Libre, entretien avec Michel Toesca
Séance Spéciale
17.05.18 . 08:40
Mise à jour :17.05.18 . 14:07
Durant trois ans, le cinéaste Michel Toesca a filmé l'arrivée progressive des réfugiés dans la vallée de la Roya, proche de la frontière italienne, avec l’aide de Cédric Herrou, un fermier qui a depuis été condamné. Singulier par sa forme et son ton, Libre est un geste de résistance rappelant que la réponse au drame qui touche les réfugiés doit être l'humanité.
Quel est le point de départ de votre film ?
J'habite dans la Vallée de la Roya depuis dix ans. Comme tous ses habitants, j'ai été confronté ces dernières années à l'arrivée progressive des réfugiés. Quelques mois auparavant, à Vintimille, ville italienne située près de la frontière, j'avais constaté la présence de deux ou trois cents migrants qui traînaient dans les rues et dormaient sur la plage. C'était en 2015, et ils n'avaient pas encore gagné la Roya. C'est à ce moment-là que j'ai pris ma caméra et commencé à tourner. C'est donc en Italie que tout a commencé. Je suivais les réfugiés quand ils tentaient de passer la frontière et d'arriver dans la Roya.
Comment s'est nouée votre collaboration avec Cédric Herrou ?
Je connaissais Cédric depuis longtemps et il m'a un jour confié qu'il aidait des réfugiés. C'est le seul qui, pendant ces trois années de tournage intense, n'a jamais lâché prise. C'est la raison pour laquelle il est la figure centrale du film. La complicité et l'amitié qui me lient à Cédric m'ont permis d'être au plus près de l'action et de filmer des instants d’allégresse et de fêtes essentielles en dépit d'une situation très grave.
De quelle façon avez-vous procédé sur le terrain ?
Pendant deux ans, j'ai tourné et monté seul. Quand Jean-Marie Gigon, le producteur, a finalement décidé de s'impliquer dans le développement du film, j'ai demandé à travailler avec un monteur pour être encore plus près de ce qui se passait sur le terrain. Catherine Libert, en qui j'ai une très grande confiance, a accepté de se voir confier le projet. Je me suis ainsi déchargé de l'idée de la narration et je me suis concentré sur l'action. J'ai commencé à tourner au mois de juin 2015 et j'ai terminé en novembre dernier. La neutralisation de la vallée a amené une fin au film, une fin qui faisait sens.
J'habite dans la Vallée de la Roya depuis dix ans. Comme tous ses habitants, j'ai été confronté ces dernières années à l'arrivée progressive des réfugiés. Quelques mois auparavant, à Vintimille, ville italienne située près de la frontière, j'avais constaté la présence de deux ou trois cents migrants qui traînaient dans les rues et dormaient sur la plage. C'était en 2015, et ils n'avaient pas encore gagné la Roya. C'est à ce moment-là que j'ai pris ma caméra et commencé à tourner. C'est donc en Italie que tout a commencé. Je suivais les réfugiés quand ils tentaient de passer la frontière et d'arriver dans la Roya.
Comment s'est nouée votre collaboration avec Cédric Herrou ?
Je connaissais Cédric depuis longtemps et il m'a un jour confié qu'il aidait des réfugiés. C'est le seul qui, pendant ces trois années de tournage intense, n'a jamais lâché prise. C'est la raison pour laquelle il est la figure centrale du film. La complicité et l'amitié qui me lient à Cédric m'ont permis d'être au plus près de l'action et de filmer des instants d’allégresse et de fêtes essentielles en dépit d'une situation très grave.
De quelle façon avez-vous procédé sur le terrain ?
Pendant deux ans, j'ai tourné et monté seul. Quand Jean-Marie Gigon, le producteur, a finalement décidé de s'impliquer dans le développement du film, j'ai demandé à travailler avec un monteur pour être encore plus près de ce qui se passait sur le terrain. Catherine Libert, en qui j'ai une très grande confiance, a accepté de se voir confier le projet. Je me suis ainsi déchargé de l'idée de la narration et je me suis concentré sur l'action. J'ai commencé à tourner au mois de juin 2015 et j'ai terminé en novembre dernier. La neutralisation de la vallée a amené une fin au film, une fin qui faisait sens.
C'est un film politique,
un film sur les droits politiques,
question inhérente à notre condition d'être humain.
Comment les réfugiés ou les aidants ont-ils accueilli votre caméra ?
Au début, les gens étaient très réticents car rien n'était encore médiatisé. Petit à petit, le levier politique soulevé par la médiatisation croissante a débloqué les situations. Parfois, lorsqu'elles étaient tendues, j'organisais avec quelques complices que des images soient tournées à l'aide de téléphones portables.
Qu'est-ce qui vous a marqué durant ces trois ans de tournage ?
Ce qui était très intéressant, c'était de voir à quel point les réfugiés ne se retrouvait pas dans la Roya comme à Paris ou à Calais : face à un mur. Ils étaient accueillis ! Il y avait une force très positive dans cette dynamique de voyage. Une énergie qu'ils nous ont communiquée, avec des rires et beaucoup de fantaisie. Cette joie de vivre, l'humour et la dérision ont porté le film et nourri notre façon de faire face à la situation.
Que représente ce film pour vous ?
Pour moi, c'est un film politique, un film sur les droits politiques, question inhérente à notre condition d'être humain. Cédric et moi nous sommes toujours définis comme des citoyens qui réagissent à une situation particulière, et non comme des militants. Ce film est un geste de création qui se pose comme une action de résistance. Le cinéma joue dans ces cas-là un rôle essentiel.
Quelle est la situation à l'heure actuelle dans la vallée de la Roya ?
Pendant trois ans, la vallée a été une étape importante du parcours des migrants vers le nord de l'Europe. Aujourd'hui, l’État l'a complètement neutralisée avec une présence militaire et policière démesurée. Les forces de l'ordre se promènent dans les villages de la vallée, font des check-point partout. Cédric a été mis en examen et ne peut plus agir. Les réfugiés savent qu'ils ne peuvent plus passer par la Roya. C'est pour cette raison qu'ils passent par le col de l'Échelle, près de Briançon.
Au début, les gens étaient très réticents car rien n'était encore médiatisé. Petit à petit, le levier politique soulevé par la médiatisation croissante a débloqué les situations. Parfois, lorsqu'elles étaient tendues, j'organisais avec quelques complices que des images soient tournées à l'aide de téléphones portables.
Qu'est-ce qui vous a marqué durant ces trois ans de tournage ?
Ce qui était très intéressant, c'était de voir à quel point les réfugiés ne se retrouvait pas dans la Roya comme à Paris ou à Calais : face à un mur. Ils étaient accueillis ! Il y avait une force très positive dans cette dynamique de voyage. Une énergie qu'ils nous ont communiquée, avec des rires et beaucoup de fantaisie. Cette joie de vivre, l'humour et la dérision ont porté le film et nourri notre façon de faire face à la situation.
Que représente ce film pour vous ?
Pour moi, c'est un film politique, un film sur les droits politiques, question inhérente à notre condition d'être humain. Cédric et moi nous sommes toujours définis comme des citoyens qui réagissent à une situation particulière, et non comme des militants. Ce film est un geste de création qui se pose comme une action de résistance. Le cinéma joue dans ces cas-là un rôle essentiel.
Quelle est la situation à l'heure actuelle dans la vallée de la Roya ?
Pendant trois ans, la vallée a été une étape importante du parcours des migrants vers le nord de l'Europe. Aujourd'hui, l’État l'a complètement neutralisée avec une présence militaire et policière démesurée. Les forces de l'ordre se promènent dans les villages de la vallée, font des check-point partout. Cédric a été mis en examen et ne peut plus agir. Les réfugiés savent qu'ils ne peuvent plus passer par la Roya. C'est pour cette raison qu'ils passent par le col de l'Échelle, près de Briançon.
Bande annonce : https://www.facebook.com/librefilm/videos/2088869551361877/?fref=mentions
Rédigé par Benoit Pavan
Source : https://www.festival-cannes.com/fr/festival/actualites/articles/libre-entretien-avec-michel-toesca
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