Tibet : l'Invasion Continue

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Le Tibet sous une mer de Hans

12 AOÛT 2013 |  PAR PIERRE GUERRINI

L'avenir au bout de la nuit de l'horreur ...

Tibet,  le Toit du Monde ploie sous le nombre des Hans ...

La Chine est un pays étrange. Alors que ses nouveaux leaders rêvent d'une nation moderne,  avec une perspective scientifique, certaines des pratiques actuelles de cette  Chine nous ramènent brutalement aux jours les plus sombres de l'époque de Mao.

... les plus sombres de l'époque de Mao

Où est passée la glasnost ...?

Prenez, par exemple, la visite d' Yu Zhengshen dans la région Autonome tibétaine, du Tibet-occupé. Mais, d'abord, vous pouvez demander, qui est Yu ?

C'est bien simple. Yu est l'un des sept patrons de l'Empire du Milieu. Il est le président de la Conférence consultative politique du Peuple chinois, et,  membre du Comité permanent chargé des affaires tibétaines.  Ce même Yu s'est fendu, à partir du 1er Août, et ce,  jusqu'au 6 de ce même mois, d' une  « visite d'inspection »  à Lhassa, capitale du Tibet-occupé, et dans ses environs.  Le plus extraordinaire, ou étrange, c'est pas tant la visite elle-même, que le fait que rien n'ait filtré dans la presse chinoise, et ou locale, avant le retour à Beijing, le 6 août au soir.Vu de l'extérieur de la Chine, il est difficile de croire qu'un fonctionnaire de première importance, responsable d'une région comme le Tibet puisse  y demeurer et s'y déplacer avec toute son équipe, pendant près d'une semaine, sans que quiconque,  ni,  n'en soit averti, ni,  n'en fasse part à qui que ce soit, et,  que la chose ne soit divulguée qu'une fois qu'il ait quitté le Tibet. Enfin, le Tibet-occupé. 
Lorsque  Xi Jinping s'était adressé à une délégation tibétaine,  en Mars,  à Beijing,  lors du Congrès national du peuple, Yu,  lors d'une intervention avait  parlé de  "parvenir à accélérer le développement économique et social au Tibet, et de la nécessité urgente d'une stabilité à long terme ".
S'étendant ...  sur les souffrances des soldats chinois qui laisseraient leur santé mentale à contrôler pacifiquement les manifestants tibétains.
Yu a rejeté la proposition du Dalaï-lama,  qui plaidait pour une forme d'autonomie dans tous les domaines des affaires  tibétaines. Et d'argumenter que la proposition du Dalaï-lama " va à l'encontre de la Constitution chinoise, de la loi et des intérêts fondamentaux du bouddhisme tibétain ".
Yu a demandé aux moines  " d'avoir une nette appréciation et une compréhension claire de la nature et des visées sécessionnistes de la clique du Dalaï-lama " et s'est déclaré  "  hautement résolu à sauvegarder l'unité nationale, l'unité ethnique,  l'harmonie et la stabilité du Tibet."   
En quelque sorte, un ami inespéré du Tibet-occupé. La visite, restée très discrète, et,  très « secrète »,  exceptionnellement longue de 6 jours, avait pour but de mettre l'accent sur les moyens et la façon de  "  développer scientifiquement des idées pour renforcer la construction d'infrastructures et  de déployer des aréopages d'industries ".

Mais un développement du Tibet pour quoi, pour qui ?  ...  Pour tout simplement  - le monde Han est bien simple -  pour inonder le plateau tibétain, au Tibet-occupé,  avec un nombre toujours croissant, et, à la courbe en exponentielle constante de flux de plus en plus conséquents de hordes innombrables de ... touristes Hans.
La Chine qui excelle - le monde non-Han en sait quelque chose, qui souffre de l'activité inouïe de ce grand faussaire qui inonde la planète de ses production en toutes choses et à très bas-coup -  dans la fabrication et la démultiplication des faux, n'a pas, pour tasse de thé,  la religion.
Pour recevoir les 15 millions de visiteurs chinois, non pas escomptés, mais, bel et bien,  attendus cette année, une  infrastructure à la hauteur est nécessaire, et les aéroports et les lignes de chemin de fer sont l'épine dorsale de l'industrie flamboyante du tourisme en plein essor au Tibet.
Xinhua a récemment rapporté que l'aéroport de Chamdo  -  Bangda -  devait être rouvert prochainement après des réparations majeures.Ainsi que l'aéroport de Kardze Daocheng Yading, situé à 4,411 mètres de haut, ouvrira ses pistes, à Kardze, dans la province de Sichuan.  Cet aéroport pourra être porté au livre des records.  Il sera l'aéroport civil le plus haut du monde, et sera livré, clefs en main,  pour un rendement immédiat et maximum, un an plus tôt que prévu.
L'aéroport pourra, bien entendu, et avec une efficacité sans pareille, également faciliter le transport rapide de troupes fraîches au commandement de la région militaire de Chengdu dans la préfecture de Kardze qui est l'une des zones les plus agitées, les plus rétives du plateau tibétain.
La tragédie tibétaine qui se poursuit met en lumière et révèle l'exploitation du Tibet,  à laquelle se livre, tout azimuts, le gouvernement chinois.
Le Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie - TCHRD -  a signalé un incident grave qui s'est produit dans la région à l'occasion de l'anniversaire du Dalaï-lama, le 6 Juillet dernier.  
Au moins neuf Tibétains ont été  grièvement blessés par balle et sont jugés dans un état critique. Leur pronostic vital engagé. Beaucoup d'autres, dont deux moines et de nombreux  laïcs tibétains le furent également après que les forces paramilitaires de la Police Armée populaire - PAP - les ait noyés sous les vapeurs de grenades lacrymogènes avant de les frapper systématiquement.
Le nouvel aéroport de Yading de Kardze facilitera également et grandement le transport des renforts du PAP en cas de troubles.

Avec une pierre, deux oiseaux sont tués :  les manifestants tibétains sont « pacifiés »,  et,  sur ces hauts plateaux à la nature inviolée depuis le début des temps et de son histoire géologique, le déluge de touristes chinois, majoritairement Hans, peut commencer, et affluer les revenus, on ne peut plus, considérables.

Selon le site Chinanews.com, - des Hans continentaux -   "Le Tibet avec son mystère, c'est le jardin spirituel de l'Eden, dont rêve tout voyageur, chinois ou étranger.  Rien qu'en marchant sur le plateau enneigé, peut-on être saisi et "baptisé"  par sa splendeur, sa culture, par le folklore, la vie, ses montagnes enneigées, ses montagnes saintes, ses lacs sacrés, et des résidences aux incroyables caractéristiques locales dans le charme du paysage ".

Le Tibet est en passe de devenir le plus grand parc de divertissement dans le monde.
Mille et mille fois plus grand, plus vaste que Disneyland. Aujourd'hui, le gouvernement de Pékin a trouvé ce moyen sophistiqué, et, qui-plus-est rentable, tout en s’attachant le concours et la complicité induite de populations espérées de touristes venus du monde entier,  de submerger  la population tibétaine sous les vagues de Chinois Hans. 

Sous une mer de Hans ...

Le gouvernement de Pékin vend, flambant neuf, sur tous les marchés du tourisme et de l'immobilier, le Pays des Neiges, Tibet-occupé, comme l'endroit ultime «indigène » pour le peuple chinois, haut lieu de villégiature où y passer ses vacances. Quant on connait le nombre de candidats potentiels Hans à une telle villégiature ... C'est à faire froid dans le dos ... Mais au Pays des Neiges éternelles et des glaciers immémoriaux ... Le Tibet possède deux atouts uniques.

Tout  d'abord, son aspect physique  - la beauté du paysage, les montagnes imposantes, la pureté de l'air et des rivières, un ciel pur, un air pur, un air sec ... A comparer avec l'épais smog aux teintes inquiétantes,  persistant  dans le ciel de la grande métropole de la Chine.  Le Tibet n'est-il est l'endroit idéal pour faire une pause, possiblement fort divertissante, loin du rythme effréné de la folle partie continentale totalement  pollué...
Le second avantage est la richesse de cette civilisation, sa présence encore naguère tout à fait palpable, une civilisation très sophistiquée, savante, et qui,  à l'opposé de celle des pharaons - aujourd'hui  disparue -  nous est, du fait de sa protection séculaire,  en ce cocon majestueux  qu'est cet extraordinaire  milieu géographique plutôt hostile, et qui lui a donné, conféré son caractère absolument endémique, et,  par là-même absolument unique, une civilisation ancienne qui nous est contemporaine. Richesse donc du passé historique du Toit du Monde. Du  pays des lamas. 

Au Tibet, on trouve de tout, proclame la propagande chinoise.

Une belle princesse chinoise éprise d'un empereur - Chinois - donc très puissant ...  et, de discourir avec lui,  le convertit au Bouddhisme...  Les monastères et les couvents, siège d'une sagesse perdue dans la partie continentale, le yak folklorique, et les danses du lion des neiges ... les beaux objets colorés de l'artisanat, la nourriture exotique ...

Prenez l'opéra de la  " Grande Princesse Wencheng ".  Un opéra sur la vie de l'épouse chinoise de l'empereur tibétain Songtsen Gompo, qui vécut  au septième siècle de notre ère.  L'opéra est mis en scène dans la banlieue de Lhassa avec quelques 600 acteurs sur une scène qui avoisine les cent mètres de long,  mais plus drôle,  ou,  peut-être, plus sinistrement tragique que vraiment désopilant,  devant une réplique toute récente, toute nouvellement construite,  du Palais du Potala, et, à quelques kilomètres du vrai.  Du vrai, de l'authentique et unique Potala ...  Du Potala, palais des Dalaï-lamas, édifié par le grand Cinquième,  qui fit l'unité et la puissance du Tibet.

La blogueuse et dissidente, intellectuelle et écrivaine tibétaine,  Tsering Woeser, domiciliée à Pékin et, plus souvent qu'à son tour, régulièrement placée en résidence surveillée, se rend, quand cela lui est loisible, le plus  fréquemment possible  au Tibet, et présente sur son blog des images, donc,  du  "  Potala-nouveau ".  Elle y explique :  « En réalité, il s'agit d'un projet de réécrire l'histoire " ... «  d'effacer »  " gommer " " évacuer " la mémoire historique et la culture d'un peuple. Il s'agit d'un projet  « gagnant-gagnant ».  "

C'est le projet  "  Gagnant-Gagnant-Han ", une sorte de monstruosité sans pareil.  Avec un budget d'au-minimum 120 millions de dollars.

C'est toute une batterie de manifestations multiples et à vocations culturelles à destination des nuées de touristes chinois que l'administration de la Région Autonome du Tibet, au Tibet-occupé, propose et offre, parachevant ainsi, et, avec toute l'application méthodique dont on les sait capables,  sa politique de propagande et de destruction et d'anéantissement du peuple tibétain, comme de sa culture, son assimilation au grand projet " Gagnant-gagant-Han ", la destruction de cette vieille civilisation du patrimoine de la planète ...  

Propagande et Festivals en série ... Lhassa Shoton Festival, et autres festivals de courses de chevaux ...

L'un des ces festivals est, presque curieusement, consacré à  Tsangyang Gyatso,  Sa Sainteté le VI ème Dalaï-lama.  Elles ne sont point trop sourcilleuses, quand-même, ces autorités chinoises d'ainsi honorer celui qui, si l'on suit, et, pour peu que l'on s'en tienne aux  préceptes, enseignements et fonctionnements des institutions du bouddhisme tibétain, celui qui, alors VI ème Dalaï-lama deviendra,  en vertu de la loi des réincarnations successives, deviendra l'honni, le très honni actuel XIV ème Dalai-lama.

Mais, ailleurs,  réside, peut-être,  l’intérêt de la chose. La propagande chinoise à l'adresse des bataillons de touristes,  fait du VI ème  Dalai-Lama,  un natif du Tibet. Et l'annonce est, à quelque chose près, ainsi libellée :  "Les touristes peuvent se réjouir du bonheur d'écouter les magnifiques chansons d'amour tibétaines, interprétées par des artistes du comté de Tsona, de la préfecture de Lhoka, le ville natale de Tsangyang Gyatso, le nom très connu du VI ème Dalai-Lama ".

Le fait que Tsangyang Gyatso soit né de l'autre côté du Mac-Mahon, sur l'autre rive, dans le quartier Tawang, dans l'Himachal Pradesh est tout bonnement, clairement, et,  peut-être volontairement passé sous silence, sciemment oublié.

Les autorités chinoises étendent probablement le Sud du Tibet aux plaines d 'Assam. 

La signification littérale d'Himachal Pradesh  est  Terre des montagnes enneigées.  L'Himachal Pradesh est également appelé  Deva Bhoomi,  la Terre des dieux.

Et, petite précision,  dont ne s’embarrassent guère les autorités chinoises, à moins qu'elles ne s'en débarrassent à dessein, l'Himachal Pradesh  est un état du nord-ouest de l'Inde.

Avec quelques pierres, tant d'oiseaux sont tués ...