La France,
toujours accro aux pesticides
22 mars 2016 / Lorène Lavocat (Reporterre)
La France est toujours intoxiquée aux produits phytosanitaires. Alors que se déroule, du 20 au 30 mars, la semaine pour les alternatives aux pesticides, tour d’horizon d’une situation peu réjouissante, mais qui donne quelques raisons d’espérer.
D’après les chiffres du ministère de l’Agriculture publiés le 8 mars (voir note complète du ministère),
notre agriculture reste désespérément la terre promise des produits
phytosanitaires, tout en haut du podium européen. Les quantités de
substances actives (QSA) vendues à des fins agricoles ont bondi de 16 %
en 2014, frôlant les 59.000 tonnes. Plus inquiétant encore, la
distribution des produits contenant des molécules cancérigènes,
mutagènes ou reprotoxiques s’envole de plus de 20 %.
Au même moment, deux chercheurs de l’Inra ont publié une étude inédite sur les coûts cachés de ces substances. « The Hidden and External Costs of Pesticide Use » vient de paraître dans la revue Sustainable Agriculture Reviews. D’après Denis Bourguet et Thomas Guillemaud, les pesticides coûtent à nos sociétés bien plus qu’ils ne nous rapportent. Parmi les « externalités » négatives : la destruction des services écosystémiques comme la pollinisation, les impacts sanitaires (cancers, intoxications), l’importance des fonds publics pour contrôler ces substances, les frais d’assainissement ou de dépollution, et enfin le surcoût pour les consommateurs qui veulent se protéger, en achetant bio par exemple.
Début mars, une étude diligentée par l’association a confirmé que les riverains des grandes cultures, vignes et vergers, sont exposés à ces substances toxiques jusque dans leur maison.
Les preuves s’envolent, mais les produits restent… L’Agence de santé européenne, l’Efsa, vient encore de repousser sa décision quant à la ré-homologation du glyphosate. Principal composant du RoundUp, cette substance active, classée cancérigène par l’OMS, est en attente d’une nouvelle autorisation de vente pour quinze ans. La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, s’est prononcée contre. Mais, comme le révélait Reporterre, la Commission européenne tergiverse et cherche des compromis insatisfaisants.
Autre menace, et non des moindres, le fameux Tafta. D’après Générations futures, le traité transatlantique de libre-échange prévoit que les limites maximales de résidus de pesticides (LMR) adoptées soient celles en vigueur aux États-Unis. Or, elles sont bien moins contraignantes que les européennes. « L’accord en négociation pourrait aussi permettre à 82 pesticides actuellement interdits en Europe d’être réautorisés », précise l’association.
Alors reste-t-il des raisons d’espérer ? « Oui, nous (r)assure François Veillerette. Les alternatives aux pesticides progressent ! » Premier signe positif, la législation française avance peu à peu. Résultat de la « loi Labbé » votée en 2014, les produits phytosanitaires ne pourront plus être utilisés par les collectivités dès janvier 2017. Idem pour les particuliers, à partir de 2019. Et le projet de loi sur la biodiversité prévoit l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles en 2018.
Parmi les signes tangibles d’une évolution sociétale, l’agriculture biologique poursuit sa lente croissance. Selon les chiffres de l’Agence bio, 4,14 % de la surface agricole utile était cultivée selon le mode biologique en 2014. Et six Français sur dix consomment régulièrement des produits sans pesticide. Un développement freiné, d’après le porte-parole de Générations futures, par le manque de moyens, financiers et normatifs, mis en place pour encourager la filière. « Il faut conditionner les aides à l’adoption de pratiques vertueuses, investir plus massivement dans la recherche sur l’agroécologie, et contraindre les agriculteurs à moins recourir aux produits phytos », insiste-t-il.
Ainsi, d’après les Amis de la Terre, le lobby de l’agrochimie œuvre en coulisses afin d’empêcher la légalisation du purin d’ortie et autres préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP). « Alors que la loi reconnaît depuis octobre 2014 l’utilisation des PNPP, le décret d’application indispensable, pourtant rédigé, n’est toujours pas publié », s’indigne l’ONG, qui propose aux internautes de signer une pétition afin de contrer les intérêts des firmes phytopharmaceutiques.
Un lobbying que bat en brèche l’association Générations futures, qui organise toute cette semaine et partout en France la Semaine pour les alternatives aux pesticides (Spap) avec des ateliers pour montrer que vivre sans pesticide, c’est possible !
Au même moment, deux chercheurs de l’Inra ont publié une étude inédite sur les coûts cachés de ces substances. « The Hidden and External Costs of Pesticide Use » vient de paraître dans la revue Sustainable Agriculture Reviews. D’après Denis Bourguet et Thomas Guillemaud, les pesticides coûtent à nos sociétés bien plus qu’ils ne nous rapportent. Parmi les « externalités » négatives : la destruction des services écosystémiques comme la pollinisation, les impacts sanitaires (cancers, intoxications), l’importance des fonds publics pour contrôler ces substances, les frais d’assainissement ou de dépollution, et enfin le surcoût pour les consommateurs qui veulent se protéger, en achetant bio par exemple.
Autre menace, et non des moindres, le fameux Tafta
« En prenant en compte les effets de l’exposition chronique [sur le long terme], les coûts sanitaires liés aux pesticides aux États-Unis approchent les 15 milliards de dollars par an », explique l’association Générations futures dans un communiqué. « Quant aux impacts environnementaux, ils sont chiffrés pour les États-Unis à quelque 8 milliards de dollars annuels. » Pour le porte-parole de Générations futures, François Veillerette, « c’est une preuve de plus de l’inefficacité économique et de la dangerosité des pesticides pour notre société ».
Début mars, une étude diligentée par l’association a confirmé que les riverains des grandes cultures, vignes et vergers, sont exposés à ces substances toxiques jusque dans leur maison.
Les preuves s’envolent, mais les produits restent… L’Agence de santé européenne, l’Efsa, vient encore de repousser sa décision quant à la ré-homologation du glyphosate. Principal composant du RoundUp, cette substance active, classée cancérigène par l’OMS, est en attente d’une nouvelle autorisation de vente pour quinze ans. La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, s’est prononcée contre. Mais, comme le révélait Reporterre, la Commission européenne tergiverse et cherche des compromis insatisfaisants.
Autre menace, et non des moindres, le fameux Tafta. D’après Générations futures, le traité transatlantique de libre-échange prévoit que les limites maximales de résidus de pesticides (LMR) adoptées soient celles en vigueur aux États-Unis. Or, elles sont bien moins contraignantes que les européennes. « L’accord en négociation pourrait aussi permettre à 82 pesticides actuellement interdits en Europe d’être réautorisés », précise l’association.
Alors reste-t-il des raisons d’espérer ? « Oui, nous (r)assure François Veillerette. Les alternatives aux pesticides progressent ! » Premier signe positif, la législation française avance peu à peu. Résultat de la « loi Labbé » votée en 2014, les produits phytosanitaires ne pourront plus être utilisés par les collectivités dès janvier 2017. Idem pour les particuliers, à partir de 2019. Et le projet de loi sur la biodiversité prévoit l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles en 2018.
Les dirigeants du monde agricole traînent des pieds
Des avancées réglementaires portées par un mouvement citoyen puissant. Pétition sur les néonicotinoïdes, marche à Bordeaux, rassemblement devant l’Assemblée nationale. Le succès du documentaire de Cash Investigation sur les pesticides n’y est sans doute pas pour rien. « L’enquête de France 2 a fait monter d’un cran la prise de conscience, se réjouit François Veillerette. Il faut à présent transformer cette préoccupation citoyenne en avancée concrète. »
Parmi les signes tangibles d’une évolution sociétale, l’agriculture biologique poursuit sa lente croissance. Selon les chiffres de l’Agence bio, 4,14 % de la surface agricole utile était cultivée selon le mode biologique en 2014. Et six Français sur dix consomment régulièrement des produits sans pesticide. Un développement freiné, d’après le porte-parole de Générations futures, par le manque de moyens, financiers et normatifs, mis en place pour encourager la filière. « Il faut conditionner les aides à l’adoption de pratiques vertueuses, investir plus massivement dans la recherche sur l’agroécologie, et contraindre les agriculteurs à moins recourir aux produits phytos », insiste-t-il.
Légumes issus de l’agriculture biologique. |
Ainsi, d’après les Amis de la Terre, le lobby de l’agrochimie œuvre en coulisses afin d’empêcher la légalisation du purin d’ortie et autres préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP). « Alors que la loi reconnaît depuis octobre 2014 l’utilisation des PNPP, le décret d’application indispensable, pourtant rédigé, n’est toujours pas publié », s’indigne l’ONG, qui propose aux internautes de signer une pétition afin de contrer les intérêts des firmes phytopharmaceutiques.
Un lobbying que bat en brèche l’association Générations futures, qui organise toute cette semaine et partout en France la Semaine pour les alternatives aux pesticides (Spap) avec des ateliers pour montrer que vivre sans pesticide, c’est possible !
Lire aussi : « On peut réduire fortement la quantité de pesticides. J’ai réussi ! »
Source : Lorène Lavocat pour Reporterre
Photos :
. chapô : Flickr (Aqua Mechanical/CC BY 2.0)
. légumes : Wikipedia (Elina Mark/CC BY-SA 3.0)
Source : http://www.reporterre.net/La-France-toujours-accro-aux-pesticides
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