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vendredi 13 mars 2020

Saillans, village symbole de la démocratie participative malgré lui - À Saillans, la démocratie participative nourrit la transition écologique

Deux articles sur un village pas comme les autres

Saillans, 

village symbole 

de la démocratie participative 

malgré lui

Par


Dans cette commune de la Drôme, une liste citoyenne mène une expérience inédite entre « municipalisme » et « participalisme », depuis 2014. Sera-t-elle reconduite aux élections de mars ? Ou bien ces pratiques en rupture avec des décennies d'action publiques, certes perfectibles, seront-elles étouffées par les oppositions et la lassitude ? Reportage.

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De notre envoyé spécial à Saillans (Drôme).– Le dimanche, à Saillans, village en bordure de Drôme flanqué au nord par les retombées du Vercors et au sud par la majestueuse montagne des Trois Becs, c’est jour de marché. En cette mi-février, c’est aussi jour de campagne. Deux petits groupes, chacun posté à un bout de la grande rue, distribuent des tracts en vue des prochaines municipales.



À côté de l’église se tiennent, en proposant du vin chaud aux passants, les candidats et les soutiens de l’actuelle municipalité, regroupés sous l’étiquette « S’engager ensemble pour Saillans ». Ceux-là veulent prolonger et compléter l’expérience démocratique inédite qui s’est mise en place dans la localité depuis la victoire dès le premier tour, en 2014, d’un groupe de citoyens sans tête de liste, ni autre programme que de donner le pouvoir aux habitants de la commune d’élaborer une politique pour celle-ci, en se fondant sur des processus de participation et de collégialité approfondis et diversifiés.

À l’entrée du village se trouvent les membres de la liste d’opposition, intitulée « Saillans. Un avenir en commun », sans qu’il faille y voir un clin d’œil au programme de La France insoumise. Leur tract parle de « transparence », d’associer « les habitants aux décisions significatives », « d’outils de décisions collectives », de consultation des « habitants, y compris par référendum local », comme si la municipalité sortante avait réussi à imposer ces principes même parmi celles et ceux qui la contestent.

À Saillans, dimanche 16 février, vin chaud, tracts et discussion.


En commençant la discussion, on apprend que ce n’est pas la « légitimité de la participation qui est mise en cause, mais la manière dont elle est gouvernée » et que cette liste-ci ne serait pas, contrairement à l’autre, « militante ». Mais on n’en saura guère plus.

En effet, sollicité, le chef de file, François Brocard, décline tout entretien à la « presse nationale ». Les raisons ? « Nous ne voulons pas alimenter le battage médiatique dont Saillans est l’objet actuellement. Nous avons trouvé les articles déjà parus insuffisamment critiques sur le bilan de la mandature actuelle. » En outre, Saillans ne « mérite pas la profusion d’articles ou d’ouvrages qui lui sont consacrés. Et dans les deux sens du verbe mériter : ce qui s’est passé à Saillans depuis six ans ne justifie pas cette publicité et Saillans aspire à plus de sobriété et de sérieux, et cette agitation n’a pas à lui être infligée. Ce qui se passe autour du village le dépasse et irrigue des mouvements d’idées beaucoup plus larges qu’une petite municipalité drômoise. » 

Cette idée que la surexposition médiatique et politique de la commune, pionnière d’une démocratie participative en actes dans un contexte national de mort lente de la démocratie représentative et de montée de l’extrême droite, lui a fait du tort, est partagée bien au-delà de la liste d’opposition. Un pilier de L’Oignon, le bar associatif installé dans les locaux d’un ancien cercle républicain baptisé L’Union, refuse lui aussi une rencontre, au motif qu’il « est temps de laisser le village un peu tranquille » : « Les projecteurs ne nous ont rien amené de positif et ont mis à mal le respect des élus, à mon sens. »

La journaliste Maud Dugrand, qui a écrit un ouvrage constituant à ce jour le travail le plus exhaustif consacré, selon son titre, à La Petite République de Saillans (coll. « La Brune » aux Éditions du Rouergue), y écrit que « porteur d’espoir », Saillans s’est retrouvé « brutalement aussi rat de laboratoire », alors que « le village n’est pas un gadget prêt à être balancé à la poubelle en cas d’obsolescence ou brandi tel un étendard trop grand pour lui » (lire notre entretien).

Même le maire actuel, Vincent Beillard, qui a fait le choix de ne pas être candidat à sa propre succession pour rester en cohérence avec un projet où il s’agissait d’abord de démythifier la fonction d’édile et de ne pas tomber dans les gestions personnalisées de nombre d’élus, estime que « l’écho qu’a eu Saillans a mis la barre trop haut. Les médias [lui] ont fait mal ». 

Toutefois, le refus de la liste d’opposition de parler à la presse nationale est aussi un « argument de campagne visant à accréditer l’idée qu’il y aurait d’un côté ceux qui se battent pour le village et de l’autre ceux qui se battent pour sauver le monde, alors que c’est compatible et complémentaire », cingle la dynamique adjointe à l’environnement de l’actuelle municipalité, Sabine Girard. Elle ne se représente pas. La première raison est personnelle et tient à la difficulté de rendre compatibles vie familiale et investissement municipal, dans une mairie ouverte et ayant fait de l’implication des habitants son mot d’ordre.


La mairie de Saillans. © JC

La seconde est liée, pour cette chercheuse ayant travaillé sur l’écologie et les nouvelles formes de démocratie, à son envie de documenter ce qui s’est passé ici pendant six ans. « Tout le monde parle aujourd’hui de Saillans à partir de l’idée qu’il s’en fait : municipalisme ou participalisme. Et j’ai envie d’utiliser mes compétences pour raconter cette expérience en évitant un discours caricatural, normatif ou partisan, explique-t-elle, attablée à la terrasse du Café des sports, d’où l’on aperçoit la mairie. J’ai vécu cela de l’intérieur, et cela change la perception, alors que les experts de la participation se contentent souvent d’observer et de conseiller, sans payer les risques et les effets de celle-ci. Ces derniers font pourtant partie intégrante de la participation, comme j’ai pu le constater ici, où on s’est fait traiter de naïfs, au motif qu’on n’aurait pas eu de vision, parce qu’on voulait la construire avec les habitants, à rebours des habitudes administratives et culturelles de la France. »

Pour celle qui a longtemps affirmé qu’on « n’était pas en train de faire une révolution » et qui n’est pas « habituée à se jeter des fleurs », il faut quand même dire « qu’on a eu le courage de rompre avec les cadres existants pour faire une révolution lente qui dessine un modèle moins planificateur et plus adaptatif, sans doute mieux à même de répondre à la transition écologique ».


La troisième raison de son retrait réside dans une contradiction intime qui s’est exprimée notamment lors de la réécriture du Plan local d’urbanisme (PLU), effectuée dans le cadre d’un dispositif innovant marqué en particulier par le tirage au sort de douze habitants pour y travailler en compagnie de quatre élus. Sabine Girard, en tant qu’adjointe à l’environnement, s’était portée garante de la méthode mais s’est retrouvée « prise dans un conflit de valeurs entre le processus et ce qu[’elle] pensai[t] », soupire-t-elle. Le PLU n’est pas, pour elle, allé assez loin et elle préfère désormais mettre son énergie davantage dans « l’urgence écologique qu’au service de la démocratie participative ». Ce PLU, jugé trop décroissant par certains, trop timoré par d’autres, oblige en effet à distinguer radicalité politique et radicalité démocratique, qui ne coïncident pas nécessairement, tant la recherche du consensus peut aussi pousser à des voies moyennes insatisfaisantes pour tout le monde.

« Cela n’a pas grand-chose à voir avec le simple débat public »


Il y eut même un épisode où Sabine Girard a préféré déléguer sa plume d’adjointe pour ne pas avoir à rédiger quelque chose quand elle était trop en désaccord. La municipalité avait en effet décidé de mettre sur la place publique la question de l’habitat dit léger, mobile ou éphémère : yourtes, caravanes, tiny houses… Les opposants à ce type de logement se sont emparés des procédures participatives pour contraindre la municipalité à rejeter toute possibilité d’en installer sur la commune, aboutissant au paradoxe que la commune labellisée la plus démocratique de France aura fini par rejeter une option que des mairies classiques commençaient de plus en plus à accepter.

« C’est emblématique de la façon dont le cadre de nos politiques publiques empêche une politique adaptative par rapport aux transitions écologiques, peste encore aujourd’hui Sabine Girard. Cet habitat est démontable, n’artificialise pas les sols et oblige à réfléchir à l’approvisionnement en eau et en énergie. En outre, c’est un habitat moins cher, social, qui correspond souvent à un moment d’une trajectoire de vie, pas à la vie entière. À Saillans, c’était déjà une réalité, avec des cabanes dans les bois, quelques camions et la situation des saisonniers qui viennent travailler dans la vigne. Si on n’avait rien dit, ce serait passé comme une lettre à la poste, mais comme cela existait déjà et que c’était un sujet intéressant, on a ouvert la question au public, même si on a sans doute fait des erreurs dans le processus en braquant une partie de la population. Mais, par incompréhension, intolérance et/ou confusion avec la problématique des gens du voyage, j’ai vu surgir des mouvements de rejet fort de la différence, et cela a abouti à un PLU contraignant, qui exige des toits en tuile sur la commune dans le but d’éviter quelques yourtes ! » 

Pour le maire, cet épisode constitue aussi le pire souvenir de son mandat. Dans la maison où il vit en colocation depuis sa séparation d’avec son compagnon – son couple n’a pas survécu à l’activité municipale et intercommunale, doublée d’un travail de nuit à trois-quarts de temps dans un lieu accueillant des adultes polyhandicapés situé à quelques kilomètres de Saillans –, il se souvient : « Le sujet était clivant et cela a donné une réunion où la moitié des gens étaient venus pour en découdre et non être à l’écoute. La participation citoyenne suppose des outils et des méthodes d’intelligence collective, permettant de coconstruire des décisions et d’arbitrer entre différentes positions. Cela n’a pas grand-chose à voir avec le simple “débat public” tel qu’il se fait partout, où s’expriment d’abord les grandes gueules, et qui ne permet pas de faire de véritables choix de société éclairés. »

« L'abri du besoin », à l'entrée de Saillans. © JC

Vincent Beillard, bientôt 48 ans, a grandi dans un grand ensemble de la banlieue parisienne, avant de passer par les communautés non violentes fondées par Lanza del Vasto et de poser ses bagages à Saillans en 1997. Il n’avait « jamais pensé devenir maire » mais s’est engagé dans la liste citoyenne en 2014, convaincu que « faire des manifs » ne suffisait plus. Choisi comme édile pour ses capacités de médiation et sa passion pour la pédagogie, mais fonctionnant en binôme avec sa première adjointe selon un principe généralisé à Saillans à toutes les fonctions municipales importantes, il garde comme meilleur souvenir de son mandat la création de « l’abri du besoin ». Située à l’entrée du village, cette station-service abandonnée a été transformée en lieu de gratuité, dans lequel on peut déposer ou prendre à sa guise vêtements, jouets ou objets. « Cela a été fait de manière totalement autonome, la mairie n’a fait qu’accompagner le mouvement. Et cela ne nous a jamais été reproché, alors même que cela aurait pu être clivant, car suspect d’attirer des populations marginales. »

Aujourd’hui, sans rempiler pour la fonction de maire, il se trouve sur la liste qui veut continuer le travail effectué, tout en faisant évoluer les dispositifs mis en œuvre pour impliquer les habitants, dont certains reprochent à la municipalité d’avoir installé une « bureaucratie participative ». La mairie a donc fait passer un questionnaire pour savoir « ce qu’il fallait changer et ce qu’on voulait garder ».
Les évolutions demandées sont sémantiques – « fonctionnement » plutôt que « gouvernance » ; « commissions » plutôt que GAP (pour « Groupes Action-Projets ») – mais aussi structurelles.

Si les piliers de la collégialité et de co-élaboration des politiques publiques entre citoyens et élus demeurent au cœur du projet, il s’agit de transformer celui-ci à l’aune des lassitudes et/ou des faux pas ressentis pendant la première mandature : abandon des commissions thématiques participatives au profit d’assemblées de village tous les deux ans, « votations » citoyennes fondées sur un nouvel outil numérique, réduction du nombre de réunions et clarification du fonctionnement, « sans tomber dans le maternage des gens, car la participation demande, de toute façon, un investissement… »

Ce dimanche après-midi, Vincent Beillard est aux côtés de ses colistiers pour présenter la liste de continuité dans la salle polyvalente. De l’équipe municipale actuelle, trois membres seulement se soumettent de nouveau au scrutin : les autres candidats sont des néophytes dont la plupart relisent fébrilement leur texte avant de s’avancer devant une centaine de personnes pour se présenter. Dans une ambiance joyeuse, chacun parle tour à tour, dans l’ordre aléatoire mais paritaire d’un tirage au sort puisé alternativement dans un chapeau « hommes » et un chapeau « femmes ».

« L’équipe précédente a fait le bilan de ce qui ne marchait pas »



À Saillans, à proximité de l'église. © JC

Ce qui frappe est d’abord la grande diversité des parcours personnels et professionnels : les candidats viennent de partout en France, ont entre 35 et 70 ans, et font – ou ont fait – tous les métiers possibles : chauffeur de bus, restaurateur, cadre administratif, infirmière, éducateur, danseuse classique, ouvrier d’usine ou « ce métier prenant qui s’appelle maman »…

Quant aux raisons de leur engagement, ils se ressemblent sans être homogènes. Patrick Boutes-Teghil, 59 ans, qui se livre en racontant avoir cessé sa vie professionnelle à la suite d’un accident et d’une opération du cœur, se dit « profondément convaincu que les fonctionnements verticaux sont une impasse ». Il a participé à une commission de la précédente mandature et apprécié « la valeur de la parole des habitants et le travail des élus », ce qui l’a décidé à rejoindre aujourd’hui l’« énergie de la nouvelle liste de continuité ». 

Laurie Premaillon, 65 ans et retraité du ministère de l’agriculture, est, lui, un « passionné de moto » qui s’est mis au vélo « car c’est dans l’air du temps ». « Lorsqu’il y a eu les premiers événements pour la supérette, ça m’a beaucoup marqué », explique-t-il en référence à un combat datant de 2011 contre l’implantation d’un supermarché à l’extérieur du village, projet porté par le maire précédent et qui avait été le point de départ de la mobilisation des habitants ayant abouti à la victoire municipale de 2014. « J’ai vu que la participation citoyenne changeait beaucoup de choses et je suis devenu un adepte de la démocratie participative. »

Clémentine Hergott est, pour sa part, arrivée il y a seulement un an à Saillans, après avoir grandi dans la campagne normande et vécu aux États-Unis et en Chine. « Ce qui nous a portés ici, explique-t-elle, c’est un projet de vie sur la sobriété et un ras-le-bol des grandes villes. On vivait à Shanghai, 24 millions d’habitants, et on est maintenant à Saillans, 1 200 habitants, et je préfère cela. » Pour cette jeune mère de famille qui a travaillé dans l’économie sociale et solidaire, et s’investit aussi dans un projet d’habitat participatif qui se met en place sur la commune, « c’est par le local qu’on changera le monde » : « Je ne crois plus trop en la politique nationale ou internationale. »

Au vu de l’histoire récente du village, la présence la plus intrigante sur la liste est celle de Patricia Bonnot, 38 ans. Avec son mari Sylvain, elle tient une agence immobilière dans le village, compta parmi les initiateurs du collectif Pluriels, groupe de citoyens en colère contre le PLU, contestant les méthodes de participation de la mairie, qui fut à l’origine de la liste d’opposition.

Les candidats de la liste « S'engager ensemble pour Saillans ». © JC

Lors de sa présentation, Patricia Bonnot sourit d’ailleurs des frictions qui ont pu avoir lieu avec certaines personnes qui sont désormais ses colistiers : « Je me suis toujours investie dans le village, que ce soit au sein du comité des fêtes ou dans l’école. J’avais parfois une vision très différente de celle des élus, mais j’ai voulu m’impliquer. J’ai pu être critique, mais c’était pour faire avancer les choses. » Questionnée sur la nature de ces critiques, elle explique : « Je suis exigeante et pendant six ans, j’ai trouvé que la participation ne fonctionnait pas bien. Il y avait trop de réunions sans décisions. C’était une usine à gaz. Je n’y vais aujourd’hui que parce que l’équipe précédente a fait le bilan de ce qui ne marchait pas. Et parce qu’il a toujours été possible de parler franchement. »

Assise sur sa chaise au troisième rang, Monique applaudit à chaque fois que l’un des candidats termine sa présentation, et redouble d’enthousiasme après le discours de son fils. Celle qui a tenu avec son mari la crêperie du village jusqu’en 1998 a été assidue au « comité de pilotage » de la mandature qui réalisait des CR mensuels sur les activités de la mairie. « Cela n’avait rien à voir avec la période des années 1980, où j’étais au conseil municipal et où le maire ne nous écoutait pas. Chaque fois que je sortais du comité, j’avais la joie dans le cœur. Je n’aurais pas imaginé voir cela à 85 ans. Cela m’a apporté beaucoup et cela m’aide à continuer après avoir perdu l’un de mes fils. Si cette liste gagne, tout cela continuera dans le village. Ils ne se prennent pas au sérieux, ce ne sont pas des politicards. » 

N’a-t-elle perçu que des changements positifs dans le village depuis six ans ? « C’est vrai que cela a aussi créé des clans, parce que certains anciens de Saillans ont du mal à accueillir les nouveaux et les appellent les babas-cool. Mais, sans des gens qui viennent et bousculent, le village allait mourir ! Les personnes qui sont contre la municipalité me semblent mal informées, même si c’est très bien qu’il y ait une opposition, cela prouve que c’est un village qui vit. Je suis confiante, mais ce sera serré, parce que les autres attaquent beaucoup et ne sont pas du tout dans le même état d’esprit. »

Pendant sa prise de parole, le maire actuel, Vincent Beillard, portait un sweat-shirt siglé « voyage, voyage ». Le premier pour les six années passées, afin de remercier celles et ceux qui ne rempilent pas mais se trouvaient dans leur grande majorité dans la salle. Le second pour celui à venir, pour lequel il juge que, heureusement, « Saillans ne sera plus le centre de la France. Il y a 300 listes participatives aux prochaines municipales, notamment à Montpellier et Toulouse, dont plusieurs ont les moyens de l’emporter. Après le 15 mars, on passera la main à d’autres communes ».


Panneau d'affichage à Saillans.


« C’est plutôt de l’ordre de 1 000 listes citoyennes et participatives partout en France pour les prochaines municipales. Et je pense qu’on en aura 10 000 en 2026. On ne peut plus gérer les communes comme on le fait, alors que les partis sont décomposés, que les gilets jaunes sont passés par là et que les angoisses sur l’avenir exigent une autre manière de faire de la politique », affirme, souriant et confiant, Tristan Rechid. Ce militant de l’éducation populaire, ancien directeur de centre social, n’a pas fait partie des élus, mais a été à l’initiative de l’idée de se présenter, en 2014, « sans programme et sans candidat », en considérant que « c’était aux habitants d’avoir une pensée politique. Le boulot des élus n’est pas d’avoir une vision, mais d’être les animateurs du processus, les garants d’un processus démocratique ». 

Depuis, il fait partie du « conseil des sages », chargé de veiller à l’éthique du projet et administré par des citoyens qui ne sont pas élus, récemment transformé en « observatoire de la participation ». Tristan Rechid prêche le bon exemple partout en France et a animé, en quatre ans, plus de 200 « ateliers de formation à l’intelligence collective et à la gouvernance partagée, allant de Toulouse à des villages de moins de 100 habitants ». 

Pour lui, les « outils et les méthodes ne font pas la démocratie, mais la démocratie sans méthodes ni outils, [il] n’y croi[t] pas » : « Surtout si on veut mettre autour de la table des gens qui ne pensent pas pareil. Il est nécessaire de former les gens pour décider sur des sujets complexes. La démocratie, ce n’est pas : “Tout le monde décide de tout sur tous les sujets.” Cela, c’est le désordre. Mais chaque lieu doit trouver ses propres processus, alors que des outils comme le tirage au sort ou le budget participatif sont devenus des gadgets. Ce que je vois aujourd’hui, ce sont des communes qui inventent des schémas de gouvernance et des constitutions locales qui ne ressemblent pas du tout à ce qui existe à Saillans. » 

Au-delà de savoir si la prochaine municipalité continuera et approfondira l’expérience mise en place ici par l’actuelle, la question est de savoir si Saillans peut essaimer ailleurs. « On n’est pas un modèle, on est une première expérimentation, répond Tristan Rechid. Ce n’était pas une expérience parfaite, mais l’imaginaire autour de Saillans a été fort, et des milliers de personnes sont aujourd’hui prêtes à tenter cette aventure folle, pas du tout adaptée à l’habitude, en France, de voter pour un leader charismatique, un programme figé et des promesses. Même si on perdait les élections ici, on a déjà gagné, car l’imaginaire s’est déjà répandu. On se rappellera de nous dans un siècle pour la révolution démocratique qui a débuté ici. Les gens se méfient de ce terme, mais je suis le prosélyte de la bande ! »

Source : https://www.mediapart.fr/journal/france/270220/saillans-village-symbole-de-la-democratie-participative-malgre-lui?onglet=full


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À Saillans, 

la démocratie participative 

nourrit la transition écologique


26 février 2020 / par Gaspard d’Allens (Reporterre)



Voilà six ans que Saillans, village drômois, expérimente les joies — et les frustrations — de la démocratie participative. Électricité verte, épiceries bio, urbanisme réduit, compost collectif... Ce mode de décision citoyen a permis de mettre l’écologie au centre des préoccupations.

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  • Saillans (Drôme), reportage
Depuis la dernière visite de Reporterre en automne 2015, le village de Saillans n’a rien perdu de son caractère, à la fois rebelle et enchanteur. Lovée au creux de la vallée où coule la Drôme, sous l’ombre imposante du massif des Trois Becs, la commune expérimente depuis maintenant six ans une forme de démocratie directe où les habitants se réapproprient ensemble la politique locale. « Cette aventure participative » s’est vite retrouvée sous les feux des projecteurs, observée et scrutée comme une souris de laboratoire. Le petit bourg de 1.300 âmes incarnait, à l’échelle de la France, une lueur d’espoir et une alternative concrète face aux dérives de la représentation politique.

« Cette hypermédiatisation a peut-être mis la barre un peu trop haute », commente avec le recul Vincent Beillard. Le « maire citoyen » du village nous accueille chez lui dans une petite maison à l’orée du centre. « Nous avons moins vécu une révolution qu’un changement d’état d’esprit. On a essayé une nouvelle méthode de gouvernance », convient-il. Sans cravate ni chemise, cet éducateur spécialisé à l’allure décontractée arbore un pull où il est écrit « voyage, voyage ». Une manière d’illustrer « le chemin parcouru et celui qui reste à faire », dit-il.

À l’approche des élections municipales, Reporterre s’est réinstallé un temps au cœur du bourg pour dresser le bilan de cette mandature originale. Quel rôle a pu jouer la démocratie participative dans la transition écologique du territoire ? Ce mode de prise de décision a-t-il été efficace pour faire face à l’urgence climatique ?


 Vincent Beillard, le « maire citoyen » du village.



« Nous n’étions pas une liste de militants même si un bon tiers était sensibilisé à l’écologie, dit Vincent Beillard. Nous n’avions pas été élus pour mener la transition mais pour sortir de la verticalité du pouvoir, instaurer une forme de collégialité et de transparence. » 

À l’origine de cette mandature, une lutte a servi de catalyseur. Au tournant des années 2010, la population s’est battue contre l’implantation d’un supermarché à la périphérie du village. Les habitants ne voulaient pas voir le centre-ville dépérir ni les terres agricoles se faire bétonner par le géant Casino. À l’époque, l’ex-maire, favorable au projet, a multiplié les faux pas. Il a tenté de transformer un ancien bâtiment des impôts en appartements de haut standing pour des privilégiés et il a arraché les platanes centenaires qui jouxtaient l’église romane.

La fronde a gagné le village et une liste participative s’est montée pour reprendre les rênes de la commune. En 2014, elle a récolté 56,8 % des suffrages. « Ce qui a mis en mouvement les habitants, c’est un modèle de société lié à l’écologie, même s’ils ne s’en revendiquaient pas officiellement », analyse Maud Dugrand, une journaliste, auteur d’une rafraîchissante enquête La petite république de Saillans aux éditions du Rouergue (2020). Il s’agissait de « vivre au pays » en défendant les commerces de proximité et les services publics. On compte à Saillans plusieurs épiceries et boulangeries, des restaurants, une librairie. Une maison médicale vient d’ouvrir. La poste et la ligne ferroviaire sont toujours en activité.

« Nous sommes sortis du nucléaire »

 

Une fois élue, la liste a mis en place un nouveau fonctionnement. Les conseillers municipaux travaillent en binôme. Les citoyens s’inscrivent à des « groupes actions projets » (GAP) reliés à sept commissions élaborées lors de la campagne. Ils interviennent aussi en comité de pilotage, une sorte de conseil municipal où sont discutées collectivement les décisions à prendre. Un « observatoire de la participation » rassemble douze citoyens volontaires qui veillent au respect de la charte des valeurs.

Sur les sept commissions, une traite spécifiquement d’écologie. Selon Annie Morin, l’adjointe en binôme avec Vincent Beillard, « c’est la première fois dans la vie de la commune que l’on prend réellement en compte ce thème. Avant l’écologie était délaissée et considérée comme un sujet annexe ».

Cette ancienne institutrice, âgée de 73 ans, est née au village. Elle a rejoint la liste participative pour faire le pont entre différentes générations et populations. « Quand j’étais jeune, notre rêve, c’était la société de consommation et l’accession à la propriété. Maintenant les choses ont bien changé, on a été interpellés par nos enfants », dit-elle.

 Annie Morin, ancienne institutrice et adjointe en binôme avec Vincent Beillard.

Concrètement, le premier chantier mis en place par la commune a concerné l’éclairage public. « Un Groupe action projet a proposé une matrice d’extinction très détaillée en fonction des saisons, des jours et des zones », explique Joachim Hirschler, un des deux élus responsables de la commission. « Les spécialistes n’avaient jamais vu ça ! La démocratie participative accroît l’intelligence des décisions. Elle les rend plus fines et plus complexes », dit-il. La mairie a réussi à diminuer de 50 % la consommation électrique et de 40 % les coûts.

Elle a aussi décidé de changer de fournisseur. « Nous voulions nous approvisionner en électricité réellement verte, précise l’élu qui est aussi conseiller en énergie. Nous avons lancé un marché public avec des contraintes telles que seuls Enercoop et la régie Gaz Électricité de Grenoble pouvaient postuler. » La commune a opté pour la seconde dont l’énergie provient en grande partie des barrages hydrauliques. « On a viré EDF ! Nous sommes sortis du nucléaire », déclare Joachim Hirschler en soulignant que ce changement s’est fait sans coût pour la municipalité. « En parallèle, on a aussi mené des travaux d’isolation sur les bâtiments publics et l’école. »

La philosophie de la liste repose sur l’inclusion et la responsabilisation de tous. « Il faut emmener les gens avec nous sinon cela ne sert à rien, estime le conseiller municipal. On proposait aussi aux habitants de changer individuellement de fournisseur. » Joachim Hirschler file la métaphore marine. « Sur un catamaran, tu fonces tout seul, tu vas plus loin mais sur un paquebot tu emmènes plus de monde. Avec la démocratie participative, le cap est plus ouvert mais on y va ensemble. »

 Saillans et la Drôme. 


Sur des sujets polémiques comme le compteur Linky, la mairie a laissé la place à une votation citoyenne. Un GAP s’est chargé de faire un document d’éclairage avant d’organiser le 8 avril 2018 un vote à choix multiples. Le résultat a été sans appel. Sur 306 suffrages exprimés, 239 se sont prononcés en faveur d’une interdiction collective. 55 ont demandé à Enedis de prendre en compte les refus individuels et 8 ont accepté la pose. Le conseil municipal a suivi la majorité et le préfet a aussitôt attaqué la décision au tribunal administratif. La procédure est toujours en cours.

« On agit comme un accélérateur de particules »

 

Saillans bénéficie d’un climat de résistance qui irrigue toute la vallée. Comme le note Maud Dugrand dans son livre, « le mouvement Extinction Rebellion compte près de 200 sympathisants dans les environs ». Plusieurs vagues d’installations depuis les années 1970 ont nourri son côté alternatif. Le territoire est pionnier dans l’agriculture biologique. « Il a toujours existé ici un respect de la terre et du vivant », estime l’autrice.

« On n’invente rien, admet Fernand Karagiannis, un membre de la liste. Les énergies sont déjà là. On agit comme un accélérateur de particules. » En lien avec les habitants, la mairie a installé un compost collectif qui fonctionne désormais de manière autogérée. Au milieu de la mandature, Fernand Karagiannis a aussi lancé un marché de producteurs une fois par semaine qui a permis aux agriculteurs de se compter et de s’organiser. Deux ans plus tard, un magasin a ouvert ses portes dans la rue principale avec quarante producteurs locaux. L’équipe municipale a accompagné la dynamique.


 Sabine Girard, élue en charge de la révision participative du plan local d’urbanisme. 


« La demande en produits bio ne cesse d’augmenter », se réjouit Cédric, un paysan installé à Saillans qui alimente en pains et légumes le magasin. « Notre initiative est d’ordre privée mais on profite ici d’un terreau fertile, on nous soutient. » Cas rare, le village possède plus de commerces bio que d’épiceries conventionnelles. La cantine de l’école est aussi alimentée à 40 % par des produits bio et locaux. « On cuisine les repas sur place. C’est quand même mieux que Sodexo qui voulait acheminer par camion des plats préparés à 80 kilomètres de chez nous », dit Isabelle Raffner en charge de la commission enfance.

La mairie possède un budget inférieur à 1,5 million d’euros, une somme, mine de rien, assez dérisoire pour mener de grands chantiers. « Nous avons peu de marge de manœuvre, regrette l’élue, de nombreuses compétences sont détenues par l’intercommunalité qui est assez hostile à nos projets — elle est dirigée par Hervé Mariton (LR) — et cela nous a freiné », dit-elle.

Sur les questions relatives à la mobilité, la mairie a certes installé des parkings à l’entrée du village pour éviter les embouteillages, augmenté les zones piétonnes et organisé des achats groupés de vélos électriques mais elle n’a pas pu aller aussi loin qu’elle le souhaitait. « Il faudrait sortir de la voiture individuelle et proposer une flotte de véhicules collectifs et électriques », pense Joachim Hirschler. Mais ses idées n’ont pas été suivies. L’élu pointe la difficulté de « concilier vision, leadership et participation citoyenne ».

 Cas rare, le village possède plus de commerces bio que d’épiceries conventionnelles.



Au niveau agricole, la mairie a récupéré une vingtaine d’hectares de terres sans propriétaire : des coteaux en friche et des parcelles abandonnées. Elle va en réquisitionner une vingtaine de plus. Cette politique d’acquisition foncière est une première étape avant d’installer un agriculteur « mais cette action se mènerait plus facilement à l’échelle intercommunale », relève Fernand Karagiannis. Tout ne peut pas être réglé à notre niveau. »

« Vu l’urgence de la transition écologique, je me suis demandé si la démocratie participative était la bonne solution »

 

Chaque année, Saillans gagne une trentaine d’habitants. Son cadre de vie, sa rivière, l’air vif des montagnes attirent. En lisière du village, un habitat groupé avec neuf logements et 17 personnes va bientôt se construire. Après avoir vécu à l’autre bout du monde, Clémentine et son compagnon se préparent à poser leurs valises. Ils voient « une continuité » entre leur expérience d’habitat participatif et la dynamique de la mairie. « Les deux nécessitent de l’écoute, de la transparence et des heures de réunions ! C’est une démocratie de l’intime. L’enjeu de la participation s’éprouve aussi dans le quotidien », dit Clémentine.

Depuis 1999, le village a vu sa démographie bondir de 30 %. Une situation qui oblige la mairie à se projeter dans l’avenir : « De quelle manière allons-nous habiter le village demain ? Comment construire mieux tout en laissant respirer les paysages ? » C’est à ces questions que Sabine Girard a cherché des réponses. Avec Joachim Hirschler, cette élue a eu en charge l’un des plus gros chantiers de la mandature : elle a expérimenté avec les habitants la révision participative du plan local d’urbanisme. Un travail « hors norme » suivi par la Commission nationale du débat public.

Pendant deux ans et demi, de septembre 2016 à 2019, 93 événements participatifs ont été proposés sous forme de débats publics, de réunions de quartier ou de soirées d’information. Le collapsologue Pablo Servigne et l’association Négawatt sont intervenus dans la phase du diagnostic. Au total, 434 habitants ont pris part au processus. Parmi eux, 47 % ont participé une seule fois, 26 % deux fois, 14 % entre trois et cinq fois et 12 % plus de six fois. Un panel de douze habitants a également été tiré au sort pour constituer un groupe de pilotage citoyen qui supervise les travaux.

 Après avoir vécu à l’autre bout du monde, Clémentine et son compagnon se préparent à poser leurs valises.

Le résultat est intéressant, fruit de longs compromis. « Le PLU a permis de se poser localement la question du changement climatique qui est d’ordinaire abstraite et désincarnée. Nous avons parlé d’étalement urbain, de mobilité douce et d’énergie. On a sensibilisé la population à l’impasse des zones pavillonnaires, explique Sabine Girard. Au début, la plupart des habitants sont venus avec des questions personnelles, parfois des intérêts privés mais on a réussi à les sublimer pour ériger des règles communes. »

Dans les orientations du PLU, l’écologie figure en bonne place. L’urbanisation a aussi été réduite. « Les terrains constructibles sont passés de trente hectares à moins de six hectares. Nous avons privilégié la densification et interdit l’implantation de commerces dans la zone artisanale afin de réinvestir le centre-bourg », indique Joachim Hirschler. En réalité, ces avancées relèvent moins du ressort de la participation que des obligations légales. Depuis la loi Grenelle et la loi Alur, les règles sont devenues plus contraignantes.

« On ne peut pas mettre au crédit de la commune ce qui l’est pas », concède Sabine Girard avant d’ajouter : « Je me suis parfois retrouvée en conflit entre mes valeurs et ce qui a été décidé dans la concertation. Il a fallu gérer les frustrations. Vu l’urgence climatique, je me suis demandé si la démocratie participative était finalement la bonne solution. »

« C’est à l’Assemblée nationale de légiférer efficacement, pas à une commune de 1.300 habitants »

 

Chercher à contenter tout le monde peut ne contenter personne. « Certains nous ont dit que le PLU n’était pas assez décroissant ni courageux. » Au lieu de prôner l’objectif de zéro artificialisation nette, la mairie a laissé quelques espaces urbanisables. Les services de l’État ont même retoqué son projet d’extension de la zone artisanale. « La préfecture a été plus sévère et radicale que nous... »
L’écologie a aussi pu cristalliser des tensions. En organisant une soirée sur l’habitat léger, le 13 novembre 2018, la mairie s’est attiré les foudres d’une partie de la population qui la soupçonnait de vouloir défendre ces nouveaux modes d’habitat.

« On a été maladroits, reconnaît Fernand Karagiannis. On a mal présenté les enjeux. On aurait dû parler de la crise du logement, de sa cherté, de la difficulté d’accéder à la propriété. Là, le débat s’est polarisé sur l’arrivée de nouveaux habitants que certains considèrent comme marginaux » : les nomades en caravane, les saisonniers, ceux qu’on appelle ici les « choum choum » avec leurs camions à cheminée...


 Fernand Karagiannis et Florence Pillant.


Le groupe de pilotage citoyen a voté à la majorité contre toute tentative d’expérimentation de ce type d’habitat, au grand dam des élus. Cette décision inscrite au sein du PLU va même à l’encontre de ce que la réglementation permet. « J’ai failli démissionner », se rappelle Sabine Giraud. Fatiguée, elle ne se représentera pas aux prochaines élections. L’élue cherche aujourd’hui d’autres manières de s’impliquer et d’agir de façon militante.

L’équipe municipale n’aime pas le conflit. Plusieurs habitants engagés lui reprochent cette frilosité. Dernier exemple en date, le débat autour des pesticides. Des membres du mouvement des coquelicots ont demandé à la mairie de prendre un arrêté interdisant l’épandage de ces produits à proximité des maisons. Saillans est encerclé de vignes à majorité conventionnelle. Mais la mairie a refusé, « ce n’est pas sa méthode », dit-elle. Elle a préféré organiser un GAP sur le sujet avec à la clé une réunion publique entre des agriculteurs et un médecin. « C’est à l’Assemblée nationale de légiférer efficacement, pas à une commune de 1.300 habitants », justifie Fernand Karagiannis. Pour lui, « il n’y aura pas de transformation écologique sans révolution démocratique, en incluant plus les citoyens, en donnant la parole aux habitants. Sans changement de manière de faire, il n’y aura pas de changement du tout », dit-il.

En mars prochain, l’élu se présentera aux élections municipales pour prolonger le travail de l’ancienne mandature. Il affrontera une autre liste qui défend, elle aussi, la démocratie participative. « L’idée a germé, elle s’est répandue. D’une certaine manière, le combat est déjà gagné », sourit-il.



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Source : Gaspard d’Allens pour Reporterre
Photos : © Stéphane Trouille/Reporterre



 Source : https://reporterre.net/A-Saillans-la-democratie-participative-nourrit-la-transition-ecologique

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