Shell finalement autorisé à forer en Guyane
(JODY AMIET / AFP)
Acte 1 : Nicole Bricq "remet à plat"
Séisme. Le 13 juin, la première ministre de l'Ecologie du gouvernement Ayrault annonce, avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, une "remise à plat" de tous les permis d'exploration pétroliers et gaziers, dont ceux déjà accordés à Shell en Guyane, en attendant une refonte du code minier. "On est très attachés à la protection de la faune marine et de l'environnement, et nous n'avons aucune garantie quant à ça", justifie Nicole Bricq.
Conséquence immédiate : les forages programmés cet été par Shell en Guyane, préparés depuis des mois, et qui n'attendent plus que les fameux arrêtés préfectoraux pour pouvoir démarrer, se retrouvent suspendus.
Le pétrolier est stupéfait : "C'est vraiment très surprenant si l'on considère le soutien qu'il y a eu à ce projet au niveau régional en Guyane, et compte tenu de l'opportunité majeure que cela représente pour la France et pour la Guyane française en particulier", déclare à l'AFP un porte-parole de Shell France.
Acte 2 : Shell résiste
Des élus guyanais, très attachés aux retombées socio-économiques des forages, montent au créneau. L'unique élu écologiste du département peine à se faire entendre. Le 16 juin, un second communiqué signé Bricq et Montebourg rectifie le tir. Les ministres y précisent qu'il n'est "pas envisagé de remettre en cause les permis déjà octroyés pour la recherche de pétrole et de gaz conventionnel", comme ceux de Shell.
Deux arrêtés sont signés mercredi 20 juin, qui autorisent Shell à lancer sa campagne de forages exploratoires au large de la Guyane, et à mener d'ici la fin de l'année des études sismiques qui permettront d'évaluer le potentiel guyanais en hydrocarbures, après la découverte l'an dernier d'or noir par 6 000 mètres de profondeur.
"C'est un soulagement", pour le président de l'Union française des industries pétrolières (Ufip), Jean-Louis Schilansky, qui y voit un "signe positif" pour la Guyane et la France et "pour les investisseurs internationaux".
Acte 3 : Nicole Bricq est évincée
Le lendemain, jour de remaniement Nicole Bricq fait partie du mouvement. La ministre de l'Ecologie est recasée à la tête du Commerce extérieur. Elle est remplacée par Delphine Batho, exfiltrée d'un ministère de la Justice où elle ne s'entend pas avec sa ministre de tutelle... la guyanaise Christiane Taubira.
Un transfert très mal vécu par les associations de défense de l'environnement, déjà sonnées par le revirement autour de la "remise à plat" du permis de Shell.
"Il est difficile de ne pas voir l'éviction de Nicole Bricq comme la conséquence possible d'un lobbying efficace mené par l'industrie pétrolière. Il est vrai qu'en période de crise, le chantage à l'emploi est d'une redoutable efficacité", s'alarme l'association France nature environnement.
Acte 4 : Delphine Batho promet
"Je suis fière d'appartenir à un gouvernement qui écoute la voix des écologistes". C'est Cécile Duflot qui le dit, samedi, en donnant les clés d'Europe Ecologie-Les Verts à Pascal Durand. "La nouvelle ministre de l'Ecologie m'a assuré que tous les enjeux environnementaux en Guyane seront amenés à être réexaminés", déclare-t-elle samedi. Ajoutant que "la réforme du code minier mettrait un terme définitif au recours à la fracturation hydraulique et tournerait la page de l'histoire sur les gaz de schiste", a ajouté Mme Duflot.
Acte 5 : Shell fore
Les arrêtés signés mercredi lui sont parvenus vendredi. Mais la compagnie pétrolière prépare sa campagne de forages depuis des mois déjà et le navire de forage "Stena Icemax" est arrivé sur la zone de forage en début de semaine. "Actuellement, nous sommes dans une phase préparatoire aux travaux de forage, notamment la vérification et la mise en service du matériel", selon le directeur délégué de Shell en Guyane, Bruno Thomé. Les travaux de forages pétroliers commenceront "la semaine prochaine".
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