Une récente étude publiée par le British Médical Journal, le 27 mars 2024, démontre que plusieurs contraceptifs progestatifs notamment utilisés pour le traitement des symptômes de l’endométriose et d’autres pathologies gynécologiques sont la cause de tumeurs cérébrales (méningiomes intracrâniens), dont les médicaments Androcur, Lutéran et Lutenyl.
D’autres progestatifs n’ont pas encore fait l’objet d’étude sur ces risques, notamment Dienogest (pourtant remboursé par la sécurité sociale depuis 2020 en France), ou encore sur l’acétate de médroxyprogestérone, un contraceptif injectable qui concerne pas moins de « 74 millions d’utilisatrices, souvent précaires, principalement dans des pays à bas niveau socio-économique ».
Ces médicaments sont non seulement utilisés comme contraceptifs, mais aussi bien souvent comme seules propositions pour alléger les symptômes de différentes pathologies gynécologiques telles que l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques ou encore en traitement hormonal substitutif de la ménopause ou dans des parcours de PMA. Ce sont plusieurs centaines de milliers de personnes qui sont concernées rien qu’en France !
On se doute que si de telles tumeurs étaient provoquées par un médicament pris par une large partie de la population masculine, cela provoquerait une onde de choc dans le corps médical mais également dans toute la société, jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Mais sans surprise, lorsqu’il s’agit de médicaments aux risques létaux prescrits uniquement à des femmes et personnes menstruées… alors le scandale est vite oublié.
Ces révélations ne sont pourtant pas nouvelles, puisque l’Agence Nationale du médicament publiait déjà une étude sur le sujet le 26 juin dernier, comme le rapporte le journal Libération, qui avait déjà publié un article sur une précédente étude de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament cinq ans plus tôt sur les risques de tumeurs cérébrales liées à l’Androcur, en 2018. Un médicament commercialisé par le Laboratoire Bayer, prescrit depuis les années 80, et qui l’est toujours aujourd’hui ! En 2018, Libération s’interrogeait déjà : « Pourquoi ce médicament a-t-il continué à être prescrit largement alors qu’une première alerte a été émise dès 2009 ? » Nous sommes 15 ans plus tard et ce médicament peut toujours être prescrit.
Rappelons que le laboratoire Bayer est loin d’être une firme soucieuse de la santé des individus et de l’environnement : parallèlement à ses activités pharmaceutiques, il fait également fortune dans l’agrochimie (la production de pesticides ou encore de semences génétiquement modifiées) et dans l’agro-industrie, notamment en rachetant la multinationale Monsanto, cumulant ainsi des dizaines de milliards d’euros sur le dos de la santé de la population mondiale et de l’environnement.
Impliqué dans un grand nombre de scandales sanitaires, Bayer a été poursuivi en 2015 pour le contraceptif Essure, soupçonné de causer de graves effets neurologiques, musculaires, hémorragiques et allergiques, ou encore pour son désherbant cancérigène Round-Up, qui a fait l’objet en 2018 de 8700 procès et 18.000 plaintes déposées. En 2011, 9000 plaintes avaient été déposées contre Bayer concernant des moyens de contraception à l’origine de graves effets secondaires, par exemple celle de la mère d’une étudiante décédée d’une embolie pulmonaire causée par une pilule.
L’histoire de l’entreprise est encore plus sombre, puisqu’elle a été impliquée dans des trafics d’être humains dans le cadre d’expérimentations médicales sur des personnes déportées à Auschwitz. En 1956, Fritz Ter Meer, criminel de guerre nazi condamné, est d’ailleurs nommé comme président de Bayer. Le laboratoire est également impliqué dans l’affaire du sang contaminé…
Un sacré palmarès pour l’une des plus grandes et des plus polluantes multinationales au monde, qui tue et détruit en toute impunité pour le profit depuis des décennies.
Des actions en justice visant à engager la responsabilité de l’État français sont aujourd’hui envisagées par plusieurs patientes souffrant de tumeurs cérébrales suite à la prise de l’Androcur. Il y aurait plus de 50 recours en préparation sur près de 450 dossiers révélés. « Les victimes accusent notamment l’État de retard dans la mise en place de mesures de prévention, alors que la dangerosité de l’Androcur et les risques de méningiome sont connus depuis plusieurs années », depuis 2004 selon l’avocat des parties civiles. Mais l’information n’aurait été donnée selon lui à l’État et aux médecins que 10 ans plus tard. Alors qu’ont fait l’État et les services de sécurité du médicament une fois informés d’un tel scandale ? La mise en place d’un numéro vert pour les patients exposés à ce médicament en 2018 !
Bien que le nombre de prescription ait aujourd’hui drastiquement baissé, on comptait néanmoins encore en novembre 2023 autour de 10.000 patientes traitées par Androcur. Mais ce sont aussi deux autres progestatifs qui sont mis en cause, eux aussi depuis plusieurs années, dans la survenance de méningiomes : « Le Lutéran, produit par Sanofi, qui augmente le risque par 5,5, et le Lutényl de la société Théramex, qui augmente le risque par 7,5 » précise Streetpress.
Il y a non seulement eu mise en danger de la vie d’autrui mais également dissimulation de ces informations connues depuis des années ! Et la santé de plusieurs milliers de personnes sous ces traitements continue d’être mise en danger. De nombreux autres médicaments et progestatifs sont en attente de nouvelles études… On redoute donc les prochains scandales qui ne manqueront pas d’éclater dans les années à venir. D’ici là, espérons que la santé des personnes sexisées intéresse l’opinion publique !
Alors que des milliers de personnes souffrent de pathologies gynécologiques mal soignées, mal documentées, mal prises en charge… aucune alternative n’est proposée à ces médicaments que l’on sait potentiellement dangereux. Le gouvernement quant à lui continue même de nier l’absolue nécessité d’un simple congé menstruel.
Il y a quelques jours seulement l’élue renaissance Brigitte Liso vomissait de fausses informations concernant la problématique du congé menstruel largement revendiqué, estimant que les règles douloureuses « ne sont pas courantes » alors que « plus d’une salariée sur deux déclare avoir des règles douloureuses (53%) et dit avoir déjà été confrontée à des difficultés liées à leurs règles au travail (65%) » révélait un sondage Ifop en 2022.
C’est un nouveau crachat aux visages des personnes souffrantes, qui ont besoin de traitements pour soulager leurs douleurs et vivre librement. Ces scandales sanitaires genrés nous rappellent le mépris que subissent toujours les personnes sexisées dans tous les aspects de leur vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire