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vendredi 31 janvier 2020

A Cussac-Fort-Médoc, les bio jours du maraîchage municipal

A Cussac-Fort-Médoc, 

les bio jours 

du maraîchage municipal



Par Eva Fonteneau, Envoyée spéciale à Cussac-Fort-Médoc


Le maraîcher David Ducasse a été embauché par la mairie de Cussac-Fort-Médoc pour fournir la cantine de l’école en légumes bio, et bientôt en fruits, grâce à une centaine d’arbres plantés.  
Photo Rodolphe Escher pour Libération


Le village de Gironde a mis en place une régie agricole communale : un professionnel employé par la mairie cultive directement les produits qui seront servis à la cantine.


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« Les patates et les citrouilles poussent dans ce champ. Parfois, on a un ballon de football qui vient se planter entre les deux », plaisante David Ducasse, les pieds dans la gadoue et les joues rosies par le froid mordant de janvier. Pivotant d’un quart de tour, il pointe du doigt le stade communal, à 5 mètres à peine. Puis l’école et la mairie. La parcelle agricole jouxte les trois, en plein centre-bourg de Cussac-Fort-Médoc. C’est ici, à une heure au nord de Bordeaux et non loin de l’estuaire de la Gironde, que les élus se sont lancés dans une expérience unique en Nouvelle-Aquitaine : une régie agricole communale (RAC). Elle alimente la cantine scolaire de Cussac, une commune de 2 260 habitants. Pour lancer le projet, David Ducasse a été recruté en mai 2018. Il est aujourd’hui maraîcher municipal, un poste créé sur mesure et intégré aux services techniques de la mairie.


Photo Rodolphe Escher pour Libération


Salades, courgettes, tomates, aubergines, aromates, poireaux… La production du quadragénaire est répartie sur 2,5 hectares de culture (qui appartiennent à la commune) et permet d’alimenter en produits bio environ 40 % des menus de cette cantine « rebelle », où 230 repas sont servis quotidiennement. La commune espère atteindre les 100 % bio et local pour les légumes d’ici à fin 2020. « A un moment, on a eu un maire qui a dit "on le fait". J’espère qu’il va y avoir un effet boule de neige », dit David Ducasse.


Encore très peu répandue en France, cette initiative a été portée par Dominique Fedieu, maire PS de Cussac. Un choix politique fort qui était loin d’être une évidence pour celui qui achèvera son deuxième mandat en mars. Dans les allées, entre les serres de fèves et de radis, l’élu se souvient : « Au départ, j’avais seulement mon intuition, en lien avec ma casquette de viticulteur bio : celle qu’une alimentation saine passe par une agriculture biologique, et que les perturbateurs endocriniens et les pesticides font des ravages dès le plus jeune âge. Ensuite, j’ai commencé à me renseigner, à voir ce qui se faisait ailleurs. » Et de poursuivre : « Comme quoi l’écologie n’est pas cantonnée à une couleur politique. L’alimentation est de toute manière un sujet qui rejoint beaucoup de préoccupations. »

« Blette »

 

Pour trouver l’inspiration, le maire de Cussac se rend jusqu’en région Paca, à Mouans-Sartoux. Modèle de référence, la commune des Alpes-Maritimes a réussi à imposer le 100 % bio dans ses cantines. Avec une bonne longueur d’avance. « C’est la preuve que ça pouvait être concret, et pas seulement une utopie. En 2017, Cussac-Fort-Médoc a candidaté à l’appel à manifestation lancé par la mission Agenda 21 en Gironde. On a été surpris par l’engouement général et on a décidé de ne plus attendre », poursuit Dominique Fedieu. Deux ans plus tard, l’élu l’assure, le coût des repas à la cantine reste constant, notamment grâce à des subventions du département et à une réduction drastique du gaspillage : « En moyenne, une école élémentaire gaspille environ 120 g par repas et par personne. Nous sommes, nous, proches des 50 g. Car il ne suffit pas d’avoir de bons produits, il faut aussi que les enfants en mangent. Tout le monde est mobilisé : les enseignants, les équipes de cantine… La pédagogie est un volet indispensable. »


Photo Rodolphe Escher pour Libération


La cuisinière de la cantine, Aurore Cossat, sait la responsabilité qui lui incombe : « Je travaille à Cussac depuis quinze ans. Nous avions déjà un quota de légumes frais et locaux, mais le bio, c’était seulement quelques fois dans le mois. Depuis l’arrivée du maraîcher, j’essaie de sensibiliser les enfants. Je veux qu’ils voient la différence, qu’ils aient conscience de leur chance de manger des produits qui poussent à quelques centaines de mètres de leur école. » Sur chaque menu, des petites pastilles orange ont été ajoutées pour attirer l’attention des enfants. Elles signifient « provenance du jardin communal ». Chaque semaine, la «c arte d’identité » d’un légume (son histoire, ses bienfaits, son goût…) est aussi affichée dans le réfectoire. « Je leur fais découvrir des légumes moins courants, comme la blette. Mais au lieu de la couper et de la mélanger avec du riz pour en masquer le goût, j’essaie autant que possible de cuisiner le produit brut. Les aider à identifier ce qu’il y a dans leur assiette fait partie de l’apprentissage. Les enfants sont très réceptifs et curieux », se félicite la cuisinière.

« Aléas »


Vanessa Larenie est la mère de Pablo, 8 ans et demi : « Notre fils mange tous les jours à la cantine de Cussac. Et c’est évident, on préfère qu’il mange bio. C’est important pour un enfant de voir que ce qu’il mange ne pousse pas dans les rayons du supermarché. Ce changement à la cantine nous fait du bien à nous aussi parents. On essaie de continuer le travail à la maison, on fait des efforts pour que nos enfants mangent bien aussi le soir. »
 

« Dans cette aventure, je retiens surtout une chose, analyse David Ducasse, le maraîcher municipal. D’habitude, les premières années d’un maraîcher sont difficiles, on n’est jamais à l’abri des aléas climatiques. Mais là, je suis fonctionnaire, j’ai un salaire régulier, la sécurité de l’emploi. Ce poste donne de l’espoir à la profession. On assiste presque à un renouvellement du métier d’agriculteur. » Son calendrier lui permet même d’organiser des ateliers pédagogiques avec les élèves de l’école municipale. « Ayant moi-même deux enfants, ce projet résonne en moi. La principale difficulté, ça a été de faire coïncider le calendrier des légumes avec le calendrier scolaire, car le plus gros de la récolte se fait en été… quand l’école ferme. » Pour les fruits, par exemple, il faudra encore patienter trois ans. Avec l’aide du service technique de la mairie, David Ducasse a planté une centaine d’arbres fruitiers en décembre 2018. « Il y aura des pommes, des poires, des framboises, des groseilles… En attendant, on a de la chance d’être à côté d’un gros département producteur, le Lot-et-Garonne, complète le maire de Cussac, qui aspire à mettre toute la ville au diapason. La régie a notamment favorisé le développement d’initiatives solidaires, comme la création d’un jardin partagé. Et plus globalement, ce projet nous permet aussi de réfléchir autrement sur la place de l’agriculture dans les zones habitées. » Déjà d’autres communes, comme Lacanau, sur la côte girondine, sont venues à Cussac pour s’en inspirer.

Eva Fonteneau Envoyée spéciale à Cussac-Fort-Médoc


Source : https://www.liberation.fr/france/2020/01/13/a-cussac-fort-medoc-les-bio-jours-du-maraichage-municipal_1772857?xtor=EREC-25&actId=ebwp0YMB8s1_OGEGSsDRkNUcvuQDVN7a57ET3fWtrS90SVGouFRqw1jk3aySqrmQ&actCampaignType=CAMPAIGN_MAIL&actSource=500765

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