Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

dimanche 3 décembre 2017

Chronique des ZAD novembre 2017

Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant ce mois de novembre 2017 ; on y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, de l'anti CGO de Strasbourg, et de plein d'autres sujets.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse. 



PROJET D’AYRAULT – PORT de


NOTRE DAME DES LANDES (44) 



Source : ZAD.nadir.org et médias

 Novembre 2017



 Et ailleurs : Indymédia Nantes (44) - Anti CGO Strasbourg (67) - Anti THT (12) - Sivens (81) - Lyon (69) - Hambach (Allemagne) - Bure (55) - Granquié (81) - Landivisiau (29) - Projet de station de ski dans le massif "Svydovets" (Ukraine)


ZAD de NDDL - 44


 

Infos du 6 au 12 novembre

 
Jeudi 9 novembre




 
Le gouvernement a fait savoir qu’il "trancherait" sur la question du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en principe avant Noël. Nous appelons les comités et soutiens partout en France et au-delà à se préparer à se retrouver le soir de cette annonce dans la rue - devant les mairies, Préfectures ou ailleurs - pour prendre ensemble la mesure de cette décision. Aux comités locaux de préciser par avance les lieu de rendez-vous les plus adéquats dans leur contexte.
Nous appelerons aussi à converger et se retrouver nommbreux/ses sur la ZAD environ un mois après la décision, quelle qu’elle soit.

Contre l’aéroport. Pour l’avenir de la zad !
L’assemblée du mouvement anti-aéroport du 7 novembre 2017


Lecture


Les papis en résistance sont de retour avec le tome 4 de la BD Les vieux fourneaux [ici]. Le tome 4 s’appelle "La magicienne". C’est le nom d’une sauterelle qui pond ses larves sur une zone à défendre qui servira de trame de fond aux aventures de ces vieux anars.

ZAD 
 
"Everything’s coming together while everything’s falling apart : The ZAD" : Ce film [ici] (en anglais) fait partie d’une série de films sur les luttes autour de la question du changement climatique. Celui-ci s’intéresse principalement à ce qui se passe sur la zad de Notre-Dame-des-Landes


Dimanche 12 novembre

Sème Ta Zad 

 

Message du groupe "PATATES" La culture collective de pommes de terre sur la ZAD a permis de produire environ 15 T cette année. Il y a donc de quoi en manger tout l’hiver, mais on l’avait aussi dimensionné ainsi pour que les comités de soutien, les personnes du mouvement, les cantines de lutte, d’autres lieux en lutte, etc., puissent en profiter. Donc n’hésitez pas à venir vous servir, et à faire tourner le mot. Les patates sont stockées au Rosier, dans le petit hangar, avec un message explicatif sur quels sacs prendre et une caisse "prix libre" pour financer les cultures de Sème ta ZAD.

18h26mn 

 

On nous envoie des messages pour prévenir de contrôles de flics un peu partout autour de la zone, surement due à une fête qui a eu lieu pas très loin de la Noé Verte.


Infos du 13 au 19 novembre



Mercredi 15 novembre

 

ZAD


Jetez un oeil à l’agenda, le programme est bien chargé sur la zad toute cette semaine, entre formation plantes médicinales, soirée autour d’Annie Ernaux, atelier "garde à vue", boum, chantier au verger ... Bienvenue !

Demain manif à Nantes (et ailleurs) "contre la loi travail XXL", rdv à 10h à Commerce. Tou-te-s dans les rues ! Plus d’infos ici.

Samedi 18 novembre

Lecture

L’autonomie, c’est un mot qui revient (de plus en plus ?) souvent dans les discours et les écrits, que ce soit ici à la zad de NDDL ou dans beaucoup de luttes plus ou moins contestataires. Voici un texte écrit par un-e occupante qui la questionne.

Une tournée des bourgs pour initier un mouvement de défense des terres de la ZAD


A l’intention des habitant-es, différentes composantes de la lutte et soutiens de la ZAD

Rendez-vous le mercredi 15 Novembre à 20h30 à la Rolandière

Lorsque le projet d’aéroport sera abandonné, il sera nécessaire de prolonger le rapport de force avec le gouvernement pour assurer le futur des terres de la ZAD. Pour initier cette nouvelle phase de la lutte, le soutien d’habitant-es autour de la ZAD sera primordial pour de nombreuses raisons.

Nous aurons besoin de faciliter le rapport avec les exploitant-es agricoles, trouver des manières pour que le fonctionnement de l’entité de gestion des terres de la ZAD soit compris par les gens du coin. Ceci pour une double raison : partager les usages des terres localement (affouages dans les bois, cultures collectives, développer les liens grâce aux dynamiques agricoles…) et prévenir les conflits futurs tout en prolongeant la dynamique de prise de terres des cumulards. Nous aurons également besoin de penser et de s’organiser avec les services publics pour la gestion des biens communs tels que les routes, les fossés, l’eau, etc.

L’idée serait de trouver des formes d’intervention dans l’espace public pour entrer en relation avec les habitant-es du coin pour au minimum initier un dialogue et susciter de la curiosité envers la ZAD, au mieux créer du soutien envers ce mouvement « pour l’avenir de la ZAD ».

Dans le passé, nous avons déjà réalisé des actions à destinations des habitant-es du coin : journées portes grandes ouvertes, lettres d’invitations dans des lieux de vies tractées dans les boîtes aux lettres, journal « laisse béton », réunions publiques, projections de films…

Nous pouvons reprendre des formes qui ont déjà marché, et nous pouvons également imaginer d’autres formes comme des cantines de rue, des ateliers mobiles (forge, sérigraphie…) et des productions de la ZAD (pain, légumes, farine…) pour parler des terres et du réseau de ravitaillement des luttes, ce pourrait être des interventions sur des marchés ou dans des salles publiques…

Cette tournée des bourgs ne peut être une réussite qu’en présence de soutiens actifs dans la préparation. C’est pourquoi nous vous invitons le mercredi 15 novembre à 20h30 à la Rolandière pour discuter des formes, dates et itinéraires que cette tournée pourrait prendre.

A bientôt !

Des habitant-es de la ZAD et des membres des comités locaux


Se réapproprier les moyens de productions et la santé au travail, occuper son usine pour gagner les luttes, le collectif syndical vous propose d'ouvrir les imaginaires des luttes locales !

Rencontrez les travailleuses et les travailleurs de Vio.me, usine occupée à Théssalonique en Grèce, et SCOP-TI, anciennement FRALIB et plus connus à travers leur marque de thé "1336", du nombre de jour de l'incroyable lutte qu'ils nous raconteront le 16 décembre.

En Pièce jointe l'affiche de l'évenement, toutes les infos, tract et trailer vidéo des rencontres sur
https://blogs.mediapart.fr/

Rendez-vous le 16 décembre à la maison des syndicats! et sur la zad, au Taslu à 19h.
https://zad.nadir.org/spip.
 
Pour nous contacter, envoyer un mail à syndicnon@riseup.net

N'hésitez pas à faire tourner dans vos réseaux !

La médiation à propos du transfert de l’aéroport deNotre-Dame-des-Landes tire à sa fin et le gouvernement a promis une décision avant Noël.

Quelle que soit celle-ci, il sera nécessaire de marquer notre engagement à rester et à lutter ensemble sur la zad, et au-delà. Un appel à se rassembler dans toutes les villes de France le jour de la décision gouvernementale a d’ors et déjà été lancé (cf plus bas).

Lors de la dernière réunion intercomités du 22 octobre, une discussion a démarré sur les formes que pourrait prendre un rassemblement sur la zad pour démontrer notre détermination à continuer, que ce soit dans la joie de la victoire ou la colère de la déception. Nous proposons de continuer cette conversation afin d’avoir des propositions à apporter au mouvement,  le vendredi 17 novembre à 20h30 dans l’espace info de la Rolandière.

Appel de l'assemblée du mouvement anti-aéroport du 7 novembre 
en vue de la prise de position annoncée par le gouvernement.

 
A diffuser au sein des comités et réseaux.

Le gouvernement a fait savoir qu'il "trancherait" sur la question du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, en principe avant Noël. Nous appelons les comités et soutiens partout en France et au-delà à se préparer à se retrouver le soir de cette annonce dans la rue -devant les mairies, Préfectures ou ailleurs - pour prendre ensemble la mesure de cette décision. Aux comités locaux de préciser par avance les lieu de rendez-vous les plus adéquats dans leur contexte.

Nous appellerons aussi à converger et se retrouver nombreux/ses sur la zad environ un mois après la décision, quelle qu'elle soit.

Contre l'aéroport. Pour l'avenir de la zad !

 
Dimanche 19 novembre

A la ZAD, sortir du face-à-face avec l’extérieur


D’ici le 1er décembre, les médiateurs chargés par le gouvernement de proposer des solutions au conflit de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes doivent rendre leur rapport. Après s’être préparés à se défendre contre leur évacuation, des zadistes cherchent le système qui leur permettrait de rester.

Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, de notre envoyée spéciale.- 

Une ambassade logée dans une charpente en bois construite collectivement, un troupeau de moutons autogéré, des cagettes de soutien aux salariés grévistes. De la prouesse architecturale à la solidarité paysanne la plus matérielle, de nouveaux projets éclosent sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Après s’être longtemps préparés à se défendre contre leur évacuation par les gendarmes, des habitant·e·s espèrent rester sur les plus de 1 500 hectares que le mouvement d’occupation tient depuis près de dix ans pour empêcher la construction d’un aéroport.

D’ici le 1er décembre, les trois médiateurs chargés par le gouvernement de proposer des solutions au conflit de l’aéroport du Grand Ouest doivent rendre leur rapport. Les auditions ont cessé, les grands élus locaux (mairie de Nantes, département, région) favorables à la construction de l’aérogare dans le bocage s’inquiètent publiquement de la décision à venir. L’arbitrage du gouvernement et du chef de l’État est attendu avant Noël.

 Loin des salles préfectorales et des bureaux ministériels, l’Ambazada a officiellement été inaugurée fin octobre. Inspirée de la escualita des zapatistes dans le Chiapas, lieu d’accueil et de formations, c’est une salle polyvalente. Elle est destinée à accueillir des collectifs amis, des ateliers, des résidences. Cent personnes peuvent tenir à l’intérieur. 
« C’est un carrefour, décrit Rodod, un de ses architectes, On veut que ça vive, que ça circule, que ce soit une école permanente. » Construite en épicéa de sitka, une essence de la forêt de Rohanne où les combats contre les gendarmes furent si durs en 2012, elle a été érigée en quelques semaines l’été dernier lors d’un chantier collectif. « Des gens qui n’avaient jamais travaillé le bois y ont participé, se réjouit-il. Plein de monde y a contribué, et est reparti en sachant faire quelque chose sur un chantier de construction. En un mois on a réussi à lever un bâtiment. Dans le civil, ça ne se fait jamais ! » La charpente a été levée à la main en deux demi-journées. Initié par un collectif basque, le chantier s’est déroulé en cinq langues, autour de forts principes antisexistes : s’assurer que des femmes participent aux travaux perçus comme plus physiques et des hommes à la préparation de la paille pour l’isolation. Des photos accrochées aux murs témoignent de l’histoire inhabituelle de ce chantier collectif et de son intensité émotionnelle.

À quelques centaines de mètres de là, le collectif moutons à cinq pattes prépare sa dizaine de bêtes à passer l’hiver sur la ZAD. « On envisage de pâturer les sous-bois de la ZAD, on s’intéresse au sylvo-pastoralisme, explique Corentin, l’un de ses membres. Pour nous, pâturer un milieu, c’est permettre à la biodiversité de s’exprimer. Il y a des espaces naturels jugés sans valeur car ici nous sommes dans un milieu naturel humide. On trouve des atouts à ces lieux délaissés par le monde agricole. Les moutons peuvent être un lien entre le monde paysan, des débutant·e·s en agriculture et des naturalistes. » S’occuper de moutons à viande sur la ZAD, « c’est pour nourrir des liens entre ces groupes et entre différentes luttes. C’est un ancrage dans le territoire car tu engages des vies ici pour plusieurs années ». Pour le jeune éleveur, c’est aussi « une façon de continuer à se relier à d’autres luttes et à quelque chose de révolutionnaire dans la manière d’habiter et d’utiliser un espace en commun ».





Hors système agricole conventionnel, ils sont à la recherche de parrains et de soutien matériel pour leurs brebis. Le mouvement d’occupation de la ZAD, squatteurs et paysan·ne·s, viennent de reprendre une trentaine d’hectares aux agriculteurs qui ont cédé à l’amiable leurs terres à Vinci, concessionnaire de l’aéroport. À leurs yeux, les terres de la ZAD sont désormais communes et si le projet d’aéroport est abandonné, elles doivent être gérées par le mouvement qui s’est opposé à l’aéroport.

À quelques kilomètres de la ZAD, Angélique élève des vaches à viande et des moutons avec son compagnon. Ils vendent leurs produits en direct aux consommateurs. La paysanne, ancienne postière, intervient souvent dans les écoles et les établissements pour personnes âgées pour parler de sa ferme et de l’importance de l’agriculture. Elle est aussi une cheville ouvrière de Copains, collectif regroupant des paysan·ne·s et des habitant·e·s de la ZAD pour défendre les terres agricoles. Ils accompagnent des jeunes en recherche de terres disponibles pour s’installer. Entre squatteurs de terres et fermier·e·s expérimenté·e·s, circulent les demandes de conseil et les partages d’expériences. Comment passer la herse ? Se débarrasser du taupin dans son champ de pommes de terre sans produits chimiques ? « Ça nous amène à réfléchir sur comment on travaille sur nos fermes, commente Angélique. C’est tout un échange. Ils arrivent à expérimenter des choses que nous n’avons pas le temps de faire, mélanger les céréales, réutiliser des outils oubliés. »

Depuis l’été dernier, sur une idée du collectif intersyndical contre l’aéroport à la suite des mobilisations contre la loi Travail, un réseau de ravitaillement des luttes en pays nantais s’est mis en place : « la cagette des terres », que l’on peut aussi entendre comme « déter », au sens de « déterminé ». L’idée est simple : soutenir les grévistes en compensant leur perte de salaires par l’offre de ravitaillement en produits de la ferme et les aider ainsi à tenir plus longtemps. « Nourrir la grève », « renforcer les liens entre luttes urbaines et rurales », proclame l’un de leurs tracts. Le réseau regroupe des fermes hors et sur ZAD, des donateurs, des colporteurs, des vigies dans les entreprises pour prévenir en cas de déclenchement de conflit.


 
Tract du réseau « la cagette des terres ». 

Des agents de la poste de Saint-Herblain, dans la banlieue de Nantes, ont fait grève 18 jours cet automne contre la réforme en cours de leur entreprise. « On a apporté un petit déjeuner sur le piquet de grève. On m’a pris pour une postière. En voyant arriver des gens de la ZAD, un gréviste m’a dit : “Mais on n’est pas forcément contre l’aéroport…”. On n’était pas là pour ça mais pour soutenir leur lutte. Le jour de leur reprise, on leur a apporté à chacun·e une cagette avec du fromage, de la soupe de poisson, des pommes de terre, des pâtes, des galettes. Les postiers étaient très émus :On ne sait pas quoi vous dire”, “Je ne voyais pas la ZAD comme ça”. » Pour participer aux manifestations nantaises, des zadistes ont construit une machine mobile qui peut servir à faire la cuisine, jouer de la musique, sortir des tracts, enregistrer des témoignages, jouer pour tuer le temps pendant les blocages. Une manière de redonner un sens actif, concret, à la participation à une manifestation.

Construire des solidarités avec des travailleurs, trouver une place dans le monde rural et paysan, ouvrir des espaces d’accueil et de travail : trois manières pour les habitant·e·s de la zone de sortir du face-à-face avec le monde extérieur. Le sort de la ZAD n’est pas spécifiquement à l’ordre du jour de la médiation gouvernementale. Mais si le projet d’aéroport est abandonné, la question risque de passer au premier plan. Que deviendraient les terres arrachées à l’aéroport ? La puissance publique acceptera-t-elle de laisser la zone aux opposant·e·s ? Les agriculteurs ayant accepté de partir et ayant touché des indemnisations - ainsi que des terres voisines en compensation- voudront-ils récupérer leurs parcelles ?

L’exemple du plateau du Larzac vient vite à l’esprit. En 1981, après dix ans de lutte contre l’extension d’une base militaire, les terres retrouvent leur vocation agricole. En 1985, l’État accorde un bail emphytéotique de 60 ans à la Société civile des terres du Larzac (SCTL). Sa cinquantaine de membres assure la gestion des 6 300 hectares du plateau et favorise l’installation de jeunes. Mais ce modèle n’est pas sans contrainte : les paysan·ne·s bénéficient de baux de carrière et ne peuvent garder les fermes arrivés à l’âge de la retraite. Quelle place pour les projets non agricoles ? Et beaucoup sur la zone souhaitent garder une radicalité politique qu’ils ne voient plus sur le Larzac. 
D’autres modèles de pérennisation de squats ou d’occupations de terres sont étudiés à la loupe par le mouvement d’occupation contre l’aéroport, réunissant des agriculteurs et opposants historiques, des élus, des juristes, naturalistes, comités de soutien et des habitant·e·s de la zone. Ils sont tombés d’accord sur « six points pour l’avenir de la ZAD » : que tous les habitant·e·s actuelles de la zone puissent y rester, que les agriculteurs retrouvent leurs droits, les anciens propriétaires et locataires qui ont subi l'expropriation et ont refusé les indemnisations aussi. Que les terres soient prises en charge par une entité issue de la lutte, et qu’elles servent à des installations agricoles ou non, officielles ou hors cadre, mais pas à l’agrandissement des exploitations existantes. Et que les formes d'habitat, de vie et de lutte créées sur ce territoire puissent se poursuivre.

Pour Copains, dont fait partie la Confédération paysanne, le syndicat longtemps dirigé par José Bové, un historique du Larzac, il sera nécessaire de créer une entité pour gérer les terres de la ZAD et servir d’interlocuteur aux acteurs institutionnels : chambre d’agriculture, préfecture, etc. D’où l’importance de développer au plus tôt des projets d’installation agricole sur la zone.


Sur la ZAD, une assemblée des usages a commencé à se réunir pour préparer la suite : hypothèses sur l’avenir, gestion des conflits, installations. « Prendre des terres actuellement gérées par Vinci , c’est important pour l’action collective, explique Camille, car cela met en œuvre dès maintenant ce que nous voulons pour l’avenir : que le mouvement prenne en charge les parcelles. » Et que la diversité des pratiques soit respectée. Actuellement 530 hectares de la Zad sont prêtées par Vinci aux agriculteurs qui ont accepté les indemnisations, sous la forme de baux précaires. Ce sont ces parcelles que les opposant·e·s souhaitent reprendre sous leur contrôle. Plusieurs personnes venues occuper la zone souhaitent y développer des projets agricoles officiels. D'autres voudraient maintenir des formes de production collective sans statut officiel. D’autres encore voudraient se consacrer à la prise en charge de la forêt et des haies, plutôt que la rétrocéder à l’ONF. « Par rapport aux tensions internes du printemps dernier, on reconstruit des bases et un futur possible, se réjouit Camille. Malgré tous les a priori sur l'impossibilité de vivre sans Etat et sans police, on s'en est très bien sorti depuis cinq ans. On a toujours le désir de continuer ensemble. »

Pour ces habitant·e·s, dont certain·e·s vivaient déjà sur la zone avant l’opération César de 2012, commence la recherche d’un équilibre délicat : trouver un statu quo sans pervertir le sens et la radicalité de leur expérience, inédite, sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

PS : Pour ce reportage, je me suis rendue sur la ZAD du 27 au 29 octobre. Les personnes interrogées apparaissent pour certaines sous leurs véritables noms, pour d'autres sous un nom d'emprunt. 
Pour contacter le collectif Moutons à cinq pattes : moutonsa5pattes@riseup.net//



Jade LindgaardMédiapart



Squats-espaces autogérés


Expulsions à Nantes. L’ancienne école des Beaux-Arts, occupée depuis hier pour mettre à l’abri des mineurs isolés a été expulsée cet après-midi. Trois blessé.e.s, affaires balancées, pas d’arrestations, et au-delà de tout cynisme la Mairie annonce mettre en place des logements d’urgence.

Plus d’infos et photos prises de Nantes Révoltées :

Ce bâtiment vide appartient à la mairie. Nantes, ville socialiste, qui envoie des escadrons de CRS pour détruire les solidarités. Nantes, ville socialiste, qui jette à la rue des enfants étrangers en hiver.

https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/?hc_ref=ARQAOa4BZmC15RciPg-v4ug0KdQoRw0cU-kYp2j4YNW8BkFDYrVtOQa8h6oURHnug0A

Infos du 20 au 26 novembre

Lundi 20 novembre

On relaie un appel à contribution : une équipe de personnes sur la Zad cherche des motivé-es pour aider à la traduction (anglais-français) d’un manuel d’agriculture sans intrants animaux. C’est par là.

Mardi 21 novembre



Naturalistes en lutte :


Ballade naturaliste afin de réfléchir ensemble à des usages qui permettent à la diversité d’espèces présentes sur la zad de se maintenir.

Contre les grands projets :


Déclaration commune d’habitant.e.s de territoires en lutte face au sommet climat du 12 décembre à Paris


Jeudi 23 novembre

Jeunes exilé.e.s à la rue, Expulsion - Réaction !

Après l’expulsion violente des Beaux-Arts dimanche dernier,
7 salles de la fac de Nantes sont actuellement occupées pour héberger des mineur.e.s isolé.es. Besoin de soutien et de matériel (matelas, bouffe, couvertures...) surtout vendredi matin tôt.

Le communiqué : https://nantes.indymedia.org/articles/39223



Vendredi 24 novembre


Solidarité avec les migrant-e-s 

 

SAMEDI 25/11 à 14h : RASSEMBLEMENT Au Mémorial de l’abolition de l’esclavage Quai de la fosse, Nantes (Pont Anne de Bretagne)

Notre-Dame-des-Landes : le bruit n’est pas un argument, 

prouvent des experts néerlandais


Une étude réalisée par le bureau d’étude néerlandais Adecs montre que le problème du bruit de l’aéroport de Nantes est très exagéré. Avec l’évolution technique des avions, il devrait encore se réduire.

Avant que ne soient connues les conclusions des trois médiateurs nommés par le gouvernement en juin dernier, le CéDpa (Collectif d’élu·es contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes-, et l’Acipa, l’association citoyenne des opposants au projet, rendent publique une contre-enquête sur l’impact sonore de l’actuel aéroport. Qui prouve que les restrictions d’urbanisme sont à revoir à la baisse. La question est cruciale : les promoteurs de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes assurent que le bruit de l’actuel aéroport de Nantes est insupportable, ce qui justifierait son transfert au loin.

L’étude, rendue publique ce vendredi 24 novembre et réalisée par le bureau d’études Adecs-Airinfra, basé à La Haye, établit que le bruit des avions n’est pas une entrave à l’extension et la densification de la ville. La zone de bruit est bien moins étendue que ce que prétend la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). De plus, l’évolution technique des avions devrait réduire leur bruit, ce qui réduira encore l’emprise des zones urbaines retenues dans les plans de gêne sonore et qui affectent les plans locaux d’urbanisme des communes.

« Pour l’étude du bruit aérien futur autour de Nantes Atlantique, on a su que les médiateurs s’apprêtaient à refaire des calculs pour cartographier un scénario de référence et trois variantes, mais à partir des chiffres fournis par la DGAC. Il nous a paru indispensable de repartir de chiffres plus fiables », explique Geneviève Lebouteux. Le cabinet indépendant Adecs-Airinfra a donc été sollicité pour réaliser cette analyse : « C’est le bureau hollandais qu’on avait déjà fait travailler en 2013. Le coût de l’étude, plus de 20.000 euros, a été totalement financé par l’appel aux dons », dit de son côté Françoise Verchère, porte-parole du CéDpa.

Le résultat tient en trois cartes qui représentent les périmètres de gêne liée aux décibels. Les zones recalculées par le bureau d’étude néerlandais sont plus petites, « jusqu’à 45 % de réduction de surface » souligne Geneviève Lebouteux.

Le premier schéma qui semble étaler une peau de crocodile géant, à nez pointu, est la version officielle produite en 2003 et largement contestée. La queue de l’animal empiète sur l’hyper centre de Nantes.


 
Selon ce schéma, l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes bloquerait l’urbanisation galopante de l’île de Nantes, au sud du centre. Un imbroglio qui disparait avec les scénarios réévalués à la baisse par le cabinet indépendant hollandais.

Car les nouvelles cartes produites sur des chiffres plus fiables révèlent des espaces de gêne sonore bien moins étendus que la version de la DGAC.

 
 
Les cartes établies par les experts néerlandais

 
Ces aires d’exposition au bruit recalculées retiennent deux valeurs de décibels pour la zone C : en violet à 55 Db, qui est la valeur maximale retenue légalement, et en bleu à 57 Db, valeur plus laxiste retenue par dérogation à Nantes.
 Télécharger les trois cartes, avec les détails :

Les trois cartes de bruit : DGAC et experts néerlandais
« Nous avons fait faire deux scénarios au bureau d’études. La différence entre les deux c’est la répartition de l’utilisation de la piste. Et aussi les trajectoires d’arrivée au nord, un peu différentes, précise Françoise Verchère. Ce n’est pas ce que la DGAC dira, ou la médiation, mais même si leurs hypothèses seront différentes, notamment sur le nombre de mouvements [départs et arrivées d’avions], il y a une évidence : le progrès technique des avions "gommera" l’augmentation des mouvements, les zones gelées par le plan d’exposition au bruit rétrécissent, des zones à urbaniser se libèrent sur Bouguenais et Saint-Aignan. »

Tous les spécialistes s’accordent sur ces projections, y compris les pontes de l’aviation civile. Lors d’un colloque à Toulouse en novembre 2015, Paul Schwach, directeur adjoint de la DGAC, parti en retraite cinq mois auparavant, évoquait l’inéluctable atténuation des nuisances sonores liée au progrès technique des appareils et à la réduction du nombre de mouvements.

Les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ont plusieurs fois pris les techniciens de la DGAC en flagrant délit de trucage des chiffres, estimations financières de travaux, projections de trafic ou autres analyses versées à l’appui de leurs études, toutes favorables au nouvel équipement à trente kilomètres au nord.

    Le dernier argument des bétonneurs : le bruit




 
Ces dernières semaines, le lobbying des partisans d’une construction d’un aéroport dans le bocage ont beaucoup utilisé l’argument du bruit. En juillet, une stèle était érigée « en mémoire des victimes inconnues de Nantes Atlantique » de l’actuel aéroport, une bougie allumée devant pour an rajouter sur la fibre émotionnelle. Les victimes ? Il s’agirait des riverains atteints d’insomnies et des « troubles et retards dans l’apprentissage chez les enfants en maternelle et primaire ».

Jean-Claude Lemasson n’est pas le dernier à essayer de faire du bruit. Maire de la commune de Saint-Aignan dont le périmètre englobe le bout des pistes d’envol (l’aérogare et les parkings étant sur la commune de Bouguenais), il s’est lancé dans une tardive croisade contre les méfaits du bruit sur la santé de ses 3.800 administrés. Fin septembre, il parlait de traîner l’État devant les tribunaux pour mise en danger de la vie d’autrui. Il prône un « couvre feu » qui supprimerait le trafic aérien nocturne, affirmant que ses concitoyens Aignannais ont subi plus de 25 vols par nuit l’été dernier.

« Mensonge éhonté, rétorque le comité du pays de Retz des opposants à Notre-Dame-des Landes. Nous avons relevé tous les horaires des atterrissages et décollages du 22 juillet au 31 septembre. Sur cette période, entre 22h30 et 6h du matin, le maximum en une nuit a été de 13 vols, décollages et atterrissages cumulés. Durant cette même période d’été, la moyenne par nuit est légèrement supérieure à 8 atterrissages et décollages. Mais combien d’avions, en moyenne, sont passés au-dessus des habitants de Saint-Aignan ? Pour éviter les accidents, les décollages ne se font pas par le même côté que les atterrissages, il faut donc diviser le total par deux. C’est donc une moyenne de 4 avions par nuit qui ont survolé Saint-Aignan. »

Dans ses plaidoyers, le maire de Saint-Aignan mélange pollutions acoustiques ou celles émanant des gaz de combustion, évoquant de manière fumeuse un « cocktail » plein de « perturbateurs endocriniens ». A la mi novembre, la commune a saisi le Premier ministre afin d’inclure Nantes-Atlantique dans la liste des aéroports tenus de faire un Plan de prévention du bruit dans l’environnement.

Les élus du CéDpa trouvent pour le moins douteuse cette offensive de dernière heure, alors que ni le maire de Saint-Aignan, ni les trois associations pro-transfert reçues par les médiateurs n’avaient jusqu’ici bataillé sur la question des nuisances sonores, n’ayant jamais demandé l’arrêt des vols de nuit, l’augmentation des tarifs pour les avions bruyants, ou l’actualisation des estimations de gêne sonore. L’étude d’Adecs-Airinfra devrait permettre de replacer le débat sur une base sérieuse.




Dimanche 26 novembre


ZAD :

 

Rando ensoleillée sur les sentiers de la ZAD aujourd’hui, au moins 800 personnes présentes à la mi-journée.

Luttes sur la métropole :

 

Un article paru sur Indymedia détaille les projets "aménageurs" de Nantes et Nantes Métropole, et les résistances qui y font face : "Ces derniers temps la Ville de Nantes et Nantes Métropole accentuent les attaques (le développement selon eux) pour écarter tout un pan de la population qui arrivait encore à se loger à un prix décent sur Nantes tout en cassant une certaine diversité sociale. En parallèle elles redessinent la circulation piétonne pour drainer un public-touriste vers les espaces marchands. L’une après l’autre, et désormais en même temps, des parcelles d’alternatives à leur vision de la Ville idéale sont mises en danger. Après les quartiers du Vieux-Doulon, la Moutonnerie, c’est Feydeau et Chantenay qui se trouvent dans la ligne de mire de l’aseptisation-sécurisée qu’elles nous vendent. Cartographie textuelle de là où en sont les projets." Lire la suite

  Infos du 27 au 30 novembre



Lundi 27 novembre


Le rapport sur Notre-Dame-des-Landes 

sera rendu en retard


Le rapport des médiateurs sur le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne sera pas rendu vendredi 1er décembre comme attendu, selon une information de France Inter.

Le retard sera peut-être d’une semaine, non pas parce que les trois médiateurs ne sont pas prêts - le rapport, de 150 pages environ, est rédigé - mais car Edouard Philippe préfère être là physiquement lorsque la décision sera rendue. Or vendredi, le Premier ministre se trouvera en Nouvelle-Calédonie.

Pendant six mois, près de 200 personnes, dont des opposant et des partisans, ont été entendues. Selon France Inter, on ne devrait pas lire dans ce rapport de oui ou de non clair à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il ressemblera plus à une présentation des plus et des moins de chaque camp. C’est ce qui était prévu dans la lettre de mission des médiateurs avec, par exemple, un comparatif des coûts : quel investissement en cas de réaménagement de l’aéroport de Nantes ? Quel argent nécessaire au contraire en cas de nouvel aéroport ?

Enfin, une source proche du dossier, jointe par France Inter, prédit un « casse-tête pour le gouvernement ». La décision sera politique et elle doit être rendue d’ici la fin de l’année.

France TV Info sur Reporterre
Mardi 28 novembre

Expulsions


Château du Tertre - Université de Nantes
Menaces d’expulsions : Rendez-vous à 19heures ce soir pour une conférence de presse et n’hésitez pas à venir soutenir le mouvement d’occupation solidaire, arrêt de tram Facultés, Ligne 2.



Plus d’infos : https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/


Mercredi 29 novembre

 

À Notre-Dame-des-Landes, 

un demi-siècle de luttes 

d’une incroyable richesse humaine



 
À l’approche du verdict sur l’avenir du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Marc Le Duc et Jocelyne Rat racontent presque un demi-siècle d’une lutte exemplaire dans le livre « Retour à Notre-Dame-des-Landes », illustré de façon remarquable.


François de Beaulieu a publié depuis 1967 une soixantaine de livres et plusieurs centaines d’articles sur le patrimoine naturel et culturel de la Bretagne. Il est engagé dans la protection de la nature et spécialement des landes bretonnes, et présente ici le livre de Marc Le Duc et Jocelyne Rat.



 
Dernière ligne droite tendue pour les médiateurs du gouvernement dans le dossier Notre-Dame-des-Landes [Ils devraient remettre leur rapport au Premier ministre, Édouard Philippe, le 13 décembre.]. Le lobby pro-aéroport tire à boulets rouges sur la mission mise en place par le Premier ministre et Nicolas Hulot. « Une farce », n’a pas hésité à proclamer Philippe Grosvalet, président socialiste du conseil départemental de Loire-Atlantique.

L’objet de cette colère ? La mission a remis sur la table l’hypothèse du maintien de l’aéroport nantais sur le site actuel. Depuis juin, de réunion en réunion, les élus anti-aéroport et l’Atelier citoyen croisent le fer avec la Direction de l’aviation civile (DGAC). Les opposants viennent de lever 24.000 euros afin de financer des études à opposer à celles de la DGAC. « Cette dernière ne lâche rien », confie un participant.

Mais les pro-aéroport croient percevoir dans ces études comme la préparation à un renoncement au projet. D’où l’offensive. Elle vise à décrédibiliser les médiateurs et derrière eux, Nicolas Hulot, désigné par anticipation comme le grand responsable d’un possible échec du transfert dans le bocage.

C’est pourtant une vision réductrice du dossier, doublée d’une inquiétante amnésie. En réalité, si les pistes et les installations n’ont toujours pas recouvert le bocage, c’est que dès les années 1970, le projet s’est heurté à des paysans déjà mobilisés pour la défense de la terre-outil de travail, acteurs ou solidaires d’autres luttes comme celles du Larzac ou de Plogoff. Qu’en 2012, une grève de la faim de 28 jours a rendu les recours juridiques suspensifs. Que la lutte s’est renforcée, élargie avec l’arrivée de citoyens, d’élus, de pilotes de ligne, de squatteurs anticapitalistes. Que le travail des naturalistes a contribué à faire connaître la grande richesse du territoire. Que la plus vieille lutte environnementale de France reste capable de mobiliser rapidement des dizaines de milliers de personnes…

 
Au printemps 2012, une grève de la faim de 28 jours écarte les menaces d’expulsion des paysans (au centre, le paysan Michel Tarin, l’une des grandes figures du combat contre l’aéroport). 
 

    Faire ressentir l’incroyable richesse humaine 

Au moment où une nouvelle étape pourrait s’ouvrir à Notre-Dame-des-Landes, il s’avère indispensable d’avoir en mémoire les grands moments d’un combat de presque un demi-siècle.
 
Une des premières actions des paysans contre l’aéroport au début des années 1970.
Pour cela, on dispose d’un nouveau document. Anciens journalistes ayant suivi le dossier pour Ouest France, Marc Le Duc et Jocelyne Rat en connaissent tous les éléments et, surtout, les acteurs. Le livre qu’ils publient s’intitule d’ailleurs Retour à Notre-Dame-des-Landes. Portraits et reportages. Après avoir assuré avec rigueur leur mission d’information en donnant la parole à tous, ils peuvent aujourd’hui rendre hommage aux paysans courageux sans qui il n’y aurait jamais eu de zone à défendre. Le livre est d’ailleurs dédié au regretté Michel Tarin, dont on n’a pas oublié la grève de la faim.

De remarquables photographies viennent à l’appui d’un récit toujours vivant et précis. Pour ceux qui ont eu la chance de vivre ces années exceptionnelles, comme pour tous les autres, ce livre a surtout le mérite de faire ressentir l’incroyable richesse humaine qui s’est déployée là.

 
Le 1er avril 2017, inauguration du phare au cœur d’une Zad 
qui expérimente de nouveaux rapports entre les individus.

 
Si les auteurs ne manquent pas d’éléments pour restituer la chronologie et dénoncer les trucages des partisans du projet d’aéroport, les études orientées de la DGAC, ils ont surtout le mérite de faire vivre de l’intérieur tous les temps forts de la lutte, les déceptions comme les victoires, les initiatives imprévisibles et la formidable capacité à rassembler. Le récit donne une idée très concrète de ce que l’on nomme « l’intelligence collective ». Il faudra avoir cette longue histoire en mémoire pour inventer un avenir digne de la lutte menée.





 
Retour à Notre-Dame-des-Landes. Portraits et reportage, de Marc Le Duc et Jocelyne Rat, le Temps éditeur, septembre 2017, 176 p., 17 €.176 p., 17 €.


 
Jeudi 30 novembre


ZAD 

 

Le rapport des médiateurs ne sera finalement remis que le 13 décembre au gouvernement qui devrait rendre sa décision quelques jours plus tard. [Source ici]

 
Radio Klaxon cherche (en plus de la liste disponible ici) 4 plaques en métal épaisses (>10mm style ce que les chantiers du BTP utilisent pour couvrir les trous dans les routes) pour mettre sous les roues du bus radio, afin de rester en surface cet hiver. à déposer direct au bus, dans le champ à côté de la Wardine.




 
AILLEURS


 

Infos du 1er au 5 novembre


 
Mercredi 1er novembre



"Des requêtes, par centaines, des actions, par milliers." (avec Tor) : Indymedia Nantes est à nouveau la cible de l’Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l’Information et de la Communication. Courage et solidarité !

"Des requêtes, par centaines, 

des actions, par milliers." 

Nouvelle attaque contre Indymedia Nantes


Fin Septembre, nos camarades d'Indymedia Grenoble et nous avions dû retirer une contribution suite à une requête de l'OCLCTIC. Notre première réaction a été de nous dire qu'il s'agissait d'une tentative de l'Etat de faire un exemple afin d'effrayer les sites d'infos pour que ce genre de revendication ne soit à terme plus publiée.





Comme nous l'avons expliqué à nos camarades italien.ne.s du projet Autistici/Iventati, cette décision de retrait n'était pas pour nous plaire. Si nous avions fait ce choix, c'était pour plusieurs raisons :
"D'abord, par défaut, parce que nous avons eu du mal à nous coordonner, n'étant pas tout.e.s joignables dans les 24 heures à ce moment. Ensuite, parce que c'est déjà arrivé que lors de ce genre de blocages, l'ensemble des sous-domaines se retrouvent inaccessibles, et pas seulement le site visé, ce qui aurait bloqué l'ensemble des sites Indymedia en France. Ensuite, parce que nous voulions continuer d'être accessible au maximum de personnes, sur le Web non-torifié, afin que toutes les autres contributions que nous hébergeons soient encore facilement consultables. Enfin, parce que nous n'étions pas sûr qu'il y ait un mouvement de soutien suffisamment fort pour contrer ces menaces de la police, au vu du peu de soutien que nous avons pu voir en France lorsqu'Indymedia Linksuten a lui même été censuré."

Certains nous ont vertement critiqué.e.s pour cette décision et, d'un côté, nous le comprenons parfaitement. Mais nous nous retrouvons également dans l'analyse que donne le collectif Indymedia Grenoble dans un de ses textes. Nous sommes avant tout un collectif fonctionnant au consensus, et pas un blog individuel, ce qui change un peu la donne en ce qui concerne la prise de décision et sa rapidité. Dans ce cas, les peu de personnes disponibles à ce moment ont dû faire le choix de ne pas risquer la disparition du site, ne sachant pas quelle serait la position des autres membres du collectif.

Nous savions aussi que cette bataille n'était que la première, et que ce genre de situation risquait de se reproduire.

Hé bien c'est chose faite, puisque le 26 Octobre, nous avons reçu une autre de ces requêtes de retrait pour la revendication de 

l'incendie de voitures de police municipale à Clermont-Ferrand. Et c'est sans surprise que nous en avons reçu une troisième requête le soir du 31 octobre, demandant le retrait de la revendication de l'incendie de véhicules de gendarmerie à Meylan. Tout cela alors que la semaine prochaine un camarade passera devant le tribunal pour un appel passé sur le site cette semaine.info. Comme à chaque répression contre des médias libres, nous apportons tout notre soutien à cette personne !

Il est clair que l'OCLCTIC semble penser que dorénavant un simple email nous ferait retirer chaque contenu qui déplait à sa hiérarchie. Mais si nous participons à un projet de média indépendant comme Indymedia, c'est bien pour mettre à disposition un espace de publication libre pour toutes les personnes et collectifs qui sont en lutte. Nous ne sommes pas producteurices de contenu. Et c'est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas retirer les publications cette fois-ci. Il est donc possible que nous soyons bloqués en France dans les jours qui viennent... ou pas.

En cas de "disparition" d'IMC Nantes du web, ne paniquez pas ! Ne prévenez pas la gendarmerie, ou alors faites ça la nuit, en ayant auparavant pris soin de sécuriser votre moyen de communication : on ne doute pas que désormais tout est utilisé pour justifier le passage de l'Etat d'Urgence dans le droit commun. Mais nous ne comptons pas lui servir "d'homme de paille" dans cette tentative.

Dans tous les cas, il sera toujours possible de visiter le site en utilisant le navigateur Tor Browser. Celui-ci contourne les blocages que l'Etat pourrait mettre en place. Si vous ne l'utilisez pas déjà, installez-le, c'est simple et rapide.

Nous mettrons également en place un nouveau nom de domaine pour rester accessible sans Tor, et publierons la nouvelle adresse sur les autres sites d'informations du réseaux indymedia et du réseaux "mutu".

Enfin, Indymedia Nantes sera toujours disponible par Tor en service caché à l'adresse http://3wirxietn4iktvf3.onion/

Et bien sûr, on compte sur vous pour faire un maximum de bruit autour de cette histoire et éclabousser tous les murs de flamby !


Infos du 6 au 12 novembre



Jeudi 9 novembre

GCO 

 

 

 
Le collectif « GCO non merci - Appel en vue de la prise de position annoncée par le gouvernement .

Nous avons lu avec attention l’appel du 10 octobre dernier de 23 Maires de l’Eurométropole pour le GCO. Sur le constat, nous sommes d’accord, la situation d’engorgement aux heures de pointe et de pollution de l’agglomération doit trouver des réponses efficaces. Les 23 maires en indiquent un certain nombre : amélioration de l’offre en transports collectifs, « RER métropolitain », taxe régionale sur les poids lourds. Nous leur disons : « Chiche ! Qu’attendez-vous, faites-le, faisons le… »


Les 23 Maires reconnaissent que « le GCO ne suffira pas », mais qu’« il est une étape incontournable ». Encore faudrait-il avoir des arguments pour le démontrer ! Et là ils nous ressortent toujours et encore les prétendus effets de soulagement du trafic, de diminution de la pollution. C’est séduisant, tout le monde en rêve et signerait tout de suite pour le GCO si c’était avéré. Mais les chiffres sont têtus et toutes les études officielles ont montré que le soulagement de trafic et donc la diminution de la pollution dans l’agglomération strasbourgeoise ne seront pas au rendez-vous. A tel point que la Commission d’enquête publique avait conclu en 2007 que : « le désengorgement n’est ni l’enjeu ni l’objectif du GCO ». Et si nous y réfléchissons un peu, cette conclusion est logique. Aux heures de pointe, 90% des usagers souhaitent se rendre dans – ou sortir de – l’agglomération : pourquoi emprunteraient-ils un GCO payant si les axes gratuits sont fluides ?




 
Les vraies raisons du GCO est de transformer la plaine d’Alsace en couloir à camions


A Ittenheim, l’échangeur du GCO amènera 14 000 véhicules par jour supplémentaires sur l’autoroute de Hautepierre. A Vendenheim, la modification de l’échangeur – sacrifiant au passage 10 hectares de forêt en plus – pénalisera les automobilistes de l’A4 qui veulent se rendre vers le nord de Strasbourg via l’A35, puisqu’ils devront sortir par une bretelle. Le risque est grand de voir les usagers, refusant de choisir entre un GCO payant qui les emmènera là où ils ne veulent pas aller et leurs axes habituels encore plus encombrés, se reporter massivement vers le réseau secondaire, augmentant ainsi le trafic dans les rues principales des communes périphériques, parmi lesquelles d’ailleurs celles de la plupart des Maires signataires.

L’argument économique ne tient pas davantage. Certes, une petite minorité d’entreprises et d’artisans pourront gagner un peu de temps en empruntant un contournement payant. Mais, comme l’a démontré le rapport TTK, ils n’échapperont pas aux bouchons en amont du GCO, par exemple ceux entre Brumath et Vendenheim. Mais dans l’Eurométropole, la situation sera encore pire : comment un artisan de Bischheim se rendra-t-il à la Meinau, par exemple, avec une A35 transformée en boulevard urbain ? Les accès à l’agglomération et à des pôles importants comme l’Espace Européen de l’Entreprise seront bien plus compliqués. Quant à l’argument de « donner du travail au BTP », ne vaut-il pas mieux réaliser en priorité les projets de mobilité cohérents avec les enjeux actuels – climatiques, sanitaires et améliorant la circulation – plutôt qu’un projet dont les 23 Maires reconnaissent qu’il date des années 1970 ?

Notre Collectif est prêt à se mobiliser avec tous pour la mise en place des bonnes solutions de mobilité, sans en écarter aucune par principe et si son utilité dans un plan d’ensemble est avérée. Mais nous ne pouvons pas accepter qu’on réalise un GCO qui aura comme principal effet de transformer l’Alsace en couloir à camions, alors même que l’écotaxe promise depuis plus de 10 ans n’est toujours pas en place. Le GCO est une tentative de transférer les poids lourds en transit vers d’autres territoires, sacrifiant au passage 300 hectares de terres fertiles, alors que l’écotaxe permettrait de réduire cette nuisance pour tous.
L’écotaxe est exigée par la grande majorité des Alsaciens, alors que le GCO nous enferme dans des oppositions stériles. Commençons donc par ce qui fait consensus et regardons ensuite s’il faut des équipements complémentaires. C’est là le sens de notre combat – et de notre devoir – depuis près de 15 ans et nous ne renoncerons pas. 
 
Le Collectif GCO NON MERCI,

élus, agriculteurs, associations d’usagers des transports et de protection de l’environnement, citoyens, unis pour des mobilités cohérentes et efficaces

Anti-THT :

 


 Ça se passe dans le sud Aveyron (Amassada)

 

Mardi à Saint Victor, 200 personnes étaient réunies derrière une muraille de paille pour refuser l’enquête publique. 14 heures le tocsin a retenti annonçant l’arrivée du commissaire enquêteur, qui est repoussé jusqu’à sa voiture sous les chants. Dans la foulée, c’est les dossiers de l’enquête qui sont sortis de la mairie et jetés dans les flammes. La maquette du projet est amenée aux poubelles du village afin d’enterrer le projet dans le seul endroit qui semble être sa place.

https://douze.noblogs.org/post/2017/11/30/video-de-france-3-sur-lenquete-publique/

 


 

Infos du 13 au 19 novembre


Lundi 13 novembre


Testet :


Dossier Sivens octobre 2017

Retours sur la Zad de Sivens. On diffuse un dossier qu’on nous a transmis qui contient plein d’articles et d’infos sur la lutte à Sivens.

Ce dossier* Sivens octobre 2017 comprend :

 divers articles de presse concernant le rassemblement qui s’est tenu le 22 octobre à Sivens en mémoire de Rémi Fraisse.

 le communiqué des Bouilles

 la lettre de Robin, mutilé par une grenade à Bure l’été dernier

 Après les pyromanes, les pompiers ? Les dessous du "projet de territoire" de Sivens. Texte signé Des habitant.e.s du Tarn et diffusé lors du rassemblement à Sivens le 22 octobre.

A télécharger https://cras31.info/IMG/pdf/sivens_octobre_2017_dossier_cras.pdf

Contester ou cogérer ? Sur la lutte contre le barrage du Testet à Sivens, et les leçons que l’on peut en tirer pour l’avenir des luttes territoriales. Brochure diffusée lors du rassemblement à Sivens le 22 octobre.

A télécharger : https://cras31.info/IMG/pdf/contester_ou_cogerer_octobre_2017.pdf

Le dossier Sivens de 2014 à 2017 est consultable sur : https://cras31.info/spip.php?article221

D’autre part à consulter :

sur le terrorisme étatique à Sivens, le blog de Bernard Viguié : https://blogs.mediapart.fr/bernard-viguie/blog
sur le site Lundi matin https://lundi.am/ :
le film La nature qui se défend
1h, Sivens, 2014 Avec : les zadistes de Sivens, le collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, les habitants de Gaillac, d’Albi, Yannis Youlountas, Noël Godin, PAP40, Mathieu Burnel, les gendarmes, les gardes-mobiles...

https://lundi.am/LA-NATURE-QUI-SE-DEFEND

Bure, la bataille du nucléaire


 
Le nouveau livre de la collection Reporterre : une enquête-reportage sur la lutte contre les déchets nucléaires, comme on ne l’a jamais racontée.

Un sarcophage gigantesque censé tenir des dizaines de milliers d’années ! C’est au nom de ce projet fou, qui serait le plus grand chantier d’Europe, que Bure, entre Meuse et Haute-Marne, se transforme en zone grillagée et quadrillée de gendarmes. Pour l’industrie nucléaire, ce territoire relégué serait l’exutoire ultime des déchets radioactifs qui s’accumulent et dont elle ne sait que faire.

Sur place, les habitants sont de plus en plus nombreux à s’insurger contre la transformation de leur région en « poubelle atomique ». Depuis deux ans, des dizaines de personnes s’installent sur place, occupent une forêt, bloquent les travaux. La nouvelle bataille du nucléaire est lancée, pour empêcher de croire que cette industrie peut continuer sans risque, réinventer des manières de vivre et lutter, imaginer d’autres possibles pour ce pays.

Dans cette enquête où l’engagement vécu se mêle au regard journalistique, Gaspard d’Allens et Andrea Fuori n’écrivent pas un livre de plus sur le nucléaire, mais l’histoire en train de se vivre d’une rébellion déterminée contre la violence du monde industriel. Ils révèlent aussi les méthodes manipulatrices des nucléaristes, et la façon dont l’Etat achète les consciences pour imposer le silence. Le combat vaut d’être mené : ce récit impétueux et pourtant réfléchi convainc qu’il est possible de faire reculer les puissants. Plutôt que la contamination radioactive, parier sur la contagion joyeuse d’une force de résistance.

Gaspard d’Allens est journaliste. Il a déjà publié Les Néo-paysans (Seuil-Reporterre), avec Lucile Leclair, un livre qui a révélé l’importance d’une passionnante mutation agricole, et qui connaît un grand succès.

Andrea Fuori s’est installé à Bure il y a plus d’un an, complètement bouleversé par ce qui s’y jouait. Il écrit occasionnellement pour Reporterre et des médias autonomes.

  • Bure, la bataille du nucléaire, Gaspard d’Allens et Andrea Fuori, éd. Seuil-Reporterre, 160 p., 12 €.

Samedi 18 novembre


Anti-THT 


 

Jeudi 16, la commission d’enquête publique pour le méga-transformateur en Aveyron à essayé de venir à Costes Gozon et a été repoussée avec succès !

 
A Hambach, il y a l’une des plus anciennes forêt d’Allemagne mais aussi la plus grande mine de charbon d’Europe qui veut s’étendre encore. Le mardi 21 novembre, une décision de justice sera rendue. En fonction du verdict, il est possible que la police tente le jour même (ou peu après) d’expulser les occupantEs. Illes appellent à soutien !


Dimanche 19 novembre

 

Des nouvelles de Bure et des évènements à venir

 


Quelques petites nouvelles de Bure pour les hiboux d’ailleurs & des comptes-rendus & des dates

Bonjour à tous-tes !

Voici un long message pour donner quelques nouvelles de Bure et annoncer quelques dates ! D’autres mails et appels suivront bientôt ;) !

Depuis quelques semaines pas mal de choses se sont passées à Bure. L’occupation de la forêt se poursuit et se renforce progressivement pour passer l’âpre hiver qui s’annonce – matos, soutien, présence toujours très très bienvenues. Les naturalistes en lutte contre CIGEO s’organisent pour venir parasiter le grand Festival de photo animalière de Montiers-en-Der, et continuent leurs ballades et relevés naturels pour dé-greenwasher les magouilles de l’Andra ( https://vmc.camp/2017/11/15/montier-en-der-ou-le-monde-derriere-lobjectif/ ). La vie continue à BZL, à la gare de Luméville et dans les autres espaces d’habitation. Quelques hiboux ont entamé une « longue marche » d’infotour dans le sud, répandant dans leurs sillages plumes, hululements et idées en tout genre (https://vmc.camp/2017/10/24/bure-se-deplace-chez-vous/ ). L’Andra continue ses procédures pour avancer sur d’autres travaux connexes à CIGEO – même si elle s’est prise une fin de non-recevoir par l’Autorité Environnementale, fin octobre, qui l’oblige à réaliser une évaluation environnementale dans le bois Lejuc. Un (premier) four à pain est en train d’être réhabilité dans la maison d’un ami, et les premières fournées ne vont plus tarder (https://vmc.camp/2017/11/15/le-feu-est-dans-le-four ) !

Et puis, comme d’habitude à Bure, on a vécu des trucs vraiment, vraiment très difficiles. Les flics continuent leurs pressions et patrouilles quotidiennes et cherchent à taper fort. Il y a une semaine, un pote s’est fait embarqué alors qu’il était à vélo et est maintenant en détention préventive à Fleury-Mérogis (https://vmc.camp/2017/11/02/la-repression-continue/ ) … et ça nous met en rage. Quelques jours avant, un compagnon apprenait que le commandant Dubois portait plainte contre lui pour « diffamation », car il avait eu l’outrecuidance d’écrire que celui-ci, en l’interpellant lors de la manif du 18 février, l’avait étranglé. Il passe en procès le 21 novembre. Le 24 octobre, notre ami Jean-Pierre Simon a pris 2 mois de prison avec sursis pour avoir prêté son tracteur pour la première occupation en juin 2016 : c’est la première fois en France qu’un agriculteur écope d’une condamnation aussi lourde pour de tels faits (http://www.confederationpaysanne.fr/rp_article.php?id=6337 ). Le proc réclame 3 mois de sursis sur un autre pote, pour avoir crié « mangemerde » le soir du 14 juillet dernier. Chaque semaine ou presque, voir même chaque jour à certaines entrées, des hiboux de la forêt doivent faire face à la présence plus ou moins menaçante de GM ou du PSIG (https://vmc.camp/2017/11/04/mais-quest-ce-quulles-flic/ ). Et tant d’autres épisodes dans cette chronique amère de la vie militarisée dans le sud-Meuse.

Mais les dernières semaines ont été aussi émaillées de nouvelles enthousiasmantes venant de comités et de gentes qui se bougent un peu partout avec de bien belles idées : un comité de soutien Lilleradié se monte à Lille, à Toulouse « Bure Partout Nucléaire Nulle Part » officialise son existence avec plusieurs soirées de soutien/projection, à Lyon la « Clique des Ami-e-s de Bure » organise soirée-concert etc, à Paris le comité de soutien Bure/Paris-IDF tient une réunion toutes les deux semaines, à Dijon le comité de soutien s’apprête à lancer un gros chantier pour fabriquer une grande cabane à remonter dans le bois Lejuc à la fin de l’hiver, à Reims le comité « Brut de Bure » participe au festival naturaliste de Montiers-en-Der, dans le Jura aussi ça bouge, à Longwy le « Comité de soutien des pays-haut » est super motivé pour être dans la convergence des luttes, ramener du matos etc. Et bien d’autres endroits encore. La page des Comités sur le site est ici : https://vmc.camp/comites-de-lutte/

N’hésitez pas à rejoindre des comités proches de chez vous, ou créer le votre . C’est possible de s’inscrire sur la liste bure-intercomites at lists.riseup.net en envoyant un mail à l’adresse burepartout at riseup.net ! Que la lutte décolle ;) ! On aimerait beaucoup que le mouvement à Bure alimente des subversions et des envies d’auto-organisation un peu partout pour subvertir l’État nucléaire, l’autorité, l’atomisation sociale et inventer d’autres choses ! Des premières rencontres intercomités en petit périmètre ont eu lieu le 22 octobre dans le bois Lejuc, d’autres plus larges auront lieu d’ici à quelques semaines/mois, et en attendant plein de choses fourmillent ici et là !

De notre côté, on a préparé un petit fly « Pistes de jeu pour lutter avec Bure » (https://vmc.camp/wp-content/uploads/2017/11/brochure-comit%C3%A9s.pdf), qui propose quelques pistes pour des actions ici et là pour lutter contre la poubelle.

En effet, pour couronner les derniers mois Hulot a enfin lâché le morceau le 9 novembre en déclarant au Sénat que CIGEO était la « moins mauvaise des solutions ». Pas exactement un blanc-seing politique mais suffisamment pour permettre au « dossier » d’avancer. D’autres part, des vidéos étranges d’un certain Nicolas HuLOL nous sont parvenues, où celui-ci appelle, à l’inverse de son alter-mégot, à renforcer l’occupation de la forêt et à rejoindre des comités de lutte un peu partout ( https://vmc.camp/2017/11/16/nicolas-hulol-appelle-a-occuper-le-bois-lejuc-et-rejoindre-les-comites-de-lutte-a-bure/ ). Des investigations sont en cours pour tenter de démêler ces messages contradictoires. Ce qui est sûr, c’est que tout cela appelle des réactions : un appel sera donc très bientôt envoyé pour proposer des pistes d’actions décentralisées (voir plus bas).

D’ici là, la prochaine assemblée de lutte s’organisera le 25 novembre et sera suivie du prochain chantier pour la cabane solidaire le 26 novembre : ces espaces sont vraiment dédiées à toutes celles et ceux qui ont envie de lutter ici et là contre Bure, c’est
vraiment important de s’en emparer et qu’ils continuent de grandir, qu’on puisse se coordonner entre la Meuse et le reste du monde pour résister à l’atomisation sous toutes ses formes :) !

Les prochains rendez-vous : Tout le temps à Bure, dans la forêt et ailleurs, renforcer l’occupation, construire un four à pain, faire vivre BZL et les autres lieux collectifs, joie rage amour tout ça tout ça. 
18 & 19 novembre : soutenir les naturalistes en lutte (nelvscigeo at riseup.net) et autres hiboux au Festival de Montier-en-Der (https://vmc.camp/2017/11/15/montier-en-der-ou-le-monde-derriere-lobjectif/
21 novembre : procès d’un compagnon au tribunal de Bar-le-Duc (https://vmc.camp/2017/11/16/nouveau-proces-le-21-novembre-un-camarade-accuse-de-diffamation-non-a-letranglement-judiciaire/
Le 25 & 26 novembre pour : l’AG de lutte (à la salle des fêtes de Couvertpuis), à partir de 10h pour plénière le matin, repas partagé puis groupes de travail l’après-midi. 
Le 26 novembre suite du chantier de la cabane solidaire dans le bois Lejuc, rendez-vous à 10h à la barricade nord. (https://vmc.camp/2017/11/16/le-25-26-novembre-ag-de-lutte-chantier-cabane-solidaire-au-bois-lejuc/
6 décembre (et avant, et après), c’est la Saint-Nicolas : et si on organisait autour de cette date des actions décentralisées contre Hulot, le nucléaire et leur monde (de merde) ? Appel à rassemblements et actions auprès des nucléocrates en tout genre (EDF, RTE, etc, etc) ! Que ce soit pour la construction d’une méga-poubelle, d’un transformateur en Aveyron, de lignes THT un peu partout, où la cyber-colonisation par les compteurs LINKY, il y a 1000 raisons de s’opposer à ces machins ! (Plus d’info très vite sur vmc.camp et ailleurs )

Et ailleurs : 

 2 décembre : manif’ en Aveyron contre la construction d’un méga-transformateur par RTE 

 9 décembre : manif sur la plateau de Millevaches contre l’usine à pellets de CIBV 

 12 décembre : rassemblement à Paris contre le sommet climat tout pourri 

 16-17 décembre : anniversaire de la forêt occupée à Roybon tout le mois de décembre : veille et vigilance sur la décision attendue du gouvernement sur NDDL, préparons nos rendez-vous pour accueillir la décision, qu’elle quelle soit, comme elle se doit

À très bientôt !

Quelques hiboux et gravitant-e-s de Bure et des environs.

 

Infos du 20 au 26 novembre


Lundi 20 novembre

 

Nouvelle perquisition d’une camarade à Bure


Aujourd’hui lundi 20 novembre les flics sont venus perquisitionner une nouvelle fois à Bure, au domicile privée d’une hibou vivant à Mandres. Il y a trois jours, vendredi 17 novembre, une attaque nocturne par des gens non identifiés ciblait l’ancienne gare de Lumévile, à coup de jets de cailloux. Les patrouilles et les contrôles sont de plus en plus nombreux. Le nouveau peloton de GM présent sur place vient de Toulouse et s’est notamment exercé à Sivens (ils s’en vantent). Visiblement les perquiz’ du 20 septembre n’ont pas suivi, pas plus que l’arrestation et le placement en détention d’un camarade il y a une quinzaine de jours.

En parallèle, il y a quelques jours à peine, Nicolas Hulot déclarait que Cigeo était la "moins mauvaise" des solutions pour l’enfouissement des déchets, mettant fin à un mutisme de 7 mois. Même s’ils n’ont pas besoin de ça, voilà qui pourrait bien libérer encore plus les gros bras du Ministère de l’Intérieur qui n’attendent que de "casser" du hibou à Bure.

Voici quelques informations, et un appel à actions décentralisées le 6 décembre contre Hulot, les nucléocrates et leur monde ! S’ils nous asphyxient sur place, ouvrons des espaces pour respirer partout ailleurs  !

1) Point sur la perquisition de cette aprèm et les attaques à l’ancienne gare de Luméville des derniers jours ici

2) Appel à actions décentralisées autour du 6 décembre contre Nicolas Hulot, les nucléocrates et leur monde (de merde)

D’autres infos, d’autres mails, d’autres voix seront régulièrement actualisées sur le site, par les listes mails, etc.

Faites-tourner ! Venez à Bure renforcer l’occupation et les lieux de vie avec joie rage et déteritude ! Emparons nous de la date du 6 décembre pour agir, continuons de nous organiser, créer des comités de soutien et rester lié-e-s ! N’hésitez pas à donner des nouvelles de votre côté via la liste bure-intercomites at riseup.net et le mail burepartout at riseup.net !

À bientôt,
Quelques hiboux de Bure.

Infos : vmc.camp / Contact : sauvonslaforet at riseup.net - burepartout at riseup.net (comités de soutien)


Mardi 21 novembre


Non au puçage :

 

Appel à soutien lors du contrôle de Nathalie et Laurent, éleveurs qui refusent le bouclage de leurs bêtes. [Ici]

Contre les grands projets :

 

Depuis 6 ans des camarades se battent à Landivisiau contre un projet destructeur de centrale à gaz, censé assurer l’indépendance énergétique de la Bretagne. Une opposition résolue et vivante existe et se développe et noue des liens avec les autres luttes contre l’aménagement capitaliste du territoire, dans le Finistère comme ailleurs. Les 22, 23 et 24 novembre les ami.e.s là bas accueilleront la tournée finistérienne d’Anna Bednik, pour la présentation de l’ouvrage : Extractivisme, exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistance.




 
Mercredi 22 novembre

A Bure, contre le désert nucléaire, 

habitants et néo-paysans font revivre la campagne




 
Venus à Bure pour s’opposer à la poubelle nucléaire, des activistes ont choisi de s’installer dans la Meuse pour enraciner la lutte. Malgré la constante pression policière, ils cultivent de multiples projets et regardent avec les habitants vers le long terme.


Mandres-en-Barrois (Meuse), reportage

À peine arrivée devant l’imposante bâtisse en pierre, voilà qu’une voiture Dacia Duster noire s’avance lentement à mes côtés dans la rue déserte. Deux hommes m’observent tandis que je franchis le portail en fer et me fraye un chemin glissant à travers le jardin humide. Je frissonne, et les -2 °C ne sont pas les seuls en cause : le véhicule appartient au Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie. Bienvenue à Mandres-en-Barrois, petite commune meusienne sous haute surveillance policière. Et pour cause, le village est situé en plein milieu du projet d’enfouissement de déchets nucléaires, baptisé Cigéo et porté par l’Andra (l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).

À l’intérieur de la maison, une boisinière répand une douce chaleur. Chaussettes et champignons sèchent autour du poêle. L’unique fenêtre est barrée d’un épais tissu bleu marine, pour préserver le salon du regard de la police. Quatre des habitants étiquettent des bouteilles de bières fraîchement brassées en bavardant de la vie collective. Popote, ménage, travaux à faire, calendrier des semis. Cette ancienne ferme vient d’être achetée par un collectif d’opposants au projet Cigéo. Venus de la Loire, de Bretagne ou des Alpes, ils ont décidé de s’installer au cœur du « désert nucléaire », pour lutter bien sûr, mais aussi pour trouver et faire renaître « la vie enfouie sous une épaisse couche de fatalisme », comme le dit Alex [*] , qui a posé ses valises ici il y a un an après avoir vécu dans la Drôme.

Ce matin d’octobre, un pâle soleil baigne les rues de Mandres d’une lumière paisible. Des enfants jouent aux gendarmes en Duster poursuivant des villageois. Yeux pétillants et sourire jovial, Michel, opposant de longue date, fait son tour quotidien de porte-à-porte. Notre petite bande se joint à lui alors qu’il sonne chez Claudine. L’octogénaire balaie sa cour d’un coup de poignet énergique. « J’ai encore vu passer la police », soupire-t-elle, avant d’enchaîner sur la récolte des carottes. Malgré une omniprésence policière, la vie suit son cours, chacun s’accommodant tant bien que mal du « bruit des bottes » et des manœuvres de l’Andra.

« Ici, je nourris la lutte et je participe au renouveau d’une économie paysanne dans ces campagnes désertifiées » 

« Si tu ne devais penser qu’à Cigéo, tu crèverais de déprime », lâche Alex, en poussant la lourde porte de la grange jouxtant sa maison. L’immense espace, aujourd’hui encombré de paille, de vélos et de bocaux devrait accueillir une épicerie coopérative à prix libre. « Nous ne faisons pas de différence entre l’offensive et l’alternative, poursuit-il. Construire des modes de vie alternatifs n’a de sens que parce qu’il y a la lutte contre la poubelle nucléaire. Je me suis installé ici parce que c’est au cœur du désert. » Dans leur livre Bure, la nouvelle bataille du nucléaire, publié par Reporterre et les éditions du Seuil, Gaspard d’Allens et Andrea Fuori écrivent : « On vient pour lutter contre, on s’ancre en partageant toujours plus de pour. Habiter à Bure, c’est peupler le “non” de mille “oui”. »

 
« Ici tout est à faire », lance Ben. Ce normand d’origine est arrivé en Meuse après une formation de paysan boulanger. Son rêve : produire des céréales bio au milieu des champs noyés de pesticides, et fabriquer un pain nourrissant et sain au lieu des baguettes insipides disponibles dans les environs. Pour le moment, il rénove un ancien fournil encastré dans une arrière-cour, à Bonnet. Entre deux pelletées de gravats, il se pose au soleil, balayant du regard les terres avoisinantes, dédiées à la culture céréalière conventionnelle. « Si je m’installais en Normandie, je bosserais dur pour vendre du pain à des bobos dans les magasins bio. Ici, je nourris la lutte et je participe au renouveau d’une économie paysanne dans ces campagnes désertifiées. » Une fois terminé, le fournil sera géré collectivement par les opposants, qui visent une autonomie alimentaire. La farine proviendra en partie des trois tonnes de blé et de seigle récoltées sur les champs squattés appartenant à l’Andra. Difficile en effet de trouver des terres dans les alentours, car l’Agence, avec le soutien des Safer, achète le moindre hectare disponible. Mais Ben ne se désespère pas : avec des maraîchers de la GartenKoop de Fribourg (Allemagne), il voudrait monter une ferme collective « à taille humaine ».



 
Comme les opposants installés à Mandres, Ben veut créer les infrastructures de l’autonomie — alimentaire, énergétique, politique : « Le nucléaire est le symbole de la dépossession technique et démocratique la plus totale, car nous n’avons aucun pouvoir ou moyen d’agir sur cette industrie. En Meuse, nous luttons en nous réappropriant les savoir-faire et le territoire. »

Pour se faire une idée de ce que pourrait être l’autosuffisance alimentaire, il suffit de se rendre sur les pentes douces de Cirfontaines-en-Ornois. Au détour d’un virage, deux caravanes, une serre et des rangées de blettes touffues campent un décor inhabituel pour la région, où l’agriculture intensive a pris le pas sur les cultures vivrières. Accroupi sur les planches, Pivoine [*] déterre les carottes et coupe les choux. Depuis le printemps, il cultive avec d’autres près de 2.000 mètres carrés de légumes, tubercules et plantes aromatiques. Les cagettes bien fournies se retrouvent ensuite dans les cuisines des opposants, à Bure, Mandres et ailleurs.

 

    « Le territoire t’attrape davantage 

    que tu ne le choisis » 


Depuis deux ans que le combat contre Cigéo connait un regain et s’intensifie, les opposants affluent par dizaine. Ils passent d’abord par la Maison de résistance à la poubelle nucléaire, grande bâtisse achetée à Bure par des associations antinucléaires en 2004, point d’accueil et d’entrée dans la lutte. Mais certains décident de passer le cap de la sédentarisation : plusieurs appartements sont ainsi loués dans les alentours, et au moins deux maisons ont été achetées cette année, dont une belle habitation au centre de Biencourt-sur-Orge, à moins de dix kilomètres du laboratoire de l’Andra. Paul [*], Louise [*] et Inès [*] m’accueillent dans leur salon cosy, qui abritait autrefois le café du village. C’est justement leur idée : rouvrir un bar associatif et culturel « alors que la seule activité dans le coin, c’est un supermarché à 20 km ». « Il n’y a plus de lieux de sociabilité à part la messe et la chasse, souligne Louise. Nous voulons reconstruire des vies de village. » Le futur cabaret regorge pour l’instant de courges à peine récoltées, de bois de chauffe et de matériel de construction.



 

Les cagettes de légumes cultivés à Cirfontaines-en-Ornois viennent garnir les cuisines des opposants, à Bure, Mandres et ailleurs.
 
Paul est arrivé de la capitale il y a plus d’un an pour quelques jours… et n’est jamais reparti : « En ville, je me battais contre des idées et avec des idées : ici la lutte se concrétise, se “désabstractise”. » Cultiver un jardin, retaper une maison décrépie, ou même mettre en place des relations humaines moins violentes et plus respectueuses.

« Chaque aspect de la vie, on se le réapproprie, chacun reprend son destin en main », murmure Inès. Bonnet de laine enfoncé jusqu’aux sourcils, elle boit une tasse de tisane fumante avant de retourner peindre sa chambre : « J’ai l’impression d’avoir une emprise directe sur les choses, et la présence de chacun compte, est importante et fait la différence. » Est-ce cela qui l’a poussée à rester dans ce territoire pourtant inhospitalier au premier abord ?



Ce blé a été récolté dans un champ de l’Andra 
squatté et cultivé par les opposants.

 
« On vient ici parce que la lutte nous touche, mais on ne reste pas que pour ça : on s’installe parce qu’on y trouve quelque chose pour soi », estime-t-elle. À ses côtés, Louise enchérit : « On se fait happer par une vie, par un quotidien. Le territoire t’attrape davantage que tu ne le choisis. » L’épaisseur des relations humaines, l’apprentissage addictif, l’intensité de chaque journée. Autour du poêle sur lequel grillent des graines de courge, les anecdotes affluent : fabriquer du vin de pissenlit entre copains, partir à l’aurore en quête d’herbes sauvages. « J’en suis même venue à aimer les couchers de soleil sur les champs industriels ! » Paul décrit avec sérieux la tactique subtile pour recruter de nouveaux militants : « Quand une personne arrive, quelles que soient l’heure ou la saison, il y aura toujours une bonne bouffe, une bonne gnôle et un dortoir confortable. » Imparable. « L’écologie est souvent vue comme une privation : ici, on est mû par le désir et le plaisir », ajoute Louise.




Comment se projeter sur le long terme alors que la présence policière et la détermination affichée de l’Andra ne cessent de rapporter la lutte à l’urgence des procès, des mesures répressives (expulsions, perquisitions) et du début des travaux de Cigéo ? « On se retrouve vite dépassé et épuisé, reconnaissent les opposants. C’est un équilibre à trouver, accepter qu’on ne soit pas de toutes les mobilisations. Nous sommes d’ici, nous ne sommes pas de passage. Mais qui veut aller loin ménage sa monture. » 
 

    « Le sud de la Meuse 

    n’est pas un territoire mort » 


Prendre du recul donc, et décrocher. Je prends les habitants de Biencourt au mot et décide de zapper une réunion (pourtant passionnante) sur l’autonomie alimentaire à la Maison de résistance, pour aller prendre l’apéritif chez Johann, un ancien habitant de Bure désormais installé à Montiers-sur-Saulx, en contrebas du plateau. Ce Marseillais d’origine a troqué la côte méditerranéenne pour les collines meusiennes fin 2014. Après un an comme permanent — en charge de l’accueil et de la coordination — à la Maison de la résistance, aussi appelée BZL (pour « Bure zone libre »), il décide de chercher un appartement dans le coin et un travail. « C’est autant la lutte que les fêtes de village, les activités culturelles et sportives ou les liens créés avec les habitants qui m’ont fait rester. » Aujourd’hui, Johann travaille comme cantonnier et joue assidûment au foot. Avec ses coéquipiers, il parle peu de la lutte, bien plus du temps qu’il fait ou des histoires de cœur. « On croit arriver dans un désert, mais quand on gratte un peu, on se rend compte qu’il y a des tas d’associations qui se bougent, sur le plan culturel notamment. Le sud de la Meuse n’est pas un territoire mort. »


 
Peut-être pas mort, me dis-je en regagnant mon véhicule, mais certainement sacrifié et abandonné. Le village de Montiers est passé de 560 habitants à 380 en vingt ans, et son collège rural pourrait bientôt fermer, faute de financements. En mars dernier, à bout de patience, le maire, Daniel Ruhland, s’est fendu d’un entretien vindicatif contre Cigéo dans le journal L’Est républicain : « Dans les années 93-94 (...) l’Andra nous promettait, si l’on acceptait le labo, que l’on ferait des écoles, des routes, qu’il y aurait un développement économique, que tout le monde bosserait. Mais le compte n’y est pas. Les gens partent et personne ne vient. Il ne s’agit pas de filer des ronds pour refaire des trottoirs si demain il n’y a plus personne pour marcher dessus. Je suis convaincu que l’on est en train de désertifier notre territoire. »





 
Attirée tel un papillon, j’arrive à l’entrée de l’Agence juste à temps pour voir trois camions de gendarmerie s’engouffrer dans l’enceinte grillagée. Des brigades sont stationnées en permanence à l’Andra.

A lire demain jeudi, la suite de ce reportage… Lorène Lavocat et Roxane Gauthier -Reporterre

Jeudi 23 novembre

 

La forêt contre les déchets nucléaires : 

au bois Lejuc, c’est dans les arbres qu’on résiste






 
L’épicentre de la lutte contre la poubelle nucléaire de l’Andra se trouve au bois Lejuc, près de Bure. Depuis juin 2016, les opposants y organisent la résistance, entre cabanes arboricoles et espaces communs.


Mandres-en-Barrois (Meuse), reportage





 
Si les opposants à Cigéo peuplent désormais les villages alentour, le projet de l’Andra est aussi attaqué en son épicentre. Ce cœur, sous lequel l’Agence espère enfouir les déchets radioactifs, s’appelle le bois Lejuc. Depuis juin 2016, une poignée de militants occupe la forêt afin d’empêcher le début des travaux. Des trois cabanettes branlantes originelles construites en lisière, l’occupation s’est déployée, élevée dans les arbres, structurée. Le chemin de terre qui mène au bois par le Nord est désormais solidement barré d’un amoncellement de pneus, de barbelés et de palettes. « Bienvenue à la barricade Nord », indique un panneau. Derrière, la forêt résonne de mille coups de marteau.




 
Profitant du soleil matinal, un petit groupe de bricoleurs manie la scie et le maillet, transformant peu à peu un tas de palettes et des bottes de paille en une cabane spacieuse qui servira bientôt de cuisine collective. « Nous nous préparons à l’hiver », sourit Pauline [*], en émergeant d’une maisonnette en bois. Elle m’invite à prendre un café chaud dans son foyer. La décoration est sommaire, mais tout y est : un petit poêle, un grand lit recouvert d’épaisses couvertures, une bibliothèque et même une tapisserie noircie par la fumée des cigarettes. Des toilettes sèches sont installées au milieu des arbres. Pour se laver, il faut se rendre à la Maison de la résistance, ou « se débarbouiller dans une flaque ». Le quotidien de Pauline, comme celui de tous les habitants de la forêt, se compose ainsi d’anecdotes : se réveiller avec des oiseaux sur la tête, croiser un chat sauvage en se promenant au crépuscule, petit déjeuner d’une poêlée de trompettes de la mort fraîchement collectées. « C’est du bonheur à l’état pur, ici on vit intensément », se réjouit celle qui, il y a un an, redoutait de passer une nuit dehors dans le froid.




 
Tout n’est pas romantique, loin de là. La vie collective est faite de hauts et de bas. Biscuits, fruits et autres denrées alimentaires doivent être suspendus pour éviter d’attirer souris et rats. La boue s’incruste partout, donnant même lieu à un nouveau type de météo : « Ici, on dit qu’il fait “muddy” » [boueux, en anglais], plaisante Pauline, avant d’ajouter : « Il y a aussi le harcèlement policier, ils viennent nous filmer, passent avec des hélicoptères, nous insultent. » Malgré la menace toujours présente d’une expulsion — le bois étant occupé illégalement — les militants se projettent à long terme.

    Ce qui se joue sous la cime des chênes



« L’occupation n’est pas éphémère, la lutte s’ancre dans la forêt, constate Pauline. On peut parler d’une Zad, comme à Notre-Dame-des-Landes. » Comme dans le bocage nantais, le bosquet meusien s’est doté d’infrastructures collectives — une cuisine, un lieu de réunion — et des assemblées régulières permettent de réfléchir collectivement au devenir de ce squat à l’air libre de quelque 300 hectares. Tournage d’un film avec le collectif des Scotcheuses, formation à l’automédication, accueil de visiteurs du Forum social antinucléaire. Une feuille de chou hebdomadaire rédigée à la Maison de résistance, le Hibou express, permet de tenir tout le monde au courant des activités. Sous le couvert des noisetiers, des projets éclosent : une auto-école associative pour proposer des permis de conduire à des prix abordables (la voiture à double pédale a déjà été achetée), un centre social autogéré qui accueillerait jeunes et vieux en galère.



 
Une balade en forêt permet de mieux prendre la mesure de ce qui se joue sous la cime des chênes. Pauline et Tom [*] se dirigent sans hésiter à travers les taillis. Çà et là, des cabanes surgissent dans la lumière dorée de l’après-midi. Certaines ont des petits noms — le « loft », le « dracab » — et rivalisent de standing. Ici, une grande baie vitrée orientée vers l’Ouest recueille les derniers rayons du jour ; là, un panneau solaire permet d’alimenter une lampe de chevet, « un luxe pour bouquiner le soir ».


Au milieu d’une clairière, le bruit métallique des mousquetons attire mon regard vers les hautes branches d’un arbre : quatre occupants s’activent dans les airs, suspendus par des cordages. À plus de quinze mètres de hauteur, ils aménagent une immense cabane d’une trentaine de mètres carrés. À terre, fenêtres et meubles récupérés patientent avant de s’élever vers la plateforme. Lieux de vie et refuges en cas d’expulsion, ces cabanes arboricoles sont les nids de celles et ceux qui peuplent le bois depuis quinze mois. Causer avec les sittelles torchepot, côtoyer les hiboux, cueillir les pleurotes, autant de petits plaisirs qui réchauffent le cœur quand le thermomètre descend au-dessous de zéro.

Si les forces de l’ordre et les agents de l’Andra ne peuvent plus pénétrer dans le bois depuis le début de son occupation, les habitants continuent de venir s’y promener. Un réseau de solidarité se tisse peu à peu entre opposants venus d’ailleurs et locaux. Un paysan apporte de la paille, une habitante rapporte des chandails chauds. Dans leurs yeux, une étincelle d’admiration : « Nous sommes nombreux à soutenir ce qu’ils font dans le bois, même si on y va pas nous-mêmes », me glisse un grand-père croisé plus tard dans les rues de Gondrecourt.




 
Les associations locales, plus portées sur le combat juridique que sur l’action directe de désobéissance, ont elles aussi franchi le Rubicon forestier : à l’orée du bois Lejuc, elles ont posé les bases d’une future cabane collective qui pourrait accueillir des assemblées et constituer un point d’information. « Nous ne sommes pas toujours d’accord sur les stratégies de lutte à adopter et nous n’avons pas les mêmes modes de fonctionnement, mais la tolérance et la compréhension mutuelle prévalent, observe Jean-François. L’objectif commun — défaire Cigéo — est plus fort que les divergences. » Queue de cheval argentée et regard clair, ce kinésithérapeute reçoit dans son cabinet de Gondrecourt.

    « Ils arrivent avec un nouveau souffle 

    et de nouvelles idées » 



Dans son petit local tapissé d’affiches contre la poubelle nucléaire, il masse un patient derrière un rideau à fleurs tandis qu’un autre pratique des exercices de rééducation tout en grommelant contre l’Andra. « Ici, c’est un des derniers lieux où l’on peut parler et débattre de Cigéo », note Laurent, venu pour une séance d’électrothérapie. Membre de l’association des Habitants vigilants de Gondrecourt, Jean-François voit dans la vague d’arrivants militants « un renouvellement salvateur des générations » : « Ils arrivent avec un nouveau souffle et de nouvelles idées, ils s’installent et s’impliquent dans la vie locale. » Je repense à Alex, qui hier soir m’affirmait : « On n’arrive pas en force d’occupation ou en colonisateur comme l’Andra : on vient avec nos petits bras et on retape des maisons. L’idée n’est pas de créer des ghettos anarchistes dans différents coins de la Meuse ; nous voulons nous lier aux habitants et créer un climat de résistance. »




  Un des champs avoisinant le bois Lejuc.

En raccompagnant un de ses patients à la porte, Jean-François lui glisse un autocollant antinucléaire. L’autre s’en saisit et lui lance : « Si un jour ça se monte, leur projet, la vie ici, c’est terminé. » En attendant, « les opposants ne s’essoufflent pas et apportent de la vitalité, lui répond Jean-François. Un enfant est même né le mois dernier ! »




  Il y a ceux qui viennent fonder une famille au cœur du désert nucléaire, et il y a ceux qui viennent y passer leurs vieux jours. Frank a vécu sur une petite ferme pendant vingt-cinq ans, en Haute-Saône. Mais ce barbu aux allures de père Noël a décidé de venir vieillir près de Bure, parce qu’« il était hors de question de passer une retraite tranquille ». Il travaille à la médiation entre les différentes composantes de la lutte, car toutes les barricades, qu’elles soient juridiques, médiatiques ou enflammées, sont essentielles selon lui. « Chaque année gagnée dans le bois et au tribunal, où nous retardons le début des travaux, nous rendons le projet Cigéo plus cher, moins plausible », plaide-t-il. Comme me l’avait dit Nico [*], habitant de Mandres, tandis qu’il épluchait des patates collectées dans les champs squattés : « On mène une guerre d’usure, de basse intensité : nous nous installons à côté de l’Andra, mais ce n’est pas pour cohabiter. »

BZL, bois Lejuc, maisons achetées, appartements loués, champs squattés ou prêtés… En Meuse, la lutte prend racine sous forme d’un archipel d’espaces où s’expérimentent de nouvelles formes de vie collective et autonome. Dans leur livre Bure, la nouvelle bataille du nucléaire, Gaspard d’Allens et Andra Fuori citent Jacques Rancière. L’émancipation n’est pas dans le projet d’un idéal lointain, elle se passe maintenant, explique le philosophe. C’est une autre manière d’habiter le monde en commun, c’est créer des espaces-temps autonomes au sein de l’ordre existant.



 

Cigéo : une commission recommande 

une expertise internationale sur certains déchets

 

 

Une expertise scientifique internationale devrait être sollicitée « assez urgemment » quant à la gestion des déchets bitumineux au sein du projet de site d’enfouissement de déchets nucléaires prévu à Bure (Meuse), a recommandé la Commission d’évaluation des recherches sur les déchets radioactifs (CNE), selon l’AFP jeudi 23 novembre.
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a précédemment relevé les « incertitudes » quant au comportement des déchets enfermés dans du bitume en cas d’élévation de température, notamment en cas de réaction chimique entre produits. Ces fûts, qui représenteront environ 18% des déchets stockés par Cigéo, sont très inflammables.

C’est une « question quand même importante car les colis de bitume sont nombreux au sein de Cigéo et ils seraient (...) parmi les premiers à être stockés », a souligné à l’Assemblée nationale Gilles Pijaudier-Cabot, vice-président de la CNE, devant les parlementaires de l’Office d’évaluation des choix scientifiques.

Deux pistes sont proposées par l’ASN, avec une préférence pour la seconde : modifier les conditions de stockage ou traiter les bitumes pour réduire leur inflammabilité.

« S’ensuit une question de faisabilité à l’échelle du stock de bitumes que nous avons », a ajouté jeudi le représentant de la CNE, qui présentait son rapport annuel.

« Clairement la commission considère aujourd’hui qu’il y a là un débat scientifique et technique », a-t-il dit. « Une façon de répondre à ce débat (...) est de mettre en place une expertise externe internationale qui permettrait au moins de partager l’ensemble des connaissances, de façon à éclairer au mieux les décisions. Et ça, nous pensons qu’il est assez urgent de mettre en place cette expertise scientifique internationale ».

A partir des années 70, une partie des déchets finaux de moyenne activité ont été enfermés dans du bitume, le processus de vitrification ayant été mis au point plus tardivement. Quelque 40.000 fûts d’environ 200 litres sont concernés, selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). La réactivité des sels de bitume ayant conduit à des incidents notamment au Japon à la fin des années 1990, le bitumage a ensuite été interdit en France, à l’exception d’une installation encore en activité à La Hague.
A Lyon,des migrants viennent de se faire expulser de la Part Dieu, ce sont des étudiants de l’université de Lyon 2 qui les hébergent de leur plein gré, dans les locaux de la fac Lyon 2 à Bron.



Dimanche 26 novembre

Expulsions 

 

Appel urgent depuis la forêt d’Hambach (Allemagne), occupée pour lutter contre l’extension d’une gigantesque mine de lignite à ciel ouvert : "L’entreprise RWE a commencé aujourd’hui par dégager des buissons pour préparer le déboisement total. Les préparatifs d’une action massive de police sont évidents. Ils ont annoncé qu’ils veulent expulser l’intégralité de l’occupation. Nous les attendons au plus tard lundi pour des expulsions. Ils sont déjà dans la forêt, protégeant des machines. Donc nous devons mobiliser nos forces aussi." Voir leur appel relayé sur Indymedia. et leur blog.


Infos du 27 au 30 novembre

Lundi 27 novembre

 

En Ukraine, 

1.400 ha de forêts menacés 

par une méga-station de ski

 

 

Le gouvernement de Transcarpatie, en Ukraine, compte créer une immense station de ski au cœur d’un massif montagneux très préservé.

Guenady Moskal, le gouverneur de la Transcarpatie, veut y construire un immense complexe touristique avec plus de 60 hôtels, 120 restaurants, 33 remonte-pentes qui mèneront aux pistes d’une longueur totale de 230 km, le tout financé par des investisseurs dont il n’a pas voulu publier les noms. Des centres commerciaux, médicaux, de fitness, des filiales de banques, des parkings à plusieurs niveaux et même une piste d’atterrissage sont prévus. La future station pourra accueillir jusqu’à 28.000 touristes à la fois.

Un petit groupe d’habitants opposés, soutenu par des organisations écologistes ukrainiennes et européennes, tente de s’opposer au projet, notamment par la voie juridique.

Le massif « Svydovets » fait partie des Carpates en Transcarpatie dans l’ouest d’Ukraine. « De nombreuses forêts font de ce massif un des plus beaux, des plus riches en flore et en faune du pays. Il est caractérisé par son aspect sauvage, trois lacs naturels et le fait qu’il serait au centre de l’Europe géographique. Au cœur de Svydovets nait la rivière Tchorna Tisza - la source de la Tisza, l’une des rivières les plus importantes de la région. Le massif est l’épicentre des principales pluviométries de la région », écrivent les militants dans un courriel transmis à Reporterre.

Le chiffre de 14.000 hectares de forêts menacés a été avancé par les services de l’administration. Puis les services du gouverneur se sont rétractés et ont expliqué que cela avait été une faute de dactylographie, qu’il ne s’agissait que de 1.400 ha. Pour les activistes, cette polémique sur les surfaces est ridicule et ne sert qu’à embrouiller les esprits.
    Source  : courriel à Reporterre.

Complément d’info : sur Svydovets https://reporterre.net/IMG/pdf/svydovets_fr.pdf


Mardi 28 novembre

La forêt de Hambach, 

en Allemagne, est menacée de destruction 

par une mine de charbon

 

Le tribunal administratif de Cologne a statué vendredi 24 novembre contre une plainte déposée par le groupe environnemental BUND, qui voulait protéger la forêt de Hambach, une des forêts les plus anciennes d’Allemagne, dont une grande partie va être rasée pour ouvrir une mine de charbon (lignite) exploitée par le compagnie RWE.


Lyon - Appel à une assemblée sur l’hébergement mardi 28 novembre. Les étudiant.e.s de l’Amphi C, appellent les habitants, collectifs, associations, squatters, sensibilisés sur la question des hébergements à participer à une grande assemblée mardi 28 novembre à la faculté de Bron pour construire un rapport de force contre la politique répressive des pouvoirs publics.

Plus d’infos : https://rebellyon.info/Appel-a-une-assemblee-sur-l-hebergement-18438
     

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