Le 26 octobre 2014, Rémi Fraisse, botaniste de 21 ans, perdait la vie
sur la ZAD de Sivens, dans le Tarn, tué par la grenade d’un gendarme. Un
an plus tard, l’État abandonnait le projet initial de barrage.
Aujourd’hui, la nature reprend ses droits sur le site. Le militaire
auteur du tir a bénéficié d’un non-lieu. La justice a reconnu la
responsabilité sans faute de l’État et l’a condamné à indemniser la
famille du jeune homme. Presque dix ans plus tard, on peut se
demander quelles leçons ont été tirées par les services de l’État dans
leur mission de protection de l’intérêt général et de l’ordre public
quand on voit ce qu’il se passe autour du chantier de l’A69, cette
autoroute contestée entre Castres et Toulouse. Intervention la
nuit de gendarmes pour sécuriser l’abattage d’arbres, à coups de tirs
de grenades lacrymogènes ; chute de 8 mètres d’un militant depuis un
fortin construit entre les branches lors de l’évacuation d’une ZAD
anti-A69. Mais aussi irruption de personnes cagoulées au domicile d’une
famille vivant dans une maison menacée par le chantier, suivie de
l’incendie de leur portail et le début de mise à feu de leur voiture.
Plusieurs actes de sabotage ont par ailleurs été revendiqués contre le
chantier (engins brûlés, incendie du coffrage de la pile d’un pont), une
voiture de police municipale a été visée et un vigile pris à partie par
des personnes identifiées comme zadistes. Plus les travaux de
l’autoroute avancent, plus les tensions s’aggravent sur place. Des
personnes physiques semblent désormais directement menacées. Comment
arrêter cette spirale de violences ? En janvier 2018, le
premier ministre d’alors, Édouard Philippe, avait annoncé l’abandon du
projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, en
raison du « contexte d’opposition exacerbée entre deux parties presque égales de la population ». Cette décision «exceptionnelle pour une situation locale exceptionnelle » était alors « une décision de raison et d’apaisement dans un contexte local tendu ».
Le président de la République s’appelait Emmanuel Macron. Six ans plus
tard, la question se pose désormais de savoir s’il sera capable d’une
nouvelle décision d’apaisement : un moratoire afin de remettre en débat
l’un des projets les plus climaticides et destructeurs du moment en
France |
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