On a reçu ça :
Article dans l'Indépendant du 25 avril 2018
P.-O. : projet de gazoduc STEP,
la fuite qui met le feu aux poudres
Un rapport remettant en cause l’intérêt du
projet de gazoduc entre Barcelone et Carcassonne divulgué.
Le rapport, réalisé par le cabinet d’études
finlandais Pöyry à la demande de la commission européenne,
s’est mystérieusement retrouvé sur la place publique la
semaine dernière. Via les sites internet de l’agence de presse
Reuters et du mensuel espagnol La Marea. Les opposants au
projet de gazoduc transfrontalier STEP, qui pourrait relier
Barcelone à Carcassonne en traversant les Pyrénées-Orientales
et l’Aude dès 2022, se sont vite emparé du document. Il faut
dire qu’ils attendaient la publication de cette étude,
terminée en novembre 2017 et réputée défavorable au projet,
avec impatience. « Plusieurs eurodéputés avaient demandé
à obtenir ce rapport financé par des fonds publics, mais la
commission européenne avait refusé à cause des enjeux
commerciaux », rappelle Éric Le Balier, du collectif
contre le gazoduc transfrontalier STEP/Midcat.
« Aucun avantage pour les usagers »
Finalement, cela valait peut-être la peine
d’attendre. Les conclusions de l’étude coûts-avantages valent
leur pesant de cacahuètes : « L’analyse engagée et les
cinq scenarii examinés nous amènent à conclure que le projet
peut avoir un intérêt économique, mais en présence de la
combinaison de trois facteurs spécifiques : de faibles
niveaux de demande en gaz en Europe, la restriction de
l’accès au gaz algérien et une augmentation du prix du gaz
naturel liquéfié. » Pour le président de l’association
En commun, Philippe Assens, comme pour l’ensemble des
détracteurs du gazoduc, l’étude est « clairement » défavorable
au projet. « Ce gazoduc n’a aucun avantage pour le
consommateur, analyse-t-il. Il a plutôt des inconvénients,
notamment liés à l’impact environnemental du chantier. De
plus, si jamais cet investissement se fait et que ce n’est
pas rentable, ce sont les usagers des zones traversées qui
devront supporter son coût. » Éric Le Balier évoque
également une possible augmentation des tarifs du gaz côté
français. Et renchérit : « L’étude démontre aussi que ce
gazoduc n’a aucun intérêt pour la sécurisation de
l’approvisionnement en gaz de la France et de l’Espagne (un
des principaux arguments des entreprises qui portent le
projet, NDLR). »
Un tuyau qui ne sécurise rien ?
Afin de déterminer l’impact de STEP en
matière de sécurisation des approvisionnements, le rapport
Pöyry simule plusieurs situations problématiques. Comme
l’arrêt complet des exportations de gaz russe, algérien ou
qatari vers l’Europe pendant six mois. Et là aussi, le verdict
est sans appel. « L’inclusion de STEP dans les situations
de tension testées n’a pas changé l’impact de ces situations
», indiquent les experts.
Confortés par ces conclusions, les opposants
au gazoduc continuent de réclamer l’abandon du projet. «
Il faut sortir des énergies fossiles, martèle Éric Le
Balier. On demande qu’il n’y ait plus de soutien financier
public pour ce genre de projet. L’argent public investi dans
le gaz, c’est de l’argent en moins pour les énergies
renouvelables. » Le responsable de la partie française
du projet pour l’entreprise Teréga (ex-TIGF), Michel Boche, ne
partage bien évidemment pas le point de vue du collectif.
Selon lui, les résultats mis en avant ne sont pas
significatifs (voir encadré). Teréga compte déposer la demande
d’autorisation administrative du projet STEP dès juin 2019.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire