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lundi 7 février 2022

« En voulant dissoudre le média indépendant Nantes Revoltée, Darmanin s’attaque à la liberté de la presse »


« En voulant dissoudre le média indépendant Nantes Revoltée, Darmanin s’attaque à la liberté de la presse »

 
 
Bien déterminés à défendre leur travail d’information, les membres de Nantes Révoltée revendiquent leur rôle de porte-parole de la colère populaire à travers une pluralité de regards critiques de la société et du pouvoir en place.

 


 28 janvier 2022 - Laurie Debove

Mardi 25 janvier, Gérald Darmanin a créé la surprise en annonçant avoir lancé la procédure de dissolution du média d’extrême-gauche Nantes révoltée. Le ministre de l’Intérieur reproche au média indépendant d’avoir relayé un appel à manifester « contre le fascisme, le capitalisme, l’autoritarisme ». Pour Nantes Révoltée, « c’est une attaque en règle contre la liberté de la presse et la liberté d’expression de la part d’une minuscule caste qui ne représente plus qu’elle même. »

La menace d’une dissolution

La Ville de Nantes est particulièrement connue des autorités françaises pour la vivacité de ces mouvements sociaux et des manifestations antifascistes qui y sont régulièrement organisées. Celle du vendredi 21 janvier « contre le fascisme, le capitalisme, l’autoritarisme », moins importante qu’à d’autres occasions, a réuni 630 militants « antifa » qui ont entamé une marche aux flambeaux à 19h.

En marge de ce défilé ont eu lieu quelques dégradations matérielles : trois vitrines de commerce brisées, et un pied de statue tagué. Il n’en fallait pas plus pour que l’opposition nantaise s’empare du sujet et dénonce un « saccage » auprès de la maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland.

Mais c’est la présidente LR de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, qui a ciblé les hostilités contre le média indépendant Nantes Révoltée en demandant sa dissolution au Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Sa demande a été appuyée par la députée LaREM nantaise Valérie Oppelt et l’ancien ministre de la Transition écologique, François de Rugy.

Dans sa lettre, Christelle Morançais reproche à ce « groupuscule d’ultra-gauche » de contribuer à faire de Nantes « la capitale des violences d’ultra-gauche en France ». Or, si le média Nantes Révoltée couvre bien les manifestations nantaises, c’est dans le cadre de son travail d’information, rappellent ses membres.

« Nantes Révoltée n’est pas un groupuscule anarchiste qui casse des vitrines comme a pu le dire Darmanin. C’est le gros fantasme du pouvoir de la droite locale. Ce n’est pas la première fois qu’ils réclament notre dissolution mais c’est la première fois qu’ils lancent une procédure.  Nous assumons notre ligne éditoriale engagée au service des luttes, mais nous n’organisons pas les manifestations. » explique Jean-Michel, membre de Nantes Révoltée, pour La Relève et La Peste

Créé il y a dix ans, Nantes Révoltée se positionne comme un « média autonome et engagé sur les luttes sociales et environnementales à Nantes et dans le monde » à la plume bien trempée.

L’équipe d’une trentaine de personnes est exclusivement bénévole. Elle bénéficie d’une jolie communauté de 300 000 lecteurs sur différents réseaux sociaux, a un site Internet, et a publié dix revues papiers « insolentes et intelligentes » pour proposer un autre regard sur les luttes sociales.

Nantes Révoltée a été le premier média à diffuser les images révélant comment Steve Maia Caniço a été noyé suite à une charge policière le soir de la fête de la musique, en 2019, à Nantes. Deux ans plus tard, le préfet de Loire-Atlantique et le commissaire chargé de l’opération ont été mis en examen.

Crédit : Nantes Révoltée

Le porte-parole de la colère populaire

Si Darmanin a laissé 15 jours au média indépendant pour faire valoir ses arguments, l’équipe de Nantes Révoltée n’a pour l’instant reçu aucun courrier officiel actant le début de la dissolution et ignore encore quels sont les reproches très précis qui lui sont faits.

Darmanin lui-même n’a pas semblé sûr de son grief, lorsqu’il a expliqué à l’Assemblée nationale : « Une fois que les choses seront construites et que nous serons inattaquables, je proposerai au président de la République la dissolution ». Avec, in fine, l’intention de faire valider la procédure par le Conseil d’Etat. Une déclaration qui a laissé le Préfet de Loire-Atlantique sceptique.

« C’est bien gentil de nous rappeler que la dissolution d’un groupement de faits existe dans les textes(article 212-1 du code la sécurité intérieure), a affirmé, dans une interview à Ouest-France, le préfet de Loire-Atlantique. Si Nantes révoltée est considérée comme un média, on est confronté au respect de la loi sur la liberté de la presse. »

Plus amusés qu’inquiets, les membres de Nantes Révoltée ont vu leurs abonnés grimper avec ce coup de publicité imprévu, ont lancé une pétition qui a recueilli près de 27 000 signatures et reçoivent de nombreux messages de soutien.

« Au départ on a bien rigolé, car les personnes qui nous attaquent n’ont pas de leçons à nous donner ni sur la légalité, ni sur le bien commun. Darmanin a déjà écrit pour un journal royaliste (l’Action Française), c’est un ministre d’extrême-droite convaincu. Christelle Morançais, est une amie de Sarkozy et Fillon, tous deux condamnés à de la prison ferme, et s’est elle-même  enrichie sur la spéculation foncière qui ravage nos territoires. Quant à François De Rugy, il est impliqué dans une association de familles aristocrates (l’Association d’entraide de la noblesse française dite ANF, ndlr). En tant que député de Nantes, on a sorti beaucoup d’articles sur lui. C’est donc une façon pour lui de se venger. Leurs valeurs sont complètement opposées aux nôtres, ce sont des ennemis politiques. Là, ils nous attaquent pour nous faire taire mais cette triplette n’a aucune leçon à donner sur la liberté de la presse, on est tout à fait légitimes d’utiliser notre rôle de contre-pouvoir. » énumère Jean-Michel, membre de Nantes Révoltée, pour La Relève et La Peste

Le homard est en plastique sur cette photo – Crédit : Nantes Révoltée
 

Suite à la déclaration du ministère de l’Intérieur, de nombreux politiques de gauche, tels que Jean-Luc Mélenchon ou Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste, NPA), de médias comme les journalistes de France3 ou des organisations syndicales, comme Union Solidaires 44, ont apporté leur soutien à Nantes Révoltée.

Ainsi que le rappellent leurs avocats dans un communiqué de presse, cette dissolution serait un dangereux précédent pour lancer ce genre d’offensive contre « toute organisation qui relaierait des appels à manifester si, ultérieurement, des dégradations ont été commises », une manœuvre politique « contraire aux principes républicains ».

« Cette procédure administrative vise à asphyxier les oppositions, les contre-pouvoirs. C’est une attaque en règle contre la liberté de la presse et la liberté d’expression de la part d’une minuscule caste qui ne représente plus qu’elle même. En 2022, le régime politique semble avoir atteint un niveau d’illégitimité et de faiblesse si élevé qu’il se sent menacé par un petit média indépendant et local. » analyse Nantes Révoltée

Bien déterminés à défendre leur travail d’information, les membres de Nantes Révoltée revendiquent leur rôle de porte-parole de la colère populaire à travers une pluralité de regards critiques de la société et du pouvoir en place.

« On considère que le gouvernement est responsable de la colère des laissés-pour-compte qui s’expriment dans la rue : les gens n’ont pas besoin de nous pour être en colère et se mobiliser. Ce n’est pas la première fois qu’il y a une vitrine brisée, les luttes sociales ne vont pas s’arrêter avec Nantes Révoltée, et tant que le gouvernement va mettre le feu aux poudres, les manifestations continueront. Si le gouvernement veut faire baisser les tensions sociales, il faudrait mieux qu’il instaure une meilleure répartition des richesses plutôt que censurer les médias indépendants. » affirme un membre de Nantes Révoltée pour La Relève et La Peste

Et de conclure : « nous sommes bien un média, attaqué par des personnes odieuses responsables du marasme social économique et politique, nous ne faisons que raconter leurs erreurs. »

Crédit photo couv : Nantes Révoltée

28 janvier 2022 - Laurie Debove  

 

Source : https://lareleveetlapeste.fr/en-voulant-dissoudre-le-media-independant-nantes-revoltee-darmanin-sattaque-a-la-liberte-de-la-presse/

 

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