Le Front national n’est pas
le meilleur ami des animaux
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Marine Le Pen candidate à l' élection présidentielle de 2017, arrive au Parlement européen, à Strasbourg, le 14 décembre 2016.
Photo Pascal Bastien pour Libération
La volonté de Marine Le Pen de « faire de la protection animale une priorité nationale » ne se traduit pas dans les votes de son parti au Parlement européen, bien au contraire.
La condition animale préoccupe nos concitoyens. Un récent
sondage souligne que 80 % des Français considèrent que la protection
des animaux est intimement liée à leur conception de la société. Le
travail accompli depuis des années par les associations et des lanceurs
d’alerte ainsi que les récentes prises de position de personnalités ont
fait évoluer les mentalités. Comme souvent, la classe politique est en
retard sur la société et les poncifs sur «l’amour des animaux» peinent à
cacher la réalité de discours sur les bienfaits de la chasse ou de
traditions pour justifier la cruauté gratuite imposée à des êtres
vivants. Considérer l’animal comme un être vivant et sensible à part
entière et non comme un meuble, c’est repenser l’idée que nous nous
faisons de la souffrance et de la dignité. Des conditions d’élevage, de
transport et d’abattage aux différents types de chasse et au trafic des
espèces sauvages en passant par la corrida, le cirque ou les
expérimentions animales, nombreux sont les domaines dans lesquels la
réalité de la souffrance animale ne peuvent, ni ne doivent, être
ignorés. Le vivant, fragile par nature, est indivisible et il serait
décent que certains arrêtent de se servir de la cause animale comme d’un
accessoire de communication. Laissant de côté ceux qui méprisent
ouvertement la cause animale, regardons la réalité des votes au
Parlement européen d’un mouvement politique qui instrumentalise
ouvertement le bien-être animal à des fins électoralistes.
Mme Le Pen aime les déclarations sur «la manière dont nous traitons les animaux», mais ses votes et ceux du groupe qu’elle préside vont à l’encontre du bien-être animal. Prisonniers de leur idéologie, les députés frontistes privilégient leur vision nationaliste plutôt que de permettre des avancées concrètes à l’échelle européenne de la question du bien-être animal. Et les exemples ne manquent pas. Ainsi, récemment, le groupe Front national, considérant les chasseurs comme les premiers écologistes, a été le seul groupe politique parmi les eurodéputés français à s’opposer à l’adhésion de l’Union européenne à la convention Cites interdisant le commerce international des espèces menacées d’extinction. Comment, de bonne foi, se proclamer défenseur de la cause animale et de la biodiversité et défendre ce commerce au moment où nous vivons la sixième extinction animale de masse ?
En novembre 2015, le FN votait contre une résolution demandant à la Commission d’interdire, à l’échelle de l’Union, «toute utilisation traditionnelle ou culturelle d’animaux qui s’accompagne de mauvais traitements ou de souffrances», permettant ainsi aux amis de la corrida de continuer leur barbare loisir. Le 14 mars, le Parlement européen demandait à la Commission de prendre des mesures pour mettre un terme à la tragique situation des lapins en interdisant l’élevage en cages. Les eurodéputés FN ont préféré, dans leur grande majorité, voter contre - ou s’abstenir - afin de ne pas déplaire à l’industrie alimentaire française, troisième productrice de lapins d’élevage en Europe. La production de masse, l’industrialisation de l’élevage et le système concentrationnaire qui en découle ne semblent pas concerner celles et ceux qui, pourtant, prétendent « faire de la condition animale une priorité nationale ».
Lorsqu’en décembre 2012 et en novembre 2015, les écologistes européens veulent introduire une durée maximale de huit heures pour le transport des animaux, le FN vote à deux reprises contre toute amélioration de cette situation, préférant ainsi laisser ces animaux entassés dans les camions, sans aucun espace leur permettant de se coucher ou même de se mouvoir et qui, pour beaucoup d’entre eux, se termine par une mort lente et douloureuse. Malgré ses diatribes sur la Politique agricole commune, Mme Le Pen n’a jamais eu l’intention de la réformer ni de la remplacer par une «politique alimentaire durable» qui prenne pleinement en considération l’animal. «Si la lutte contre la souffrance animale est absolument légitime, il ne faut pas qu’elle soit un prétexte pour remettre en cause l’élevage français», assurait ainsi le FN lors des élections européennes de 2014.
Bref, ne changeons rien !
Comme souvent, la question animale se trouve ainsi reléguée au second plan, après celle du maintien d’un modèle industriel d’élevage. Or, sans stigmatiser les éleveurs, victimes directes d’un système productiviste et intensif qui leur est imposé, il faut souligner que ce modèle, par ailleurs préjudiciable à l’environnement, ne vise que le profit des gros industriels de l’agroalimentaire et allie la souffrance animale à la souffrance humaine. Il suffit de voir la profonde détresse des petits éleveurs, leurs difficultés à survivre, ou observer le désespoir des employés dans les abattoirs pour comprendre que la souffrance animale ne diminue en rien la souffrance humaine, bien au contraire. Pourtant, des solutions existent. Il suffit d’avoir le courage de s’opposer politiquement aux lobbys industriels et d’accompagner les éleveurs pour une meilleure prise en compte du bien-être animal. En remettant cette question au cœur des formations agricoles et en conditionnant une partie des aides agricoles au respect de la condition animale, nous pouvons améliorer le sort. Les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux doivent être strictement encadrées, au niveau européen comme au niveau national, les aides conditionnées au respect de ces règles et les sanctions pour ceux qui enfreignent les lois doivent être exemplaires.
Mais sur ces sujets encore, le FN vote contre. Et la liste des incohérences entre le discours cosmétique des élus FN et la réalité de leurs positions ne fait que s’allonger. Loin du parti «antisystème» qui valoriserait la condition animale, les eurodéputés frontistes soutiennent les grands groupes agroalimentaires qui ne pensent «animal» que par le prisme de l’exploitation et du profit. Par ailleurs, au fond, pour eux, les animaux restent des accessoires pour les amoureux de la chasse, du divertissement animalier, des cirques, de la corrida, bref des amoureux de la mise en scène de la souffrance, du sang et de la mort. La question de notre rapport aux animaux et au vivant n’est pas un sujet politique parmi d’autres. Il constitue un projet de société. Et s’il est clair que pour le Front national, c’est le vieux monde qui constitue son seul horizon, le monde nouveau que nous voulons construire sera solidaire et respectueux du vivant sous toutes ses formes.
Mme Le Pen aime les déclarations sur «la manière dont nous traitons les animaux», mais ses votes et ceux du groupe qu’elle préside vont à l’encontre du bien-être animal. Prisonniers de leur idéologie, les députés frontistes privilégient leur vision nationaliste plutôt que de permettre des avancées concrètes à l’échelle européenne de la question du bien-être animal. Et les exemples ne manquent pas. Ainsi, récemment, le groupe Front national, considérant les chasseurs comme les premiers écologistes, a été le seul groupe politique parmi les eurodéputés français à s’opposer à l’adhésion de l’Union européenne à la convention Cites interdisant le commerce international des espèces menacées d’extinction. Comment, de bonne foi, se proclamer défenseur de la cause animale et de la biodiversité et défendre ce commerce au moment où nous vivons la sixième extinction animale de masse ?
En novembre 2015, le FN votait contre une résolution demandant à la Commission d’interdire, à l’échelle de l’Union, «toute utilisation traditionnelle ou culturelle d’animaux qui s’accompagne de mauvais traitements ou de souffrances», permettant ainsi aux amis de la corrida de continuer leur barbare loisir. Le 14 mars, le Parlement européen demandait à la Commission de prendre des mesures pour mettre un terme à la tragique situation des lapins en interdisant l’élevage en cages. Les eurodéputés FN ont préféré, dans leur grande majorité, voter contre - ou s’abstenir - afin de ne pas déplaire à l’industrie alimentaire française, troisième productrice de lapins d’élevage en Europe. La production de masse, l’industrialisation de l’élevage et le système concentrationnaire qui en découle ne semblent pas concerner celles et ceux qui, pourtant, prétendent « faire de la condition animale une priorité nationale ».
Lorsqu’en décembre 2012 et en novembre 2015, les écologistes européens veulent introduire une durée maximale de huit heures pour le transport des animaux, le FN vote à deux reprises contre toute amélioration de cette situation, préférant ainsi laisser ces animaux entassés dans les camions, sans aucun espace leur permettant de se coucher ou même de se mouvoir et qui, pour beaucoup d’entre eux, se termine par une mort lente et douloureuse. Malgré ses diatribes sur la Politique agricole commune, Mme Le Pen n’a jamais eu l’intention de la réformer ni de la remplacer par une «politique alimentaire durable» qui prenne pleinement en considération l’animal. «Si la lutte contre la souffrance animale est absolument légitime, il ne faut pas qu’elle soit un prétexte pour remettre en cause l’élevage français», assurait ainsi le FN lors des élections européennes de 2014.
Bref, ne changeons rien !
Comme souvent, la question animale se trouve ainsi reléguée au second plan, après celle du maintien d’un modèle industriel d’élevage. Or, sans stigmatiser les éleveurs, victimes directes d’un système productiviste et intensif qui leur est imposé, il faut souligner que ce modèle, par ailleurs préjudiciable à l’environnement, ne vise que le profit des gros industriels de l’agroalimentaire et allie la souffrance animale à la souffrance humaine. Il suffit de voir la profonde détresse des petits éleveurs, leurs difficultés à survivre, ou observer le désespoir des employés dans les abattoirs pour comprendre que la souffrance animale ne diminue en rien la souffrance humaine, bien au contraire. Pourtant, des solutions existent. Il suffit d’avoir le courage de s’opposer politiquement aux lobbys industriels et d’accompagner les éleveurs pour une meilleure prise en compte du bien-être animal. En remettant cette question au cœur des formations agricoles et en conditionnant une partie des aides agricoles au respect de la condition animale, nous pouvons améliorer le sort. Les conditions d’élevage, de transport et d’abattage des animaux doivent être strictement encadrées, au niveau européen comme au niveau national, les aides conditionnées au respect de ces règles et les sanctions pour ceux qui enfreignent les lois doivent être exemplaires.
Mais sur ces sujets encore, le FN vote contre. Et la liste des incohérences entre le discours cosmétique des élus FN et la réalité de leurs positions ne fait que s’allonger. Loin du parti «antisystème» qui valoriserait la condition animale, les eurodéputés frontistes soutiennent les grands groupes agroalimentaires qui ne pensent «animal» que par le prisme de l’exploitation et du profit. Par ailleurs, au fond, pour eux, les animaux restent des accessoires pour les amoureux de la chasse, du divertissement animalier, des cirques, de la corrida, bref des amoureux de la mise en scène de la souffrance, du sang et de la mort. La question de notre rapport aux animaux et au vivant n’est pas un sujet politique parmi d’autres. Il constitue un projet de société. Et s’il est clair que pour le Front national, c’est le vieux monde qui constitue son seul horizon, le monde nouveau que nous voulons construire sera solidaire et respectueux du vivant sous toutes ses formes.
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