La fin de vie rattrape l’exécutif
Elle fut secrétaire d’Etat aux Personnes âgées sous Lionel Jospin, et on lui doit l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui compte 1,3 million de bénéficiaires. En 2005, dans une tribune, Paulette Guinchard-Kunstler s’opposait à la « légalisation de l’euthanasie ». Pourtant, le 4 mars, en Suisse, elle s’est donné la mort par suicide assisté. « Le jour où on est concerné, on comprend que la loi ne suffit pas », affirme Jean-Luc Romero-Michel, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité.
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Si Macron avait déclaré pendant la campagne de 2017 souhaiter « choisir [s]a fin de vie », l’exécutif ne veut pas, pour l’instant, d’un nouveau texte. Pourtant, de nombreux marcheurs y sont favorables et le sujet est consensuel : selon une enquête Ipsos de 2019, seuls 4 % des Français sont opposés à l’euthanasie. « Les progrès de la médecine étendent la durée de l’agonie et cela peut être insupportable », explique le médecin et député LREM Jean-Louis Touraine.
On ne légalise pas le suicide assisté, assure le député LREM Jacques Maire, on souhaite juste mieux accompagner les mourants en leur évitant une longue agonie
Entre l’Assemblée et le Sénat, pas moins de cinq propositions de loi, assez semblables, sont prêtes, dont celle de Touraine, signée par 164 députés dont 151 de la majorité. Faute de voir la sienne mise à l’agenda parlementaire par le gouvernement, le marcheur devrait la fusionner par le biais d’amendements avec celle d’Olivier Falorni, ex-socialiste pointant au groupe Libertés et territoires, dans l’opposition. Cette proposition de loi sera examinée le 8 avril. « 60 % des députés sont prêts à la voter, a compté Touraine. Cela traverse tous les groupes politiques. »
« Le contenu, assure le député LREM Jacques Maire, n’est pas polémique. On ne légalise pas le suicide assisté, on souhaite juste mieux accompagner les mourants en leur évitant une longue agonie. » Un intense lobbying est en cours pour faire bouger l’exécutif, qui est dans une situation embarrassante : en 2018, une tribune en faveur d’une nouvelle loi avait été signée par 156 députés dont certains sont entrés, depuis, au gouvernement – notamment Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’Autonomie, ou Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à l’Enfance et aux Familles... Le 11 mars, au Sénat, la proposition de loi « visant à établir le droit de mourir dans la dignité » déposée par la PS Marie-Pierre de La Gontrie sera examinée. Retoquée en commission, elle ne devrait pas être adoptée. Mais, dixit la sénatrice, « ce texte est une première étape ». D’autant que, de l’Allemagne au Portugal, les pays européens revoient leur législation. « La France ne va pas rester la seule avec la Pologne à ne pas légiférer ! » s’inquiète Falorni. Verdict le 8 avril.
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