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mardi 25 octobre 2022

Le préfet de Haute-Savoie sonne le glas des bouquetins


Photo Matthieu Stelvio


                    Photo Matthieu Stelvio



Le préfet de 

Haute-Savoie 

sonne le glas 

des bouquetins


Allain Bougrain-Dubourg
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Bafouant les appels à la raison, la préfecture de Haute-Savoie fait procéder à la destruction immédiate de 75 bouquetins des Alpes, sur pression des éleveurs et des élus locaux.

 Décidément, c’est devenu une habitude dans l’administration : on choisit le vendredi, en dernière minute, pour prendre les arrêtés qui meurtrissent la faune. Le ministère de la Transition écologique avait usé de cette ficelle pour rétablir le piégeage aux alouettes, le préfet de Haute-Savoie vient de faire de même pour autoriser l’abattage de 70 bouquetins des Alpes, espèce théoriquement protégée. Ainsi, dans les deux cas, le temps que les associations et les tribunaux se retournent, même en référé (autrement dit, en urgence), les massacreurs peuvent œuvrer en toute tranquillité.

Concernant les bouquetins du Bargy, l’affaire mérite un retour en arrière. Déjà, en avril 2020, le noble animal s’exprimait dans Charlie Hebdo pour plaider sa cause. Il rappelait à cette occasion qu’après avoir été abattus dans toutes les hauteurs montagneuses, les ultimes survivants furent préservés par la création du Parc National du Grand Paradis en Italie puis, plus tard, dans celui de la Vanoise en France. Heureuse époque où l’espèce passait d’une soixantaine d’individus, dans les années 1960, à près de 1 800 aujourd’hui.

La touchante histoire digne d’un épisode de Belle et Sébastien s’est sérieusement détériorée avec l’apparition en 2012 d’un foyer de brucellose mis en évidence parmi la population des bouquetins du Bargy. L’affaire aurait pu rester anecdotique si le Bargy en question n’était pas l’un des hauts lieux de la production du fromage Reblochon. Vent debout, les 70 exploitations bovines locales et la filière ont demandé l’abattage des bouquetins. Effectivement, on ne plaisante pas avec une zoonose bactérienne qui peut provoquer des avortements, une réduction de la fertilité, des atteintes articulaires ainsi que des pertes de productions et autres désagréments non négligeables. Prudent, l’Office Français de la Biodiversité prévient : « L’origine du foyer bovin étant initialement inexpliqué, des investigations menées dans les populations sauvages ont permis de découvrir que les bouquetins étaient largement infectés. » Ce constat ne signifie pas pour autant que les bouquetins soient à l’origine de la zoonose. Peut-être en sont-ils également victimes. Peu importe, conclut l’administration, la solution s’appelle éradication ! Près de 500 bouquetins sont abattus tandis que les tests font apparaître que 130 seulement sont positifs.

 

 

Source : https://charliehebdo.fr/2022/10/ecologie/prefet-haute-savoie-sonne-glas-bouquetins/?utm_source=sendinblue&utm_campaign=NEWSLETTER_QUOTIDIENNE_-_LARTICLE_WEB_-_181022_-_NON_ABONNES&utm_medium=email

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