiste » et accéder, en tant que tel, aux plus hautes responsabilités, en dit long sur ce qu’est devenu, ici-même, le « socialisme ». Je parle d’une ignominie plus grande encore, qui ne fera hélas pas la Une des journaux, bien qu’elle en dise encore plus long sur l’état du « socialisme » qui nous gouverne.

Ce mercredi 3 avril, à l’aube, les « forces de l’ordre » ont expulsé les familles qui avaient érigé un bidonville à Ris-Orangis, en bordure de la Nationale 7. Et la pelleteuse a broyé les abris où ces familles s’étaient donné refuge. Ce n’est certes ni le premier, ni le dernier « campement Rom » à être ainsi rasé. Mais celui-ci a valeur de symbole. Car c’est là que, depuis plusieurs mois, le PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines) s’est investi afin de montrer, par l’exemple, qu’il y avait d’autres issues possibles au « traitement » de la question Rom que le « traitement des déchets », voire la « dératisation », dont ce gouvernement mène la politique. Concrètement, des bénévoles, des militants associatifs, des étudiants, se sont engagés auprès des Roms vivant là pour améliorer l’ordinaire : assainir le terrain, construire des toilettes sèches, faire cadre de vie, mettre un peu de joie constructive au cœur même de la misère sans fin. Là, une « ambassade » a été construite, puis une « place » où, à l’initiative de Mouvement, est venu danser Israel Galván, le 15 février dernier.

De tout ce qui a été entrepris là, construit, éprouvé, fêté, vécu, le blog du PEROU rend compte en abondance. En tant que rédacteur en chef de Mouvement, je suis fier que ce soit l’un de nos compagnons d’aventure éditoriale, Sébastien Thiéry, qui tient chronique dans nos pages, qui ait été à l’initiative du PEROU et des actions menées à Ris-Orangis. Et je suis pareillement fier que le Journal clandestin, glissé dans les pages du dernier numéro de Mouvement (en kiosque jusqu’au 26 avril) soit entièrement dédié au PEROU. Une fois dépliée, l’image centrale de ce Journal clandestin est une photographie de la construction de l’ambassade du PEROU, où a été inscrit le verbe « ETRE ».

Le droit d’être, c’est précisément ce que refusent aux Roms, avec une obstination qui confine à la haine raciale, le maire socialiste de Ris-Orangis, Bernard Raffalli (par ailleurs vice-président en charge de la culture du Conseil général de l’Essonne) et le ministre socialiste de l’Intérieur Manuel Valls. Pendant de très longues semaines, en violation de ses obligations légales, le maire de Ris-Orangis a refusé la scolarisation des enfants Roms, avant d’y être obligé par décret préfectoral, sous la pression du Défenseur des Droits, d’Amnesty International et de l’Union Européenne.

Il y avait pourtant là, à Ris-Orangis, le laboratoire en actes d’une intelligence collective, un modèle qui aurait pu servir d’exemple sur d’autres territoires. Mais tout à son obsession « sécuritaire » (et à sa logique de haine), le maire de Ris-Orangis n’a rien voulu entendre. Et Manuel Valls, au mépris des obligations légales (qui incluent notamment des solutions de relogement), a récemment décrété le démantèlement sans délais de tous les « campements Roms ». Alors même que, dans le cas de Ris-Orangis, le Préfet de l’Essonne et le Conseil Général venaient d’ouvrir la voie d’un « chantier d’insertion », la pelleteuse est venue, ce mercredi 3 avril 2013. Ce n’est pas seulement au Mali que le gouvernement socialiste français est entré en guerre : il l’est ici-même contre les Roms. Indistinctement et avec brutalité. Le 17 février 2013, le correspondant à Paris du quotidien El Pais, qui avait accompagné Israel Galvan à Ris-Orangis, publiait sur toute une page un reportage intitulé « Un apartheid gitan aux portes de Paris. » On ne saurait mieux dire : à l’encontre des Roms, ce gouvernement socialiste a institué un régime d’apartheid, dont Manuel Valls est l’artisan zélé.

De quoi le mot « socialisme » est-il encore le nom ?

A l’heure où s’écrivent ces lignes, les Roms expulsés de leur bidonville se sont réfugiés dans l’église de Ris-Orangis. Aucune solution de relogement ne leur a été faite. Face à une telle ignominie, poursuivre le devoir de solidarité et d’humanité. Et manifester, encore et encore.

Ce samedi 6 avril, de 14 h 30 à 17 h 30, Amnesty International organise un rassemblement Place de la Bastille à Paris pour dire « Stop aux expulsions forcées ». Autour d’une installation symbolique - un abri précaire menacé par une pelleteuse, plusieurs personnalités prendront la parole, dont Sébastien Thiéry, pour le PEROU. Des artistes seront aux côtés d’Amnesty International France en soutien à cette mobilisation, dont la comédienne Fanny Ardant, l’acteur Yvan Le Bolloc'h, la  violoniste Sarah Nemtanu et la fanfare balkanique Haidouti Orkestar.
En attendant, ne pas hésiter à consulter le dernier rapport en ligne d’Amnesty International sur les Roms en France. Edifiant !

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