Honneur : « Ensemble des principes moraux qui incitent à ne jamais accomplir une action qui fasse perdre l’estime qu’on a de soi ou celle qu’autrui nous porte » (Larousse).
L’honneur, ça ne sert pas qu’à faire des doigts. Même à Siné Mensuel, où le geste est emblème. L’honneur, celui des peuples comme celui des individus, est fait de courage et de fidélité à soi-même.
En 1939, un demi-million d’Espagnols passent les Pyrénées pour fuir la guerre. On les accueille, très mal, mais on les accueille. La presse d’extrême droite, déjà, les traite de bandits, d’assassins. C’est de l’Histoire.
Les Syriens d’aujourd’hui sont les Espagnols d’hier. On les vire, on les laisse se noyer ou patauger dans la bouillasse. Les fachos entonnent leur refrain dégueulasse. Les politiques flattent la fachosphère dans le sens du poil. C’est de l’actu.
Il y a toujours eu en France des racornis, imbéciles heureux nés quelque part. Tant qu’ils allaient dans les pays du Sud pour envahir et coloniser, ou bien, plus tard, pour le soleil et les bas prix, tout allait pour le mieux dans leur crâne à sens unique. Que les trajets changent de sens, que les colonisés d’hier, en danger de mort, s’avisent de pointer leur nez et les étriqués se mettent à piailler : « Dehors ! On est chez nous ! »
Alors qu’on nous rebat les oreilles avec le vieillissement ambiant et la cherté des études de nos têtes blondes (!), faut être bas de plafond pour ne pas piger, même avec une pierre à la place du cœur, que les réfugiés, quand ils choisissent un pays, lui font un cadeau. Celui de leur énergie, leur volonté de survie, leur désir d’une belle vie en repartant de zéro. Il y aura parmi eux des brebis galeuses ? Ouais, mon pote, ils sont humains, comme nous autres, juste des gens. Il y aura aussi des Curie, Ionesco, Gary, Zidane, Semprun, Cantona, Coluche…
Ne serait-ce que par sens de l’investissement, accueillons-les tous.
Par fidélité à notre France, celle des révoltés, sans-culotte, partageux, communards, fraternisateurs, rouges du drapeau et du cœur, accueillons-les tous.
Entre la France des murs et celle des ponts, celle des yeux fermés et des bras ouverts, le choix est clair.
Source : http://www.sinemensuel.com/coups-de-boule/les-accueillir-tous/
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